Le vent bruisse dans mes feuilles.

Je ne te vois pas, mais je te sens.

Je ne t'entend pas, mais je devine tes rires.

Je t'ai aimé, autrefois, quand comme toi, j'étais de chair et de sang.

Je me souviens.

Tes si beaux yeux, tes cheveux si doux, tu étais brune toi aussi, de bois et de douceur.

Comme c'est bon d'avoir aimé si fort.

Tu es là, près de moi, sous mon être feuillu. Entends-tu battre le coeur de la nature dans mes veines végétales ?

Je voudrais te protéger de tout, faire de mes racines et de mes fleurs un lit où tu reposeras.

Mon écorce a la mémoire ancestrale. Chaque ride de bois est une année, et si elles s'écoulent si vite pour toi, ce ne sera qu'une agitation de branches en ce qui me concerne.

Je t'aimerais longtemps, aussi fabuleusement qu'il me sera possible. L'amour d'un arbre n'est rien, mais l'amour d'un être, n'est-ce pas tout ? Ce que je t'offre, je te le donne de toute mon essence même.
Il n'y a rien de plus cher à mes yeux.
Et tu as cette emprise, impératrice de mon coeur.


Ma vie sera longue, oui, mais elle ne sera que pour toi.

Dans cette existence, dans celle d'avant, dans toutes celles d'après, je ne serai qu'à toi.

Alors continues de rire et de répandre la joie, comme tu le fais si bien.

Continues d'être toi, et qui sait ?

Nos âmes se retrouveront peut-être.