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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Mer 8 Oct 2014 - 15:21
What if I were smiling
Would you see then what I see now ?
Elle rouvrit les yeux sans savoir combien de temps s’était écoulé. Quelques minutes, songeait-elle. Peut-être une heure. Sans doute beaucoup plus. Pieds nus et décoiffée elle se leva, désorientée mais indolente, fit quelques pas et se laissa presque aussitôt tomber sur le canapé. Les souvenirs ne revenaient pas, restaient trop abstraits et la firent de nouveau douter. C’était étrange et terrifiant de ne pas savoir et de se sentir perdre pied. Dans un simple réflexe presque protecteur ses jambes se ramenèrent contre sa poitrine. Son regard balaya la pièce et tout lui sembla inchangé, parfaitement familier. Alors puisque rien n’avait bougé il ne s’était rien passé. Le corps et l’esprit n’avaient pas quitté cette pièce, la chose lui paraissait certaine. Le temps fila longtemps encore pendant qu’elle fixait le vide. C’était apaisant de ne penser à rien. Et finalement ses yeux se posèrent par hasard sur la lettre. Tirée de sa contemplation sans rêverie, intriguée, elle la relut et soudain se souvint. Quel curieux projet… Quel étrange projet. Ses doigts caressaient le papier alors qu’elle partait s’adosser à la fenêtre, songeuse.
De Wallace Kanzler elle ne savait plus quoi penser. Il était tout à fait troublant, lui apparaissait insondable. Depuis l’épisode du musée il lui avait apparu si distant, absent, et elle avait voulu lui faire porter le blâme de cette impassibilité. Quelques mots d’une banalité déconcertante, un rictus simplement aimable, ça ne paraissait pas assez. Mais sans qu’elle ne puisse se justifier, Arsinoé ne fut finalement pas capable de lui en vouloir réellement. L’incompréhension mêlée à une certaine colère intériorisée s’était effacée au cours des semaines, laissant place à la résignation. Il lui fallait accepter le fait qu’elle ne comprendrait pas. Que le baiser resterait lettre morte, un geste mal interprété, auquel elle avait voulu trouver une importance qui n’existait pourtant pas. Cela resterait simplement un souvenir abstrait. Ou peut-être une projection de l’esprit, une simple illusion. Elle s’était résolue à ne pas savoir, à ce que Wallace reste un mystère qu’elle voulait se persuader de ne pas apprécier au-delà d’un étrange semblant d’amitié. Et avec cette lettre il ne faisait rien pour éclairer la situation. Après l’avoir presque ignorée voilà qu’il lui demandait à présent de partir. Deux jours seulement, mais deux jours de trop. Car on n’avait pas idée d’adopter un comportement aussi étrange. En la recevant, cette lettre, Arsinoé avait d’ailleurs d’abord songé à la brûler, en signe de protestation contre une suggestion trop ridicule pour être sérieuse. Et pourtant la missive s’attardait encore dans sa main. Car après tout le projet était peut-être plus beau que stupide.
Mais toujours sa raison lui criait de refuser. Car il y avait son travail, bien sûr. La trop grande rigueur qui était devenue son carcan. Les vacances ne lui semblaient pas une alternative possible, ne l’avaient simplement jamais été. Et pourtant ses traits tirés semblaient vouloir lui faire comprendre qu’il était temps de lâcher un peu, un tout petit peu prise. Alors peut-être… Ou non! Sans doute pas. Car on ne partait pas avec un homme qu’on connaissait au fond à peine. Cela ne se faisait pas. Mais n’était-elle pas partie seule à l’autre bout du monde ? La chose ne devait pas être mieux. Et si elle ne parvenait pas à l’appréhender elle lui faisait cependant confiance, à Wallace. Déraisonnablement, bêtement confiance, mais d’une façon tout à fait sincère. Le fait était inexplicable et se contentait d’exister.
Les pas lents et soucieux à travers le salon s’arrêtèrent donc. Finalement la perspective de changer d’air était agréable. Deux jours aux côtés de Wallace et loin de tous les autres : l’idée la réjouissait. Ne restait plus qu’à savoir où aller. Le choix fut extrêmement facile, tout simplement aléatoire. Un carnet de voyage poussiéreux fut sorti et ouvert au hasard. Prague. Alors soit, ainsi soit-il, Prague ce serait. Une ville magnifique et qu’elle connaissait assez peu, en témoignait la page presque blanche sur laquelle était inscrite une simple note manuscrite concernant un passage en train.
Ah! la belle idée. Prague. Le nom se grava dans sa tête en même temps qu’il s’inscrit sur le papier. Excellent, splendide. Le sourire, soudain et presque euphorique, s’inscrivit sur son visage alors que des yeux elle cherchait son hibou. Et l’expression de joie fut à peine altérée par la surprise de voir l’animal partager son perchoir avec un congénère. L’oiseau de Wallace… Combien de temps pouvait-il bien s’être écoulé pour qu’il s’installe ainsi ? Mais Arsinoé ne voulait pas savoir et se contenta de tendre au volatile la réponse tant attendue. Partir, cela lui avait manqué.
**********
La pendule sonna les 21h30 alors qu’elle finissait de fermer sa valise. Ponctuelle mais vraisemblablement moins que Wallace, Arsinoé du se presser d’enfiler une paire de simples ballerines afin de ne pas faire attendre celui qui venait de manifester sa présence derrière la porte. Un rapide regard lancé au miroir afin de s’assurer que ses cheveux détachés ne lui donnent pas un air trop négligé ou que sa robe plus colorée que d’habitude renvoie l’image de la futilité, puis elle déverrouilla l’entrée, offrant à Wallace un sourire discret mais sincère dès lors qu’elle l’aperçu.
- Bonsoir.
Quelques secondes elle resta bêtement en travers de la porte, avant de faire un pas en arrière. Son rictus s’effaça, trahissant une pensée pour la pragmatique réalité.
- Je dois vous faire patienter quelques secondes, j’ai une dernière chose à régler.
Peu à cheval sur les civilités dès qu’il s’agissait de l’intimité de son appartement, elle ne lui suggéra pas d’entrer, se contentant de laisser la porte entrouverte. Lui proposer de venir la chercher ici lui paraissait déjà assez, si bien qu’une tasse de thé ne fut même pas envisagée. D’autant plus qu’ils n’avaient pas particulièrement de temps à perdre. Elle se hâta en direction de la porte de son bureau qu’elle ensorcela d’un coup de baguette. Car on n’était jamais trop prudente. La chose faite, elle attrapa sa valise et rejoint Wallace sur le palier. Un dernier sort lancé une fois l’entrée close, et elle se tourna vers le conservateur. - Pardon de vous avoir fait attendre. Silencieusement elle se fit remarquer que ce soir encore il était très élégant quoiqu'arborant un costume aux tons plus doux ; charmant malgré l’éternelle aura froide. Mais le compliment ne serait pas formulé. Elle se contenta simplement de lui lancer un regard presque enjoué. - Il y a deux jours, je prenais tout cela pour une idée ridicule, mais je dois vous avouer qu’à présent j’ai réellement hâte d’y être. La voix restait calme et, toujours mesurée dans l’attitude, Arsinoé ne dévala pas les escaliers comme la jeune femme qu’elle avait été l’aurait peut-être fait. L’entrain était une chose de l’esprit, le corps, lui, ne voulait pas trahir.
- Nous irons en portoloin ?
Car elle avait choisi de ne soucier de rien, plaçant en Wallace une pleine confiance.
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Sam 25 Oct 2014 - 21:46
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Une présence à l’heure, jamais une minute en moins ou de trop, quasi obsessionnel cette volonté de ne pas déroger à l’heure, de toujours être en accord avec les aiguilles d’une montre qu’il ne porte pas, du temps que pourtant il semble contrôler. Patiemment il attend que la porte s’ouvre, qu’elle se dévoile dans l’encadrement. Quelque part, la peur que l’invitation soit refusée ce soir existe, une infime frayeur que la porte reste close et que pas un mot d’excuse ne vienne accompagner la déception. Le bruit est sourd, imagination d’un métronome qui marque le temps. Les verrous sautent les uns après les autres et alors il sent un battement moins régulier, comme l’impatience qui cherche à marquer sa présence. Un sourire répond en écho à celui qu’elle lui offre. D’un regard discret il observe la tenue qu’elle a choisi, et se surprend à ne pas laisser faiblir l’expression sur son visage. Choix intéressant. « Bonsoir Arsinoé » D’un geste gracile il s’incline. Pas d’autre mouvement, juste un respect absolu. Si curieux qu’il se montre distant après un souvenir au musée, après un geste moins empreint de respect. Et durant ce temps espaçant les deux rencontres, il ne lui pas accordé de nouvelles paroles, encore moins de gestes. Que doit-elle croire ? Qu’il s’est ravisé, a trouvé une autre femme intéressante ? Non. La mission est toujours présente, c’est même une course qui s’est engagée. Faire ployer Arsinoé après Prague, soutirer les informations après un voyage qui n’est pas que le plaisir de sa compagnie – juste une machination grandiose, une partie d’échecs fabuleuse comme il en a rarement l’occasion d’affronter. D’un geste il recule, descendant les marches du perron jusqu’à se retrouver dans la rue, comprenant qu’il n’aura la permission d’entrer, qu’elle refusera qu’il touche à un domaine. « Ce n’est rien » juge t-il bon de préciser face à la mince attente où elle l’a abandonné.
« Pourquoi serait-ce une idée ridicule ? Le Ministère peut bien se passer de votre présence pendant deux jours. Mais soit vous acceptiez ma demande, ou soit je venais vous dérober » Un sourire ricoche sur les lèvres de l’Amusé qui se plaît à évoquer le pouvoir qu’il possède sur les vies. Enlever quelqu’un, c’est aisé, tuer une personne, ça l’est d’autant plus. Pas de ça pour Arsinoé. Son sort à venir n’est pas aussi fâcheux. « Je me demandais, pourquoi avoir choisi Prague ? Est-ce une ville que vous connaissez ? » Le choix avait été étonnant, lui qui ne connaissait pas ce pays et encore moins cette ville dont pourtant on lui avait vanté à de nombreuses reprises les beautés. « Je vous préviens, je ne connais pas un seul mot en tchèque » Quelques mots avaient été notés au hasard de la mémoire, du simple bonjour, au vulgaire au revoir. De la simplicité, de quoi pouvoir évoluer dans la ville sans avoir à se soucier de l’entrave que pouvait représenter une langue étrangère. Espérance qu’elle connaissait le tchèque que lui n’avait pas assimilé et encore moins l’accent singulier qui pourtant avait quelques consonances avec l’allemand de son enfance. « Oui » est le seul mot qui répond à la question du transport. Impossible de transplaner dans un lieu inconnu. Un portoloin qu’on lui a octroyé, une connaissance au Ministère, un jeu d’échanges. Côte à côte, il enjoint Arsinoé à le suivre dans la rue suivante, là où se trouve l’objet délaissé. Un livre. Le titre l’amuse. Roman fou de Lewis Carroll. Le destin de sa prisonnière se reflète dans la figure d’Alice, mais pas de cauchemar pour Arsinoé, juste une réalité à laquelle il la confrontera plus tard. D’un mouvement délicat il encercle le poignet de Leigh et c’est une fuite. Les sorciers disparaissent d’Angleterre pour réapparaître quelques secondes plus tard, ailleurs. Le contact est brisé au moment où ils apparaissent sur le Pont Charles. Wallace chavire, se retient de justesse contre le rebord, prononce une flopée de jurons dans sa langue natale, maudissant ce moyen de transport. La tête est une cacophonie, les gestes peinent à se concorder de nouveau. Une inspiration et il retrouve contenance, ressert son manteau. Les ambres cartographient la ville, établissent le plan qu’il a relu des dizaines de fois afin de ne pas se perdre. La vieille ville est ce qu’il veut voir. La nouveauté attendra. Vieilles pierres et forteresse. « Je ne sais pas ce qui est pire, transplaner ou utiliser un portoloin. Des années que ces moyens de transport existent, mais personne n’a songé à les améliorer » Colère qui claque dans les mots, paroles pour lui-même. « L’hôtel se trouve dans la vieille ville, et j’espère ne pas nous perdre en chemin… » Un sourire qui se veut rassurant, quelque peu amusé. Les pas foulent le célèbre pont. « …mais nous pourrions prendre un verre, ce que j’apprécierai, mais je crois qu’il serait plus… intéressant d’aller briser quelques verrous pour entrer dans le château » Des mots il évoque la précédente visite. L’intrusion dans son bureau. Et d’un geste de la main, il l’emmène vers la demeure de pierres qui surplombe la ville…
Arsinoé B. Leigh
: They turn out to be poison but still, I can’t help myself.
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Jeu 30 Oct 2014 - 15:42
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Pur produit du hasard, le choix de la ville. Porto, Zagreb ou encore Saint-Pétersbourg, la destination aurait pu être toute autre si la providence l’avait voulu. Quoiqu’au quotidien elle se persuadait du contraire, Arsinoé ne décidait au fond plus, elle subissait simplement les aléas de la vie, l’impondérable fortune. Ou ici la volonté de Wallace. A la question elle ne répondit donc que par un haussement d’épaules, signe qu’elle-même ne comprenait pas exactement. Concernant le tchèque, elle se garda également de faire remarquer que la seule langue vaguement proche avec laquelle elle se trouvait capable de se débattre était morte. Des notions de ruthène ancien restaient en mémoire, vestiges d’années de studieuse passion pour les parchemins renfermant les secrets d’anciens sortilèges. Mais évidemment, cette presque maîtrise n’était au quotidien qu’inutilité. Alors elle ne s’en vanta pas et se contenta de suivre son guide. Sans surprise, l’ironie du titre du livre ne fut pas comprise. C’était d’ailleurs à peine si elle y avait prêté attention. Car elle n’avait plus envie de s’attarder sur les détails, voulait simplement partir. Il lui semblait qu’elle avait trop longtemps attendu.
Passagère clandestine, Arsinoé se laissa porter jusqu’à Prague. Elle ne réfléchit pas, laissa simplement ses paupières s’abattre sur ses prunelles claires et inspira profondément alors qu’elle les sentait qui partaient. La belle sensation. Elle rouvrit les yeux presque aussitôt et déjà un paysage totalement différent se dessinait. Les lumières de la ville qui se reflétaient sur l’eau éblouissaient agréablement, produisaient un jeu d’ombres et de lumières qui lui tira un léger rire de contentement. Prise de l’insouciance de l’enfant qui découvrait un monde nouveau, elle fit un tour sur elle-même, lent, heureux et inconscient. Un instant elle s’arrêta pour fixer un statue, cette sentinelle de pierre impassible, comme si elle s’attendait à la voir prendre vie. « Autrefois, la rumeur disait qu’à minuit les statues se livraient à de savantes discussions théologiques. » Mais le seul murmure fut le sien. Sans doute était-il encore trop tôt. Puis ses yeux se posèrent soudain sur Wallace, qui au contraire tanguait, visiblement mal au point. Il s’agissait sans aucun doute de la première fois où il lui était donné de voir Wallace qui perdait, pour quelques secondes seulement, le contrôle des choses. Une pointe d’humanité qui se dessinait, aussi troublante que rassurante. Une main s’avança vers lui, qui se voulait comme compatissante, mais n’osa pas aller jusqu’à se poser sur son épaule.
- Vous vous sentez bien ?
Il l’ignora simplement, pestant pour lui-même, orgueilleux dans le malaise. L’assurance avec laquelle il haïssait ces moyens de transport laissa Arsinoé muette. Elle n’osa pas le contredire, avancer qu’elle adorait au contraire ces formes de magie et la sensation de lâcher prise qu’elles imposaient, les quelques secondes pendant lesquelles il fallait simplement se faire esclave de la sorcellerie. Autant qu’elle l’appréciait, l’homme continuait de l’impressionner. Fuyarde face à la confrontation, elle ne s’opposerait pas à ce monstre de charisme. Le visage fermé de Wallace, ses expressions retrouvant leur maîtrise, elle perdit également de son visible enthousiasme. Et elle se sentit idiote, ridicule d’être aussi ouvertement émerveillée par si peu quand son compagnon de voyage gardait tout du froid esthète. Pas désagréable, simplement peu expansif. Comme elle aurait sans doute dû l’être, songea-t-elle. Malgré tout il sourit. Comme il était agréable de le voir un instant quitter le masque d’impassibilité. C’était peu mais à l’heure actuelle amplement suffisant. Décidée à ne jamais le comprendre, pour autant Arsinoé ne pouvait s’empêcher d’apprécier les rictus qu’aléatoirement il lui offrait.
La proposition lui tira d’abord un léger rouge aux joues car rappelait sa maladresse passée au musée. Mais l’ironie n’était pas méchante et quoique s’introduire dans un monument national en pleine nuit allait à l’encontre de son goût pour le respect des règles, l’idée était assez tentante. Quelques secondes elle hésita, puis la main qui lui indiquait le chemin la convaincue.
- Cela fait longtemps que je ne suis pas rentrée dans un château en pleine nuit. A moins que ce soit ainsi que vous aimez à surnommer votre musée.
Le oui restait déguisé sous l’air tout de même légèrement embêté. Et d’un pas tranquille elle entreprit de le suivre, levant le nez vers les formes gothiques qui surplombaient la ville, comme la main de l’Homme venue peindre sur la toile bleu nuit.
- On doit avoir une vue magnifique du haut de la cathédrale, soupira-t-elle en s’imaginant tenter d’attraper les étoiles, perchée au-dessus de la ville.
La demande était cette fois à peine voilée alors qu’elle se lançait à présent dans une méticuleuse et admirative observation de ce qui les entourait. S’introduire dans l’oppidum c’était découvrir un monde de trompes l’œil et de détails ciselés dans les façades, de vieux pavés et de vitraux colorés. Derrière la flamboyante beauté tout semblait doux.
« Un bouillonnement solennel de la ville éternelle. Un bruit d'ailes spirituelles, un jeu de vents dans les blés mystiques, Des airs d'orchestres invisibles S'élevèrent à la mesure de leur geste mystérieux. »
Brezina, sans doute l’un des seuls auteurs tchèques qui ne lui étaient pas inconnu, vint spontanément à ses lèvres alors qu’ils continuaient d’avancer vers le palais. Durant quelques pas elle ondula, comme bercée par les vers. Puis sans s’arrêter de marcher elle tourna légèrement la tête en direction de Wallace.
- Je ne m’attendais pas à cela mais ne suis pour le moment pas déçue.
La froideur communiste était loin, écorchant son souvenir de l’est du continent.
- Cependant, vous qui connaissez l’art si méticuleusement devez sans doute apercevoir des détails qui m’échappent.
Elle appréciait sans chercher à comprendre. Poète sans talent, elle songeait simplement aux chalets de cristal de Rimbaud, aux refuges d’ombres et aux piques de lumière de Goethe. Ce soir elle laissait volontiers le pragmatisme à Wallace ; Arsinoé préférait se perdre parmi les spectres de la ville.
- Croyez-vous aux légendes ? Celles qui disent qu’une fois la nuit tombée les pierres s’animent. Imaginez, si les anges de toutes les églises se mettaient soudain à virevolter, que les Vodnik et Rusalka des fontaines prenaient vie, et que les statues de Smetana et Dvorak se réveillaient afin d’orchestrer chaque nuit un nouveau tableau…
Cela serait sans doute plus effrayant que plaisant, et pourtant elle se complaisait à trouver l’idée superbe. Car enfin le réel et l’imaginaire se trouveraient liés de la plus naturelle manière.
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Ven 31 Oct 2014 - 23:37
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Des ébauches d’humanité qui se dessinent, restent apparentes. C’est complexe de ne pas garder l’impassible, de lui montrer un peu de sa personnalité, de lui faire voir qui il est, mais sans jamais basculer dans la noirceur. Le jeu consiste à gagner la confiance et pour ça, il doit jouer finement, ne pas exposer de danger, se montrer sous sa plus belle armure. Fausse imagine de chevalier, de stabilité. En rien il ne représente la sûreté. Tout son comportement est recalculé, mais pour autant, il laisse encore une place au hasard, une infime possibilité pour tout. Prévoir une partie, calculer toutes les possibilités c’est prendre le risque de voir le château s’écrouler. Une place doit être laissée pour l’imprévu. Un rictus fracasse à nouveau le masque de marbre, une expression qu’il conserve en entendant les paroles à propos de quelques volontés de banditisme. « Mon musée n’est qu’un cabinet de curiosités que je tente d’organiser, mais c’est sans compter les personnes qui parviennent à briser les sécurités et qui, malencontreusement se retrouvent piégées dans mon bureau » Pas de paroles assassines, juste l’amusement du souvenir, de revoir ce visage effrayé, cet air de panique. Et la suite, un bien agréable souvenir. Tout n’est pas que fausseté dans ses émotions. Ce souvenir d’une visite impromptue est agréable, il n’a pas tout orchestré ce soir là, n’a pas planifié son geste. Du malaise, est-ce cela qu’il ressent à présent ? Peut-être, quelques grains d’une émotion qu’il connaît si peu. « …mais si briser les règlements vous effraie, nous pouvons y aller demain, mais il faudra affronter une foule de moldus » L’idée est déplaisante, côtoyer les moldus, restreindre le meurtre, il devient de moins en moins capable de se contenir face à l’idiotie des sans pouvoirs. « Vous travaillez pour le Ministère, quelques paroles de votre part permettrons de couvrir nos méfaits » Le Ministère, c’est là que réside toute la question de cette relation qu’il établit. Un département qu’il doit faire ployer, des salles dont il doit fracturer les verrous pour y dérober les secrets. C’est cela le point de départ de cette machination. Menteur, manipulateur, monstre. Il pense à tout ce qu’elle aura à lui dire en apprenant la triste vérité. Pourtant, tout n’est pas que mensonges, la compagnie, il l’apprécie, l’esprit tout autant et Wallace regrette le futur qui se profile.
La cathédrale qui surplombe la ville. Le cœur cravache dans la poitrine, d’une violence qu’il ne peut restreindre. Le vide. « Si vous voulez aller capturer quelques étoiles, c’est votre droit, mais je ne pourrai pas vous accompagner » Monter en haut de la cathédrale, défier les hauteurs, ce n’est pas pour lui, c’est aller contre sa peur viscérale du vide, d’une incapacité à effectuer le moindre mouvement dès que la hauteur lui donne cette sensation de vouloir se jeter dans le vide. C’est une peur qui remonte à l’enfance, une dont il a honte, mais qu’il dévoile, qu’il déguise, pour Arsinoé. Craindre la hauteur, si ridicule pour un sorcier qui d’un sortilège peut mettre un terme à toute chute. Les peurs, elles sont nombreuses, certaines qu’il peut contrôler, et d’autres non, d’autres qui prennent le dessus sur la raison. Kanzler ne veut pas la priver d’une joie, il ne veut pas la contraindre à rester à terre.
Les mots s’envolent, mélodie intrigante, un regard qui s’arrime aux lèvres mouvantes. La poésie est inconnue pour lui, c’est un domaine qui échappe à ses connaissances. Un manque de temps. Les mots sont écoutés, retenus. Déclamer d’autres vers, prendre la suite, il ne peut pas. Le silence répond pour lui. Et tout repart sur l’art, des connaissances avec lesquelles il peut jongler, mais ils ne sont pas là pour ça, pour qu’il expose quelques paroles. « Des gravures, quelques peintures, je ne discerne rien de plus que vous. L’obscurité voile des détails, mais elle permet d’en révéler d’autres. Mes connaissances ne s’étendent pas à l’art de l’Est, ce ne sont que quelques lectures, rien de plus » L’art est une passion, d’un musée qu’il gère d’une main de fer, mais c’est aussi l’histoire qu’il connaît, d’une magie dont les sorciers oublient souvent toutes les nuances. Il connaît quelques figures, quelques créatures du folklore roumain mais ce sont des hésitations. « Je ne peux pas jouer au guide dans une ville que je ne connais pas. C’était votre choix de destination, inversons les rôles, et décrivez-moi ce que vous voyez » La voix se teinte d’étincelles, d’une curiosité qu’il ne déguise plus sous l’impassible. C’est la voix d’Arsinoé qu’il veut entendre résonner entre les pierres ancestrales, c’est la passion qu’il a entraperçue lorsqu’elle a parlé d’astronomie le soir où elle s’est égarée au musée. Ça, c’est ce qu’il veut retrouver.
Les légendes. Des histoires d’enfance, quelques contes dont il se souvient parfaitement. Croire, c’est un terme qu’il refuse. Wallace a perdu cette imagination pour voir la féérie, pour entrapercevoir les ombres qui se faufilent sous un lit, ou derrière une armoire. Les légendes sont l’imagination des enfants – pour les adultes, il ne reste pas de monstres mais la cruelle vérité. « Adela prétendait avoir vu un ange quand nous étions enfant, elle disait qu’il s’était avancé vers elle après qu’elle ait clos les yeux pendant une seconde » Un souvenir qu’il gardait difficilement, une frayeur notoire qu’il avait toujours masqué devant la plus jeune. Ne pas y croire, prétendre que tout n’avait été qu’une illusion. « Pardon… Adela est ma sœur » Une précision utile qu’il oubliait souvent. « Je n’ai jamais voulu y croire, je refusais l’évidence. Les légendes ne sont pas que des histoires racontées aux enfants, elles ont leurs vérités. Peut-être que certains sorciers s’amusent à animer la pierre, ou alors qu’un sort a contraint certains hommes à ne pouvoir s’éveiller qu’une fois la nuit tombée » D’un doigt il effleure une pierre, un visage figé dans le temps puis la marche reprend dans les rués pavées. Sinueuse ville dans laquelle il prétend connaître le chemin. Faux. Droite, ou peut-être gauche. Il hésite, et finalement s’avoue vaincu. « Je crois que mes capacités à retenir un plan s’arrêtent ici » Les mots sont désolés. D’un sort il conjure des lucioles violines, petites folies qui virevoltent devant eux. Le chemin se trace devant leur regard. « Je m’excuse de mon silence, pour ces derniers jours… semaines. Je craignais votre fuite » Son regard fui Arsinoé. Ce qu’il dévoile n’est pas une orchestration, mais une vérité, la peur qu’elle se dérobe à sa présence. Des mots pour revenir sur un épisode passé, pour savoir où tout cela va mener.
Arsinoé B. Leigh
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Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Mer 12 Nov 2014 - 5:32
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Une légère crispation la traversa à l’entente d’un prénom féminin, lui rappelant soudain qu’elle ne savait au fond que trop peu de choses à propos de Wallace. Que lui était-il arrivé après Poudlard ? Avait-il une famille, s’était-il marié ? Qu’avait-il fait avant de prendre les rênes du musée ? Tant de question qu’elle se promettait de lui poser un jour. En attendant il lui faudrait se contenter de lui savoir à présent une sœur. Chose étonnante par ailleurs, puisqu’Arsinoé ne se souvenait jamais avoir eu vent d’une autre Kanzler à Poudlard. Une trop grande différence d’âge, sans doute.
- Je ne savais pas que vous aviez une sœur. Elle a un très joli prénom.
Que dire de plus. Une simple politesse, au demeurant sincère, voilà tout ce qu’elle trouvait à répondre. Puis Wallace vint supposer que si vie des pierres il y avait, magie se trouvait. La chose tira à Arsinoé une mine légèrement déçue. Quelle cruelle absence de rêverie. Comme il manquait d’imagination. Ou la refusait peut-être.
- Votre idée ne me plaît pas.
Le commentaire pouvait sembler sec, mais émanait du cœur. Elle n’avait nullement envie de croire en l’explication de Wallace. Faites entrer la magie en compte et la légende était brisée. La sorcellerie était l’œuvre de l’Homme, le mythe devait le dépasser. Arsinoé ne voulait pas considérer que si mouvement il y avait alors un sortilège se trouvait derrière. Certes les sorciers étaient capables d’animer la roche, mais pourquoi n’y aurait-il pas une autre alternative… Il lui fallait continuer de croire que des choses pouvaient échapper à la volonté humaine, qu’il restait autour d’eux de l’inexplicable. Le monde était plus beau lorsqu’on ne le maîtrisait pas totalement. L’imprévisible devait faire partie de la normalité. Mais de toute évidence Wallace n’était pas de cet avis. Lui pensait tout. Ce qui, par ailleurs, pouvait dans certaines circonstances être un trait de caractère rassurant. Quoique la planification minutieuse du trajet n’empêchait pas de les laisser à présent perdus dans un dédale de ruelles. Arsinoé n’y prêta pas de réelle attention se permit même à présent de tourner au hasard d’une rue dont la façade de l’hôtel particulier en coin lui plaisait. Son oreille restait attentive à la voix de Wallace, ces sonorités captivantes, mais l’air était devenu distrait.
Son regard glissait doucement, des maisons ornementées aux pavés ancestraux, s’arrêtaient parfois sur le conservateur, toujours promptement. Il s’attarda et se fit légèrement sombre que lorsque l’homme évoqua son silence passé. Quoiqu’il voulait de toute évidence se montrer sincère, il faisait preuve d’une certaine indélicatesse. Enfin un léger faux pas après des réponses choisies pour plaire. Peut-être n’était-il donc pas d’une perfection inébranlable. Être certain de la réaction d’Arsinoé et agir en conséquence : la chose était légèrement vexante. Ce qui se traduisit par un ton légèrement amer alors qu’elle levait le nez vers le ciel, refusant un instant de le regarder en face.
- Je suppose être quelqu’un de très prévisible.
Mais soyons fataliste un instant : évidemment, elle aurait fui.
- En réalité je ne sais pas quelle aurait été ma réaction.
Jusqu’au bout elle se voilait la face, voulait prétendre à une certaine spontanéité, entrevoir une alternative au rejet.
- Cependant je ne cache pas avoir voulu vous tenir rigueur de votre silence. La chose me parut lâche.
Rien de plus ne fut ajouté pour le moment. Car elle jugea bon de ne pas s’abaisser à lui laisser comprendre que son absence l’avait presque faite souffrir. La confiance qu’elle plaçait désormais en Wallace ne justifiait pour autant pas de se laisser aller à des confessions dégoulinantes de mélodramatisme. Mais finalement le propos fut nuancé, puisque son sentiment sur Wallace avait ces derniers jours changé. Un retour à la neutralité, elle ne pouvait se résoudre à lui en vouloir plus que de raison.
- Mais votre comportement partait sans doute d’un bon sentiment. Du moins je l’espère.
A présent elle ne voulait rien savoir de plus. Un léger soupir puis elle s’arrêta alors qu’ils arrivaient par hasard sur la place de l’Eglise Saint-Nicolas. Sans prendre la peine de s’enquérir de l’aval de Wallace, elle se dirigea vers l’une des immenses portes, sortant discrètement sa baguette et murmurant une formule destinée à en débloquer la serrure. Sourire complice aux lèvres, elle fit signe à son compagnon de voyage de la suivre à l’intérieur. Hautes voûtes et arcs ogivaux, colonnes gothiques, chapiteaux dorés et nef couverte d’or, baignée dans la faible lumière qui émanait des nombreux cierges, l’endroit respirait le mystique. Quelques effluves d’encens s’échappaient de l’autel, odeur diffuse et fugace. Alors qu’Arsinoé avançait dans la pénombre elle se plaisait à écouter le son de ses pas qui s’envolaient dans les hauteurs. Face à l’absence de mot elle aimait l’écho qui aggravait un peu plus le doux sentiment de quiétude. Au contraire de pesant ce presque silence paraissait léger, presque cristallin. Le caractère sibyllin de l’endroit était d’autant plus accentué qu’il était évidemment désert. L’aura secrète s’engouffrait faiblement jusqu’au moindre recoin, caressait l’abside, berçait les bas côtés et filait du chœur au narthex. Des couleurs éclatantes malgré la nuit, pleines de grâce, esquissant presque une chaleur étrange. Agréable, mais étrange.
- Des siècles d’histoire. Les âmes qui s’élèvent, l’orgue qui résonne, les pleurs et les joies. Cela fait beaucoup à imaginer… Oratorio ou danse macabre ?
Ondulante, du haut d’une démarche chaloupée elle sillonna entre les colonnes, songeuse face à toutes les émotions qui avaient un jour du s’entrechoquer en ce lieu, avant de s’arrêter devant l’une des sources de lumière. Profondément athée, elle attrapa cependant deux cierges éteins et en tendit un à Wallace, après s’être un instant attardé sur sa silhouette qui semblait revêtir une aura nouvelle. Sous l’effet de la pénombre, certainement, les traits semblaient plus sombres, un peu durs peut-être. Le caméléon sur lequel se reflétait l’environnement, sans doute. Quoique pour autant n’émanait pas de lui la sainteté. Loin de là. Face à l’intérêt, au doute, peut-être à une légère peur et à une inexplicable mais profonde admiration que lui inspirait l’homme, la perplexité prit un instant le déçu. Puis l’expression de presque étonnement s’effaça de son visage alors qu’elle alluma et déposa son cierge.
- Je crois que selon les moldus il faut faire un vœu.
Le sien fut extraordinairement simple, presque enfantin. Passer une fin d’existence tranquille, quoique cela semblait utopique. Elle voulut deviner ce que Wallace pouvait souhaiter mais ne fut paradoxalement pas tentée de le lui demander. Il aurait été dommage que le vœu ne se réalise pas après qu’il l’ait partagé. Car sans savoir de quoi il s’agissait, au fond elle ne pouvait que lui souhaiter qu’il finisse par devenir réalité.
- Croyez-vous qu’il existe une force supérieure, Wallace ? Quelque chose qui justifierait nos actes et donnerait peut-être un semblant de sens à notre existence ? Tout serait plus facile si on pouvait justifier qui nous arrivait, bien comme mal, par le caractère fataliste du destin.
De nouveau elle fila se réfugier sous les bas côtés, suivant du coin de l’œil l’ombre de Wallace, la perdant de vue alors qu’elle rentrait dans l’une des petites chapelles que presque aucun rayon lumineux n’atteignait. Alors elle ferma les yeux, écouta simplement les pas qui résonnaient non loin d’elle tout en inspirant longuement, désireuse de goûter un instant à la tranquillité des sentiments. Mais l’ataraxie n’était que façade, la prétendue sérénité un masque qui cachait au fond l’esprit fiévreux et instable.
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Lun 5 Jan 2015 - 20:26
Close your eyes, pay the price for your paradise
Devils feed on the seeds of the soul
Il ne peut pas empêcher le rictus suite aux paroles, là, de quelques mots enfantins. Non je refuse de croire, non je ne veux pas. C’est spontané comme réaction, mais ça l’agace. Et là, soudainement, il n’y en a plus que pour la mission. Que ses paroles plaisent ou non, elles sont la vérité. « Mon idée n’a pas à vous plaire. » Les paroles reprennent de cette froideur habituelle, réservée à tous, aux inconnus. Soudainement, il n’est plus question d’amitié avec Arsinoé, juste rien, à peine des connaissances. Un claquement de doigts suffit à effondrer une relation. « C’est admirable d’avoir encore l’imagination des enfants, mais toutes les légendes sont faites de magie, il n’y a rien de fabuleux » Monstres de pierre capable de se mouvoir aux murmures des arbres, il n’y a que la magie des sorciers dans ces contes, de celui qu’elle a évoqué, rien d’autre. Les pas martèlent les pavés, de quelques mètres à gravir pour atteindre l’impérieuse cathédrale. En fermant les yeux, il peut entendre les paroles d’Adela, la description précise qu’elle lui ferait devant un tel monument. La sœur est rejetée dans les souvenirs, au fond d’une mémoire boiteuse.
Un voeu. Croire qu’une parole suite à une offrande pourrait exaucer une volonté, ridicule, stupide, enfantin. Pourtant, combien de prières silencieuses se sont écorchées sur ses lèvres, combien de mots n’a t-il pas prononcé ? Des vœux, il en a Wallace, mais un seul subsiste, un impossible. Pourtant, il joue le jeu, se prête à quelques fantaisies et croyances absurdes. Les vœux ne sont que des poussières, des reliquats du passé qu’on désire modifier, ou d’un futur qu’on souhaite meilleur. Son futur n’est pas à réécrire, il ne prévoit pas, n’a pas établi un plan, juste quelques pions qui ont été sagement déployés. Du vœu qu’il souhaite, c’est un retourneur de temps, un capable de déjouer la mort, de lui ramener l’homme qu’il a perdu. Le regard s’assombrit au jeu des flammes, du regret, de la peur, et peut-être une pointe de tristesse qu’il ne sait pas masquer.
Il sort de sa contemplation de l’église, se tourne vers Leigh d’un mouvement gracile, mains toujours dans les poches de son manteau. Le destin. Curieuse question à laquelle il n’a jamais pensé. Dieu et compagnie n’interviennent pas dans sa vie – une histoire de moldus, de culpabilité et autres fantaisies basées sur l’enfer. De tout ça, il en connaît des histoires, façonne de ses meurtres en jouant avec les cercles des pécheurs, mais rien de plus. « Vous pensez être la marionnette d’un autre ? » Un sourire se profile, une expression qu’il efface immédiatement. « Que… comme pour les moldus, il existe une forme, quelqu’un capable de guider les vies ? Pas de Dieu, de Parques et autres tisseurs de destin. Je ne crois pas au destin, mais aux choix que l’on fait. » C’est la frayeur de penser qu’il n’est pas maître de ses actions, que tout est guidé depuis le commencement. Refus absolu de cette idée.
Danseuse qui vole entre les colonnes, se peint dans l’ombre et réapparaît à l’orée d’une flamme. Deux visions cavalent en rythme. La proie qui n’a pas conscience d’être chassée, la naïveté dans les gestes et cette curieuse Diane qui court dans l’église, chasse des démons. D’un pas lent il suit l’ombre qu’elle laisse derrière elle, comme une empreinte. Les pas résonnent dans l’église, d’un son assourdissant. Wallace prend un temps de trop pour admirer l’architecture, pour discerner les sculptures qui courent le long de la nef. Un temps durant lequel Arsinoé disparaît à son regard. Une chapelle pour se réfugier. Deux autres portes sont ouvertes pour n’y trouver que du vide, jusqu’à la dernière, là où elle se trouve. Les pas ne résonnent plus sur les dalles de pierre, il fait attention, redevient le monstre prêt à capturer. Un mince filet de lumière qui éclaire la chapelle, de quoi dessiner l’ombre d’Arsinoé, de percevoir qu’elle est dos à lui. Il voudrait lui dire que c’est incroyable, le jeu de lumière sur sa silhouette, la clarté épatante, mais il se tait. Kanzler s’avance avec l’intention de lui briser le cou, de mettre un terme à toute cette mascarade qui l’épuise depuis des mois. Rien ne se passe. Il jongle d’un masque à l’autre, d’une envie à la suivante. Inconstant dans ses désirs. Attendant peut-être d’être surprit. Juste une parole glissée à l’oreille : « Êtes-vous toujours dans le déni des émotions ? » C’est un risque de revenir sur ce terrain-là. Nécessaire. D’un pas il s’écarte, fait le tour de la maigre pièce, et à nouveau se retrouve devant elle, trop proche d’elle. Danger. Il sait qu’elle va s’enfuir, prendre la porte et retourner à Londres. Juste une partie de poker, peut-être la dernière avec elle. « J’ai besoin de savoir ce que vous cachez derrière l’apparente froideur… » L’indifférence est ce qu’elle feint depuis leur arrivée. De ça, il est certain qu’il s’agit d’une tromperie, d’un masque si cher aux femmes. Admirable aussi, cette capacité à tout refouler. Et soudain, l’idée de bafouer une église hante ses pensées. Diable entre les murs. Il s’étonne de ne pas encore être foudroyé. « Quel visage dois-je présenter ? J’hésite, je prétends à l’amitié, garde la distance raisonnée, mais ce n’est pas ce que je souhaite, c’est trop peu… » Mensonges qu’il fabrique avec aisance, semble s’amuser de toutes les paroles qu’il prononce. Serpent infernal. Les distances sont bafouées, violées par trois pas.
Arsinoé B. Leigh
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Mer 11 Fév 2015 - 19:20
What if I were smiling
Would you see then what I see now ?
Il y avait finalement trop d’ombres pour faire de cette église un endroit rassurant. Les murmures raisonnaient trop fort, s’élevaient trop haut au-dessus des têtes. Cette chapelle semblait trop froide et les représentations sacrées trop sombres. Elles devenaient intimidantes, ces figures qui la jugeaient. Les pas qui se rapprochaient avaient un écho sévère, âpre peut-être, comme ce qu’était tout à l’heure devenue la voix de Wallace. L’écouter avancer, cela faisait presque mal. Alors un instant elle se demanda si elle ne s’était pas éloignée de lui pour instinctivement se cacher. Chercher un cocon dans lequel il ne pourrait s’introduire pour briser des envies de mystique. Car sans lui les statues auraient pu continuer de s’animer, les âmes de sourire dans le vide, les vœux de se réaliser. Trop tard, les mots avaient brisé le bienveillant pour ce soir. Arsinoé voulait croire que cela avait été accidentel, et pourtant ne pouvait s’empêcher de le trouver cruel. Triste également. Il fallait l’être pour trancher si sèchement des suppositions qui faisaient simplement sourire. Mais puisqu’elle était cette gamine qui refusait d’admettre la réalité de l’adulte, ce qui l’entourait venait à lui faire peur. Les visages de pierre menaçaient, intimaient de partir. En dépit des silencieuses injonctions elle resta cependant figée, les yeux fixant le vide alors qu’elle savait à présent que Wallace se trouvait près d’elle. Impassible, ce qu’elle voulait mais n’était plus, à présent tiraillée par deux facettes de l’homme qu’elle distinguait à peine. Restait au fond cette envie de confiance, de totale confiance, de tomber contre lui et de se laisser porter n’importe où, là où simplement elle se sentirait bien. Mais à la tendre fascination, ce biais construit pièce après pièce par Wallace, s’opposait et suppléait presque l’angoisse. Cette crainte naïve mais qui la paralysait. Le sentiment qu’il avait tenté et tentait encore de faire chanceler son monde. Un vulgaire tueur d’étincelles, songea Arsinoé. Il les avait regardée naître dans son regard et à présent les laisser mourir. Rien qu’un criminel. Les commissures de ses lèvres se tournèrent légèrement vers le bas quand elle se tourna vers lui.
- Je n’ai rien à nier.
L’attirance et la peur, pourtant. Peut-être également un fond de colère face à un imaginaire vexé. Mais les reconnaître était admettre toute l’importance qu’il revêtait. Et la raison ne voulait plus s’attacher à ce voleur de sourires, cet escamoteur de sentiments. Malheureusement elle se sentit vaciller, Arsinoé, quand il continua d’afficher l’assurance, de prétendre l’intérêt. C’était inhumain de jouer ainsi avec les certitudes d’autrui. De se parer d’impassibilité, de faire croire à l’inintérêt pour ensuite tenter de soulever un voile. Ce monstre de charisme renforçait l’envie de fuir quand pourtant elle ne pouvait le quitter des yeux.
- Il n’est pas certain que vous vouliez réellement savoir.
Puisque derrière la froideur ne se nichait rien cette pâle folie. Et si jusqu’à présent était restée cette distance physique, barrière supposément infranchissable, voilà qu’il semblait avoir à cœur de la franchir. De nouveau Wallace bafouait les règles silencieusement établies. Mais contrairement au soir du musée, quelque chose sonnait faux.
- Vous me faites peur, souffla-t-elle à peine, si bas qu’elle-même eut du mal à l’entendre, presque honteuse. La voix trop calme de Wallace l’effrayait. Le fond d’un regard la terrorisait. Heureusement le geste protecteur se déclencha enfin. - Ne me touche pas.
Le tutoiement apparut sans logique quand la gifle partit comme un réflexe. Sa respiration s’accéléra soudain et elle fixa Kanzler avec deux grands yeux sincèrement désolés. « Je n’ai pas voulu, ce n’était pas ma faute », souhaita-t-elle articuler. Mais Arsinoé se tut et transplana. Sur une vingtaine de mètres à peine, simplement pour rejoindre au pus vite la porte de l’église. Juste sortir, quitter l’infernale solitude qu’imposait Wallace. A la hâte elle avança sur la place, ignorée par les quelques passants obnubilés par l’affreux bâtiment, et se laissa tomber sur le rebord de la fontaine. Lui était encore tout près mais à l’air libre elle se sentait en sécurité. Complètement désorientée mais loin de tout danger.
Jeudi soir. Prague. 1998. Elle vint poser une main sur son front et répéta, pour elle-même, à voix faible, ces quelques indications. Jeudi soir. Prague. 1998. De simple repères reformulés jusqu’à en être intimement convaincue. Non, pas de confusion possible. Un jeudi soir, à Prague, emmenée par Wallace, réel et pas spectre de l’esprit. Tout cela elle était persuadée de ne pas l’avoir imaginé, de ne pas s’être laissée bercer par des voix chimériques. Rien n’était inventé. Mais dans ce cas pourquoi se trouver seule face à une place inconnue. La mémoire courte lui fit défaut un instant et elle leva vers la cathédrale un regard paniqué. Les certitudes vacillèrent et de nouveau la peur semblable à celle de la noyade la prit. Et si tout cela n’était qu’une illusion ? Qu’autour d’elle il n’y avait ni passants nocturnes, ni façades historiques et que cet endroit n’était qu’un mélange de souvenirs mal assortis. D'autant plus que rien de rationnel n’expliquait la présence de Wallace. Il n’avait pas voulu la revoir. Elle si. Alors l’imagination jouait, par le jeu et la maladie de l’esprit le manque était comblé. Rien que du malsain, songea-t-elle tout en fermant les yeux et réfugiant sa tête sur ses genoux.
Finalement tout ceci n’était qu’un rêve. La preuve la plus simple était qu’elle ignorait tout bonnement comment elle était arrivée ici. Dans toute sa rationalité Arsinoé se savait incapable de répondre à la moindre invitation qui incluait de transplaner à plus de quelques lieues de Londres. Alors Prague… Il était évident qu’en dehors du sommeil elle n’aurait jamais accepté une telle invitation. Bien sûr Wallace n’avait pas pu la manipuler au point de lui faire accepter une perte totale de repère. Car se perdre une ville nouvelle, c’était idiot quand elle en connaissait déjà temps. Il était stupide d’accepter de partir à la découverte d’une capitale qui n’était pas Britannique. Puisqu’Arsinoé ne savait pas pourquoi elle y était, c’était qu’elle n’y était pas. La logique était implacable. Prague tout comme Wallace n’existait nulle part ailleurs que dans un rêve. Alors inutile de tenter de fuir plus loin. Il suffisait d’attendre un instant, et en rouvrant les yeux elle constaterait qu’elle n’avait jamais quitté sa chambre.
- Quand tu regarderas le ciel, commença-t-elle à mi-voix, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !
Cette citation enfantine la rassurait toujours. Elle sourit au Petit Prince, à cette candeur qui ne lui collait plus mais qui à l’oreille était douce. En espérant que son corps se fasse plus léger et que ses yeux se rouvrent à Londres, on pensait aux étoiles pour tenter d’oublier Wallace.
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Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Sam 14 Fév 2015 - 14:47
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Arsinoé. La mascarade disparaît. Les masques tombent. Elle comprend. Il ne s’attendait pas à ça. Et peut-être que c’est mieux ainsi. Ne plus se cacher, ne plus jouer, ne plus prétendre à quelques sentiments faussés. En terminer avec tous ces mensonges formatés depuis des mois, cette approche menant à la destruction. La gifle claque à la joue. Féroce. Le regard est fureur. La main droite se crispe, un poing qui se forme et il envisage de l’étrangler, de la laisser là, exposée sur le parvis de l’église. Morte. Décharnée. Au revoir. Le visage se tord de l’horreur, de ces volontés meurtrières, d’images qu’il entraperçoit, du corps qu’il jettera dans le fleuve. L’affront est une stupidité qu’elle n’aurait pas dû se permettre. Maintenant, il n’y a plus aucun cas de conscience, juste rien, la mission. Des émotions assassines dans le regard, la volonté de tout détruire, mais la main se referme dans le vide, elle n’est plus là, disparue ! Il jure. Ça se répercute, un écho sans fin et le voilà seul dans la cathédrale, seul avec le sourire moqueur des statues, seul avec le goût inachevé de la mort. Prémices. Les portes s’ouvrent dans un fracas, ignorant des touristes qui jettent un regard curieux et outré pour d’autres. Serait-elle déjà repartie pour Londres ? Il l’ignore, énonce plusieurs possibilités, re-croise les schémas et transplaner est une fuite qu’elle aurait pu se permettre. La colère dégorge, et déjà il envisage une autre cible, n’importe qui pour calmer la fureur d’avoir perdu, de l’avoir laissé s’échapper. Le regard est fou, en alerte, à la recherche d’une similitude, quelque chose, quelqu’un, mais ce ne sont que des touristes, des amusements brefs, des chiens desquels il ne tirerait aucun amusement, aucune satisfaction suffisante à la perte de sa cible.
Déjà il est prêt à repartir, mais une silhouette accroche les ambres, juste un halo, une fraction de seconde avant le départ. Wallace hésite, un pas en arrière. Ce n’est probablement qu’une coïncidence et pourtant, la proie est toujours là, égarée, le pied dans un piège. Entre ravissement et haine, il se dirige vers elle – loup sournois qui ne laisse aucune chance à l’animal égaré. Au dos de la blonde, sa main accroche la nuque, glisse à la gorge. « La partie s’achève » Un murmure, un sort qui suit et c’est la confusion qu’il emporte avec lui. Qu’importe le regard des moldus. Un hôtel, quelques mots échangés, elle est toujours confuse, esprit embrouillé par le sort et c’est avec aisance qu’il l’a guide, jolie marionnette dont personne ne se soucie. La porte se referme, close, verrouillée par la magie, d’autres sorts encore, aucun transplanage de permis, rien, les issues disparaissent. Il l’a conduit à un fauteuil, s’installe en face. Les minutes s’écoulent, lentes, de quoi lui donner d’autres idées, de nouveaux tableaux à présenter, mais l’esprit se réveille et Wallace lui offre un sourire, l’expression du diable heureux de ses méfaits. « Bien… premièrement, j’ai songé à vous couper les mains en réponse à la gifle, mais rassurez-vous, je n’ai pas le temps pour ça » Il annonce sans préambule, la neutralité parfaite du ton, certainement pas gêné par ses propos et leurs conséquences. « Donc… deux options » Baguette de la sorcière qu’il tient en plus de la sienne, précaution nécessaire. « Soit j’obtiens les informations désirées et vous rentrez saine et sauve à Londres ou… » Le jeu reprend, cette angoisse qu’il parvient à créer, la suspension des paroles. Et le voilà debout, à arpenter la pièce, fauve attendant le festin. « ...votre carcasse ira remplacer celle d’un christ pitoyable dans la cathédrale que vous avez lâchement fuie » Les pas s’éloignent, mais il prend soin à ce que sa silhouette soit toujours visible. Ombre menaçante. « Je veux un accès au Département des Mystères, et à chacune des portes » Les conditions sont jetées, le masque est tombé.
Arsinoé B. Leigh
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Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Mar 17 Fév 2015 - 19:08
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Rouvrant les yeux sur un décor changé elle cru un instant être rentrée. Après s’être assoupie le réveil à Londres selon toute logique. Mais le sourire rassuré qui se dessina s’évanouit presque aussitôt, à la prise de conscience de cette pièce qui n’avait rien de familier. Et le rictus presque aimable de Wallace n’eut pas le temps de lui faire croire que tout irait bien, déjà ses mots semblèrent lui couper le souffle.
- C’est incroyable d’être à ce point trompée, murmura-t-elle entre deux rapides inspirations. Un constat pour elle-même avant qu’il ne mette un peu plus au clair la situation. Fascinant, toute l’énergie déployée dans une simple mascarade.
L’anxiété se lisait sans grand mal dans les yeux doucement relevés vers l’homme. Une pointe de désespoir, également, l’envie de crier tout le mal qu’on avait d’avoir été manipulée. Sentir son corps se tordre de l’intérieur sous la douleur et rester immobile de peur qu’un mouvement soit le dernier. Sa bouche légèrement entrouverte se ferma subitement une fois les conditions finies d’être énoncées. C’était une folie, qu’il demandait. Qui non seulement se butait aux valeurs d’Arsinoé, mais qui relevait surtout du quasi-impossible. Ce qu’elle ne tarda pas à rappeler. D’un débit lent qui permettait à la voix de se caler, qui lui donnait un air presque doux et calme quand au fond elle continuait de frémir.
- Allez-y seul et vous n’en ressortiriez pas. Ou en ayant tout oublié. Dans le dédale de pièces on s’y perdrait sans doute. Et quand bien même, l’intrus serait sans mal arrêté. Mais entrer avec moi serait nécessairement suspect, on penserait que j’agis sous l’effet d’un maléfice. Apeurée par le regard du geôlier, elle le fuit, mais pour autant ne se tut pas. Mais je suppose que vous le savez, ajouta-t-elle tout bas, songeuse.
La seule chose sur laquelle elle ne s’était pas trompée le concernant était sans doute une intelligence hors du commun. Ici cela devenait un art du crime. Au savoir encyclopédique se soustrayait le perfide discernement. Le génie du forfait, qui derrière la manipulation avait sans doute pensé chaque détail. Et puisqu’il avait songé aux failles, impossible qu’il ait oublié les maigres possibilités. Il suffisait simplement de retrouver le fil de son raisonnement.
- Le seul moyen, même s’il est indirect, de pénétrer le département serait la complaisance purement intellectuelle. Et l’absence de complicité supposerait de forcer un esprit. Malheureusement la chose est également impossible…
Un minimum de disposition à l’occlumancie déterminait en théorie qui était ou non apte à devenir langue-de-plomb. Quand bien même la pratique était parfois un peu nuancée –en témoignait Arsinoé, qui en quelques années avait perdu bien du talent dans ce domaine- la rumeur restait bien incrustée. Avant d’énoncer ce qu’elle pensait être le fond de l’idée, Arsinoé enfonça consciencieusement ses ongles dans son bras. Pour s’assurer une nouvelle fois que Wallace n’était pas la projection d’un mauvais rêve. Mais aucun changement. Rien qui sauvait le conservateur de la monstruosité dont il était paré. Il fallait se rendre à l’évidence, Kanzler l’avait pitoyablement prise au piège. Puisqu’il n’y avait plus d’issu elle en revint donc à la déduction.
- Je pense que sont des souvenirs, que vous voulez trouver. Des heures de déambulation dans les salles tout simplement nichées dans un esprit. Ce serait une solution alternative intelligente.
Pendant un instant l’idée lui sembla presque plaisante. Naviguer dans la mémoire, voir et entendre ce qui avait été vécu. Apprendre par la simple observation, ne jamais quitter sa pensine mais voyager dans le temps et l’espace. Puis Arsinoé se rappela qu’elle et ses précieux mystères se trouvaient au centre. L’affreuse, l’immonde idée.
- Quel dommage que vous ne puissiez pas simplement les dérober.
Un haussement d’épaules presque compatissant. La sorcière se tut le temps d’enlever ses chaussures et de replier ses genoux devant elle. Pour feindre une certaine assurance elle cacha les mains tremblantes sous ses jambes. Suite au refus la perspective d’avenir. Court, l’avenir, si on croyait l’homme sur parole. Des cheveux blonds qui tomberaient sur un visage blafard et des poignets ensanglantés.
- Un corps mort au milieu d’une cathédrale, cela ferait peur à quelqu’un, demain matin.
A la menace de mort ce fut finalement le seul reproche exprimé. Le manque total d’égard pour celui qui viendrait la trouver. Car à y réfléchir à deux fois, les chances de ressortir vivante n’étaient pas si minces, supplier ne servait peut-être à rien.
- Mais il est chanceux, l’homme d’Eglise, car l’hypothèse ne se réalisera pas. Un sourire moqueur tout autant que triste s’afficha. Tuez-moi et vous perdez votre chance d’obtenir ce que vous voulez. Bien sûr vous pourriez toujours menacer un à un les employés de mon département pour obtenir les partielles informations qu’ils détiennent, mais ce serait un travail affreusement long et fastidieux.
Le profond soupire permit à sa figure de s’apaiser. Ces informations pour lesquelles on voulait la condamner pourraient également la sauver. La situation semblait ainsi plus cynique que désespérée. Les circonstances lui riaient au nez. Refusant d’apercevoir plus longtemps la silhouette de Wallace, Leigh bascula la tête en arrière pour la faire reposer contre le fauteuil. Inhumain géant, qu’il disparaisse du champ de vision plutôt que de laisser planer son ombre.
- Prague est une ville fatigante, déclara-t-elle avec fatalisme, et contrairement à ce que j’espérais je ne l’aime pas beaucoup. Tout cela est tellement, tellement décevant.
Wallace et son masque. Les espérances avortées. Les fils du marionnettiste qui apparaissaient. Ce véritable crève-cœur. Finalement la sensation de se laisser décomposer par la peine. Et à présent attendre. Fermer les yeux et profiter d’une seconde de silence avant que la voix trop grave, trop sourde, trop mauvaise ne s’élève de nouveau. Un instant de calme et l’illusion de la sérénité.
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Lun 23 Fév 2015 - 18:37
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Devils feed on the seeds of the soul
Des mois de manipulation, des mois pour obtenir quelques paroles, une autre émotion que la méfiance. Un travail colossal, une partie d’échecs dont il ne voyait plus la fin. Et ce soir, un pas de travers, le cavalier envoyé à la guerre. Lassitude de la mission, un besoin de tout arrêter. Tromper les esprits est aisé, mais cette mission durait depuis trop de temps et quelque part, il y avait une once d’attachement. Pas de quoi avoir des remords, quelques sursauts stupides de conscience, mais Wallace voudrait s’excuser pour toute cette violence qui n’était pas prévue. A aucun moment il n’avait prévu d’être aussi odieux avec elle. Arsinoé ne méritait pas sa colère, pas plus que les menaces. L’aveuglement, c’est tout ce qu’il demandait rien de plus. Échec. « Un jeu doit être mené, et pensé. La manipulation sur un jour n’a aucun effet » Une capacité apprise avec le temps, une nécessitée pour évoluer dans le nid de vipères et peut-être une faculté naturelle, de toujours s’attirer les regards, les paroles bienheureuses. Ce soir, comme les autres, il aurait aimé qu’elle suive, ne pose pas de questions et accepte de répondre à ses interrogations. La peur. C’est cette émotion qui avait tout annulé, rendant le jeu nul. La frayeur car il n’avait pas su se contrôler, avait fait chuter un masque de trop devant elle.
Les mots coulent. Il la laisse, ne coupe à aucun moment. Tout n’est que vérité, elle ne cherche pas à le piéger, ne cherche même pas à fuir et ça l’étonne Kanzler, cette absence de tout. Lui reprend place dans le fauteuil en face de celui de la victime. Rien d’anormal à la scène d’un point de vue extérieur, rien de suspect. Un soupir lui échappe, un agacement puis il se reprend, et s’élève la voix. « Chaque langue de plomb est selectionné pour sa capacité à maîtriser l’occlumencie, mais est-ce que cela fait d’eux des forteresses ? » La capacité peut s’altérer avec le temps, il le sait, l’a déjà vu sur d’autres dont il a su faire éclater les barrières avec aisance. Occlumens, ce n’est qu’un leurre, un mensonge pour ne pas que l’on s’attaque à eux. « Chaque occlumens possède une faille, un point d’entrée » Occlumencie. Des années qu’il avait passé à étudier cette forme de magie, tout comme son homologue – la légilimencie. Des années pour rien. Incapable de maîtriser les deux. Peut-être un peu d’occlumencie, à cause de sa mémoire fractionnée comme une cathédrale. « Je ne veux pas forcer votre esprit, perdre un temps considérable à fouiller votre vie. Ça ne m’intéresse pas. Vos souvenirs vous appartiennent » Ce n’est pas une vie qu’il veut voler. Wallace ne se permettrait pas une impolitesse. « Je veux le plan du dédale, ainsi que les spécificités de la salle du temps, rien de plus » en apparence, ce n’est presque rien, des informations à fournir, quelques notes, des plans. La salle du temps est la plus dangereuse, elle surpasse celle de la mort et ça, ce n’est que pour lui. La mission ne consiste qu’à obtenir un accès au département des mystères. Le temps, c’est un caprice, une curiosité pour voir ce qu’il pourrait en faire – pour voir si il pourrait le sauver, lui, toujours cette personne à son esprit ; Fray. Une raison égoïste et rien de plus. « Si vous pouviez accepter, ça m’éviterait d’appeler un chien pour qu’il vole les informations désirées » D’autres capables de légilimencie. Il révèle ne pas savoir. Un sourire flotte. L’évocation d’un cadavre, d’une mort glorieuse qu’il lui offrirait. Exposée à la cathédrale. Il y songe et renonce aussitôt. « La mort ne s’envisage pas pour le moment, ce n’est pas la finalité de cette entrevue » Tuer, ce n’est que pour la vermine, le mépris à ces sang de bourbe, ces rats de sorciers qui osent le défier. Pas Arsinoé, il respecte sa personne, admire son intelligence. La tuer serait un odieux gâchis. « Je pourrais, m’amuser, torturer, toutes ces idioties réservées aux autres, mais il serait dommage de détruire votre beauté et surtout votre esprit » Il ne cache pas l’admiration, cette forme d’affection déviée qu’il a pour elle. C’est une vieille malédiction que de devoir détruire ceux qui comptent, ces quelques vies appréciées. « Je regrette d’en venir à tout ça » Pas de mensonge cette fois-ci. Plus aucune nécessité à prétendre, à jouer un rôle. Les masques sont à terre.
« Que dois-je faire ? Devons-nous continuer à parler et attendre que la nuit passe… là, vous avez un espoir que je m’endorme, infime, mais l’espoir ne tient qu’à ça… » Que le temps passe, que la journée s’achève. Rien ne changera demain, la situation sera égale, toujours ce même étau. « …ce ne sont que des informations, des codes cachés dans votre mémoire. Mais j’en viens à me demander… vu la scène de tout à l’heure… » Cette soudaine crise de panique, la folie et la perte des repères. Elle ne l’avait pas reconnu, égarée. « …êtes-vous seulement capable de vous remémorer les informations ? Ou est-ce que la mémoire s’évapore avec vos crises ? »
Arsinoé B. Leigh
: They turn out to be poison but still, I can’t help myself.
ϟ ÂGE : 53 ϟ FONCTION : Directrice du département des mystères. ϟ AVATAR : Diane Kruger
(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Dim 8 Mar 2015 - 0:36
What if I were smiling
Would you see then what I see now ?
Cela en était presque répugnant. Cette façon qu’avait Wallace de débiter si calmement des horreurs. Une voix posée pour parler de l’éventualité de la torture. Un choix qui serait regrettable, prétendait-il. Mais à ce que disait Kanzler, Arsinoé ne pouvait donner aucun crédit. Comment déceler le vrai du faux ? Où s’arrêtait le mensonge ? Y’avait-il seulement jamais eut autre chose que de l’hypocrisie ? Derrière les paupières qu’elle s’efforçait de garder fermées elle imaginait l’homme, droit et digne, auréolé de cette froideur qui après avoir été attirante la rendait à présent nauséeuse. Arsinoé ne voulait ni mourir ni souffrir. La simple perspective de la douleur faisait mal. Et elle se savait incapable de résister. Il fallait être forte pour surmonter le mal physique, et cela elle était consciente de ne pas l’être. Mais en arrivant au Département la guerre était finie. Le monde était calme. Jamais elle n’avait songé qu’un jour une si pragmatique menace se dresserait. Quand bien même les mangemorts avaient refait surface –car ce devait bien être ce qu’était que Wallace. Quoi d’autre pour un homme aussi dénué de sentiment?- elle avait préféré se voiler la face et vivre dans une bulle. Aujourd’hui déchiqueté, le cocon qui se voulait impénétrable. Il regretterait, prétendait-il. Sans doute jamais autant qu’elle.
La scène de tout à l’heure. L’évocation lui fit ouvrir les yeux et afficher un regard dur. Un léger dérapage, voilà tout. Y revenir était lâche. Et inutile.
- Evidemment, je me rappelle. La fatigue n’altère pas la mémoire.
Elle se leva soudain, le visage fermé, fit quelques pas de façon à se trouver dos à Wallace. Ce n’était pas être folle que de perdre ses repères l’espace d’un instant. Douter un instant n’était qu’une question d’épuisement. Des années qu’elle voulait se persuader que tout cela était normal, mais à en juger par la réaction sèche la conviction avait depuis longtemps vacillé. Du dos de la main Arsinoé essuya une goutte qui venait de se former au coin de l’œil. Triste soirée quand on avait espéré des merveilles.
Tentant de faire un instant abstraction de Wallace, elle se dirigea près de la fenêtre et l’ouvrit. Il n’avait aucune raison de s’y opposer, après tout elle n’allait pas sauter. 22h pile. La ville aux mille clochers s’animait comme à chaque heure, créant un dissonant mais doux ensemble. Les coups n’étaient pas encore tous sonnés et déjà la captive s’en détournait pour offrir de nouveau son attention à Wallace. Au fond Prague n’avait plus d’importance. Les églises pouvaient bien sonner dans l’indifférence.
- Pourquoi le temps ? Vouloir le changer supposerait avoir appris de ses erreurs. Ce qui ne semble pas être votre cas. Pour ne pas lui laisser le temps de la couper elle enchaîna immédiatement. Malheureusement vous devrez continuer de vivre avec vos mauvaises décisions ancrées sur la conscience. Le temps s’observe, s’appréhende, s’étudie, mais ne peut être modifié. Il n’y a rien de plus à savoir.
Quoiqu’ait fait Wallace ou ceux desquels il faisait partie, rien ne serait réparé. La demande semblait tout bonnement idiote. Evidemment le temps était une matière extraordinaire complexe dont les propriétés ne pouvaient être résumées en deux phrases, mais l’essentiel était là. Un individu ne pouvait menacer l’équilibre global au nom d’un caprice. Doucement elle se laissa glisser contre le mur. La tête légèrement penchée sur le côté, regardant Wallace avec ce qui s’apparentait à présent à un candide étonnement. Quelle volatilité des sentiments. Admiration, peur et angoisse, tristesse et à présent l’innocence dans les yeux bleus.
- Ce doit terrible de vous regarder chaque jour dans le miroir et de constater le monstre que vous êtes devenu.
Pour la première fois elle employa le mépris. Les mots semblaient se casser dans l’air, mauvais et dégoutés. La voix âpre et les syllabes frappées avec amertumes contrastaient étrangement avec l’air si paisible et indolent. La fin vient plus vite que ce que je n’aurais pensé, songea Arsinoé en redressant le cou. La patiente du geôlier ne durera sans doute pas et il faudra inévitablement faire un choix. Souffrir -moralement ou physiquement, elle n’en savait trop rien mais ne faisait finalement pas de différence- et finir par céder. Ou simplement se rendre et se flageller par la suite. Elle s’en voulait déjà, mais le choix n’était pas cornélien. A quoi bon lutter quand tout indiquait que Wallace gagnerait. L’illusion d’un combat égal avait été éphémère et pourtant avait trop duré. Face au piège il fallait se rendre à l’évidence. Les supplications n’y changeraient rien, et Arsinoé ne voulait pas s’y abaisser. Après avoir été trompée, trahie, manipulée, elle voulait garder le peu de dignité qu’il lui restait encore. Wallace ne méritait pas même de voir une larme couler. Alors elle préférait se rendre maintenant plutôt que d’inévitablement finir par se morfondre.
- Avant que je ne vous donne ce que vous voulez j’aimerais que vous me répondiez. Y’a-t-il au moins une chose sur laquelle vous n’avez pas menti ? Après avoir balayé la pièce ses prunelles revinrent se planter sur Wallace. Regardez-moi dans les yeux et cette fois soyez sincère… Au moins une fois.
Le regard n’était pas de ceux qui prétendaient lire dans les âmes. Loin de là. Il semblait simplement demander le cœur. La vérité de la bouche du marionnettiste, juste une fois.
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(PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi
Sujet : Re: (PRAGUE) second star to the right, and straight on till morning — Arsi Mer 25 Mar 2015 - 21:20
Close your eyes, pay the price for your paradise
Devils feed on the seeds of the soul
La fenêtre qui s’ouvre, l’air qui s’engouffre et volent les rideaux. Sauter. Il se demande si elle en serait capable, si, quelque part, elle oserait. Mettre fin à tout. Le suicide, et le corps qui s’offre à la mort. Plus rien. Du vide. La vie éclatée au sol. Raturée et terminée. C’est un geste qu’il ne permettrait pas. Restez ici. Le bras qui se tend une seconde, le geste d’une peur et le diable redevient immobile. Les mots reviennent à sa demande première. Le temps qu’il veut modifier, la sphère intouchable. Elle prétend que rien ne peut être changé, que tout doit rester intact. Tout ça, il le sait, des années à lire les mêmes mots, ces comptes-rendus, ces mensonges. Le temps, comme tout, doit être contrôlé. « Vous mentez » Persiflent les lèvres qui tremblent de colère, de déception. « Le temps peut être modifié. Une action peut être changée avec les bons instruments. Ne prétendez pas que la salle du temps n’est là que pour l’observation des faits » La voix tremble des craintes, de la vérité qu’elle lui octroie. Non et non. Il refuse l’évidence. C’est le caprice d’un amour déchu et décharné. Est-ce que ? Fray est mort à sa main, à un sort. La magie doit pouvoir s’inverse, il doit exister de quoi lui rendre l’égaré, l’arraché à ses songes. Une figure fantomatique maintenant. Un oubli à sa mémoire et le souvenir se disperse. Les yeux clos, Wallace cherche à faire disparaître les traces de l’inquiétude. Trop tard. Le masque est craquelé, les fissures apparentes.
Un miroir mentionné, les actes accusés. Ne pas se regarder, ne pas accepter ce qu’il est devenu. Wallace n’a pas de honte au carmin sur ses mains, à la mort qu’il traine comme une deuxième ombre, fidèle spectatrice de ses actions, de ses tableaux. Vanités qu’il déploie et mépris qu’elle lui crache au visage. Tête qu’il penche doucement de côté, curiosité d’une nouvelle action, d’une intonation qu’elle n’avait encore jamais employée avec lui. « Monstre. C’est réducteur comme mot. Vous supposez que je ne ressens rien. Encore une erreur » Pas un monstre, mais une armure contre eux, contre les blessures au cœur. Crevé de l’intérieur. Ils supposent que rien ne l’affecte, qu’il n’aime pas. N’a que la haine pour restant. Faux. Prétention des imbéciles.
Le genou à terre. A sa hauteur. Pour ne plus dominer, lui faire comprendre. Curiosité d’un geste. Jamais il n’octroie l’égalité. L’envie d’y poser une paume au visage, lui faire comprendre, mais le geste meurt. Uniquement des mots. « Je n’ai jamais menti. La vérité a été détournée, j’ai mené votre confiance mais il n’y avait pas de mensonge. Je ne façonne pas des sentiments » Des amours qu’il a pu lui porté, Kanzler n’a rien inventé. Un fait incompris. Une capacité curieuse, de savoir les aimer, de leur attribuer foule de sentiments, à eux, ces figures qu’il détruit, ces envoyés au styx vengeur. Les ambres rencontrent le regard des interrogations. « Ce que j’ai déclaré, mes gestes, ils étaient vrais et je suis désolé de savoir que tout s’achève. J’aurais aimé une autre issue, que vous ne soyez pas qu’un pion pour d’autres… » Il laisse les émotions percuter à son visage. Pas de mensonge. Pas d’invention.
Les souvenirs, le dédale qui lui est offert.
Un sort pour la plonger au sommeil. Le corps qu’il soulève à ses bras et c’est le retour pour l’Angleterre, à l’appartement qu’il a vu, les pièces qu’il franchit et cherche la chambre où il dépose l’endormie. Un au-revoir de ses mots étrangers, l’allemand qui tinte, un marqueur de son attachement.