Secret du moment


A. LICHUAN WHITELAW
(TROUVÉ)

Finalement, tu as plus de points communs avec Lone que tu ne le prétends.

Alors, vous savez ce que c'est ?
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Shukar K. Bheng
Shukar K. Bheng

: Seduce my mind and you can have my body. Find my soul and I'm yours forever.

ϟ ÂGE : 27
ϟ FONCTION : guide au Musée (temporaire)
ϟ AVATAR : Charlotte Kemp Muhl
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ϟ LIENS : fake friends and others hypocrisie

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MessageSujet : the dirty little world inside ► Charlotte the dirty little world inside ► Charlotte EmptyVen 1 Aoû 2014 - 13:40

Image Kemp Muhl
Gif Mia Wasikowska, credit tumblr

I wanna meet a friend
In a bar tonight
The evening is long
So long I hardly move


Ses remords lui pesaient, lourds dans son cœur. La jeune fille s'était de nouveau déguisée, de façon à ce que personne dans son ancien quartier ne pourrait la reconnaître. Elle s'assit sur son banc, à quelques maisons de sa maison. Elle mourrait d'envie d'y entrer, de pleurer à chaudes larmes, de sentir l'odeur de lavande dans son jardin, de se glisser dans les couvertures parfumées à la vanille de sa maman. Tous ces petits gestes du quotidien lui manquaient, mais ce qui lui manquait réellement, c'était sa soeur. Elle était revenue de façon à pouvoir l'apercevoir, mais toujours rien. Une maison fermée, les volets fermés, et aucun mouvement. Un chat l'observait, de loin, et semblait refuser de s'approcher d'elle. Elle avait attendu assez longtemps, peut-être étaient-elles parties en vacances ? Shukar baissa les yeux au sol et se pencha pour récupérer son sac. Avant de partir, elle alla cueillir une fleur bleue qui décorait son allée, en souvenir, et s'éloigna, une boule dans la gorge.
Elle errait, depuis qu'elle était partie. Elle avait un boulot bien payé qu'elle hésitait à lâcher tellement ce dernier lui plaisait. Elle n'avait pas d'appartement, pas réellement d'amis ni de relation amoureuse. Sa vie était, et avait toujours été, un échec total et cuisant. Ses yeux se couvrirent d'un voile et elle ne put que jeter un coup d’œil aux alentours - et s'apercevoir qu'elle n'était pas seule - pour retenir ses larmes. Elle en aura l'occasion plus tard. Pour l'instant, il s'agissait de faire bonne figure.

Des mères rappelaient leurs enfants en voyant le gros orage arriver. Le ciel était sombre et au loin, on pouvait apercevoir la pluie tomber et se rapprocher. Shukar jouait avec une petite fille qui lui rappelait sa soeur quand elle avait cinq ans. Quand celle-ci dût s'en aller, elle se retrouva seule, à nouveau. La plaine de jeux grinçait avec le vent mais elle se réfugia dans le cabanon ouvert, consciente que ça ne la protégerait pas totalement. Elle s'effondra en larmes, ramenant ses genoux contre sa poitrine, essayant d'ignorer les bourrasques de vent glacées, grelottant après un quart d'heure. Elle ferma les yeux et les rouvrit deux heures plus tard. Pour elle, il ne s'était écoulé qu'une seconde. Il faisait toujours aussi sombre au dehors. Son corps était endormi et elle bougea lentement pour réveiller ses membres. Elle était trempée, elle avait froid et elle ne voulait pas sortir. Mais il le fallait. Elle serra les dents et affronta la pluie. Elle ne voyait pas grand chose devant elle mais elle avait un assez bon sens de l'orientation pour se diriger dans son propre quartier. Elle marcha jusqu'au centre de Londres, profitant des petits abris qui pouvaient la protéger un peu. Elle fut heureuse lorsqu'elle aperçut au bout de la rue, le Chaudron Baveur.

Elle avait vraiment une mine épouvantable. Son maquillage avait coulé sur son visage, son identité était à moitié visible et elle n'avait pas le courage de se refaire une beauté. Elle se dirigea vers les toilettes pour avoir accès à un miroir. Ses cheveux dégoulinaient d'eau comme si elle avait pris une douche toute habillée. Elle n'avait pas froid, elle voulait juste un verre. Elle remonta après avoir ôté son maquillage d'un coup de baguette et prit place au comptoir. Sans regarder vraiment qui se trouvait derrière le bar - ses yeux étaient fixés sur la carte au mur -, elle appela un vieux monsieur avec un chapeau rapiécé et commanda. Euh, bonjour. Je vais prendre une soupe aux pois avec du pain. Et un cognac. Puis elle se rassura en touchant sa bourse pleine de gallions - elle venait d'être payée de son "dur" labeur. Au moins, elle ne mourrait pas de faim. Je vais m'asseoir là, d'accord ? Vous pourrez me l'apporter ?
La jeune fille descendit de la chaise haute pour s'installer à une table basse. Elle ôta sa veste détrempée et réajusta ses vêtements humides. Elle releva la tête, ses yeux gonflés par les larmes, pour observer la faune du jour. Il y avait du monde, très certainement amené par la pluie, comme elle. Tant mieux, tout ce monde qui s'agitait réchauffait l'ambiance, et très certainement son petit cœur, plus tard. Son cognac flottait et se posa devant elle. Certainement choqua-t-elle les personnes qui la regardèrent à ce moment-là, lorsqu'elle s'en saisit pour le boire d'une seule traite. Elle le regrettera certainement plus tard mais qu'importe. Pour l'instant, elle se sentait bien. Enfin mal, mais bien. Et elle ne savait pas si ça allait s'arranger quand elle s'aperçut qu'il y avait une deuxième serveuse au Chaudron Baveur, à la chevelure dorée. Elle ne sut si elle devait se cacher ou aller la saluer. Du coup, elle resta assise, à la fixer avec des grands yeux. Craintive de l'approcher mais tellement mal si elle ne s'y présentait pas. Un remord de plus qui pesait. Et il était temps pour la jeune brunette de s'en débarrasser, une fois pour toute, et de crever l'abcès, qu'elle et elle seule avait causé.
Mais elle priait pour que sa soupe aux pois arrive. Qu'elle pense à autre chose: se réchauffer et ne pas se faire manger.
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MessageSujet : Re: the dirty little world inside ► Charlotte the dirty little world inside ► Charlotte EmptyLun 1 Sep 2014 - 12:35

Depuis le matin le ciel ne souhaitait qu’une chose, déverser toute son eau sur les malheureux badauds du chemin de traverse. Certains levaient leur nez, incertains de savoir s’ils devaient continuer ou rebrousser chemin. Les magasins s’emplissaient et se désemplissaient, le jour de la rentrée se faisait pressentir et les parents semblaient vouloir profiter de ce jour maussade pour faire leur emplettes – plutôt que d’aller se risquer à une ballade sur les côtes.

Charlotte s’était levée avec bonne humeur, et son sourire n’avait pas faiblit en voyant le temps se couvrir, il ne pouvait pas continuer à faire beau aussi longtemps, c’en était trop demandé à Madame météo – surtout pour la Grande Bretagne.
De plus qui disait temps pluvieux disait Chaudron Baveur plus ou moins plein, et peut être - qui sait - un peu plus de pourboires ou même de nouvelles têtes. Mais ce qui donnait le sourire à notre charmante blonde c’était sans aucun doute son travail. Depuis qu’elle avait débuté dans le monde du service à la personne au Chaudron Baveur, chaque matin elle souriait. Charlotte adorait, finalement, rencontrer de nouvelles têtes, reconnaître telle ou telle personne, voir les enfants courir à droite et à gauche, entendre ce murmure de paroles incompréhensibles… Bref aussi étonnant que cela puisse paraître, notre blonde se passionnait pour son travail. C’est donc le sourire aux lèvres qu’elle avait enfilé sa tenue de travail et son tablier tout en chantonnant un air d’une musique qu’elle avait probablement entendu ça-ou-là.
Le Chaudron Baveur n’avait pas désempli depuis le matin ; enchaînant les travailleurs qui étaient venus prendre leur premier café avant le travail, les premiers badauds qui s’arrêtaient au pub avant de débuter leurs emplettes, les habitués, et puis à midi vint les familles pour manger un peu entre deux magasins ou encore deux amoureux qui venaient pour leur premier rendez-vous en tête à tête, encore tout timide – tant de niaiserie attendrit la blonde… Bref cette journée s’annonça quelque peu chargée mais au moins notre barmaid serait occupée et ça, c’est ce qu’elle préférait.

La porte du bar s’ouvrit à nouveau, sur une jeune femme trempée, Charlotte en déduisit que la pluie avait commencé à tomber drue, et vu comment les gens se pressaient, cette pluie n’allait pas s’arrêter d’ici là.

Une famille de blondinet venait de s’installer à une grande table ronde, Charlotte s’empressa d’aller les voir, eux aussi semblait pressés, alors autant ne pas les faire patienter.

« Je veux du ragoût… Et moi une soupe au pois… des sandwiches… du ragoût également… Un steak bien cuit… Tout compte fait, je prendrai des sandwiches… »

Charlotte eut à peine le temps de lever le doigt pour signaler sa présence que les cinq membres de la famille l’assaillirent de leur souhaits et envies pour leur repas. Ouvrant grand les yeux, notre blonde dut leur demander de répéter. Mais il semblait que cette famille soit du genre à tout faire ensemble au point de dire en même temps leur envie. Soupirant Charlotte leur donna une feuille en leur demandant d’inscrire ce qu’ils souhaitent ; et quelle ne fut pas sa surprise quand les différents membres de la famille se jetèrent tous, en un seul mouvement, pour inscrire ce qu’ils voulaient à manger. Charlotte récupéra sa feuille intacte, merlin soit loué, et repartit derrière le bar en lançant un regard choqué à son employeur – qui lui répondit par un haussement d’épaules du genre « le client est roi ». Elle transmit la liste au cuisinier et prépara soigneusement les différentes boissons pour la famille blonde ; trois jus de citrouille, un whisky-pur-feu et un thé pour madame. Le tout tenant sur un plateau, Charlotte le fit virevolter jusqu'à la table de ses clients.

Le cuistot du Chaudron Baveur, un homme d’une cinquantaine d’année, un cracmol d’après les rumeurs, peu bavard et assez effrayant – peut être pour cela qu’il est en cuisine ? - donna les différents plats à la jeune fille. Charlotte récupéra le tout ainsi qu’une soupe aux pois destinée à la jeune femme qu’elle avait vu arriver peu de temps avant. Elle déposa les différents plats de la famille, très bavarde, même bruyante, et s’en alla voir la fille aux cheveux noirs à l’opposé. Son trajet fut quelque peu périlleux, les gens s’énervaient, se plaignant de la pluie « Non mais ça y est à peine rentré il pleut, on aurait du rester en France, chéri. » « Maman j’ai froid ! » « Bon on mange et on rentre cette humidité me rend malade ! » Ils s’agitaient tentant de se sécher par des sortilèges, que tous ne maîtrisaient pas vraiment… Tenant son plateau à deux mains elle arriva avec la soupe aux pois encore dans son assiette, intacte.

« Bonjour et bienvenue au Chaudron Baveur, voici votre soupe ainsi que votre cognac… Ah et votre pain ! Je vais le chercher j’ai oublié de le prendre. »

Charlotte sourit la jeune femme, pourquoi n'avait-elle pas vérifié sa liste avant d’amener les différents plats ? Se secouant mentalement, elle prit une corbeille de pain et alla la déposer sur la table de la cliente.

« Voici ! Si vous avez besoin d’autre chose, n’hésitez pas. Comme on dit, le client est roi. »
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MessageSujet : Re: the dirty little world inside ► Charlotte the dirty little world inside ► Charlotte EmptyLun 29 Sep 2014 - 1:55

A can in my hand
A picture in my mind
A voice I need to hear,
A laugh I need to show
We're lonely, babe
In a boat, again


Elle était deux fois plus mal. Cette solitude tant détestée dans laquelle elle s'enfermait qui la rongeait. Sans parler de la fille qui était restée sa correspondante pendant ses mauvaises années, à deux mètres d'elle. Elle regrettait son comportement. Si seulement, elle pouvait le lui dire. Si seulement elle pouvait faire un geste. Mais elle était trop lâche pour cela. La jeune fille voulait respirer, elle ne voulait plus avoir l'impression d'avoir une corde au cou. Ses pensées noires furent alimentées par la peur qui lui torturaient le cœur. Elle se mordit la lèvre inférieure, surtout quand la blonde arriva face à elle avec sa commande. « Bonjour et bienvenue au Chaudron Baveur, voici votre soupe ainsi que votre cognac… Ah et votre pain ! Je vais le chercher j’ai oublié de le prendre. » Shukar sourit aimablement comme par habitude. Mais Charlotte ne la reconnut pas. Il fallait dire qu'il y avait du monde ce soir, et que quelques années étaient passées depuis qu'elles s'étaient vues. Elle ne s'en formalisait pas, même si elle était un peu vexée dans le fond. Elle disparaissait, pour tout le monde, même si elle avait encore tellement à dire, à montrer, à prouver. Elle devait se prouver à elle et aux autres qu'elle était capable de se tenir sur ses deux pieds, forte et tenace.

La jeune fille eut quelques instants pour reprendre ses esprits et trancher sur son approche. Difficile difficile parce qu'elle ne voulait pas tout gâcher. Mais elle ne voulait pas manquer cette occasion. C'était peut-être une chance unique, ou peut-être qu'elle n'aurait jamais plus le courage pour passer la porte du Chaudron Baveur, en sachant qu'elle serait trop honteuse de se tenir là, en l'ayant ignorée, encore une fois. Quand la blonde arriva de nouveau en lui posant du pain devant elle, la jeune fille ne réagit pas vraiment. Voici ! Si vous avez besoin d’autre chose, n’hésitez pas. Comme on dit, le client est roi. Elle n'esquissa pas le moindre geste. Elle se contenta de fixer la demoiselle, puis de s'éclaircir la gorge. J'ai besoin de quelque chose, en réalité. La jeune fille marqua une pause pour fixer les réactions de la fille dont elle avait passé des mois à ignorer ses courriers. Elle les avait lus, bien sûr, mais elle n'y avait pas répondu. Parce qu'elle ne supportait plus cet échange. Parce qu'elle ne supportait plus d'écrire. Parce qu'elle était effrayée de ce qu'elle pourrait en réalité faire de ses lettres. La confiance n'avait jamais été son fort. Le courage non plus. Même si ce soir, elle en usait. Charlotte, tu m'accorderais cinq minutes ? Deux minutes ? Même une seule. S'il te plait, j'ai besoin de te parler et de m'expliquer ... Shukar avait pris par réflexe, sa cuillère dans sa main. Elle la tripotait, tournait dans sa soupe sans pour autant en prendre une gorgée. Parce qu'elle avait son regard planté dans celui de Charlotte en essayant de lui faire comprendre d'abord, qui elle était, puis à quel point ça lui tenait à cœur. Même si la salle grouillait de gens qui attendaient leurs plats. Même si leur relation n'était pas aussi importante qu'elle ne l'avait été par le passé. Même si la rancœur avait dû grandir en elle, beaucoup trop grande pour pardonner ce geste. Ou plutôt ce non-geste. Cet oubli définitif. Elle lui indiqua d'un coup de menton, la chaise en face d'elle. Ou elle attendrait, la fin de son service, ou qu'il y ait moins de monde. Même si elle doutait franchement que Charlotte ne l'accueille avec des fleurs.

Puis, s'en attendre - parce qu'elle n'avait pas envie d'essuyer un rejet de plus aujourd'hui - elle se mit à parler. Je veux pas me faire manger par ma soupe, mais j'ai encore moins envie de manquer cette occasion de te parler, et de m'excuser en même temps. Je suis idiote de pas avoir répondu à l'aide que tu m'offrais, au réconfort que tu m'apportais à chacune de tes lettres. Si c'était à refaire, certainement que j'aurais arrêté d'écrire, mais j'aurais au moins dû t'expliquer pourquoi. Ça n'était absolument pas cohérent. Ça ne répondait absolument à rien. Mais c'était du Shukar tout craché. Ne pas trop se lancer, et ne pas trop se lancer. Pourquoi s'être éloignée ? En même temps, elle ne le savait pas elle-même. C'est juste qu'elle en avait besoin. Comme ça, avec sa tête d'adolescente déconfite et mal-faite. Et je veux bien un deuxième cognac, aussi.
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MessageSujet : Re: the dirty little world inside ► Charlotte the dirty little world inside ► Charlotte EmptyJeu 16 Oct 2014 - 11:51

J'ai besoin de quelque chose, en réalité. Elle qui aurait aimé retourner derrière son comptoir, ou ne serait-ce qu’avoir un peu de temps pour elle – histoire de se rafraîchir ; voilà que cette inconnue, qui lui procurait une sensation de déjà vu, lui avouait qu’elle avait finalement besoin de quelque chose. Cependant le ton employé par la cliente n’était pas celui des autres badauds présents ; d’habitude ils disent juste « je veux ça aussi » et le s’il te plait n'était qu'un supplément, mais là non. Charlotte retint un soupir d’exaspération juste au moment où la cliente s’exprima à nouveau Charlotte, tu m'accorderais cinq minutes ? Deux minutes ? Même une seule. S'il te plait, j'ai besoin de te parler et de m'expliquer ...
Quand Shukar Bheng avait passé la porte du bar, la serveuse ne l’avait pas tout de suite reconnue, pour elle il ne s’agissait que d’une sorcière banale, ayant été surprise par la pluie qui venait de s’abattre sur Londres en cette après-midi. Alors elle était allée prendre sa commande, ressentant une sensation de déjà vu mais après tout, des commandes elle en prenait des centaines par jour, rien de plus normal que de ressentir cela. Mais le regard si intense que la jeune femme posait sur elle, l’avait intrigué et l’avait forcé à se souvenir.
Les questions fusèrent un instant avant de faire réagir l’appelé. Mais elle ne dit rien, elle avait laissé tomber depuis des années, enfouissant ce sentiment de délaissement au fond d’elle, et essayant d’effacer tous ses souvenirs et brûlant tout ce qui lui restait de cette soi-disant amitié. La blonde ne dit rien et maintint le regard de la jeune femme en face d’elle, serra son plateau contre elle. Charlotte préféra la laisser parler, de plus elle n’avait aucune envie d’alerter les autres clients – qui attendait leur commande.
Je ne veux pas me faire manger par ma soupe, mais j'ai encore moins envie de manquer cette occasion de te parler, et de m'excuser en même temps. Je suis idiote de ne pas avoir répondu à l'aide que tu m'offrais, au réconfort que tu m'apportais à chacune de tes lettres. Si c'était à refaire, certainement que j'aurais arrêté d'écrire, mais j'aurais au moins dû t'expliquer pourquoi.
Charlotte esquissa un léger sourire à la remarque de Shukar sur la soupe et la possibilité de se faire attaquer par celle-ci ; mais elle se ravisa et préférant la laisser parler.
Pourquoi venait-elle la voir après tant d’années ? Pourquoi maintenant ? Charlotte ne sut quoi répondre, trop de questions l’empêcha d’ouvrir la bouche ; restant là, le visage inexpressif, impassible.
Et je veux bien un deuxième cognac, aussi. La demande n'ayant aucun rapport avec ce qu'elle avait dit auparavant fit réagir Charlotte.
Pourquoi venir maintenant ? Au bout de tant d’années ? On a chacune fait nos vies de notre côté, du moins moi j’ai vécu, j’ai vu autre chose, j’ai appris à vivre avec ton rejet même si au début je n’ai pas compris je me suis confortée dans l’idée que tu t’es jouée de moi depuis Poudlard.
Charlotte respira un bon coup, elle avait lâché sa phrase d’une traite, comme si cela était resté en elle depuis tout ce temps ; ce qui n’était pas totalement faux.
Zappant totalement sa demande en tant que cliente ; Charlotte avait été tellement déçue, après les multiples lettres envoyées sans réponse, malgré son véritable harcèlement, la jeune sorcière qu’elle avait été, avait simplement laissé et oublié, comme on oubli un vieux livres dans un placard. Mais l'apparition de Shukar fit renaître, tel un phœnix renaît de ses cendres, le sentiment d’amertume.
Ne souhaitant pas la faire répéter ni faire attendre les autres clients, elle se dirigea vers le bar, et envoya par un sortilège de lévitation le verre de cognac à Shukar ; ainsi que les autres commandes en attente. Après un instant elle revint vers son ancienne amie et s’assit face à elle, sans prendre la peine de demander la permission.
Charlotte inspira puis exprima les questions qui lui brûlaient les lèvres depuis que la jeune femme en face d’elle l’avait ignoré.Que t’est-il arrivé ? J’ai su que ton père était décédé, mais pourquoi m’avoir laissé la chance d’être là pour toi ? Étions-nous réellement amies ? Rassures-moi au moins sur ce point…
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