Il s'imagine dans un bar, une pinte de bière à la main, à rigoler avec Balthazar qui soupirerait face à ses blagues à répétition, ou sur la plage en train de forcer son ami à l'accompagner dans l'eau pour surfer. Ou bien chez lui, allongé à même le sol à écouter un vinyle des Rolling Stones avec son meilleur ami qui lui rappellerait à chaque début de chanson qu'il préfère les Beatles. Des moments simples mais qui correspondent à des instants parfaits, sans prise de tête. Mais dans aucun de ces scénarios il ne se trouve dans la salle commune de sa maison.

Il déteste le dortoir des Serpentards. Il est confortable, avec une ambiance assez tamisée, pas trop de lumière pour les lendemains de cuite, mais il possède quand même un souci majeur. Il est plein d'élèves de sa maison qui donneraient cher pour le voir dégager lui et son écharpe de Gryffondor. Dommage pour eux, il ne compte ni enlever le vêtement chaud, ni trouver un autre endroit pour glander. Il préfère largement rejoindre son meilleur ami affalé dans un canapé. Il a toujours été surpris de cette qualité qu'a Balthazar de prendre toute la place. Personne ne pourrait croire qu'un corps aussi frêle pourrait s'étaler autant. Et pourtant, il ne laisse la possibilité à aucun autre élève de venir le rejoindre. Personne n'est fou au point de s'en prendre à lui, tout le monde sait que Jude est là pour veiller sur lui. Et si son ami paraît faible, ce n'est pas son cas. Pourtant, il n'est pas réellement violent.

Il lance négligemment son sac dans un fauteuil avant de dégager d'un autre un troisième année qui a fait l'erreur de ne pas partir en le voyant arriver. Certains n'ont pas un instinct de survie aussi développé qu'il le faudrait. Mais Jude n'est pas méchant. Il parle beaucoup, gueule encore plus, mais ne tape jamais s'il n'y ait pas forcé. Ne jamais laisser de marques, ou alors pas des grosses. Sinon, il aurait des problèmes. Il en a déjà suffisamment. Ou pas assez, ça se discute. Il réfléchit quelques secondes à cette idée stupide qu'il a eue. Encore une de plus à ajouter à la longue liste qu'il ne tient même plus. S'il fait ça, Balthazar va le tuer, avec des mots. C'est lui le professionnel de la répartie, celui qui pourrait gagner tous les combats au monde avec des mots. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir des heures de colle, mais c'est un autre sujet. Il se lève, gagnant alors le combat contre sa flemme légendaire. Qui pourrait croire que le sportif a la même passion que son meilleur ami pour les moments à rien faire.

Ses mains se posent violemment contre la table, son regard ne quitte pas celui de Balthazar qui le regarde. Le pire, c'est que le bassiste n'a pas l'air choqué, ni intrigué. Il a l'habitude des lubies quotidiennes du vietnamien. Il s'attend sûrement au pire, à quelque chose d'intellectuellement très bas. Il a raison.

— Alors maintenant, comment draguer en dix leçons. Il voit le regard blasé son meilleur ami. Il doit avouer que pour le coup, il s'est surpassé. D'habitude, il l'harcèle uniquement pour des choses sérieuses comme la nécessité de l'accompagner faire du jogging ou de mettre au point un nouveau stratagème pour rendre Zahari fou. Ça fait trop longtemps que t'as pas eu de copine bro.

Ou plutôt, il ne se rappelle pas avoir vu Balthazar en compagnie d'une fille. Mais il ne préfère pas mentionner ce fait simplement parce qu'il n'en ait pas sûr. C'est complètement un détail qu'il aurait pu oublier. La vie sentimentale des autres n'est pas réellement une priorité à ses yeux, déjà qu'il fait passer la sienne bien après beaucoup de choses. Mais ça c'est une autre chose. Le plus important pour le moment est le fait que son asocial de meilleur ami doit se trouver une copine, et au passage battre son record de temps rester en couple avec la même personne. Pour ça, il ne risque pas d'avoir de mal. Il sait que le gallois tient les comptes et qu'il ne tardera pas à lui dire une fois cet exploit effectué. Lui a du mal à s'en rappeler, mais il faut le comprendre. Tout ça l'énerve, comme le fait d'avoir des comptes à rendre à ses copines.

Il ne réfléchit pas, comme souvent. Pas qu'il en soit incapable, juste que c'est une perte de temps à ses yeux. Il est direct, il fait ce qui lui passe par la tête. Les choses sont beaucoup plus drôles comme ça. Sinon, il n'aurait sûrement pas dit ça à Balthazar. Il va se faire charrier, à tous les coups. Il n'est pas non plus un exemple en matière de relations humaines. Avoir des problèmes pour se mettre en couple, c'est trop banal. Lui, il a forcément des soucis pour vivre en communauté. D'ailleurs, il profite des quelques secondes de silence de son ami pour lancer des regards méchants aux Serpentards autour de lui. Sérieusement, à croire qu'ils ne peuvent pas se casser ailleurs.

Lone était passé déjà à trois reprises dans la salle commune sans s'arrêter une seule fois. Foreman avait déjà dû lire la moitié de son livre. Et les trois pétasses écervelées qui se trouvaient vers la fenêtre sous-marine, avaient déjà craché sur tout Poudlard. Pendant ce temps-là, sur le canapé en cuir au centre de la pièce se tenait Balthazar. Allongé sur le ventre, à regarder les gens passer. Il était définitivement le roi de la procrastination. Ne rien faire était devenu chez lui une seconde nature. En temps normal il aurait pris sa basse, histoire de faire quelques petits morceaux de blues, pour passer le temps. Seulement, aujourd'hui il préférait ne rien faire, attendant que quelque chose se passe ou tout simplement le dîner.

La salle commune de Serpentard était sûrement une des salles les plus jolies de Poudlard, il aimait son ambiance aquatique et tamisée. Cependant, il ne traînait pas très souvent ici, parce que Jude détestait cette pièce. Pourtant Balthazar se fichait bien d'être entouré de Serpentards.
Balthazar se fichait de beaucoup de choses et cela ne s'arrangeait absolument pas avec le temps. Il n'avait même pas remarqué le jeune garçon qui se tenait à sa gauche. Du moins il n'aurait pas remarqué si Jude n'avait pas fait comme à son habitude une entrée fracassante. Son ami était vêtu de son écharpe rouge et or, qu'il portait comme un véritable trophée dans cette salle pleine de Serpentards méprisants. Balthazar se demandait toujours pourquoi, Jude et lui s'étaient retrouvés dans cette maison, surtout son ami. Jude était un provocateur, une grande gueule et définitivement pas un cerveau et pourtant il était chez les verts. A croire que ce stupide chapeau commençait à se faire vieux. En même temps, ce n'était pas tellement faux.

Son ami avait jeté son sac sur l'un des sièges et avait pris place dans l'autre, là où se tenait précédemment le garçon qui finit par fuir. Balthazar ne faisait pas peur, mais ce n'était pas le cas de Jude qui était extrêmement célèbre, tant chez les verts que dans les autres maisons. Les gens ne le cherchaient pas et les autres s'extasiaient devant sa bêtise. Le gallois ne bénéficiait pas de la même popularité, ce qui ne le dérangeait absolument pas. Mais il devait avouer qu'être ami avec Lynch, c'était avant tout avoir la paix. Personne, ou du moins presque personne, ne le dérangeait de peur d'avoir à faire avec le sportif vietnamien.

Balthazar fixa son ami. Il connaissait ce regard, qui voulait dire "Je vais dire un truc débile, enfin plus débile que d'habitude". Et sans mentir, il avait réellement envie de savoir ce que son ami avait bien pu inventer cette fois. Faut dire que ce genre d'illuminations absolument pas divines lui arrivaient fréquemment, tellement qu'elle ne surprenait même plus Owen. Mais il devait avouer que cette fois, Jude s'était véritablement surpassé en matière de débilités et comme à son habitude, l'irlandais avait parlé tellement fort que les trois pétasses s'étaient retournées, fixant le blond.

“Tu veux ma photo ou quoi ?”

Déjà, il n'aimait pas particulièrement parler de ses histoires de cœur, mais encore moins à ces débiles. Parce que oui, Balthazar ne pouvait pas se vanter de son palmarès féminin comme son ami. A vrai dire, il n'était même pas sûr d'avoir déjà éprouvé de l'amour - sauf pour sa basse et peut-être son chat - pour qui que ce soit. Le gallois était du genre asocial, réservé et plutôt froid au premier abord, autrement dit pas du genre à se faire des amis et encore moins des copines. Toutefois, recevoir des conseils de la part de l'irlandais s'avérait sûrement hilarant. Non parce que, qu'on se le dise, Jude a dû tenir maximum une semaine avec la même personne... Et encore.

“Je me sens tout de suite beaucoup mieux avec un professeur comme toi.”

Balthazar fit un sourire absolument moqueur à son ami, comme il en faisait souvent. Étrangement, il avait tout de même envie d'entendre son ami énumérer ses merveilleux conseils. Si bien qu'il se releva un peu, afin de se mettre en position demi-assise, adossé à l'accoudoir. Le show Lynch pouvait commencer, sous le regard presque amusé de Balthazar.

Il ne fait pas attention à la remarque pleine d'ironie qui sert de réponse à son meilleur ami. C'est devenu une sorte de routine chez lui, ne pas relever toutes ses provocations sinon ils n'arriveraient à rien. Parce que Balthazar est doué pour ça, il a plus de répartie que toutes les personnes qu'il connaît. Et il est aussi le total opposé que l'image qu'il renvoie aux autres, loin d'être un gentil petit garçon tout mignon. Pour l'asiatique, le blond est une sorte de dieu du je m'en foutisme. L'existence de presque tout Poudlard ne semble même pas avoir d'importance à ses yeux. Parfois, il se demande même si c'est son cas, si sa disparition aurait le moindre impact aux yeux de son ami. Enfin, ce genre de raisonnement digne d'une fille de quatorze ans ne lui arrive que lorsqu'il a trop bu. Il a parfois l'alcool triste Jude, parfois. Mais heureusement, ce n'est pas la question à ce moment. Non, le plus important c'est de trouver une copine à monsieur Owen. C'est presque une mission divine pour lui. Son meilleur ami ne peut pas rester célibataire à vie, même si c'est pour une semaine.

— Oh toi, vu la putain de lettre que tu m'as envoyée à Halloween, tu serais mieux de te la fermer. Il adore lui rappeler cette horreur guimauve qu'il a trouvée le matin de la fête des morts. Il a eu peur quand il l'a lu, vraiment. Il n'est pas très malin Jude, il lui a fallu plusieurs minutes pour réaliser que son ami lui faisait une blague monumentale. Et finalement, il ne lui en veut pas. Il préfère ça au fait que cette lettre soit sincère. Non sérieusement, sortir avec son meilleur ami, vous imaginez ? C'est simple, lui ne le conçoit même pas. Balthazar c'est juste ce pauvre type qu'il a aidé il y a plusieurs années, son frère qui l'a attendu pour qu'il ait ses buses. Alors faut pas abuser. Bon, j'ai pas eu le temps de faire de liste, j'ai eu l'idée y'a à peu près cinq minutes tu comprends. Mais t'inquiète pas, tu pouvais pas trouver meilleur prof que moi. Autrement dit, personne dans Poudlard n'aurait l'idée d'aller donner des leçons de drague à Balthazar, aka le mec le plus froid que toute l'école de sorcellerie. Il n'y a que lui pour avoir des idées pareilles et pour avoir l'audace de les réaliser. Après tout, il ne risque rien.

Puis arrive ce moment gênant où Jude compte sur ses doigts en plus milieu de la salle commune, prononçant des mots avec ses lèvres sans qu'aucun son ne sorte. Il n'a pas l'air stupide comme ça. Non, pas du tout. Mais il s'en fiche. La première personne qui lui fait la moindre réflexion, il lui tape dessus. Et s'il s'agit de Lone, il compte bien lui faire payer pendant des jours entiers. Ou peut-être plus, ça dépendra des idées qu'il aura et du nombre d'heures de sommeil que leur camarade de dortoir s'accorde par nuit. Quelle idée de travailler sous prétexte qu'il faut passer ses aspics. Comme si tout ça a la moindre importance en sixième année. Ils viennent d'obtenir leurs buses, il ne faut pas trop en demander. Et puis, les antisèches ça existe. Et là, il en aurait bien besoin. Pas qu'il ait besoin de tricher pour avoir une copine – quoiqu'un ou deux mensonges n'ont jamais fait de mal à personnes – mais il a bien du mal à lister. Sauf que voilà, il n'a pas le choix. Il sait que Balthazar attend de pouvoir se moquer de lui. Belle amitié qu'entretiennent les deux Serpentards.

— Bon, y'a plusieurs trucs super important à respecter. Et si tu suis tout ça à la lettre, tu auras toutes les copines que tu veux. Enfin, sauf toutes les filles qui me détestent et avec qui par principe tu ne dois rien tenter. Tu comprends bro, elles seraient capables de dire oui juste pour m'emmerder. Un jour, on lui expliquera qu'il a peut-être un ego un peu trop développé mais passons. L'important n'est pas là. C'est plutôt la dizaine de conseils tous plus stupides les uns que les autres qu'il a promis à son meilleur qui devrait attirer l'attention, pas cet excès d’égocentrisme totalement assumé. Alors d'abord tu te tais et tu souris. Ouais sourire. Bon tu risques d'avoir des crampes vu que t'es pas habitué alors fais gaffe. En abuse quand même pas. Balthazar n'est définitivement aidé, son meilleur ami est un connard. Ensuite, tu leur mens, c'est pas grave. Tu racontes que tu fais du sport, beaucoup de sport. Cherche pas à savoir pourquoi, mais ça les attire. Tout ça explique les joggings matinaux, le Quidditch, le foot avec Dean et les sessions de musculation. Finalement, il n'aurait peut-être pas dû le dire au blond. Après, y'a deux principes fondamentaux. Déjà, tu leur dis surtout pas que la seule chose qui t'intéresse c'est de coucher avec elle, et puis tu évites de les oublier au bout de deux jours. Pause, il regarde le mec vautré dans le canapé. Et rigole pas ! C'est plus dur que tu le crois.

Il a en quelque sorte conscience que ses leçons ne volent pas haut, mais il n'y fait pas attention. Après tout, c'est de cette façon qu'il s'est trouvé toutes ses copines. Après, il n'est pas non plus un exemple en matière de relations sentimentales. On lui reproche souvent de faire plus attention à son meilleur ami qu'à n'importe qui d'autres, même quand il sort avec une fille. Mais bon, ça ce n'est qu'un détail tout ce qu'il y a de plus normal. Il ne va pas abandonner son pote pour une fille qu'il n'aime même pas quand même.

La lettre. Comment oublier cette chose divinement drôle et pitoyable que le gallois s'était amusé à écrire ? Sa mauvaise blague avait plus que merveilleusement fonctionné et resterait sûrement très longtemps dans l'esprit de son ami. Faut dire que recevoir une lettre de la part de Balthazar, ça peut effectivement avoir un côté traumatisant, mais une lettre d'amour dépasserait l'entendement. Cela dit, cette petite blague avait tout de même un point négatif. En effet aussi drôle soit-elle, elle en restait pas moins une preuve écrite qui pourrait lui ruiner sa réputation, s'il en avait eu une. Cela n'était absolument pas le cas, il se fichait de ce que son ami irlandais pouvait en faire ou même en dire, puisque quoi qu'il dise, il avait frôlé l'arrêt cardiaque en la lisant et cela valait le coup de passer pour une adolescente en chaleur.

"Tu es encore bouleversé par cette déclaration ?"

L'avantage entre Balthazar et Jude, c'était qu'ils ont toujours été sur la même longueur d'onde vis-à-vis de leur relation. Ils sont comme ils le disent, des BROS, chacun le sait et ils n'ont pas besoin de se le prouver. Parfois, certaines personnes, comme Andy McGildroy, pensent qu'ils ne sont pas vraiment amis parce qu'ils ne ressemblent pas et qu'ils se lancent des piques perpétuellement, mais finalement entre eux y a pas de chichis, c'est juste simple.

Simple comme la vision du terme "amour" par le grand, le parfait et le phénoménal Jude Lynch. En effet le garçon se lança tout simplement dans une énumération, de dix conseils, en comptant sur ses doigts. En soit, Balthazar trouvait cela très drôle, mais ce qu'il trouvait un peu moins amusant, c'était que tous les élèves présents dans la salle écoutaient amusés l'asiatique, qui parlait comme à son habitude fort, trop fort. Cependant, à la vue des premiers conseils, le jeune bassiste oublia le reste de la salle, impressionné par la stupidité de son ami. Honnêtement, il avait envie de rire, d'exploser de rire, à chaque fois que son ami énumérait un nouveau conseil. Il tenta tant bien que mal à garder son sérieux face à ce monologue digne d'une comédie américaine.

Le premier conseil, qui consistait à sourire était en soit un bon conseil, surtout pour le garçon qui était la plupart du temps aimable comme une porte de prison. Le second conseil n'était pas forcément mauvais non plus, mais était dit avec une telle désinvolture que cela en était risible. Enfin, les deux suivants étaient carrément hilarant par leur non sens. Si bien que Balthazar explosa tout simplement de rire, sous le regard surpris des autres élèves qui ne quittaient pas des yeux les deux garçons.

Personne, hormis Lynch, n'aurait jugé utile de préciser ces deux détails, puisqu'ils étaient tout simplement évidents pour toute personne dotée d'un cerveau. Mais cela n'était définitivement pas la caractéristique principale du jeune batteur. La présence de ces deux conseils, aussi débiles soient-ils, dans cette liste ne surprenait aucunement Balthazar. En effet, ils s'adressaient directement à leur créateur. Assez rapidement, le jeune Owen reprenait son calme et sa nonchalance habituelle.

"Jude, les deux derniers conseils, ne seraient pas plutôt pour toi ? Non parce que je ne connais personne d'autre qui oublie l'existence de sa propre copine en seulement trois heures."

Non, parce que si Balthazar n'était pas doué en relations humaines, ce n'était pas non plus la spécialité de son ami qui en général parlait avant de réfléchir, si réfléchir il faisait. Bien que ces conseils trouveraient plus leur place dans "comment ne pas être un parfait connard", le gallois avait tout de même envie de connaître la suite, en espérant qu'elle soit aussi divertissante que la première partie.

"Désolé de t'avoir coupé, je t'en prie continue, je sens déjà que je progresse."

Parfois, Balthazar se demandait s'il ne devait pas faire un effort pour être un peu plus sympathique avec son ami, qui au fond se donnait beaucoup de mal pour l'aider, même si ses idées laissent clairement à désirer. Après quoi, finalement il se disait que c'était comme ça qu'ils étaient devenus amis et sûrement ainsi qu'ils le resteraient.

Tous les regards sont braqués sur lui alors qu'il énumère avec précision comment mettre une fille dans son lit. Certaines personnes – ses professeurs en particulier – diraient sûrement qu'ils parlent trop fort, beaucoup trop fort mais il s'en fiche. Ça ne l'a jamais dérangé d'être le centre de l'attention, il s'y est fait. Et même s'il n'aime pas les Serpentards, savoir qu'à ce moment précis, ils sont en train d'écouter les conneries qu'il est en train de sortir le rend fier en quelque sorte. Il se fiche de leurs existences, qu'ils soient là ou pas, morts ou vivants. Mais eux l'écoute, eux ils savent qu'il est là, présent avec son meilleur ami. Enfin, meilleur ami c'est un grand mot. Parfois il rigole quand il entend certaines personnes parler de leur duo improbable. Beaucoup de rumeurs circulent, et presque toutes vont dans le même sens. Ils ne se supporteraient pas, ils ne seraient même pas amis. Quelle blague. Balthazar est le seul qu'il sauverait dans toute cette masse de personnes qui composent sa maison. Leur relation est juste simple et pure. Ils n'en font pas des tonnes, ne ressentent aucun besoin de prouver quoi que ce soit à personne.

— Ta gueule, c'était au moins une journée. Il n'est pas un exemple en matière de relation Jude. Il n'a jamais réussi à rester très longtemps avec la même copine, le temps moyen étant de trois jours. Et encore, il n'est jamais réellement avec la fille pendant trois jours. Ça c'est le temps avant qu'il se rappelle de son existence et qu'il parcoure les couleurs pour la larguer avant de se faire réprimander par les deux filles de la bande. Il paraît qu'il faut être gentil avec les filles de temps en temps. Enfin bref, il s'en fiche. Ah, je t'avais dit que tu progresserais. Ma méthode est infaillible.

Il y a beaucoup de mots qu'on pourrait utiliser pour qualifier les idées de Jude. Infaillible n'en fait définitivement pas partie. Toutes les personnes le connaissant de près ou de loin – et encore plus ceux qui le côtoient régulièrement – peuvent affirmer sans la moindre difficulté que ce garçon est une catastrophe ambulante. Qu'il s'agisse des cours ou autres, il a une chance sur deux de rater ce qu'il entreprend. Ce n'est pas qu'il est maladroit, non, c'est juste qu'il s'y prend particulièrement mal. S'il doit parler avec quelqu'un, il finira sûrement par l'insulter et le provoquer avant la fin de la conversation, et s'il doit faire un truc en respectant une méthode bien définie, il décidera très rapidement d'improviser pour que le projet devienne plus marrant. Alors oui, progresser avec les méthodes de Jude n'est pas une bonne idée. C'est peut-être même la meilleure solution qui existe à ce jour pour régresser, mais ça c'est autre chose.

— Je continue alors avec autre chose d'assez important. En théorie, les gens disent qu'il faut rester soi-même pour se trouver une copine. Mais bon, dans ton cas je te conseille de quitter le mode glaçon. T'auras jamais personne dans ton lit si tu dis pas un mot. Et tu leur présentes McCartney. Ce chat est tellement plus mignon que toi, ça va faire craquer toutes les filles. Oui, il vient bien de divulguer la raison pour laquelle il promène régulièrement Iron Maiden. Parce que bon, on a beau lui dire qu'un chat n'a besoin de personne pour se balader, il n'écoute jamais. Évidemment, s'il y a une fille au bout, tout s'explique. Bon après, tu essayes de faire des blagues que les gens comprennent. Parce que je sais que t'es drôle, mais des fois elles sont larguées. Et dans le même genre, évite de montrer que tu es plus intelligent qu'elle. Parce que bon, à part peut-être Elliot, bien sûr que tu l'es. T'es un putain de génie bro mais ça, les filles aiment pas. Pourquoi je tente de passer pour un con sans cerveau d'après toi ?

Finalement, peut-être que Jude est un génie qui essaye de se faire passer pour le mec le plus stupide de l'humanité. Bizarrement, il y a peu de personnes prêtes à croire cette théorie, et Balthazar est sûrement la dernière de celles-ci. L'Irlandais sait très bien que son ami a une estime particulièrement basse de son quotient intellectuel. Il faut avouer qu'en même temps, il n'est pas aidé. Entre Elliot et Balthazar, ce n'est pas difficile de ne pas avoir l'air malin. C'est sûrement pour cette raison que Hazel est sa meilleure amie. Ils sont plus au moins au même niveau, beaucoup plus bas que les deux autres du groupe.

— Et pour finir, dernier point sur ces dix leçons que tu dois obligatoirement retenir, tu lui proposes aucun rendez-vous sans mon autorisation. Je critique pas tes goûts hein, mais en tant que pote, c'est mon rôle de vérifier la marchandise.

Grande nouvelle qui n'étonnera personne : Jude est un con fini. Ce qui est bien, c'est que tout Poudlard était déjà au courant.

Ils auraient pu débattre pendant des heures sur la moyenne du temps que passait Jude avec la même fille, mais cette conversation n'aurait tout simplement aucun sens, puisque tout le monde sait pertinemment qu'elle ne dépasse pas les trois jours, et encore. De plus, voir son ami défendre corps et âme sa soit disant méthode infaillible faisait bien marrer Balthazar. Déjà, il savait très bien que son ami inventait au fur et à mesure les absurdités qu'il sortait, mais en plus qui pouvait être assez stupide pour croire qu'un conseil de Jude pourrait être un BON conseil ?

D'ailleurs Balthazar ne comprenait pas pourquoi tout le monde dans la salle écoutait attentivement les paroles de Jude, comme s'ils allaient apprendre quelque chose d'intelligent. Le pire c'était que personne ne rigolait, personne sauf lui. Alors, soit tous les Serpentards avaient peur de l'irlandais, soit ils étaient aussi cons que lui. Les deux options paraissaient possibles pour le blondinet, qui se décida enfin à écouter la fin de cette désespérante liste.

Le nouveau conseil de Jude consistait pour Balthazar à ne pas être lui-même. D'avoir l'air plus chaleureux et moins froid. Bien sût, il savait qu'il devrait faire des efforts, mais d'un autre côté s'il devait partager quelque chose avec une personne, elle devrait avant tout l'accepter tel qu'il était. Parfois, le garçon n'aimait pas vraiment la façon rabaissante dont Jude pouvait parler des filles, on avait un peu l'impression que c'était de la marchandise, mais ce n'était pas le moment de partir sur un débat sans importance. Surtout maintenant que le grand Lynch venait d'avouer l'existence même de Iron Maiden. Le gallois aurait dû se douter que son ami ne suivait pas son chat dans tous les couloirs simplement pour lui tenir compagnie, mais à vrai dire, il ne s'était jamais vraiment posé la question. Si Balthazar n'était pas Balthazar, il aurait sûrement un peu honte de son ami, honte de se tenir là , au milieu de sa salle commune à écouter cet idiot. Mais Balthazar était Balthazar et la honte était une émotion qu'il avait oublié depuis qu'il connaissait le vietnamien.

La suite était un peu dans la même idée, consistant à jouer les niais pour amadouer les jeunes filles, chose que Balthazar ne ferait jamais même si on le forçait avec une arme pointée sur sa tête. Faire semblant d'être stupide était déjà une preuve de stupidité. Du coup, Jude pouvait dire ce qu'il voulait, il n'était pas prêt de passer pour un génie auprès du Gallois. A vrai dire, Balthazar ne se considérait même pas comme un génie. Bien sûr à côté de Jude, même McGildroy pourrait passer pour un cerveau.

Le long discours de Jude touchait à sa fin avec une chute absolument parfaite, tellement qu'elle fit même rire un garçon à l'autre bout de la salle. Balthazar était partagé entre l'envie de rire ou soupirer. Il savait que Jude était un con, mais pas au point de lui demander une dérogation pour chaque fille qu'il croiserait. Surtout que les motivations de l'irlandais étaient surtout de savoir s'il ne ferait pas mieux de la garder pour lui. Une chose était sûre, si jamais il avait un crush, son Bro serait sûrement le dernier au courant.

"Tu sais que tu ferais presque intelligent, si seulement tu savais compter jusqu'à dix."

Balthazar devait avouer que ce n'était pas très gentil, surtout que presque toute la salle explosa de rire en entendant cette réplique sanglante, mais il savait que son ami ne lui en voudrait pas. Cette moquerie était facile, l'irlandais avait carrément lancé la perche.

"Je suis sûr que tes conseils vont me changer la vie, tu vois je fais même l'effort de sourire et je suis sûr qu'elles vont toutes devenir fan de moi maintenant."

C'était ironique, mais on pouvait tout de même voir un bref sourire exagéré sur le visage du Serpentard. Il n'accusait absolument pas son ami d'avoir réduit ses chances à néants, parce que ça c'était plus le comportement qu'aurait son ami. De plus, le garçon n'avait aucune envie de devenir un Don Juan, simplement parce qu'il aimait bien trop sa tranquillité pour cela.

"Je croyais que mon air mystérieux m'aiderait, mais tu m'as ouvert les yeux. Merci Bro."

Après avoir écouté toutes les bêtises de son ami, le bassiste se rallongea sur le sofa en cuir et observa la salle commune. Les gens n'avaient pas bougé, à croire qu'ils n'avaient rien de mieux à faire qu'écouter les conneries du duo de choc. Balthazar se demandait combien d'entre eux, pourraient prendre les conseils de Jude comme véridiques.

— Ta gueule. Parfois, il s'étonne lui-même. C'est vrai, compter jusqu'à dix n'est pas un exploit en soi. Même lui devrait être capable de réussir quelque chose du genre. Et pourtant, il échoue lamentablement. Ce n'est pas de sa faute après tout. Il pense déjà à autre chose, à la prochaine blague pas drôle qu'ils feront à Zahari par exemple. Non mais tu sais bro, c'était juste pour voir si tu suivais. L'excuse bidon, faite au moins un millier de fois et que personne ne croit jamais vraiment. Mais elle reste utile, elle sert à garder la face, bien que dans le cas de l'asiatique, ce soit un cas désespéré. Alors, du coup, leçon numéro dix : arranges-toi pour qu'elle ait des copines mignonnes. Comme ça, on demande des doubles rendez-vous. Pour que je t'aide. Je veux bien me sacrifier pour toi.

Trop généreux de sa part. Si ça c'est pas de l'amitié. Qu'il en trouve lui, d'autres amis capables de sacrifier ainsi leur précieux temps pour aider un handicapé des sentiments à se trouver une copine. Bien sûr, il est quasiment sûr que personne ne le voir comme ça, que les gens vont l'accuser d'essayer de profiter injustement de la situation, ce qui est bien sûr totalement faux. Il ne pense qu'au bonheur de Balthazar. Bon, son meilleur ami finira forcément marié à Elliot, Hazel et lui s'en occupent déjà. Mais il ne peut pas avoir eu qu'une femme dans sa vie. Question de dignité quand même.

Il faudrait être totalement con pour ne pas voir l'ironie dans la phrase du jeune gallois. Et même si à une époque, Jude aurait clairement cru que son ami était sincère, ça fait bien longtemps qu'il a arrêté de se faire des illusions. Pas qu'il soit devenu réellement intelligent, mais quand on passe ses journées avec le blond, on n'a plus le choix. On est obligé de reconnaître le sarcasme de la vérité. C'est une question de survie. C'est un peu comme Zahari qui apprend à disparaître sous son lit quand ils rentrent dans le dortoir. C'est l'instinct ça, il faut être vraiment stupide pour croire que seuls les animaux en ont un.

— Dis-le aussi si je t'emmerde. Il s'affale dans le fauteuil. Et puis, je suis sûr que ça pourrait marcher. Ton air mystérieux, il attire qu'Elliot. Mais bon, depuis le temps qu'on te le dit, tu veux toujours pas tenter ta chance avec elle. Je comprends pas, elle est mignonne en plus. Grand moment de réflexion de la part de Jude. Ouais, elle est mignonne et surtout très gentille avec eux. Faut pas croire, dans la bande c 'est sûrement la plus équilibrée des quatre – parce que si quelque chose est certain c'est qu'il ne donnera jamais ce titre à sa meilleure amie – alors il ne voit pas où est le problème. Parce que oui, bien sûr, l'idée que Balthazar ne puisse pas avoir envie de sortir avec la rousse ne lui viendrait pas un seul moment à l'esprit. Et sérieux bro, comment tu expliques le nombre de copines que j'ai eu si ma technique marche pas ?

Il y a des centaines d'autres raisons qui pourraient pousser des filles stupides à sortir avec Jude et il se doute très bien que Balthazar aurait la capacité de les trouver. Enfin, ça c'est s'il n'avait pas la flemme d'activer son cerveau pour réfléchir. Lui, il parierait sur la présence d'Elliot qui s'arrange toujours pour lui arranger des rendez-vous avec des gentilles filles. D'ailleurs, il faudrait qu'elle pense à arrêter un jour, sinon elle va finir par se faire détester par la majorité des filles de Poudlard. Mais là encore, ce n'est pas un problème. Qui a besoin d'une bande de filles sans cervelles quand il a le Genius Crew. Avoir Hazel en amie fille est largement suffisant. Elle est assez énergique pour remplacer toute une équipe de pom-pom girl après tout. Et puis, Jude peut parfaitement n'importe quelle fille comme confidente. Il s'imagine très bien, allongé sur un canapé avec Elliot triste, à l'aider à manger son pot de glace à la vanille en lui rappelant à quels points les hommes – sauf Balthazar – sont des abrutis. Évidemment, après il quittera son rôle de bonne copine pour aller tabasser la personne qui aurait osé dire un mot de travers à son ami. Donc oui, il est multifonction Jude, le pote pratique qu'on aimerait tous avoir. Ou pas, Balthazar lui affirme souvent le contraire.

Parfois, il se demandait vraiment si son ami croyait réellement en ce qu'il disait, ou s'il faisait simplement de l'humour. Dans les deux cas, le gallois devait avouer que cela avait le mérite d'être très amusant. Pitoyable, mais amusant. Ces deux mots décrivaient parfaitement bien Jude Lynch, un idiot heureux de l'être. C'était sûrement pour cette étrange raison qu'il était malgré lui, si populaire dans l'école.

"Bro, ça fait trois ans que tu m'emmerdes."

Un vague sourire moqueur et il reprit son air habituel. Bien sûr, cette petite pique était avant tout amicale, parce que malgré les rumeurs, ils étaient amis. Si ce n'était pas le cas, le bassiste aurait sûrement quitté la pièce en entendant l'irlandais aborder le sujet Panabaker. Depuis quelques temps, c'était devenu le sujet de conversation favori de Jude et de son acolyte de crime, Hazel.
Le gallois ne savait jamais quoi répondre. Déjà, il n'était pas très à l'aise et encore moins devant tous ces Serpentards, mais en plus il ne savait même pas quoi dire.

Elliot était mignonne, il ne pouvait pas dire le contraire. De plus, elle était sympathique, amusante et intéressante, mais Balthazar ne se voyait pas vraiment, comme dirait Jude, tenter sa chance. Si elle ne voulait pas, si ça ne marchait pas et enfin... S'il ne voulait pas. Le Serpentard ne pourrait pas vraiment dire ce qu'il ressentait pour elle. En fait, il ne pourrait le faire pour presque personne. L'amitié, c'était le seul sentiment qu'il avait réussi à identifier, mais il ne voyait pas vraiment à quel moment cela pouvait basculer en amour. Parfois il se disait qu'il devrait peut-être un effort, mais il était plutôt du genre passif. Comme disait le célèbre proverbe tout vient à temps a qui sait attendre. Attendre, il sait très bien le faire.

"Je l'attire pas. Elliot c'est juste une amie, tu sortirais avec Haz ?"

Ou comment éviter les questions gênantes par Balthazar Owen. Bien sûr, il savait bien que le sujet ne tarderait pas à revenir, mais il profita des quelques secondes de répit. Il sortait souvent la carte Risenfield, parce que c'était facile et qu'il était évident que Jude ne pourrait pas sortir avec Hazel, ou plutôt, il vaudrait mieux qu'ils ne le fassent pas, pour eux et pour l'humanité. De toute manière, les copines de Jude n'étaient jamais bien, soit trop bêtes soit trop niaises.

"Ce n'est pas la quantité qui compte, mais la qualité."

C'était un peu le monde à l'envers, Balthazar Owen qui jugeait les copines de son Bro et puis cette phrase, il avait l'impression d'avoir attrapé la Lynch-attitude. Un fléau de l'humanité dangereusement contagieux, parce que terriblement simple à imiter. Cela dit, le bassiste n'avait pas totalement tord, les copines de Jude étaient à l'image de sa méthode facile. Sauf Hannah bien sûr, mais elle ne compte pas vraiment.

"D'ailleurs pour information, là tu es bien célibataire ? Parce que, j'ai trouvé ça sur mon lit, tu lui diras de faire attention la prochaine fois."

Il lui lança un morceau de papier rose, sur lequel était écrit une heure et un lieu entouré d'un large cœur. Le genre de mot que ne reçoit jamais Balthazar et si c'était le cas, il l'aurait déjà mis à la poubelle. Mission détournement de conversation ; RÉUSSITE.

— Mais ta gueule. Parce que tu crois que tu m'emmerdes pas toi ? Personne n'est capable de dire clairement si les deux bros plaisantent quand ils affirment ce genre de truc. Ce qui est sûr, c'est qu'aucune dispute ne risque d'exploser dans la salle commune des Serpentards. En même temps, quand on y réfléchit bien, personne ne les a jamais vus vraiment se disputer. Déjà parce que ça demanderait trop d'énergie à Balthazar, et ensuite parce que c'est contre le code de penser de Jude. Sérieusement, s'engueuler avec son meilleur pote, quelle perte de temps.

Il se mit à sourire en entendant la réponse de son ami au sujet Elliot. Ils ont déjà eu ce débat-là une bonne centaine de fois au moins, et ça uniquement depuis le début de l'année. Sans compter les moments où Hazel s'y met. Ils devraient les remercier quand même. Il y en a pas beaucoup qui ont des amis assez intentionnés qui se sacrifient pour leur bonheur. Bon, personne n'irait penser en temps normal que Jude est familier du principe de sacrifice mais c'est faux. Jude est près à risquer de se faire casser un bras dans une bagarre si c'est pour défendre un de ses potes. Si ça c'est pas une preuve de sa grande humanité, il ne sait pas quoi faire de plus. Mais ça a des avantages aussi. On garde ses amis de cette façon, et même s'il ne s'en rend pas compte, il serait incapable d'imaginer sa vie sans le Genius Crew. Si du jour au lendemain, il devait se retrouver seul, il serait complètement perdu.

— Tu ne l'attires pas ? Il lui arrive d'être observateur parfois. Par exemple, ici, de remarquer que le sujet de la phrase de son bro est la jeune Gryffondor et pas lui. Parfois, il lui arrive de se demander si Balthazar cherche. S'il avait répondu un simple « Elle ne m'attire pas » il aurait peut-être plus facilement eu la paix. Quoique, ce serait clairement un mensonge et Jude ne l'aurait pas laissé s'échapper comme ça. Tu voulais pas plutôt dire le contraire ? Parce que genre, elle t'attire hein ? Il aime ce genre de moment. Embêter Balthazar avec Elliot c'est comme manger de la glace les jours de soleil, parfait. Non je sortirais pas avec Hazel. Mais arrête de me ressortir la même chose à chaque fois. T'es pas censé avoir de la répartie ?

Il ne faut pas s'étonner qu'après ce genre de réponse, certaines personnes – comme Andy – doutent de leur amitié. Mais pourtant, il est une des seules personnes à qui Jude se permet de parler comme ça. Contrairement aux apparences, c'est une preuve d'amitié. Les gens dont l'existence ne lui importe pas, il ne va pas perdre son temps à les emmerder avec leurs histoires de cœur. C'est logique. Il leur dit juste qu'ils sont stupides. Il soupire face à la réplique stupide de son pote. Sérieusement, il n'a pas osé ressortir cette vieille phrase de cassos. La qualité avant la quantité. Mais depuis quand cette connerie était vraie ? Personne ne l'a mis au courant. Il explose de rire, persuadé que son bro est en train de se moquer de lui. De toute façon, ça ne peut être que ça. Personne ne peut être sérieux en prononçant ce genre de phrase, à une exception près.

— T'es sérieux là ? Tu me sors une phrase à la Zahari ? La quantité mec, la quantité. Il ne sait pas si l'autre Serpentard est dans la salle et il s'en fiche. Bien sûr pendant quelques secondes la perspective que celui-ci vienne défendre sa cause lui plaît, mais ça c'est avant que Balthazar lui sorte un petit papier rose. Victoire. Il a un rendez-vous. Avec une fille. Si ça c'est pas de la bonne nouvelle. Oh yeah, t'es génial bro. Je te revaudrais le coup avec Elliot, t'inquiète. Compte sur moi et Hazel. Il attrape le papier pour regarder l'heure. Bon, il risque d'être un peu en retard mais bon, le problème n'est pas là. Il veut surtout savoir qui lui a envoyé. Il le retourne pour voir le petit nom était à la main. Ah merde, pas elle.. Non mais c'est mort, j'y vais pas. Il se lève. Je vais voir Hazel et Elliot. Tu m'accompagnes ? Jude, la gentillesse incarnée.