Je ne sais pas vraiment si j'ai le droit de t'appeler de cette manière puisque nous n'entretenons aucune relation filiale véritable. Mais que tu le veuilles ou non (et je sais que tu as du mal à l'accepter) je suis ta fille et tu es de ce fait ma mère. Alors non je ne t'appellerais pas Arsinoé ou madame la ministre parce que ce serait mentir, et je n'aime pas ça. Au moins je tiens peut être ça de toi, cette droiture.

Je ne suis pas là pour t'invectiver ne t'inquiète pas. Pour tout te dire l'objet de ma lettre est de t'inviter à déjeuner ce vendredi au Galvin, un restaurant très chic et bien tenu où l'on sert un rouge délicieux. La vue là bas est magnifique. 
Cette idée m'est venue en te voyant passer devant mon bureau pour aller voir monsieur le ministre. Comme d'habitude tu n'as pas daigné me voir, je commence à m'y faire... en vérité non, pas vraiment. Ce silence me pèse et j'ai besoin d'avoir une conversation normale avec toi qui ne porte pas exclusivement sur les signatures de contrats ou les horaires de présences de tel ou tel ministre. 
En te voyant t'engouffrer dans le bureau de Mr Folengrain j'ai attrapé ce papier à lettre estampillé sur la pile. D'ailleurs, j'espère que tu ne prendras pas mal cet usage illicite des papiers officiels en connaissant ton goût pour les règles. 

Je ne te demande pas la lune, simplement un petit dîner où nous pourrons nous comporter comme une vraie famille. J'aurais aimé que nous puissions nous réunir avec Papa devant un délicieux Breakfast comme au bon vieux temps. Mais je me rends bien compte que de nombreuses choses ont changé depuis ton retour et j'accepte tes choix. Seulement je ne veux pas disparaitre de ta vie. 

Très chère mère,

Excuse-moi d'avoir oublié à quel point ton, oh combien précieux travail, est plus important pour toi qu'une simple raison personnelle comme tu te plais à nommer notre relation. Pardonne-moi encore, j'ai oublié l'espace d'un instant qu'une simple petite employée comme moi ne peut s'adresser en personne à une femme aussi importante que toi. Je ferais mieux à l'avenir d'adresser mes problèmes sentimentaux à ta secrétaire en plus de mes demandes d'invitations.

J'apprécie ta préoccupation envers ma santé mentale, mais je ne suis pas malade et aucune crise sentimentale n'agite mes hormones. Je sais rester maîtresse de moi-même, merci. Certainement qu'il te serais impossible de traverser ce genre de crise puisque toi-même tu n'as pas de sentiments !

Je ne m'emporte pas. non je ne m'emporte pas quoique tu puisses croire. Je suis simplement... déçue. J'espérais pouvoir avoir une relation mère-fille plus ou moins normale avec toi. Car en ce moment précis nous ne sommes que deux inconnues et être simplement respectueuses l'une envers l'autre en est la preuve.

De ce fait, je réitère ma demande d'invitation pour la dernière fois. Je me fiche de ton emploi du temps ou de tes stupides rendez-vous avec tes stupides collègues, trouve-toi une heure demain sans faute. Peu importe comment tu devras t'organiser, mais fais-le. J'ai quelque chose d'important à te dire et qui ne peut pas attendre. Je ne te demanderai rien d'autre ensuite, simplement vient dîner.
Peut-être pense tu qu'en refusant cet ultimatum tu seras débarrassé de moi et mes geignardises, mais je ne laisserai pas tomber. Je sais qu'il est inutile de t'amadouer avec les souvenirs du passé, je sais bien qu'il n'y a plus de passé pour toi.
Alors je te le demande pour le minuscule lien qui peu encore subsister entre toi et moi, les quelques particules d'affections qu'il te restent envers ta fille.

A demain,
et crois-en mon expérience j'obtiens toujours ce que je souhaite.

Eden.

Ça fait quelques jours que j'y pense. C'est dans un coin de ma tête, et très honnêtement - je ne trouve jamais le temps de t'écrire. Alors oui, c'est vrai ; je n'ai pas un emploi du temps des plus pleins. Mais être une mère au foyer requiert tout de même beaucoup d'attention.

Mon but n'étant pas de te déranger - j'ai appris que tu travaillais au Ministère. Je suis heureuse pour toi. Je te propose juste de m'accorder quelques minutes de ton précieux temps pour qu'on puisse discuter. J'ai besoin de te parler, d'avoir des réponses à mes questions.

Même si la réponse est non, réponds moi s'il te plait. Prouve moi au moins que tu es vivante.

Je t'embrasse,

Cordialement,

Narcissa B. Malefoy

Effectivement non, Lucius ne m'a rien dit. Comme il se plait à me le dire : Ce qui est au Ministère reste au Ministère. Je suis donc très restreinte niveau nouvelles ministérielles. Il dit que c'est pour ma sécurité, pourtant j'ai l'impression que je le serais d'autant plus s'il me parlait de ça.

Peu importe, j'ai bien noté l'adresse que tu m'as envoyé. Je t'enterais de passer te voir la semaine prochaine. En espérant que tu puisses éclairer mon esprit avec ces questions sombres qui me trottent dans la tête depuis des années, et restent sans réponses.

P.S : C'est un hiboux différent, ne t'en fais pas. Celui que j'ai envoyé à Drago n'est pas encore revenu. C'est le hiboux de Lucius, celui du Ministère. Fais attention : il est très caractériel.

Je t'embrasse,

Cordialement,

Narcissa B. Malefoy

Très bien... à samedi au Galvin dans ce cas.

Eden.

PS. Ce n'est pas un caprice, c'est on ne peut plus sérieux.

(la lettre est principalement en anglais, mais ponctuée parfois d'expressions en grec ancien)

Ma douce Arsinoé,

Cela fait un moment que je ne t'ai pas donné de nouvelles, mais je pense qu'étant donné la situation actuelle du pays tu ne pourras guère m'accabler.
J'espère que tout va bien pour toi et ton ministère ?

J'ignore si tu fêtes encore Noël et le nouvel an... si ce n'est pas le cas considère alors mon cadeau comme un gage de gratitude pour être restée, malgré les changements qui ont eu lieu dans nos vies respectives. Ce sont deux places pour une pièce de théâtre de ton choix, je sais que tu es en friande et comme tu n'aimes pas consommer avec modération, sache que si ce théâtre répond à tes attentes j'ai pris un abonnement à « vie » que je serai ravie de partager avec toi.

Passe d'agréables fêtes et profite de cette place pour inviter quelqu'un que tu apprécies.

Affectueusement.
Hélène.

C'est avec le plus grand des regrets que je vous annonce aujourd'hui ma démission —rassurez-vous, je ne prendrais certainement pas la peine de négocier des indemnités de départ, une affaire urgente me réclame. J'ai néanmoins récupéré mon dernier chèque à la comptabilité, j'estime le mériter. ♥

Il serait vain de vous cacher les raisons d'un départ aussi précipité mais d'autres vous les expliqueront mieux que moi ; des personnes à la serviabilité étonnante s'en chargeront en même temps qu'elles fouilleront mon bureau de fond en comble. Vous serez gentille de les prévenir que j'ai pris la peine d'assurer mes arrières avant de m'enfuir de partir, cela leur évitera de chercher pour rien— parce qu'elles ne trouveront ni preuves ni indices, c'est certain.

Il est vrai que j'aurais pu prendre la porte sans vous prévenir mais la politesse exige au moins que je vous souhaite une bonne continuation. Je voulais également vous assurer que je suis fier d'avoir travaillé sous votre houlette changeante ; malgré le fait que j'avais parfois l'impression de recevoir des ordres de deux personnes différentes, ce fut plaisant. Allons, maintenant que je ne suis plus à votre service, je peux bien vous taquiner sur cette particularité de votre caractère, n'est-ce pas ? ♥ J'aurais beaucoup appris à vos côtés et j'appréciais sincèrement vos efforts pour faire tenir debout le Département.

Je m'excuse également d'avoir utilisé le papier officiel pour écrire mes lettres personnelles (en fait, non, je ne m'excuse pas, c'était drôle de faire peur aux gens avec l'en-tête officiel du ministère).

Qui sait, peut-être qu'on se reverra.