« Tout le monde dit que l'amour nous tombe dessus quand on s'y attend le moins. Ça doit sûrement être vrai parce-que quand on s'est rencontrés, tomber amoureuse était le cadet de mes soucis. Je me suis surprise à sortir le soir en douce pour te retrouver, je mettais du maquillage juste pour te faire sourire. Je peux encore sentir le contact de ta peau... Si j'ai pu tenir le coup chaque nuits c'est grâce à toi, tu as donné un sens à ma vie et malgré tout le mal qu'ils pourront se donner, rien n'y personne ne viendra nous séparer.. »



- Tu crois au coup de foudre ?
- Ouais.
- Naïve.

Un coup d'épaule, c'est ce qu'il avait mérité. Un coup d'épaule et peut-être l'esquisse d'un sourire accroché au coin de tes lèvres... naïve. Cet adjectif résonnait en toi comme une évidence. Tu l'étais oh ça oui. Tu l'étais et le pire, c'est que tu n'en démordais même plus..

- Souris, t'es pas un monstre ! Et puis, je plaisantais..
Il tourne lentement la tête vers l'horizon et son soleil couchant, sa main toujours enlacée frénétiquement dans la tienne.
- Tu sais. Je trouve ça même un peu mignon.
Tu l'observes, dubitative.
- La naïveté je veux dire.
- Oh ça va la ferme !
Vos éclats de rire s'élèvent et tu déposes doucement ta tête sur son épaule.
- Sale petite sorcière arrogante.
- Sale petit moldu inconscient.

Il t'embrasse le front, un large sourire rayonnant sur son apaisant visage. Pendant combien de temps cette histoire pourra-t-elle durée, tu n'en as pas la moindre idée, mais tu espères. Oui, tu espères au fond de toi que tes parents comprendrons.. Qu'ils comprendrons et qu'enfin, .. qu'enfin il te laissent vivre ta vie comme tu l'entends..




- Cali, écoute-moi s'il te plait..
- Non.. NON !
Tu hurles et te dégage de son emprise d'un mouvement sec.
- Tu es comme eux ! ... Tu as toujours été comme eux ! Les différences t'effraies au point que tu préfères les éradiquer plutôt que les comprendre.
- Cali...
Il s'approche une main tendue vers toi. Tu le repousses et t’effondre sur le sol, haletante.
- Arrête Leonid. Arrête ! Je vous aie vus... Vous êtes des monstres... tous.. cette famille.. ce pays.

Tu éclates en sanglots mais il ne bouge pas, demeurant là, impassible et planté comme un piquet, incapable de s'avancer de peur d'être une fois encore simplement rejeté. Tu enlaces les genoux que tu as rapprochés de ton visage et pleure silencieusement.

- Tu ne peux plus le revoir Calixte. Je suis désolé.
Lâche-t-il brusquement, tête baissée.
- Dit le-lui.
Tu te redresse difficilement en essuyant les larmes encore ruisselantes de sur tes joues.
- Cette histoire est chimérique. Il ne doit remettre les pieds ici sous aucuns prétextes. Jamais.

Tu ne veux plus. Tu ne peux plus. C'en est trop ! Tes mains viennent se plaquer contre tes oreilles, tu refuses d'entendre ce que tu redoutes depuis le début. Je te l'avais bien dit. Tu secoues la tête, non. Non pas ça.. pas maintenant..

Ton frère s'élance vers toi et te saisis les poignets avec douceur, plongeant son regard dans le tien.
- Je suis désolé.
Il t'enlace brusquement au moment où de nouvelles larmes viennent perler aux creux de tes yeux avant de te murmurer doucement,
- Tu sais ce qu'ils feront.. Cali.
D'un geste brusque, il te saisit le visage entre ses mains et collent vos fronts l'un contre l'autre.
- Tu ne dois plus le revoir. Fait-le pour lui.
Fait-le pour le sauver..




Tu semblais graviter dans un environnement aux contours flous, observant minutieusement les détails de son visage, le temps filait à une allure démesurée. Jamais encore il n'était apparu aussi beau, aussi paisible, et malgré votre proximité il semblait à des années lumières de toi, insaisissable comme un mirage planté au milieu du désert.
Cruelle réalité.

- Tu avais raison finalement.
Tu parles sans convictions, lasse, épuisée, apeurée.
- Mais j'ai toujours raison tu sa..
- J'ai été naïve.
Tu le coupe sans ménagement, les yeux rivés sur un point invisible. ‒ Non, ne dit plus rien. Laisse-moi finir, s'il te plait. Tait-toi.
- Naïve de croire qu'ils allaient nous laisser en paix..

Tu aimerais hurler, hurler de rage, de folie. La folie de ne pouvoir-être quelqu'un de « normal » quelqu'un sans une famille aux idéaux grotesques et stupides. Les mots ne viennent pas, ils ne viennent plus.
Tu lèves les yeux vers lui, meurtrie parce que tu t'apprêtes à faire et comme toujours, ils parlent à ta place. ‒ Pardonne-moi.

- Je. Je ne comprends pas...
- Je m'en veux tellement. C'est de ma faute.
Tu lèves ta baguette vers lui, tremblante. Il essaye d'attraper ton regard mais tu fuis, tu fuis, encore et pour toujours.
- Cali ? Tu me fais peur, pourquoi tu pointes ce truc sur moi.
Le garçon recule nerveusement, partagé entre l'envie de fuir et celle de rester. ‒ Comme tu es beau.
- Je suis tellement désolée..
Les larmes ne coulent pas mais ton cœur saigne, tu refuses de lui faire face, de le regarder dans les yeux. C'est trop dur.
- N.. Non.. Tu n'as pas besoin de ça. Tu le sais.. Tes parents, tu ne dois pas les écouter. Je t'aime.. S'il te plait, ne fait pas ça.
Il s'avance, ta baguette toujours pointée sur lui. Les mains en l'air, comme un criminel il te regarde ‒ il cherche ton regard.
- Je suis tellement désolée..
- Arrête ! Arrête de dire que tu es désolé. Arrête ! Je te faisais confiance, tu avais promis. Tu m'avais juré que jamais, JAMAIS, tu ne ferais ça.
Réplique-t-il sèchement, à bout de nerfs. Au fond de toi, tu espérais cette réaction, peut-être qu'ainsi, que si il est en colère contre toi, ce sera plus simple.. Peut-être...
- Regarde-moi.
Je n'y arrive pas.
- S'il te plait Cali. Regarde-moi.
Non... C'est trop difficile. Tellement difficile...
- REGARDE-MOI !
Il hurle en levant les mains en l'air, désormais hors de ses gonds.
Tu tournes enfin la tête, résignée, et plonge ton regard torturé dans ses yeux larmoyants.
- Tait-toi. S'il te plait.. Tait-toi.. Je le fais pour te protéger... Je ne veux pas que ça recommence.. ‒ Mais qu'est-ce que tu fais encore là.. Va t'en gros bêta, fuit et ne te retourne pas.
- Non. Non ! Tu le fais pour te protéger toi, tu m'avais promis ! TU AVAIS PROMIS CALI !
- Je.. Pardon.
- Non !
Tu fermes frénétiquement les yeux, honteuse alors qu'il hurle des tonnes de supplications.
- Oubliettes..

*POP*

Il se retrouve seul sur la colline, seul et sans souvenirs.
Tu as transplané aussitôt le maléfice infligé, ne prenant même pas la peine de vérifier, ‒ ils marchent à chaque fois.
Tellement de chose se mélange dans ton esprit. C'est terminé. Tu prends ta tête dans tes mains et t’effondre à genoux. Tout est terminé...




Tu sors la tête de la bassine en pierre, déboussolée. Tes yeux, ronds comme des balles de golf regardent, incrédule, le vieux bonhomme debout devant toi.
- Déconcertant n'est-ce pas ?
Il te sourit, visiblement amusé par la mine affligée et perdue que tu affiches.
- Vous avez l'air perturbée jeune fille.
Et encore, le mot avait de quoi être faible.

Tu balbuties quelque chose d’incompréhensible alors que le vieux disparaît dans l'arrière de sa roulotte quelques secondes avant de finalement réapparaître avec deux tasses et une tellière en porcelaine. Il fait signe de t'asseoir, chose que tu t'empresses de faire, les jambes étonnamment molles.

- Gingembre et cannelle. Ça va vous faire du bien.
Murmure-t-il doucement en remplissant les deux tasses par le liquide chaude et agréablement odorant.

Tu le remercies d'un petit signe de tête et trempe tes lèvres dans le breuvage aux couleurs brunes. Chaud. Tu sursautes et repose la tasse en t'enfonçant plus encore dans le fauteuil, gênée.

- Alors.
Il saisit la tasse par son anse et souffle sur le liquide fumant.
- Comment se portent.. hm, vos parents ? Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas vus.
Tu dégluties et te racle la gorge.
- A vrai dire. Moi aussi..
Le vieillard arque un sourcil et repose sa tasse sans même en avoir bu une gorgée.
- Oh je vois.
- Non.
- Plait-il ?
- Non, vous ne voyez pas.
Tu soupires et manque de renverser la tasse lorsque tu la saisis de nouveau.
- Allons, allons ma chère.
Il ricane silencieusement et attrape le sucrier.
- Je comprends très bien que vous ne partagiez pas les convictions de vos parents. Elles sont souvent très.. intransigeantes. Pour ne pas dire tout le temps.
Ajoute-t-il en te proposant un morceau de sucre.
- Mais vous... Non merci.
- Non. Je ne suis pas de leurs amis. Une ancienne connaissance rien de plus... De vieilles querelles, par Merlin heureusement, oubliées avec le temps.
- Vos parents étaient des moldus ?
Tu grognes intérieurement, assaillie par de nombreux souvenirs du passé.
- Sang-mêlé plus exactement. Ma mère était une sorcière et mon père, un moldu. Vous comprenez désormais ce qui m’opposa à vos parents je présume.
Tu hoches la tête sur le côté et observe plus minutieusement la roulotte du vieux bougre.
- Et alors donc...
Insiste-t-il, visiblement curieux et intrigué par ton histoire.
- Je me suis enfuie.
Réponds-tu simplement, de nouveau alpaguer par les yeux de l'homme, désireux d'en apprendre plus.
- Il n'y a rien à dire de plus. Je suis partie par choix, pas par obligations. Bien que... l'un dans l'autre, les deux se rejoignent finalement. J'ai voulue quitter cette famille parce que - en effet - je ne partageais pas leurs idéaux. J'avais dix-huit ans.
Il te regarde avec assistance, se massant le menton avec l'aide du pouce de sa main gauche.
- Vous-êtes venue directement à Londres ?
- Vous-êtes une sorte de psy pour sorciers ou quoi ?
Il se racle la gorge.
- Non, non bien sur mais..
- Enfin peu importe. Je n'aime pas m’apitoyer sur mon sort.
Tu te relèves, renversant au passage la tasse encore remplie de thé sur la table.
- Je. Hm.. Attendez s'il vous plait ! J'aurais..
Il te saisit délicatement par le bras, laissant le liquide encore chaud s'écouler sur le tapis poussiéreux de sa vieille bicoque roulante.
- J'aurais voulu vous proposer quelque chose.
Tu repousses son bras en le dévisageant. Les gens d'ici sont fous.
- J'ai déjà un travail.
- C'est différent.
Tu arques un sourcil et te retourne vers lui.
- Hé bien voyez-vous. Vos.. Hm. Vos parents étaient des mangemorts, n'est-ce-pas ?
Tu fronces du nez et lui tourne le dos, prête à partir.
- Non. Non ! Attendez !
Il attrape de nouveau ton bras et s'interpose entre toi et la porte.
- Bien, cette réponse m'indique que oui. Hm. Donc. Comme vous le savez, les rues de Londres regorgent elles-aussi de mangemorts et souvent, enrôlez de leur propre chef. Les pires, sans nul doute.
Il toussote voyant ton impatience.
- Une sorte.. d'organisation existe. − Une association qui a pour vocation de faire face aux mangemorts. Je. Je connais votre passé Calixte, et les motivations qui vous ont poussées à quitter la Russie et votre famille.. Vous travaillez au muséum n'est-ce-pas ?
- Hm.
Acquiesces-tu froidement.
- Nous aurions besoin de gens comme vous Calixte. Nous n'incriminons pas vos collègues de travail, non naturellement, mais certains des employés nous paraissent louches et nous... nous avons besoin de..
- De quelqu'un avec un nom comme le mien, travaillant là-bas.
- Précisément !
S'esclaffe-t-il brusquement, une lueur de vaillance jaillissant de ses pupilles.
- Euh. Oui. Je voulais dire oui. Votre nom vous répertorie automatiquement dans la catégorie des mangemorts vous voyez..
- Je comprends mieux les raisons de mon invitation ici.
- Nous devions être sur vous comprenez ?
Tu hoches la tête.
- Écoutez...
- C'est d’accord.
- Co.. Comment ?
Dit-il les yeux exorbités, visiblement surprise d'une capitulation aussi rapide.
- J’accepte la proposition. Je veux bien rejoindre votre.. «association»
- L'Ordre du Phénix.
- L'Ordre du Phénix, c'est ça...
- Hé bien.. J'en suis enchanté mademoiselle Zaïtsev !
- Je n'en doute pas un seul instant..




« Ma vie est un désastre, mais personne ne le voit car je suis très polie : Je souris tout le temps. Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.
Je suis une négationniste de moi-même. »