Que celui qui a allumé la lumière aille crever en enfer, même si c'est l'autre idiot de soleil.


Dean avait tellement mal à la tête, qu'il aurait voulu ne jamais se réveiller. Bien qu'il n'avait aucune idée de comment s'était terminée la soirée de la vieille, son mal de crâne lui en donnait un très bon aperçu.
Le jeune diplômé devina, assez rapidement de comment il avait bien pu se retrouver dans son lit, et il imagina déjà les blagues de son ami. L'anglais tira la couette sur ses yeux comme pour se protéger d'un monde, qui ce matin se voulait bien trop violent à son gout.
Une sorte de bourdonnement résonnait dans sa tête et même le bruit de sa respiration lui donnait envie de mourir. En fait son corps entier lui faisait mal, même ses cheveux. Sous son abris de fortune, Dean se promit, que plus jamais il ne boirait. Une promesse qui risquait de ne pas tenir longtemps.
Dean aimerait bien rester dans son lit toute la journée et plus si affinités, mais son estomac criait famine depuis déjà une bonne heure. N'ayant pas vraiment envie de faire un malaise dans son lit, il concentra le peu de force qui lui restait pour se lever ou plutôt s'asseoir sur le bord de son lit. Un mouvement qui peut paraître bien banal au quotidien, était désormais une épreuve de torture pour l'épave qu'était devenue Thomas.
L'anglais regardait ses pieds, les suppliant d'avancer tout seul jusqu'à la cuisine, pour récupérer le Graal, le pot de Nutella, qui devait se trouver dans le placard du haut, du petit, mais chaleureux appartement de Pré-au-Lard. Mais de toute évidence ces deux-là, n'avaient aucune envie d'aller jusque là.
Et dans un grognement de défaite, le jeune homme se jeta en arrière et prit sa tête entre ses mains.

"La prochaine fois, bois de la tisane."

C'est sûr que ça ferait moins mal au réveil. Le regard perdu dans le blanc plafond, Dean se sentait, au-delà de mourant, chez lui. Un sentiment étrange, pour lui qui avait peur d'avoir un léger temps d'adaptation. Pourtant, il se sentait encore plus chez lui qu'à Poudlard, ici c'était sa chambre, rien qu'à lui. Et c'était avec plaisir qu'il partageait cette humble demeure, avec son ami de longue date, Seamus Finnigan.
Un Seamus qui était bien calme ce matin -enfin ce midi- mais un bruit ne tarda pas à trahir sa présence. Dean connaissait, que trop bien son ami, pour savoir que celui-ci commençait sûrement, à faire du bruit afin de réveiller innocemment, la belle au bois dormant.
Il était temps de se lever, malgré le mal de crâne, malgré le mal de ventre et malgré les courbatures, c'était l'heure pour Dean de sortir de son terrier. Lentement mais sûrement, il traversa la salle et prit place dans l'un des fauteuils du salon. Sans surprise il trouva son ami, qui devait commencer à trouver le temps long.

"Salut Seamus ! C'est bon tu peux rigoler, mais pas trop fort j'ai la tête qui va exploser."

Dans le fauteuil, au centre de la pièce, Dean prenait vaguement goût à sa nouvelle vie, bien que pour le moment elle soit un peu trop douloureuse.

"Bon et si tu m'apportais ce pot de nutella et que tu me racontais un peu, cette fin de soirée."

Lentement, l'Irlandais se réveille. Il ne fait pas de bruit, il ne bouge pas. Il a conscience du poids chaud qui est contre lui, son meilleur ami qui dort. Il se rappelle sans la moindre difficulté de la soirée d'hier, de l'accident qui s'est produit sur le trottoir. Pour la énième fois, il se dit qu'il ne le laissera pas boire autant la prochaine fois, sans grande conviction. Il se connaît. Sous le coup de la fête, il oublie et c'est seulement quand Dean est mort dans son coin qu'il se rappelle de sa résolution. C'est pour ça qu'ils en arrivent à ces extrémités, à ces situations problématiques. Mais il n'en veut pas à Dean, non. C'est de sa faute, entièrement. Il l'aime comme un frère. C'est tout ce qu'il est pour lui. Un frère. Seulement, pour le fils unique, c'est déjà énorme. Dean, c'est tout pour lui. Du coup forcément, il flippe. Comment son meilleur ami va apprendre la nouvelle. Qu'est-ce qu'il va penser quand il lui dira qu'il préfère les hommes. Dans un moment de paranoïa extrême, il finit par se demander si à cause de ce simple baiser, il va se faire rejeter. C'est stupide.

Toujours aussi lentement, il se lève du lit, sans bruit. Il sourit finalement en le voyant dormir. Gentil petit Gryffondor. Il semble détendu Dean. Plus pour longtemps. Quand il se réveillera avec la gueule de bois, ça sera différent. Alors, il replace la couverture correctement sur le corps de son ami et s'enfuit dans sa chambre, d'un pas peu assuré. Oui, il est gêné, pour un simple baiser. Pourtant il ne devrait pas, parce que tout ça ne veut clairement rien dire, que ce soit pour lui ou pour Dean. Il arrive dans sa chambre, fatigué. Il n'a pas assez dormi. Il est humain après tout, lui aussi a besoin de repos après une soirée à boire comme un trou. Tout le monde semble penser le contraire, tout le monde semble croire qu'il est un surhomme quand il s'agit d'alcool. Alors Seamus laisse croire. Même s'il tient bien, il est humain.

Il s'affale sur son lit, ferme les yeux, prêt à dépérir. Mais il les entend, ces petits grincements qui viennent de sa table de chevet. Nara est là, elle le regarde et Seamus sourit. Il attrape la souris, la fait sortir de cage. Les animaux ne sont pas faits pour être enfermés, mais il ne peut pas la laisser vagabonder dans l'appartement. Sybella a sûrement peur des souris, ou Dean. Dean. L'image de la veille lui revient en tête sans qu'il ne puisse rien faire. Nouveau soupir. Cette histoire le bouffe, il n'a qu'une seule envie, que Dean se réveille et qu'ils puissent lui expliquer. Il n'y a rien à mettre au clair. C'est un baiser stupide entre potes complètement bourrés. Il a juste besoin d'en rire, mais pour ça il doit attendre.

Il pose Nara sur l'oreiller, joue avec. Il l'aime bien sa souris, elle est blanche. Mignonne. Certains disent que ce n'est qu'un rongeur, mais c'est la seule chose qu'il a pu amener à Poudlard. Et à chaque fois qu'il la voit, il repense à cette chanson française qu'un de ses cousins lui a appris. Et il se met à chantonner, dans une langue un peu approximative. Son accent est horrible, pire que lorsqu'il parle anglais. Mais personne n'est là pour l'écouter.
Voter pour dieu, compte pas sur moi. Pour la confiance j'préfere un rat. D'ailleurs le mien s'appelle Judas. Il est mort hier à cause de toi.
Mais tu n'es pas un rat. Et tu ne t'appelles pas Judas. Tout le monde s'en fiche. Il a embrassé son meilleur ami.

Il finit par échouer dans le salon, parce que Nara a faim et qu'il la remet dans sa cage pour qu'elle puisse manger. Midi arrive, Dean dort encore. Plus pour longtemps. Et Dean arrive, une dizaine de minutes plus tard. Tant mieux. Il n'est pas fait pour être seul Seamus. C'est dur, mais parfois il n'a l'impression d'exister que par ses amis. Triste sentiment. Il sourit, se retient de rigoler. Il connaît la douleur que ressent Dean à ce moment. Il est lui-même un pâteux mais ce n'est rien comparé à l'état de l'anglais.

— Sérieux Deano, arrête l'alcool. Je suis sûr que tu te rappelles pas un quart de la fin de la soirée. Question tout ce qu'il y a de plus innocent. Mais ce n'est pas le cas. Seamus teste le terrain, il cherche à savoir si par hasard Dean se rappelle du baiser. Il en doute fortement, ce serait trop beau. Il a sûrement également oublié le magnifique compliment qu'il lui a fait. Dommage, il a quand même dit meilleur ami de la galaxie. Je vais te chercher à manger. Mais rêve pour avoir du nutella.

Qui est assez fou pour vouloir du nutella dans un état pareil. Dean. Mais non, c'est mort et enterré. C'est Seamus qui décide, et ça sera thé à la framboise, et une pomme découpée par ses soins. Vu le regard blessé de son ami quand il lui apporte le plateau, il sait qu'il ne vient pas de marquer des points. Sauf que ça, il le sait déjà. Priver Dean de chocolat, c'est comme le priver de bière, une très mauvaise idée.

— Alors. Dans la catégorie conneries plus grosses que Sybella... Il hésite, par où commencer. Le baiser ? Sûrement pas. Tu as dansé plus mal que moi, tu as encore essayé de me battre à qui boira le plus d'alcool. Tu m'as avoué que j'étais le meilleur ami de la galaxie, et compte pas sur moi pour oublier. Ah oui, et tu m'as embrassé. Il observe attentivement la réaction de son ami. Bizarrement, ça le fait stresser de lui avouer une chose pareille. Il a peur que ça change tout, peur de ne jamais pouvoir lui avouer le reste.

Le soleil était au Zénith et dans le petit appartement en haut de la grande rue, une douce odeur de thé se dégageait par la grande fenêtre. Dans son fauteuil comme un véritable roi, Dean se fit apporter son petit déjeuner, un acte qu’il aurait énormément apprécié si il n’y avait pas ce petit détail qui tue.

Une pomme.

C’est un peu comme si vous commandiez une entrecôte avec des frites et que l’on vous apportait une cuisse de poulet avec des brocolis. L’anglais accusa un peu le coup avant de lancer un regard cruellement noir à son serveur de fortune qui n’était autre que son meilleur ami, Seamus Finnigan.
Monde cruel. Vie cruelle. Il savait bien que son ami faisait ça pour une bonne cause mais au fond peu importe ce qu’il mangerait, il ne pourrait définitivement pas être moins bien.

“Seamus, fais pas ton Hippolyte, ramène-moi ce Nutella !”

L’anglais n’avait vraiment pas fière allure dans son fauteuil, suppliant son ami de lui apporter le saint Graal. L’alcool n’était réellement pas un allié de guerre, la prochaine fois, il opterait pour un thé glacé, ça faisait moins mal. A défaut de Nutella, le diplômé avait au moins eu le droit à un bon thé framboise, comme il les aimaient tant. C’était son préféré, ni trop fort, ni trop fade, juste réconfortant et chaleureux comme il faut et particulièrement en ce début d’après midi.
Seamus commença à raconter la soirée sous le regard amusé de Dean Thomas qui d’ailleurs, sans s’en rendre compte, avala en moins de deux sa pomme. Il aurait bien re-réclamé du Nutella, si son ami ne lui avait pas fait toutes ces révélations.
Le jeu d’alcool, une banalité, Dean sait bien qu’il est du genre à faire ça. La danse en soit c’était amusant. Après tout c’est le but du jeu, mais pour danser moins bien que l’irlandais, fallait le faire. Puis la suite n’en fut que plus surprenant. Si bien que Dean explosa, littéralement, de rire.

“ Ahahah. Faut vraiment que j’arrête de boire. Cela dit, n’en profite pas pour prendre la grosse tête.”

Pour une raison étrange, Dean savait que son ami disait la vérité et cela ne lui faisait rien, si ce n’est un véritable fou rire. Pour lui c’était juste un baiser pitoyable à cause de l’alcool. Aucune signification. Au moins tout s’était plutôt bien passé.

“C’est pour ça que tu refuses de me donner du Nutella ? Tu préfères goût pomme ?”

Dean rigolait et à chaque fois ça lui donnait un véritable mal de tête, mais il ne pouvait s’arrêter de rire, même si sa blague était horriblement déplacée. L’anglais était loin de se douter de ce qu’il pouvait se passer dans la tête de son ami.

“Bon aussi drôle que ça l’est, évitons de le dire à Syboulette. Dieu sait ce qu’elle pourrait lancer comme rumeur.”

Si cela devait arriver, Dean n’en ferait sûrement pas tout un scandale, en fait ça pourrait même être drôle, bien que ça ne l’aiderait absolument pas dans sa quête amoureuse...

Il y a des matins où il se dit clairement qu'il devrait laisser son meilleur ami se débrouiller avec ses problèmes. Mais malgré toutes les malédictions qu'il a proférées envers Dean à la gueule de bois dans sa tête, il en est totalement incapable. C'est de son meilleur ami qu'il s'agit. Dans une autre vie, ils ont dû être frère d'armes, voire frère tout court. Il ne pourra jamais le laisser seul face à cette dure épreuve qu'est le lendemain de soirée. Alors il supporte, sans pour autant se plier à ses demandes. Ce n'est pas parce qu'il lui demande si gentiment qu'il va lui ramener le pot de nutella. Il ne comprend pas l'anglais. Il s'efforce de lui préserver le foie et il n'est pas content. Forcément, il rigole à sa blague. Le comparer lui avec Hippolyte. Il ne faut pas être très clean pour faire quelque chose pareil. Son ami n'a peut-être même pas fini avec les effets directs de l'alcool. Non, il ne peut pas être encore bourré. Quoi que. L'irlandais ne sait pas réellement comment fonctionnent ces êtres inférieurs face à la boisson. Mais il l'aime bien, alors il ne relève pas. Il se rend compte que la petite douleur qu'il avait au réveil est entièrement passé, même en rigolant. Comme quoi, les choses s'améliorent petit à petit.

Pour son plus grand bonheur, Dean ne prend pas mal la nouvelle. Il n'a aucunement l'air dégoûté par l'idée d'avoir embrassé son meilleur ami. En même temps, il faudrait être fou pour qu'une connerie faîte en état d'ivresse vienne ternir une si belle amitié. Mais il sait très bien que c'est possible. Il repense à certains de ses amis. Si c'était Sybella que Dean avait embrassée, les choses ne seraient pas aussi simples au matin. Et pourtant, Sybella est une fille jusqu'à preuve du contraire. Là, ça devrait être pire et pourtant non. Ce baiser ne voulait rien dire, leur relations n'étant que purement fraternel. Et puis, Dean n'est pas gay et c'est là un détail très important. D'ailleurs, par question de bonne entente, il va encore attendre un mois pour lui annoncer son changement de bord. C'est préférable. Et vu qu'il doit absolument être le deuxième au courant – après Meredith – les autres attendront aussi.

— Prendre la grosse tête ? Ça me ressemble pas voyons. Ce n'est pas un comportement digne du meilleur meilleur ami de la galaxie. D'accord, il se tait. Mais il trouve ça tellement drôle de se moquer de l'état passé de Dean. Sérieusement, il devrait arrêter d'avoir de l'espoir pour l'anglais. Chaque soirée se ressemble de son point de vue, il ne modère pas la consommation de son ami en ayant l'espoir que celui-ci tienne mieux l'alcool que la fois précédente, et c'est toujours catastrophique le lendemain. Alors la prochaine fois, il boira seul la bouteille de whisky, et on en parle plus. Ouais c'est ça, je préfère le goût pomme. Abruti. Par contre, je suis déçu. Je pensais que tu embrassais mieux Deanou. Mais bon, on peut pas être doué en tout.

Il aurait pu ajouter quelque chose. Il aurait pu dire un truc fondamentalement méchant qu'il ne pense pas comme « Sauf que toi, niveau qualité, on continue à chercher. » Mais il n'en a pas envie alors il se tait. Les piques à répétition ont quelque chose de drôle mais peuvent devenir lassantes avec le temps. Et puis, il y a Sybella pour ça. Pour une fois qu'ils sont tranquilles tous les deux, ils ne vont pas partir là-dessus, surtout qu'il se doute que Dean n'est pas en état. Il a dû perdre une bonne partie de sa répartie avec le mal de tête qu'il se tape. C'est ça quand on essaye de battre un irlandais sur son propre terrain. Parce que bon, déjà que Seamus n'est pas doué pour grand-chose, il faut lui laisser l'alcool, quand même.

— Genre je vais m'amuser à le dire à Sybella. Je tiens à ma réputation. Pause. Il n'a pas de réputation, mise-à-part celle du mec qui fait exploser tout ce qu'il touche. Bon, passons, ce n'est qu'un détail. Enfin, je tiens à avoir la paix. Si Justin l'apprend... On en entend parler pendant au moins deux ans.

Parfois, il se demande qui est le plus chiant entre son ami Poufsouffle et lui, et parfois, quand il ne se voile pas la face, il se dit que ça dépend des sujets. Mais pour ça, il ne doute pas que Justin ait la première place de lui. Parce que c'est ça la triste vérité. Justin peut être pire que Sybella. Et c'est dans ce genre de moment qu'il se rend compte que la vie est belle. Heureusement que ces deux-là ne sont pas amis.

— Bon c'est pas tout. Mais j'ai enfin une chance de te battre à Mario Kart alors je vais pas m'en priver.Il allume la télévision et la console avant d'envoyer une manette à son meilleur ami qui le regarde en soupirant. Non mais tu comprends, faut bien que ça arrive une fois dans ma vie. Toi, t'as de l'avance. Ton frère m'a dit que vous passiez votre vie à ça. Ne me mens pas ! Journée normale. Glander devant les jeux vidéo est devenu une coutume chez eux depuis qu'ils ont quitté Poudlard. Enfin, au moins jusqu'à ce que Sybella débarque dans le salon pour éteindre la télé.