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ϟ ÂGE : 46 ϟ FONCTION : Ancien espion pour la cellule SEPOM et les mangemorts. Assassin à son propre compte. (Mangemort non-connu des autorités, en fuite)(Moitié vélane) ϟ AVATAR : Luke Evans
La porte claqua dans la maison silencieuse. Sherkan se sentit frissonner d'une joie malsaine - une seule personne pouvait fermer le portail d'un air aussi buté. Lichuan. Le nom résonna dans son esprit avec un bonheur intense, et d'un geste élégant, le mangemort se leva et s'éloigna du bureau. La plume qu'il tenait, en pleine écriture d'une missive, roula et alla empesantir le parchemin d'un pâté d'encre. Mais Sherkan se fichait de tout - pas parce que l'asiatique était rentré, non, ce n'était pas l'allégresse de le retrouver. C'était l'émotion de l'espion. Le sentiment de victoire, qui formait de délicats tremblements de son âme toute entière.
Sans perdre la nonchalance, Sherkan dévala les escaliers, tentant de feindre un calme qu'il était loin de ressentir. Son impatience le dévastait entièrement. La main gauche sur la rambarde de bois ciré, il sentit avec acuité le toucher agréable et tiède. Mais peut-être était-ce dû aux palpitations chaudes qui renversaient son être. Enfin, il s'arrêta à deux marches du rez-de-chaussée, son regard posé sur un Lichuan debout dans l'entrée.
Son sourire était fou, dément. Il était vainqueur - il trépignait. L'information était sortie des sentiers battus - elle avait fuité, s'était échappée comme prise d'une vie propre. Elle avait été lâchée, ignorée trop longtemps, involontairement délaissée. Mais Sherkan l'avait lue, l'avait sentie, l'avait savourée. Si précieuse, si rare - unique, au point qu'il l'avait fait sienne. Il avait éclaté de rire, en la lisant - d'un rire dément, fou, démoniaque, un éclat de rire coupant, qui avait transpercé sa gorge, sa raison et son coeur. Et là, debout dans l'escalier, son regard rivé férocement à Lichuan, il avait l'air d'un enfant qui a un as dans sa manche et qui sait qu'il va gagner. Un coup d'oeil fou, un sourire qui découvrait ses dents blanches comme un carnassier. Tout chez lui semblait soudain dangereux, mais il n'avait pas l'air prêt à une violence physique. C'était pire, plus insidieux, plus venimeux.
« Tu t'es bien promené ? » s'enquit-il, et rien que cette question aux allures innocentes était louche au possible. Ses prunelles brillaient, pétillaient d'une diablerie qui promettait milles enfers. « Ta ballade était plaisante ? » Et il descendit les deux dernières marches, le menton pointé en avant, impérieux, maître de lui et de la situation.
Il semble chercher quelque chose, presque ingénu, avec quelque chose de candide. Puis, il fait deux pas de plus, et s'empare d'un journal abandonné sur un fauteuil dans un coin du salon. Sherkan froisse le papier, sous l'émotion. Les lignes noires sur le papier blanc ne pourraient être que des mots sans aucun impact, mais là est caché une chose chère au coeur du tigre. Le moyen de faire mal à Lichuan. Un bouquet d'orties, une poignée de ronces, aux épices acérées. Une main griffue aux ongles de pierre.
« Viens, j'ai quelque chose à te montrer ♥ » Son sourire s'accentue, le faisant ressembler à un serpent, à une vipère, à un crocodile. L'engagement que la suite ne plaira pas à Lichuan. Il est là, à quelques pas dans le salon. Il sait que Lichuan voudra savoir ; qu'il pourra peut-être râler, peut-être pester, mais qu'il sera titillé et dévoré de curiosité. Cette avidité qui le tuera sûrement. Sherkan se sent impitoyablement gagnant. Il veut voir ramper Lichuan à ses pieds - et alors, il pourra l'écraser.
L'envie du crocodile de tuer Lichuan est ravivée. Mêlée à d'autres émotions qu'il ne désire sûrement pas, qu'il ignore superbement. Tout est mêlé - le bonheur de leurs leçons de piano, leurs querelles violentes et destructrices, leur attirance qui les consume chacun. Mais au-delà de cette humanité stupide, Sherkan désire avant tout brûler Lichuan dans leur propre relation. Il est là, si proche qu'il voit le grain de sa peau, qu'il sent le parfum de sa peau. Et il n'a qu'une envie - non pas de l'étreindre, de lui parler, mais celle de le faire tomber, de le pousser dans le vide qu'il a créé pour lui. Sherkan a construit un enfer et Lichuan y est enfermé depuis des années. Sherkan est un diable, un démon et Lichuan lui a vendu son âme. Il ne reste plus grand chose de ce qu'il a été, mais il reste cette étincelle vivace, ces regards déchaînés, ces mots insolents.
« Je t'assure que cela va t'intéresser au plus haut point. » Sherkan continue de sourire, et sa main droite tenant le journal se tend devant lui, sans pour autant permettre au jeune homme de lire l'article en question. Non, pas de suite, il veut voir l'angoisse, le questionnement, l'attente, l'impatience. Il veut voir la chute, la perdition. L'agonie.
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Enigma Animae ◮ LichuKan
Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Ven 1 Mai 2015 - 19:03
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Il avait erré toute la journée —une escapade devenue presque vitale, mécanique à présent qu'il avait retrouvé ses repères ; aménager dans la demeure où vivait Sherkan, évoluer dans les pièces où il respirait, être douloureusement conscient que chaque détail avait été imaginé par lui… Tout cela impliquait une tempête émotionnelle qu'il aurait volontiers préféré éviter. De manière inattendue, il avait su s'y adapter comme il trouvait toujours le moyen de survivre aux changements. Son identité paraissait malléable à l'infini, il avait tant tordu, déchiré, lacéré son âme que la moindre transformation ne semblait plus capable de l'abîmer. Il était un caméléon. Une marionnette affranchie qui a gardé en mémoire les gestes du maître, se révèle capable de les reproduire pour tromper l'assistance. Un sourire odieusement hypocrite déforma ses lèvres, rictus haineux qui transpirait une rage incommensurable, alors qu'il ouvrait d'un geste nonchalant la porte d'entrée de l'antique bâtisse et se précipitait à l'intérieur, le dos battu par un vent frais. Il la referma d'un coup de pied distrait, sans prêter garde au bruit. Lentement, doucement, il se débarrassa de son manteau, ses doigts l'abandonnant distraitement dans un coin tandis que tout son être guettait l'arrivée de cette présence familière, comme un animal traqué a pris l'habitude de surveiller ses arrières en permanence.
Sherkan, de façon presque trop prévisible pour être amusante, ne tarda pas à apparaître dans son champ de vision ; il demeura un instant planté au sommet des escaliers, comme un roi de pacotille contemple un objet qu'il croyait sien avant que ce dernier ne s'anime soudainement, réduisant les possessions du roi à… néant. L'analogie arracha un sourire moqueur à Lichuan, qu'il ne tenta pas de dissimuler. Une première question, Ta ballade était plaisante ?, fusa mais l'asiatique choisit avec soin de l'ignorer, lui accordant à peine un regard ou un hochement de tête. Il était fatigué de ces fausses convenances, de ces futiles politesses auxquelles il avait pourtant été habitué durant son enfance mais qui lui semblait maintenant le sommet de l'hypocrisie alors qu'il s'adressait à Sherkan. Un couteau dans son dos. Voilà qui semblait être un excellent moyen de lui faire ravaler son sourire arrogant.
Mais quelque chose n'allait pas.
Le son de pas tranquilles qui descendaient l'escalier sans se presser indiqua à Lichuan que l'autre homme s'était enfin décidé à quitter son piédestal pour se mêler au commun des mortels. L'asiatique l'observa distraitement, immobile, incertain. Il se contenta de le suivre du regard tandis qu'il saisissait d'une main ferme le journal qui gisait, abandonné, sur une chaise du salon. Une étincelle inquiète anima fugitivement son regard alors qu'il crut discerner une minuscule parcelle du titre mais— non. C'était impossible, s'asséna-t-il avec force. Il avait fait attention au moindre de ses pas, vérifié ses sources, s'était adressé aux seules personnes qui avaient son entière confiance, ce qui réduisait ce nombre à… un. Et même si c'était le cas, elle aurait dû le prévoir, n'est-ce pas ?
L'air joyeux de Sherkan lui inspira tout à coup une vague crainte, comme on remarque vaguement une faille dans l'armure avant de partir à la bataille. Lichuan n'était pas sûr d'être prêt pour cette confrontation. Il se sentait pris au piège. Aucun échappatoire. En réalité, il était trop fier, trop provoquant pour fuir devant Sherkan.
« Quoi ? souffle Lichuan, méfiant, en restant figé, droit comme la justice, loin de l'autre homme, distance précieuse qu'il impose entre leurs deux corps. » Ses épaules se tendirent, son regard s'assombrit, il ne le quitta pourtant pas des yeux, méfiant. Il se sentit soudain traqué, cerné, encerclé par un seul regard qui constituait la plus efficace des armées. Le sourire de Sherkan était annonciateur de la pire des catastrophes. Instinctivement, Lichuan se tendit. Il savait déjà et pourtant, il aurait préféré continuer à l'ignorer.
Quoi qu'il arrive… Je ne te ferais pas ce plaisir, Sherkan. Je ne tomberais pas.
Sherkan Z. Rougemont
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Exultation instantanée. L'encre qui crie la vérité. Le papier qui déchire les voiles des mensonges. Le coeur qui pulse - vie, mort, joie, bonheur nécrosé de cette haine viscérale. A moins que ce ne soit de l'amour ? Il y a dans la passion une destruction fascinante et effrayante. Le regard que je pose sur Lichuan est avide, d'une avidité morbide et obsédante. Mes prunelles flamboient comme deux morceaux de miroir brisé, fanés de lumière, jetés dans un puits d'ombre. Je ne fais même pas attention à cet espace entre nous, cet abysse volontaire. Je ne m'attends pas à ce qu'il s'approche de façon docile. Il connaît mes petits plans, il devine mon piège. Mais sa curiosité le pousse à vouloir savoir. Le piège se resserre, comme un collet, autour de son cou. Comme un clapet de métal sur un rongeur méfiant. Gourmandise de culture, appétit de connaissance. La souricière frémit.
« Laisse moi te lire un article intéressant. Paru de ce matin, fraîche nouvelle. » Le sourire est celui d'un carnassier. Allégresse monstrueuse. Nulle beauté dans ce visage déformé par l'extase cruelle. Férocité implacable. Le papier défroissé. Les mots qui sont alors lus. Le journal porté avec émoi aux oreilles de l'asiatique. Déjà, je vénère ce morceau blanc et noir si fragile. Le secret cassé, le masque fracassé. L'ironie qui éclate comme un coup de canon. « Finalement, Monsieur Whitelaw Lichuan a plus de points communs avec Monsieur Lone qu'il ne l'aurait voulu. Lui aussi joue double jeu. Les mangemorts feraient bien de cacher avec plus de précautions leurs secrets, car le jeune homme s'est révélé une mine d'informations précieuse pour l'Ordre du Phénix. L'hypocrisie doit être contagieuse, finalement. Un piètre agent double. Rien n'échappe à Celui-qui-Sait, monsieur Whitelaw. » J'arrête. Mon souffle me manque. Il y a une brutalité subtile dans mon ton. Je me tourne presque délicatement vers Lichuan. Le papier tendu, offert à sa curiosité, comme pour lui offrir la possibilité de se rendre compte de lui-même de ce que ce journal a dévoilé à tous. Clac, fait le piège.
Les derniers mots sont tendus entre nous, dans le silence bouillonnant. Je le heurte de mon rire. Un rire fou, sans plus de joie. Juste un délire auditif, aussi effrayant qu'une lame sous la gorge. Un rire qui expulse toute l'humanité de mon corps, un cri sauvage et ancestrale, presque bestial, qui n'exprime aucune réelle émotion. Un bruit venu d'une autre dimension, qui se teinte petit à petite d'un bonheur qui s'exprime. Les yeux gris se portent sur le jeune homme. J'attends avec un appétit incommensurable sa réaction. C'est une folie irrationnelle qui m'habite. L'envie de le détruire jusqu'à la trame. Plus loin encore que la mort. Cet être haïssable, qui a été à moi et qui à présent profite d'une liberté qu'il me vole. Cet homme qui a été plus intelligent que bien des gens. Qui m'a roulé, moi, dans la farine. Qui se trouve devant moi, et dont je rêve non pas de serrer la gorge mais de traîner à terre dans la boue.
« Un agent double. Oh Lichuan ... » et l'espèce de tendresse qu'il y a dans ces mots dérisoires et plein d'une ironie cynique et griffue est aussi déchirante qu'un coup porté à vif. Quelques paroles qui lacèrent, qui déchirent, qui se font venimeuses. La joie se peint sur mon visage alors que je plisse les yeux. Je n'ai faim que d'une chose, et c'est de sa destruction. Je révoque son droit sur moi, ce droit qu'il s'est fait. Le coeur qu'il a relancé. Boum, boum, fait le coeur. Cling, font les bris d'une ardeur. Au sol, foulés au pied. Jamais. Jamais, je ne l'aimerai.
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Enigma Animae ◮ LichuKan
Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Mar 26 Mai 2015 - 19:41
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C'est comme dans un rêve —ou un cauchemar, ne peut pas s'empêcher de lui murmurer sournoisement la part la plus rationnel de son esprit. De toutes les manières, de toutes les façons possibles de l'apprendre, il avait fallu que ce soit Sherkan qui annonce sa défaite, pire que ça même, sa chute. Il avait fallu que ce soit Sherkan qui se tienne devant lui à présent, aussi triomphal qu'un empereur romain, aussi ridiculement orgueilleux qu'un soldat d'opérette. Le dénouement était autant prévisible que la loyauté était contraire à tous ses idéaux, s'il en avait encore. Mais l'air absurdement joyeux avec lequel Sherkan lit, déchiffre, lui crache à la gueule ces mots qu'une main neutre, innocente, a immortalisé dans le papier, le blesse plus qu'il ne l'aurait cru. Parce que c'est Sherkan —parce qu'il n'a jamais rien voulu lui céder. Ni la moindre défaite, ni le plus petit écart et encore moins ce privilège insolent, cette occasion inespérée de le tenir au creux de sa main. Le piège est plus que visible, le journal tendu incarne une invitation, l'invitation à la rémission. Il faudrait l'ignorer.
Lichuan l’agrippe avec une force qui reflète sa frustration —il ne ressent aucune panique. L'idée même de paniquer, de fuir, ne l'effleure pas. Il demeure figé face à son pire cauchemar alors qu'il réalise avec une sorte d'indifférence résignée que la vérité a fini par le rattraper, que ses vilains petits secrets ont été éventés, exposés à la vue de tous, à sa vue à lui et qu'il n'hésitera pas à s'en servir comme d'une arme fraîchement aiguisée. Il parcoure les lignes avec une avidité mordante, se noie dans les détails, espère que quelque chose, n'importe quoi qui pourrait lui permettre de rebondir, ait été omis mais CQS possède bien des talents et celui d'honorer son surnom en fait définitivement partie. « Rien n'échappe à Celui-qui-Sait, monsieur Whitelaw. » C'est doucement qu'il relève les yeux vers l'espion, l'autre espion, alors que la vérité le frappe —il n'est plus en sécurité ici, plus en sécurité nulle part— ses lèvres s'étirent en une parodie de grimace amusée. « Et alors ? » Oui, et alors ? C'est tout que ses lèvres acceptent d'articuler, tout ce que son esprit daigne formuler —hypocrite, le mot est à la fois profondément juste et exagérément fort. Il n'a rien d'hypocrite ; il cherche simplement le jeu là où les ténèbres croient avoir le monopole. Il refuse de renoncer.
Sherkan aurait dû le savoir avant de parader devant lui comme le petit coq prétentieux qu'il n'a jamais cessé d'être, même quand les masques tombent et qu'il révèle sa vraie nature. Même que ses faiblesses naturelles le mettent à terre. Il reste fier, arrogant. Cela l'agace autant que ça lui plaît, il est forcé de l'avouer. Bien que l'urgence de sa situation devrait le presser, quelque chose, au-delà de sa tendance à la provocation, le pousse à rester. Sherkan, bien sûr. Quoi d'autre ? Cela pourrait être de l'inconscience mais Lichuan a déjà réussi à le faire retrancher jusque dans ses limites, à lever le masque. Il a la prétention de croire que cela n'était pas qu'un coup de chance et qu'il peut y parvenir encore, qu'il peut faire tourner la chance et troquer, lui aussi, sa calme expression contre un le rictus des vainqueurs.
Le rire —le rire de Sherkan est joyeux, hystérique, fou ; le rire succède à la lecture effrénée de l'article, pare les gestes élégants d'une ironie cruelle. Sherkan est heureux. Sherkan croit avoir sa victoire sur un plateau. Cela embrase sa colère, enflamme son goût du jeu. Pour qui se prend-il ? Se croit-il meilleur ?
Il froisse avec une précieuse minutie le journal, le laisse tomber de ses mains qui ne tremblent pas, non, pas une seule seconde elles n'échappent à son contrôle ; la boule de papier échoue aux pieds de Sherkan, Lichuan suit sa course sur le parquet soigneusement lustré jusqu'à ce que ses yeux rencontrent la pointe des chaussures de l'autre homme et daigne relever la tête, ficher son regard dans le sien. L'évidence, celle qui affirme qu'ils sont tous deux semblables, deux espions, est traîtresse, elle resserre leurs liens, les pare d'un nouveau charme qu'il s'obstine à nier —jusqu'au bout. Toujours jusqu'au bout. « Et dire que tu ne t'en ai jamais douté, profère l'asiatique d'une voix dangereusement basse —si bas qu'elle rivaliserait presque avec les exclamations hargneuses d'une Harpie. J'ai feins la loyauté pour mieux vous tromper mais il est pourtant évident qu'avec un passé aussi chargé, celle-ci était forcément teintée de rancœur et d'amertume, un terreau propice aux pires trahisons. » Il sourit avec amusement, comme un enfant. « Je sais que tu m'as surveillé, toutes ces années. Tu es un bien piètre espion toi-même, pour ne pas l'avoir deviné. Je n'ai jamais cherché à me cacher. »
Sherkan Z. Rougemont
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Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Mar 26 Mai 2015 - 20:27
Enigma Animae
LichuKan feat. Lichuan & Sherkan
Qui se venge en secret, en secret en fait gloire.
Défaite. La battue de la bête. La férocité des crocs qui déchiquettent les mensonges. Lacérations d'un passé révolu. Rien ne sera plus jamais pareil. Mais je ne saisis pas encore toute la portée de cette pensée. La réalité n'a pas encore éclaté à mon visage. Je me noie dans l'exultation d'une victoire au goût de cendres. Leurs regards se croisent comme le fer. Et alors ? Sourire narquois. Il sait. Il sait, bien entendu. Comment ne se douterait-il pas de ce que cela change ? Je ne prend même pas la peine de répondre, comme si son défi n'avait aucune importance. Je rejette son être, son existence. Je ne veux plus que consécration. Certes, l'exploit n'est pas de moi, mais je foule tout de même du pied les restes de cet homme dont je me suis promis l'ivresse. Pourtant, nulle panique ne teinte ses traits. Où sont les lauriers dorés, aux épines fleuries, qui auraient dû le faire grimacer ? Pourquoi ne s'alarme t-il pas ? Parce qu'en moi, quelque chose se fige. Peut-être que je comprend enfin le danger.
Mes doigts, dans ma poche, caressent une figurine d'un jeu d'échec. Je ne sais même plus de quelle couleur il est, ce fou. Ni noir, ni blanc, finalement. Tout en nuance de gris. Gris comme la mer, comme l'orage, comme la cendre. Mon sourire ne disparaît pas alors qu'il s'approche. Conquérant, en un écho de moi. Nous nous ressemblons bien plus que ce que nous croyions. L'avoir observé, lisant cette flèche qui se plante dans le coeur, interroger du regard sa chute, son vol dans l'abysse ... Les harpies peuvent-elles voler, Lichuan ? Je ne te retiendrais pas. Chois, et je me contente de te regarder. Tes bras ne sont pas de plumes, et le vent ne t'obéis pas. Vole, Lichuan, ou meurs en essayant. La voix basse me procure une sensation humaine si intense que je me sens coupable de la ressentir. Une espèce de passion qui brûle et consume tout sur son passage. La voix de la vengeance, a moins que ce ne soit celle de l'arrogance. Deux égos qui s'affrontent. Toujours la même histoire. Mais si autrefois j'avais le dessus, je n'en suis plus aussi certain à présent. Ce n'est pourtant pas de la peur que je ressens, mais une excitation malsaine. Je nous sens capable de nous déchiqueter à coup de dents comme des bêtes. Nous lacérer mutuellement, nous fouailler de nos crocs comme des chimères. Nous sommes la Harpie et le Vélane. Nous sommes deux monstres, même si je suis celui qui l'a façonné, comme un maître.
Les propos sont une caresse délicate, et je penche la tête comme sous un toucher amoureux. Mon air exalté se change en une mimique amusée. Mes traits montrent combien la situation me divertit. Si il pensait me blesser avec de telles paroles, il n'est guère doué. « Si je l'avais désiré, si je l'avais cherché, il est évident que ... » Non, je m'y prends mal. Il réfutera - ce n'est pas évident pour lui. Alors je reformule, je passe une langue serpentine sur mes lèvres, laisse se dévoiler le gris de la cendre sous la beauté illusoire. Il mérite bien que le vrai visage face alliance avec les vraies émotions, les vraies paroles. Il mérite une mise à bas alors que nous sommes tous les deux nus de nos mensonges. Il mérite cela, oui. Une mise à mort belle et désinvolte. « Tu as été bon comédien. Jamais je n'ai trouvé quoi que ce soit qui me fasse penser que tu étais un espion, comme moi. Non pas que je n'ai jamais douté de ta fidélité. Tu n'es pas un serpent pour rien, harpie. Tu m'as dupé. Je le reconnais. » Je forme une révérence légère, une ironie aussi visible que mordante. Rien n'est réel - ou alors tout l'est ? « Tu te targues d'une infidélité. Je t'ai fais ainsi. Tu ne fais que continuer sur la route que je t'ai montré. Tu ne me surprends pas, dans le fond. Aucune originalité. Travailler pour les deux camps - ha, Lichuan. Nous sommes semblables, plus que tu ne l'imagines. Toutes ces années, les chiens à tes talons n'ont rien rapporté qui fasse clair dans ton jeu. Mais je ne m'y intéressais que par souci de te contrôler. Faire autrement aurait été te donner trop d'intérêt. C'était un vieux réflexe. Tu n'as pas changé tant que cela, depuis cette époque où tu étais sous mes fils, marionnette. » Le regard se change, ondule sous l'encre de l'iris. Les yeux d'un monstre. La vérité comme des épines qui griffent, qui harcèlent l'esprit, la peau. Une couronne de paroles qui serre comme un étau. « Tes frasques, tes déloyautés, tes aventures. Rien n'était divertissant. Mais cela, cela, Lichuan, c'est sûrement la chose la plus importante de ta vie, non ? La vérité qui éclate au grand jour. La trahison. Et c'est là où je suis meilleur que toi. Personne ne sait pour moi, pour mes propres secrets - ni le ministère, ni les mangemorts. L'important n'est ni mon camp ni mon travail. Ma vie importe seule. » Même toi, tu n'es que poussière. Même toi. Même toi ?
Je réalise. Avec une horreur qui fait s'écarquiller mes yeux. Mes traits se figent, dans une honnêteté qui aurait pu être touchante si elle avait été celle d'un être qui n'aurait pas été un monstre. « Ils te traqueront. » Et les mots sont, non pas une menace, mais une vérité intouchable. La réalité m'aveugle. Ils le traqueront. Ceci n'est pas une mise à mort, mais une scène pathétique. Je ne suis pas le maître, ici, ni même Lichuan. Nous sommes deux pions. Mes doigts se serrent convulsivement autour du fou dans ma poche. Si je ne peux toucher la chair d'un fou, au moins puis-je sentir sous mes doigts la froideur de bois du second. Ils le traqueront. Les mangemorts ne pardonnent pas. Surtout pas une telle faute. Ils le traqueront comme une proie. Et ils le tueront. Cela aussi, c'est intouchable, implacable. Et ils m'enlèvent ce droit, cette victoire, ce don.
Ils m'enlèveront Lichuan. Une torsion de l'être, une puissante rage, uns insoumission à cette pensée. Jamais, jamais. Il est à moi. Nos deux corps semblent tractés l'un vers l'autre, sans se toucher. La tension est électrique. Le danger est omniprésent, sans que personne ne sache d'où il vient. L'ardeur de la destruction recherchée. La mienne, la sienne. La passion qui fait saigner. Le plaisir de détruire l'autre. Le plaisir de le voir revenir, survivre ; émotions malsaines.
Est-ce à cela que ressemble mon amour ? Une chose tordue, glauque et morbide ? Est-ce la seule chose qui s'en approche ? Cela ne devrait pas me surprendre. Ces émotions se cristallisent dans mon esprit. Mon regard ne perd plus Lichuan. Nous sommes perdus.
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Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Mar 26 Mai 2015 - 21:42
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Détruire —c'est toujours plus facile que de créer. Il aurait été inutile de nier qu'ils ont su, d'une manière presque miraculeuse, à bâtir une nouvelle relation sur les cendres de l'ancienne ; d'une certaine façon, il avait été promu. De la marionnette, signe d'un pouvoir que Sherkan avait cru pouvoir posséder jusqu'à la fin des temps, il était devenu le squelette dans le placard, celui auquel on ne s'attend pas. Il avait savouré ce nouveau rôle, savouré les innombrables opportunités que lui offrait leur récente colocation —il avait profité de cette place privilégiée pour mener des inconnus jusque dans sa chambre, confortablement installé des plantes carnivores dans sa salle de bain et s'était obstiné à lui refuser le moindre baiser, la moindre place dans son lit. S'il avait su, s'il avait deviné que sa chute était proche, il en aurait sans doute profité davantage.
« Tu as été bon comédien. Jamais je n'ai trouvé quoi que ce soit qui me fasse penser que tu étais un espion, comme moi. Non pas que je n'ai jamais douté de ta fidélité. Tu n'es pas un serpent pour rien, harpie. »
Les mots de Sherkan sont un hymne à la destruction. « Tu m'as dupé. Je le reconnais. » Échec et mat. Lichuan exulte mais quelque chose, comme une sombre intuition, lui ordonne de ne pas se réjouir trop vite. Les phrases de son aîné, de son mentor, de son amant s'enchaînent avec une fluidité étonnante, le rythme qu'il a choisi d'emprunter résonne comme un coup de marteau mais une curiosité aussi maladive qu'irrésistible l'étouffe, l'empêche de l'interrompre ; peu importe à quel point il a peur d'être déçu par la suite des évènements, il continue de l'écouter. Cela le fascine autant que cela l'effraie, tout ce pouvoir qu'il a —encore— sur lui. Parce qu'il savait, parce qu'il connaissait l'emprise qu'il était capable d'exercer sur ceux qui avaient le malheur de croiser son regard, Lichuan se montrait indulgent envers lui-même ; cela, allié à sa nature conflictuelle, achève de le rendre fou.
La révérence a au moins le mérite de lui arracher un sourire. Le spectacle amuse Lichuan plus qu'il ne l'inquiète : il a attiré sur lui toute l'attention du Tigre —avec un T majuscule, pour Traître— et s'apprête à en subir les conséquences. Alors il écoute avec une concentration à peine dissimulée les prochaines paroles de Sherkan, il attend la sentence. Il l'entend annoncer son insignifiance à ses yeux. Nous sommes semblables, plus que tu ne l'imagines. Il réfute cette évidence avec toute la force de son être. Tu n'as pas changé tant que cela, depuis cette époque où tu étais sous mes fils, marionnette.
Mais je ne m'y intéressais que par souci de te contrôler. Faire autrement aurait été te donner trop d'intérêt. C'était un vieux réflexe.
Au contraire, songe-t-il avec un élan de joie féroce. Tout a changé. C'est ce qu'il assène, donnant forme à ses pensées, leur insufflant une malice inspirée des meilleurs leçons de Sherkan, quand il prenait encore la peine de l'écouter : « Trop d'intérêt ? Pourtant, je ne pense pas que ce soit moi qui scrute les moindres gestes de l'autre dans l'attente de quelque chose que même toi, tu n'es pas capable d'expliquer. » Il laisse le silence planer entre eux comme une menace implicite —en forçant Sherkan à exprimer ses sentiments, il sait ce qu'il risque.
Il sait ce que la vérité implique.
Sherkan croit tenir sa victoire —parce qu'il n'a pas encore été pris, il ose se croire meilleur que lui dans le noble domaine de l'espionnage ? Un rire lui chatouille les lèvres mais il a la bienveillance de ne pas le laisser s'échapper ; à la place, il se contente de fixer avec un intérêt nouveau l'autre homme alors que celui-ci énonce l'évidence. Oui, ils le traqueront. Il n'ignore pas qu'un hibou vole vite et les nouvelles avec. Il a trahi, pour l'amour de Merlin. Techniquement, il ne fait pas partie de l'Ordre —quelle douce ironie ce serait là !— mais il ne peut décemment pas demeurer dans cette maison dont l'adresse est malheureusement bien connue des Mangemorts. Un doute l'étreint soudain alors qu'il observe Sherkan ; et s'il le retenait ? Pire que ça même, si Sherkan le torturait, lui faisait payer cette rébellion comme il avait voulu faire payer à Zahari la lettre qui l'accusait ? L'idée est effrayante ; pourtant elle ne suffit pas à le faire fuir, non —au contraire, la présence de Sherkan agit sur lui comme un amant et leurs pathétiques joutes verbales l'émeut alors qu'il devine que son monde s'écroule, à nouveau.
« Je n'avais pas prévu d'être dénoncé, avoue-t-il comme pour s'excuser —mais il trouvera. » Il trouve toujours. La réaction est celle d'un enfant boudeur. Mais il y a de l'éclat dans son regard alors qu'il demeure planté au milieu du salon. Lichuan sait ce qu'il cherche. Quelques jours plus tôt, Conscience le lui a dit : « Maître, vous l'aimez. » et il n'a su qu'éclater de rire en guise de réponse. Il veut se prouver le contraire. Il l'incite à continuer.
« Ils me tueront, s'exclame-t-il soudain avec ce qui ressemble à de l'impatience. Travailler pour les deux camps implique deux fois plus d'ennemis. J'imagine que ce sera à celui qui me trouvera le premier. Les Mangemorts ou la SEPPOM ? Toi ou le ministère ? Tu laisserais ton oeuvre être détruite par les doigts souillés d'un vulgaire employé ? Parce que si cela t'énerve, je m'abaisserais volontiers au pied du premier venu. Oh, à moins que je leur dise. Pour toi. Si je t'entraînais avec moi dans ma chute. Comme au bon vieux temps. Puisque si peu de choses ont changé, selon toi. » Un sourire chancelle sur son visage.
« Ils me traqueront et me tueront, répète-t-il. Et toi, que feras-tu ? Tu me retiendrais afin de me tuer, pour être sûr que je ne te dénoncerais pas ? Tu ferais ça à ta marionnette ? » Ultime provocation.
Il veut continuer le jeu. Il ne réalise pas la tempête qui secoue actuellement Sherkan. N'est même pas conscient qu'il est capable d'être secoué et, alors que ses yeux s'ancrent au sien avec une fixité troublante, son envie de jouer commence à se faner. Lichuan, pour la première fois depuis le début de leur entrevue, songe qu'ils n'évoluent déjà plus sur le même terrain émotionnel et qu'il n'est pas préparé à ça, non, définitivement.
Sherkan Z. Rougemont
: We're in the city of wonder, ain't goin' play nice. Am I scaring you tonight ? Ain't used to what you like.
ϟ ÂGE : 46 ϟ FONCTION : Ancien espion pour la cellule SEPOM et les mangemorts. Assassin à son propre compte. (Mangemort non-connu des autorités, en fuite)(Moitié vélane) ϟ AVATAR : Luke Evans
Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Mar 26 Mai 2015 - 22:33
Enigma Animae
LichuKan feat. Lichuan & Sherkan
Qui se venge en secret, en secret en fait gloire.
Touché. Profondément, dans la chair, marquée. A vif, à blanc, à feu et à sang. Aussitôt, je me redresse comme si on venait de me marquer un coup. Je réalise qu'il dit vrai, que chacun de ses gestes est observé avec un hypnotisme dangereux. Je réfute cela, je refuse cette simplicité. Je lui jette un regard glacé, et roule des épaules ; mauvaise tactique, mauvais coup stratégique. Ce simple geste, ce mouvement du corps montre combien les paroles de Lichuan sont proches de la vérité, d'une vérité sinueuse et serpentine, venimeuse. Mais je ne me départis pas de ce sourire qui est le mien - cruel, féroce. Sincère dans ses désirs, dans ses besoins. J'attends. J'attends Lichuan - je l'ai toujours attendu, d'une certaine manière. Mais la suite fait perdre l'air vainqueur ; rompt la victoire comme une griffe lacère une chair offerte. Je n'avais pas prévu d'être dénoncé. Idiot, se convulse mon être. Bien sûr que non, tu ne l'avais pas prévu ! Et moi-même, si j'avais su ... Si j'avais su ... Tout aurait été différent. Le sauvetage du ministère, la colocation à tord et à travers, les défis, les piques. Les moments de douceur, étranges et irréels. Les menaces, les disputes, les coups et la passion qui reprend le dessus. Toujours. L'ardeur nous submerge, les braises du passé nous embrasent là où il n'y avait que cendres.
Il s'amuse, il se joue de moi. Je me suis montré négligent, j'ai délaissé mes devoirs de marionnettiste. J'ai abandonné les fils, peut-être, tranchés au vent. Je détourne les yeux, insuffle un nouveau courage à toute mon existence. Trop de fois j'ai abdiqué - devant ses yeux de harpies, devant ses mots qui égratignent, venimeux et monstrueux. Il est un danger pour moi, mais si nous continuons nos jeux, les autres l'attraperont avant moi. Pourtant, il est déjà entre mes doigts - entre mes griffes. L'arrogant se jette à la gueule du tigre. Mon visage se déforme pour dévoiler une seconde, une fraction d'éternité, le véritable visage qui est le mien. La cendre sous le velouté de la peau, et l'enfer sous les pupilles irrésistibles. Puis, en contrôlant chaque pulsation de mon coeur, je laisse le vélane apparaître, non comme une divinité de beauté, mais comme le monstre, la chimère d'ombre et d'encre, de ténèbres et de cruauté. Pourtant, ce ne sont pas ces émotions qui m'inspirent en ce moment.
« Tu sais bien que, moi vivant, personne ne te touchera. » Il y a tellement d'ironie dans cette simple phrase assénée avec une assurance certaine. Bien entendu, il y a une infinité de dessous au mot toucher. Je ne parle pas de ses ridicules amants d'un soir, qui formaient un concert de bruits, uniquement dans le but d'attiser ma colère - ma jalousie, brûlante, carbonisant toute ma raison. « Nous sommes liés ; si l'un chute, l'autre sera entraîné, quoi qu'il fasse. » Parce que ... Parce que ...Non. « Veux-tu que je te retiennes, que je te fasses du mal, en leur nom ? » et les propos sont une promesse de tout l'art de la torture qui coule dans mes doigts. Le sang de ceux qui ont eu moins de chance. Les cris des tristes sires qui ont échoués entre mes barbaries. Pourtant, c'est aussi une souvenance - autrefois, quand les cris qu'ils poussaient étaient mêlés du plaisir d'être avec l'autre. Passion fanatique. Appétit hérétique. « Ce serait trop facile. » Je ne le veux pas. Je ne le veux plus.
Quelque chose s'est brisé avec ma compréhension. Le défi de Lichuan ne m'amuse plus. Et, soudain, j'abdique. Je recule d'un pas, je brise cette tension délectable. Je secoue la tête, doucement, avec une irréelle délicatesse. Mon regard sur Lichuan n'est plus joueur ni amusé. Il y a mon âge, et des siècles de plus, dans ces yeux noircis par les gènes de la femme qui l'a enfanté. « Nous savons pour l'autre - pour les secrets de l'autre. Nous vendons nos informations au plus offrant - nous sommes des félons. Nous ne connaissons que la domination et la fuite. Nous n'apprenons que la destruction et la traîtrise. Peu ont notre confiance. Je ne fais confiance qu'à moi, et à une seule autre personne. Et ce n'est pas toi. » Petit sourire narquois. Nous ne faisons confiance qu'à nous, souvent - dans le fond, il n'y a qu'à moi et à Thaddeus que je fasse réellement confiance. Mais je ne suis fidèle qu'à un être - moi. Mes désirs, mes besoins. Mais ils ont tant changés, en si peu de temps. Ils sont tournés vers lui. Inlassablement, comme mes pensées. Pathétique. Je secoue encore la tête, et quelques mèches forment des rideaux ondulés autour de mon visage ; elles donnent un côté dérangé à mon visage, qu'il n'a pas d'habitude. « Tu dois connaître un endroit sûr. Un endroit que je ne connais pas - et que je ne pourrais donc pas révéler, même sous la torture. » Fin sourire, sans joie ; un sourire amusé, cependant. Comme si cette idée ne me dérangeait pas. Je lui lance un long, très long regard - indéfinissable. Comme jamais je n'ai posé d'yeux sur lui. Comme si je le regardais pour la dernière fois. Doucement, je pivote sur moi-même, afin de ne plus l'avoir de face. Mon regarde cligne un instant, se poste sur le mur en face. Caresse le piano au loin. C'est la bonne décision.
« Ce serait dommage que tu t'enfuis alors que je te tourne le dos. Qui pourrais me reprocher - hormis moi-même - d'avoir été distrais ? » Ce n'est pas un ordre, ni un conseil. C'est ce qu'il y a à faire. Fuis, idiot. Sans que je sache où, ni combien de temps. Ils n'auront pas ces informations. Tu ne tomberas pas à cause de moi. Tu ne tomberas même pas par moi. Si ce n'est pas triste. Va t'en, avant que l'impossible ne sois dit. Avant de m'obliger à sortir les grands moyens. Idiot. Fuis, et vis. Je préfère le savoir vivant. Et, pour tout avouer, je le veux vivant. Mais pas pour le tuer. Pas tout à fait.
« Va t'en. »
Une supplique déchirante, venue du coeur. Une demande, d'homme à homme. Un sentiment qui anéanti.
: Science has not yet taught us if madness is or is not the sublimity of the intelligence.
ϟ ÂGE : 38 ϟ FONCTION : Ancien élève de Serpentard, ancien Langue-de-Plomb, Mangemort en fuite ϟ AVATAR : Godfrey Gao
ϟ LIENS : From childhood's hour I have not been. As others were, I have not seen. As others saw, I could not awaken. My heart to joy at the same tone. And all I loved, I loved alone.
Enigma Animae ◮ LichuKan
Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Jeu 28 Mai 2015 - 19:30
I think you should know
you're his favourite worst nightmare
Il a presque failli oublier ; failli oublier à quel point le visage de Sherkan n'est qu'un masque, un tissu de mensonges savamment orchestrées afin de tromper l’œil. De la fumée, du vent —en dessous, la Vélane continue de guetter, obstinément. Elle demeure à l'affût. S'il espère l'impressionner, s'il ose espérer une seule seconde gagner son attention en laissant apparaître son héritage, il se trompe. Il se trompe tant que Lichuan ne peut retenir un rire moqueur. Il aime ces traits dévoilés. Il aime cette sensation grisante, celle de réussir à le pousser suffisamment loin pour qu'il daigne chasser l'illusion. Son véritable visage est affreusement laid, même les plumes les plus inspirées ne suffiraient pas à le parer d'une ombre de beauté. C'est sa malédiction. Son fardeau. Mais là où certains ne verraient que l'indicible horreur, Lichuan y décèle autre chose. Le tranchant brut de la vérité, sans doute. Ainsi, ses mensonges ne perdent pas de leur efficacité mais son expression ne sait refléter rien d'autre qu'une sincérité absolue. C'est la réalité, tels que les gens s'amusement à la décrire ; lorsqu'il révèle sa nature de Vélane, Sherkan est laid. Il est même si laid qu'il en deviendrait presque beau.
« Tu sais bien que, moi vivant, personne ne te touchera, annonce-t-il d'une voix insolemment tranquille et quelque chose se tord au fond de son ventre —un sentiment de révolte indescriptible. » Je ne t'appartiens pas. Cette phrase, l'expression de ses émotions les plus féroces, il l'a prononcé sur tous les tons ; la haine, l'amertume, la rancœur. La résignation, la tristesse, la nostalgie. Sherkan a toujours été infiniment doué pour tendre ses fils, les nouer d'une poigne solide, les garder sous son contrôle. Un contrôle aussi absolu que dégradant. Mais, marionnettiste ou araignée, il demeure un maître dans son domaine, un modèle d'intelligence perverse et d'ambition démesurée. Mais, Lichuan s'efforce de penser qu'à cet être apparemment sans failles, il a su y échapper. Une fois. Cette évidence le conforte dans son sentiment d'impunité ; alors que Sherkan ose dire que ce serait trop facile, indigne de lui —comme s'il n'était déjà pas assez arrogant comme ça—, il rétorque avec une sauvagerie inimitable : « Me retenir ? Je t'échapperais encore, à la première occasion. Me faire du mal ? Tu m'as habitué à la douleur, morale et physique. Quoi d'autre ? Aurais-je épuisé toutes tes ressources ? Un sourire malicieux, moqueur, étire ses lèvres. Il provoque, Lichuan, ce sont ses armes, ses coups de griffe inconscients face à l'implacabilité d'un homme qui l'a façonné, qui lui a montré le chemin. Face à un homme semblable, face à tout ce qu'il incarne, il se force encore à demeurer imprévisible —c'est sa fierté.
Pourtant, c'est lui qui se surprend à être surpris, lorsque Sherkan recule d'un pas. Un instant, l'indignation embrase son être. Je t'interdis d'abdiquer ! La seconde d'après, à il réalise à quel point ses sentiments sont contradictoires et se corrige instantanément : C'est ça, renonce. Offre-moi cette victoire. Laisse-moi gagner cette bataille, puisque j'ai déjà perdu la guerre. Qu'est-ce qui m'attend dehors ? Je ne fais que retarder l'échéance. L'autre homme secoue la tête et quelque chose en lui le pousse à le frapper, comme pour l'amener à rendre les coups plus forts ensuite, mais la facilité avec laquelle Sherkan prononce « Nous » embrase son être. S'il y a déjà eu un « Nous », il n'y en aura plus jamais, Lichuan y veille avec la férocité d'un homme qui a déjà tout perdu et qui défend le peu qui lui reste, qu'il a reconstruit sur les cendres d'une maison qu'il ignorait posséder jusqu'à ce qu'on lui enlève. Sans Sherkan, que serait-il devenu— Un homme meilleur, assurément. Perdu dans ses pensées, il perdrait presque le sens des mots que Sherkan laisse tomber comme une condamnation : Et ce n'est pas toi. Le sourire narquois qui les accompagnent ne fais qu'accentuer le décalage que ressent Lichuan à cet instant. Sa confiance ? Comme si— « Comme si elle avait une quelconque valeur à mes yeux ! » L'air dégoûté qui l'affiche exprime toute son incrédulité face à une telle idée. Néamnoins, il brûle d'envie de connaître le nom de cet autre qui n'est pas lui, désire soudain savoir ce qu'il incarne aux yeux de Sherkan pour avoir l'immense privilège de posséder sa confiance. Pour ne pas avoir à le pousser jusque dans ses retranchements, pour ne pas avoir à se battre afin de gagner une minuscule étincelle de sincérité.
Il ne réalise que tardivement l'air dérangé que confère à Sherkan ses mèches folles. Lui qui est toujours si impeccable, d'habitude ! Désormais, il ressemble à un fou évadé d'Azkaban. Même Lichuan aurait meilleur allure que lui en ce moment, et il est celui qui risque sa peau à force de rester au même endroit aussi longtemps, alors que tous les Mangemorts doivent réclamer sa mort. Il ne bouge pas, cependant. Car la manière qu'a son aîné d'articuler endroit sûr comme s'il s'agissait d'une bonne opportunité, sa façon gracieuse et profondément insultante de lui tourner le dos alors qu'il est là, en face de lui —tout ça devrait réveiller son opportunisme et il devrait s'enfuir, prendre ses jambes à son cou, mais une autre part de lui hurle : Te fous pas de moi ! Distrais ? Par un piano silencieux, alors que je me trouve derrière toi ? Te fous pas de moi...
Il fixe son dos avec une telle intensité qu'il espère pouvoir percer un trou dans sa veste.
« Va t'en, dit Sherkan, et la seule chose intelligente que trouve Lichuan à répondre, sur le ton du défi, c'est : Pourquoi ? »
Sherkan Z. Rougemont
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Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Jeu 28 Mai 2015 - 20:29
Enigma Animae
LichuKan feat. Lichuan & Sherkan
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Je le hais d'être capable de me défier ainsi. Je le déteste, de toute la force de mon âme, d'une brûlure plus ravageuse que la mort elle-même, que mon sang figé et traître. Je le hais plus que la vie et son inéluctable destin. Cet homme qui fût à moi, et qui à présent me brave, déclenche de ses mots durs la sombre colère d'une chimère à la laideur repoussante. Il a ce don agaçant de savoir où toucher pour faire mal - je lui ai peut-être trop bien appris, je songe avec un cynisme mordant. Il est un trop bon élève. Le fou roule sous mes doigts. Je ferme les yeux. Je ne veux plus de tout ça. C'est une victoire pour lui - pourquoi ne profite t-il pas de cet instant, infect roquet qui s'intéresse plus à fouiller mon être brisé au sol plutôt qu'à fuir le bâton. Je sais que je n'ai pas de valeur. Je n'existe plus, à peine un fantôme, déjà mort, te souviens-tu, Lichuan ? Thaddeus. Seul ce prénom arrive encore à me tirer de mon tombeau. Cet être qui a ma confiance. Cet homme que je considère comme mon frère - et que jamais, au grand jamais, je ne trahirais. Je suis loin de cette folie destructrice d'avec Lichuan. Et pourtant, j'ai besoin de lui. Il m'est devenu une nécessité. Je le sais, je le sens - il me suffit d'imaginer soudain cette maison vide. Ce piano creux qui sonne ce silence lourd comme une chape de plomb. Ces livres éparpillés rangés à leur place. Où seront son désordre et ses mots cyniques, ses gestes fous, ses regards passionnés et haineux, ses paroles tranchantes ? Comment puis-je espérer survivre sans cela ? Comme un noyé sans bouée. Comme une victime accrochée à une ancre. Je coule. Je sombre.
« Pourquoi ? » Fou. Fuis ! Va t'en ! Pourquoi est-ce qu'il ne s'échappe pas de toute cette folie ? Pourquoi, oui, pourquoi ? Ce mot qui, soudain, nous relie, qui éclot en nos mémoires, en nos esprits. Interrogation, incompréhension de tout cela. Tout est vain - il ne fuira pas. Je ne peux pas le faire fuir. A moins que ... J'ai envie d'éclater de rire devant l'idée démente qui naît dans mes pensées malsaines. J'ai trouvé le moyen de le faire décamper. Il n'est en sécurité nulle part - ni ici ni ailleurs, surtout si je connais l'endroit où il va. Je ne suis d'ailleurs moi-même plus en sécurité. J'avais déjà prévu bien des choses - elles se précipiteront juste. Je devrais abandonner des choses, en protéger d'autres. Je veux rugir, sortir des griffes. Je suis une bête de rage et de colère - cet idiot va réellement m'obliger à sortir mes dernières cartes. Mais il y a dans cette fureur impatiente une pointe d'amusement. Il aime à me pousser dans mes retranchements. Il va s'en mordre les doigts.
« Pourquoi, oui, quand il me serait plus simple de te tuer ? Combien de fois n'ai-je pas rêvé de serrer ta gorge, de voir ton teint d'albâtre se teinter d'écarlate ? De sentir ta vie qui m'appartient t'échapper lentement ? » Possessivité violente. Animosité bestiale. De ce genre d'amour sans limites ni partage, de cette passion dévorante. « A quoi cela te sert-il de savoir ? » Grondement de bête acculée. J'essaye d'éviter le pire. Mais il n'est plus temps de faire demi-tour. Je hais cette pensée - et en même temps, j'y prendrais un plaisir malsain. De cette vérité qu'il ne croira jamais, et qui le fera déguerpir comme si il avait Voldemort lui-même aux trousses. Comme quoi, de simples mots vont réussir là où l'angoisse de mes menaces n'ont pas pu te convaincre. « Tu as toujours posé trop de questions. Tu es un imbécile. Je te tourne le dos, afin que tu puisses t'enfuir, et tu restes pour faire la conversation ? Idiot ! Plutôt que de fuir, tu questionnes ! Et tu poses les mauvaises questions, de surcroît. Tu ne veux pas savoir - pas vraiment. Crois-moi. » Je songe à toutes ces différences, entre lui, moi, les autres. Nous nous comprenons - il y a ce lien qui nous unit et que nous nous efforçons de trancher à coup de crocs et de griffes. Inaltérable. Je tente une dernière fois de trouver un autre moyen, mais rien ne me vient. Alors je fais volte-face. Je ne veux pas détourner les yeux, lorsque je lui assènerais cette dernière agression. Je veux voir ses iris s'écarquiller. Je veux sentir sa peur, sa panique. Je veux le voir détruit par ma vérité.
Il a détruit chacun de mes murs, avec une aisance pitoyable. Je me sens pathétiquement humain, plus encore que lors de mes crises. Je suis vulnérable - vrai. Mon teint grisâtre et mon corps repoussant ; ma laideur visible, ma tare et mes gènes aux yeux de tous. Non, pas de tous - aux siens. Et c'est cette pensée qui me pousse à prononcer les mots. Cette fidélité. « Tu es mon fou. »Ne suis-je pas le tien, dans le fond ? Mes doigts se convulsent sur la pièce d'échec, dans ma poche ; j'y puise mon dernier courage. Et la sentence tombe, acérée, aigüe. Venimeuse. « Va t'en. Parce que je t'aime. »
Autrefois. Il y eut de telles paroles. Mais même sous le mensonge illusoire, elles n'avaient pas cette vérité incisive, qui fouille la chair pour atteindre le coeur. Des mots pour toucher. Des mots pour tuer. J'ai un sourire carnassier, et compatissant. C'est si vrai - il est la seule personne dont j'ai besoin. Et c'est pour cela qu'il doit partir. Parce que nous nous détruisons. Parce que je ne pourrais pas aller au bout de ce que j'avais prévu - et que je serais capable de le tuer tellement je l'aime à en crever. Contradictions, folie, démence. Nous partageons cela aussi. Mais je ne veux plus. Je suis fatigué. Si las. Nos combats ont cessés de m'amuser. Et cet amour, cette ardeur dont je ne veux pas dévore mes dernières forces. Je n'ai plus le temps - et toi non plus Lichuan. « Va t'en » je répète, courbaturé d'une vie trop longue, d'un poids qui n'est pas le mien. Exténué, brisé. Trop épris pour haïr. Détestant trop pour aimer correctement. Je n'ai rien de mieux à lui offrir que cela - la destruction totale. L'annihilation entière de nos deux êtres, l'un dans l'autre. Et nous sommes tous deux trop amoureux de la vie pour le vouloir. Quand bien même je t'aime à en crever.
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Enigma Animae ◮ LichuKan
Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Jeu 28 Mai 2015 - 22:02
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« Pourquoi ? » S'il avait su, peut-être que— Peut-être que. Ses pensées se heurtent à un mur. S'il avait su, il aurait exactement posé la même question. Parce que sans ce simple « Pourquoi ? », dont les allures innocentes ont eu sur lui le même effet que le plus efficace des pièges, il serait demeuré ignorant. Pire que ça même, il n'aurait pas su où puiser la force de tuer Sherkan. Maintenant, il a posé que la question. Il a demandé Pourquoi. Les mots ont une âme. Les mots ont un pouvoir. Celui-là a le don de lui offrir la connaissance. S'il avait su, sans doute aurait-il été moins bouleversé. Sans doute aurait-il pu contenir l'onde de choc qui l'avait secoué au moment où les lèvres de Sherkan avaient laissé échapper l'insolente vérité. Sans doute aurait-il pu, oui, trouver le moyen de convaincre son cœur de rester insensible à ce que tous les poètes interprétaient comme le plus beau des hommages, la plus belle des offrandes, mais que la voix particulière, qu'il aurait su reconnaître entre toutes, achevait de rendre insultants.
Mais il n'a pas su ; alors il est livré à l'inattendu. Il ne peut qu'attendre une réponse qu'il ne sait pas encore perturbante. Il s'obstine à afficher un sourire moqueur sans avoir la chance de se préparer à l'inévitable. Un étrange mélange d'émotions réside dans le regard de son ancien mentor —colère, amusement, mépris, amusement, colère, colère, colère— mais cela ne suffit pas à chasser l'impatience qui anime ses yeux à lui ; il veut savoir. Il en veut toujours plus. D'une certaine manière, son avidité l'avait déjà condamné.
Il sait, oui, il l'a toujours, de ce savoir instinctif et viscéral, presque primaire, que Sherkan l'a plus souvent imaginé mort à ses pieds que vivant à son bras. Il n'a jamais eu besoin de le lui dire ; il le devinait à l'éclat de son regard lorsque celui-ci le regardait, quand il croyait que personne ne l'avait à l’œil. Lichuan aimait savoir qu'il avait cet effet-là sur lui. Il aurait été hypocrite de le nier. C'est leur jeu. Quelque chose qui n'appartient qu'à eux et qu'il serait vain d'expliquer. On aurait pu le croire fou de rester attaché à un tel homme, aussi néfaste pour sa santé mentale —et on aurait eu raison. Mais l'asiatique ne parvenait pas à s'en détacher, peu importe à quel point il essayait, avec quelle détermination il mobilisait ses forces, avec quelle volonté il déployait ses efforts. Tout revenait toujours à Sherkan ; ses décisions, ses choix, le moindre de ses actes. Il avait rarement vécu pour lui-même. Au moins espérait-il mourir en son propre nom.
Sherkan voulait-il donc réellement savoir à quoi cela lui servirait de mourir ? Mais à exister, mon cher, aurait-il voulu rétorquer d'un ton malicieux si seulement on lui en avait laissé le temps —car le grognement presque animal qu'émit Sherkan eut le don de le réduire au silence. Acculé, voilà l'état auquel il était réduit par une simple question, un bête Pourquoi. Lichuan était immensément fier de lui ; plus fier que ça, il en serait mort d'allégresse.
« Tu as toujours posé trop de questions. » Car c'est ainsi que je suis fait, Sherkan. On —tu ?— ne m'a pas forgé dans n'importe quel métal. « Tu es un imbécile. » Mais pas de n'importe quelle espèce : un imbécile perspicace. « Je te tourne le dos, afin que tu puisses t'enfuir, et tu restes pour faire la conversation ? » Ton dos est une insulte à mon intelligence. Je veux me battre, puisque c'est toi. « Idiot ! » Oui. « Plutôt que de fuir, tu questionnes ! » La curiosité est un vilain défaut uniquement lorsque vous avez de bonnes intentions. « Et tu poses les mauvaises questions, de surcroît. » Pourquoi est un hymne à la connaissance, il n'existe pas de meilleure question. « Tu ne veux pas savoir - pas vraiment. » Oh que si —si je t'avouais à quel point je veux savoir, tu aurais peur. « Crois-moi. » Non.
Pourquoi, Sherkan ? Pourquoi vouloir me chasser alors que ma chute est si proche que tu peux presque la contempler d'ici, à l'abri depuis ton piédestal doré et tes innombrables titres que t'assure ton charme de vélane ?
« Tu es mon fou. » Début de colère. Ses yeux s’étrécissent, ses lèvres se tordent. Je ne t'appar— « Va t'en. Parce que je t'aime. »
Le silence est d'or mais celui qui vient de s'abattre sur eux, sur lui —à moins que cela ne soit qu'une illusion ?— est aussi lourd que le plomb. Les mots l'atteignent avec une facilité insolente, creuse la chair, cherche le cœur et le trouve. Les souvenirs enflent sous son crâne comme des bulles explosent à la surface —Sherkan qui l'appelle Aloysius d'une voix si douce qu'elle manque de le faire trembler, Sherkan qui, le premier, voit au-delà de la caricature qu'il incarne à Poudlard, Sherkan qui laisse couler une larme à l'idée qu'ils soient séparés, Sherkan qui ment, détruit, viole, massacre, Sherkan qui joue à l'amoureux pour mieux le berner, Sherkan partout dans sa mémoire comme une figure menaçante qu'il ne peut, ne veut effacer. Parce qu'il l'a aimé autrefois, quand il était encore jeune et naïf. Parce qu'il a guetté ces mots tant de fois, parce qu'il a entendu Sherkan les prononçait mais sans y croire vraiment, parce que— Parce que.
Alors Lichuan réagit de la seule manière qu'il trouve logique à cet instant : il éclate de rire. Le rire est fou, hystérique, déséquilibré. Le rire est un reflet de ses émotions, de la montagne de regrets qui pèse si lourd dans sa poitrine qu'il a l'impression d'étouffer. Pourquoi maintenant ? a-t-il envie de hurler alors qu'il traîne depuis onze ans une chaîne d'incertitude et de haine, alors qu'il subit depuis onze les conséquences de ses actes en espérant pouvoir un jour atteindre une forme de rédemption. Si Sherkan l'avait aimé au bon moment— L'espoir l'étreint comme une vague mortelle. Il est l'espace d'une seconde fugitive redevenu Aloysius Whitelaw, adolescent étrange qui vit en décalage avec son époque, encaisse les coups de ses camarades et se noie dans les livres. Il est ce garçon auquel un homme charmant, pire que ça même, envoûtant, tend une main en lui assurant qu'il en vaut la peine. S'il suffisait de la saisir... Alors peut-être que—
« Va t'en, répète Sherkan et l'illusion se brise. » Il est Lichuan Whitelaw, Mangemort infidèle et espion pour l'Ordre au Phénix, Lichuan dont les promesses ne valent guère plus qu'une poignée de poussière et dont les sentiments sont soumis aux caprices d'un être dont il ne comprend que trop rarement les intentions. Il est Lichuan à l'équilibre mental vacillant, Lichuan qui ne désire qu'une occasion, celle de pouvoir recommencer à nouveau tout en sachant que c'est impossible. Il est un homme aux multiples imperfections mais pendant une seconde, une maudite seconde, il a réellement espéré que les mots de Sherkan étaient sincères. Que ces années de errance avaient un but, une raison. Un sens. Jusqu'à ce qu'il comprenne que ces mots, réels ou non, ne sont qu'un moyen de le chasser.
La haine l'embrase comme un feu de joie. Une piètre imitation de son rire franchit ses lèvres encore une fois et il lui tourne le dos. Définitivement, cette fois.
Il y a de la détermination dans son regard tandis qu'il franchit la porte du manoir et qu'il songe, pour la première fois de sa vie, à tuer Sherkan de ses propres mains.
Sherkan Z. Rougemont
: We're in the city of wonder, ain't goin' play nice. Am I scaring you tonight ? Ain't used to what you like.
ϟ ÂGE : 46 ϟ FONCTION : Ancien espion pour la cellule SEPOM et les mangemorts. Assassin à son propre compte. (Mangemort non-connu des autorités, en fuite)(Moitié vélane) ϟ AVATAR : Luke Evans
Sujet : Re: Enigma Animae ◮ LichuKan Jeu 28 Mai 2015 - 22:30
Enigma Animae
LichuKan feat. Lichuan & Sherkan
Qui se venge en secret, en secret en fait gloire.
L'armure aux pieds. Le coeur déballé. Les ronces qui lacèrent de leur regard perfide. L'attente. Le silence. Le battement de coeur de trop - le rire qui fendille tout, qui détruit tout. Qui convulse l'être tout entier. Les mains se crispent et les doigts étranglent le fou - celui de bois, quand bien même elles désireraient faire cesser ce rire dément dans la gorge de chair. Cet air qu'il respire - le lui faire expulser, et éteindre d'un souffle son coeur tordu. A la seconde d'amour incommensurable fait place une haine féroce, écho de leur destruction mutuelle. Voilà ce dont ils rêvent - cette extinction d'eux-même, qu'ils cherchent chez l'autre. Qu'ils convoitent. L'écroulement de deux êtres. Et lorsqu'ils se seront désintégrés à coup de folie furieuse et de caprices passionnés, peut-être auront-ils cette paix qu'ils délaissent.
Il tourne le dos. Il fuit. Oui. L'instinct - le réflexe de vouloir attraper son épaule. L'ardeur d'un baiser que je pourrais voler - dur, bestial, violent. Le désir qui monte, avec ce besoin de lui faire mal. Le goût du sang - métallique, humain. Le mien. Ma langue blessée à mes dents acérées, affamées de sa perte à lui. Il s'éloigne. Il disparaît. De ma vue, de ma maison. De ma vie. Discret. Effacé. Terni.
« Va t'en » je répète, alors que je suis seul, puis je ferme les yeux. Ma voix est lasse, fatiguée. Puis, aussi soudainement que violemment, j'attrape un bibelot et le brise dans un éclat contre un mur. Les bris font résonance avec l'intérieur de mon être. Je bous - il a rit. Il a osé rire - et je sens encore les échardes sanglantes plantées dans tout mon être. Je récolte ce que j'ai semé - de ma vérité ne sort que cendres et sang. Qu'avais-je espéré ? Peut-être ... Rien. Et à présent qu'il est loin, qu'il va partir, qu'il ira chez d'autres ... Maintenant je peux me débarrasser de cette ridicule humanité. Déjà, sans lui, je sens que ma colère s'apaise. Ou peut-être est-ce de voir le vase détruit à mes pieds. J'en ramasse un morceau - l'arrête entame le gras de mon doigt. Le sang perle - traître, ridicule Lichuan, bientôt ce sera ton sang que j'aurais sur les mains.
Je me promets une chose, en me relevant. J'efface mon visage. Le sourire se reforme, comme les crocs d'un fauve - effrayant, inhumain. Comme on retire une peau et qu'on découvre le squelette - alors qu'ici je porte mon masque de mascarade, j'enfile un costume. Destruction. Je vais te dévorer jusqu'à la moelle.