J'avais six ans à cette époque. On vivait dans un petit quartier pas très fréquenté. Je ne savais pas encore que mon papa d'amour était un sorcier et je n'imaginais même pas être une sorcière. Je pensais être une princesse qui avait échappé à un sort funeste dans son royaume, et dont le fidèle chevalier, qu'est papa, m'avait emmené loin pour me sauver d'une mort certaine. Et aussi me priver de mon grand final avec le baiser d'un prince charmant que je ne connaîtrais même pas... Moi, obsédée par les garçons ? Non ! Mais avouez que c'est plus crédible qu'être une sorcière.
-Oublis pas ton cartable Sidy.
-Oui maman !
C'était le dialogue le plus important de cette histoire !
Je courus vers mon école primaire remplie de moldus, j'allais encore être en retard. En effet, je ne sais pas comment c'est possible, encore aujourd'hui, mais quand je regarde une horloge elle affiche trente minutes de battement, puis je cligne des yeux et j'ai dix minutes de retard. Incompréhensible !

Les rues défilèrent sous mes tennis. En retard, je n’avais pas bien fermé mes lacets. D’un coup, je m’étalai de tout mon long sur le pavé humide. Des garçons un peu plus vieux que moi s’approchèrent en riant.
-Tiens poil de carotte retrouve sa place.
Je me relevai l'air de rien et frottai mes vêtements pour retirer les petits cailloux qui s'étaient incrustés dans les fibres. J'avais l'habitude à force de me faire insulter à cause de mes cheveux. D'ailleurs je les attachais toujours en queue de cheval puis les cachais sous une casquette, mais celle-ci était tombée dans ma chute. Je la revissai sur ma tête et rentrai les quelques mèches qui en dépassèrent.
La tête baissée, je me remis à courir vers l’école.

Une lumière vive aveugla le coin de mon œil. Par réflexe, je tournai ma tête pour voir d'où cette lueur blanche était sortie. Je ne vis qu'un homme me fixer avec un grand sourire éclatant aux lèvres.
-Bonjour ma petite demoiselle.
Je m'approchai, oubliant l'école. Il avait cette petite chose qui fait tomber n'importe quelle petite fille amoureuse des hommes d'âge mûr. Des cheveux « poivre et sel », des yeux bleus gris enveloppaient de longs cils sombres, une barbe de trois jours... Le tout impeccablement assortit à son costume trois pièces, gris.
-Comment tu t’appelles ?
Une voix répondit pour moi. Enfin plutôt, j’entendis ma voix répondre, sans m’être rendue compte que ma bouche fût ouverte.
-Cassidy, monsieur…
-Douglas.
Il me fit un sourire aimable et bienveillant. Je baissai la tête, sentant une chaleur étrange me picoter les joues.
-Qu’est-ce que c’est ?
Je montrai une petite boite semi en métal semi en cuire, avec une espèce de longue vue collée dessus. Il me sourit et me tendit « la chose ».
-C’est un appareil photo. Tu veux essayer ?
Je n’en avais jamais vue… Mes parents étaient trop occupés à cette époque pour vraiment s’intéresser aux « nouvelles technologies ». Enfin c’était surtout qu’ils n’y voyaient pas vraiment d’intérêts.
-Comment ça fonctionne ?
Je le pris entre mes mains et appuya sur le gros bouton. Une lumière m'aveugla complètement. Un rire, devenu rugueux à cause de la cigarette, tinta à mon oreille gauche. Une fois ma vue revenue il m'expliqua tout ce qu'il fallait savoir de cette étrange invention.
-Si tu veux, tu peux être mon modèle, mais à une seule condition.
-Laquelle ?
-Que tu retires cette casquette.
-Mais… Heu… Je ne peux pas…
Je plaquai mes mains sur ma casquette pour être certaine qu’elle ne s’envola pas.
-Moi, je trouve que tu as de très beaux cheveux. Tu devrais les montrer, tu serais beaucoup plus jolie.
Je fis une grimace : serrant mes lèvres et les étirant de gauche à droite. Je retirai, non sans difficulté, mon couvre-chef. Des fils de soie blond vénitien flottèrent dans l’air sur les côtés de mes yeux.

Après ça, monsieur Douglas me prit en photo en train de grimper aux arbres, tenir en équilibre sur le rebord d'une fontaine et encore quand je le regardai simplement en souriant.
-Mais… Tu n’as pas école aujourd’hui, Cassidy ?
L’ÉCOLE ! J’ouvris grands mes yeux vert d’eau.
-Désolée monsieur Douglas ! Je dois y aller. Au revoir !
Il se mit à rire en me regardant courir, levant son bras bien haut, pour que lorsque je me retournai, je vis sa main secouer l'air.
-À demain, Cassidy !

Bien sûr, cette journée, j’arrivais avec presque trois heures de retard… J’étais punie dans le coin le reste de la journée à cause de ça. Mais je m’en moquais, j’avais juste hâte d’être demain, au parc…

J’avais neuf ans quand mes pouvoirs se sont déclenchés… C’était une sacrée histoire. Ne bougez pas, je vais vous raconter.

J'étais à l'école. Étonnamment, il plut ce jour-là. Je regardai les filets d'eau s'évader du ciel pour venir se fracasser violemment contre les vitres. Depuis ma rencontre avec Monsieur Douglas, je prenais soin de ma crinière flamboyante, la laissant luire aux yeux de tous. Il avait raison, je n'avais pas à en avoir honte.
J’avais l’appareil photo que papa m’avait acheté pour mon anniversaire autour du cou. Je ne le quittais jamais. J’avais rempli la moitié de mon premier album déjà, et j’étais plutôt fière de moi. Bon, c’est vrai, de temps en temps, il y avait des morceaux de doigts dans les coins, mais… Je me débrouillais de mieux en mieux !

L'un des garçons essaya de m'arracher l'appareil photo du cou, ce qui manqua de le casser. Voyant que la lanière de cuire tint bon, il se mit à me tirer les cheveux et à essayer de me taper dessus.
-Espèce de sorcière !
Je lui donnai des coups de pieds dans les tibias et martelai mes petits points chétifs contre son affreux visage.
-CASSIDY STUART ! Tu sors pour te calmer.
Cette voix aigre était celle de notre maîtresse, qui bizarrement me mettait toujours moi dehors.
-C’est injuste ! C’est lui qui a essayé de casser mon appareil photo !
-Miss Stuart, je ne veux rien savoir ! Vous sortez de cette classe ! Le prochain incident entre vous et monsieur Kinkeid, je serais dans l’obligation de vous faire quitter cette école.
Cette vieille pie n'avait qu'une envie, me mettre à la porte. Je fus tellement énervée que je vis rouge ! Je sortis et frappai dans chaque caillou qui osa croiser ma route.
-Pourquoi c’est toujours contre moi ! Je voudrais que ces cailloux fracassent la tête de tout ces idiots !
Aussitôt dit, aussitôt fait... Enfin... La plupart des petits cailloux autour de moi se mirent à trembler alors que je continuai de fulminer toute seule. Si j'avais fait attention, je me serais rendu compte que plus je m'énervais, plus le tremblement s'accentuait. Je poussai un cri de rage en jetant mes bras vers le sol violemment. D'un seul coup, les minuscules cailloux, qui m'entouraient, partirent brutalement, comme si je fus une bombe ayant explosée. Plusieurs frappèrent les vitres de l'école, sans les casser pour autant.
-Ho ho…
-MISS STUART !

-Monsieur Stuart, je vous assure je ne peux garder votre fille dans cet établissement. Elle en vient à s’en prendre à nos locaux scolaires. Vous feriez mieux de l’enfermer chez vous, où elle ne pourra plus causer de problèmes.
La porte s'ouvrit et papa en sortit. Il me regarda avec un grand sourire. Qu'est-ce que ce sourire pouvait bien me préparer. Il me caressa le haut de la tête en passant à côté de moi, avant de me faire signe de prendre mes affaires. Nous quittâmes l'école main dans la main.
-Cassi', raconte-moi ce qui c’est vraiment passé.
-Je t’assure que j’ai rien fait papa ! Kinkeid a commencé à me tirer les cheveux et je me suis défendue. Mais mademoiselle Lowell m’a mise moi dehors… J’étais énervée et je sais pas… D’un coup les cailloux ont fait pfiouh pfiouh pfiouh contre les fenêtres !
J’imitai avec mes petits bras d’enfant les mouvements des petites pierres en même temps que je racontai.
Papa eut ce visage amusant de quand il devait dire à maman quelque chose.

-TU AS OUBLIÉ DE ME DIRE QUOI ?
-Voyons chérie ce n’est pas si grave…
-Treize ans de mariage. Treize LONGUES ANNÉES de mariage… Et tu n’as pas jugé utile de me préciser que tu étais un sorcier ?
Maman jeta à peu près tout ce qui lui passa dans les mains, par terre. Papa resta calme tout en lui souriant, il me fit un clin d’œil amusé.
-Je n’étais même pas certains que les pouvoirs de Cassidy se développeraient. Mais tu vois, là, je te le dis.
-Ma fille n’est pas un monstre ! Tu es complètement fou ! Sidy, viens on va chez grand-mère Rose.
-Mais maman…
-Cassidy Morgana Marie-Rose Stuart !
Oui, j’ai Marie-Rose comme troisième prénom… Papa sortit un bâton de sa manche et l’agita au-dessus d’un vase que maman avait cassé juste avant. D’ailleurs, elle fut si "contente" que papa l’ai réparé, qu’elle en tomba par terre.
-Ma petite Cassidy, j’ai bien fait de te donner comme second prénom "Morgana". C’était la Stuart la plus douée qu’on ait eu dans la famille.

Comme chaque jeune sorcier, ma lettre pour Poudlard, arriva. Mon père fut tellement heureux, qu'il m'offrit le chaton, que je réclamai depuis au moins cinq ans. Un petit chat tout noir tout mignon, je ne sais pas trop pourquoi, mais je décidai de le prénommer Pistache. C'est mignon pour un chaton, non ? La première personne qui a appelé son chat comme ça, devait passer pour un fou, quand même...

Bref ! J'allais enfin dans une école avec d'autres sorciers et sorcières. Comme tout le monde, je dus prendre le Poudlard Express. Je m'étais assise dans un compartiment vide. Le paysage défila sous mes yeux. Ce soir mon patapouf et moi serions dans l'école de magie la plus réputée.
Le bruit du coulissant, de la porte du compartiment, grinça. Une fille, d'à peu près mon âge, blonde comme les près, s'engouffra à l'intérieur. Elle se mit à déblatérer sur son nom, d'où elle venait, la joie qu'elle éprouvait d'étudier à Poudlard... Entre sa voix et le ronronnement de Pistache je m'assoupis sans même m'en rendre compte.

-On est arrivés !
-Enfin !
-Poudlard n’est pas seulement une école de magie, elle est également une…
-Tais-toi et avance !
-Arrêtez de pousser !
Le brouhaha ambiant me priva des bras de Morphée. Mes poings frottèrent mes yeux embués, avant que je me sois étirée, fronçant mes narines et baillant à pleine bouche. Évidemment, c'est ce moment-là que choisi un garçon, tout simplement sublime, pour passer devant mon compartiment, devenu vide. Il était surement en cinquième année, mais si j'avais eu une chance de sortir un jour avec lui, là, elle venait de s'évaporer.
-Tu ferais mieux de descendre, avant que les Premiers années ne s’en aille.
Mes joues me piquèrent terriblement, si j’avais su me transformer en petite souris, à ce moment, je l’aurais fait avant de me jeter dans la bouche de Pistache.
-Heu oui… Désolée… Heu… Je vais y aller…
Je sortis du compartiment en courant pour rejoindre les autres Premier Année. Je faillis trébucher à cause de mon uniforme. Un demi-géant nous attendait dehors. Il parla d'une voix bourrue à travers une barbe sombre. La blonde, qui m'avait assommée avec ses paroles dans le wagon, vint vers moi en me faisant un signe, que je ne compris pas.
-T’as de la bave, là…
J'ouvris de grands yeux... C'était encore pire, que ce que j'avais pensé... Je resterais vierge, non par choix ou croyance, mais parce que je ne suis pas capable d'attirer un seul garçon. C'est Papa qui sera heureux...
Je frottai ma manche au coin de mes lèvres, avant que le grand bonhomme nous fit signe d'avancer.

Il faisait définitivement nuit, le ciel nocturne se reflétait sur l’étendue d’eau sur laquelle nous naviguions. Mon appareil photo était sorti depuis longtemps, que ce soit pour prendre les rivages fantomatiques, le miroir du château éclairé, ou tout simplement les barques autour de moi.
-Tu ferais mieux de rester assise tranquillement.
J'étais aux anges, l'air frais caressait mes joues avec tendresse au rythme de nos embarcations. C'est vrai, je voulais tout prendre en photo. En fait, je voulais surtout utiliser mon nouvel appareil photo. C'était mon premier appareil photo magique ! Ce qui voulait dire qu'après le développement on verrait les images bouger.
Debout, je vis une étoile filante passer au-dessus de nos têtes. Sa trajectoire était parfaite, créant un arc de cercle au-dessus de Poudlard, un peu comme le château d'une certaine Belle au Bois dormant. En voyant la trajectoire de cette lueur, je me précipitai à l'avant de la petite barque pour capturer cette parodie naturelle.
Mon doigt appuya sur le bouton de mon appareil. La photo fût prise, mais au moment où je voulais lever la tête pour admirer à nouveau ma future école. Eh bien, je basculai en avant, tombant dans l'eau glacée. Le problème, je ne sais pas nager... Telle une gracieuse enclume, je m'enfonçai dans l'eau. Mes bras gigotèrent dans tous les sens, jusqu'à ce que quelque chose m'agrippe et sorte ma tête hors du lac gelé. C'est là que je vis une barque retournée, deux filles (dont la blonde) « à la mer », et un garçon à mes côtés. C'était lui qui m'avait sorti de l'obscurité aqueuse. Malgré ses cheveux plaqués sur sa tête, il était plutôt craquant. Ma bouche ne pouvait s'arrêter de sourire. J'aurais certainement soupirée si je ne m'étais pas rendue compte, à cet instant, qu'il me tenait la hanche pour m'empêcher de couler. On va dire que c'était très, très, très gênant...

Nous étions enfin dans l'enceinte du château.
Vous voulez savoir comment c'est fini l'épisode de la barque ? Plusieurs bateaux nous ont aidés à remettre la nôtre du bon côté, avant qu'on ne remonte dessus et que la visite continue. Je passerais les regards meurtriers des deux filles, le sourire malicieux du garçon et le fait que je sois à moitié morte de froid.
Donc j'en étais à l'enceinte du château. Un professeur vint nous accueillir et nous faire un nouveau speech, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que quelques-uns d'entre nous étaient trempés.
-Que vous est-il arrivé ? Bon laissez, il est l’heure d’entrer.
Heureusement personne n’avait eu le temps de lui expliquer, avant qu’on entre dans la grande salle… Je crois, que je me serais sûrement faite expulsée avant d’être rattachée à une maison sinon.

Nous étions tous agglutinés attendant qu’on nous appelle pour être placé dans une maison. Les noms défilèrent assez rapidement.
-Cassidy Stuart !
Je m'avançai essayant d'éviter tous les regards. J'étais encore complètement trempée et tout le monde devait certainement s'en rendre compte. Je m'assis sur le tabouret devant les professeurs de l'école. Rien ne me vint à l'esprit, à part la peinture de Morgana que papa m'avait montré. Une magnifique rousse aux yeux bleus saphir qui vous transpercent, même en portrait. On plaça le Choixpeau sur ma crinière de feu imbibée d'eau du lac.
-Je n’ai pas vue de vraie Stuart depuis longtemps…
Comment ça « de vraie Stuart » ?
-SERDAIGLE !
Je n'avais pas eu le temps de demander au fameux Choixpeau magique, que la table de Serdaigle applaudit en souriant dans ma direction.


Tout connaître : oui, sage et réfléchie : rarement...Définitivement je suis la semeuse de troubles de la maison bleue et bronze. Et aujourd'hui je suis en sixième année et j'attire toujours autant les ennuies... J'espère, que cette année, je ne vais pas détrôner mon record d'heure de retenue, pour la troisième année consécutive...