Avant toute chose ce n'est pas de bon cœur que j'envoie ça, d'accord ? Mais, j'ai eu pitié, dira-t-on, que tu te lèves avec ta boîte aux lettres vide en ce 14 Février, et comme je suis un homme généreux j'ai pris la peine de t'en écrire une. (J'ai aussi essayé de rendre Kaithleen jalouse, un peu, mais il semblerait que ça ne prenne pas.)

Plus honnêtement, il s'agit d'un prétexte pour dire que j'espère que tu trouveras quelqu'un dans ta vie, ce genre de chose, mais que si tu ne le veux pas tu t'en porteras très bien aussi. Dans la mesure où ma fille court partout depuis sept heures du matin, je te dirai même de fuir autant que possible. De toute façon, une mini-version de toi serait deux fois plus casse-pied, j'en suis certain. Donc en dehors de toutes ces vacheries gratuites, j'espère que tu te portes au mieux et que je te reverrai bientôt. Un peu, pas trop. (Tu as interdiction d'utiliser cette phrase contre moi.) C'était davantage une lettre pour prendre des nouvelles que pour me moquer de toi, une fois n'est-pas coutume. De toute façon si des garçons t'embêtent, meugle-leur dessus sans répit, ils ne méritent pas l'attention de tes yeux de veau.

Viens quand tu veux (de préférence jamais) à la maison,
Lawrence.

(est jointe à cette lettre une bonne grosse bouteille de whisky irlandais comme on les aime)

Salut Vicky la sorcière,

J'ai toujours su que tu en pinçais pour moi et recevoir une telle lettre n'étais absolument pas une surprise. D'ailleurs je vais la mettre dans ma voiture, pour la lire tous les matins avant de partir au travail pour me rappeler à quel point mes amis sont barges. Je suis vraiment déçu que cette proposition de plan à trois ne soit pas réelle, j'aurai adoré te voir faire des choses avec une jolie blonde. Enfin.

Je sais a quel point tu envies mon charme féroce et toutes ses filles avec qui je suis sorti, mais malheureusement je n'ai pas encore choisi avec qui je passerai la soirée. Je crois que je commence à me faire vieux, parce que j'ai définitivement moins de groupies qu'à l'époque. Rassure toi, j'en ai toujours plus que toi.

D'ailleurs, tu vas sûrement être déçue en apprenant que la absolument pas bandante Emily Dickinson est mariée depuis déjà trois ans, avec le cher Ewan Grender, tu sais le mec que tu trouvais tellement beau, intelligent et parfait. Comme quoi tout le monde peut trouver le grand amour, sauf nous peut-être. Tout ça pour dire que le seul plan officiel que j'ai pour ce soir, c'est un dîner pompant aux chandelles dans un restaurant végétarien sur la grande avenue avec miss-j'ai-un-balais-dans-le-cul.

Du coup, si tu n'as rien à faire, passe à la maison. Je ferai à manger ou plutôt on commandera chinois, je ne suis pas sûr que Jessie sera là. Surtout fait pas genre que tu ne veux pas passer la soirée avec ton Beau gosse, solitaire et ténébreux.

Basile Y. Flaversham.

PS 1 : J'offrirai ton slip à Jessie pour ses soirées bizarres.

PS 2 : Je t'ai acheté un cadeau, histoire que tu en reçoive au moins un.

(Avec la lettre un petit oursons en peluche avec un petit "I Love you" brodé en rouge).

*la carte postale est négligemment glissée sous la porte, sans aucune autre adresse qu'un vulgaire : La pustule*

Spoiler:

Chère Victory,

Prague est réellement une ville superbe. Tu n'imagines même pas à quel point l'architecture recèle de trésors insoupçonnés ; contempler de tels monuments saurait inspirer aux moins impatients d'entre nous les sentiments les plus distingués. Je doute que tu puisses comprendre alors que tu foules encore de tes talons hauts le ruban d'asphalte de Londres. J'espères pour toi que tes affaires se déroulent mieux que les miennes. Il faut toutefois reconnaître que cela m'a permis de reconnaître la futilité de l'existence, la platitude de la vie, à moins que ce ne soit l'inverse. Je ne sais plus. Qu'importe, toutes ces choses philosophiques à propos desquelles de grands hommes à la barbe blanche exagérément longue passent leur temps à débattre m'ont ouvert les yeux. J'ai décidé de construire une nouvelle vie ici. Je vais devenir pianiste dans un bar moldu, me nourrir des restes des clients et regarder l'horloge astronomique s'animer toutes les heures. Quel somptueux programme, n'est-ce pas ? Il a au moins le mérite de ne pas comporter les mots Exécution sommaire par un camp ou un autre dans ses options.

Pardon pour l'humour noir. Mais il vaut mieux en rire que pleurer, pas vrai ? Toi-même, tu sais. Je continuerais de t'envoyer une carte et une fois que j'aurais trouvé une jolie petite slave blonde à épouser, tu auras droit à un magnifique faire-part dans ta boîte aux lettres. Tu pourras le déchirer si tu veux mais je serais déçu si tu ne faisais pas l'effort de te réjouir pour ma future vie conjugale. De toute façon, tu es juste jalouse parce que moi, je fuis loin de la pollution londonienne.

Un vieil ami.

P.S : à part ça, je suis devant ta porte, je ne sais pas où aller, il y a cet adolescent que j'ai pris l'habitude de fréquenter mais Sherkan d'autres connaissent l'adresse et je veux pas le mettre en danger, je sais que la situation est compliquée en ce moment mais Jessie m'a fait promettre de veiller sur toi tu as toujours été là pour moi et j'ose espérer que tu le seras maintenant, sinon je pars vraiment pour Prague. Je ne suis seulement pas sûr de réussir à franchir la frontière en un seul morceau.

Je suis désolé. Je ne voulais pas que tu t'inquiètes, surtout pas pour moi et j'aurai dû t'envoyer une lettre ou te téléphoner pour te donner des nouvelles, mais tu sais bien que je suis plus un adepte des conversations de vive voix.

Je vais bien, du moins je suis vivant. Certes, ces derniers temps ont été un peu compliqués et j'ai besoin de prendre un peu de recul. Je vis chez Joy pour le moment et je travaille un peu moins qu'auparavant. Du coup, j'ai du temps pour te voir, surtout que je pense que me changer les esprits ne me fera aucun mal.

Une visite au zoo et un petit repas pour me faire pardonner, ça te tente ? En plus tu pourras revoir ta famille, tu sais les guenons.

Ne te fais pas trop de soucis pour moi, je suis un grand garçon. Je t'expliquerai peut-être. Hâte de te voir.
Basile le héros.

Chère Victory la victorieuse,

J'ai totalement oublié de t'écrire après notre promenade au zoo, c'était super sympa et j'ai enfin pu voir ta famille, un vrai plaisir. Je suis un peu overbooké au boulot en ce moment, d'ailleurs je dois te dire que je ne vis plus chez Joy et que je me déconcentre un peu sûr ma vie, plutôt que celle des autres. Enfin du moins, arrêter de penser à Jessie, ce qui est plutôt raté puisque je t'écris exactement le jour de son anniversaire.

Bref, tout ça pour te dire que je passerai très prochainement chez toi pour voir un verre, pas la peine que tu te déplaces inutilement chez moi.

Bisous, Basile.

La lettre est posée tranquillement sur le lit. Une enveloppe non cachetée. Sans nom, sans adresse. La lettre, elle, est un parchemin simple, plié avec une minutie qui hérisse, comme ces scènes de crimes trop propres. L'écriture est ronde, agréable. Comme si les mots voulaient transpercer non par leur apparence innocente mais par leur menace terrible.


Il est des monstres que l'on ne peut repousser à coup de volonté ou d'armes, Miss Willard. Sachez que je suis l'un de ceux-là. Une chimère d'ombres à l'armure d'épines vénéneuses. Hélas pour vous, vous vous êtes piquée à moi depuis longtemps. Et mon venin s'est infiltré en vous.
A présent je viens chercher mon dû.
Ma proie.

Il est amusant de voir que certaines personnes n'ont nullement peur pour elles-mêmes. Mais pour d'autres. Futiles attachements - on finit toujours par perdre les autres, ne croyez-vous pas ? Surtout ceux que l'on aime si fort, qu'on en mourrait pour eux.

Vous avez une famille adorable. Jade - c'est bien son prénom ? - est si jeune, si volontaire. Elle s'abime dans le néant d'une vie d'étincelles et de paillettes. Peut-être devriez-vous lui donner quelques uns de vos si bons conseils. Ne pas parler aux inconnus par exemple. Je me demande si vous portez le même parfum - celui aux saveurs de pêche et d'abricot. Mais vous semblez différentes - j'ai une préférence pour les brunes. Peut-être lui dirais-je à cette fête où elle va, vendredi. A moins que ce ne soit samedi ? Elle sort si souvent, tellement. Il est difficile de toujours savoir où elle va, non ?

Les monstres sentent le carnage. Ils traînent avec eux la ruine et la désolation.

Attention à qui vous fréquentez, Miss Willard. Cela pourrait bien, non pas vous tuer, mais rebondir.

Les innocents ne sont jamais à l'abri.

Ta carte était carrément immonde et je sais que tu l'as choisi avec beaucoup d'amour. J'attendais ta lettre, parce que je sais bien que tu ne peux te passer de moi. D'ailleurs, je suis désolé de ne pas passer te voir, mais j'ai beaucoup de travail en ce moment et beaucoup de choses à faire, puis je peux pas dire non au patron. Tu vois travailler me permet de penser à autre chose.

Ces paillettes sur cette carte étaient parfaites, tout comme tes cadeaux. La bouteille, très bon choix, j'en rachèterai sûrement pour la fin de la semaine et cette BD est géniale. Si le vendeur te regardait ce n'est pas parce que tu es bonne, mais peut-être parce que tu es venue en Bentley. Tu sais les gens du peuple, ils sont pas habitué à tout ça.

Vingt huit ans. C'est vraiment terrible de vieillir, mais pour le moment j'ai encore la cote auprès des filles, comme tu peux témoigner. Enfin, je te remercie et je passerai sûrement te voir un de ses jours, si tu as un problème téléphone moi, je suis là pour toi.

Encore merci meuf, je sais que je te manque.

Basile.

Chère Victory,

J'espère que tu vas bien. Cela faisait longtemps que je ne t'avais plus écrit. Quoi de neuf ? Ici, j'ai beaucoup de boulot. J'ai demandé à faire un stage d'intégration auprès du ministre, parce que je voudrais m'intéresse plus fortement à la politique. J'ai l'ambition d'avoir plus de responsabilités bientôt. Je travaille pour, et on verra.

Je pense que Basile a totalement passé à la trappe de t'envoyer des lettres. Encore une fois, je dois faire son travail (si tu savais le nombre de dossiers que j'ai finis pour lui) et donc te rassurer. Il est bel et bien chez moi. Il vide bel et bien mes placards. Lyra l'adore toujours autant - elle a uriné sur le canapé en le voyant tellement elle était heureuse ... Je te laisse imaginer ma tête. Sache que je tente de lui donner une meilleure hygiène de vie pour qu'il tienne la route au ministère : je n'ai acheté que des légumes pour lui faire arrêter sa nourriture grasse, et jogging avec moi tous les matins. Je ne te garantis pas qu'il sera un autre homme, mais si je pouvais te le rendre un peu moins fêlé du bocal que maintenant, ça pourrait être pas mal. Tu verrais sa tête quand je lui présente ma salade ! C'est très drôle. Quant à sa voiture ... Il lui parle plus qu'à moi, je crois. C'est ridicule - et très drôle aussi. Je le vanne pour toi, rassures-toi, sur ce sujet. D'ailleurs, il m'a désigné du nom de Robin. Je suis son assistant. Je lui ai donc répliqué que je refusais d'être le sous-fifre, et que je ne porterais des collants pour rien au monde.

En tout cas, sache qu'il va bien. Aussi bien qu'un carnassier sevré aux légumes, en tout cas. J'éviterais de lui faire trop cracher ses poumons demain matin. J'arrête ma missive ici, il est tard ; je l'enverrais aux aurores afin que tu la reçoives rapidement.

Bonne journée, Victory, en espérant que tu ailles bien.

Ayrton.

Victory,

Alors comme ça on envoi des lettres à mon frère et même pas à moi ? Je vais être jaloux. Non, plus sérieusement, il m’a menacé avec un brocoli de t’écrire une petite lettre pour donner des nouvelles. Pour faire simple. Vivre avec mon frère est un enfer, non seulement je le supporte au boulot, mais en plus je vois ça face d’élan tous les matins au petit déjeuner. Puis Monsieur est tellement chiant avec ses millions de shampoings autour de la baignoires, sans parler de ses livres qui traînent partout dans l’appartement. Tu sais que ce gars m’oblige même à courir ? C’est un tyran, même s’il fait gentil comme ça, méfis toi.

Je voulais passer chez toi la dernière fois, mais je me suis dit que passer à l’imprévue ne se faisait pas, on sait jamais tu pourrais être avec quelqu’un. Sinon depuis je n’ai pas beaucoup de temps, pas comme certaines qui s’en foutent plein le bide. Je rigole, je ne voudrais pour rien au monde faire ton truc avec tous ses cons. Au fait, je suppose que Ayrton te l’a dit, mais tu peux passer quand tu veux à l’appartement, on a même une piscine gonflable pour les beaux jours.

Je sais que je te manque et que tu as du mal à vivre sans moi, mais que veux-tu, je dois tout de même sauver le monde. Je t’aurai bien écrit un roman, mais comme le dit si bien mon frère, je ne sais pas écrire, alors je vais te laisser. Il est temps pour moi de fuir, surtout qu’il est en train de faire une ratatouille.

Basile Flaversham.

Ps1 : Pour ta gouverne, ma voiture va très bien et je bois au moins un verre d’eau par jour.

Ps2 : Sinon, je vais bien, ne te fais pas de soucis, je suis content que tu me fasses confiance.

Chère Victory,

sache que Basile a bel et bien lu ta dernière lettre, et que ce que j'en ai compris, ce sont des bredouillements sur des brocolis et le fait de cracher ses poumons. Je crois que ton petit stratagème a fonctionné, et je te tire mon chapeau bas, j'ai beaucoup ris. Double ration de brocolis pour monsieur ce soir, à vos ordres chef, ça lui apprendra à lire mon courrier. Quel garnement - il fait l'enfant parfois, c'est terrible, j'ai l'impression d'être l'aîné.

Ne te tues pas à la tâche. Ca doit être assez ennuyeux tout ces rendez-vous avec les grandes pontes. Au moins, dis-toi que tu manges sainement, c'est déjà ça. C'est bon les steaks de tofu ? Je ferais goûter à Basile en faisant croire que c'est du boeuf. On verra ce que ça donnera. (pire qu'un enfant, je te dis !)

Basile aime se faire des idées. Tu sais comment il est - mais c'est drôle, parce que moi, entre vous deux, il semblerait que je vois ce que vous ne voulez pas voir. (trop de V dans cette phrase.)(oublie-là.) Mais sache que je pense que tu lui manques. Mais tu sais, vivre avec Basile me rappelle notre enfance. J'avais oublié combien il pouvait être ... Disons, qu'il fait son Basile. Et si des fois il est fatiguant, les quatre-vingt dix autres pourcents du temps, il est mon frère et on s'amuse bien. (bon, entre le boulot et les autres trucs que je le force à faire.) En fin de compte, je suis content qu'il soit venu vivre chez moi un temps. Ca nous a rapproché. Ca nous fait du bien. (ne lui dis jamais que j'ai dis ça, ou il va me donner des surnoms idiots, genre fillette.)

Le club des super-héros ... J'ai toujours préféré superman. Mais non, je dois me taper les collants ridicule et le rôle d'assistant. Mais je dois avouer que je préfère ça à la demoiselle en cuir. (on garde donc la distribution. fais moi penser à t'offrir des croquettes, Selina, la prochaine fois qu'on se voit.)(et puis ces histoires sur Batman et Robin .... C'est n'importe quoi. C'est dégueulasse. Cette discussion n'a jamais eu lieu. Merci.)

Je le surveille, je te le promets. Il ne lui arrivera rien. C'est mon rôle de petit grand frère, tu sais. Il faut bien qu'il y en ait un qui réfléchit sur les deux Flaversham. Si il se passe quelque chose de grave, si il est blessé lors de ses fonctions, ou quelque chose dans ce goût là, tu seras prévenue. Mais ça n'arrivera pas, parce qu'il a le meilleur Robin comme assistant.

Je t'envoie plein de pensées positives pour t'encourager dans ton travail si ardu. Ne te trompe pas de fourchette. Souris. Et ton transit te dira merci. (pourquoi je parle de transit moi ... Je crois qu'il est tard. Une heure deux. Il est temps de dormir.) Je te dis bonne nuit, même si tu recevras cette lettre demain et que ce devrait plutôt être bonne journée.

Je t'embrasse.

Ayrton l'élan géant.