Secret du moment


A. LICHUAN WHITELAW
(TROUVÉ)

Finalement, tu as plus de points communs avec Lone que tu ne le prétends.

Alors, vous savez ce que c'est ?
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Victory E. Willard
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MessageSujet : Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyMer 25 Mar 2015 - 23:00

We're all trying to be somebody else

You can't hide your tears in wealth
When your heart knows you hate yourself

Ses yeux parcouraient encore et encore les lignes rédigées à l’encre monochrome, incrédules. Après des semaines de silence, il avait osé. Et Victory n’était pas tout à fait sûre de vouloir accepter ça.

Elle pensait rêver ; nager en plein délire ou quelque chose d’approchant. Après tout, après la découverte qu’avait faite Basile sur le compte d’Aloysius, Victory avait été dévastée – et le mot était loin d’être une hyperbole. Incapable de réagir rationnellement et mue par l’instinct brusque et subit de vouloir lui faire mal autant qu’il l’avait heurtée, elle lui avait écrit une lettre et avait prié pour ne plus jamais voir un jour le visage ni même l’écriture de l’asiatique. Pas seulement parce qu’elle n’avait aucune idée de la propension de ses réactions quand celles-ci étaient profondément guidées par les ressentiments et la rancune, mais surtout parce que la probabilité qu’elle puisse lui pardonner après tout ça l’effrayait tout autant. Elle n’était pas cruche, elle n’était pas naïve, elle en avait vu à tour de bras, des gens se moquer de sa confiance. Mais là, assise sur le rebord de sa fenêtre, à tenir dans ses doigts tremblants la carte postale ostentatoire envoyée par son très cher traître d’ami, Victory ne savait plus réellement à quel saint se vouer pour espérer ne pas regretter son choix.

Au fond l’anglaise aurait du s’y attendre : Lichuan Whitelaw n’avait jamais réussi à bien longtemps lui être docile. Il n’était pas connu pour son obéissance, pas plus que pour son respect de la bienséance et du politiquement correct. Froisser l’opinion publique et donner des coups de pieds dans les conventions sociales étaient deux de ses jeux favoris. Victory aurait pu avoir le cœur à en rire avec lui si les choses entre eux ne lui évoquaient pas l’amer goût de la trahison. Celui-là, il prenait le dessus sur tout le reste. Tous les souvenirs, heureux et moins heureux, toutes les fois où ils s’étaient chamaillés comme des enfants, tous les instants où parfois, Lichuan redevenait Aloysius, l’adolescent qui chérissait autant sa présence qu’il prétendait la mépriser.

Alors qu’il ose lui envoyer cette carte postale sonnait comme la provocation la plus réussie à ce jour. Mais ce n’était pas grand-chose par rapport à cette fin magistrale, celle où il annonçait fièrement qu’il la menait encore en bateau et qu’en réalité il était là, bien plus près d’elle qu’elle ne l’aurait cru. Il attendait, en bas. Il attendait un simple geste de sa part et il avait diaboliquement bien calculé son coup. Oh, il pouvait se targuer de la connaître suffisamment pour savoir qu’elle n’aurait absolument pas reculé devant une telle confrontation. A vrai dire elle en avait même besoin : il devenait presque urgent, vital de pouvoir mettre un mot face à lui sur ce qui s’était passé.

La brune s’était levée, avait abandonné le rectangle de papier cartonné au sol. Elle se voyait marcher vers l’escalier comme si cette décision n’appartenait plus complètement à son esprit mais à une force autre qui lui était inconnue. Victory n’avait pas la moindre envie de se faire piéger, pourtant elle fonçait droit dans la gueule du loup sans hésiter. Une milliseconde, la crainte de devoir essuyer une nouvelle farce l’étreignit et finalement elle ouvrit la porte.

Son souffle la trahit instantanément : un soupir – non-identifiable, pesant en réalité tout le soulagement qu’elle pouvait éprouver à cet instant – franchit ses lèvres. Il se tenait là, Lichuan. Offert à elle, ne manquait plus que sa main tendant un bâton imaginaire pour se faire battre.

Elle aurait voulu lui refermer la porte au nez, lui cracher d’aller se faire foutre, le menacer d’appeler le Ministère directement. Mais rien ne vint. La gifle, suite logique après un mois d’absence et de haine farouchement entretenue, retentit en guise de salutation, laissant une trace rougissante sur la joue de Whitelaw. Sa main était partie toute seule, comme une seule entité concentrant toute la rancœur accumulée au fil des jours. Quand bien même elle aurait cherché à lutter contre son coup de sang, la jeune femme n’aurait pu le museler éternellement. Celle-là, il l’avait mérité. Pourtant la suite ne fut pas celle à laquelle tout spectateur se serait attendu. « Rentre. » Sa voix n’avait jamais été aussi glaciale avec lui. Elle était d’outre-tombe. C’était peut-être la vraie première fois qu’elle lui parlait sur ce ton qui ne supporterait pas la moindre contradiction. Elle donnait tout à coup l’impression d’être loin, Victory, si distante de lui bien que pourtant si proche physiquement. Il n’y avait plus rien elle dans cette aura autrefois si chaleureuse qui émanait d’elle. Elle n’était plus qu’un mur infranchissable, une barrière blindée par la peur d’être déçue une énième fois, tout simplement parce qu’il l’avait blessée. Il n’y avait pas besoin d’être psychomage pour le comprendre ; elle n’avait pas cette lueur vivace qui habitait normalement son regard ambre. Ses yeux avaient cet éclat métallique, froid, durci par un maelstrom de colère et de frustration. En dix-sept ans d’amitié controversée, il n’avait sans doute jamais été donné l’occasion à Lichuan d’explorer cette dangereuse facette de sa personnalité. Explosive, la brune avait su l’être par le passé, mais cette fois-ci la fureur couvait sous une épaisse couche de givre.

Quand elle s’écarta de l’entrée pour le laisser passer, la jeune femme dévoila le vestibule dont toutes les portes avaient été étrangement closes, ce qui confinait à la pièce une atmosphère religieusement privée. Après tout, il n’était plus vraiment cet intrus familier qu’elle tolérait dans sa vie. Il n’avait plus à accéder à son intimité comme bon lui semblait. Ce privilège, il l’avait sottement perdu à la seconde même où il avait songé pouvoir lui mentir.

Et il n’aurait pas l’occasion d’aller bien loin. A peine l’asiatique eut-il franchi la porte de la maisonnée que celle-ci se referma dans un bruit sourd, le regard de Victory le cueillant sans douceur. « T’as cinq minutes pour t’expliquer. Et ne t’avise pas de me prendre pour une conne. » Trois cent secondes, un nombre qui paraissait à la fois bien assez et si peu pour rattraper le désastre qu’il avait créé à lui-seul.

A. Lichuan Whitelaw
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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptySam 4 Avr 2015 - 14:54

It's not a war

No, it's not a rapture
I'm just a person, but you can't take it

Seul, prostré face à la porte obstinément close, Lichuan se laissait bercer par l'incertitude.

Malgré lui, malgré tous ses efforts pour convaincre sa conscience qu'il maîtrisait parfaitement la situation, il était forcé d'avouer que les dernières semaines avaient été plus riches en mauvaises surprises qu'en bonnes nouvelles. Son bras arborait crânement la preuve d'une vie consacrée aux pires mensonges, ceux capables de briser une amitié ou même plusieurs. Son bras était une accusation. Les mots formaient une ronde folle sous son crâne, mille voix mêlées s'amusaient à lui susurrer sournoisement qu'il n'était plus obligé de faire semblant puisqu'une main invisible avait fait tomber le masque. Lichuan imaginait avec une facilité insolente les traits de son visage devenir pour toujours associés à cette exclamation haineuse, Traître ! Mais il s'en moquait : il était un affranchi. Nul être, nulle morale ou conscience ne l'emprisonnait. Dans son malheur, Lichuan était profondément heureux car les voix avaient raison. Il n'était plus obligé de faire semblant puisque la détermination inébranlable de Basile alliée à l'omniprésence de Celui-qui-Sait avaient fait tomber le masque.
Si la fuite était rapidement devenue sa seule option, on ne pouvait plus le forcer à mentir.

Nonchalamment adossé au mur mille fois longé en silence pour se réfugier entre les quatre et quelques murs de l'antre familière, Lichuan avait croisé les bras, se contentant d'attendre avec une patience infinie. Ses doigts pianotaient distraitement à l'emplacement de sa Marque des Ténèbres, une empreinte à la fois indélébile et vide de sens à présent. Il s'apprêtait à se laisser glisser au sol, prêt à demeurer assis là toute la nuit si les circonstances l'exigeaient, lorsque la porte s'ouvrit, dévoilant la silhouette bien connue de Victory Willard. Autrefois, il aurait eu l'audace de prétendre qu'ils étaient amis. Désormais, alors qu'elle le fixait avec une lueur froidement meurtrière au fond de son regard habituellement vif et acéré, il réalisa que rien n'était moins sûr, comme il se rendit compte qu'elle lui avait manqué. À cet instant précis, tandis que la jeune femme semblait s'être métamorphosée en cruelle inconnue, Lichuan devina qu'il n'aurait pas su rester loin d'elle bien plus longtemps. Il était si égoïste.

« Vic—, commença-t-il d'une voix dont il s'efforçait de chasser les habituelles notes insolentes afin de ne pas la vexer mais la main qui s'abattit violemment sur sa joue se chargea de l'interrompre. » À peine surpris, Lichuan l'encaissa comme il s'était attendu à devoir encaisser la pluie de reproches, la haine presque perceptible, la rancœur absolument justifiée. Mais il ne put s'empêcher de songer douloureusement qu'il aurait dû se préparer à pire encore. Rien ne semblait pouvoir égaler le mélange confus d'émotions qui se bousculaient dans ses yeux. Mea culpa, mea maxima culpa, pensa-t-il distraitement en n'osant pas frotter sa joue endolorie, comme si ce simple geste pouvait être une offense à son indignation. « Rentre, fit-elle du même ton qu'elle aurait pu lui dire : Casse-toi. » Contraint à la docilité par la distance infranchissable qu'elle mettait entre eux, Lichuan obtempéra sans broncher, s'engouffrant à l'intérieur d'un pas léger. Il était tel celui qui pénètre pour la première fois dans un lieu sacré, ce qui ne lui parut finalement pas si absurde lorsqu'il découvrit que toutes les portes avaient été fermées comme si Victory possédait un trésor inestimable à protéger ; et Lichuan sut, il le sentit, que c'était la vérité.
C'était son intimité que la jeune femme défendait en la lui refusant.

Un sourire vide étira ses lèvres alors qu'il croyait vaguement entendre le bruit d'une porte qui claque dans son dos. S'il avait été plus prompt à ressentir des émotions, cela aurait été de l'amertume qui aurait assombri ses traits. Mais Lichuan était cassé à l'intérieur. Il aurait été vain de s'attendre à ce qu'il réagisse comme une personne normale, ce qu'il avait cessé d'être il y a une éternité. Il espérait secrètement que Victory parviendrait à le deviner seule. Les explications étaient insolemment faciles à confier mais les entendre poussait souvent les gens à le détester, à le haïr. Il se retourna vivement, se décidant à croiser le regard de la brune et celui-ci eut plus d'impact que toutes les claques du monde. Alors c'était donc ça.
Un regret.

« T’as cinq minutes pour t’expliquer. Et ne t’avise pas de me prendre pour une conne. » Lichuan se contenta de hocher doucement la tête. Trois cent secondes. C'était plus qu'il ne lui en fallait pour bâtir les fondations d'un nouvel empire.

« Un petit merdeux qui n'a pas su assumer le rôle qu'il me réclamait avec arrogance a trouvé judicieux de me dénoncer aux autorités sans savoir que je possède en ce domaine bien plus d'expérience qu'il ne pourra jamais en rêver. » Dix secondes. Les mots jaillissaient de sa bouche en cascade. Lichuan était étonné de découvrir que la vérité était incroyablement facile à livrer. « Comme s'il fallait nécessairement équilibrer la balance, Celui-qui-Sait a jugé drôle de dévoiler ce léger détail au monde entier. Mais je devrais plutôt remercier Basile, n'est-ce pas ? » Une minute. Il eut l'audace d'afficher un sourire à la fois dépité et amusé, haussant les épaules comme pour dire : Au fond, je m'en fiche. « Ceux qui ne m'ont pas tourné le dos en apprenant que j'étais un Mangemort, notamment parce qu'ils le sont eux-mêmes, adoreraient sans doute se faire servir ma tête sur un plateau d'argent maintenant qu'ils savent que j'ai vendu des informations à l'Ordre du Phénix, et je n'ose pas compter sur ces derniers pour m'offrir une protection en guise de remerciement pour mes loyaux services. Je ne les connais pas assez. » Deux minutes trente. « Je suis cerné de tous les côtés. » Trois minute. « Est-ce que j'ai aussi mentionné le fait que j'ai complètement foiré mon coup après plusieurs années passées à alterner entre les deux camps sans jamais me faire prendre mais qu'il a suffi d'un ridicule mois pour tout envoyer en l'air ? Parce que c'est le cas. » Cinq minutes.
Comme un jongleur avec des torches enflammées, il s'était brûlé les ailes.

Il aurait peut-être aussi dû évoquer sa rencontre décisive avec Sherkan, les trois années qu'il aura passer à exécuter le moindre de ses ordres, la réalisation brutale, la folie naissante, la véritable allégeance de Jessie, ses propres motivations qui ne cessaient de changer, sa fuite du Ministère, le fait qu'il avait lui-même recruté Zahari avant de l'abandonner, la mémoire envolée, dans une ruelle sombre de Pré-au-Lard, la silhouette rousse qui semblait le suivre, guettant le moindre de ses mouvements, la vendeuse à la chevelure écarlate de la librairie et le reste, tout le reste. Mais le temps lui manquait. Victory lui avait accordé cinq minutes et il était impossible de résumer à quel point il avait géré sa vie de manière désastreuse en cinq minutes, bien qu'il était forcé d'avouer qu'il avait encore eu moins le temps de s'ennuyer.

« Je ne t'ai jamais pris pour une conne, Vic. J'ai toujours su que tu allais finir par le découvrir un jour. J'espérais simplement... » Il se tut un court instant en réalisant qu'en fait, il— « Je ne sais pas ce que j'espérais. »

Parfois, le changement avait du bon. Peut-être que Victory serait capable de le voir elle aussi. Ils n'avaient jamais été semblables. Et pourtant, ils avaient tenu. S'il y avait encore la moindre chance pour que les morceaux soient recollés, Lichuan la saisirait, quitte à se couper en ramassant les bouts les plus tranchants, quitte à exposer son âme dans sa plus nue vérité.
Il lui devait bien ça, après tout.

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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyMar 7 Avr 2015 - 0:07

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Au moins avait-il la décence de ne pas parader comme le coq prétentieux qu’il avait toujours eu l’habitude d’être en sa compagnie. C’était presque perturbant de le voir s’avancer, lui obéir sans rechigner, sans la provoquer en retour. Comme s’il savait parfaitement que sa présence ici ne dépendait à cet instant fatidique plus que de sa volonté à elle, et que le moindre débordement l’aurait fait chuter du fil fragile sur lequel il dansait. Autrefois funambule habile, il avait fini par vouloir voir trop gros et il avait perdu. Il l’avait perdue elle, et tous ceux qui s’étaient acharnés à défendre sa misérable peau. Et puis comme si un seul coup de massue ne suffisait pas, l’ombre de Celui-qui-savait avait laissé choir un second couperet. Et Lichuan Whitelaw avait alors définitivement vu le sol se dérober sous ses pieds. Plus personne de son côté, seul contre tous, il avait définitivement signé le dernier échec – le plus lourd de conséquences.

Etait-ce pour cela qu’il était là, face à elle, prêt à récolter ce qu’il avait semé ? Etait-ce parce qu’il était acculé, qu’il n’avait plus le choix, qu’il avait été forcé d’aller quelque part qu’il se retrouvait ici ? Victory ne savait pas si elle devait s’en trouver honorée ou insultée. Elle n’avait tout simplement pas envie d’analyser les tenants et aboutissants de toutes les folies qui faisaient d’Aloysius l’étranger qu’il était.

Les cinq minutes ne représentaient qu’un ultimatum intangible, une limite impalpable ; mais il les prit en compte de manière quasi-scolaire. Elle-même ne comptait guère ces trois cent secondes dans sa tête. Elle préférait écouter, car pour la première fois depuis longtemps, Lichuan allait enfin être sincère. La rentière ne souhaitait pour rien au monde rater cela, alors elle tendit l’oreille, le dévisageant sans relâche tandis qu’il parlait, parlait, épuisait ses oreilles de détails et d’informations qui pleuvaient sur elle comme autant de grêlons rocailleux.

L’honnêteté faisait parfois mal, et de la part de l’asiatique, l’euphémisme était de mise. Victory avait la sensation dérangeante qu’aucune de ses interrogations n’avait été véritablement satisfaite, que ses angoisses avaient été au contraire décuplées et qu’on avait tout simplement joué à attiser sa colère pour la préparer à mieux imploser par la suite. Sans s’en rendre compte tout de suite, l’anglaise perçut une douleur au niveau de ses mains qui s’expliqua rapidement par la blancheur irréelle de ses phalanges, plus compactes que deux poings de granit. Elle relâcha d’elle-même la tension dans ses doigts, quitta Lichuan du regard, et rompit enfin le silence. « Je te remercie de ta réponse. » Ces remerciements sonnaient davantage comme un crachat à la figure, et même la politesse accrue qui s'en dégageait n'avait pas l'air méliorative. A la surprise générale, cette fois-ci, une deuxième et dernière claque retentit même sur la joue du Mangemort. « La première était spontanée, la deuxième, c’est parce que t’es un véritable enfoiré. » articula t-elle, la mâchoire crispée, le regard métallique. Ce n’était que bien peu de dégâts physiques par rapport à la furie et à l’envie brute, pure et physique de le blesser qu’elle avait éprouvé quand Basile lui avait annoncé la nouvelle.

Par quoi commencer ? L’impulsivité qui coulait dans ses veines parla pour elle, et la brune commença alors lentement à faire les cent pas autour de l’asiatique, ne le lâchant pas d’un pouce, ses iris vissées dans les siennes avec une volonté d’airin. « Remercie Basile, oui. Remercie-le chaque jour que Merlin fait de ne pas t’avoir trouvé et envoyé croupir à Azkaban. Remercie-le pour ça et pour le simple fait que tu puisses encore respirer et venir jusqu’à chez moi. » Elle était une lionne en cage, incapable de deviner elle-même à quelle seconde elle déciderait de lui sauter à la gorge.

Et puis finalement, sa voix s’éleva dans les airs, impérieuse, choquée, interdite. « Tu crois que je vais te plaindre ? Que je vais me battre pour toi, que je vais sauver ta peau parce que tu es là, que tu me fais l'honneur d'être présent pour me balancer des années en retard la vérité ? Tu crois que je vais pleurer sur ton sort parce que tu es en danger de mort ? Une petite carte postale, quelques paroles, et tout repart comme avant, hein ? Putain Lichuan, tu m’as menti ! » Si ce n’était que ça. Si ce n’était que des omissions, que des non-dits sans intérêts. « Et t’as beau jurer que tu te fous pas de moi, j’ai plus rien pour te croire ! Tes mots, c’est du vent. » Ce n’était pas la première fois qu’elle le pensait, mais sans doute la première fois qu’elle le disait. Et pourtant la jeune femme n’avait jamais conçu chez son ancien ami un sens aigu de la promesse. « Je ne te pardonnerai pas comme ça, pas cette fois. Je ne sais même pas si j’en ai réellement envie. Ce serait mieux pour tout le monde, en fin de compte. Que tu disparaisses une bonne fois pour toutes. » Elle suspendit ses pas, détachant douloureusement son regard du sien. Ses paupières s’abaissèrent, la forçant à refouler l’inutile et idiote montée de larmes qui aurait pu surgir – et qui aurait été on ne peut plus malvenue.

Victory se reprit, inflexible au possible. Ce rôle d’interrogatrice froide et extérieure lui allait bien. Il l’empêchait de se laisser aller à des pensées plus triviales et de verser dans le sentimentalisme. Elle s’interdisait formellement d’agir avec Lichuan comme elle l’aurait fait en temps normal : elle le traitait comme un inconnu, une pièce rapportée non identifiée qu’il lui fallait classer pour de bon. « Je veux des réponses. Ca fait combien de temps que tu es Mangemort ? Pourquoi est-ce que tu les as rejoints eux en premier ? » Une goulée d’air vint éteindre sa voix et ralimenter le feu qui brûlait sa gorge. La prochaine question lui demanda un effort considérable mais Victory préférait encore savoir plutôt que vivre dans le mensonge absolu, quitte à se faire du mal inutilement. « Combien de personnes tu as tué ? » Elle ne voulut pas lui laisser le temps de protester, précisant sa question d’un ton qui ne supporterait ni la réplique ni la facétie. « Combien de moldus, combien de sorciers ? »

A. Lichuan Whitelaw
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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyMar 7 Avr 2015 - 21:15

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Sa rare honnêteté, cette vérité triste à en pleurer, pire que ça même, à en rire de dépit, ne servait qu'à nourrir la rage folle de Victory, sa rancœur amère, chargeant son regard d'éclairs meurtriers et faisait naître au bord de ses lèvres des mots plus qu'haineux. « Je te remercie de ta réponse, articula-t-elle d'un ton mortellement sérieux et, sans même daigner laisser à Lichuan le temps de réaliser ce qu'elle venait de dire, une seconde gifle s'abattit sur sa joue, atteignant sa cible avec une perfection insolente. » Déstabilisé, Lichuan en oublia presque de dissimuler sa surprise alors qu'il frottait d'une main distraite sa joue endolorie ; la douleur était pathétiquement superficielle mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir stupidement indigné par la répétition inattendue du geste, bien qu'il devinait confusément qu'il le méritait. « De rien, lâcha-t-il, sorte de grognement à peine audible tandis que Victory assénait ses sentences comme une condamnation. » Véritable enfoiré. La manière dont elle le prononçait laissait supposer qu'elle aurait aimé lui réserver un châtiment mille fois plus sévère qu'une simple claque.

Il demeura figé au milieu de la pièce, statue de sel sur le point de prendre vie qu'une colère légitime inquiète, alors que Victory commençait à suivre scrupuleusement le tracé d'un cercle imaginaire autour de lui. Leurs regards obstinément ancrés l'un à l'autre semblaient être le dernier lien qui les unissait alors que la bouche de la jeune femme laissait couler un flot de paroles qu'il devinait cruellement spontanées. Malgré lui, malgré tous ses efforts pour rester stoïque, Lichuan ne put s'empêcher de sourire en pensant qu'il serait en effet de très bon goût d'envoyer une carte de remerciements aussi grandiloquents qu'hypocrites à Basile. « J'ose espérer que vous ne m'en voulez pas trop pour avoir effacé la mémoire de votre unique témoin... »

« Putain Lichuan, tu m’as menti ! » Le juron, pourtant peu inhabituel lorsqu'il émanait de Victory, le fit se tendre instinctivement. Les mots tournent comme une ronde folle sous son crâne alors qu'il tente vainement de les analyser, d'en saisir le sens profond. De comprendre. Le plaindre ? Se battre pour lui ? Il n'en demandait pas tant, non ; il n'avait pas la prétention de croire que sa vie valait quelque chose. Il était tel le lapin blanc d'Alice au Pays des Merveilles : en retard, terriblement en retard. Mais il osait encore penser que ce n'était pas que de sa faute : il s'était simplement perdu en chemin, à un endroit si étrange que personne n'avait pensé à venir le chercher là-bas.

Enfin, les questions jaillirent avec un naturel désarmant. Lichuan avait craint un bref instant qu'elle ne se sente obligée de tourner autour du pot comme elle avait tourné autour de lui, proférant des menaces, assénant des sentences, probablement dans l'attente qu'il réagisse, peu importe la manière. Ce fut avec une extrême douceur qu'il lui répondit, un sourire amer ornant ses lèvres alors que sa mémoire lui évoquait l'image d'un défilé incessant de visages, et d'un visage en particulier, de la chaleur du sang frais sur ses mains et de l'ivresse du pouvoir, si vite retombée.
La déception glaçante qui succède à l'hystérie des meurtres.
La lucidité que l'on chasse pour mieux se noyer dans la belle illusion..

« Je suis tombé amoureux. » L'approche était inhabituelle mais pourtant empreinte d'une sincérité troublante. « J'avais dix-sept ans et il en avait vingt-quatre. C'était le genre d'hommes dont je ne m'attendais pas à retenir l'attention. Intelligent. Cultivé. Il disait qu'il n'avait jamais aimé comme ça avant moi. Qu'il ne supporterait pas que l'on soit séparés. Je n'ai pas été très difficile à séduire. Ni à convaincre. J'ai pris la Marque cet été-là. Je confondais mes désirs avec ses ordres. Il a testé mes limites comme on démonte une marionnette. Jusqu'au point de rupture. » Les phrases brèves ne suffisaient pas à étouffer la haine brûlante qui l'envahissait soudain, animait son regard d'une lueur mortelle, le poussait à serrer les poings alors qu'il les imagine serrés autour du cou de... « Sherkan Rougemont. C'était son nom. Mais il est mort à présent. Cancer. » Il était étonnant de constater à quel point Lichuan se raccrochait à ce maigre espoir, allant jusqu'à l'ériger en vérité impitoyable comme pour le doter des couleurs de l'évidence.
Sherkan était mort. Il n'avait plus aucune raison de s'inquiéter. De toujours surveiller ses arrières.

« Je n'ai jamais autant tué que durant les trois ans où nous avons été ensembles. Il suffisait qu'il me le demande et je m'exécutais. Après, c'est plus flou. Je ne saurais pas te décrire ce qui s'est passé dans ma tête lorsque j'ai réalisé, que Sherkan ne l'aimait pas, qu'il avait tout donné, tout perdu, pour rien, mais cela m'a poussé à renoncer au meurtre. Parfois, j'y étais forcé. Pour ne pas griller ma couverture. J'ignore combien, Vic. Je refoulais tout. Je me souviens simplement que le premier homme que j'ai assassiné était comme moi. Un traître. »

Sans doute paraissait-il décevant maintenant. Sans doute espérait-elle un chiffre précis, une liste de noms. Un vide à combler. Une curiosité malsaine à satisfaire. Mais lui-même frôlait la crise de panique à chaque nouvel assassinat et les mots charmeurs de Sherkan se chargeait d'étouffer la révolte naissante.
Il faisait exprès d'oublier.

« C'est ce que tu veux ? s'exclama-t-il soudain d'un ton affreusement neutre, qui ne trahissait rien de ses pensées, même les plus évidentes. Que je disparaisse pour de bon ? Parce que je peux encore le faire, tu sais. Je peux franchir cette porte et t'offrir l'assurance que tu ne me reverras jamais. Si tu le désires... » Sa voix semble s'éteindre alors qu'il réalise que la réponse de Victory pourrait être positive. « C'est ce que je choisirais. Je peux difficilement me supporter moi-même, alors... »
Parce qu'il se proposait lui-même de partir, peut-être comprendrait-elle que c'était sa dernière chance de le chasser de sa vie sans même faire l'effort de crier.

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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyVen 10 Avr 2015 - 11:58

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Aloysius parlait, et plus il parlait plus il portait bien son premier patronyme. Quand elle l’écoutait, elle avait cette pointe au cœur, cet arrachement tonitruant de souvenirs qui lui remémoraient à quel point, ironiquement, ils étaient tous deux capables de commettre de grossières erreurs de jugement pour les mêmes stupides raisons. Lui aussi, il avait été amoureux ; et il avait fait n’importe quoi pour préserver ce sentiment illégitime qui était né en lui. Il avait eu sans doute peur, si peur que tout ça soit faux, comment pouvait-il alors douter qu’après tout ce qu’il ait fait pour l’autre, il puisse s’être trompé ? Victory le comprenait trop bien, trop pour pouvoir le juger là-dessus. Cependant la rentière eut un froncement de sourcils interloqué à l’entente d’un nom qui, en dépit de toutes les possibilités, n’avait selon elle rien à faire dans cette conversation. « Sherkan ? » répéta t-elle, comme si ce mot n’existait pas, comme s’il n’était que l’association hasardeuse de syllabes mal choisies. « Sherkan Rougemont ? » Mort ? Cancéreux ? L’incompréhension s’effaça pour l’incrédulité et à nouveau l’emportement. « Incroyable. T’oses encore me mentir à la gueule sans ciller. Bien sûr que non, il n’est pas mort. » Et dans sa voix, le regret se mêlait à la colère – car pour Victory, il n’aurait guère été douloureux de perdre un homme comme lui dans ce monde.

« Je le connais, figure-toi. Assez pour savoir que t’as rien à gagner à côtoyer une ordure pareille. » Sherkan Rougemont faisait figure d’exception plutôt hors du commun parmi tous les hommes suspects qui avaient pu rôder autour d’elle pour un intérêt quelconque. Qu’il cherche à la manipuler pour son bien personnel n’était pas quelque chose d’étonnant – dans son monde, c’était même plutôt monnaie courante. Mais l’aptitude qu’il avait à mentir et à retourner les situations à son avantage était phénoménale. Il était le mensonge incarné à lui seul, capable de se faire croire à lui-même que tout allait bien, qu’il n’était pas mortel. Il était dérangeant à un point où Victory avait fini par le faire suivre et tenter d’en savoir au maximum sur ce personnage dangereux. Découvrir qu’il avait été à l’origine de la folie de son ami ne la surprenait qu’à moitié, maintenant que les pièces du puzzle s’assemblaient avec celle qui manquait depuis des années. Une lumière s’était faite quelque part, mais elle n’était pas réjouissante – ni pour Victory, ni pour Lichuan. Rougemont n’était donc plus seulement une enflure de première doublée d’un arnaqueur magistral, c’était aussi, en quelque sorte, un Mangemort.

Après tout cela, que pouvait-il advenir de Lichuan Whitelaw ? Qu’est-ce qu’elle pouvait faire de lui ? Elle qui était toujours intimement persuadée, d’une manière ou d’une autre, d’être la sauveuse des causes perdues, elle n’était plus tout à fait sûre de pouvoir récupérer quoi que ce soit de bon en lui. Il avait été brisé, on avait recollé ses morceaux de la pire façon qui soit et maintenant il était à nouveau fissuré, fragilisé. La moindre chute supplémentaire ne présageait rien de bon pour lui.

L’image fugace d’un visage adolescent, celui d’Aloysius, se superposa durant une milliseconde à celui adulte de Lichuan. La brune soupira, proprement perdue. « J’en sais rien. » Ce n’était pas un non déguisé, c’était la stricte vérité. Victory Willard aurait préféré qu’un signe du destin lui soit accordé pour savoir quoi faire plutôt que de devoir décider seule, avec ses intuitions en guise d’armes. « Si tu m’avais demandé ça il y a trois semaines, j’aurais dit oui sans hésiter. J’aurais voulu ne jamais te revoir, espérer que tu sois mis hors d’état de nuire. » Là encore elle était honnête, cruellement honnête mais c’était ainsi qu’elle avait toujours été.

« Et puis qu’est-ce que tu feras une fois dehors, mh ? Je veux dire, en attendant que les autorités te coincent et te foutent au trou ? » Attendre la mort, voilà ce à quoi la fuite en avant du traître lui évoquait. Et même si elle le haïssait, même si ce qu’il avait pu commettre dans son passé la répugnait, même si elle ne reconnaissait plus rien de ce qu’elle avait aimé chez lui, Victory n’aurait jamais souhaité qu’il disparaisse. Pas réellement. « C’est à se demander comment tu as pu survivre autant de temps dans la nature, seul contre tous. » Impossible de deviner si la question relevait de la rhétorique ou de la vraie interrogation.

L’anglaise s’était arrêtée de marcher. Elle faisait face à l’asiatique, mais ne voyait pas d’issue claire et distincte. Elle avait simplement besoin de parler, de vider le sac encombrant qui lui pesait sur les épaules. « Tu as tué des gens Lichuan. Tu les as tuées, et tu l’as fait au nom d’idéologies dégueulasses et innommables. Que ce soit pour sauver ta peau ou parce que t’étais amoureux de la mauvaise personne, tu l’as fait consciemment. T’as menti à tout le monde ou presque. » Le lui rappeler à haute voix ne changerait rien, mais pour elle, c’était comme abjurer un démon. Au fil de son monologue, la voix de la jeune femme avait perdu de sa rage. Elle oscillait, tremblant à certains moments. « Quand Basile me l’a dit, quand il m’a expliqué que tu étais – je te jure que j’y croyais pas. Je voulais pas y croire. Parce que qui j’aurais été pour ignorer autant de choses sur toi ? Ok, je me disais, il a toujours été un peu spécial, un peu à part, mais ça fait pas de lui un meurtrier complètement fou ou un sociopathe instable. Quelle idiote, quelle imbécile, quelle profonde et heureuse imbécile j’aurais été, hein ? » L’échec de Lichuan était, quelque part, un peu le sien aussi. Mauvaise amie, pas fichue de lui tendre une main salvatrice au moment où il en avait le plus eu la nécessité. « Je suis pas sûre de pouvoir un jour te refaire confiance. Mais j’ai l’espoir débile de me dire que tu ne viens pas ici seulement pour prendre des claques. » Comme à chaque fois qu’il était revenu à elle. A chaque fois. Toujours pour la même raison, masochiste, celle de s’entendre dire qu’il avait foiré, qu’il avait raté, mais qu’il y avait encore une poussière de chance pour lui. « Est-ce que je me trompe encore une fois sur toi ? »

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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyDim 19 Avr 2015 - 15:45

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« Si. Il est mort. »
Lichuan avait désespéramment besoin de Sherkan mort. De son cadavre à ses pieds. De cette vaine assurance que tout était fini. Pire que ça même, il ressentait l'irrésistible envie de contempler sa chute avec l'avidité d'un charognard. Le teint gris. La lueur maladive au fond du regard. Le dos courbé au-dessus d'une mare de sang que ses lèvres viennent de laisser échapper comme par accident.
Sherkan mort, il pourrait enfin recommencer à vivre.
Sherkan mort, il n'était déjà plus tout à fait vivant.

« J'ai besoin de lui mort, Vic, se contente-t-il de dire d'un ton odieusement neutre. Je jure que je ne te mens pas— plus. Il a un cancer. Ce n'est plus qu'une question de temps, désormais. » La trace d'espoir qui imprégnait sa voix était dérangeante, le rire hystérique qui le secoua tout entier lorsque Victory répliqua, Assez pour savoir que t’as rien à gagner à côtoyer une ordure pareille, faillit presque sonner comme une menace. « Je sais. Je sais. »
Il savait même mieux que personne.

Il n'espérait pas que Victory comprenne. Il n'espérait pas qu'elle cherche seulement à comprendre. Il restait simplement à ses côtés comme il l'avait toujours fait. À Poudlard, il se souvenait confusément qu'elle ne l'avait jamais laissé tomber. Sans doute, non, bien sûr qu'elle se moquait mais Aloysius avait la prétention de croire qu'elle le faisait de manière gentille, affectueuse. Il ne daignait lui accorder que des regards dédaigneux. Au fond, c'était comme avec tout : il s'en fichait. Mais il appréciait sa présence.
Ils étaient amis.

Être honnête était parfois cruel mais les mots de Victory énoncés comme une évidence glissèrent sur lui comme de l'eau sur la roche, sans laisser la moindre trace. À peine le souvenir d'un passage. Demeurer dans l'incertitude était mieux que d'entendre un Non définitif. Demeurer dans l'incertitude était mieux que de faire face à une porte obstinément close. « Il y a trois semaines, je n'étais pas sûr de survivre assez longtemps pour te revoir, avoua-t-il franchement avant de poursuivre d'un ton où il aurait été futile de chercher autre chose qu'une étrange curiosité : Tu penses sincèrement que je me contenterais d'attendre sagement qu'on m'attrape ? Pourquoi crois-tu que je suis ici, Victory ? » Un sourire vide de toutes émotions étira ses lèvres. « Je ne suis pas seul. » C'était la vérité. Pure et stricte.
Il avait Conscience.
Il avait— d'autres personnes chères.

« La vérité, c'est que j'essaie de faire croire que j'ai fui en République Tchèque, consentit-il à dire après un bref instant de silence évocateur. »

Lorsque la jeune femme cessa enfin de marcher, il remercia silencieusement Serpentard. Il était fatigué de la suivre du regard. Il était fatigué d'attendre. Il encaissa ses justes reproches sans broncher. Il les acceptait docilement, plus conscient du fait qu'il avait royalement merdé que de ses actes en eux-mêmes. La fragile frontière entre la décence et l'immoralité, Lichuan ignorait à quel moment il l'avait franchi mais Victory semblait étonnamment bien informé de ce qu'il convenait de faire ou pas. Il choisit donc de lui faire confiance. Il aurait aimé dire qu'il n'avait pas menti, non, que personne ne lui avait posé les bonnes questions mais il jugea préférable de se taire. « Basile, commença-t-il d'une voix étrangement nouée, Basile me haïssait. C'est pour ça. Ça ne fait pas de toi une imbécile. Seulement quelqu'un qui a eu la faiblesse de croire en la parole d'un ami proche. » Il sourit en la regardant dans les yeux. « Merci pour ça. »

« Je suis venu ici parce que je ne savais pas où aller, répéta-t-il lentement comme pour s'imprégner lui-même de cette vérité. Si tu te trompes, j'aurais du mal à te le dire. C'est un pari qu'il faut prendre. »
Parier.
Jouer.
Il se demanda fugitivement si Victory en aurait encore la force et le courage.

Victory E. Willard
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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyMar 21 Avr 2015 - 11:59

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Peut-être Lichuan pensait-il la prendre au dépourvu, faire naître en elle la surprise, l’étonnement, l’émoi. Mais rien. Rien de tout cela ne fit surface sur le visage impeccablement froid et coléreux de la brune. Rien d’autre qu’un cynisme métallique lorsqu’elle débita, la mâchoire crispée, ce qu’elle savait au sujet de Rougemont. « Sherkan cherche un remède à ce cancer depuis des années. Il n’en a pas encore trouvé, mais il se pourrait qu’avec sa maudite chance, il finisse par tomber sur une piste. Et s’il s’en sort – crois-moi, je ne le souhaite pas. Mais si c’est le cas, alors tu feras quoi ? Tu vivras dans le déni jusqu’à ce qu’il te tombe dessus ? » Ce serpent. Ce diabolique animal qui leur filait sans cesse entre les doigts. Pire que d’attraper de l’eau à mains nues. Victory pouvait clairement voir dans chaque détail de Lichuan qu’il le haïssait, lui aussi. A moins qu’il ne se détestait tout simplement d’être encore dépendant à cet homme, infecté par le même virus que celui qui l’avait touché des années auparavant ; qu’il craignait autant qu’il honnissait ces sentiments qu’il avait beau se débattre pour refouler au plus profond de lui.

Elle était bien placée pour savoir ce que ça faisait.

La jeune femme secoua doucement la tête, comme si un détail amusant se rappelait à son bon souvenir. « Et dire que tu te foutais de moi avec Daniel. » finit par ricaner tristement l’anglaise avant de souffler à nouveau, de respirer pour mieux se maîtriser, pour ne pas céder à la panique, aux cris ou à la peur.

Se cacher, faire croire qu’il s’était envolé. Une fois de plus, l’asiatique pensait pouvoir berner son monde comme il l’avait fait durant un temps trop long. A force de se moquer du reste de la population, cela allait finir par lui jouer des tours mortels – et il ne semblait pas plus en prendre conscience que cela, comme si son existence ne lui était pas nécessaire, pas essentielle. Comme s’il avait de toute manière toujours une carte à abattre dans la pire des situations. Victory coupa court brutalement à ces prédictions, d’une voix pleine de raison, presque effrayante tant elle put paraître à des kilomètres de la joyeuse, insouciante et pétillante femme d’affaires. « Ils finiront par s’en rendre compte. Tu ne peux pas vivre comme ça. Comme un fugitif. Ca ne marchera pas éternellement. » Elle ne désirait pas se retrouver à mentir au nez de Basile ou des autorités. Surtout pas à Basile. Lichuan devait affronter d’une manière ou d’une autre ses torts. La fuite n’avait plus qu’une seule issue, peu importe combien de temps elle durerait. Et elle était loin d’être heureuse.

L’anglaise épingla d’un regard réprobateur et peu amène les paroles de l’ex-Mangemort au sujet de sa confiance en l’Auror. « Ne me remercie pas. Je ne veux pas de tes merci, de tes pardons, de tes … je sais pas quoi. Ce que je veux c’est que tu me promettes que tu vas arrêter ces conneries. » expira t-elle. « Je veux que tu les quittes une bonne fois pour toutes, et par « les » j’entends tes putains de copains tarés Mangemorts. Je t’interdis de revoir ne serait-ce que l’un d’entre eux. Tu m’entends ? Un seul. Peu importe lequel. » En serait-il capable ? Vic’ ne voulait pas miser un sou sur cette croyance aussi folle qu’improbable. Il n’avait jamais pu être prévisible, jamais. Pas à un seul moment elle n’aurait su dire, elle qui pouvait peut-être s’estimer autrefois être une amie pour lui, son amie, si ce garçon, cet adolescent, cet adulte face à elle allait faire ce qu’elle espérait de lui. Il était semblable à une flamme, constamment offert au moindre vent, au vacillement le plus dangereux.

La brune ne plaisantait plus, en tout cas ; et ce n'était là que la première de ses doléances. Et si Aloysius ne l’avait pas encore compris, ce fut son dernier geste qui indiqua à quel point elle était sérieuse. Elle traversa la distance entre eux, passa devant lui comme s’il n’était qu’un ectoplasme et apposa sa main sur la poignée de porte qu’elle actionna lentement, avant de laisser entrevoir la lumière du dehors. « Si tu ne me prends pas au sérieux, si tu ne t’en sens pas capable ou si tu penses que c’et une erreur, alors je te laisse dix secondes pour prendre la porte et courir vite. »

Intérieurement, elle priait. Elle se savait sotte, irrémédiablement utopiste et idéaliste, mais elle aurait été horrifiée de le voir partir. Pourtant il n’y avait pas d’autre choix. S’il ne croyait pas en lui, en elle, et en ce qu’il était capable de faire si elle lui tendait la main une ultime fois, elle ne se battrait plus pour lui. Elle rendrait les armes. Peu importe ce qu’il advienne de lui ; elle concéderait cette défaite au goût nauséabond. Elle acceptait de laisser les ténèbres l’engloutir une bonne fois pour toutes. Peut-être que c’était ça qu’il fallait, en fin de compte. Tu pourras refaire ta vie, tu oublieras tout ça. Passer à autre chose, le laisser s’en aller comme un mauvais rêve qui a été trop persistant. Mais il n’était pas un cauchemar. Quand elle le regardait, Victory ne voyait pas qu’un menteur compulsif et un lâche ; elle voyait cet enfant perdu dans un corps d’adulte qui aurait préféré faire de meilleurs choix. Qui regrettait sans savoir comment agir pour réparer des dégâts irréversibles. Qui se noyait en voulant rejoindre la berge, tout simplement. « Sinon, je suis prête à prendre un risque de plus. Peut-être pas le plus payant, mais le dernier de ma vie te concernant, ça c’est certain. » Et s’il acceptait ? Et s’il refusait ? Son cœur battait plus vite, plus fort, à lui rompre les poumons, à lui tordre le souffle.


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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyLun 4 Mai 2015 - 11:59

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Apprendre que Victory connaissait Sherkan le dérangea étrangement plus que lorsque la jeune femme évoqua sa quête désespérée pour une éventuelle guérison. Ses questions ont l'art de frapper là où ça fait mal, là où le déni n'a plus assez de force pour camoufler la vérité, forte et claire. Quelque chose en lui cherche encore à se débattre, à prétendre qu'il suffit d'attendre. Il s'obstine à croire que Victory n'a pas vu la peau grise, les veines apparentes, les yeux flous, cette sorte de carcasse solitaire qui porte le nom de Sherkan Rougemont. Elle ne l'a pas vu et pourtant, elle a raison. À cet instant, Lichuan prit sa décision. Si cet homme qu'il haïssait autant qu'il l'avait aimé trouvait le moyen de s'en sortir, de forcer le destin une nouvelle fois, alors— Il le tuerait.
S'il en avait le courage, s'il en possédait la volonté...
Il n'osa pas formuler ses pensées à voix haute, craignant qu'elle interprète cela comme une preuve supplémentaire de sa monstruosité alors qu'il ne voyait qu'une façon nouvelle de chasser Sherkan de sa vie une bonne fois pour toutes. S'il y parvenait, alors peut-être que... Mais il cherchait encore à se convaincre de quelque chose qui n'arriverait pas, même dans ses rêves les plus optimistes, et il préféra cesser d'y songer afin de ne pas se noyer dans ses propres pensées.

Et dire que tu te foutais de moi avec Daniel, ironisa Victory d'une voix qui laissait entendre sa tristesse. Lichuan afficha un sourire qui avait la décence de paraître désolé. Il n'osa pas dire que cela avait le don de le rassurer sur son propre sort lorsqu'il comparait sa situation à celle de Victory. La seule différence résidait dans le fait que le caractère intègre et honnête de la jeune femme suffisait à la garder éloignée des horreurs de ce monde, à faire d'elle cette personne que beaucoup n'hésiterait pas à décrire comme quelqu'un de bien alors que dans l'esprit de Lichuan, cette expression n'évoquait rien d'autre qu'un vide immense. Sans doute parce que Victory n'était pas que cela, sans doute parce que cela ne suffisait pas à résumer leur situation et aussi sans doute un peu parce qu'il avait l'envie de croire qu'elle ne l'accueillait pas que par simple charité.

« Elle n'a pas à durer éternellement, eut-il l'audace de faire remarquer d'un ton indifférent, comme celui qu'emploient les experts pour souligner une évidence. Je ne suis pas un vampire. De plus, c'est toi qui a fait remarqué la dernière fois que nous ne ferions probablement pas de vieux os, tu te rappelles ? » D'une certaine façon, il ne faisait qu'illustrer ses propos, bien qu'il doutait qu'elle accepte cette excuse avec autant de facilité. Il était plus probable qu'elle le fixe bizarrement avant de soupirer, accablée. Mais cela avait été toujours le résumé de leur relation.

Conneries. C'était ainsi que Victory avait choisi de qualifier son allégeance aux Mangemorts et peut-être qu'elle n'avait pas tort, peut-être même qu'elle avait raison depuis le début. Seulement, Lichuan ne pouvait pas s'empêcher de se souvenir des amis qu'ils avaient eu, des rares instants de complicité entre deux patrouilles obligatoires et des moments de compréhension mutuelle qui lui avait donné la rassurante impression qu'il n'était pas le seul dont l'esprit partait en lambeaux. Il aurait aimé faire comprendre à son amie l'importance que représentaient certains Mangemorts pour lui mais le fait qu'ils étaient sans doute en train de désirer ardemment sa mort suffit à le faire taire sans un regret. Étant donné les circonstances, accepter une telle proposition lui paraissait être une alternative convenable. Il ne put s'empêcher de se demander un instant si elle était prête à utiliser le terme de taré en pensant à Jessie mais il jugea que lui avouer cela, peu importe à quel point il aimait tourmenter les gens, n'était pas une décision qui lui appartenait. Alors il hocha distraitement la tête, songeant qu'il était parfaitement capable de rester à l'écart si eux aussi avaient la délicatesse de ne plus l'approcher. Dans le cas contraire, il n'était sûr de rien. De toute manière, mieux valait ne pas contrarier Victory actuellement. Il négocierait plus tard.

Il était prêt à dire oui sans y penser, à considérer cela comme une vaste blague, quand il suffit que Victory ouvre la porte, laissant entrevoir le monde extérieur le temps d'un instant, pour qu'il réalise qu'il lui restait encore des choses à perdre. Ce n'était pas une plaisanterie. Son visage ferme et amer n'était pas un masque de clown. Sa propre position n'était pas celle d'un funambule au-dessus du vide qui exécute son dernier numéro mais plutôt celle d'un candidat enthousiaste au suicide. Il n'avait plus le droit à l'erreur et il s'en voulut presque d'avoir pu penser le contraire tout en maudissant Victory pour le lui rappeler. Il aurait aimé rester un enfant pour toujours. Il aurait aimé ne jamais rencontrer Sherkan. Qui sait à quoi aurait ressemblé sa vie dans ce cas ?

Il demeura silencieux durant plusieurs minutes, une éternité, simplement occupé à fixer la porte. Au bout d'un moment, il effleura son dé qui gisait dans sa poche avant de retenir sa main comme si un tel contact pouvait le brûler. Il inspira profondément. C'était idiot de venir, pensa-t-il. C'est ce que je dois lui dire. Elle prend ça trop au sérieux. Je veux juste un endroit où rester, où me sentir en sécurité. Je ne veux pas changer. Je ne sais pas comment changer. J'ignore si c'est même encore possible. Partir. C'était la meilleure option, sans doute, mais cela impliquait de ne plus jamais revoir Victory et ça... « Sinon, je suis prête à prendre un risque de plus. Peut-être pas le plus payant, mais le dernier de ma vie te concernant, ça c’est certain. » ... cela résonnait comme un défi, au final.

« D'accord, dit-il comme on cède au dernier moment, avec autant de crainte que de soulagement. Je ne chercherais pas à les revoir. De toute manière, ils veulent ma mort et ce n'est pas comme si j'étais prêt à leur accorder aussi facilement. » Il haussa les épaules, comme pour évacuer toute la tension qui avait envahi son corps, une sensation particulièrement inhabituelle étant donné qu'il était d'ordinaire un modèle de nonchalance et de détente. « Tu prends un risque et je ne peux pas l'ignorer. C'est bon. Je reste. » Je vais faire de mon mieux pour ne pas tout gâcher, songea-t-il en faisant face à son regard scrutateur comme on défie un maître d'école.

Carpe diem. Il aura tout le temps de voir où ces efforts le mèneront.

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MessageSujet : Re: Life is like a costume party | Lichuan Life is like a costume party | Lichuan EmptyDim 28 Juin 2015 - 22:29

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Il était évident que la multimillionnaire se souvenait des propos qu’ils avaient légèrement échangé quelques mois auparavant dans sa cuisine. Si elle avait su l’interprétation scabreuse et dangereuse qu’il avait pu en faire, elle n’aurait jamais tenu un tel discours. « La prochaine fois que je dis un truc, je ferai gaffe à ce que tu le prennes pas au pied de la lettre. » répliqua t-elle, de guerre lasse. Les réminiscences de ce qui aurait pu être il y a peu de temps une petite pique lui revinrent en bouche, avec ce goût de déception et de nostalgie. L’héritière exécrait ces souvenirs, reliques d’une époque où elle vivait dans une insouciance bienheureuse et mensongère avec son ami. Parfois on pouvait se surprendre à rêver de revenir en arrière et de songer qu’il était plus facile et agréable de ne pas savoir. Parfois, on ne pouvait même pas l’accepter au risque d’être dangereusement inconscient.

Il avait dit oui. Comme si sa main s’était refermée sur la sienne, tendue, Victory perçut une onde de soulagement la parcourir des pieds à la tête. Qu’il la suive pour la contenter ou parce qu’il avait réalisé qu’il avait vraiment besoin d’aide, l’anglaise l’ignorait. Le principal, c’était que la porte n’était pas fermée – un entrebâillement en lui laissait apercevoir une lumière diffuse, lointaine, mais présente. Elle avait eu la crainte fugitive qu’il ne se résigne, ne comprenne qu’il s’embarquait dans la voie la plus compliquée et abandonne instantanément. Mais ce n’était pas le cas. Elle s’efforça de ne pas sourire, gardant une impassibilité dure. « Bien. A partir de maintenant tu vis ici. Ca ne veut pas dire qu’on est comme avant. Alors évite d’inviter n’importe qui, c’est pas un moulin. » Victory tenait à ce qu’il comprenne que s’ils cohabitaient chez elle, ce n’était pas dans le but que tout revienne à l’identique, que le schéma de leurs anciennes mauvaises habitudes se répètent et qu’il ne croit qu’il puisse être pardonné et excusé si rapidement. Lichuan n’était pas un enfant, non. C’était un adulte. Mais il avait plus que besoin en cet instant de règles et de cadrage. La jeune femme allait devoir le restreindre, d’une manière ou d’une autre, parce qu’on lui avait laissé trop longtemps une liberté totale et complète. Parce que ni un père ni une mère ne se trouvaient là pour le soutenir et le rappeler à l’ordre à la fois, elle avait décidé de faire ce qu’elle aurait du il y a des années. Elle allait le tirer de ses propres ténèbres. Elle se battrait comme elle pourrait, une seule fois, mais avec toute sa hargne et sa volonté. Et si ça ne fonctionnait pas … Alors elle pourrait espérer se dire qu’elle n’était pas responsable et que tout avait été tenté, mais que sa cause était perdue. Qu’il n’était définitivement plus Aloysius Whitelaw, mais un étranger perdu pour de bon.

Ces restrictions allaient commencer maintenant mais elles ne s’arrêtaient pas à une simple assignation à résidence. « Je veux aussi que tu ailles consulter un spécialiste. C’est non-négociable. » Il y avait une grande part de chance pour qu’il n’apprécie absolument pas l’idée et proteste. Victory aurait pu lui accorder le bénéfice du doute, mais cette époque où elle plaçait encore sa confiance en lui était révolue. Elle n’avait pas envie qu’il considère cette condition comme quelque chose de punitif, après tout la psychologie était une science médicale spécialisée adaptée à son cas. Si seulement cela était aussi simple, murmura sa conscience pessimiste qu’elle fit taire en s’efforçant d’expliquer son choix le plus calmement et le plus doucement possible. « Tout ne va pas bien pour toi, que tu le veuilles ou non. Il y a un problème. Et il faut que tu en parles. Je me serais bien proposée mais je n’ai pas de diplôme de psychologue ou de thérapeute. » Et je ne veux rien entendre de tout ce que tu as fait, je ne veux pas savoir quelle folie te ronge. Parce que je n’en ai ni le remède, ni les explications. Et ça, ça me rend malade.

Son visage se détendit à peine, mais suffisamment pour que Lichuan entrevoit un possible pardon si ces deux seules règles étaient respectées. Elle ne lui en demandait pas tant – du moins à se syeux – pour qu’il retrouve la place qui lui avait toujours été en quelque sorte due dans sa vie. « C’est tout ce que je te demande. Et si tu t’y tiens, crois-moi, ce sera sans doute la meilleure chose qui ait pu se passer depuis au moins un mois pour moi. » Victory était loin d’exagérer sur ce dernier point. Sans souhaiter rajouter une note mélodramatique à l’échange, la brune avait du essuyer une quantité bien supérieure de mauvaises nouvelles pendant ces dernières semaines que de choses positives. Et si elle avait saisi l’occasion ultime de sauver Lichuan de ses démons, elle pouvait, sans penser le combat gagné d’avance, déclarer que tout n’était pas complètement perdu pour elle – pour eux.


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