Secret du moment


A. LICHUAN WHITELAW
(TROUVÉ)

Finalement, tu as plus de points communs avec Lone que tu ne le prétends.

Alors, vous savez ce que c'est ?
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Thaddeus R. Voerman
Thaddeus R. Voerman

: Do you think this is a motherfucking game ?

ϟ ÂGE : 377
ϟ FONCTION : Homme d'affaires. Propriétaire foncier. Plus ou moins mafieux. Patron du Deus Ex Machina. Roi de la Nuit.
ϟ AVATAR : Michael Fassbender.
ϟ ABSENCE ? : Du 3 au 20 Juillet puis du 28 Juillet au 3 Août.

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MessageSujet : A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyMer 19 Mar 2014 - 22:29


A plague for the angels

Si vivre en compagnie des mortels avait quelque chose d'éprouvant parfois – c'est fragile, ça s'affole vite et ça ne comprend pas grand chose ces bêtes-là – fréquenter des vampires l'était plus encore. Imaginez une cage aux fauves peuplée des bêtes les plus retorses, les plus perfides et les plus fausses qui soient, ajoutez cela au fait que les rancœurs peuvent durer des siècles et vous obtiendrez un euphémisme de ce à quoi ressemble un rassemblement de vampires. Entre eux régnait la loi du plus fort à son paroxysme, un jeu entre prédateurs dotés d'avantages surhumains qui servaient à tuer, manipuler et détruire avec une efficacité implacable. Quand on a plusieurs siècles d'existence, on a tout le loisir de peaufiner ses techniques, d’engranger de l'expérience ou – pire, pour certains – de devenir fou – fou de pouvoir, fou dangereux, fou à lier,... Qu'importe. L'immortalité était une vertu à double tranchant et le revers de la médaille n'était pas toujours très glorieux. Autant dire qu'à côté de ça, traiter avec des mortels était aussi reposant que de jouer aux Polly Pockets.

C'est un peu fatigué et de mauvaise humeur que Thaddeus referma sa porte sur le dernier représentant de sa race. Il se détourna pour revenir dans sa grande salle à manger et posa son regard bleu sur le résultat de cette longue soirée. La pièce auparavant pure et aseptisée avait tout de la fin d'orgie à présent : verres abandonnés çà et là, parfois renversés, cadavres de bouteilles, nappe et sol tâchés, carafes à moitié vides,... On aurait pu croire à une banale soirée si les restes de liquide dans les verres et autres conteneurs n'était pas d'un rouge profond, épais et poisseux. Voerman attrapa une bouteille transparente étiquetée en Français « 46. Beauté Créole. Louisiane. 1757. » – merci à la potion de conservation – où il restait un fond de sang. Il huma le parfum métallique qui s'en dégageait et poussa un profond soupir. Quel gâchis de ne pas finir telle liqueur... Le sang avait aussi ses grands crus et, à n'en pas douter, cette bouteille-là en était un. Thaddeus aurait bien sorti l'équivalent sanguin du vin de table – plus récent, conservé dans des thermos d'inox brossé – pour satisfaire cette bande de morts-vivants agités, mais ce soir-là, leur réunion avait compté un Ancien – une amie qui avait reçu l’Étreinte au XIIème siècle et qu'il ne pouvait décemment pas insulter avec du mauvais sang. Aussi avait-il sacrifier quelques unes de ses plus fameuses cuvées qui s'était honteusement retrouvée gaspillée. Un peu dépité, il emporta la bouteille avec lui en desserrant machinalement son nœud de cravate, errant sans but entre les vastes pièces qui portaient encore plus ou moins la trace de ses turbulents congénères – les jeunes de moins d'un siècle étaient tout bonnement insupportables. S'il était épuisé, le vampire avait paradoxalement besoin d'agitation. Une autre sorte d'agitation que celle de virer paranoïaque en présence d'une bande de charognards sanguinaires, à tâcher de prévoir le moindre coup en douce.

Avec un grognement sourd, Thaddeus se massa les sinus, fantôme d'un réflexe mortel qui ne servait plus à rien. Au loin, il entendit tinter la vaisselle, signe qu'Abba commençait à ranger le désordre qu'ils avaient mis. Il porta la bouteille à ses lèvres pour laisser s'écouler dans sa gorge l'élixir rouge et épais qui, bien que tiède, lui semblait délicieusement chaud. Ses sens s'éveillèrent comme sous l'influence d'un rail de cocaïne ; il ressentait de petits picotements dans le bouts de doigts et se sentit tout de suite beaucoup plus alerte, le tout bercé par un irrésistible sentiment de bien-être à la limite d'une tranquille extase. Une nouvelle gorgée et c'est avec un vague sourire aux lèvres qu'il franchit la porte de son bureau pour se poser devant son ordinateur. L'Américain l'alluma et attendit patiemment que la machine se mette en route, pivotant machinalement sur son fauteuil à roulette, agrippant jalousement sa bouteille de sang créole. Il se rappelait encore d'elle ; une femme magnifique, une esclave à la peau café au lait dont la vitae remplissait les bouteilles 43 à 57. Il ne l'avait pas vidée d'une traite, il l'avait gardée en vie pour pouvoir profiter d'elle plus longtemps.

Thaddeus posa doucement le récipient sur le bureau et tapa son long mot de passe avant d'être accueillit par un fond d'écran noir sobrement marqué du V bleu surmonté d'une couronne qui désignait sa société. Une petite fenêtre s'ouvrit, lui rappelant en rouge les urgences. Nombre d'entre elles étaient des dettes encore impayées. Il parcouru le haut de la liste des yeux et le deuxième nom de la liste, un retard de 843 jours, attira plus particulièrement son attention. Wendy Leontine Hawthorn. Il connaissait bien Mademoiselle Hawthorn. Du moins, il la connaissait assez pour s'en faire une idée précise. Et puis son nom s'affichait en rouge tous les jours sur l'écran de son ordinateur. Thaddeus cliqua dessus et une nouvelle fenêtre s'ouvrit, affichant une fiche de renseignement complète sur la jeune femme avec son CV et sa lettre de motivation joints. Wendy avait travaillé pour lui fut un temps, comme serveuse au Deus Ex Machina, mais il avait fini par la renvoyer quand son comportement et son abus de boisson s'étaient révélés trop ingérables en plus de donner une mauvaise image à son business. Cette fille était si paumée et irresponsable qu'elle semblait tout droit débarquée d'une faille spacio-temporelle, à des kilomètres du monde où les gens avaient des impératifs et des responsabilités. A des années lumières du monde où vivait Thaddeus Voerman, en somme. Or, naïvement, la jeune femme avait contracté auprès de lui une dette financière qu'elle ne pourrait jamais rembourser, panier percé qu'elle était – et un coup d’œil au montant de la dette, gonflé par le taux d'intérêt et charges de retard, le lui confirma. Il lui avait bien proposé qu'elle lui livre quelques renseignements confidentiels sur les affaires du Ministre, mais Wendy avait fait la sourde oreille. D'ailleurs, c'était impensable qu'une écervelée pareille travaille dans un des bureaux les plus importants du Londres Sorcier. Ou alors ça confirmait juste l'incapacité flagrante de Philéas Folengrain à diriger un pays ou à s'intéresser à autre chose que le taux de baisabilité de ses employées. Quel abruti. Et son indignation fut telle que Thaddeus ne pu s'empêcher de marmonner ces derniers mots dans sa barbe.

D'ailleurs, pourquoi ne pas se payer une petite visite de « courtoisie » à la jeune femme ? Il n'intervenait pas souvent lui-même sur le terrain, mais un retard de 843 jours le valait bien, non ? Et puis il avait besoin de se défouler un peu... Thaddeus hésita un instant, passant sa langue sur le fil aiguisé de ses dents, la laissant paresseusement glisser sur ses canines plus longues et plus acérées que la moyenne humaine. Oh, et puis, pourquoi pas ? Le PDG décrocha son téléphone et composa de mémoire le numéro du secrétariat de son bureau à la Voerman Corporation. Après une seule tonalité, la voix de chantante de Venus lui parvint : « Oui, Monsieur Voerman ? » Le susnommé consulta sa montre et commença : « Il est 2h34... » Venus le coupa pour rétorquer, non sans ironie : « Belle observation, monsieur. » « Silence, femme, laisse-moi finir. » siffla Thaddeus avec un claquement de langue agacé. « Bon. Trouve un moyen de contacter Mademoiselle Wendy Hawthorn – elle est dans mes fichiers – pour qu'elle rapplique chez elle d'ici une quarantaine de minutes. Invente un dégât des eaux ou je ne sais quoi. » « C'est comme si c'était fait ! Autre chose ? », demanda sa secrétaire. « Non merci, Venus. Bonne soirée. » Il raccrocha, finit sa bouteille de « Beauté Créole Louisianaise » d'une seule lampée et se prépara à sortir, presque guilleret.




Ce fut facile de s'introduire chez la jeune femme. La sécurité du lieu laissait à désirer et se faufiler par une fenêtre avait été un jeu d'enfant ; la façade de son immeuble suppliait presque d'être escaladée. Le vitrage était simple et se brisa comme les os de Wendy le feraient un peu plus tard si elle ne coopérait pas – hahaha. Il lui restait un petit quart d'heure avant que l'Anglaise ne rentre chez elle d'après ses calculs, aussi prit-il la liberté de visiter un peu. L'appartement de Mademoiselle Hawthorn était – comme il pouvait s'y attendre – mal rangé. Du bout de sa chaussure, il déplaça, non sans dédain, quelques vêtements et autres magazines abandonnés au sol. Vaguement intéressé, il manipula quelques babioles sur les meubles, consulta les titres de quelques livres sur les étagères. Le tout respirait la pauvreté et le laisser-aller, un parfum d'éphémère. L'odeur de la jeune femme y était peu présente ; elle ne devait pas être souvent chez elle, sans doute ne faisait-elle qu'y dormir la plupart du temps. Et encore. La salle de bain était à demi inondée devant la douche et un paquet éventré de coton hydrophile y trempait piteusement. Thaddeus leva les yeux au ciel avant de ressortir sans pousser plus loin son exploration.

Il s'installa plutôt dans un fauteuil, dans la pièce à vivre. Le vampire posa ses coudes sur les accoudoirs et joignit les mains. Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre le petit poisson.

Wendy L. Hawthorn
Wendy L. Hawthorn

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyVen 21 Mar 2014 - 12:07


« Comment ça, inondé ? » Les paroles du pauvre hère n'avaient aucun sens aux yeux et aux oreilles de Wendy, qu'on avait alpagué au sortir de ce club infâme où elle venait de sortir pour fumer, les yeux rougis et la langue pâteuse. « Ouais, vot' salle de bain a fui ou chais pas quoi. Faut pas traîner là mademoiselle, ça a rameuté tout le bâtiment, pis vos voisins du dessous et l'propriétaire sont pas bien contents. »

Elle avait du mal à comprendre, et pas uniquement à cause des rails, de l'alcool ou du froid hivernal qui engourdissait son corps. Ce type quasiment inconnu, qui se prétendait être un de ses voisins et qui apparemment l'avait cherché pendant une bonne partie de la nuit, ânonnait depuis quinze minutes qu'elle devait rentrer chez elle pour s'occuper de la piscine géante qu'était devenue son logement. Sa mémoire travaillait d'arrache-pied pour tenter de remettre un nom sur cet individu des plus banals, pensant peut-être se souvenir du nom d'un voisin : mais elle était si peu sociable avec le quartier qu'elle abandonna rapidement toute tentative de logique et haussa les épaules. « Ok, ok, j'y vais. » capitula t-elle. Elle passa une main dans ses cheveux pour rabattre les mèches qui brouillaient sa vue, rajusta brièvement sa veste et balança son sac à main sur son épaule.

Wendy tira une longue taffe tandis qu'elle traversait la rue déserte pour s'enfoncer dans les ruelles de Londres endormie, pestant contre son inattention chronique qui lui avait encore joué un sale tour. Elle avait un peu froid, un peu faim, et surtout, une furieuse envie de s'effondrer dans des draps frais maintenant qu'elle savait ce qui l'attendait dans son trois-pièces. Dommage pour elle, visiblement ce n'était pas pour tout de suite qu'elle aurait droit à un peu de repos. Au détour d'un carrefour, elle jeta le mégot fumant derrière elle et pressa le pas.

Alors qu'elle arrivait au pied de la petite résidence, la jeune secrétaire haussa les sourcils, notant le calme inhabituel dans le hall d'entrée, observant qu'aucun sorcier furieux en pyjama ne la guettait pour l'incendier. Le type dans la rue avait-il menti ou avait-elle cru entendre un délire auditif de plus dans son ivresse passagère ? Wendy se mordit la lèvre pour ne pas rire nerveusement en imaginant qu'elle avait sans doute cru au canular débile … d'un débile. Pourtant, arrivée au pallier de son appartement, ses yeux tiquèrent devant la porte d'entrée entrouverte. Depuis quand les plombiers pénétraient par eux-même dans le domicile pour réparer une fuite d'eau ? La prise d'initiative paraissait un peu trop surréaliste pour être honnête, et Wendy de sortir sa baguette magique de son minuscule sac pour l'agiter vers la serrure sans un mot. Un cliquètement métallique plus tard, celle-ci se retrouvait dans un état convenable, même si aucun sort ne pouvait la protéger d'une nouvelle effraction future.

Tout en poussant doucement la porte de son avant-bras droit, la blonde avança lentement dans son propre refuge, comme un animal s'aventurant dans un territoire incertain. Elle ne disait mot, ses yeux se contentant de parcourir l'espace qu'elle connaissait déjà trop bien pour ne pas remarquer très vite que quelque chose clochait, sans pour autant qu'elle sut dire quoi. Une sensation insidieuse d'inconnu, d'anormal parcourut son épiderme alors qu'un frisson froid taquinait ses épaules. Le silence dans lequel baignaient les lieux était ouaté par les relents des basses du club qui résonnaient encore dans sa tête. Alors que Wendy se retrouvait au centre d'un rayon lunaire à peine filtré par les rideaux clairs de la pièce, ses yeux captèrent une main.

Une main posée là, négligemment, sur le bras de ce fauteuil qui trônait au beau milieu du salon. L'éclat soudain et lumineux d'un bouton de manchette beaucoup trop formel la fit se raidir imperceptiblement, et son esprit dégrisa un peu trop brutalement alors qu'elle avait déjà une idée bien trop précise de l'identité de l'intrus nocturne qui s'était immiscé chez elle. L'identité se confirma alors qu'elle fit un pas en avant et plissa les yeux. « Bonsoir ... » énonça t-elle laconiquement comme un soupir pénible à expulser. Pas de Monsieur Voerman pour lui ; elle n'était pas née pour lécher les bottes de son créancier, même le plus dangereux.

Elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait pas été prévenue. Les deux corbeaux morts du mois dernier gisant sur son paillasson lui avaient amplement mis la puce à l'oreille. Ca, et tous les messages déguisés, ces rappels cousus de fil blanc. Comme autant de coups de tambours de plus en plus forts qui annonçaient clairement la teneur de la menace : un jour viendrait où Thaddeus Voerman ne se contenterait plus de missives impersonnels ou de petites mises en scène et viendrait réclamer son dû en personne. Dû qu'elle ne possédait bien évidemment pas, Wendy se surprit à le réaliser avec une conscience aiguë alors qu'elle observait le vampire dans un silence qui ne la gênait presque pas. C'était toujours un peu malsain de se retrouver face à un tel individu, surtout quand on ne connaissait pas réellement les limites. Parce que ça faisait bien longtemps que l'anglaise n'avait pas d'argent pour repayer ce qu'elle devait à l'homme d'affaire. Ça faisait tout autant de temps qu'elle lui avait signifié avec une clarté limpide qu'elle ne coopérerait pas pour quoi que ce soit qui lui aurait permis de sauver sa fine peau diaphane. Mais on ne pouvait apparemment pas refuser eternam vitam quelque chose à Voerman sans en payer le prix, quel qu'il fut.

Se débarrassant de son maigre sac dans un coin tout en se défaisant de sa veste, la jeune femme sembla donner l'impression d'ignorer volontairement la présence de son visiteur. Pour autant un détail révélateur niait ce constat : pas une seconde elle ne lui tourna le dos, pas une seconde elle ne se départit de sa baguette magique. Comme si elle savait. « Je suppose que le dégât des eaux, c'est vous. » Elle aurait pu lui demander, éhontément, ce qu'il voulait. Mais elle avait la réponse, et même celle à sa prochaine question : non, Wendy Hawthorn n'avait pas ce qu'il attendait, et il ne l'aurait pas. Alors il allait peut-être s'énerver. Démolir l'appartement, ou la démolir elle. La pensée la frôla de si près qu'elle aurait pu se mettre à avoir peur pour de bon. Sauf que Wendy restait Wendy : dangereusement imprudente et bêtement franche. « Alors ? J'ai pas de Whisky-pur-Feu à vous servir, il est un peu tard pour ça. »

Elle était là. Les bras ballants, le regard fixement posé sur lui. Patientant que l'orage s'abatte sur elle sans vraiment pouvoir se préparer à ce qu'elle allait subir.
Thaddeus R. Voerman
Thaddeus R. Voerman

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyVen 21 Mar 2014 - 13:57

HJ- J'étais inspirée, il a fallu que je réponde aussitôt, sorry i'm not sorry jhfgkjgf.


A plague for the angels

Un certain avantage à pouvoir vivre éternellement – en théorie – c'était d'obtenir un certain détachement vis-à-vis du temps qui passe, de relativiser et de pouvoir presque laisser passer dix ans d'un battement de paupières. Aussi, l'attente ne lui pesa pas trop, dans ce salon un peu défraîchi aux relents d'odeurs humaines. Sel, fumée, alcool, un peu de sueur et un peu de savon. Thaddeus avait appris à apprécier des fragrances mortelles, à les décomposer et à les penser comme les notes de parfums plus ou moins nobles, plus ou moins agréables à sentir. Lui-même ne sentait pas grand chose sinon un mélange ténu de sang et de cette amertume âcre qu'on retrouve dans les morgues. Odeur de mort aseptisée camouflée derrière une raisonnable bouffée de parfum d'une marque luxueuse. Si on était attentif, on pouvait même sentir les émotions, au sens propre du terme. Quand ils sont émus, les humains transpirent, même juste un peu. Il y avait ensuite un petit quelque chose qui permettait d'identifier l'émotion associée. Question de phéromones peut-être. Ça n'avait rien d'une science exacte, mais toutes ces petites trahisons corporelles fascinaient le vampire. Lui devait se forcer s'il voulait que son cœur batte ou que son diaphragme se contracte. Il devait y réfléchir, ça n'avait plus rien d'un réflexe inné. D'un côté, il tenait plus de la machine que de l'être vivant – ou plutôt, l'être qui-avait-été-vivant.

Thaddeus reconnu le pas de celle qu'il attendait avant même qu'elle ne tourne au coin de la rue, le silence et son ouïe fine aidant. Elle portait peut-être des bottines. En tout cas, son pas était traînant, fatigué, mais un peu pressé aussi malgré tout. Venus avait donc réussi son coup, comme souvent. Il ne se féliciterait jamais assez d'avoir cette femme à son service, ce petit prodige d'efficacité. Elle ne payait pas de mine avec ses cheveux rose vif et ses moues d'adolescente, mais Venus était de loin une des personnes les plus compétentes qu'il eu jamais rencontré. Mais Voerman n'eut guère le temps de s'autocongratuler d'avantage sur son aptitude à flairer le talent car déjà, Wendy Hawthorn montait les escaliers. Il l'entendit ralentir en haut des marches. Elle avait du voir la porte entrouverte et le verrou brisé. Elle farfouilla dans son sac avant que ne résonne tout bas un cliquetis metallique quand elle répara la serrure. Précautionneusement, le battant de la porte fut poussé et la jeune femme apparue dans son champ de vision. Ses cheveux blonds et ébouriffés, ses pommettes saillantes et son regard d'antilope hagarde – présentement froncé sous l'effet de la méfiance – lui revinrent nettement en mémoire. C'était bien elle. Le vampire demeura immobile, patient, en attendant que Wendy le remarque enfin dans la pénombre alors que lui ne la quittait pas des yeux. Si elle ne l'avait pas encore vu, son regard inquisiteur et inquiet semblait chercher quelque chose qui dénotait du quotidien. Soudain, son visage se décomposa légèrement avant de reprendre son expression flegmatique habituelle : elle l'avait vu. Wendy Hawthorn fit un pas vers lui, les yeux plissé pour mieux le distinguer, soupirant une salutation à contrecœur. Afin de lui faciliter la tâche, Thaddeus tendit la main pour allumer une lampe posée sur un guéridon. De s'être abreuvé récemment, son teint était plus naturel, plus vivant, sans qu'il ait besoin de forcer son sang à circuler pour maquiller sa complexion cadavérique. D'une voix suave, il répondit avec un léger sourire : « Bonsoir, Mademoiselle Hawthorn. »

La jeune femme se débarrassa de ses affaires. Si Thaddeus gardait son regard solidement rivé sur elle, la jeune femme se refusait à lui tourner le dos, comme si elle craignait qu'il ne lui saute à la gorge dès qu'elle s'exposerait. Il remarqua sa baguette saumonée – peut-être de l'aulne – fermement serrée entre ses doigts. Elle se méfiait, évidemment. Et elle avait raison. Si une baguette magique n'avait rien d'un obstacle insurmontable, elle pourrait se révéler gênante. Prudence, donc. Wendy prit à nouveau la parole et l'homme hocha la tête. « Vous supposez bien. », répondit-il sans plus s'étendre que ça sur ses pratiques crapuleuses. Wendy lui proposa à boire et Thad se demanda si elle n'avait pas vu les affiches que Celui-Qui-Sait avait placardé dans le Londres sorcier ou si elle ignorait délibérément sa nature dévoilée au grand jour – sans mauvais jeu de mots. Qu'importe, le résultat serait le même. « Merci, je ne bois pas d'alcool de toute façon. » Il lui désigna le canapé en proposant : « Mais je vous en prie, c'est chez vous ici, vous pouvez vous asseoir. » Comme elle ne semblait pas décidé à le faire, il poursuivit simplement : « Si vous ne comptez pas vous servir quelque chose ou vous mettre à l'aise, je serai bref et concis. Vous n'êtes pas sans ignorer la raison de ma venue ici et je pense supposer assez justement que vous n'avez pas de quoi me rembourser et que nous n'êtes pas non plus disposée à me payer autrement. » Aucun sous-entendu sexuel là-dedans, Thaddeus parlait évidemment de renseignements confidentiels sur les affaires du Ministre. « Cependant, j'espère vous faire changer d'avis. »

Thaddeus se leva et s'approcha de la jeune femme. Il passa à côté d'elle, passa vite dans son dos pour se retrouver à son niveau et glisser son bras autour de ses épaules dans un geste presque paternaliste. Grâce à cette accolade, le visage du vampire était à présent tout près de celui de sa proie immobile. Ses gestes étaient d'une très grande douceur sans être dénuée de fermeté. La tête tournée vers elle, Thad la fixait sans faiblir, comme s'il escomptait traquer le moindre signe de faiblesse de sa part. De ce même ton suave, il enchaîna : « Mademoiselle Hawthorn, croyez-moi, je trouve très regrettable que nous en soyons rendus à de telles extrémités. Je ne tire aucun plaisir à vous harceler de la sorte, c'est épuisant pour moi aussi. » Semi-mensonge. « Aussi, réglons ça entre nous, calmement. Nous n'avons pas toujours eu de très bons rapports vous et moi, mais je suis persuadé que nous pourrons mettre nos différents de côté pour les deux heures à venir – et les suivantes, je l'espère. »

Sa main remonta sur l'épaule de la jeune femme et son pouce vint effleurer le fil de sa mâchoire, froid comme la mort. Son discours avait pour but de l'amadouer autant que de l'inquiéter. Son ton était bien trop doucereux pour ne rien cacher mais pour autant, il n'avait formulé aucune menace – pas encore. Si ce n'est que sa proximité immédiate – intrusive, même – n'avait rien de très confortant. Il fit mine de réfléchir et demanda avec une fausse naïveté : « Dîtes-moi, Mademoiselle Hawthorn, combien me devez-vous déjà ? » Il connaissait le montant à la virgule près, évidemment, mais il voulait le lui entendre dire.

Wendy L. Hawthorn
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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyVen 21 Mar 2014 - 19:22

Bizarrement, depuis qu'il était là, Wendy ne se sentait plus chez elle. Ou en tout cas, la définition de « home sweet home » ne correspondait plus exactement à celle d'un lieu rassurant où l'on se savait en sécurité. A deux mètres d'un mafioso notoire en costume chic, la blonde avait bien des peines à s'estimer véritablement saine et sauve et de ce fait, elle était loin de se comporter comme si elle était chez elle. Et rien de son baratin bien huilé ne lui signifiait l'inverse.

Quand Voerman s'approcha, elle fut tentée de reculer. Pourtant son esprit bloqua toute tentative de fuite de son corps ; non pas que son instinct de survie fut réduit à si peu de chose, mais Wendy voulait en réalité simplement voir ce que Thaddeus lui réservait. De quelle manière allait-il réparer lui-même sa dette ? En lui fracassant le corps millimètre par millimètre ? La douleur n'avait en soi pas d'équivalent pécuniaire, mais il se pouvait que le vampire y trouve son compte et une satisfaction suffisante pour effacer l'ardoise. Une solution qui n'enchantait pas miss Hawthorn, et sa main de plaquer sa baguette magique contre sa cuisse, resserrant davantage la prise sur elle.

Son corps se tendit instantanément lorsque l'homme d'affaires enroula sournoisement son bras autour d'elle. Le danger semblait être le même que si un cobra royal venait de s'entortiller autour d'elle. Étreinte par un froid morbide, Wendy avait à cet instant l'occasion de comprendre ce que ça faisait que de ne plus être de ce monde. Son toucher avait la fraîcheur de la neige et de la houle, et pas une seule respiration tiède ne venait contrebalancer cet être qui aurait pu être fait de glace des pieds à la tête. La sensation aurait été strictement la même. Ça n'avait rien de fascinant ou d'exaltant bien au contraire, pour l'heure c'était même infiniment dérangeant. Il avait outrepassé ce périmètre invisible mais établi que l'on dessinait mentalement autour de soi. Il ne la forçait en rien à rester prisonnière là, pourtant l'anglaise ne bougeait plus d'un cil, comme s'il l'avait paralysée d'une simple pression du bras.

Il restait néanmoins mielleux, douceâtre, caressant. Ce qui ne présageait franchement rien de bon. Avec comme seul rempart et arme la parole, Wendy lui répondit d'un ton incrédule. « Vraiment ? » Elle avait bien du mal à croire qu'il ne s'éclatait pas un minimum en la faisant mariner. « Permettez-moi d'en douter. » poursuivit-elle du bout des lèvres avec un arrière-goût d'amertume dans la gorge. Elle était plus sèche que jamais.

Voilà qu'il abordait, toujours aussi proche et serein, le vrai nœud du problème. A sa question qui n'avait pas grand-chose de sincère, la secrétaire faillit presque sourire. Tout ceci aurait pu être beaucoup plus drôle si on n'était pas en train de parler d'elle, assurément. Elle écarta pourtant volontairement et brusquement son visage de son pouce, son corps frémissant d'une colère impuissante. « Aucune idée. Mais vous allez sûrement me le rappeler. » murmura t-elle, ses yeux aux lueurs polaires vrillés dans les siens. Elle se raccrochait inlassablement à son regard, désireuse de ne pas ciller, pour ne surtout pas lui accorder la victoire qu'il cherchait au fond de ses prunelles en s'imposant dans son appartement. Il jouait les fortes têtes et il en avait tous les droits, mais malheureusement Wendy n'aimait guère se sentir acculée et lorsqu'elle se trouvait sous la contrainte, elle ne pouvait pas s'empêcher de surenchérir. Vieux réflexes de Gryffondor, devinerait-on.

Et alors qu'il s'apprêtait sans doute à lui énoncer la somme astronomique et juste de ses paiements en retard – qui s'étaient accumulés depuis bien trop longtemps -, la jeune femme eut l'audace de vouloir éclairer la lanterne de son prêteur avec une pointe d'insolence, il fallait appeler un chat un chat. « Je ne sais pas si vos yeux vous l'ont fait comprendre ou non, mais au vu de l'endroit où je vis, croyez-bien que si j'avais ce qu'il fallait pour 'régler les choses', ce serait déjà amplement fait. Et vous ne seriez pas . Pas aussi près en tout cas. » Ca lui déplaisait, oh ça oui, c'était limpide.

La vraie interrogation tant attendue finit malgré tout par être posée, mais pas à brûle-pourpoint, pas dans des supplications larmoyantes, pas dans la confusion et la panique. Lentement, mécaniquement. Sa voix avait pris les mêmes émotions que celles qui avaient envahi son corps dès lors que Thaddeus avait posé la main sur elle ; braquée, elle avait des allures de sauvageonne farouche et tous ses muscles étaient en alerte, sur le qui-vive. Palpitants, prêts à bondir, à fuir, à se battre. « Qu'est-ce que vous attendez de moi au juste ? »
Thaddeus R. Voerman
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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyVen 27 Juin 2014 - 15:18


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Thaddeus devait reconnaître que Wendy avait du cran – ou bien était-elle un peu stupide, il ne savait pas bien. La plupart des gens perdaient leurs moyens rien qu'en constatant la présence d'un étranger chez eux et ceux qui avaient gardé un tant soit peu de sang-froid achevaient de rendre les armes quand il commençait son petit discours répété des centaines de fois. Pas Wendy. Wendy restait aussi calme qu'une proie acculée pouvait l'être, une touche d'ironie dans la voix, son port de tête suintant la défiance. Évidemment, il la sentait mal à l'aise d'être ainsi prisonnière de son étreinte aussi intrusive qu'hypocrite, mais elle ne comptait pas céder devant si peu, aussi horripilant puisse-t-elle trouver ce contact non désiré. Thaddeus ne se laisserait pas démonter pour autant.

De son vivant, il réclamait déjà des dettes impayées. C'est dire si cela remontait sachant qu'il avait perdu la vie en Novembre 1665. Quand le sang coulait dans ses veines et non dans sa gorge, Thaddeus Voerman était usurier dans un minuscule village côtier de Virginie. De nos jours, on appellerait plutôt ça un prêteur sur gage. Il avait quitté le domicile familial à l'âge de quinze ans, déterminé à s'en sortir malgré son sang cracmol, gonflé par la rancoeur et l'envie de prouver sa valeur, même sans disposer d'une once de magie dans le corps, la tête encore pleine des mots acides et des injustices de ses parents sang-pur. Il avait erré de village en village, de menus travaux en petits revenus, pendant quelques années, avec pour seule richesse une tenue de rechange et quelques clopinettes. Mais il en voulait et l'effort ne le rebutait pas. A l'âge de dix-sept ans et à force de harceler l'usurière du dernier village dans lequel il avait posé son baluchon, cette dernière l'avait pris comme apprenti. Il était resté sous ses ordres, employé rigoureux et scrupuleux, pendant sept ans. Il avait épousé sa fille, une femme douce et gentille malgré un physique un peu grossier, un ans après son arrivée pour devenir l'héritier légitime de l'usurière. Quand cette dernière mourut trois ans plus tard de la tuberculose, Thaddeus hérita de tout et reprit l'affaire de sa défunte belle-mère, sûr de sa facilité à manipuler l'argent. Puis l'année de ses trente-six ans, le fil de sa vie fut coupé d'un net coup de ciseaux. Il avait suffit de quelques minutes. Sa femme était morte en couche à la naissance de leur troisième et dernier enfant ; il avait laissée l'aînée adolescente débarrasser la table avec ses deux frères pour qu'il puisse sortir couper du bois pour réalimenter le feu. Il n'avait même pas eu le temps que fendre plus de trois bûches que son agresseur nocturne lui tomba sur le râble et le laisse pour mort. Mais c'était loin tout ça... Si loin que Thaddeus ne se rappelait même plus ce que c'était d'être vivant, le goût des aliments, la caresse du soleil et sa lumière naturelle,... Sans compter cette pièce mystérieusement inutile que lui était devenue les toilettes.

Mais même après sa mort et sa résurrection, l'Américain était resté un commercial, les mains jamais très loin d'un joli paquet d'argent. Et en 1998, c'était toujours le cas. Sauf que les sommes en questions étaient bien plus importantes que celles de ses débuts balbutiants. Comme l'avait expérimenté Wendy. Toujours aussi calme, Thaddeus rétorqua comme on explique quelque chose à un petit enfant : « Détrompez-vous, Mademoiselle. Ça ne me fait pas rire de poursuivre les gens. Ce que j'aime, c'est récupérer mon argent et barrer le nom de mes débiteurs de mon carnet. Vous pouvez comprendre ça, non ? Croyez bien que j'ai bien mieux à faire que de frapper aux portes comme un vulgaire colporteur. » D'ailleurs, il avait des employés pour ça normalement. Mais il arrivait que de temps à autre, il s'occupe d'un cas particulier en personne. Comme Wendy Hawthorn. Justement parce que, contrairement à ce qu'il disait, ça l'amusait quand même un petit peu. Mais ça, il n'était pas forcé de le lui avouer même si elle se doutait de la vérité.

Brusquement, elle écarta son visage de son pouce pour qu'il cesse ses caresses insidieuses. Thaddeus n'insista pas et laissa retomber sa main sur son épaule. « Aucune idée », disait-elle. Oh, il espérait quand même qu'il s'agisse de provocation parce qu'on n'oubliait pas une telle somme aussi facilement quand même... A moins que ce souvenir soit si douloureux que la jeune femme ne soit obligée de l'occulter pour ne pas sombrer dans la dépression. Possible. Mais il en doutait un peu. Alors qu'il s'apprêtait à lui énoncer le montant qu'elle lui devait, Wendy enchaîna avec une remarque judicieuse dans l'esprit mais dont il avait déjà pris note. Les yeux bleus et froids de Thaddeus balayèrent la pièce à vivre de l'appartement miteux de la secrétaire. Il n'y avait pas de quoi se pâmer, loin de là. Son logement avait tout du trou à rat pour petite main sous payée si on demandait son avis au vampire. Il ne souhaitait un tel logement pour aucun de ses propres employés mais le Ministère n'avait pas le même genre de scrupules semblait-il. Mais pour se faire l'avocat du diable, Wendy ne semblait pas exactement du genre économe non plus. En fait, Thaddeus comptait bien sur le fait qu'elle ne pouvait pas le payer pour obtenir autre chose de plus jubilatoire que de l'argent – oui, cette pensée venait bien de Thad, omg.

Sereinement, ses doigts pianotèrent sur l'épaule de la jeune femme alors qu'elle posait la question. La seule qui importait vraiment, le point culminant de ce pour quoi il était venu. Le vampire émit un petit rire bref et contenu dont on savait trop s'il véhiculait de la satisfaction, du sarcasme ou une certaine forme d'ennui. « Bien observé, Mademoiselle Hawthorn. Quand même, pour information, vous me devez quatre-cent soixante-trois mille cinq-cent vingt-deux livres sterling et quatorze pens. », annonça-t-il en détachant bien chaque mots du montant pour qu'elle l'apprécie bien. « Mais pour être vraiment honnête avec vous, ça ne représente même un demi pourcent du chiffre d'affaire annuel que je génère. Si ça peut vous aider à vous l'imaginer, je gagne mille sept-cent douze dollars et trente-trois cents... par seconde. » Thaddeus éprouvait beaucoup de plaisir à calculer des données pareilles et encore plus à les plaquer à la tête des gens comme Wendy.

Détendu, il la lâcha pour achever de faire le tour de sa petite personne. Il promena un doigt désinvolte sur une commode, le pas lent et posé. « Donc, effectivement, votre argent n'est pas ce qui m'intéresse le plus chez vous... » Il s'adossa contre le meuble pour la regarder. « J'ai d'autres contacts au Ministère mais ils me servent déjà à autre chose et je ne mélange pas les attributions de mes employés et autres indics. C'est mauvais pour les affaires. » Par là, l'homme lui signifiait qu'il avait déjà des taupes au Ministère. Des taupes qui pouvaient éventuellement attenter accidentellement à sa vie. Des taupes qu'il préférait sauvegarder. Wendy pouvait se faire prendre en flagrant délit, ce n'était qu'un moindre mal, mais pas ses autres contacts. Machinalement, il sortit un étui à cigarettes en argent finement ouvragé gravé de son nom de famille et en sortit une, dépourvue de tout label, ainsi qu'un briquet également fait d'argent. « Ce que j'attends de vous, Mademoiselle Hawthorn – vous permettez que je fume ? – ce sont des renseignements confidentiels sur le Ministre et ses affaires, personnelles ou professionnelles. » D'un geste sec, il glissa la cigarette entre ses lèvres et l'alluma dans la coupe de ses mains. Une vieille habitude mortelle qui lui était restée mais si pour s'y adonner, il devait simuler une respiration artificielle. Il redressa la tête et tira une longue bouffée de fumée, libérant les arômes du tabac grillé. Poliment, Thaddeus lui présenta l'étui : « Cigarette ? C'est un mélange de tabac cubain et de tabac de ma Virginie natale que je fais faire. »

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyMer 2 Juil 2014 - 23:23

Il n'était pas là par plaisir, simplement là par corvée. Par obligation. L’argumentaire solide ne la convainc pas tout à fait mais elle ne contre-attaqua pas. « Si vous le dites. » murmura seulement la jeune femme d'une voix blanche qu'elle avait du mal à identifier comme étant la sienne. Ce ton blasé et froid ne lui ressemblait pas, mais la situation était trop singulière pour qu'elle puisse agir comme elle le faisait d'habitude. Wendy se savait en terrain miné ; et on ne donnait pas cher de la peau d'une petite fée en pareilles circonstances.

Bien évidemment, Wendy ne put manquer à aucun moment la joie quelque peu malsaine que Thaddeus prit à lui énoncer en détachant chaque syllabe la somme précise de sa dette. Et la jeune femme dut avouer qu'elle ne s'attendait pas à un compte aussi exact et aussi élevé. Cette histoire d'argent courait-elle donc depuis si longtemps pour qu'elle en prenne des proportions astronomiques ? La secrétaire n'avait plus une notion du temps très claire vis-à-vis de l'époque où elle avait travaillé au Deus. Cette même époque où elle avait contracté un emprunt qui s'avérait à ce jour une menace pour sa vie.

Voerman ne perdait pas son calme, à tel point que c'en était effrayant. Ce n'est pas parce qu'on est un vampire qu'on ne peut pas exploser, mais tout de même, sa sérénité faisait ressortir certains traits de sa véritable nature, que la jeune anglaise n'avait pu ignorer suite aux révélations de Celui-qui-sait. Sa nature lui convenait bien, au fond : si elle n'avait été que partiellement surprise, l'image du gentleman en costume impeccable sous lequel se cachait l'âme d'un tueur de sang-froid avait des allures à la fois rocambolesques et véridiques. Il lui tendit d'ailleurs le paquet qu'il sortit de sa poche alors qu'il demandait avec une politesse complètement obsolète s'il pouvait fumer. Wendy haussa les épaules, devinant que Thaddeus ne demandait pas réellement une autorisation de sa part. Mais pour le reste, elle ne bougea pas, ne daignant pas accepter l'offre. Ses yeux se posèrent sur l'étui avec la même méfiance que s'il s'était agi d'un pacte avec le Diable. « Elle me coûtera combien, celle-ci ? » Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Ce n'était pas de l'affront, pas même un défi ou un gant jeté à l'adresse du vampire, non, c'était tout simplement sa franchise, stupide mais authentique, qui ressortait comme autant de petits coups de griffe malhabiles qu'elle tentait d'adresser au prédateur confortablement installé dans son fauteuil, jouissant de toute son emprise sur la situation, étendant son aura dans tout l'appartement jusqu'à en annihiler le moindre aspect rassurant dans la pièce.

Wendy était tendue. Trop tendue pour fumer, trop tendue pour accepter une cigarette de la part de son créancier, trop tendue pour baisser la garde une seule seconde. Elle n'était pas en état de veiller de manière très alerte : son début de soirée avait été trop arrosé et poudreux pour ça. Néanmoins ses sens luttaient pour ne pas vaciller, et une certaine tension creusait son estomac et nouait son ventre, tant et si bien qu'elle aurait été incapable de perdre une miette des paroles de Thaddeus. Et l'anxiété latente qui hantait ses entrailles était justifiée ; Voerman n'était pas là pour des espèces, il était là pour l'envoyer faire quelque chose qui n'était ni dans ses cordes, ni dans ses principes.

Wendy croisa les bras, fixant avec attention l'homme face à elle. Se sentir debout ne lui assurait qu'une domination illusoire, elle le savait. « Vous me demandez donc de faire … Comment appelle t-on ça ? Je ne suis pas très adroite avec les mots. » répéta t-elle avec lenteur, se laissant une pause de courte durée. « De l'espionnage, en quelque sorte. A votre compte, sur les affaires du Ministère de la Magie. Qui est aussi mon patron. Celui qui me paie chaque mois et me permet donc de vivre. » Les idées s'enchaînaient comme une suite logique à sa réponse finale. « Je suis désolée, Monsieur Voerman, je crois qu'on va avoir des problèmes à s'entendre là-dessus. »

Sa voix était étrangement douce et courtoise. Wendy ne courbait pas l'échine, elle ne tentait pas d'amadouer l'homme d'affaires – cela aurait été peine perdue - : elle n'ignorait pas qu'elle n'avait pas de réel choix, et qu'au fond son interlocuteur se foutait royalement qu'elle voulut rembourser sa dette ou pas. Malgré tous les avertissements que sa conscience lui hurlait dans sa tête, l'anglaise continua de parler à l'encontre de sa sécurité et de sa prudence. « Je suis secrétaire d'accueil. Ca n'est pas dans mes qualifications d'accéder aux dossiers confidentiels. » Un temps d'arrêt, et elle avoua. « Et à vrai dire, je vais être honnête : ça me dégoûte d'aller jouer les fouines. » Sa voix s'était enraillée d'une certaine révolte qu'elle avait du mal à couver. « Et qui me dit qu'après ça vous me ficherez la paix ? Qu'est-ce qui me garantit que vous ne reviendrez pas me réclamer autre chose plus tard ? » Cette fois-là, c'était son angoisse qui avait parlé, comme si une part d'elle aurait pu accepter de s'abaisser à un certain niveau pour simplement se sauver.
Thaddeus R. Voerman
Thaddeus R. Voerman

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyMar 22 Juil 2014 - 21:05


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« Elle me coûtera combien, celle-ci ? » Thaddeus s'arrêta net et demeura immobile l'espace de quelques secondes. Parfaitement immobile. Inhumainement immobile. Pas la moindre palpitation d'une veine sous la peau – son cœur ne battait plus que sur commande, lorsqu'il voulait se donner l'air moins cadavérique – pas le moindre frémissement d'un souffle d'air – il ne respirait que lorsqu'il le voulait, pour simuler la vie. Puis, après ce bref moment suspendu, le vampire éclata d'un rire bref qui le surpris presque. Comme s'il ne s'attendait pas à ce que Wendy puisse l'amuser sincèrement. Et c'était le cas : il était très loin de s'y attendre. Un sourire étira les commissures de ses lèvres et découvrit ses dents impeccablement blanches dont les canines étaient plus proéminentes et plus acérées que chez un être humain. « Très drôle, Mademoiselle Hawthorn. Vraiment très drôle. » Il referma d'un claquement sec son étui à cigarettes et le rangea dans sa poche.

Avec une apparente sérénité, Voerman attendait la réponse de la jeune femme. Pourtant, si son air tranquille ne trahissait pas le moindre trouble, l'homme d'affaires était tendu en vérité. A vrai dire, il n'avait pas le moindre désir de tuer Wendy Hawthorn, ni même de trop l'abîmer. C'était vrai qu'elle l'énervait et qu'elle appartenait à une race de cancrelats – les mauvais payeurs – qu'il méprisait – en plus d'être une satanée sorcière – mais il ne lui souhaitait pas du mal pour autant. L'image de tueur sanguinaire qu'on pouvait avoir de lui le servait bien dans le sens où elle dissuadait la plupart des êtres impressionnables de lui chercher des crosses, mais il était plus « humain » qu'on pouvait le penser. Certes, il était très loin d'être un angelot d'innocence, il avait beaucoup de sang sur les mains, mais Wendy ne faisait certainement pas partie des gros poissons avec lesquels il jouait dans la cour des grands. Wendy, ce n'était rien. Que du menu fretin dans l'océan. Une pauvre anchois de rien du tout à côté de lui, le grand requin blanc. Thaddeus ne retirait ni plaisir ni satisfaction à se confronter sérieusement aux petites personnes comme Hawthorn. Il n'en avait même pas envie. Pas comme ça. Pas sérieusement. Pas avec des armes à feu et du trafic d'influence. Pour Wendy, il voulait bien sortir les menaces de petit voyou et faire craquer ses poings, mais quel intérêt à aller plus loin ? Aucun. Et quand Thad n'avait pas d'intêret à faire quelque chose, il préférait souvent abandonner. Mais abandonner, c'était donner raison à cette petite péronnelle et la laisser raconter à qui voulait bien écouter – à Philéas Folengrain – que les menaces de Thaddeus Voerman n'étaient que du vent. Or, c'était inenvisageable.

La jeune femme lui débitait son argumentaire de valeureuse gente dame et le vampire leva la main pour l'interrompre et rétorqua : « N'exagérons rien, Mademoiselle Hawthorn. » D'un mouvement de main circulaire, il désigna le panorama piteux qu'offrait la pièce à vivre de l'appartement de la secrétaire. « Votre salaire ne vous fait pas vivre. Survivre, à la rigueur. Même moi, à l'époque de mes soixante ans, je n'en aurais pas voulu. Et pourtant, j'étais sans-abri. » Avec un hochement de tête, il concéda cependant : « Mais oui, c'est bien cela, je vous demande d'espionner pour mon compte. » Et toujours la même rengaine propos d'honneur et de vertu. Qu'est-ce que Wendy avait de plus que les autres pour se croire au-dessus de toute corruption, de toute intimidation ? Ce petit numéro commençait à devenir fatiguant. Bon Dieu, Wendy, donne-moi ces putains de renseignements et qu'on en finisse. Je passe l'éponge sur ta dette et tout le monde est content ! La plaisanterie a assez durée...

Thaddeus poussa un bruyant soupir en examinant machinalement les ongles de sa main libre, tirant une taffe de fumée avant de répondre, un brin excédé : « Bon sang, Mademoiselle Hawthorn, réfléchissez ! Vous pensez vraiment que je compte passer toute ma non-vie à vous harceler ? J'ai des investissements plus importants que vous. Alors dès que j'aurais ma contre-partie, croyez bien que vous ne me reverrez plus, pour notre plus grand soulagement à tous les deux... » Le businessman se redressa et planta son regard bleu-gris dans celui de la petite impudente qui lui faisait face. Sa baguette était toujours dans son dos et cet état de fait était toujours gênant. Un des avantages à être vampire était de posséder quelques facultés psychiques intéressantes. Comment se faisait-il que personne ne se souvenait jamais d'avoir été mordu ? Quand ils n'étaient pas morts, cela va de soi. Parce que les vampires pouvait « subjuguer » leurs proies, entre autres, se rendre très sympathiques à leurs yeux quand bien même le vampire aurait une tête de tueur né. Susciter la confiance et puis leur faire oublier. Wendy était alcoolisée et Thaddeus supposait qu'il ne devrait pas y mettre trop d'ardeur pour pouvoir la convaincre de poser sa baguette... Normalement.

L'Américain s'éclaircit la gorge et reprit d'une voix douce et consensuelle chargée d'une insidieuse persuasion : « Mademoiselle Hawthorn... Vous me mettez mal à l'aise avec votre baguette. Regardez-moi. Je suis désarmé. Alors soyons à armes égales et posez cette baguette sur la commode, je vous en serai gré. » Bien sûr qu'ils n'étaient pas à armes égales. Thaddeus pouvait la décapiter d'un coup de dents ou de poing s'il le voulait. Mais le tout était que Wendy le croit. « Je vous assure que ce n'est pas dans mon intérêt de vous abîmer, Mademoiselle. », insista-t-il. Ça, au moins, c'était partiellement vrai. Sans rompre le charme, il poursuivit : « Travaillez pour moi, Mademoiselle Hawthorn. Ça ne durera qu'un instant et je sortirai de votre vie ensuite. Et vous ne me devrez plus rien. »

Si la manière « douce » ni fonctionnait pas, Thaddeus était déterminé à placer la barre plus haut. Il ne pourrait souffrir un refus de plus et il n'avait pas toute la nuit – vraiment.

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyVen 25 Juil 2014 - 15:44

Qu'il méprise sa vie, son salaire ou ses opinions l'effleurait peu. En réalité Wendy ne s'attendait guère à partager des points communs avec Thaddeus Voerman. Ils n'avaient aucune raison pour ça. Tous deux étaient diamétralement opposés et divergents, ce qui n'augurait que rarement – voire jamais – une possibilité de se comprendre l'un l'autre. Ce n'était de toute façon pas non plus ce que les deux cherchaient. La seule chose qui importait à cette heure pour Wendy, c'était sa tranquillité. Et pour Thaddeus, c'était que son argent lui soit rendu. Ou, en d'autres termes, que la dette soit payée. L'homme d'affaires revenait vite au galop et en dépit de sa courtoisie ampoulée, la jeune femme sentait par une intuition plutôt fiable qu'à force de jouer les fantômes et de s'esquiver à ses responsabilités, Voerman allait finir par achever ce fâcheux contretemps d'un coup de croc bien avisé.

C'était pour ça qu'elle ne lâchait rien. Ni son attention, ni sa baguette magique. Même quand il s'emporta légèrement après s'être heurté à ses paroles pleines de bonté d'âme, le vampire réussit à la fit légèrement sursauter comme une enfant prise en faute. Elle n'avait pas idée à quel point sa grandeur d'esprit et son respect pour le Ministère pouvaient être si peu importants dans cette affaire. Après tout, qui n'avait jamais trahi les siens pour quelques espèces, ou pour un peu de pouvoir ? Wendy n'était pas une sainte. Elle ne pouvait apparemment pas jouer ce numéro-là à son ancien employeur. Il n'en supporterait visiblement pas la possibilité, même pour quelques secondes de plus. Et il ne s'amusait pas à jouer les tourmenteurs, disait-il.

Avec un certain manque de conviction, l'anglaise voulut néanmoins répliquer. « J'en sais rien, Monsieur Voerman. Après tout, vous avez du temps devant vous. » Si la constatation était juste, Thaddeus se chargea de la contrer presque aussitôt : il avait des années devant lui, certes, mais aucun jour supplémentaire à gâcher pour son simple minois de bichette effarouchée. Il avait apparemment laissé traîner les choses suffisamment longtemps à son goût pour décider que maintenant, la cadence devait être sensiblement accélérée.

La surprise fut au rendez-vous lorsque, modulant son timbre et son comportement, l'immortel commença à lui suggérer le plus naïvement du monde qu'il n'y avait rien à craindre et qu'elle n'avait pas besoin de rester armée devant lui. Rien à craindre. Elle eut envie de rire, mais le goût métallique dans sa bouche l'en empêchait. « Vraiment ? Ce serait une première. » Wendy ne croyait pas en ce mensonge éhonté : depuis quand la proie pouvait-elle rendre confus le prédateur ? « Ca n'est pas dans votre intérêt mais si vous n'aviez pas d'autre choix que me coller un poing dans la figure, vous le feriez, non ? » Dans ses oreilles, un bourdon lointain frémissait et elle avait de plus en plus l'impression de s'entendre parler sans se reconnaître. Ses paupières s'alourdirent un instant sous le contrecoup de la fatigue et de l'alcool. Elle avait beau puiser dans les profondeurs de sa volonté morale, son esprit donnait l'impression de se dissocier de son bon sens et d'éprouver une confiance partielle en cette voix presque rassurante, tout à coup moins inquiétante, moins menaçante. Wendy aurait pu ne pas se formaliser de sa relaxation étrange si elle ne sentait pas le contrôle de ses propres doigts échapper à toute raison et relâcher tout doucement l'emprise sur baguette magique. Son bras avait même amorcé un mouvement obéissant et docile en direction de la petite commode usée. Si sa conscience avait beau s'échiner à crier à l'aide, un gant de chloroforme venait de l'étouffer : les derniers millimètres en contact avec le bois de sa seule arme glissèrent sous ses phalanges lentement. « Je ... » Sa voix, tout comme sa mine, semblaient confuses et tout à coup perdues. Une seconde plus tard et la baguette venait de s'échouer sur le meuble, quittant la main droite de Wendy qui tremblait comme une feuille offerte au vent automnal.

La blonde eut à peine le temps de cligner des yeux qu'elle crut sortir d'un étrange rêve ouaté : mais c'était maintenant trop tard. Elle était désarmée et de plus en plus mal à l'aise. Thaddeus était en train de gagner du terrain, voire de réduire ses rares atouts à néant. Afin de gagner un peu plus de temps, l'ex-Gryffondor songea qu'elle devait faire durer le plus longtemps possible la conversation. « Qu'est-ce que vous voulez exactement comme informations au sujet du Ministère ? » se surprit à demander la jeune secrétaire d'une voix malhabile.
Thaddeus R. Voerman
Thaddeus R. Voerman

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptyMer 17 Sep 2014 - 17:38


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Thaddeus ne répondit pas aux provocations de Wendy, trop occupé à maintenir en place ce climat de confiance propice à ce que la jeune femme se laisse désarmer. Alors il ne dit rien, se contentant de lui adresser un sourire avenant, celui d'un homme conciliant et miséricordieux qui pardonnerait volontiers les écarts du pauvre agneau égaré. Si ses presque quatre siècles d’existence lui donnaient une certaine aisance pour ce qui était de subjuguer ses proies, le vampire commençait à croire qu'il avait perdu la main et qu'il devrait forcer le trait comme la secrétaire ne semblait pas vouloir lâcher le morceau. Aussi, quand il allait se résoudre à en rajouter une couche, il sentit la résolution de Wendy se craqueler comme la peau d'un fruit trop mûr. Ses doigts se déserrèrent et elle entama une phrase – vaine protestation ? – sans pouvoir la finir. Retenant son souffle – enfin, façon de parler – Thaddeus suivit du regard la main droite de la jeune fille, du moment où elle étendit le bras vers le meuble derrière elle, posa sa baguette et, enfin, ramena son bras inerte le long de son corps. Soulagé, le vampire relâcha sa pression mentale sans pour autant crier victoire tout de suite, de crainte que, dans un élan de témérité, la jeune femme ne se retourne pour la reprendre. D'une voix douce, il la félicita : « Bien, c'est très bien, Mademoiselle Hawthorn... Vous voilà raisonnable. » Ce faisant, il intima à son cœur de battre pour le réchauffer un peu afin de se préparer à un contact qu'il voulait rassurant. L'homme d'affaires se pencha pour poser sa cigarette estampillée du petit « V » bleu et couronné de la Voerman Corporation dans le cendrier sur la table basse et s'approcha très doucement de l'hôtesse d'accueil, comme on approcherait une bête sauvage et craintive. « Venez, on va s'asseoir tous les deux et parler calmement de ce qui nous occupe, d'accord ? » Et même si elle n'était pas d'accord, c'était pareil – ça ferait juste un peu plus mal.

D'un geste caressant et extrêmement délicat, l'Américain attrapa les deux mains de Wendy dans les siennes pour la faire avancer doucement vers le canapé – mains qui étaient maintenant tièdes. Durant toute l'opération, il ne la quitta pas du regard, attentif à ses réaction, massant légèrement du pouce les doigts de la jeune femme quand il la sentait se crisper. Quand il arriva devant le canapé, à l'opposé du meuble où était posée la baguette, il l'y fit s'asseoir avec précaution, sans la bousculer. « Là, voilà. » Il attendit quelques secondes pour s'assurer qu'elle ne bougerait pas et s'assit dans un fauteuil sur le côté. Ainsi, si jamais Wendy voulait reprendre sa baguette, il se trouverait au milieu du chemin pour l'intercepter. Il avait beau disposer de facultés physiques et mentales étonnantes ainsi que de quelques immunités bien pratiques, à moins qu'il ne soient assez rapide pour éviter le sort, celles-ci ne lui serviraient à rien si Wendy lui balançait un stupefix ou un petrificus totallus.

Thaddeus reprit sa cigarette et croisa les jambes, bien calé dans son fauteuil sans être avachi, l'air aussi mondain que possible. La secrétaire revint suffisamment à elle pour lui poser une question – intéressante du reste – d'une voix malhabile. Le vampire tira sur sa cigarette et exhala de fines volutes de fumée avant de répondre, aussi consensuel que possible : « Comme vous l'avez peut-être appris en cours d'Histoire de la Magie, la chasse aux vampires est illégale en Grande Bretagne mais j'ai des très sérieux soupçons quant au fait qu'elle continue illégalement et que les coupables sont couverts. J'aimerais que vous fassiez des recherches là-dessus. Ah, et j'aimerais savoir si – comme je le suppute très fortement – mes plaintes à ce sujets sont jetées à la corbeille sans être lues. De plus, et c'est vraiment le cœur de ce que je cherche à savoir, je souhaiterai que vous me transmettiez l'agenda de Folengrain ainsi qu'une copie des dossiers secrets qui se trouvent dans son bureau. Je ne vous demande pas de faire ça en une seule fois, ne vous faîtes pas prendre. » Il fit tomber la cendre de sa cigarette dans le cendrier et hésita un instant. Puis, Thaddeus reprit en insufflant à nouveau à son timbre les lianes insidieuses de la persuasion surnaturelle dont il pouvait faire preuve : « Et dans le cas où vous vous faîtes prendre, je veux que vous oubliez chaque détail de notre entrevue de cette nuit. »

Une partie de la mauvaise réputation des vampires – outre le fait qu'ils aient la fâcheuse manie de vous laisser croupir dans une ruelle avec les artères sèches et vides – venait de cette habileté à manipuler les mortels. Certaines rumeurs racontaient notamment que le massacre ses Templiers seraient l’œuvre d'un puissant vampire qui auraient manipulé Philippe le Bel. Bien sûr, on n'avait jamais eu preuve de cela. Ce n'était qu'une vaste rumeur, des racontars, du baratin... N'est-ce pas ? En tout cas, du côté des immortels, un certain vampire présent en France à ce moment-là avait été très sévèrement puni par son Sire pour avoir troublé l'ordre en Europe. Coïncidence. Pure coïncidence. Certains sorciers paranoïaques poussaient la croyance un peu trop loin en les rendant coupables de toutes les catastrophes qui secouaient le monde moldus, ce contre quoi les vampires se défendaient farouchement. Dans le genre, la Seconde Guerre Mondiale avait défrayé la chronique. Mais ça, et Thaddeus pouvait l'affirmer avec assurance, ça n'avait rien eu de vampirique.



HJ - J'espère que le RP - en retard as fuck - te va, sinon MP-moi ♥
Wendy L. Hawthorn
Wendy L. Hawthorn

: Where's the powder ?

ϟ ÂGE : 34
ϟ FONCTION : Secrétaire de Philéas Folengrain ; dealeuse de poudre de fée sous le manteau.
ϟ AVATAR : Isabel Lucas
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ϟ LIENS : Deep a little digger and welcome to Neverland or owl me tight

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MessageSujet : Re: A plague for the angels ✞ Wendy A plague for the angels ✞ Wendy EmptySam 11 Oct 2014 - 22:10

Le cours des pensées s'était étiolé dans des nimbes étranges, étouffées, nébuleuses. Wendy avait l'impression diffuse de marcher sur des nuages, de toucher des nuages, d'être entourée par les nuages. Tout devenait si cotonneux, simple : il suffisait de suivre naïvement la direction imposée par une entité supérieure invisible – ces mêmes nuages, peut-être ? -. Bizarrement même le fait qu'elle n'entendait aucune réplique de la part de Thaddeus ne l'étonnait plus. Elle était hypnotisée, la farouche secrétaire. Sa résistance avait été rendue muette par les aptitudes psychiques du vampire. Et ce dernier la manipulait avec la douceur et la prudence d'un marionnettiste dirigeant son docile pantin là où il le souhaitait. Lentement, sûrement, la victime perdait pied.

Elle l'entendit et obéit, sagement, accrochée à ses mains comme une noyée en dérive à sa bouée. Pas un instant elle ne se soucia de sa vulnérabilité profonde et totale. Pas un instant elle ne se brusqua ni ne se raidit de peur Un simple murmure osa tout juste fendre le silence qui régnait entre ses lèvres entrouvertes. « Vous plaisantez ? » C'était le simulacre de rébellion qu'avait opposé sa volonté aux manières douceâtres du vampire. Même si elle voulut paraître insurgée, Wendy peina à y donner du cœur. La révolte fut aussi fugace que vaine, car si l'anglaise avait sans doute en temps normal une volonté de fer et de ferventes opinions qu'elle s'escrimait à défendre, elle était trop soûle et trop fragile en cette heure tardive nocturne pour vraiment lutter physiquement et psychologiquement. Sa raison propre acheva de s'abandonner aux mots et aux gestes du businessman et la seconde d'après, elle l'écoutait religieusement débiter sa demande, imperturbable.

Il y aurait fort à faire. Non seulement elle allait devoir enfreindre pas moins d'une demi-douzaine de décrets magiques concernant la déontologie, mais elle risquait en plus d'y perdre son emploi sinon sa vie – car qui savait réellement ce que les secrets du Ministère pouvaient coûter au malheureux qui osait les découvrir ? -. Toute personne sensée aurait dit non. Tout individu tenant ne serait-ce qu'une fraction de seconde à son existence, ou doué de lucidité aurait éclaté de rire et refusé d'obtempérer. Mais Wendy était à cette heure-ci plus que jamais l'être déboussolé, la fée aux ailes arrachées perdue qu'elle était. « Est-ce que j'ai un délai de temps ? » Son souffle trahissait son envie à peine palpable d'en dire plus, d'en demander davantage. De supplier, peut-être d'implorer, de s'énerver. Le flot de ses invectives imaginaire était pourtant puissant. « Parce que je ne pourrai pas faire tout ça en un mois sans me faire prendre. C'est une mission-suicide, Monsieur Voerman. Ces gens me paient. Je suis liée au secret … C'est impossible ... » Dans les méandres brumeux de son subconscient, les arguments se battaient pour sortir, pour défier la clôture obstinée de ses lèvres. Mais rien ne sortit véritablement. Tout au plus Wendy ouvrit-elle la bouche sans qu'un seul son ne s'échappe. Voerman avait réussi son office et elle n'y comprenait rien, elle ne voyait que du feu, elle se sentait flouée et utilisée sans avoir de preuve substantielle que le responsable qui tirait ses ficelles était bien le Diable en personne, face à elle, souriant avec le calme des dieux olympiens, savourant sa victoire trichée.

Plus un bruit ne froissa l'atmosphère distendue qui régnait entre eux jusqu'à ce que la blonde s'exprima enfin. « Je le ferai. » s'entendit-elle répondre avec une horreur teintée d'impuissance. Au loin, le bourdonnement sourd de son ouïe ouatée s'estompait à peine. Trop tard pour reculer, trop tard pour fuir, trop tard pour changer d'avis : la petite imprudente s'était bien malgré et elle à son propre insu jetée dans la gueule du plus grand des prédateurs.

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