*Elle est stricte et formelle, l'écriture ; une écriture appliquée de bureaucrate, comme il y en a tant. Mais les bords légèrement froissés du papier trahissent une émotion mal maîtrisée. Seul l'observateur attentif saura les remarquer, ces minuscules signes de colère et de folie furieuse.*

Cher Monsieur,

Il est malheureux de constater que vous avez emprunté la peau d'un homme déjà mort pour m'envoyer votre tissu de sottises —sachez que j'ai longuement fréquenté Sher Mr Rougemont et que vous l'interprétez fort mal, sans oublier le fait pourtant marquant qu'il a été empoisonné par son propre sang. Votre petite stratégie a lamentablement échoué, bien que j'ignore ce que vous cherchiez. Vous sentiriez-vous seul, par le plus grand des hasards ? Vos bras n'ont-ils donc plus la force d'actionner vos misérables et insignifiantes marionnettes ? Quel besoin avez-vous d'aller narguer un affranchi ?

Il y a des menaces qui ne méritent pas d'être prises au sérieux. Il y a des paroles dont le sens a été perdu, oublié en route. Si la Saint-Valentin devient un prétexte pour réveiller les vieux démons, laissez-moi vous conter l'histoire d'un homme qui jouait avec la vie des autres sans savoir qu'il serait condamné un jour à son tour, de la plus idiote des manières. J'en ai ri, si vous saviez. J'aurais aimé qu'il puisse lire ces mots, j'imagine son visage se contracter sous la fureur et ce serait sans aucun le plus doux des spectacles. Il n'a jamais été beau, Mr Rougemont. Il n'a jamais été qu'un masque. Une enveloppe vide. Qui le regrette ? Qui se souvient seulement de lui ? Je l'avais complètement oublié avant que vous ne décidiez subitement d'emprunter son identité pour me jouer un mauvais tour.

Et quel mauvais tour ! Vous avez complètement raté votre coup, mon brave homme. Tentez votre chance un autre jour. Pâques, par exemple, serait l'occasion de vous rencontrer, sombre épouvantail, à moins que je ne vous brûle avant.

Les illusions, je n'en ai jamais eu peur. Qu'elles viennent. Elles ne possèdent aucune autre force que la suggestion et je connais cette vérité implacable, celle qui dit que Sherkan Rougemont est mort il y a bien longtemps.

*La lettre n'est pas signée mais l'identité de l'expéditeur est évidente.*

*Si la lettre est bien transmise, de quelque façon que ce soit, par Moriarty, serpent docile et efficace, il est judicieux de souligner l'absence notable de Lichuan —quoique, le fait qu'il ait refusé de suivre le serpent n'est décidément pas quelque chose d'inattendu*

Tes noms de code sont ridicules. Ta courte missive est ridicule. Ta réaction est ridicule, tu es ridicule : je n'ai pas besoin de l'aide de ton stupide serpent et encore moins de la tienne. S'il y a une personne que je souhaite abandonner derrière moi dans ma fuite, c'est bien toi ; mais il faut croire que tu ne me lâcheras jamais, n'est-ce pas ? De toute façon, tu mourras bientôt.

Quand tu recevras cette lettre, je serais à l'abri. Tu n'as pas besoin de savoir où. Je n'irais pas à l'adresse que tu m'as donnée. Plutôt crever la bouche ouverte sur le trottoir. Ne me cherche pas. Je continuerais d'assister aux réunions des Mangemorts mais ne me cherche pas.

Je fais ce que je veux, compris ? Je fuis si j'en ai envie, j'abandonne mes proches si je le souhaite. Uniquement selon mes propres désirs, cela n'a rien à voir avec toi.
Jamais.

Je crois voir en vous, dans les moindres détails
Plutôt que de l’avouer, vous menez une bataille.
Serais-je à vos yeux, le fou tâché de sang
Mourir sur un ordre, la poitrine en avant,
Présent dans l’ombre, dans le feu de votre âme
Que vos méfaits drapent d’un sombre éclat
Au pion, vous offrez son précieux sésame
D’accepter ces quelques mots, il vous priera
Rendez-lui sa liberté, et il vous frappera
Vos mensonges ne sont qu’un funeste présage
Vous qui les susurrez, les nimbez de cette aura
Avances illusoires, c’est la mort avant l’âge

P.S : Arrête de m'envoyer des poèmes, c'est embarrassant.

Cher monsieur Dumas,

J'espère que vous me pardonnerez, je suis bien loin de maîtriser la plume aussi bien que vous.
Je me doute que vous pardonnerez aussi ma méfiance; de nos jours, vous comprendrez si je reste sur mes gardes quand je reçois une missive anonyme, quand bien même son auteur se prétends ami et connaissance de ce très cher ami commun.

Je me dois de vous remercier de me faire parvenir ses nouvelles de vous soucier de sa quiétude comme vous le dites si bien et de réparer les tords commis, mais, je dois quand bien m'interroger sur les raisons qui vous pousse à m'écrire.
Je suis curieuse; seriez vous une ombre bienveillante, ou plutôt de ce genre d'ombre qui rôde et observe, avec une curiosité malsaine et des idées derrière la tête?

Votre avertissement est touchant, mais d'un anonyme, il en perds tout charme. Je vous en remercie néanmoins, la pensée est plaisante.

Dois-je m'attendre à d'autres lettres de votre part, monsieur? Attendez-vous de moi quelque chose ?

Dans l'attente d'en entendre plus de votre part, chère ombre,

Anne de Clèves.

Très cher, mais très intriguant monsieur Dumas,

Comment ne pas être intrigué par une lettre écrite sous un tel pseudonyme? J'avoue avoir, de prime abord, songé à une farce idiote. Mais il y a trop de temps passé à écrire cette lettre, je le devine, pour qu'il s'agisse d'une simple plaisanterie - qui serait par ailleurs de très mauvais goût.

Votre facilité à deviner mes interrogations avant même que je les formule, dans votre première lettre, me déconcerte. Vous êtes décidement un espion bien renseigné. Et je doute, ma chère ombre, que ce soit la première fois que vous fassiez ce genre de chose?

Je suis flatée que vous m'adoriez, cher inconnu, et suis navrée de ne pas pouvoir vous en dire autant pour l'instant.
Je crois voir que vous avez une image de moi quelque peu embellie - je ne suis malheureusement ni princesse, ni reine et n'ai rien fait pour que vous m'honoriez de ces titres.

En revanche, son silence ne m'étonne guère mais je me réjouis - bien que le mot soit un peu fort - de savoir qu'il en porte les marques - peut-être ainsi n'en oubliera-t-il pas les raisons et qui lui l'as infligée. Je vous offre ce souvenir qui semble tant vous plaire.

Je m'étais dis de ne pas répondre à ses intrigants courriers, et me voilà pourtant à terminer cette lettre.

Vous êtes un bien curieux personnage, mais j'imagine que vous le saviez déjà.

Bien à vous,

Anne de Clèves.

Très cher Alexandre - je me permets de vous appeler ainsi, à moins que vous préferiez le rigide monsieur.

Prenez cela comme une marque de la confiance que je m'autorise à vous accorder. Bonne ou mauvaise idée, le temps le dira.

Chevalier, gardien, me voilà fort bien gardée! Mais qu'est-ce que sont des paroles face aux réels dangers que je pourrais affronter? Vos mots ne sont que des mots, mon cher et votre défense une illusion. Mais il serait bien étrange d'en attendre plus de la part d'un être de papier.
Qu'est-ce que le vide, d'après vous? Créer depuis le néant? Mais est-ce que le néant existe vraiment? De cette manière, pouvez vous penser à « rien » ? Qu'est ce que « rien », d'ailleurs?

Je ne pense pas que l'on puisse puiser de cette chose qui n'existe pas; les peintures, les livres, les poèmes viennent bien de quelque chose. De l'impression la plus fugace au plus ancré des sentiments. De manière consciente ou non. Ce vide est, éventuellement, le simple siège de notre inconscient.

La sécurité, voilà encore un thème sujet à bien des questions.
Quand sommes-nous réellement en sécurité? Je vais me contenter de calmer mes inquiétudes quand bien même ce cher ami ne les mérite pas et me fier à vos mots. Je prends votre promesse à cœur, et vous tiendrais pour responsable si - dans le pire des cas, car dans cette époque, tout peut arriver - je venais à entendre sur son sort.
Trahir sa parole peut rendre la plus innocente des dames particulièrement vengeresse. Qui sait ce qu'une femme trahie peut faire? L'anonymat n'est qu'une frêle protection.

J'ignore si je suis capable d'un tel extrême, mais faisons en sorte de ne pas avoir à le vérifier, si vous n'y voyez aucune objection.

Avez vous déjà entendu parler de ce qu'on appelle « l'appel du vide » ? Sûrement, un être comme vous, je m'en étonnerai si vous ne connaissiez pas. Mais au cas où; c'est cette petite voix qui, au bord du précipice, vous incite à sauter.
D'où viens cette voix? Pourquoi?
Peut-être est-ce une explication, pourquoi l'être humain se laisse parfois entraîner dans la chute d'un autre. Peut-être est-ce à cause de cette petite voix. Est-ce de la folie, de l'amour, de l’inconscience, des envies suicidaires? Cet irrésistible besoin de tester ses limites. Peut-être.

Qui pensez vous entraîner dans votre chute, mon cher?
Il me semble que nous abordons un sujet d'actualité. Les gens tombent, en entraînent d'autres. Serions-nous uniquement des dominos, attendant l'impulsion nécessaire pour s'effondrer? Je n'ai pas de réponse.

Voilà que je réponds à vos questions par d'autres questions! Vous ne devez sûrement pas voir plus clair après mon pâle essai philosophique. Ce ne sont là que les divagations d'une jeune femme, libre à vous de les ignorer.

Votre description de notre ami semble si poétique, si délicate et belle, j'ai parfois peine à croire que nous parlons bien du même.
Ou est-ce seulement que mes souvenirs se sont teintés de la désagréable couleur du mensonge et de la trahison.
Je m'interroge sur la nature du lien qui vous uni, délicate ombre, à cet homme.

Je serais ravie d'entendre cette mélodie, après réflexion. Vous attisez ma curiosité.

Anne.

Mon très cher Alexandre,

L'émotion n'a-t-elle rien de créatif, vraiment? Oseriez-vous dire que Guernica, de Picasso, ne vient pas d'une émotion? Que Musso, lorsqu'il écrit La Confession d'un enfant du siècle, n'a pas créée à partir d'émotions? Cela serait fermer les yeux à l'essense même de l'humain, à mon sens.

D'ailleurs, pourquoi la chute fait-elle si peur, à votre avis?

La chute fait peur, parce qu'elle confronte l'être humain à son pire ennemi: ses propres pensées et sentiments. Livré à soi-même, il n'y a plus que ses pensées, aucune fuite face à lui-même. A mes yeux, c'est la ce qui fait si peur à l'homme dans cette chute.

Conscience ou instinct destructeur, au même titre que l'instinct de survis? S'attacher à une personne peut-être une forme lente et vicieuse d'auto-destruction. L'être humain crée, se crée, détruit et se détruit, non?
Les émotions sont peut-être mauvaises, mais c'est cela qui nous différencie d'un autre organisme vivant, ce qui fait de nous des êtres humains en tant que tel.

Votre chute sera-t-elle contrôlée? Ou plutôt du genre chute libre inattendue?
Pouvez réellement contrôler ce qui se passerait si vous chutiez? Bien souvent, on pense pouvoir maîtriser beaucoup plus que ce que l'on peut réellement. Les événements ne vous échappent-ils jamais?
Avez vous peur de ce que cette chute pourrait révéler sur vous?

Quel compliment! Du statut assez impersonnel de princesse, me voilà devenue amie !
La vérité, la vérité, en voilà un grand mot. La vérité blesse, mais qu'en est-il du poison sournois qu'est le mensonge, qui corromps le plus innocent des souvenirs, s'infiltre dans vos veines et vous tue à petit feu? Entre la douleur de la vérité et celle du mensonge, laquelle est préférable?

Les rêveries sont comme un mensonge, et peut-être le soleil vous isole provisoirement de la réalité pour mieux vous faire déchanter. Les rêveries sont faites pour les rester, vagues, irréalisables et éphémères.

N'ai-je pas dis que l'émotion est le propre de l'homme? Peut-être que la mélodie est si belle justement à cause de ses émotions. Ou peut-être est-ce les vôtres qui, à votre insu, corrompent votre jugement...

Je suis ravie de voir que nos échanges épistolaires vous plaisent. Quelques soient les raisons qui vous aient poussés à m'écrire, je suis enchantée de répondre à vos attentes.
Je me retrouve à attendre avec impatience vos prochaines lettres.

Votre chère Anne.

PS: Après réflexion, je réalise que je vous pose beaucoup de questions - cette curiosité me perdra. Libre à vous de les ignorer si vous préférez, je n'en tiendrai pas rigueur.

Cher Alexandre,

Pardonnez moi si je ne vous réponds pas en poème - il ferait bien pâle figure à côté du votre, et je ne préfère pas me couvrir de honte et de ridicule à vos yeux de manière aussi rapide.

Étais-ce une manière détournée de me dire que vous étiez d'accord avec moi et que l'art pouvait bien venir des émotions et sentiments? Car, vous ne pouvez le niez, vos mots trahissent des émotions terriblement humaines. En tout cas, c'est ainsi que je le comprends.

Vos lettres me passionnent toujours autant, vous lire est un plaisir. J'espère que vous excuserez la brièveté de cette missive.

Anne.

Il existe des femmes qui pensent tout contrôler dans les moindres détails. Ces femmes sont tellement sûres d'elles qu'elles en deviennent aveugles : aveugles à ce que leurs actions engendrent, aveugles à leur propre chute imminente.
Et lors que ces femmes - qui se sont construits un empire qu'elles pensaient éternel - ont chutés , elles n'ont plus que leurs yeux pour pleurer et dire qu'elles "n'avaient pas vu ça venir". Ce sont là des femmes bien vaines et futiles.

Pensez vous que votre chère princesse fasse partie de ce genre de femme? Vous pourriez être surpris par la réponse, peut-être.

D'ailleurs, n'y a-t-il pas de sentiments plus désagréable que de voir la situation nous échapper, lorsque nous pensions avoir un contrôle presque parfait ? J'en suis coupable: j'aime planifier, j'aime que les choses se passent comme je le veux, dans le mondre détail. Mais n'est-ce pas détestable lorsque tout ce que vous controliez se retourne contre vous, vous révèle tout les défauts de votre plan que vous pensiez si infaillible?
Que reste-t-il, par ailleurs, lorsque tout ce que nous pensions contrôler s'est effondré, parti en fumé? Que reste-t-il à l'Homme, erre-t-il, désemparé, sans but, dans l'espoir de reprendre la main sur une situation dont-il n'est plus le maître?

Ce sont des questions auxquelles je n'ai pas de réponse, et n'attends pas que vous en ayiez. Néanmoins, elles existent, et tourmenteront ma conscience pour quelques temps. Je les couche sur papier dans l'espoir que, peut-être, elles me laissent en paix.

Pardon pour cette ouverture plutôt longue et peu réjouissante.
J'imagine que j'ai, d'une certaine manière, répondu à vos interrogations sur ma vie personnelle. Elle est bien banale, et je doute que vous souhaitiez en entendre plus sur mon quotidien des plus ordinaires.

Je suis ravie que vous vous ouvriez à moi pour ces confidences. Je serais gardienne de vos mots, sachez-le.
Que vous me parliez de notre cher ami ne me dérange pas. Malgré la rancoeur que je peux porter pour lui, eh bien, je réalise que cet ami me manque. S'il savait pour nos lettres, je vous aurais bien dis de lui glisser un mot de ma part, mais je ne suis même pas vraiment sûre d'en avoir vraiment envie. Me contenter de ses nouvelles par votre intermédiaire me suffira pour l'instant.

Qu'est-ce qu'une âme, de toute manière? C'est un concept, flou, qui dirait qu'après la mort une part de nous existe encore. Si c'est cela, être un corps sans âme pourrait exister. Mais sans âme, pourrions-nous nous poser la question de savoir si nous en avons une ou non? Je ne crois pas vraiment à ses histoires d'âme, à vrai dire.
Le passé nous suivra jusqu'à la tombe. Il peut-être notre ennemi, notre démon, prêt à nous donner un coup de couteau dès que nous trébucherons. Ou alors, nous pouvons accepter ce passé et aller de l'avant?

Le monstre sait-il qu'il est un monstre, par ailleurs?

Je ne suis pas du genre à prier, mais si par hasard, j'en arrivais là, soyez-en sûr, vous aurez une place de choix parmi celles-ci.

votre très chère Anne.

Ceci n'est pas vraiment une menace, mais un conseil. Laisse Lichuan tranquille. Tu sais bien que je te hais autant que tu me jalouses. Tu sais bien que Lichuan te déteste, lâche l'affaire et passe à autre chose. Tu peux sûrement détourner un autre gosse ou deux pour faire de vilaines choses. Serieux, tu te fais vieux, tu devrais tourner la page. Lichuan ne t'aime pas, sinon il irait voir des concerts de K-pop avec toi, ferait de la peinture avec toi ou des trucs qu'on fait quand on aime bien quelqu'un.

Enfin ça tu ne peux pas le savoir vu que personne ne t'aime, d'ailleurs ca me fait de la peine, du coup je t'offre cette petite peluche. C'est un pingouin, on dit que c'est très protecteur et très loyal. Je suis content de pouvoir t'aider, par contre, si tu ne m'écoutes pas, compte pas sur ton pingouin pour te sauver la vie quand je débarquerai chez toi. Tu connais la roulette russe ? Un jeu de hasard qui fera sûrement plaisir à ta rotule. Bien sûr, si tu m'écoutes tu devrais avoir une longue et belle vie, enfin presque si tu vois ce que je veux dire.

Bisous Sherkan et profite du beau temps.


Ps1 : Si tu veux me parler, mon bureau est ouvert.

Ps2 : Tu sais Lichuan parle beaucoup et je te déconseille de m'agacer de trop.

Ps3 : Je trouve que Nikolaï est un très joli prénom pour un pingouin.

Ce serait mentir de dire que je suis choqué. Je n'irais pas jusqu'à dire que je m'en doutais mais ta nouvelle ne m'étonne pas. Il m'est arrivé de m'inquiéter pour toi comme je m'inquiète parfois pour mes frères. J'ai observé tout ce temps tes fréquentations parfois limites, j'ai eu peur qu'elle entraîne vers le bas l'homme que tu es. Maintenant que tu m'annonces ton départ sans que je ne puisse rien faire, je me hais d'avoir raison.

Ta présence me manquera. Ma capacité à faire confiance aux autres n'est pas plus élevé que la tienne et dans ce pays étrange, tu es l'un des seuls que j'ai un jour réussi à considérer comme un ami. Le ministère ne va paraître que fouillis sans toi, le latin reprend sans broncher sa place de langue morte. J'aurais aimé pouvoir t'aider mais je ne suis pas naïf. Tu es quelqu'un que je respecte, tout comme tes choix même s'ils sont en désaccord avec mes principes. Tu vis ta vie comme tu l'entends, tu sais que je ne te jugerais jamais.
Les amis ne se jugent pas.

La situation est critique, il n'y a plus rien que je puisse faire sauf accepter de te rendre ce dernier service. Pour toi, je veillerais sur Lichuan comme je veille sur mes frères. Je sais que sa situation n'est pas simple – en tant qu'auror, tu te doutes que je connais les grandes lignes de cette histoire – mais je te promets de faire mon possible pour qu'il reste en vie, pour qu'il aille bien.

J'espère te revoir. Tu me connais, je suis patient. Si tu reviens, même d'ici une dizaine d'années, n'hésite pas à sonner à ma porte. Que ce soit en homme libre ou en fugitif, quoi qu'il arrive je t'accueillerais.

Ton ami, Nikolaï.

Les jours se succèdent avec une routine digne de l'enfer. J'ai trouvé dans ta lettre un réconfort inespéré, sous-estimant le bonheur d'avoir un ami même s'il me semble aujourd'hui à l'autre bout du monde. J'espère que tu prends soin de toi, je ne supporterais pas qu'il t'arrive malheur. L'idée que tu sois dans une ville où tu es roi face aux mangemorts étrangers est rassurante. J'ai vu sa beauté une seule fois alors que plus jeune, je partais à la rencontre de quelques camarades français pour une journée qui ne laissait aucune place au tourisme. Si je trouve un jour le temps de venir te voir, montre-moi comme je te montrerais un jour Moscou et ses places magnifiques à la puissance passée.

J'ai tout mis en œuvre pour mener à bien la mission que tu m'as confiée. Je tiens d'ailleurs à te rappeler que si tu as besoin de quoi que ce soient d'autres, tu ne dois pas hésiter un seul instant à m'en parler. Il me reste toujours quelques contacts qui pourraient se rendre utile. Peut-être, je ne suis pas sûr. La mafia n'a pas la même influence dans notre monde – hélas – mais je ferais toujours le maximum pour t'aider.

Abuse de mon hospitalité autant que tu le souhaites, avec ou sans vin. Ta présence et tes conversations sont pour moi ce que la France a créé de mieux. Tu es quelqu'un de bien, mon ami, et ça malgré tes erreurs passées. On en commet tous, nous sommes peut-être juste un peu moins blanc que beaucoup d'autres.

À très bientôt. Ici ou là-bas, peu m'importe.
Ton ami, Nikolaï.

Je suis désolée de ne pas avoir répondu à votre lettre plus tôt. Je n'ai pas d'excuses - mais ce n'est pas vraiment pour ça que je vous écris.
Je dois avouer que nos courriers réguliers me manquent. Malgré ce que vous avez pu faire - l'homme que j'ai vu dans les lettres est aussi une part de vous. Mais trêve de paroles vaines.

Cela va peut-être vous surprendre, mais j'aurais besoin de vous conseils.

J'ai besoin de me "venger" d'une personne - un certain russe ... - de manière à lui donner une leçon qui lui passe l'envie de répliquer. De manière légale. Ou presque. Rien qui n'implique de séquelles à vie par contre. J'insiste.

J'espère que tout se passe bien pour vous.

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PS: Vraiment. Aucun dommage corporel majeur. Je ne suis pas et n'ai pas l’intention de devenir une criminelle en fuite. Merci.