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Dans une semaine. Dans une semaine, il y aura la pleine Lune. Dans une semaine, je me retransformerais en un truc poilu avec un long museau et des yeux de con. Ouais, faut dire, on n’avait pas l’air intelligent avec cette tête de loup, j’suis même pratiquement sûr que le cerveau il rétrécie lors de la transformation, p’tet pour ça que ça fait aussi mal au crâne nan ? Là, j’en connais certains qui me diraient qu’il faut pas prendre la pleine Lune si peu au sérieux. Vous voulez quoi ? Que je chiale parce que dans une semaine je vais me transformer en un truc monstrueux et poilu –oui, j’y tiens à mon poilu- ? Je préfère sincèrement le prendre sur le ton de l’ironie. C’est toujours mieux que de flipper. Puis y’a la potion qui va me faire devenir un gros truc poilu monstrueux mais complètement flippé donc inoffensif.

En attendant, je devais ranger l’appart : si jamais Skandar décidais de ramener sa frimousse par ici, mieux ne valait pas qu’elle le voit dans l’état dans lequel il est. J’avais pris l’habitude de recevoir les visites imprévues dont ma petite sœur avait le secret. Un jour, elle était même arrivée devant chez moi quelques heures avant que je rentre du boulot : je l’avais retrouvée devant la porte de mon appart’, assise en tailleur en m’attendant. J’avais éclaté de rire en la voyant, sachant qu’elle jouait tranquillement avec sa baguette : elle aurait pu utiliser sa baguette pour ouvrir la porte et m’attendre tranquillement et confortablement. Je lui ai d’ailleurs fait la remarque, elle devant sa mine déconfite, j’ai pu constater qu’elle n’y avait pas pensée une seule seconde. M’enfin, je l’aime même si c’est une pas douée ! Après ça, elle était souvent revenue plus tôt que moi, utilisant cette fois sa baguette pour ouvrir la porte, mais brûlant un peu plus la serrure chaque fois qu’elle se ratait. Exaspéré de devoir réparer la porte ou la serrure quand je rentrais, j’avais finis par lui faire un double des clefs histoire de rentrer et de ne rien avoir à réparer. J’vous jure, c’est vraiment un cas quelques fois. Donc bon, maintenant, même si je fermais la porte à clef, elle avait les clefs et pouvait rentrer à tout moment chez moi. Il valait alors mieux que je sois rapide dans mon rangement, surtout qu’à cette heure là, elle venait sans doute de finir les cours.

J’avais pratiquement finis de ranger, m’aidant d’un simple « récurvite » pour les tâches et saloperies de la cuisine et du salon, quand j’entendis le cliquetis d’une clef se tournant dans la serrure. C’était Skand’ qui arrivait. Encore heureux que j’ai été vite. Je pris deux trois fringues qui trainaient encore dans le salon –oui bah on va rien dire hein, je fais ce que je veux, c’est chez moi j’vous rappelle !- avant de les faire léviter jusqu’à mon panier à linge, enfin prêt à accueillir ma petite sœur chez moi. « Quelle surprise de vous revoir ici miss Williams. » m’enquis-je en ouvrant grand les bras en guise de salutation, lorsque sa tête passa le seuil de la porte d’entrée, faisant tomber un flacon sans m’en rendre conte, de l’étagère sur laquelle je l’avais posé.

Finir avec un cours de potions, c'est la loose, pas vrai ? Surtout quand vous ne comprenez rien, à ce qui se dit (et que vous exaspérez votre binôme par la même occasion). Le Poufsoufle qui était à côté de moi a certainement perdu le compte des erreurs que j'ai failli faire, et qui auraient pu faire exploser le chaudron en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « Quidditch ». Du coup, il est parti trèèèès loin de moi quand la sonnerie a retenti. J'ai eu droit aux habituelles incompréhensions du prof, qui ne voit pas pourquoi je n'y arrive pas, alors que je m'en sors très bien dans les autres matières. Non, franchement, c'est si dur que ça à comprendre que je comprends mieux le chinois que les potions ?

Je sors du cours, exaspérée par ces deux heures qui ne m'auront, au final, servi à rien. Je m'arrête dans le couloir pour chercher un élastique à cheveux dans mon sac de cours, me faisant ainsi copieusement insulter par des élèves pressés. Je lève les yeux au ciel face à tant de brutalité, avant d'aller poser mon sac dans mon dortoir. Je regarde l'heure sur ma montre avant de décider que c'est le bon moment pour aller voir mon frère. Surtout qu'avec le monde dans les couloirs, les préfets ne seront pas occupés à surveiller partout, comme s'ils savaient, tout au fond d'eux, qu'un élève était en train de manquer au règlement. Que ce soit un garçon et une fille dans des toilettes déserts, ou bien des élèves utilisant des passages secrets menant à Pré-Au-Lard, ils sont toujours là où il ne faut pas. Je continue de tresser mes cheveux tout en descendant prudemment les escaliers. Je me fonds dans la masse. Je suis un ninja. On ne peut pas me repérer, je disparais de la vue de tout le monde. Je prends une apparence tout à fait banale. On ne me suspecte pas. Je marche à une allure normale vers le Passage de la Sorcière Borgne. Le couloir est vide, alors j'en profite, avant qu'un idiot -un Serdaigle, bien évidemment, y a qu'eux pour faire ce genre de choses- ne me voie et ne me dénonce. Je me glisse dans le passage et je dévale les escaliers qui mènent au souterrain.

Il n'y fait vraiment pas clair et puis humide, et, franchement, ça a tout des catacombes des films d'horreurs moldus, ou ces abrutis d'ados écervelés décident de se séparer et de hurler si ils se font attaquer. Je sors ma baguette et murmure un Lumos, accélérant tout de même le rythme de marches, des fois qu'il y aie quelque chose derrière moi. Je regrette toujours de ne pas être née caméléon, pour pouvoir regarder derrière moi correctement.

Je sortis par la trappe. Encore heureux que le gérant du bar ne dise rien de cela au Directeur, sinon, je ne vous dis pas le nombre d'heures de retenues que tout le monde se prendrait. Je palpe ma poche du bout des doigts, pour vérifier si j'ai bien pris ma clé. Je m'autorise un sourire ravi, remarquant que je ne l'ai pas oublié comme ça a pu m'arriver la dernière fois, et je me dirige vers l'appartement. Je grimpe les escaliers quatre à quatre, heureuse de retrouver mon frère préféré. Je fais tourner la clé dans la serrure, et j'entends des pas précipités avant que je n'ouvre la porte dans un grand geste. Je n'ai pas le nom de m'exclamer qu'un flacon tombe sur le sol, à moins de deux centimètres de mon pauvre petit pied.
« Nom de Merlin qui s'fait un strip-tease ! »

Je regarde, un peu sonnée, le flacon brisé à mes pieds. L'odeur qui se dégage du liquide qui imbibe doucement la moquette m'est familière. C'est une potion et je sais que je la connais, que j'en ai peut-être déjà fait une fois, mais je suis incapable de remettre un nom sur cette odeur. Je sors ma baguette et nettoie tout en un sort. Je me passe une main dans les cheveux en soupirant et regarde mon frère d'un air détendu.
« Désolée ! C'était quooooi ? »

Je remarquai que le flacon était tombé lorsqu’elle poussa un juron sur Merlin faisant un streap-tease. Je regardais ma petite sœur en haussant les sourcils, n’ayant pas encore eu l’occasion de l’entendre parler comme ça, plus amusé qu’autre chose. C’est sur que voir sa petite sœur de dix-sept ans jurer par Merlin, on voyait pas ça tous les jours. Certains auraient pu être choqués qu’elle parle comme ça, nan mais en fait nan, pour le coup, la miss était plus en première année, elle disait ce qu’elle voulait ! Je n’eu pas le temps de me rapprocher qu’elle avait déjà nettoyé d’un coup de baguette avant de soupirer, comme si c’était une tâche très difficile. Je n’avais pas fait attention à quel genre de flacon c’était, m’avançant finalement vers ma sœur qui lança « Désolée ! C'était quooooi ? » Je lui souris en coin avant de regarder de plus près l’endroit où le flacon s’était brisé. Une odeur en ressortait, une odeur que je connaissais très bien, une odeur que je sentais tous les mois avant de boire le flacon et le liquide qui laissait échapper cette odeur d’une traite : la potion tue-loup. Putain de merde. Je l’avais laissée là, je l’avais toujours pas bu, et elle était tombée aux pieds de ma petite sœur qui n’était pas –et ne devait l’être en aucun cas- au courant que je me transformais tous les mois en loup-garou. Merde, merde et re-merde. Mon visage s’était décomposé quelques instants mais je me ressaisis assez tôt pour avoir la chance qu’elle n’ait peut-être pas remarquée. « C’est euh… rien de très grave, t’inquiètes pas, viens t’asseoir, tu veux bouffer un truc ? J’ai fais le stock de chocogrenouilles, de caramels et de Plumes sucrées. J’ai aussi deux ou trois tablettes de chocolat si tu veux. » Je savais qu’elle adorait tout ce qui était chocolat et friandises, alors quoi de mieux pour noyer la grenouille –mwahaha- que de lui proposer du chocolat ou des Plumes sucrées ? –Sachant qu’elle m’avait toujours dit qu’elle adorait ça, me demandant de lui en acheter quelques fois pour qu’elle en prenne en classe sans se faire remarquer-. Sans attendre sa réponse, je la laissais s’asseoir sur le canapé puis allai chercher dans la cuisine tout ce dont je lui avais parlé, et par la même occasion, essayer de voir s’il y avait encore un ou deux flacons dans mon stock de tue-loup. J’entre ferma la porte derrière moi, histoire que la miss, curieuse comme elle était, ne cherche pas à me suivre au cas où. Et si je n’avais plus de flacon ? Qu’est-ce que je ferais ? Je devais le prendre aujourd’hui, enfin je crois, ou peut-être hier… Ou alors peut-être demain. Roh et puis j’irais demander conseil à celui qui me fais mes potions, puis on en parle plus –oui, on va dire que je suis un grand piètre chimiste, et que moi et les potions, ça fait vingt, alors imaginez un peu que j’essaye de me faire mes potions, ça pourrais mal finir pour moi vue qu’après je les bouffe… Si j’avais su que j’allais devenir ce truc, j’aurais mieux écouté quand Rogue nous a appris à faire cette potion- Au pire des cas, s’il ne m’en restait plus –parce que j’avais cette mauvaise intuition que c’était mon dernier…- j’irais m’attacher je ne sais où à un endroit désert et j’me foutrais du coton dans la gueule pour pas qu’on m’entende, ou alors je prendrais un somnifère ultra-puissant histoire que je dorme… Bon, j’étais pas sûre que ça puisse se faire mais c’est bien de rêver nan ? Je me saisi d’un sac de friandises que j’ouvrais avant de toutes les sortir et les mettre dans une sorte de grand mini-chaudron avant de me baisser pour ouvrir un tiroir, protégé par un sors « Bernadette » murmurais-je avant de laisser le tiroir s’ouvrir. Oui, le mot de passe c’est Bernadette, et alors ? Au moins comme ça, personne ne pourrait le trouver, sachant que personne de ma famille –que je sache- ne s’appelle Bernadette. Dans le tiroir, une dizaine de flacon, mais tous vides. Je soupirais avant de fermer le tiroir et de le sceller à nouveau par le même sors, me relevant par la suite et empoignant le chaudron pour le ramener devant Skandar dans le salon. « Tiens, régale-toi ! » je finis par lui dire avant de m’affaler sur le canapé moi aussi avant de me relever aussitôt et courant vers les toilettes : j’avais enfermé Tesla dans les chiottes le temps que je range l’appartement. Je l’avais complètement oubliée, puis faut dire, elle avait pas vraiment protester quand Skand’ est arrivée. J’allai lui ouvrir et elle me sauta dessus toute contente avant d’aller vers le salon, fondre sur la seconde Williams présente dans l’appartement.

Je m'affalai dans le canapé, suite à la proposition de mon frère. Après deux heures de cours intensif de potions, rien de mieux que des sucreries pour se remonter le moral. Il fallait croire que ça commençait à tourner à l'addiction. Heureusement, grâce à ma très réputée ponctualité, je perdais automatiquement tous les kilos que le chocolat devrait me faire prendre, en traversant tout Poudlard en courant, pour m'éviter un certain nombre de mots de retard. Ma mère ferait sérieusement la gueule d'ailleurs, si je ne savais pas courir aussi vite. Il faut croire aussi que l'adrénaline me permettait de m'y retrouver plus facilement, car depuis que je suis ici, il n'est pas rare que je me perde dans les couloirs, que je me trompe d'étage, et même, lors de ma première année, que je me retrouve incapable de trouver ma salle commune. Au final, les blasons sur les vestes ne sont pas une si mauvaise idée. C'est très pratique pour retrouver des élèves de sa maison, qui sauront vous guider ensuite sans forcément se moquer de vous. Pour les Poufsoufles en tout cas. Parce que les Serdaigles, je suis sûre que c'est absolument pas la même chose. De toute manière, nous sommes les seuls à être gentils et solidaires. Tous les autres sont des vilains hypocrites et puis c'est tout.
Mon frère revient avec un sachet que je saurais reconnaître entre mille : il vient de Honeydukes. Donc, d'une confiserie. Et, logiquement, il contient des bonbons et du chocolat et des milliards de choses pour lesquelles je bénis les Hommes d'exister et d'avoir inventé de pareils remonteurs de moral. Mais il se relève aussitôt, comme s'il s'était assis sur des charbons ardents, et court vers les toilettes.

C'est alors que je me fais agresser.
Par des poils longs, épais et doux, et une langue toute râpeuse et un brin collante, qui vient s'écraser affectueusement sur mon visage.

« Tesla-chouuuuu. Mon bébé. Han, il t'avait enfermée dans les toilettes ? Toute seule ? Dans le noir ? Mais c'est trop un vilain ! Pfeuh. T'as qu'à rester avec moi. Moi je t'enfermerai jamais nul part. »

Prenant le petit chiot contre moi et continuant de gagatiser et de critiquer mon frère sur son comportement avec son chien, je ne peux m'empêcher de réfléchir à cette odeur qui me dit vaguement quelque chose. L'odeur de la potion que j'ai fait tomber tout à l'heure. Tesla redescend et j'attrape une Plume en Sucre, que je mâchonne pensivement, mais avec un sourire malicieux.

« Tu te rends compte, que toi, le mec le moins intéressé par les sciences modernes, tu as appelé ton chien comme l'un des plus grands physiciens ayant jamais existé ? Surtout que c'est une femelle et que Tesla était un homme. T'aurais pu te renseigner quand même, hein. Tiens, je repensais à la potion qui est tombée. J'ai eu deux heures de potions aujourd'hui. C'était l'Enfer. J'ai cru que mon voisin allait me faire boire l'horreur que j'avais produite tellement il en avait marre. Même toi, tu me foudroies pas autant du regard, même quand je fais ma chieuse. Et pourtant c'est dire, fin bref. Il nous a fait faire de la... »

Epiphanie.
La ptite ampoule qui s'éclaire au-dessus de ma tête.
Windows a trouvé une solution au problème.

« DE LA TUE-LOUP. VOILA. CA Y EST. CA SENTAIT CA TA POTION. »

Oui, certes, j'ai peut-être parlé un peu fort. Mais vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis contente d'avoir résolu ce problème. C'est tellement rare que j'arrive à remettre un nom sur une potion, et celle là me turlupinait vraiment -pour une fois. C'est pas comme si je prêtais un grand intérêt aux potions, d'habitude. Mais maintenant me revient le cours théorique du prof en tête, ou du moins les bribes que j'ai trouvé un tant soit peu intéressantes. Et je suis le fil mental.

« Mais... Mais... T'es un loup garou ? Tu tues des gens du coup ? C'est trop cool ! Enfin, pas de tuer des gens. Et je sais même pas si tu l'es. Autant, t'as juste fait ça pour un ami qui l'est, pour le dépanner. Hum. Nan. Peu probable. T'es au moins aussi doué que moi en potions et ce serait très certainement une catastrophe pour ce pauvre type. Mais si t'es un loup garou, c'est la classe. Bon, pas que, et ça doit être gravement chiant à gérer toutes les pleines lunes d'ailleurs. Te connaissant, tu dois même avoir sacrément la trouille de tuer/mordre/blesser quelqu'un (ouais, c'est comme les tests, faut rayer la mention inutile). Ou alors, c'est juste un sujet qui te passionne. J'en sais rien. Moi j'aime bien, je trouve que les loups-garous, ça a même plus de classe que les vampires. T'aimes bien toutes les histoires surnaturelles toi ? Moi je dis, si t'aime bien, ça voudra dire qu'on aura encore plus gâché notre temps à pas se parler, et c'est un peu beaucoup nul. »

Et oui, j'ai parlé vite, je ne lui ai pas laissé le temps d'en placer une, mais il faut pas m'en vouloir. Je suis souvent comme ça avec mon frère. Comme si mon débit de parole pouvait rattraper le temps qu'on a passé à se fuir. Ou plutôt qu'il a passé à me fuir. Mais je ne lui en veux pas. Enfin bref. Je le connais assez pour pouvoir dire que s'il est un loup garou, il doit passer les trois quarts de son temps à flipper à mort. Mais ça m'étonnerait qu'il le soit. Parce qu'il me fait assez confiance, maintenant, et que je pense qu'il me l'aurait dit. Je ne vois pas quelle raison il aurait de me cacher quelque chose comme ça.