Il regardait la cape d'un oeil dubitatif. "Man, on est obligé ?" Sa mère soupira. Ils avaient été trop laxistes avec ce garçon. "C'est le règlement Leigh. Tu sais bien que..." "Les règles sont faites pour qu'on les applique.", récita t-il docilement. "Mais maman, c'est lourd à porter et puis ça gratte. Et si je me dirige vers le Choixpeau et que je me prends les pieds dedans comme l'Oncle Richard l'a fait, j'aurais l'air de quoi ? Ils vont tous se moquer de moi.", bougonna le jeune Leigh en faisant les courses de la rentrée avec sa mère. "Et bien tu t'étaleras avec la classe de la famille Mortensen, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise Leigh ? Se prendre les pieds dans sa cape, ça arrive à tout le monde. Arriver sans sa cape, avec des vêtements moldus, ça c'est autre chose. Ne sois pas si têtu. Il y a un règlement ce n'est pas pour les chiens.", s'emporta t-elle légèrement avant de se calmer. Leigh allait la rendre chèvre. Il était impulsif, râleur, n'aimait décidément pas ce qui faisait d'un sorcier un ... sorcier et n'en faisait qu'à sa tête. Encore l'autre jour elle l'avait surpris dans les arbres. Mais qu'allaient-ils donc pouvoir faire de lui ? "Et reste sur ce tabouret. Madame Guipure fait des retouches pour qu'elle t'encombre moins. Tu es vraiment impossible." "Un futur Gryffondor que vous avez-là Madame Mortensen." La jeune mère hocha la tête avec un sourire moqueur pour son fils. "Oui et même si cela l'embêterait grandement d'être réparti à Serpentard : j'aimerais bien. Cela ferait un peu d'originalité à cette famille planquée depuis six générations dans cette maison." "Mamaan." "Quoi ? J'ai tord ? Au moins avec les verts, tu serais forcé de te calmer." Leigh lui tira la langue et elle lui donna une tape affectueuse sur la tête. "Avec tes pitreries, on en aura pour le double du temps. Ton père n'aime pas les retardataires. Tâche de te tenir chez Ollivander.", soupira t-elle en attendant que la couturière termine ses dernières modifications à la robe de sorcier réglementaire. Avec un peu de chance, son fils n'aurait pas de baguette en bois d'ébène. Une baguette pour les troubles-fêtes, rien mieux pour exacerber le côté insouciant et bien trop impulsif de son fils qui n'était encore qu'un enfant. Avec le temps il s'assagirait : elle en était certaine.

Au grand désespoir de Madame Mortensen, Leigh fut réparti dans la maison des Lions et, contrairement à ce qu'il appréhendait, il ne se cassa pas la figure en allant s'asseoir sur le dit tabouret. C'était bien étrange d'avoir cette chose sur la tête qui semblait penser le cerner mieux que lui-même. Les années dans le château se déroulèrent à merveille pour ce petit garnement qui eut bien du mal à se mélanger aux autres maisons. En d'autres termes, ils étaient assez nombreux pour se faire des amis, un ennemi, un concurrent, un crush  ... dans une même maison que pour se mélanger aux autres. Il ne fut pas sage ni turbulent, préféra s'entourer de quelques personnes plutôt que d'être un goldenboy. Ce rôle allait très bien aux concernés. C'est ainsi qu'il passa dans la masse sans que l'on fasse réellement attention à lui. Il y eut cependant deux ou trois incidents comme sa répugnance à aller en cours de potion, son adoration pour le cours de soin aux créatures magiques et, encore et toujours, son énervement constant à devoir mettre cette robe de sorcier.

Journée typique. Il est tôt mais Leigh se lève. Il a appris à être ponctuel dès les premières semaines pour ne pas s’attirer les foudres des professeurs. Son père n’avait pas tort. La ponctualité, c’est important. Très important. Prévoir cinq minutes d’avance pour les escaliers (ils ont leurs humeurs, eux-aussi) et petit-déjeuner rapidement. Les cours sous les bras il est temps de descendre aux cachots et, inutile de vous dire que Leigh y va à reculons. Potion. Potion. Il n’aime pas ce cours et encore moins son professeur. Il n’a rien contre lui, au fond. C’est juste que non, non, il a déjà du mal à voir des grenouilles mortes alors les prendre en main pour les jeter dans une potion qui ne servira à rien de toute façon (parce que les trois quart seront bonnes pour la poubelle, ratées). Il a du mal parce que c’est une vie gâchée pour le besoin de ce cours inutile, dans lequel il n'est pas vraiment très doué. Mais Leigh ne dit rien et s’assoit

C’est ainsi que le cours aurait dû se dérouler. Normalement. Sauf qu’arrive le problème de cette robe, cape. Il ne sait pas quel nom lui donner mais depuis la première année ils l’ont et depuis qu’il a mis les pieds chez Madame Guipure la première fois, il la déteste. La cape. Il gigote, clairement mal à l’aise et le regard de sa voisine lui demande clairement de se calmer. Mais non, être calme, il n’y arrive pas surtout qu’il n’arrive pas à couper correctement avec les manches qui pendouillent misérablement. Et puis au fond pourquoi ne pas l’enlever ? Leigh ne fais pas attention aux regards qui se tournent vers lui alors qu’il se … déshabille. Ouais, c’est ça même si ce n’est pas totalement ça non plus. Il ne va pas retirer le reste et puis quoi encore. Malheureusement certains s’exclament et lorsque le jeune Mortensen se retourne, c’est au professeur qui se retourne, l’air pas franchement ravi. « L'exhibitionnisme est interdit à Poudlard, Mr Mortensen. » « Pardon ?  » « Vous m’avez bien entendu. » C'était injuste. C'était dégueulasse. Tout comme l’enlèvement des points et sa retenue. Rancunier et dégouté par cet homme qui avait décidé de le saquer, il se jura de se venger, les aspic en poche … et obtenir l’Aspic de Potion fut une revanche. 

Le futur. Quel métier voulait-il exercer ? Question cruciale à laquelle il n’avait pas réellement réfléchi. Si les Mortensen ne dénigraient pas les sorciers au sang impur, il était préférable d’arriver quelque part dans la société. Plusieurs fois, dans leurs échanges de lettres, son père mentionna le métier d’avocat. « Une (petite) dose de provocation ajoutée à l’art de défendre tes idées et ta droiture te mèneraient facilement au département de la justice magique. Tu devrais y penser. » Il y avait songé, effectivement. Mais il y avait une différence entre défendre les autres et devenir avocat, pour le Ministère ! Il défendrait les cas au profit du Ministère et pas forcément toujours en concordance avec ses propres idéaux. Il ne se considérait pas comme quelqu’un d’opportuniste prêt à changer pour être bien vu. Et comme Leigh était malheureusement un jeune homme bien têtu, il ne songea pas un instant à une carrière de juriste. Non. Il avait mieux.

Une matière avait eu plus d’importance que les autres dans sa scolarité. Leigh avait été un passionné de Soin aux Créatures Magiques. Il avait toujours eu un regard impressionné vers leur professeur et fut souvent curieux et résistait bien souvent à l’envie de suivre le Garde-Chasse. Quand il avait entendu que ce dernier avait récemment été promu au rôle de professeur de ce même cours, Leigh avait été ravi et en même temps envieux. Oui, c’était le gamin qui avait provoqué une retenue en sachant très bien qu’il finirait dans la forêt interdite en compagnie de l’impressionnant barbu. Une fois sur deux, la tâche était plus ragoûtante que d’aider le Rubeus Hagrid mais parfois, oui parfois, la chance avait été de son côté. Alors plutôt que de se diriger vers une carrière ministérielle écrasante et trop imposante, il opta pour le service du Contrôle et Régulation des Créatures Magiques. Ainsi il avait une « carrière » ministérielle et travaillait dans un milieu bien plus à sa convenance.

(maj 03/04)

Métier qui lui convenait très bien. Il était heureux dans le domaine qu'il maîtrisait le mieux. Leigh avait parfois cependant du mal au rabaissement constant de certaines créatures par rapport aux sorciers. Les elfes de maison, les loups-garous, les gobelins. Ils n'étaient pas sorciers (sauf pour les loups-garous) mais étaient des êtres à par entière, tout comme les sorciers au sang impur. Il détestait cette façon qu'avait le Ministère de les catégoriser ainsi. Dès qu'il y avait une créature ne disposant pas de baguette magique ou de pouvoir sorcier, elle était d'office disposée un cran en dessous du sorcier dans la hiérarchisation. Il en avait toujours été ainsi, et maintenant les nés-moldus devaient se recenser pour mieux pouvoir les afficher ? C'était quoi le problème avec le Gouvernement ? Leur Ministre était-il du côté des Mangemort ou était-il neutre ? Non, en réalité, d'après l'article lu récemment, le Ministre était du côté de celui-qui-sait. Ca leur faisait une belle jambe, vraiment !

En arrivant au Ministère, il s'était un peu plus impliqué dans l'Ordre du Phénix qu'auparavant. S'il restait discret quant à son appartenance, il voulait combattre pour des idées auxquelles il croyait. Il ne voulait pas rester neutre ou passif - même si cela avait son lot de conséquence et de problèmes qui aurait pu lui arriver si un certain brun ne l'avait pas dénoncé. Il aurait pu, il aurait pu. Bon sang. Il était Mangemort. Il était Mangemort et, dans la précipitation de l'action, Leigh l'avait protégé. Merde. Merde. Il avait répété ce mot un bon nombre de fois en le réalisant, quand Alistair Travers avait disparut de son champ de vision. Il se serait bien traité de traitre s'il en avait eu le temps, si l'idée avait traversé son esprit mais non, il en avait été tout autrement.

U.C.