La Gazette du Sorcier
MARS 1997
Scandale au Ministère !
Le Monde Magique aux abois !
Il semblerait que le Ministère de la Magie ait une fois de plus perdu son admirable faculté à faire écran sur toutes les petites manigances et arrangements qui n'apparaissent, mystérieusement, sur aucun papier. C'est toutefois ce que nous a signé Celui-qui-sait, entre deux copieux paragraphes d'insulte envers Rita Skeeter, qui semble plus que jamais parti dans une véritable croisade — ou, plutôt, une vendetta. Pourtant, et suite à une investigation très poussée de notre part, le verdict est tombé : celui qui se jure notre ennemi s'avoue un inhabituel mais remarquable informateur. Alors, le Ministère de la Magie, allié ou traître ?
Pages 1 à 4.
Le dossier, titré "Ce que vous devez savoir" en grosses lettres sombres, s'ouvre sur des feuilles et des feuilles de traîtrise, corruption, et d'arrangements à la limite de la légalité. Le mot signé Celui-Qui-Sait nous confie brièvement et sans détour la plus grosse affaire depuis le renversement du Ministère l'an dernier. Des dossiers laissés sans suite, tatoués d'un "CLASSÉ" en lettres rouges, des rapports plus que compromettants, des fiches d'identités. Ces fichiers sont annotés de post-it et lettres copieusement documentées de Celui-Qui-Sait, expliquant et dévoilant toujours plus que ce que le journaliste le plus tenace pourrait jamais obtenir. Voici les grands axes de ce scandale.
— Une justice équitable ? Un nombre conséquent de dossiers dupliqués d'aurors sont enregistrés sous l'indication "Corruption" par Celui-Qui-Sait, agrafés aux fichiers d'investigation que ces agents étaient censés résoudre, et qui ont, étrangement, été classés sans suite. Des menaces ? Non, même pas, à en juger par les comptes-rendus bancaires de Gringotts. Il y a également un nombre scandaleusement élevé de disparitions et de décès de témoins, et l'accent est aussi mis sur l'utilisation intempestive des sortilèges impardonnables, comme par exemple la mort de Miranda Drifloon, mangemorte tuée par un auror il y a plusieurs semaines ; usage toutefois dans la légalité grâce à la loi de la directrice magique Hensley. On dénombre plus d'une quarantaine d'aurors corrompus et 3 sièges du Magenmagot. Plus d'informations ci-dessous.
— Tout va bien dans le meilleur des mondes. Qui savait que le régime de Bulgarie avait dû répondre des incroyables violences dans trois villages moldus par des groupes indépendants de mages noirs ? Visiblement, personne, puisque le Département de la Coopération Magique Internationale l'avait jugé si peu important qu'il a été retrouvé sous un « dossier extrêmement fourni sur un tournoi d'échec en Espagne et les photos d'une jeune fille drôlement jolie » selon Celui-Qui-Sait. On parle aussi d'une rébellion des centaures suédois matée dans la violence et d'élections truquées au Japon. Page 2.
— Mauvaise pioche. On a été extrêmement sceptique, cependant, face à la quantité d'informations sur Philéas Folengrain, notre actuel Ministre de la Magie, connaissant les relations pour le moins ambigües (et apparemment devenues exécrables) avec notre informateur. Il confirme, toutefois, les rumeurs : Philéas Folengrain est loin d'être la bonne poire pour laquelle il a été sélectionné. Rejetant les Mangemorts qui l'ont assis sur le trône, il semble bien mieux savoir ce qu'il fait que ce qu'on prétend. Celui-Qui-Sait a toutefois décrit, avec une remarquable précision (et la pointe de cynisme qu'on lui connaît), l'insoupçonnable intelligence et stratégie du Ministre. Vous pourrez en lire davantage en page 3.
— Les murs ont des oreilles. Enfin, très brièvement, la confirmation de rumeurs sur des infiltration au Ministère, de la part des mangemorts mais également de l'Ordre du Phénix. Il semblerait toutefois que Celui-qui-sait n'ait récupéré aucun nom mais il confie que la diversité du paysage politique du Ministère est désormais comparable à « une plage touristique du Brésil en plein été ». Vous saurez tout en page 4.
Il semblerait ainsi que Celui-Qui-Sait regagne la neutralité acerbe qu'on lui connaît et, plus encore, semble bien déterminé à dévoiler réellement l'étendue de ses capacités. Il conclut ce dossier par le « simple désir de vérité en dépit du remarquable manque d'estime que lui procure ce journal » et précise, à vous, lecteurs, qu'il « n'a plus l'intention de jouer ». Réellement sous-estimé ou simple coup d'éclat, nous restons à l'affut, et le remercions (à contre-cœur) des précieuses informations qui vont suivre.
Autres nouvelles.
— La montée de violence que connaît actuellement Londres inquiète les familles, qui songent à rejoindre les petites campagnes. En effet, l'inactivité grandissante des forces de l'Ordre laissent la ville, particulièrement la nuit, en proie aux petits groupes qui se forment et rackettent, pillent, cambriolent et agressent. Nous vous conseillons de garder votre baguette magique à portée de main et de vous reporter aux manuels qui vous ont été distribués par le Ministère sur les mesures de sécurité à prendre. Le Ministère de la Magie parle également d'instaurer un couvre-feu. En attendant, les troupes de la police magique ont été mobilisées durant la nuit dans le but de diminuer ces manifestations de violences.
— Les mangemorts regagnent en puissance, de par l'infiltration au sein du Ministère mais également par l'augmentation des hostilités envers les nés-moldus et les sangs-mêlés, qui restent toutefois réprimées par les forces de l'ordre - celles qui, toutefois, font leur travail correctement. Nous présentons notamment nos condoléances à la famille de Sally Wieller, née Hurst, suite à son assassinat lors de la nuit du 3 au 4 mars.
— L'Ordre du Phénix semble également enfin renaître de ses cendres. Cet organisme, bien qu'illégal, marque en effet une activité plus soutenue, par une surveillance des mangemorts, une riposte aux attaques menées contre leurs effectifs ou des sorciers isolés, et un recrutement récent de nouveaux membres. Le Ministère, toutefois, martèle que ce groupe est toujours illégal et qu'il est « intolérable que quelqu'un d'autre que le gouvernement fasse sa propre loi ».
