Petite annonce
Vous vous interrogez.
Je le lis dans votre regard lorsque je vous croise, lorsque je me mêle à vous, je le vois dans vos yeux dès que je pose mon regard sur vous. Vous cherchez du regard celui qui n’est pas comme vous, celui qui pourrait être moi. Vous vous demandez comment moi, qui vous ai soutenu comme je vous ai coulé, qui ai lutté pour vous comme fui vers ma tour d’ivoire, ait pu oser ne pas être votre semblable. La solidarité fallacieuse des sorciers s’efface alors, je ne suis pas ce que j’aurai pu être. Il ne m’est autorisé à être que moi que si je suis un sorcier comme vous, que si votre voisin avait pu être moi. Le mystère s’estompe, en effet, parce que maintenant au lieu de chercher qui je pourrai être, vous cherchez à quoi je pourrai ressembler.
Que vous êtes stupides.
Dois-je donc être vous pour avoir le droit de me faire haïr ? Balivernes, vous ne saviez qui je suis, vous avez juste découvert que vous ne le saurez jamais. Vous êtes manipulés pour détourner les regards de problèmes plus graves, parce que qu’importe le poids du monde lorsque Celui-qui-sait peut être attrapé ? Stupides que vous êtes. Rita Skeeter et ses acclamations m’importent peu. Déloyale ennemie, petite blondasse sans cervelle, elle croit remporter une guerre titanesque comme on rapporte un trophée. C’est vrai, attraper le médisant national est une victoire en soit lorsqu’on s’assoit sur la vérité comme elle le fait – si j’étais aussi peu digne d’intérêt qu’elle je clamerai même que son derrière est assez large pour la couvrir toute entière. Vous avez peur de moi ? Vous avez peur qu’un jour celui à qui vous pourriez tout raconter se découvre une cicatrice sur la gorge ? Vous avez davantage peur d’une ombre comme moi que d’une société comme la notre. Vous êtes manipulés lorsque vous croyez qu’on vous remet les clés de votre liberté. Stupides animaux. Vous pouvez être fiers de vous.
Allez, chassez-moi donc si j’ai blessé votre dignité, honnêtement peu m’importe.
Ou, vous pouvez ouvrir les yeux. Réaliser. Je sais trop de choses, je suis trop de choses pour que vous fassiez l’erreur de m’éliminer. Ou, vous pouvez comprendre que c’est précisément le moyen le plus rapide d’asseoir le pouvoir actuel, et me suivre, et m’écouter, et continuer de me faire confiance. Vous pouvez avoir la vérité servie sur un plateau, ne soyez pas assez stupides pour cracher dessus.
Ai-je pensé à préciser que si vous me preniez en chasse, votre famille, votre réputation, tout ce petit monde parfait dans lequel vous évoluez en équilibre sur votre stupidité s’écroulerait comme un château de carte ?
Oui, je crois bien que je l’ai fait.
Grandes lignesLe monde moderne est une comptine incroyablement agréable à raconter. C’est comme une saga sans fin dont les rebondissements perpétuels provoquent des haut-le-cœur continuels, un immense livre, jamais achevé, toujours relu. Je me considère comme le lecteur – puisque, indubitablement, vous êtes l’âme de ce livre, et ne suis-je pas le lecteur de vos âmes ? –, le plus fervent admirateur de votre petit train-train quotidien, le fan numéro un des fluctuations de votre perception du monde. Je suis extérieur et pourtant tellement profondément le pilier tournant de votre univers. C’est vrai, accusez-moi d’égocentrisme si vous le souhaitez, mais que feriez vous sans moi ? Si je ne leur avais vendu quelques secrets, comment l’Ordre du Phénix aurait-il pu renaître de ses cendres ? Oh, je ne gâcherai pas leur brillante couverture, mais vous pouvez être sûrs que leur disparition n’est qu’une illusion d’imbécile. Je m’excuse auprès de feu Cornelius Fudge, la déclaration de leur illégalité n’a rien fait d’autre que les pousser à se réveiller. Il y a aussi cette histoire, je crois, d’infiltration au sein du Ministère, et puis ces cadavres qui s’étendent et s’entassent secrètement… Mais ne nous inquiétons pas, n’est-ce pas ? Les aurors parviendront de toute façon à mettre un terme à ces hécatombes. En en provoquant eux-mêmes, notamment. N’ai-je pas oui dire que les sortilèges informulés leurs avaient été de nouveau accordés ? Il me semble l’avoir entendu quelque part… Oh, ça me revient ! Ce scandale intrinsèque avait déchiré tout le département magique – on entendrait Lawrence Sullivan s’indigner de l’assassinat de Madame Drifloon à l’autre bout de Londres. Soit dit en passant, toutes mes félicitations Lawrence, vous remportez la palme du traître à son sang de l’année ! Charmante petite fille sang-mêlé que vous avez là, ce serait dramatique si la pauvre petite Ariana était menacée si tôt à sa naissance.
Tout semble tranquille à Poudlard, pendant ce temps-là, le trio infernal ne fait pas plus d’émules que la niaiserie de tout adolescent qui se respecte. J’ai cru comprendre au détour d’un entretien que le Ministre de la Magie visiterait Albus Dumbledore très prochainement, l’idée de le voir répandre son tissu mensonger dans le crâne des plus arrivistes d’entre vous est délicieusement attirante, je dois l’avouer. L’école reste encore spectaculairement intacte, je m’étonne moi-même de cette constance – mais, très honnêtement, j’en serai réellement effrayé à votre place. Ce n’est jamais bon présage que les choses soient calmes à Poudlard, et entendre les mangemorts comme l’Ordre du Phénix ramper à ses portes promet de troubler très prochainement cette tranquilité.
Mais rien ne presse, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si toutes ces choses vous concernaient de toute façon.
Votre candeur me ravit à chaque instant.
Ce que vous devez savoirVenons-en à vos petits secrets que vous essayez si bien de cacher aux yeux du monde. J'ai entendu dire qu'un bon nombre d'entre vous n'avaient pas vraiment respecté les quelques règles de bonne conduite que j'avais fixées. Oh, et comme je suis une personne de parole, je me dois de donner quelques petits indices sur les secrets de certains d'entre vous. N'est-ce pas Danni Bowen-Lloyd que je viens de voir faire un saut de trois mètres de long en face du lac de Poudlard ? Aurait-elle des choses à nous cacher en dehors de sa très douteuse généalogie ? Quant à Popy Beckett, aka Poop pour les intimes, n'aurait-elle pas une raison cachée derrière sa passion la plus ardente ? Oh, et Bee... La reine des abeilles. Bridget Winchester, tu ne cesses de montrer un visage charmeur et pétillant au reste du monde. Mais n'a-t-il vraiment rien à te reprocher ?
J'ai passé trop de temps à vous attendre, j'ai perdu trop de précieux instants à tâter le terrain. Vous avez cherché à me tromper ? Vous allez le regretter. J'annonce officiellement que moi, Celui-qui-sait, pourchassant et pourchassé, ouvre la chasse à vos sales petites cachoteries si vous vous entêtez à vous mêler de celle des autres. Sachez choisir votre camp, mes amours. Et toi, Rita, chérie, je t'embrasse du haut de ta chute.
With love.
Celui-qui-sait