Si vous venez en voyage,
Au pays des cancalais,
Vous pourrez voir au mouillage,
Une bisquine du temps passé.I
La houle du petit village de Cancale était bien moins vivante en hiver qu'en été, pourtant c'était la période de l'année que la petite Automne préférait. On pouvait y croiser les ostréiculteurs revenant des parcs à huîtres, les pêcheurs parlant de la pluie et du beau temps dans les cafés face mer et enfin déguster les meilleures gaufres de tout le pays. Autrement dit, une jolie et paisible vie loin des tourments des grandes villes. Non loin du port se trouvait la petite, mais très agréable maison des Pilcher qui disposait de tous les charmes d'une maison de campagne, ainsi que le raffinement d'un appartement parisien. La véranda de la maison donnait sur un immense jardin qu'ils partageait avec leurs voisins qui étaient la famille du meilleur ami de Monsieur Pilcher, Arthur Kervel. Ils étaient tous les deux sorciers et venaient du même village de Cornouaille et pour une raison inconnue ils avaient tous les deux décidés une fois leurs diplômes en poche de partir chez leurs voisins d'outre-Manche. Ils avaient enchaînés les petits jobs sans succès avant de finir par ouvrir une petite librairie indépendante dans le bourg.
Elle n'était pas très grande et sûrement loin d'être complète, mais pour une raison étrange c'était l'endroit que préférait Automne. Tous les jours après l'école, elle passait dans la boutique avec sa fausse cousine, Camille qui lui servait aussi de meilleure amie à l'époque. C'était toujours un plaisir pour les deux enfants d'écouter des histoires extraordinaires autour d'un chocolat chaud. Depuis son plus jeune âge, la fillette avait un goût très prononcé pour la lecture, notamment grâce au très célèbre
Monde de Narnia un livre qu'elle avait déjà dû lire une bonne vingtaine de fois malgré ses huit ans.
Quand elle ne lisait pas la jeune Automne passait le plus clair de son temps à jouer dans le jardin avec sa cousine et le gros Dagobert de chien qui se faisait terriblement vieux. Pour dire vrai la jeune fille aimait beaucoup sa petite vie paisible au bord de la mer, pourtant celle-ci devait malheureusement prendre fin dans à peine deux petites semaines, puisque les Pilcher devaient retourner en Cornouaille, plus précisément à Foway, village natal des deux sorciers amoureux de la Bretagne. En effet son cher père devait reprendre l'affaire familiale après la mort de sa défunte mère que Automne n'avait jamais rencontré, une bonne raison de haïr cette idiote de vieille. Ce déménagement n'était pas vraiment perçue d'un bon oeil par la petite, mais comme elle ne pouvait pas y faire grand-chose, elle préféra profiter un maximum des petits bonheurs que lui offrait son petit paradis une dernière fois. Comme boire un chocolat chaud à la fenêtre de sa chambre avec Camille et Dagobert en regardant le reflet de la lune sur la mer.
- Dagobert et toi vous allez vraiment me manquer !- Toi aussi ! Moi qui pensais que dans deux ans on ferait notre entrée à Beaubâton ensemble... Mais je suis sûr que tu feras pleins d'amis à Poudlard, après tout, nos pères se sont bien amusés là-bas.- Peut-être, mais sans vous ça ne sera pas pareil.Plus les jours passaient, plus la maison se faisait vide jusqu'au grand jour, le départ. Non sans verser de larmes, elle avait dit au revoir à sa chambre, sa maison, la librairie, son parrain, sa cousine et enfin Dagobert qui ne sera sûrement plus là la prochaine fois qu'ils viendront en France. Les remparts du vieux Saint Malo disparaissait lentement au fur et à mesure que le bateau s'éloignait des côtes, une nouvelle vie s'apprêtait à commencer.
II
Cela faisait peut-être deux mois que la famille Pilcher avait emménagé dans la vieille maison familiale de Foway, une maison qui avait terriblement besoin d'un coup de peinture. Automne n'aimait pas cette maison ou plutôt par principe elle se devait de la haïr. Pourtant, elle devait avouer que la vie à Foway n'était pas très différente de celle qu'elle avait connu auparavant à l'exception qu'elle ne connaissait encore personne. Heureusement pour elle, ses parents lui avaient toujours parlé dans les deux langues, afin que sur du long termes elle puisse profiter d'un don de langage très utile. Un après-midi, alors qu'elle ramassait tranquillement des pommes dans son jardin, elle aperçut la tête d'un garçon inconnu par-dessus la palissade. Pour dire vrai c'était presque la première fois qu'elle croisa un enfant dans la ville dont la moyenne d'âge devait tourner autour de cinquante ans.
- Tu es une Elfe ?- N'importe quoi ! Je suis une Narnienne !- C'est quoi ? Une sorte de gobelin ?Ce garçon ce nommait Jessie et il se trouvait être son nouveau voisin deux ans plus vieux qu'elle. C'était un garçon très original, voire trop original et aussi fan du
Seigneur des Anneaux qu'elle l'était de
Narnia. La plupart du temps ils se chamaillaient, il faut dire que Automne trouvait le garçon légèrement affligeant, pourtant c'était son premier ami anglais, mais aussi son premier ami de Poudlard. En effet, un jour après une longue dispute pour savoir qui était le plus fort entre Sauron et Aslan, les deux enfants s'étaient plaint mutuellement à leurs parents qui pour la peine avaient organisé un repas. Ce même soir, la jeune fille avait appris à la surprise générale que son père et celui du voisin avait été dans la même école, autrement dit que son premier ami d'outre manche était comme par hasard un sorcier, comme quoi le monde était petit. Pour une étrange raison cette nouvelle avait vaguement rapproché les deux enfants qui passaient un peu moins de temps à se chamailler.
Le garçon étant plus âgés que Automne avait fait sa rentrée le quelques mois après leurs rencontres, par conséquents ils ne se voyaient plus que pendant les vacances, ce qui était largement suffisant aux yeux de la petite, parce qu'il faut dire que Jessie Joyce était à la longue extrêmement fatiguant. Cependant, à chaque fois qu'il revenait à Foway elle se faisait un plaisir d'aller goûter chez la grand-mère de son ami, pour l'écouter parler de ces aventures dans cette école magique qui lui donnait tant envie, autour d'une bonne tarte au potiron. Elle rêvait elle aussi de rencontrer des fantômes, des centaures, avoir une baguette magique et surtout d'apprendre pleins de nouvelles choses et ce même si elle devait s'y rendre sans sa cousine. Une cousine à qui elle écrivait aussi souvent qu'elle pouvait.
III
(Deux lettres rédigées en français, appartenant à une très longue correspondance. )"Chère Camille,
Je suis contente d'apprendre que ta rentrée s'est bien passée. Nous aussi on doit porter d'horribles uniformes, mais je ne vais pas me plaindre parce que d'après ta lettre le tien semble vraiment moche. Je n'ai pas été envoyé dans la même maison que nos deux pères, mais le chapeau a bien failli puisque je suis chapeauflou. Cependant, je suis désormais une gryffondor et les gens de ma maison sont très gentils. Du coup je ne suis pas non plus avec Jessie, de toute façon j'en avais plus envie parce que cet idiot ma fichue une de ses hontes dans la grande salle, mais bon j'étais bien contente de l'avoir dans le train à mes côtés. Il en a profité pour me présenter ses amis, d'ailleurs y en a un qui est dans la même maison que moi, mais je ne suis pas sûr qu'il soit très intelligent.
Finalement, papa et tonton avaient raison, Poudlard est vraiment une école incroyable et pleines de secrets, d'ailleurs si tu pouvais voir cette bibliothèque tu en recracherais ton jus citrouille. Il y a tellement de livres dedans, que je ne trouverai jamais le temps de tous les lires, du coup j'ai déjà emprunté une tonne d'articles, tellement que j'ai dû faire deux voyages entre la bibliothèque et mon dortoir. Les premières années sont trop cools et je me suis déjà fait de très bons amis.
Ils sont assez studieux en classe du coup je peux profiter des merveilleux cours qu'on nous enseigne. Je ne sais pas si c'est le même programme à Beaubâton, mais c'est vraiment bien plus amusant que les mathématiques, d'ailleurs mes professeurs m'ont déjà félicité pour mes excellentes notes.
Je pense que comme chez toi, il y a beaucoup d'activités extra-scolaire de proposées, d'ailleurs ici tout le monde parle de Quidditch. Personnellement, je ne suis pas une grande partisanne, mais au moins pendant les matchs la bibliothèque est absolument vide. J'ai entendu parler d'un club de journalisme qui cherche de nouveau membres, mais comme je ne suis qu'en première année, je ne suis pas sûre de pouvoir entrer.
C'est vraiment dommage que tu ne sois pas à mes côtés, parce que tu me manques beaucoup. D'ailleurs j'ai entendu ma mère parler au téléphone avec ton père et je crois bien qu'on va venir chez vous pour Noël, ça serait vraiment trop bien ! En plus, je pourrais enfin rencontrer Dagobert II.
Je dois te laisser, j'ai un devoir de potion à faire pour demain et j'ai peur de ne pas avoir assez de temps pour le finir.
Bisous.
Automne M. Pilcher."
****
"Chère Camille,
J'ai été collée pour la première fois, mais finalement ça ne me dérange pas vraiment surtout que c'est une colle de groupe avec Hippolyte et toutes la bande. On s'est fait prendre par Rusard aux alentours de la forêt interdite, cet homme est vraiment dégoûtant et odieux et je dois dire que c'est très amusant de le voir énervé. Par contre, c'est dommage, parce qu'à cause de nous, Gryffondor vient de perdre pas moins de cent cinquante points et du coup les Serpentards viennent de nous passer devant. Va falloir mettre les bouchés double pour gagner cette coupe et si on y arrive pas, il nous restera seulement une unique chance pour enfin la gagner.
Comme tu l'as dit dans ta précédente lettre, c'est bientôt la fin avant la vraie vie. Je dois dire qu'en ce moment tout le monde parle de l'avenir et il y en a beaucoup qui comme toi, savent déjà exactement ce qu'ils veulent faire. D'ailleurs je suis certaine que tu ferais une très bonne professeur d'histoire de la magie, après tout de nous deux, tu étais de loin la meilleure conteuse d'histoires. Pour ma part je me donne encore un an pour réfléchir, surtout qu'Hippolyte n'arrête pas de tenter de me motiver pour que j'aille en Amérique avec lui pour faire du journalisme, mais les grandes villes ce n'est vraiment pas fait pour moi.
Tu sais quoi ? Quand tu m'as parlé de Gabriel j'étais sûre que tu en étais amoureuse, du coup je suis vraiment contente pour vous, surtout qu'il semble vraiment très sympathique. Pour ma part pas grand-chose, surtout maintenant que l'autre idiot de meilleur ami de Jessie est parti, d'ailleurs je pense qu'il est toujours persuadé que je suis la copine d'Hippolyte et entre nous tant mieux. De toute manière j'aurai le temps plus tard pour les histoires d'amours, pour le moment je dois surtout finir mon Balzac.
D'ailleurs, rien à voir, mais pour mon anniversaire j'ai enfin reçue un nouvel appareil photo, il est absolument génial et je n'arrête pas de mitrailler tout ce qui bouge, une véritable gamine de douze ans. D'ailleurs je compte l'essayer de nuit avant la fin de la semaine, histoire de voir s'il est à la hauteur de mes espérances.
A très bientôt ma chère cousine !
Bisous.
Automne M. Pilcher."
IV
Après avoir obtenue sans aucune difficulté ses Aspics, la jeune et jolie jeune fille qu'elle était devenue avait plus que l'embarra du choix au niveau des carrières envisageables. Si elle avait voulu, elle aurait pu faire une grande carrière dans la politique, la recherche, la médecine ou même dans le journalisme comme son meilleur ami, mais Automne était une personne très imprévisible. Si bien que son choix de se consacrer uniquement à la photographie surpris la plupart de son entourage qui la voyait déjà en haut de l'échelle sociale. Cependant, ces capacités lui avaient tout de même permis un poste en tant que photographe dans la très prestigieuse Gazette du Sorcier. Un poste qui lui permettait de s'acheter un très joli appartement dans un des quartiers artistiques de Londres. La passion de la jeune fille pour l'art n'était définitivement plus un secret pour personne, si bien que quand elle ne travaillait pas, elle fréquentait les expositions d'art avec beaucoup de poésie. Elle aimait beaucoup son boulot et sa nouvelle vie, en effet elle avait fini par prendre goût à la vie de citadine indépendante qui lui offrait de nouveaux plaisirs comme une multitude de librairies en tous genres, de très nombreux restaurants gastronomiques, ou comme à ce moment même prendre des bains chauds extrêmement longs. La seule chose qui lui manquait vraiment c'était sa cousine, restée en France et Hippolyte. Ce dernier était parti étudier en Amérique pour devenir journaliste et très honnêtement elle ne doutait pas une seule seconde du potentiel de son meilleur ami pour cette vocation. Et pour compenser l'absence du jeune homme, elle lui téléphonait presque tous les jours pour discuter de tout et de rien.
-Salut Hippolyte ! Comment ça va ? J'espère que je ne téléphone pas trop tard ou trop tôt, tu sais moi et le décalage horaire ça fait deux !-Non Automne, pas plus qu'hier.-Tu t'endors pas cette fois, il faut absolument que je te raconte la dernière conférence que j'ai vu ... Hippolyte ? J'espère que tu ne t'es pas encore endormi !En général si le jeune homme ne s'endormait pas, c'était elle qui finissait par couper parce que son bain refroidissait trop, mais malgré la distance leur amitié resta toujours aussi forte. Le retour de son très cher ami était donc très attendu par la jeune fille, mais aussi par Peeter et toute la bande, surtout qu'ils allaient désormais tous deux travailler à la Gazette. Parfois la mer lui manquait et parfois la France lui manquait, mais pour rien au monde elle abandonnerait sa petite vie paisible, dans son appartement Londonien en compagnie du très jeune Aslan. D'ailleurs sa mère aurait préféré qu'elle se trouve un copain, plutôt qu'un matou, mais bon il faut croire que la jeune fille n'est pas très facile à vivre et surtout très compliqué à aborder, sans parler de ses dernières histoires d'amour n'avaient pas durées très longtemps. De toute manière elle est encore jeune et elle a la vie devant elle, même si ses amis on bien décidés de la caser avant l'an deux mille.
Mais toutes les bonnes histoires sont celles qui n’ont pas de fin.