Le soleil commençait tout juste à se coucher. Si il n'y avait pas eu autant de nuages, le ciel aurait été magnifique, comme une peinture aux couleurs rougeoyantes. Mais Emma était plus absorbée par les paroles du professeur d'histoire de la magie que par le ciel. 1612, révolte de Gobelins. Quelques mots gribouillés sur un carnet. Prendre des notes lui importait peu, elle retenait les fait en les entendant plus qu'en les notant. Les pattes de mouches sur le parchemin, c'était pour faire plaisir aux profs. Quelle lèche bonbon cette Emma ! Mais si elle était dans les premiers de sa promo ce n'était pas pour rien ...

DRIIING !

Fin du cours et de la journée, quelques soupirs de contentement se firent entendre dans toute la pièce. Le week-end arrivait, avec son lot de joie et de repos. La frêle blonde se surprit à éprouver de la joie de voir ainsi les cours se finir. Elle songeait à toutes les choses qu'elle pourrait faire : il fallait qu'elle aille voir Mr Cabble pour savoir si il avait trouvé de nouvelles informations, et puis surtout elle irait explorer des couloirs inconnus avec Woody. La petite serpentarde sourit avant de dire au revoir au professeur et de se diriger vers sa salle commune. Cette fois, pas de discutions forcées avec un professeur sur le dernier devoir qu'elle avait soit-disant moins réussit. Elle se précipita dans les couloirs, sentant qu'elle allait bien s'amuser.

Dans les escaliers, les passages du château, d'autres élèves avaient eu, comme elle, l'idée de poser leurs affaires dans leurs salles communes respectives. Emportée par le flot de Serpentards, Emma entra dans la pièce sombre qui lui semblait si confortable et attrayante puis alla dans son dortoir. La journée avait été dure et pleine de rebondissement. Le cours de vol avait été sympa, elle avait appris plein de choses ... Dommage que McGildroy ne soit pas tombée, ça aurait embellit sa semaine entière ! Avec un sourire carnassier et en fermant ses paupières, la jeune Emma imagina Andy tomber en criant de son balai et retomber sur ses fesses. A mourir de rire !

En entendant un léger bruit, la première année rouvrit ses yeux et se leva de son lit ou elle s'était assise un peu plus tôt. Au coin de la pièce, une espèce de rongeur bizarre tenait dans sa gueule un jolie petit médaillon brillant. C'était son médaillon ! Le médaillon que sa grand-mère lui avait offert pour son anniversaire ! Ni une ni deux, Emma se précipita sur la bestiole voleuse pour tenter de récupérer son bijou. En vain. La vilaine bête se précipita en dehors de la pièce, la petite blonde sur ses talons.

Zigzagant à travers la pièce puis à travers les couloirs, le foutu furet et Emma couraient à toute vitesse, l'un sur quatre pattes, tandis que l'autre se contentait de ses deux jambes. Les cheveux au vent, sa cape volant derrière elle, la fillette ne quittait pas des yeux sa cible. Les élèves s'écartaient alors qu'arrivaient le couple de sportifs, certains en rigolant, d'autres en soupirant, ce n'était pas la première fois qu'on voyait ce duo étrange en train de se poursuivre à grand bruit partout dans le château. Malheur à celui qui bousculerait Emma.

C'est quelque peu essoufflée que la Lynwood coinça le furet au bout d'un couloir sans issues. « Tu vas voir ce que tu vas voir maudite bestiole !! » Menaçante, Emma s'approcha doucement vers la créature en faisant en sorte qu'elle ne s’échappe pas. Cette fois elle l'aurait et lui montrerait ce que ça faisait de s'attaquer aux Serpentards ! Elle n'était plus qu'à un petit mètre du détestable animal lorsque soudain des bruits de pas se firent entendre derrière elle. La blonde eu le mauvais réflexe de se retourner, laissant échapper sa proie qui se dirigea directement ... dans les bras de McGildroy !

Demi surprise. Elle avait toujours dit que la poufsouffle avait une tête de furet. « Cette bestiole est à toi ? Comme ça ne m'étonne pas ! » Sa voix était magnifiquement dédaigneuse. Voilà que sa rivale la faisait courir partout avec sa fouine ! Elle allait voir ce qu'elle allait voir ...

Grrr! Elle avait couru et couru à travers les couloirs, dévalé des escaliers à toute vitesse, bousculé une dizaine d'élève pour ça : Se retrouver en face d'Andy McGildroy! Et cela à cause de son foutu furet de malheur! Emma, tentant de cacher sa respiration bruyante, pestait intérieurement. Ou du moins, tentait de pester intérieurement ... Ses yeux lançaient de véritables lames, ses poings étaient serrés et sa bouche tordue dans une grimace. On aurait presque pu croire qu'elle détestait sa camarade, cette enfant à l'apparence pourtant si douce. Mais si on lui demandait elle vous aurait répondu qu'elle la haïssait. Pourtant chacun, au château, savait que les deux élèves s'appréciaient peut-être bien plus qu'elles ne le montraient.

De l’extérieur, le tableau que formait les deux fillette et l’animal était plutôt atypique. Emma, fatiguée et essoufflée, en face d'une Andy droite et fière, son vicieux et furtif furet dans les bras. Poufsouffle face à Serpentarde, les deux deuxième année se fusillaient du regard. Si on avait dit à Emma que sa journée allait être gâtée par cette rencontre inattendue, elle serait quand même venue … juste par plaisir de s'embrouiller avec McGildroy.

« La mascotte des Blaireaux ... un furet ?! Laisse moi rire! » La blonde esquissa un petit rire forcé en se redressant de toute sa hauteur pour dominer sa rivale. « De plus, figures-toi qu'on me donne bien plus qu'à toi ! A commencer par ce médaillon! » Désigne d'une main vive l'objet brillant dans la gueule de l’animal. Mais Emma ne tenta pas de s'approcher de la Poufsouffle et de son "truc" qui semblait faire toute sa fierté. A la place, elle se contenta de renifler de façon méprisante en entendant la question d'Andy. Après avoir couru partout pour choper cet espèce rat maléfique, bien sûr qu'elle était fatiguée! Mais ça, pour rien au monde Emma l'aurait avoué.

« Je ne suis pas fatiguée, juste ennuyée par ta présence ! Et puis depuis quand tu t’intéresses à moi, McGildroy? Tu devrais commencer à t’entraîner pour ta future défaite au match contre les Serdaigles plutôt! »

Pourquoi? Mais pourquoi Emma avait-elle commencé à parler Quidditch? La petite blonde se maudissait d'avoir lancé le sujet, la serpentarde était terriblement jalouse de McGildroy qui, elle, faisait partie d'une équipe. Depuis qu'elle avait vu que son ennemie avait été sélectionnée, une profonde amertume lui enserrait le cœur. Pourquoi elle même n'avait-elle pas été prise? Pourquoi devait-elle se contenter de regarder McGildroy enfourcher son balai, sagement assise dans les estrades? Pourquoi devait-elle la croiser épuisée mais heureuse dans les couloirs après ses entraînements? Pfff! C'était injuste. Du coup, elle travaillait plus fort et plus dur dans tout les domaines, pour que l'année suivante, elle soit poursuiveuse! Elle allait y arriver, elle le savait, le sentait. Il suffisait juste qu'elle travaille un peu plus.

Perdue dans ses pensées, la petite Lynwood en avait presque oublié Andy. Reprenant ses esprit, elle écarta une mèche rebelle de son visage légèrement en sueur. Comme si c'était une obligation, elle sentait qu'il fallait qu'elle sorte une pique, qu'elle tente de blesser Andy comme elle la blessait -même si c'était sans le vouloir-. Les enfants sont des êtres cruels, et égoïstes. Qui avait dit qu'ils étaient doux et sensibles entre eux?

« Au fait, j'ai parié sur votre défaite! Et sur ta chute … J'ai demandé à Mr. Taylor de te garder un lit ! J'espère que tu appréciera l'attention. »

Pouffement forcé. Remarque qu'à demi-vraie. Emma avait vraiment parié sur la défaite des jaunes et noirs contre les serdaigles, mais pas sur la chute, et elle n'avait pas réservé de lit à l'infirmerie ... Mais il était si bon de mentir! La verte continuait d'observer sa rivale et son animal avec une hostilité non dissimulée. Question : Ça se mange le furet?

Emma, fidèle à elle même, continuait de rager. Andy avait un don. Le don de la foutre en rogne à n'importe quel moment, n'importe quel endroit. C'était peut être à cause de son air satisfait ? Ou de ses fréquentations ? À moins que ce soit à cause de son sang ... Les né-moldus ne sont pas des gens recommandables, c'était ce qu'on lui avait toujours appris. Ils n'étaient pas dignes d'intérêt. N'est-ce pas ? Pourtant, quand la Poufsouffle la mit au défi de récupérer le médaillon, la Lynwood eu la furieuse envie de le lui arracher -et de la frapper au passage-. Mais cela ne donnerait-il pas plus de crédit à sa rivale ? Emma serra ses poings, se redressa et se rapprocha, comme pour menacer la McGildroy. Oui, les petits chatons qui se chamaillaient deux secondes plus tôt s'étaient métamorphosés en véritables lionnes. Deux fillettes aux univers opposés mais pourtant semblables qui jouaient à se faire la guerre. Et Emma avait bien l'intention de gagner ce combat.

Le rire de McGildroy la fit tressaillir, sa remarque lui donna envie de lui arracher les yeux avec une petite cuillère et de dépecer son furet. Mais tout ça était de sa faute après tout, Andy la mettait hors d'elle et en plus de cela Emma lui donnait la baguette pour se faire ensorceler. Parler de Quidditch, quelle idée débile, idiote ! Et puis après tout, si elle n'avait pas été prise cette année, c'était simplement parce-qu'ils ne cherchaient pas de poursuiveurs. Personne ne doutait de ses capacités en Quidditch. Le professeur Blueberry et Isaac lui permettait de s'améliorer encore plus chaque jour qui passait, bientôt elle serait la meilleure dans tout les domaines !

« Tu rigoleras moins lorsque je serais prise l'année prochaine ! Et là, tout le monde pourra admirer mon talent ! »

Il y avait de la conviction dans la voix de la jeune Emma, on pourrait croire que jamais cette gamine ne pourrait douter d'elle même. C'était peut-être ce qui faisait sa force. Mais peut-être aussi sa faiblesse. La Lynwood se tenait fièrement debout devant son ennemie et le furet. Furet qui semblait se moquer d'elle, posé sur l'épaule de sa maîtresse, comme si il se doutait qu'Emma redoutait avec anxiété qu'Andy soit finalement la chouchoute de tout le monde. Ses yeux sournois la jugeait de haut en bas et la grande blonde eu la soudaine envie de l'étriper. Juste comme ça. Pour cette course poursuite dans les couloirs, pour les différents vols et les balades dans sa salle commune. Une envie de se battre qui était contraire à son éducation. Mais au delà des mots, elle avait envie de faire mal à la McGilroy qu'elle avait de plus en plus de mal à supporter.

«Tu peux parier sur ce que tu veux, je m'en fiche ! Tu es juste jalouse ! »

BAM !

Par Merlin, mais qu'est-ce qu'elle avait fait ? L'action s'était déroulée si vite. Même Emma n'avait rien vu venir. La colère qui bouillait en elle avait dépassé ses limites. Son bras s'était détendu, son poing toujours serré était venu heurter la joue de sa camarade avec violence. Cette fois s'était bon, elle l'avait fait. Cela faisait des mois qu'elle en rêvait, mais jamais elle n'aurait pensé le faire vraiment. On dit souvent que c'est la vérité qui fait le plus mal, mais à cet instant T, Andy devait avoir aussi mal qu'Emma. Et les deux fillettes étaient sûrement aussi abasourdies l'une que l'autre. Emma n'en revenait pas. Jamais elle n'aurait dû faire ça. Elle allait sûrement le regretter. Et si Andy allait le raconter à des professeurs ? Ou encore pire : à ses copains de septième année ! Mince, mince, mince. Elle s'était mise dans de beaux draps ! Mais il fallait aussi avouer que ça lui avait fait du bien. Un bien fou ! La Lynwood se retient de sourire, en regardant sa rivale. Il y avait juste une question qu'elle ne s'était pas posée : Et si Andy ripostait ?

Un sourire narquois s'étalait sur le visage de la violente Lynwood. McGildroy avait mal ? Tant mieux. Elle faisait moins la fière maintenant, elle n'avait plus son sourire insupportable ni ses manières agaçantes. Non. Maintenant elle avait une grosse marque rouge sur la joue, et une rage intense qui lui donnait presque un air menaçant. Presque, parce-qu'on voyait clairement sur son visage une sorte de lâcheté qui l'empêchait de rendre le coup. Du moins, c'était ce que pensait Emma. Parce-que le coup vint finalement, mais dissimulé derrière des mots. Des mots brûlants et glacés en même temps. Des mots qui faisait aussi mal que son coup trop vite parti.

Le pire, c'était qu'elle avait pas forcément tord. Oui, Emma était moins douée qu'elle au Quidditch, oui, Emma avait une vie confortable. La Serpentarde recula d'un pas sous l'impact. Madame la princesse venait de prendre un sacré coup du côté de l'ego. Des petites voix révoltées dans sa tête lui hurlait de crier que non, elle n'était pas si nulle que ça, que non elle ne se plaignait jamais, qu'elle aussi s'entraînait beaucoup et qu'elle finissait a des heures pas possibles, et que parfois elle devait ramper pour se rendre dans sa salle commune. Mais elle resta aussi muette qu'une tombe. C'était à son tour de s'en prendre plein la figure, et ce n'était pas fini.

La voix d'Andy résonnait dans son cerveau, taisant les petites voix. Elle aurait voulut se boucher les oreilles et chanter. Mais tout ça n'était que les conséquences de ses actes, elle se devait de tenir bon. La question de la petite Poufsouffle avait un l'air d'une supplique désespérée qui tournait en boucle. Oui. Pourquoi ne la laissait-elle pas tranquille ? Pauvre petite Andy qui n'avait que le Quidditch dans sa vie ... en dehors de ses amis, de ses "maitres" ... de ses deux parents. Cette fois, Emma reprit ses esprits. La petite blonde qui deux secondes plus tôt lui reprochait de se plaindre tout le temps, se lamentait sur sa vie si malheureuse. Mais elle attendit que la jaune et noire l'insulte de faible pour riposter.

« Faible ! Je ne suis pas faible ! elle insista sur la dernière syllabe en avançant d'un pas. Je ne me cache pas derrière des septièmes années toute la journée, moi ! Je ne passe pas mon temps à fouiner affaires des autres avec l'aide d'un stupide rongeur, moi ! Elle lança un regard assassin au furet. Et surtout, je compte réussir ma vie, moi ! Parce que figures-toi que si je ne passe pas mes journées sur le terrain, c'est parce-que je travaille ! Je ne m'amuse pas à sécher les cours et je compte bien avoir toutes mes Buses et Aspics ! Et puis je ne traite personne de faible ! Et pourtant tu le mérites. »

Crier. Ça faisait tellement de bien. On pouvait presque lire de la joie dans les yeux de la Lynwood. Une joie féroce, la joie d'avoir répondu avec des mots qu'elle pensait. La joie de pouvoir clouer le bec à McGildroy. Mais il y avait encore une chose qu'elle voulait exprimer. Une chose qu'elle ne devrait pas dire, mais c'était si tentant.

« Et le pire, ce que tu ne sais pas. C'est que je m'entraîne. Le soir. Et tu ne devineras jamais avec qui ... »

Elle n'aurait jamais dû dire ça. Ça allait tout gâcher, pourtant elle avait fait l'effort de ne rien dire pendant des semaines et des semaines ! Mais elle allait le dire. Au même titre que son coup. Ça aurait peut-être le même impact. Et puis cela faisait tellement de bien, de tout dire comme ça. Sans rien cacher.

« Isaac. »

Elle avait chuchoté. Pas la peine de la crier, la vérité était tranchante quoi qu'il arrive.