Chère Eden,

Avant toute chose, j’ose supposer qu’en ta qualité de proche du ministre tu t’astreins au respect d’une certaine éthique du travail et as ainsi reporté ta faute professionnel à ton supérieur. Passons donc.

Après avoir vérifié mes disponibilités, je suis contrainte de décliner ton invitation. Mon emploi du temps est en effet chargé et je ne peux me permettre de décaler un rendez-vous pour une simple raison personnelle. Et si j’admire chez monsieur le ministre et toi cette capacité à allier responsabilités et plaisir, je ne peux me vanter d’en savoir faire autant. Ainsi, selon ma perspective, l'impératif du travail prime sur une sortie au restaurant.

Au demeurant, ma fille –puisque ce terme que je ne peux, selon toute objectivité sanguine, pas réfuter ce terme qui te tient vraisemblablement à coeur-, crois que je suis désolée qu’une famille désunie soit pour toi un poids. Pour autant, en toute franchise –car là encore tu te targues de l’apprécier- je ne me sens pas coupable et penses ne pas avoir à l’être. Car si je ne me sens aujourd’hui pas mère de manière effective j’ai au moins le mérite de n’avoir jamais prétendu l’être.
Mais notre relation, sans être excellente je le concède, reste cependant cordiale et respectueuse. Alors pourquoi forcer les sentiments en cherchant plus de proximité ? Enfin... Si ce déjeuner revêt une réelle importance, merci de contacter mon assistante qui t’indiquera mes disponibilités pour la prochaine quinzaine.
Pour ce qui est de ces « Breakfast » que tu mentionnes, le souvenir est trop lointain et flou pour que je puisse me prononcer sur cette question. Et comme tu l’écris, les choses ont changé, il est donc inutile de se rappeler de ce passé révolu. Je n’ai de toute manière si l’envie ni le besoin de revoir ton père et pense que le sentiment est réciproque.

Mes meilleurs sentiments,

Arsinoé Leigh.

Ps : Pour ce qui est de la soudaine crise sentimentaliste que tu sembles traverser, permets-moi de suggérer une visite chez un médicomage. Bien préparée, une potion est souvent très efficace.

Chère Eden,

Malgré tes simagrées dignes de la plus capricieuse des enfants, je ne peux définitivement pas me libérer demain. Mais à défaut d’être aussi butée que toi, je propose un compris samedi matin. Un café, à 10h, une heure maximum.
Quelle que soit la chose que tu as à me dire, elle a attendu des années et pourra bien le faire encore deux jours.

Bien cordialement,

Arsinoé Leigh.

Eden,

Ta peau est douce.
J'aimerais te revoir.
Ce soir ?

Electre, avec grâce.