Le hibou s'envole avant qu'il n'ait pu faire le moindre geste pour l'attraper. Foutu oiseau au cerveau ridiculement minuscule. Il soupire, rage, insulte l'animal qui s'est perché suffisamment haut pour être sûr que l'Irlandais n'a aucune chance de l'attraper. Et très rapidement, il entend le rire de son meilleur ami dans son dos qui se moque de lui. Il y a de quoi. Il n'a pas réellement la côte avec les hiboux Seamus, il n'est pas ce qu'on pourrait appeler de doué dans son travail. Mais il le fait correctement, dans les grandes lignes. Le plus important pour lui, c'est d'être avec Dean. Et plus que de vivre dans le même appartement, de pouvoir passer ses journées entières avec lui.

Alors oui, forcément, au bout d'un petit mois, la routine s'installe sans que personne ne puisse rien faire. Mais elle est drôle. Leur quotidien n'est pas lassant, et certaines choses ne changent pas de Poudlard. Il ne regrette pas ses années à l'école de magie. Il voit toujours ses amis, passe ses journées sans lâcher Dean. Alors forcément, ce n'est pas lui qui ira se plaindre.

L'oiseau le nargue en poussant de petits cris aigus. Nouvelle série d'insultes qui redouble le rire de son ami, beaucoup plus doué que lui dans ce domaine. À croire que les animaux ressentent le côté calme de Dean ce qui les apaise. Mais lui, l'hyperactif incapable de rester en place, il doit sûrement les énerver. Il se retourne vers son meilleur ami.

— J'en ai marre Dean. Ce foutu poulet se moque de moi. Tu te rends compte ? Je suis sûre que c'est Sybella qui l'a ensorcelé.

Il soupire. Saleté d'oiseau, saleté de coloc qui l'a réveillé tôt ce matin. Mais au-delà de tout ça, il y a Dean. Et ça, ça lui remonte forcément le moral. Il est comme les oiseaux, la présence de son meilleur ami le canalise.

Chaque jour dans la poste de Pré-au-Lard, un spectacle comique se produisait, avec en tête d’affiche Seamus Finnigan et Dean Thomas. Ils étaient l’un comme l’autre pas très doués avec les piafs, mais l’irlandais faisait fort pour le coup. Il courait après les hiboux et leur parlait comme si c’était des débiles de serpentards. L’anglais lui, ne pouvait s’empêcher de rire devant tant de ridicule.
Son meilleur ami était définitivement le gars le plus marrant du pays et cela malgré lui. Dean n’avait pas l’intention d’intervenir entre les deux, non. Ce serait sûrement plus drôle si Seamus s’en occupait lui même.

“Ne parle pas de sujets qui fâchent. C’est sûrement un farceur ce hiboux, tu vas pas te laisser battre par un piaf.”

Dean en faisait clairement exprès, juste pour agacer son ami. Parce que c’est ça la joie du travail de surveillant de hiboux, ne rien faire et courir après des hiboux, le tout en écoutant les conversations Seampiaf. Un nom qu'il avait élaboré en soignant un hiboux qui s'était cassé la patte.
Pour avoir ce job, il n'y avait pas beaucoup de qualifications exigées, seulement d'avoir eu au minimum un acceptable en soin aux créatures magiques. Dean avait étonnamment reçu un optimal, mais la véritable question c'est comment Seamus avait réussit à avoir la moyenne dans cette matière...

“Trente gallions que celui-ci, tu l’attrapes pas.”

Ce boulot était ce qu’il était, mais qu’il était drôle.

Il sait que ce n'est pas une bonne idée, qu'il ne doit surtout pas accepter ce défi stupide que lui lance son meilleur ami. Et pourtant, il ne peut pas s'imaginer dire non. C'est un Gryffondor. Il se doit d'être courageux en toute situation. Et ce n'est pas un sale piaf qui va lui faire peur. Il est plus fort que tous les Serpentards qui iraient se mettre à l'abri de peur que les hiboux leur chient sur les cheveux. Non, lui il n'a pas peur de tout ça.

— Je relève le défi ! Superbe référence à la série qu'il a regardée un jour avec le petit frère de Dean. Comme quoi, il est capable d'avoir une culture moldue. Ou pas.

Face aux rires de son ami, il s'approche de la bête. Et c'est là que la connerie commence. Il sort sa baguette qu'il pointe sur l'animal qui semble le défier du regard. C'est à ce moment précis que Dean devrait intervenir. C'est à ce moment qu'il devrait lui attraper le bras et lui expliquer qu'il plaisantait. Parce que c'est Seamus et la magie, ce n'est pas une bonne idée. Parce que Seamus qui pointe sa baguette sur un animal dans le but de jeter un sort, ça fait peur. Pour l'animal.

— Immobilus.

Jusque-là, pas de soucis. Puis, il atteint l'animal. Le regard de l'irlandais ne peut pas se détacher de la petite boule de plumes.
Un grand boum.
L'animal explose. Il se retourne vers Dean avec un regard choqué. Il a tué un hibou qui ne lui avait rien fait, à part se moquer de lui. Il a tué une créature vivante.

— Deaaaaan. Il court faire un câlin à son meilleur ami, déprimé par son acte de cruauté immense. C'est ta faute.

Le défi n'était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, et en même temps le contraire aurait surpris le jeune anglais. Il ne connaissait que trop bien son ami pour savoir que ce dernier foncerait tête baissé dans le piège. Après une référence ne volant pas bien haut mais tout de même amusante, l’irlandais s’avança vers l’animal. La tension était palpable entre les deux combattants, on aurait dit un bon vieux western. Seamus dégaina sa baguette, aussi vite que Lucky Luke.
A ce moment-là, l’ancien gryffondor aurait bien arrêté son ami, mais il était trop amusé par la situation pour dire quoi que ce soit. Quand le hiboux explosa, il sursauta d’abord, puis en voyant la tête de Seamus il éclata de rire. Il n’avait jamais autant ri, et ce depuis un bon bout de temps. Son ami lui sauta au cou, mais lui était trop occupé à pleurer de rire. Ses yeux s’humidifièrent, il n’en pouvait plus.

“Sea.. Seamus, tu es vraiment le pire surveillant de hiboux du monde ! Si tu pouvais voir ta tête !”

Puis, il s’éloigna de son ami pour s’asseoir sur un petit muret. L’anglais avait du mal a respirer, tellement il riait et à chaque fois qu’il regardait son ami, c’était pire. Dean n’éprouvait pas vraiment de tristesse pour l’animal. En fait, même s’il en avait eu, il n’aurait pas eu le temps de l’exprimer.

“Ce pauvre hibou ! Ahahah, je te jure que jamais je te prête ma chouette !”

Quand il va raconter ça à ses amis, ils vont pas s’en remettre. Toutefois maintenant, il fallait se débarrasser des petits morceaux de chair qui se baladaient un peu partout sur les murs, mais aussi trouver une excuse pour expliquer comment un hibou avait bien pu disparaître.

“Au fait, tu l’as techniquement pas attrapé, alors pas de gallions. Ahah. Je vais pas m’en remettre !”

Ce jour restera dans les anales -ou anals pour Chips- et il n’imagine même pas à quel point.

La réaction de son meilleur ami a tout pour l'énerver. Au lieu de le réconforter, de lui apporter son aide en lui faisant un énorme câlin, il préfère se moquer ouvertement de ses capacités en magie. Bon d'accord, si quelqu'un d'autre avait lancé le sort et que le hibou avait explosé, il serait également mort de rire. Et vu sa maladresse habituelle, il serait même tombé dans les crottes de pigeons qu'il est censé nettoyer tellement la scène est comique. Mais là, c'est lui le tueur d'animaux qui risque d'avoir sur le dos cette association à la face de panda dont il a vu une brochure chez Dean.

Il croise les bras face à la réaction de son ami, fait mine de bouder. Il n'a pas l'air très mature à se comporter de cette façon au boulot, après avoir fait exploser un des oiseaux dont il doit s'occuper. Mais c'est pas grave. Il est avec Dean, le si doué Dean – enfin, comparé à lui – et il se doute que son ami va trouver une solution. Après tout, si le responsable arrive à ce moment-là, il aura également des problèmes pour ne pas l'avoir empêché d'attaquer ce sale piaf, qui n'a au final que ce qu'il mérite. Mais l'irlandais est en état de choc, il ne réalisera ça que plus tard dans la soirée.

Il rejoint Dean sur le petit muret et soupire en lui lançant un regard noir. Toute personne connaissant un minimum Seamus se douterait que c'est une blague. Il est clairement incapable de faire la gueule à son meilleur ami plus de cinq minutes de toute façon. Même quand il a appris qu'il lui avait caché sa relation avec Sybella il lui a fallu que très peu de temps pour oublier le sentiment de trahison qui était né en lui.

— Sérieux Dean ? Tu oses te moquer de moi ? Il prend un air vexé. Seamus qui s'offusque pour des blagues du genre. On aura tout vu. Un peu de compassion tu connais pas ? Tu me déçois. Après, faut pas s'étonner que je me confie à Meredith quand j'ai des problèmes.

Et merde. Non sérieusement. Il n'a pas réellement dit ça. Il baisse les yeux, contemple le sol. Les mots sont sortis tout seul, peut-être parce qu'au final il les pense réellement. Ce n'est pas méchant, il confirait sa vie à son meilleur ami si c'était nécessaire, mais il n'a pas pu s'empêcher de dire ce qu'il pense. Ça fait plusieurs semaines qu'il s'interdit de prononcer ces mots pourtant. Alors là forcément, ils sortent tout seul. Et il a honte, tellement honte.

Ce n'est pas que Dean n'avait aucune compassion pour les hiboux, mais plutôt qu'il était trop amusé pour en avoir. Bien sûr, la prochaine fois que Seamus voudrait lancer un sort, il ferait en sorte de l'en empêcher. Il ne voudrait pas que son meilleur pote soit envoyé à Azkaban pour avoir tué des hiboux. D'ailleurs, ça serait sûrement le premier et le dernier Hiboux Killer en série.
Tandis qu'il se calmait un peu et reprenait son calme sur le muret, son ami le rejoint. Dean voyait bien que son ami faisait mine de bouder, par principe. Face à ce massacre morbide, l'anglais émit une idée.

"Si on nous demande, il n'est jamais revenu, okay ? ... Amen."

Une excuse absolument recevable, à condition bien sûr que cela ne se réitère pas à l'avenir. Seamus était un garçon très émotif et ce depuis toujours, Dean, lui, était plus calme et disposait surtout d'un talent assez impressionnant à tout prendre à la légère. Si bien que malgré leur grande amitié, parfois l'un comme l'autre pouvaient s'agacer du comportement de l'autre. Ce jour-là, c'est Finnigan qui lança la premier pique, sous l’œil presque surpris de Thomas.

"Oh ca va, vaut mieux rire ! Et puis Seamus, je sais presque tout de toi."

Il fallait avouer que l'anglais avait plutôt raison, il n'y avait pas grand-chose de son ami qu'il ignorait, hormis peut être le plus important. Dean ne comprenait absolument pas pourquoi son ami parlait de Carter a ce moment-là. En général il utilisait plus des garçons de leur âge. Au final, Dean comprit qu'il y avait un problème, autre que ce maudit piaf.

"C'est pas vrai, hein ? Tu n'as pas peur de te confier à moi, tout de même. Même si je rigole quand tu fais une bêtise, je suis ton meilleur pote."

Dean ne rigolait plus, sa mère lui avait toujours dit que les plus courtes,sont toujours les meilleures. -sans mauvaises idées voyons- Et puis il ne voudrait pas vexer son ami, qui semblait en avoir gros.

Il a clairement conscience qu'il aurait mieux fait de se taire.
Tout avait pourtant si bien commencé. Son meilleur ami ne lui tenait pas rigueur pour l'oiseau qu'il avait malencontreusement assassiné. Il trouvait même un moyen de les sauver face aux questions décisives pour leur avenir dans ce travail que pourrait avoir le patron de la poste de Pré-au-Lard. Oui, Dean est génial, il a toujours réponse à tout. C'est le meilleur ami qui puisse exister sur terre et un des buts de Seamus dans la vie est de ne jamais, mais vraiment jamais, le décevoir. Sauf que face à l'anglais et son air étonné, il a l'impression qu'il s'est complètement foiré. Bien sûr, Dean ne peut pas comprendre pourquoi il aurait confié quelque chose à Meredith plutôt qu'à lui. Aux yeux de tous, même si leur relation s'était améliorée du jour au lendemain sans que personne sauf les deux concernés ne sache pourquoi, ils n'ont jamais été réellement proches.

Soudainement, il a honte.

Meredith était forcément la solution logique, la personne à qui il devait forcément se confier dans un cas pareil. Ce à quoi il n'avait pas réellement pensé, c'est que son meilleur ami pourrait lui en vouloir de lui avoir caché pour ça. Sérieusement, à quoi il pensait en ne lui confiant pas ce genre de secret. Il va lui en vouloir, c'est la fin de leur amitié. Il baisse les yeux, évite son regard en se trahissant lui-même. Il pourrait nier, dire que c'est une blague, mais il en a marre. Ça fait un mois qu'il cherche le bon moment pour parler de tout ça à Dean, et c'est peut-être enfin arrivé. Il soupire, le regarde droit dans les yeux.

— J'avais peur de ta réaction, alors j'ai préféré en parler à Meredith. Il se tourne vers Dean, ses yeux brillent un peu. Il se sent mal le pauvre Seamus. Tu m'en veux ?

Qu'est-ce qu'il peut avoir peur de la réponse. Et si son ami trouvait vraiment son comportement intolérable et qu'il préférait quitter l'appartement pour aller vivre avec Justin et Hannah. Mais il essaye de se reprendre. Il est irlandais quand même. Il est courageux, une gorgée de whiskey et c'est reparti. Il ne va pas commencer à se montrer faible devant son meilleur ami. Alors il passe sa main sur son visage pour enlever les débuts de larmes. Faut arrêter la paranoïa. Il connaît Dean depuis plus de sept ans. Il lui pardonnera, et la vie reprendra son cours.

Aussi surprenant que cela puisse être, Dean, était presque certain de connaître parfaitement son ami, si bien que l'annonce d'un soit disant secret ne le paniquait pas trop. Si vous aviez demandé à l'anglais si son ami pouvait lui cacher quelque chose, vous pouviez, sans aucun doute, vous attendre à une réponse négative. Cela dit, le jeune Thomas ne pouvait pas vraiment être blâmé puisque, le Seamus qu'il connaissait était un garçon bien trop bavard et bien trop hyperactif pour avoir des secrets. Peut être que Dean était un peu trop sur de lui, sûr d'être un meilleur ami "presque" parfait, attentionné et à l'écoute, mais il ne voyait vraiment pas quel genre de secret pouvait mettre son ami dans cet état de honte.

Meredith. Il n'en était pas réellement jaloux, à vrai dire il était content de savoir que Seamus était encore en contact avec elle, cependant quel genre de secret pouvait-il confier qu'à elle ? Dean n'était pas vraiment doué en énigme, si bien qu'il pensa naturellement à une histoire de fille.

Une fille.

Une fille sur qui il aurait flashé, ou pire, une fille avec qui il serait en couple. L'idée d'apprendre que son ami lui aurait caché le même genre de secret que lui, l'amusait déjà. Cela dit, ne voulant pas blesser son ami, Dean fit mine de ne pas savoir, à mille lieues de se douter de la vérité.

"Bah écoute, ça dépend de ce que tu me caches... Par contre, si tu ramènes encore un colocataire je te tue, Sybella me suffit amplement."

Il avait fait une petite blague, histoire de dédramatiser la situation qu'il ne prenait pas vraiment au sérieux, de toute manière. Un sentiment qui ne devrait pas tarder à changer.

Il ne faut confier son secret qu'à celui qui n'a pas cherché à le deviner.

Il baisse les yeux. Il repense à la réponse de Meredith, sur le fait que Dean ne pourra jamais le rejeter pour un truc du genre. Il n'est plus si sûr désormais. Comment ça, ça dépend de ce qu'il cache. Comment il pourrait ne pas lui pardonner quelque chose. C'est son meilleur ami après tout. Il se doit d'être toujours là pour lui, c'est écrit dans la charte imaginaire qui a germé depuis plusieurs années dans la tête de Seamus. Mais il faut croire que tout ça ne suffit pas pour Dean. Non, l'ancien Gryffondor a décidé de faire stresser son ami qui est à la limite de se lever pour partir. Éviter la conversation lui paraît être une alternative tout à fait parfaite. Mais ce ne serait pas Seamus. Non, lui il est obligé de rester pour affronter le danger.

Après la question c'est plutôt comment lui dire. Et pour ça, il hésite. Déjà qu'il n'a pas l'impression que la nouvelle semble réjouir son ami qui remet la colocation avec Sybella sur le tapis. Comme s'il s'en plaignait réellement. Quand ils seront ensemble grâce à lui, ils viendront le remercier en lui offrant plein de chocolat, et de bière. La vie sera belle. Et puis, ils s'excuseront de ne pas avoir vu son mal-être. Amis indignes.

— Je... Comment dire... Il réfléchit. Il a du mal, il veut que ça soit clair. Il est doué normalement pour dire ce qu'il pense. Le meilleur de Gryffondor. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Sybella le respecte. J'aime les mecs Deanou.

Voilà, c'est dit. Il baisse les yeux, n'ose pas le regarder. En même temps, ce n'est pas la chose la plus simple d'avouer. Ils se connaissent depuis longtemps, presque huit ans maintenant. Il peut comprendre que ça risque d'être troublant pour lui. La personne avec qui il a passé toute sa scolarité à Poudlard qui change d'orientation sexuelle, comme ça.

Nagasaki, Wall Trade Center, le naufrage du Titanic, un cours de potion, le pot de Nutella vide, Sybella en colocataire et la page 250 de The Maze Runner, tout ça n'était rien comparé au malaise qu'éprouvait Dean Thomas à ce moment-là.

Déjà c'était un choc d'apprendre que son meilleur ami avait changé de bord, mais si l'anglais se sentait mal, c'est surtout parce qu'il n'avait rien vu, rien en sept ans. Alors, il était comme ça ? Le genre d'ami égoïste, incapable de savoir quand son ami va mal, quand son ami se pose des questions.

Il avait honte de lui-même, honte d'avoir cherché toute l'année une copine à son pote, honte de l'avoir embrassé à la boîte, mais il ne voulait pas blesser son ami et préférait faire semblant de n'être pas du tout choqué. Faire style que tout va bien.

"Tu aurais pu me le dire avant, je t'aurais cherché un copain..."

Il souriait. Il en savait pas vraiment quoi dire d'autre, ça prendra du temps de s'y faire, mais il devait être fort pour son ami, histoire de ne pas être qu'un looser, un parfait enfoiré.

"Je suis content que tu me le dises."

C'était vrai, il était vraiment content que son ami se confie à lui, mais il ne pensait vraiment pas le mériter.

Il a envie de disparaître. Si seulement il avait appris à transplanner correctement, il serait parti directement à Fleury & Bott pour se cacher dans les bras de Meredith. La rousse est gentille au moins, sa réponse face à sa lettre était tout ce qu'il y avait de plus clair. Mais devant Dean, il est totalement incapable de dire si son ami l'a bien pris, ou s'il va arrêter de lui adresser la parole à la fin de la journée. Bien sûr, il a l'air choqué ce qui semble être la chose la plus normale au monde. Donc jusque-là, pas de soucis. Tout semble bien aller. Trop bien aller. Dean le prend beaucoup trop bien. Alors soit il s'est inquiété pour rien pendant quasiment six mois, soit son meilleur ami ne prend pas bien du tout la nouvelle mais lui ment pour préserver ce qu'il reste de leur amitié.

— C'est vrai ? Tu me détestes pas ? Il ose enfin le regarder dans les yeux. Hein, pour de vrai ?

Sa voix n'est pas très sûre, il a hésité avant de prononcer la phrase. C'est une de ses plus grandes peurs après tout, être rejeté par ses amis. Dean ne pourrait pas comprendre, il a trop de frères et sœurs. Mais en tant qu'enfant unique, ils sont très importants pour lui. Primordial pour sa santé mentale qui ne va déjà plus très bien depuis un certain temps.

— Par contre, non. Me cherche pas de copain. C'est gênant Deanou. Je suis pas prêt pour ça je crois. Meredith a dit que je devais prendre mon temps. Meredith encore. Il n'est pas sûr que ça fasse plaisir à son meilleur ami d'entendre parler de la personne à qui il s'est confié avant lui. Tu ne m'en veux pas hein ? Pour en avoir parlé à Meredith avant toi ?

Au moins, il n'a plus à s'inquiéter pour ça. Prochaine étape, en parler à Hannah, puis aux deux autres abrutis qui lui servent d'amis. Et peut-être déménager et rentrer chez sa mère si Dean ne veut plus être son ami, mais ça c'est autre chose et il ne préfère pas y penser.

Si Dean pouvait tout recommencer il le ferait, s'il pouvait être un véritable ami il le ferait, mais c'était trop tard, il fallait faire autrement, il fallait assumer d'être un égoïste et continuer à vivre. L'anglais l'ignorait encore, mais cette révélation sera sûrement la pire de sa vie, celle qui regrettera le plus longtemps. Puisque, oui, il s'en voulait, il s'en voulait comme jamais il s'en n'était voulu de n'avoir rien vu, de ne pas avoir été celui que Seamus avait besoin à ce moment-là.

"Pourquoi je t'en voudrais ?"

Ce n'était pas Seamus qu'il blâmait, mais lui-même. Alors, si quelqu'un d'autre avait pu tenir le rôle dans lequel il avait échoué, tant mieux. De plus, il savait bien que Meredith était une véritable militante sur ce sujet, alors il n'essayait même pas de rivaliser.

"Non, c'est cool que tu puisses parler de ça avec elle..."

Dean semblait de plus en plus abattu par cette révélation, une chose était sûr, ce soir le pot Nutella allait prendre cher, puisqu'il était évident qu'il ne pouvait parler de cela à personne. Ce n'était peut-être pas un ami parfait, mais c'était toujours le gentil londonien.

Il sent la gêne dans le comportement de son ami. Il le connaît trop bien, ce serait vraiment être aveugle de se rendre compte de rien. Quelque chose cloche chez le londonien, ce qui l'inquiète plus que ça ne le devrait. Mais ses paroles sont rassurantes, et laissent entendre qu'il ne lui en veut pas pour cette presque trahison. En fait, tout est bien qui finit bien. Enfin, c'est ce qu'il aimerait se dire. Il aimerait que les choses soient aussi faciles, ce qui n'est forcément pas le cas. Il lui lance un énième regard désolé. Si seulement il savait ce qui se passait dans la tête de son ami à ce moment précis, il n'en reviendrait sûrement pas. Mais Seamus n'est pas legilimens. Il n'est pas non doué d'une grande capacité de réflexion qui lui permettrait de comprendre la façon dont les autres pensent. Alors il se contente de lui sourire en se levant.

— Oui. Elle m'a beaucoup aidé, elle est géniale pour ça. Elle a toujours été douée pour écouter les gens Meredith. C'est un peu notre grande sœur à tous en plus.

Faire l'éloge de la Gryffondor devant son ami n'est peut-être pas la meilleure idée qu'il a eue. Mais c'est Seamus, on ne peut pas trop lui en demander. Il n'est pas un exemple quand il s'agit de prendre en compte les sentiments des autres. Et pourtant, il fait des efforts, il s'interdit d'être trop direct. Là, le problème ne vient pas de là. Il n'imagine pas une seule seconde que son ami peut s'en vouloir, et pas uniquement lui en vouloir d'avoir caché ce secret tout ce temps. Il lui tend la main pour le lever. Gentil petit Dean, qu'est-ce qu'il ferait sans lui.

— Je suis content d'avoir enfin trouvé le courage de t'en parler Deanou. Tu sais, c'était très important pour moi, et j'osais pas. J'avais peur que ça soit pas le bon moment et tout. Il regarde le sol. Enfin bref, j'ai été un peu con sur ce coup-là. Par contre, évite d'en parler aux autres. Je préfère que ça vienne de moi, tout ça. C'est sérieux, je veux pas que ça soit le genre de trucs qu'ils apprennent complètement bourrés autour d'un verre.

Il deviendrait presque sérieux Seamus. Pourtant c'est lui le partisan des nouvelles annoncées autour d'un verre, dans un bar miteux sous prétexte que c'est convivial. Mais il grandit, il comprend que tout n'est pas uniquement rigolade.