: We're in the city of wonder, ain't goin' play nice. Am I scaring you tonight ? Ain't used to what you like.
ϟ ÂGE : 46 ϟ FONCTION : Ancien espion pour la cellule SEPOM et les mangemorts. Assassin à son propre compte. (Mangemort non-connu des autorités, en fuite)(Moitié vélane) ϟ AVATAR : Luke Evans
ϟ LIENS : Power and decadence are blood in my veins. I will be a ruin before soon
| (LICHUKAN) Centuries (FB) Sujet : (LICHUKAN) Centuries (FB) Lun 29 Juin 2015 - 0:37 |
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| Some legends untold
Some turn to dust or to gold
But you will remember me, remember me for centuries
Le regard levé, mes iris de cendres captaient le mouvement de balancement très lent d'un objet miroitant. Il dansait dans l'air, comme animé d'une vie propre. Ma main fine, élégamment hausée devant mon visage, laissait pendre devant mes yeux tels un pendule d'hypnose un collier ancien, d'argent vieilli, dont le médaillon avait sûrement été autrefois coûteux, avant de devenir désuet. Mon corps tout entier était nonchalamment installé dans un canapé, et j'étais aussi immobile que possible - immobile hormis le geste implacable du bijou, comme si le temps était égrené à chaque mouvement de balancier. A me voir ainsi absorbé par l'objet, on aurait pu me croire orfèvre du pendentif. C'était un petit trésor à lui tout seul, ravissant et délicat, typiquement féminin de toute évidence. Il était distingué, et avait sûrement appartenu à une femme de goût, raffinée. Il y avait une espèce de fierté sauvage dans les prunelles, mais cette lueur était régulièrement dépossédée pour devenir perplexe, songeuse. Mon regard était cependant rempli d'admiration, mais également d'une nostalgie et d'une mélancolie qui m'étaient inhabituels. Ce n'était pas exactement des sentiments que je laissais facilement percer à travers ma carapace. Mes yeux suivaient les balancements, captant le moindre tressaillements dans la chaîne aux maillons si fin. L'ovale d'argent et d'opale, couronnée d'une espèce de dentelle scintillante, était magnifique et aurait à elle seule pu expliquer mon admiration. Mais ce n'était pas en l'objet lui-même que je réservais cette nostalgie de l'âme. C'était encore autre chose - un souvenir, attaché à l'objet comme un fantôme s'attache à un lieu, comme on hante un lieu.
Je soupire doucement. Je n'avais pas remarqué la présence de Lichuan, qui était entré dans le salon. J'étais trop absorbé par les lents va-et-vient de l'objet d'argent. Je ne lève pas un regard vers lui. Je ne l'ignore pas vraiment - c'est autre chose. Il est au second plan, comme un fond sous-jacent, à la moindre importance. Son être lui-même était totalement repoussé par une autre présence, plus ancienne, invisible, uniquement là dans ma tête. Sous mon crâne, les pensées s'entrechoquaient avec une colère et une mélancolie subtiles. Des émotions trop confuses, trop sensibles pour moi. Je ne bouge pas le regard, je ne bronche pas. Rien qui ne prouve que je sais qu'il est là. Puis, je me permet un « Hmmm ? » songeur vers le jeune homme. Du ton de l'homme qui vient de se réveiller d'un très long rêve. Comme un homme qui n'a pas encore remis les pieds dans une réalité trop dense pour lui. Je ne détourne pas mes prunelles du bijou. Je l'adore et le détruit de mes lueurs songeuses. Je le vénère, le haïs, voudrait le brûler, mais je n'en ai pas la force. Je le caresse de mes clignements de paupières, de mes cils longs et courbés.
Les prunelles d'acier transpercent l'argent et d'opale. Mes jambes pendent dans le vide. Le corps courbé, embourbé dans une position étrange de pantin brisé, les coudes sur les accoudoirs. Je n'ai aucune idée de ce que Lichuan peut voir. De ce qu'il peut penser. De ce qui s'offre à lui, trop perdu, nonchalamment posté dans le fauteuil. Je me fiche de lui, je ne veux pas tourner vers lui mon attention. Une autre personne hante mes pensées. Un être fantômatique, qui fait naître en moi les fleurs pourpres de la haine, les pétales brûlés de la déraison. La folie des fleurs du mal. La démence au coeur. Je suis fasciné. Les éclats comme du verre se succèdent sous la pâle lumière qui tombe dans le salon de musique. Le silence qui étreint plus fort que les cris. Quels mots pourraient être assez puissants pour dénoncer les épines dans mon corps, dans mon coeur ? J'ai un tressaillement dans les doigts. Le pendentif s'immobilise sous mon commandement. Mais je garde le visage tourné vers la chaîne docile. Pourquoi je garde ça ? Pourquoi je me fais du mal ? Non, ce n'est pas ça. C'est une victoire. Un trophée. Stupide. Comme ce fou d'échec, en bois, qui ne me quitte jamais. Cette effigie de lui, comme si j'avais besoin de sentir une présence qui me le rappelle. C'est faux. Tout est faux. Lui, moi. Nous. Tout cela - mascarade hypocrite. Je me refuse à lui donner mon attention.
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