Natanael frissonna une énième fois. Il avait l'impression de ne faire que cela depuis qu'il était sorti de Poudlard. Devant lui, les élèves retardataires se pressaient de rattraper leurs camarades. Il n'avait pas été le premier à se proposer - loin de là - lorsqu'il avait été exigé que des professeurs accompagnent les étudiants lors d'une des traditionnelles sorties à Pré-au-Lard. Mais il s'était alors rappelé qu'une lettre attendait depuis presque un mois sur son bureau qu'il trouve le courage d'aller la poster, et il avait fini par se porter volontaire. Il fermait donc la marche, surveillant d'un œil distrait les 3èmes années surexcités qui marchaient d'un pas vif devant lui. Le givre faisait craquer la route sous leurs pas, et il avait beau s'être couvert de plusieurs pull et d'un gros manteau, le froid semblait le transpercer de part en part. Il était loin le temps où il se baladait en T-shirt dans les rues gelées de sa Scandinavie natale ... La campagne anglaise qui entourait Poudlard s'était couverte d'une fine couche de glace, annonçant l'approche des fêtes de fin d'année et lui faisant regretter sa vie à Londres, où seule une petite centaine de mètres séparait son appartement du métro, et la station de son université.

Quand ils pénétrèrent enfin l'enceinte de Pré-au-Lard, il avait le sentiment désagréable que tous ses doigts pourraient tomber pour peu qu'on l'on tape un peu trop fort dessus. Son soupir dessina un petit nuage de condensation dans l'air gelé, et il ralentit sans s'en rendre compte en passant devant les Trois Balais. L'envie le démangeait d'aller s'asseoir au chaud, de prendre un, deux, voire trois cafés bien chauds - peut-être relevés d'une pointe de whisky - et de jeter sa foutue lettre au feu, tant qu'il y était. Il secoua la tête, parvint à détacher son regard de la porte du pub, passa son chemin. Mais la lettre continuait de peser lourd dans la poche de son manteau. Il n'arrivait pas à se convaincre qu'elle était une bonne idée. Il l'avait écrite sur un coup de tête, au début du mois - l'arrivée imminente des fêtes de fin d'année était sans doute à blâmer. Elle avait du moins suffit à lui rappeler qu'il n'avait pas eu de nouvelles de sa famille depuis plusieurs années. Et pour cause, ils le pensaient morts. Mais pour tout ce qu'il en savait, peut-être étaient-ils morts eux aussi. Il avait alors décidé de se faire passer pour un ami de ses parents, un prétexte parmi tant d'autres pour s'informer un peu.

Mais plus il se rapprochait du bureau de poste, plus il se disait qu'envoyer cette lettre était une idée terriblement mauvaise. A chaque pas, sa paranoïa reprenait un peu plus le dessus : et si on pouvait remonter la lettre jusqu'à lui, jusqu'à sa véritable identité ? Bien sûr, prendre un hibou de Pré-au-Lard limitait les risques, mais il suffisait qu'un curieux pose trop de questions, qu'on se rappelle l'avoir vu déposer cette lettre ... Il n'avait toujours pas réussi à se décider quand il rentra dans le bureau de poste. Il n'y faisait guère plus chaud, et ce furent les piaillements des hiboux qui le tirèrent de ses pensées. D'un geste indécis, il sortit la lettre toute froissée de son passage dans sa poche, l'aplatit distraitement sur le comptoir, attendant que quelqu'un vienne la confier à un hibou. Il lui lança un long regard, comme s'il essayait de lire en elle la menace qu'elle faisait peser sur lui. Une porte claqua, le fit sursauter. D'un geste totalement réflexe, il reprit la lettre et la fourra dans son manteau. « Je ... hem. » Bien joué, Natanael, comment est-ce que tu comptes expliquer ta présence dans un bureau de poste si tu prétends n'avoir aucune lettre à envoyer, mmh ? « J'aimerais savoir combien vous facturez les envois de lettre à l'étranger. » Et sinon, tu veux pas une pelle pour creuser ta tombe ?

Il dévala les marches deux par deux, portant cet énorme carton avec lui, c'était toujours lui qui descendait les cartons, tout simplement parce que cela faisait un peu de sport dans la journée et surtout parce que Seamus faisait toujours tout tomber. Il faut dire que les escaliers qui se trouvaient entre le bureau de poste et le dôme aux hiboux étaient étrangement très dangereux et pour un maladroit comme son irlandais d'ami c'était un véritable parcours du combattant. En général il descendait avec un carton de lettres qu'il échangeait contre un carton de souris et de mulots servant à nourrir les piafs. Objectivement, ce métier n'était définitivement pas le métier de rêve de Dean Thomas. Cependant il avait le mérite d'être assez libre et amusant, puisqu'il passait la majeure partie de la journée seul avec son meilleur pote. Peu de métier le permettaient. L'anglais rêvait de devenir professeur depuis son plus jeune âge, mais il avait pourtant décidé de prendre un peu de temps pour réfléchir à la suite des événements. Pourtant, en ce froid jour d'hiver, un individu peu commun allait le décider à faire le grand pas.

En effet, alors qu'il était en train de déposer un carton dans le bureau, un homme qu'il avait connu entra. Le professeur Greyjoy en personne. Dean l'avait déjà eu en tant que professeur et il avait toujours été un très bon élève en Astronomie, si bien qu'il avait longtemps hésité à lui demander de devenir son stagiaire. Mais l'homme n'était pas très abordable et l'ancien Gryffondor avait tout simplement renoncé. Ou plutôt remis à plus tard le moment fatidique. Cependant, il était évident pour Dean que l'entrée du professeur dans cette petite poste était un signe et qu'il était temps pour lui de tenter le coup. Bien sûr, si ce dernier refusait, il pourrait toujours tenter sa chance auprès de Miss Crow, mais honnêtement vu ce que racontait Justin et Andy à propos de cette dernière, il n'en avait pas très envie.

- Bonjour Monsieur Greyjoy ? Vous avez passé de bonnes fêtes ?

Dean s'était débarrassé de son carton pour aller saluer son ancien professeur qui semblait légèrement anxieux. En fait, maintenant qu'il y pensait, l'homme avait toujours été assez discret, calme et légèrement froid, mais ses cours avaient le mérite d'être excellents. L'anglais avait entendu la question que l'homme avait posée à son collègue et il fit signe à ce dernier qu'il s'occupait de ce client. Ce n'était pas vraiment son poste, mais il avait suffisamment vu les autres pour savoir comment cela fonctionnait.

- Pour les envois à l'étranger c'est tarif double, mais vous avez de la chance ! Pendant les fêtes c'est tarif normal.

L'anglais n'était pas du genre à poser trop de questions, pour la simple et bonne raison que c'était extrêmement malpoli et qu'il n'aimerait pas qu'on le lui fasse. De plus, il n'estimait pas connaître le professeur assez bien pour se permettre un tel comportement.

- Après comme d'habitude, ça dépend de la rapidité que vous souhaitez.

Un de ses collègues lui fit un clin d’œil non loin de là, il faut dire que Dean gérait pour un gars qui était censé s'occuper des hiboux. Cependant, l'anglais avait toujours été doué pour parler, créer des liens ou même combler les conversations, mais il n'était pas vraiment sûr que cela suffise avec le professeur.

Pas vraiment le temps de regretter sa question : déjà, un employé se dirigeait vers lui. Mais un de ses collègues semblait faire preuve d'un intérêt tout particulier pour le professeur d'astronomie, et lui fit signe qu'il s'occuperait de sa question. Natanael retint une grimace. Voilà maintenant que l'on se disputait le plaisir de l'enfoncer un peu plus dans l'embarras. Lorsque le jeune homme eut posé le carton dont il était encombré et se fut rapproché, son client finit par remarquer qu'il lui paraissait vaguement familier. Malheureusement pour lui, il n'était ni physionomiste, ni très attentif à ses élèves, de toute manière. « Bonjour Monsieur Greyjoy ? Vous avez passé de bonnes fêtes ? » Bon, pas de doute, il s'agissait bien d'un ancien étudiant. Mais il n'arrivait toujours pas à remettre un nom sur ce visage, pas plus qu'il n'aurait pu déterminer s'il était un ex-Gryffondor ou Poufsouffle. En réponse à sa question, il se contenta de hausser les épaules avec un air un rien fataliste. Les fêtes étaient pour lui des jours comme les autres, à la différence près qu'il était un des seuls à les passer sans personne à ses côtés. La norme sociale aurait voulu qu'il demande à son tour comment s'étaient passées les fêtes de cet aimable anonyme, mais pour son plus grand soulagement, ce dernier ne lui en laissa guère le temps.

Il hocha distraitement la tête en écoutant sa réponse concernant les tarifs d'envoi à l'étranger. Comme si sa question avait été motivée par une simple curiosité, alors que les doigts de sa main gauche étaient toujours étroitement serrés autour de la lettre, dans sa poche. Il ne manifesta d'ailleurs son vague intérêt que par un court haussement des sourcils quand l'employé mentionna le tarif réduit pendant les périodes de fêtes. Car sa décision était prise : il n'enverrait pas cette lettre. Il s'en voulait déjà pour le moment de faiblesse qui l'avait conduit jusqu'à ce bureau de poste. Et avoir été reconnu n'avait fait qu'entériner sa décision - comme s'il y avait la moindre chance de se balader incognito à Pré-au-Lard quand on enseignait à Poudlard. « Merci beaucoup pour ces renseignements Mr ... Thomas » remercia-t-il en prenant garde à rester aussi neutre que possible. Et miracle, il avait réussi à retrouver le nom de son ancien étudiant. C'était bien parce que ce dernier s'était montré plutôt brillant lors de son passage dans sa classe, d'ailleurs. Une entorse au cerveau plus tard, il parvint même à se souvenir qu'il s'agissait d'un ex-Gryffondor. Phénoménal.

Comment prendre congé poliment, maintenant ? En temps normal, il ne se serait sans doute pas embarrassé de cette question et se serait effacé après un simple "au revoir". Mais il s'agissait tout de même d'un des élèves auxquels il avait attribué le plus d'Efforts Exceptionnels - car il n'avait encore jamais poussé le vice jusqu'à accorder un Optimal. Il se sentait donc obligé de tenir un minimum la conversation avant de s'éclipser, ne serait-ce que pour ne pas faire paraître son passage éclair trop étrange. Lui qui avait la sociabilité d'une moule de l'Atlantique, c'était bien sa veine. « Je ne vous imaginais pas travaillant au milieu des hiboux. » Bien joué, Natanael, toujours aussi agréable. Ce n'était pas vraiment comme s'il s'était jamais soucié du devenir de ses élèves, en plus. Sourire crispé. Un petit effort, tu peux quand même faire mieux que ça ... « ... Enfin, peu importe. J'ai cru comprendre que vous aviez brillé à vos ASPICs d'astronomie. » Un peu mieux, mais toujours trop sec. A croire qu'il avait peur qu'on le morde. Au moins revenait-il à son sujet de prédilection, qui lui semblait être un terrain nettement moins instable que les choix d'orientation professionnelle.

Si l'anglais était de nature très optimiste, ce n'était définitivement pas le cas de son ancien professeur qui comme toujours semblait légèrement blasé et fatigué de devoir parler. De plus qu'il semblait évident que l'homme n'attendait qu'une seule chose, partir. Et cela sans même prendre la peine d'envoyer sa lettre. Dean n'était pas du genre à poser des questions ou même à insister, mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que cette lettre pouvait bien dire et surtout à qui elle était destinée. Parce qu'entre nous, le professeur Greyjoy, n'est pas le genre d'homme à envoyer des lettres. En fait, l'ancien Gryffondor serait bien incapable de dire quel genre d'homme il pouvait être et pour dire vrai, il ne s'était jamais vraiment posé la question.

L'homme le remercia pour les informations, mais ne semblait visiblement pas très déterminé à l'envoyer, mais ce n'était pas vraiment ses affaires. Cependant, l'anglais nota que le professeur se souvenait vaguement de lui, ce qui dans la tête de l'optimiste jeune homme qu'il faisait ne pouvait être qu'un bon point. Après tout, les professeurs ne peuvent pas se souvenir de tout le monde. Dean avait toujours été assez brillant dans cette matière, il la trouvait intéressante voir même passionnante. De plus, la tour d'astrologie était un endroit qu'il affectionnait particulièrement. En effet, même s'il était un garçon plein de vie, il avait lui aussi parfois besoin d'un peu de calme et sérénité, ce qui n'était plus vraiment à l'ordre du jour à cause de la colocation de Pré-au-lard.

Sans parler de son job de surveillant de Hiboux qui n'avait vraiment rien de très glorieux, hormis peut être de lui permettre de voir son meilleur ami tous les jours et de vivre non loin de Poudlard, lieu où il compte très prochainement retourner et entre nous, il aimerait vraiment que cette rencontre quelque peu fortuite le lui permettre. L'ennui, c'était qu'en temps normal, ce n'était déjà pas très facile de poser ce genre de question à quelqu'un, mais encore moins au professeur Greyjoy.

- On ne peut pas vraiment dire que c'est le job de mes rêves.

Le professeur fut le premier à parler de boulot, peut être que ça ne sera pas si compliqué finalement, peut être qu'il devrait tenter sa chance maintenant tant qu'ils étaient sur le sujet. Mais avant que le garçon ne puisse formuler une éventuelle question, le professeur avait déjà changé de sujet et plus précisément pour parler des ASPICS.

Le garçon n'avait pas vraiment eu de difficulté pour obtenir ce diplôme si célèbre et il devait avouer que son excellente note en astronomie n'y était pas pour rien. En même temps ils étaient tombés sur son sujet favoris, à croire qu'il était né sous une bonne étoile. C'était d'ailleurs après les examens qu'il avait pour la première fois envisagé de devenir professeur en astrologie, avant il pensait devenir comme son père, enfin beau-père, professeur d'art dans une école moldue. Mais finalement, il aimait bien plus la magie qu'il ne le faisait croire et se voyait mal reprendre le cursus normal, même aux côtés de son frère ou de sa sœur. Puis s'il devait retourner à Londres, il verrait sûrement bien moins souvent Seamus, Justin ou même Sofia.

Autrement dit, il voulait vraiment devenir professeur et de préférence en astrologie. Même si cela lui demandait d'apporter le café tous les jours aux professeurs ou même de nettoyer son bureau. Bon bien sûr, il préférerait éviter de le faire. En cinq mois de boulot il avait assez vu de ménage pour une vie entière.

- Oui je ne m'attendais pas vraiment à avoir autant, mais il faut croire que j'ai eu de bons professeurs. D'ailleurs Monsieur Greyjoy je me demandais si... si... enfin. Si vous accepteriez un stagiaire ? ... Vous voyez j'ai toujours voulu devenir professeur et votre matière m'a toujours plu...

Il avait dit. Le plus dur était fait. Maintenant il fallait juste attendre une réponse en espérant sincèrement qu'elle soit positive. Le silence était son pire ennemi dans un tel moment, surtout que Dean commençait à se dire qu'il aurait peut-être dû attendre un peu plus avant de poser sa question, peut être qu'il aurait dû être plus patient. Pendant quelques secondes, il avait presque l'impression de jouer sa vie, pourtant il n'était pas du genre stressé comme garçon.

Natanael eut une grimace qu'il voulut compréhensive quand son ancien élève admit ne pas avoir le boulot rêvé. Lui-même n'aurait jamais envisagé travailler dans un bureau de poste, encore moins sorcier. Déjà parce qu'il était loin d'avoir les compétences sociales que ce genre de travail exigeait. Mais aussi parce que c'était beaucoup trop manuel pour lui. Même dans son ancienne vie, il s'était toujours débrouillé pour déléguer un maximum les tâches ingrates, et ne pas avoir de sang sur les mains. Enfin. Pas trop. Le retour de ses souvenirs le fit vaguement frissonner - à moins qu'il ne s'agisse juste des courants d'air qui traversaient inlassablement le bureau de poste - et il retira sa main de la poche contenant la lettre, comme si cette dernière l'avait brûlé. La nostalgie de sa Scandinavie natale s'était évaporée aussi vite qu'elle était apparue. Il n'était plus cet homme-là.

D'autant que le silence qui suivait sa seconde remarque l'inquiétait un peu. S'était-il trompé ? Mince. Peut-être qu'il s'était trompé. Peut-être que Mr. Thomas - s'il avait eu le nom de correct - n'était pas le brillant élève auquel il pensait. Il s'en serait voulu d'avoir compliment quelqu'un n'ayant obtenu qu'un faible Acceptable. Ou pire, une appréciation en-dessous de la moyenne. Mais l'ex-Gryffondor semblait plutôt pensif. D'ailleurs, quand il finit par prendre la parole, son ton était hésitant, comme s'il pesait chacun de ses mots. A croire que le syndrome Greyjoy était contagieux. « ... Vous accepteriez un stagiaire ? ... Vous voyez j'ai toujours voulu devenir professeur et votre matière m'a toujours plu... » Oh. Voilà qui était ... inattendu. Le visage de Natanael resta parfaitement impassible - à l'exception peut-être d'un léger cillement, tandis qu'il absorbait l'idée. Un stagiaire. C'est quoi ? Ça se mange ? Non qu'il ignorât le principe, bien sûr. Mais il ne se voyait guère gérer un élève à qui apprendre l'enseignement et non les cartes du ciel. Même lui se rendait vaguement compte qu'il n'était pas un modèle en matière de pédagogie. Il ne l'aurait jamais reconnu bien sûr, surtout pas devant Miss Crow, mais la certitude n'en flottait pas moins dans un coin de son esprit.

« Euh ... » Voilà qui résumait bien son état d'esprit. Et trahissait son désarroi avec tant d'efficacité que maintenir une façade placide ne semblait plus avoir guère d'intérêt. Il tapota nerveusement sa cuisse du bout des doigts. Toujours voulu devenir professeur, hein ? Ce genre de motivation elle-même lui était totalement inconnue. Il ne s'était saisi de ce poste que par un opportunisme dont il n'était pas fier, parce que c'était le seul domaine du monde sorcier où ses connaissances en astrophysiques aurait pu lui servir à quelque chose. Il n'avait jamais goûté à l'enseignement et l'adolescent qui sommeillait encore - profondément - en lui était frustré de le voir répéter toujours la même chose à une grande majorité d'élèves n'en ayant rien à braire. Une majorité, certes, mais pas Dean Thomas. Avoir un étudiant aussi intéressé était assez rare pour être noté, et il ne pouvait s'empêcher de se sentir flatté par sa demande. Après tout, ne l'avait-il pas qualifié de bon professeur. Lui, et pas Crow, songea-t-il en se fustigeant aussitôt de cette pensée mesquine. « Je ... Oui, pourquoi pas ? » Une fois n'est pas coutume, les mots étaient allés plus vite que sa pensée ... Il n'avait pas assez pesé le pour et le contre, à son goût.

Était-il prêt à laisser un quasi-inconnu s’immiscer ainsi dans son quotidien ? Oh certes, une autre personne n'y aurait pas vu une grande intrusion ; sauf que la vie de Natanael se résumait à son travail, à peu de choses près. Trop tard, il avait déjà accepté. Le professeur se reprit, remit de l'ordre dans ses pensées, dans ses priorités. En numéro une, l'astronomie. « Hem. Je ne vois pas d'inconvénient à un stagiaire. » Mensonge. Il aurait presque pu les classer par ordre alphabétique. « Je dois vous prévenir, cependant. Le niveau que j'attendrai d'un stagiaire sera nettement supérieur à celui des ASPICs. Vous ne manquerez pas de travail, même en-dehors des classes. » Il parvint à ponctuer son discours d'un petit sourire crispé. Un stagiaire, oui, mais pas inutile. Durant son court séjour chez les Moldus il n'avait pas manqué de voir de nombreux stagiaires, et avait constaté qu'une grande majorité restait dans un coin à se tourner les pouces en attendant que l'heure tourne. Pas chez lui. Mr Thomas voulait un enseignement supplémentaire ? Il l'aurait. Quitte à forger sa pédagogie tout seul, il serait au moins calé sur son sujet. Finalement, Natanael commençait à apprécier la perspective d'avoir sous sa responsabilité un futur enseignant qu'il pourrait modeler à son image.