Durant la Renaissance, la famille Medici régnait en maître sur Florence, par le biais de l’astucieux jeu de meurtres et relations incestueuses afin de conserver la mainmise sur le pouvoir. Voilà pour l’histoire officielle, telle que l’on l’enseigne aux moldus. Car la vérité, elle, est toute autre. Figurez-vous que l’une des branches du clan pratiquait la magie, qu’elle soit blanche ou noire, faisant de Florence un haut-lieu magique jusque dans les années précédant la Première Guerre Mondiale.

Et c’est justement de cette branche-ci que descend Xeno, qui a vu le jour le 19 septembre 1938, sur les terres de ses ancêtres. Bien que beaucoup moins puissante qu’auparavant, la famille Medici continuait d’avoir une influence notable au sein des familles de sorciers italiennes. Aussi Xeno grandit dans le faste et le luxe, même lorsque sa famille émigra en Angleterre en 1940. Car c’est à cette date que l’Italie s’engagea dans la guerre au côté des forces de l’Axe, rendant le climat trop incertain pour élever un enfant.

Habitant dès lors dans un somptueux manoir à l’Ouest de Londres, Xeno eut tout le loisir de s’épanouir à son aise. Dès son plus jeune âge, il fit preuve d’une intelligence vive et d’une curiosité insatiable pour le monde qui l’entourait, ce qui poussa ses parents à lui accorder très vite une éducation magique aussi riche que variée. Si bien que, lorsqu’il reçut sa lettre d’admission pour Poudlard à ses 11 ans, Xeno possédait un niveau théorique supérieur à bon nombre de ses camarades. À croire que tout cela le prédestinait à finir par prendre la grosse tête un jour…



- SERDAIGLE !!!

Avec politesse, le jeune Xeno remercia le Choixpeau Magique et s’empressa de rejoindre la table de sa nouvelle maison. Tout autour de lui était encore plus beau que ce qu’il avait pu imaginer : le plafond magique, les quatre sabliers géants,… Même les professeurs l’impressionnaient. À force d’avoir tant lu sur eux, il avait l’impression d’avoir toujours connu ces personnes. Et pourtant… il était bien en face de lui, le professeur Armando Dippet, directeur de Poudlard !

D’un rapide coup d’œil, Xeno embrassa des yeux tous ses futurs enseignants. Ses parents lui avaient toujours répété qu’un maître était ce qu’il y avait de plus précieux pour espérer progresser. Aussi, le garçon finit par croiser le regard bleu et pétillant de malice de son nouveau professeur de métamorphose, le fameux Albus Dumbledore, connu pour avoir terrassé le terrible mage noir Gellert Grinderwald. À la grande surprise de Xeno, cet illustre sorcier lui fit un petit clin d’œil, auquel l’élève répondu par un sourire emballé. Il avait déjà hâte d’être en cours, et de puiser dans toutes ces mines de savoir.

C’est alors qu’un autre garçon du même âge que lui s’assit à ses côtés.

- Dis, Xeno, c’est ça ?

Le concerné hocha la tête.

- Tu es un Medicis ? Poursuivit le nouveau venu, qui avait des cheveux mi-longs oscillants entre le blond et le brun et une tête d’ahuri. Je veux dire… un vrai de vrai ?

Xeno fronça les sourcils, mais hocha tout de même la tête. Pourtant, à son souvenir, les Medici n’étaient pas très connus chez les sorciers d’Outre Manche…

L’inconnu eut alors une réaction assez surprenante : il se prit la tête entre les mains, et éclata littéralement de joie.

- OH MON DIEU !!! S’exclama-t-il en se levant. J’ai en face de moi un descendant de Lorenzo !!!

Xeno pencha poliment la tête, demandant en fouillant dans son arbre généalogique mental :

- Tu parles de Lorent le Magnifique ?

Qui sait, peut-être que le nouveau avait été élevé parmi des moldus…

- Non !!! Le contredit alors le Serdaigle. Je parle de Lorenzo ! Lorenzaccio ! Comme dans le livre !

Il sortit alors d’on-ne-sait-où un livre de poche, écrit dans une langue que Xeno ne connaissait pas. Pour prouver son ignorance, il dévisagea lourdement l’autre première année, qui commençait maintenant à le secouer par les épaules avec enthousiasme.

- Mais c’est formidable ! S’extasia-t-il encore pendant quelques instants, avant de soudainement se ressaisir, comme frappé par le sens des convenances. Au fait, je ne me suis même pas présenté : je m’appelle Stanislas Newton. Aucun rapport avec le physicien.

- Enchanté, répondit Xeno un peu abruptement. Le physicien ? Puis c’est quoi, ce livre qui parle de ma famille ?

Le dénommé Stanislas écarquilla grand des yeux effarés par tant d’ignorance.

- Lorenzaccio ! Répéta-t-il en clignant des paupières. De Musset ! Le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, l’une des meilleures pièces de théâtre du répertoire français !

Long silence de Xeno, suivit d’un soupir exaspéré de Stanislas.

- Tu n’y connais rien à la culture moldue, je me trompe ? Questionna ce dernier avec un air blasé.

Un peu coupable, Xeno offrit au second garçon un sourire désolé. À cela, Stanislas répondit simplement en riant :

- Bah, pas de problèmes ! Je vais t’apprendre ce que je sais ! En échange, je compte sur toi pour me filer un coup de main en lancer de sortilèges, parce que pour ça, je suis nul !

Et c’est sur cet échange curieux que naquit l’amitié entre Xeno et Stanislas. Une amitié qui dura près de 30 ans, avant de s’effondrer dans un nuage de cendres.



Les sept années qui suivirent furent pleines de découvertes et de péripéties pour le jeune Xeno. Stanislas étant de nature assez aventureuse, les deux compères furent régulièrement entraînés dans des situations périlleuses, impliquant généralement des ailes de Poudlard interdites ou des ballades nocturnes en forêt. Tout cela n’empêcha pas aux deux garçons de décrocher leurs ASPICs, avec les notes maximales dans bon nombre de matières pour Xeno.

Après ses études, celui-ci fit des stages dans différentes entreprises magiques, essentiellement pour gagner en expérience dans des domaines variés. Car même si les Medici possédaient suffisamment d’argent pour vivre confortablement sur plusieurs générations sans travailler, ils considéraient la diversité du savoir comme un pilier essentiel de la puissance de leur clan.

Au cours de ces années, Xeno fit deux rencontres qui changèrent sa vie. La première, assez heureuse, eut lieu en 1958, alors que le jeune homme arpentait les quartiers moldus de Londres à la recherche de livres sur la monarchie britannique à offrir à son compère de toujours, Stanislas. La libraire s’appelait Eileen, était une Moldue, et était belle et douce comme un lever de soleil. Si bien que Xeno en tomba éperdument amoureux, et lui fit une cour acharnée pendant près d’un an. Histoire qui finit de la meilleure manière qui soit, puisque les deux finirent par se marier en 1960. De cet union naquit trois ans plus tard un petit garçon, baptisé Camille, et dont Stanislas fut aussitôt désigné comme étant le parrain.

Le petit Camille grandit dans l’atmosphère protectrice du cocon familial, entre jouets moldus et balais volants pour enfants. Bien que les hautes sphère des Medici ne voient pas d’un très bon œil un mariage avec une Moldue, la petite famille vécut dans la paix et la tranquillité la plus complète durant de longues années. Jusqu’à cette deuxième rencontre, qui fit voler en équilibre le fragile équilibre installé jusqu’alors.

Nous étions peu avant 1970. Il se racontait dans tout le monde magique qu’un sorcier extrêmement puissant recherchait des adeptes pour le rejoindre dans une cause visant à libérer les sorciers du joug moldu. Comme ensorcelée par les belles paroles d’un certain Lord Voldemort, une grande partie du clan Medici décida de rejoindre le mage noir, afin de conserver une place de choix dans le nouvel ordre mondial qui serait bientôt instauré. Une sombre histoire de cupidité, comme il en avait toujours existé, et comme il en existera toujours parmi les puissants.

Dans la force de l’âge, tout juste trentenaire, Xeno tint tête à sa famille. Il se sentait prêt à couper les ponts et à renier son propre sang pour conserver son indépendance, et surtout, ceux qu’il aimait. Mais plus le jeu avançait, plus il s’avérait dangereux. Eileen étant une Moldue, elle risquait sa vie à chaque instant. Vint un jour où elle ne put même plus sortir du manoir sans la présence de son mari, afin que celui-ci ne la protège d’éventuels agresseurs. C’est ainsi que, comme du temps de la Renaissance, le clan des Medici se déchira dans une lutte politique et idéologique sans merci.

En 1974, Camille entra à Poudlard. Il eut la chance d’y avoir pour protecteur et ami l’irremplaçable Stanislas, qui avait réussi à obtenir un poste de bibliothécaire dans l’établissement. Et tandis que le garçon apprenait les rudiments de la Magie, son père, lui, se battait contre ses démons.



La porte claqua violemment lorsque Xeno pénétra dans le salon. Surprise, Eileen redressa vivement la tête, découvrant avec stupeur l’air sombre de son mari.

- A-Alors ? Bredouilla la jeune femme après un long moment de silence. Tu as réussi à discuter avec ton frère ?

Xeno fixa sa femme, le visage résolument fermé. En lui se succédaient des émotions contradictoires, entre une haine viscérale, une rage incontrôlable et un amour plein de tendresse. Plus tôt dans l’après-midi, il était parti au manoir occupé par la famille de son frère, dans l’objectif de convaincre celui-ci que suivre Voldemort n’était que pure folie. Mais la rencontre avait pris un tournant auquel le jeune homme était loin de s’attendre.

- Il faut que tu partes, lâcha le Medici à Eileen d’un ton dénué de tout sentiment. Tout de suite.

Interdite, la femme rechercha dans le regard de son mari une trace, une lueur, quelque chose qui puisse lui donner un indice quant à ce qui venait de se produire. Mais rien. Xeno refusait tout bonnement de laisser transparaître quoi que ce soit.

- Je ne pensais pas qu’ils réussiraient à te convaincre, soupira finalement Eileen en se levant doucement de son fauteuil. Pas comme ça. Pas aussi facilement…

Avec ce pas souple et gracieux qui la caractérisait, la moldue se glissa jusqu’à son compagnon, et lui caressa doucement la joue.

- Tu sais que je t’aime, Xeno ? Lui dit-elle avec une extrême douceur.

Le sorcier, qui avait baissé les yeux à ce contact, répondit d’une voix faible :

- Je sais… Moi aussi je t’aime… Et là est tout le problème…

Eileen l’encouragea à continuer d’un petit signe de tête. Ce fut comme si le mur d’impassibilité de Xeno vola en éclats d’un seul coup.

- Il était là ! Réussit-il à articuler d’une voix plaintive, soudainement tremblant. Je L’ai vu !

- Qui donc ? Questionna Eileen, qui sentait des frissons de peur parcourir la peau de son mari.

- Lui. Le Seigneur des Ténèbres en personne.

Par les temps qui couraient, la moldue avait appris à connaître ce sorcier, dont le nom n’osait même plus être prononcé. En son fort intérieur, elle se doutait qu’un homme de la trempe et de l’intelligence de son mari serait le bienvenu dans les rangs d’une quelconque armée. Mais jamais, ô grand jamais, elle n’aurait pensé que Xeno puisse se laisser convaincre.

Mais Eileen ignorait tout de l’entrevue. Elle ne savait pas que les paroles du Lord étaient aussi ensorcelantes que les sifflements d’un serpent, ni qu’il avait été question durant la rencontre de sa propre survie, ainsi que de celle de son fils. Elle ne savait pas que Xeno s’était retrouvé acculé, avec pour nul autre choix que de rejoindre les Mangemorts s’il ne voulait pas voir sa famille entière massacrée impitoyablement. Un horrible chantage, auquel l’homme n’eut d’autre choix que se soumettre, afin de protéger ceux qu’il aimait.

De tout cela, Xeno ne dit rien à sa femme. Il préféra lui résumer, la regardant droit dans les yeux :

- Ils vont venir. Dans quelques jours. Si tu es encore là, ils te tueront.

- Et Camille ? S’enquit Eileen, qui se mordait la lèvre pour ne pas se laisser submerger par l’émotion.

- Il est en sécurité à Poudlard, promit son mari. Il a assuré qu’ils ne lui feraient aucun mal. Et Stanislas saura le protéger.

- Stan’ les a aussi rejoint ? Demanda la jeune femme, qui s’attendait déjà à une nouvelle déception.

Par chance, son époux secoua la tête.

- Ils ne réussiront jamais à l’avoir, assura-t-il avec un maigre sourire. Tu le connais, il préfèrerait mourir plutôt que dénigrer les moldus. Et… il est beaucoup plus fort que moi.

Eileen sourit tendrement à Xeno, et déposa un petit baiser sur sa joue.

- Tu es fort, assura-t-elle au creux de son oreille. Beaucoup plus fort que tu ne le penses.

Le lendemain, au petit matin, Eileen avait quitté le manoir. Direction : la France. Un endroit où, selon Xeno, elle pourrait rester en sécurité le temps qu’il faudrait pour que la guerre des sorciers ne prenne fin.

Selon les rumeurs qui courent ces temps-ci, Eileen aurait fini par se remarier avec un moldu importateur de thé d’Angleterre. Une manière, peut-être, de rester en contact avec ses racines... ainsi qu'avec son fils.



Les années qui suivirent semblèrent tout d’abord bien ternes à Xeno. Les Mangemorts le raillaient assez régulièrement au sujet de sa moldue d’ex-femme, et Camille désapprouvait radicalement les choix politiques de son père. Il n’y avait que Stanislas pour tenter de soigner les blessures de son meilleur ami. Curieusement, aussi, Xeno semblait avoir une certaine cote de sympathie auprès de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. C’est ainsi que, mois après mois, le Medici gagna en assurance et en importance parmi les rangs du Lord.

Son comportement évolua progressivement. Son intelligence et sa vivacité d’esprit demeuraient identiques à ce qu’ils avaient toujours été, mais ses croyances évoluèrent. Les Moldus n’avaient-ils pas toujours empêché les sorciers de vivre en toute liberté ? Les sorciers nés de parents moldus n’étaient-ils pas illégitimes ? Naturellement, Camille faisait exception à ce dernier précepte. Mais il semblait toujours à Xeno capter des regards lourds de reproches provenant de son fils, alors qu’ils dînaient dans le grand salon du manoir Medici.

Le Sang-Pur en arriva même à dénigrer Eileen, bien qu’il ne le fasse qu’en présence d’autres Mangemorts. Il avait fini par être respecté et reconnu par ses pairs, notamment pour ses qualités de sorcier et de stratège. La seule chose pouvant encore faire ombrage à la brillante carrière mangemorte du Medici tenait en une personne, malheureusement un peu trop amoureuse des moldus pour être digne de fréquentation : Stanislas.

Xeno comptait prendre ses distances progressivement. S’éloigner, doucement, comme on s’éloigne d’un ami que l’on perd de vue. Mais c’était sans compter sur des ressources insoupçonnées dont pouvait faire preuve le bibliothécaire…



- Hey ! Xeno ! Tu m’ouvres ?

L’intéressé hésita, puis soupira longuement avant d’obtempérer. Nous étions au début de l’été 1981, les beaux jours étaient de retour… et Stanislas également.

- Je t’ai répété cent fois de ne pas me rendre visite sans prévenir, grommela le Mangemort en laissant entrer son camarade Serdaigle. Tu pourrais faire de mauvaises rencontres…

- Si tu savais ce que deviennent les jeunes de nos jours, soupira le bibliothécaire sans relever. Rien qu’il y a une semaine, j’ai eu une inondation ! En plein sur mes livres ! Tu te rends compte, à trois jours des vacances, c’est insensé…

Comme s’il était chez lui, Stanislas déposa ses affaires dans l’entrée et gagna le salon, regardant tout autour de lui.

- Oui, insensé, vraiment…, maugréa Xeno tout en suivant son ami.

- À notre époque, poursuivit le gardien des livres de Poudlard, personne n’aurait osé… Nous étions trop bien élevés pour ça…

Puis, après un moment d’hésitation, Stanislas s’assit dans un fauteuil, battant des pieds comme un enfant.

- C’est charmant, ici…, remarqua-t-il en dévisageant la salle. Tu as refait la déco ?

- Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Questionna Xeno en fixant le bibliothécaire d’un air glacial.

- Camille n’est pas là ?

- Il est avec des amis. Qu’est-ce que tu fais là, Stanislas ?

Le susnommé regarda son ami avec de grands yeux. Quelque chose semblait le mettre soudainement très mal à l’aise.

- Dis, entama-t-il sur le ton de la confidence. Camille… Tu penses qu’il a quelqu’un, en ce moment ?

Interloqué, Xeno haussa un sourcil. Finalement, face au mutisme du sorcier, il déclara d’une voix sans appel :

- Stan’, il faudrait qu’on arrête de se voir un moment…

Le concerné pâlit violemment.

- Oh non…, souffla-t-il, hébété. Il a quelqu’un… Je le savais !

Comme emporté par une envolée lyrique, le bibliothécaire se leva et lança une tirade dont la gestuelle était digne d’une pièce de théâtre :

- C’est cette Emily ! J’en suis certain ! Elle n’arrêtait pas de lui tourner autour… Mais je pensais qu’il tiendrait… Ah, la traitresse ! Il me semblait pourtant avoir été très clair sur le sujet ! Personne ne tourne autour de Camille !

Le discours de Stanislas fit naître un air particulièrement blasé sur le visage de Xeno. Il trouvait le discours de son camarade Serdaigle si déconnecté de la réalité qu’il en oublia de le chasser de la maison.

- Qu’est-ce que ça peut te faire, que Camille sorte avec une fille ? Demanda le Mangemort. Si c’est une Sang-Pur, je pourrais même envisager de faire sa rencontre…

Stanislas éclata d’un rire amer.

- Regarde-toi, Xeno… Qu’est-ce que tu es devenu…

- Une personne respectable ! S’enorgueillit le Medici.

- Un moins que rien, le corrigea le bibliothécaire. Qui a déçu son fils, et qui a été incapable de fuir avec celle qu’il aimait.

- C’était une sale moldue, cracha Xeno. Elle a de la chance d’avoir été épargnée par le Seigneur des Ténèbres. Quant à Camille, il fera selon son devoir, comme nous devrions tous le faire.

- Ta femme était plus admirable que toutes les catins qui fréquentent les rangs de tes Mangemorts à la noix ! Explosa brusquement Stanislas, se dressant de toute sa hauteur pour faire face au Medici. Et Camille mérite mille fois mieux que finir sous les ordres d’un prétendu Lord, qui n’a qui plus est jamais été anobli par la Reine d’Angleterre !

- Je n’ai aucune remarque de ce genre à recevoir d’un raté, rétorqua Xeno d’un ton aussi dur et glacial qu’un roc. Particulièrement d’un amoureux des moldus, célibataire à 43 ans, et qui officie comme bibliothécaire au service d’un vieux fou.

- Tu as tout faux, feula un Stanislas plus énervé que jamais. Dumbledore est un génie, tu le disais toi-même. Et je ne suis pas amoureux des moldus, mais de Camille.

Si Xeno était enragé par la dispute, la dernière phrase du gardien des livres eut le mérite de lui faire l’effet d’un violent coup de poing dans le ventre.

- T-Tu…, bredouilla-t-il maladroitement. Tu es a-amoureux de Camille ? Tu veux dire… de Camille… mon fils ?

Au fond de lui-même, Xeno n’avait jamais douté de l’orientation sexuelle de son meilleur ami, et ce depuis le jour de leur rencontre. Mais qu’il lui fasse un coup pareil, ça, non, il n’aurait jamais pu le prévoir.

- Oui, répondit sobrement Stanislas. Je suis amoureux de Camille, ton fils.

- Mais… c’est ton filleul ! Et… Et il à l’âge d’être ton propre fils ?!

- Depuis qu’il est à Poudlard, fit le bibliothécaire, j’ai été beaucoup plus présent pour lui que toi. J’ai calmé ses angoisses, je l’ai aidé à surmonter l’absence de sa mère, ainsi que la folie furieuse de son père…

- Sors de cette maison, ordonna le Mangemort.

- Tu as le droit de penser que mes sentiments sont complètement malsains, poursuivit Stanislas. Mais je ne te laisserai jamais dire que j’ai fait du mal à Camille.

- SORS DE CETTE MAISON IMMÉDIATEMENT ! Hurla Xeno, sur le point de tirer sa baguette et lancer un sortilège de mort sur celui qui s’était prétendu son ami durant toutes ces années.

L’homme hocha lentement la tête, et se dirigea vers la sortie de la pièce. Cependant, à mi-chemin, Stanislas se ravisa et revint vers Xeno. Juste pour le plaisir de lui décrocher un formidable crochet du droit, qui fit lourdement chuter le Mangemort.

- Tu verras, lâcha le bibliothécaire en se frottant le poing. Un jour, ta bande de guignols finira par tomber. Je te souhaite juste de t’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard.

À croire que les prédictions de Stanislas étaient exactes. Car quatre mois plus tard, dans la nuit du 31 octobre, Lord Voldemort disparut sans laisser de traces, suite à sa rencontre avec un certain Harry Potter.



Après cela, les Mangemorts furent effectivement dépassés. Les arrestations se multipliaient, tout comme les emprisonnements à Azkaban. Mais loin de quémander un pardon éternel et jurer de se repentir, Xeno poursuivit sur la voix qu’avait tracé pour lui le Seigneur des Ténèbres. Lorsque le Ministère l’interrogea sur son implication dans les rangs de Voldemort, pour acheter sa paix, le Medici vendit quelques noms de personnes qu’il jugeaient suffisamment fortes mentalement pour revenir d’Azkaban sans trop de séquelles. Ou, à l’inverse, il fit enfermer des Mangemorts dont Vous-Savez-Qui cherchait encore à se débarrasser peu avant sa disparition.

Xeno fit croire à tout le monde qu’il s’était assagi. Il n’y avait que son fils pour savoir qu’il n’en était rien, et de ce fait, Stanislas. Le Mangemort était si aveuglé par sa rage envers le bibliothécaire qu’il interdit formellement à Camille de le revoir. Mais ayant fini ses études et étant désormais majeur, le jeune homme outrepassa les ordres de son père et regagna Poudlard, afin d’y devenir professeur de Soins aux Créatures Magiques. Une profession somme toute peu dangereuse ou dégradante, tentait de se persuader Xeno. Mais qui rapprochait tout de même un peu trop son fils de Stanislas à son goût.

Durant les années d’emprisonnement d’une grande partie des Mangemorts dont Bellatrix Lestrange, la lieutenante de Voldemort, le Medici resta en contact avec d’autres personnes n’ayant pas été enfermées. Avec elles, il mena de grands travaux de recherches, pour essayer de localiser le Seigneur des Ténèbres. Mais rien. Désespérément rien.

Tout ce semblant de paix fut bouleversé en 1996, lorsque Bellatrix organisa une évasion massive d’Azkaban. Xeno fut mis un peu en retrait, notamment pour avoir donné des noms au Ministère. Il n’eut également aucun mot à dire lorsque des attaques furent organisées, un peu partout en Angleterre.

À la haine qu’avait Xeno à l’encontre de Stanislas s’ajouta le sentiment amer de l’impuissance. Bellatrix réussissait à saccager tout sur son passage, certes. Mais ce faisant, elle ne respectait pas certains préceptes du Seigneur des Ténèbres, qui exigeaient de son temps des actions un peu plus… réfléchies.



Ainsi naquit le Xeno que nous connaissons aujourd’hui. Aigri, glacial, l’homme semble s’être muré dans une tour d’ivoire. Semblant rattaché à son heureux passé par sa seule bibliothèque, il règne en maître sur son domaine, et conserve un statut assez important parmi les Mangemorts. Mais il n’en reste pas moins foncièrement blessé par l’attitude de son fils à son égard, bien qu’il ne le montre pas. Et les déclarations enflammées de Stanislas, elles, lui restent toujours en travers de la gorge.

Alors que doit-on penser du futur de Xeno ? Peut-on espérer une prise de conscience, et une réconciliation avec ceux qui ont toujours compté pour lui ? Ou doit-on s’attendre à des accès de rages meurtriers qui feront définitivement sombrer notre homme dans les tréfonds de la magie noire ?

Hélas, tout cela, seul l’avenir pourra nous le dire…