Secret du moment


A. LICHUAN WHITELAW
(TROUVÉ)

Finalement, tu as plus de points communs avec Lone que tu ne le prétends.

Alors, vous savez ce que c'est ?
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Shukar K. Bheng
Shukar K. Bheng

: Seduce my mind and you can have my body. Find my soul and I'm yours forever.

ϟ ÂGE : 27
ϟ FONCTION : guide au Musée (temporaire)
ϟ AVATAR : Charlotte Kemp Muhl
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MessageSujet : une partie de plaisir ► Vidja une partie de plaisir ► Vidja EmptyMer 2 Juil 2014 - 17:19

Gif Kemp Mulh, credit Megara
Gif Mia Wasikowska, credit tumblr

And that's how the story goes,
The story of the beast with those four dirty paws.


Londres moldu. Les rues sont éclairées par des centaines de lampadaires de part et d'autre des routes. Quelques piétons marchent sur le trottoir, souvent des bandes de jeunes alcoolisés, parfois des personnes seules qui promènent leur chien. Les églises de la ville sonnent vingt-deux heures tandis que des pigeons s'envolent de frayeur. Le ciel est dégagé, bien que le vent souffle à travers l'air humidifié par les vapeurs de la Tamise. On ne voit pas les étoiles et pourtant, Shukar lève la tête avec un léger sourire. Maquillée un peu plus qu'il ne le faudrait, ses talons rouges claquent dans la rue, réveillant légèrement quelques clochards somnolant pour regarder la jeune fille passer. Mais elle les ignore royalement, comme elle ignore à peu près tous les gens qu’elle croise. Les moldus avaient la faculté de la rendre exceptionnelle, et se promener en les ignorant flattait son égo de manière silencieuse. Comme si elle avait une raison de plus de célébrer, tous les jours, comme si elle avait une raison de plus de s’exalter sur tout et n’importe quoi. Mais contrairement à tous ces gens, qui semblait quoi faire, elle flânait sans réel but. Enfin si, elle sait qu'elle sortira ce soir, qu'elle finira dans un bar puis rentrera au Musée en espérant qu'Asterdre y traînerait encore; mais dans l'absolu, elle avait juste envie de tourner à gauche dans cette ruelle mal éclairée. Son adrénaline accélère son pouls, ses yeux virevoltes dans les coins les plus sombres comme si elle s’attendait à voir le Diable sortir d’un mur. Mais voyons, jeune fille, il ne faut pas voir le Mal partout !
D'ailleurs, si vous ne tenez plus ce suspense, je vais tout de suite vous révéler que ce n'est pas ici qu'elle va se faire sa plus grosse frayeur de la nuit. Elle traversa donc cette rue sans encombre, resserrant son manteau rouge autour d'elle avec ce courant d'air qui s'eut introduit entre ses couches de vêtements. Il faut dire qu'en robe, même avec des collants, il pouvait faire glacé sur le territoire anglais, du côté sorcier comme du côté moldu, à n'importe quelle période de l'année. Elle n’avait pas envie de se taper quelqu’un, aujourd’hui. Toute cette histoire avec Rafael l’avait un peu remuée, si bien qu’elle se porterait loin des hommes pendant quelques jours …

Elle chantonnait doucement un petit air qui passait régulièrement sur RITM sans qu’elle ne puisse revenir ni sur l’artiste ni sur le titre de la chanson. Ce n’était pas grave, tant qu’elle se souvenait des paroles qu’elle pouvait martyriser. Elle aurait tout de même préféré noyer l’artiste dans son bain. Paf clac clac clac. La jeune fille s’arrête. Derrière des poubelles, deux yeux lumineux sont tapis dans l’ombre. Elle le regarde, un petit sourire en coin. Minou s’amuse à effrayer les passants. C’est bien, continue. Elle n’aimait pas particulièrement les animaux. Mais son passage à Poudlard l’avait, en quelque sorte, obligée à en posséder un pour les cours de Métamorphose spécialement. Du coup, elle avait acheté le plus laid d’entre eux, et celui qui prenait le moins de place: Un crapaud hideux du nom de Sauvage, qu’elle avait laissé dans son étang à la maison. Sara l’aimait bien, elle se mettait sur le bord pour le regarder gonfler sa gorge et écouter les voisins râler de l’autre côté de leurs haies. Le bruit était affreux, mais tant que ça la faisait rire, elle, elle prenait plaisir à la voir faire. Le chat grogna, sortit de sa cachette, et dépassa Shukar en courant. Elle ne voulait pas d’un chat pour l’accompagner dans sa promenade nocturne. Allez, ouste ! Va draguer des minettes, Minou ! Ce petit chat l’aura peut-être fait sourire. Mais voilà qu’en détalant comme un bandit, il laisse un mauvais pressentiment à la jeune fille qui se remit à marcher l’air de rien, laissant traîner ses yeux un peu partout avec le cœur un peu plus battant qu’à son habitude. Mais rien d’autre ne semblait la mettre en alerte. Elle re-chantonna comme pour se donner du courage et tourna dans une ruelle un peu plus éclairée où personne ne traînait, pourtant. Petit soupir silencieux.

Il était temps qu’elle se rapproche d’un métro pour revenir dans le centre de Londres, et de changer de monde grâce au Chaudron Baveur. Évidemment, elle allait marcher. Transplaner avait quelque chose de repoussant, pour elle. Ça enlevait trop de magie aux voyages. Il fallait profiter des petites choses, et ce trajet en faisait partie. Ô oui, une partie de plaisir !
S. Viðja Sveinsdóttir
S. Viðja Sveinsdóttir

: Il y a en elle une princesse de la jungle avide de sang chaud.

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MessageSujet : Re: une partie de plaisir ► Vidja une partie de plaisir ► Vidja EmptyMer 2 Juil 2014 - 19:08


Une partie de plaisir

Ce fut le son grave et profond, puissant, de la corne de brume qui la réveilla. Elle ne comprit pas tout de suite où elle se trouvait ; elle y voyait flou, ses oreilles étaient vrillées d'un sifflement aigu et continu, et son dos reposait sur une surface dure. Viðja avait l'impression d'avoir avalé un essaim d'abeilles. Ça piquait et ça semblait s'agiter à l'intérieur. Organes distordus, vivants. Avec une existence propre. Pataude, la jeune femme roula sur le côté et toussa, recrachant un peu d'une mixture organique et glaireuse dont elle ne saurait exactement déterminer l'origine et la composition. Du dos de la main, elle s'essuya la bouche en haletant et redressa la tête pour regarder autour d'elle. La clarté de sa vision lui revint peu à peu et l'Islandaise s'apaisa quand elle constata qu'elle se trouvait dans l'appartement désert du bâtiment désaffecté qu'elle investissait parfois de ses mauvaises intentions. Viðja laissa une de ses mains pâles ramper sur le sol de carrelage jaunâtre piqué de tâches brunes, sale, poisseux et granuleux de n'avoir jamais été lavé. Ses doigts butèrent doucement sur des petits morceaux de porcelaine blanche. Non, d'ivoire et d'émail, avec de belles racines. Des dents. Pas les siennes. Ça lui tira un léger sourire, un sourire enfantin et candide, alors qu'elle prenait les dents dans la paume de sa main en se redressant en position assise. De l'index, la jeune femme les caressa doucement. Elle ne se rappelait pas à qui elle les avait prise mais ça n'avait aucune importance. Cette personne était sûrement morte pas loin d'ici à l'heure qu'il était.

Viðja referma sa main sur les dents avant de se relever, incertaine, les jambes flageolantes. Elle avait du se prendre une sacrée cuite hier soir.... Ça tournait et virait dans son ventre, son estomac tel un bateau ivre. Quelle heure pouvait-il bien être ? Pas moyen de savoir dans cet appartement en sous-sol. La jeune femme laissa tomber les petites sculptures d'ivoire et d'émail dans sa poche et elle se laissa dériver dans la pièce jusqu'à ce que son épaule cogne contre le mur. Avec un petit hoquet coupé de rot, elle roula des yeux, l'estomac un peu soulevé par le choc, puis resta immobile le temps que son ventre s'apaise. Lentement, la Mangemorte longea le mur jusqu'à la salle de bain, pas à pas. Si le séjour était dans un triste état, la salle de bain la surpassait de très loin. Même le récurage le plus intensif n'aurait pu en venir à bout ; la seule solution était d'y mettre le feu probablement. Viðja tituba jusqu'au lavabo et s'y appuya laborieusement, penché sur la faïence écaillée et sans couleur. Son regard chocolat était accroché par tous les cheveux, éclats d'os ou de chair, rognures d'ongles et autres taches brunâtres qui tapissaient le fond. Elle détourna rapidement les yeux, écœurée par l'amas spongieux des cheveux gorgés de sang et d'eau croupie, et se rinça prestement le visage.

D'un geste sec, elle écarta le rideau dégoulinant de coulures marrons séchées qui entourait la baignoire. De fait, elle venait de retrouver le propriétaire des dents qui macérait sagement dans son jus, quelque peu déstructuré. Imperturbable, Viðja referma le rideau. Elle se débarrasserait du corps plus tard. Pour l'heure, elle avait juste besoin de prendre l'air, de faire des trucs, de bouger. Elle se sentait bouillonner de l'intérieur, prête à exploser, à annihiler tout être vivant qui passerait devant elle juste parce qu'elle pouvait le faire. Ça coulait dans ses veines, ça pulsait dans ses cellules. La corne de brume encore. Avec un grognement, la jeune femme prit sa tête entre les mains, tassée sur elle-même, laissant échapper une flopée de jurons en diverses langues slaves et scandinaves. Atteinte de maux de tête croissant, Viðja battit en retraite et fila hors de l'appartement, courant dans l'obscurité, jusqu'à remonter à la surface.

Il faisait nuit et l'éclairage public perçait difficilement l'obscurité épaisse. Elle ne sut combien de temps exactement elle erra dans la ville, marchant au hasard, suivant les grandes enjambées du lapin quand il lui apparaissait. Elle ne savait pas où il l’emmenait et parfois il disparaissait un long moment avant de tourner au coin d'une rue lointaine. Les rues étaient plus étroites ici, plus encombrées et les immeubles plus hauts. Ses pieds butaient contre les pavés et plusieurs fois, elle manqua de s'entraver dans ses lacets. Viðja suivit le lapin au détour d'une ruelle et, quand elle dépassa l'angle, elle constata qu'elle n'était pas seule. Le lapin n'était plus visible nul part, mais une femme se trouvait là, perchée sur des talons hauts, séduisante. Quelque chose en elle s'agita et la jeune femme siffla entre ses dents : « Putain de Babylone... Et comme si c'eût été pour lui peu de chose de se livrer aux péchés de Jéroboam, fils de Nebath, il prit pour femme Jézabel, fille d'Ethbaal, roi des Sidoniens, et il alla servir Baal et se prosterner devant lui. Chapitre 16, verset 31. Il n'y a eu personne qui se soit vendu comme Achab pour faire ce qui est mal aux yeux de l'Eternel, et Jézabel, sa femme, l'y excitait. Chapitre 21, verset 25. »

Viðja s'avança pour sortir de l'ombre, poings serrés. Elle était bien misérable à côté de la belle plante qui lui faisant face à quelques mètre de là. Avec ses cheveux ébouriffés, emmêlés et collé par quelque fluide malodorant, mélange de crasse et de sang séché. Sa peau était sale, ses ongles semblaient avoir raclé quelque chose de particulièrement sale et ses vêtements étaient dans un si piteux état qu'elle ressemblait à une quelconque sans abris. Vivement, Viðja pointa un index accusateur sur la jeune femme et clama d'une voix plus forte : « L'Eternel parle aussi sur Jézabel, et il dit : Les chiens mangeront Jézabel près du rempart de Jizreel et il n'y aura personne pour l'enterrer ! Chapitre 9 verset 10. Et le cadavre de Jézabel sera comme du fumier sur la face des champs, dans le champ de Jizreel, de sorte qu'on ne pourra dire : C'est Jézabel ! Chapitre 9, verset 37. »

L'Islandaise, en pleine frénésie, se pencha pour ramasser une pierre et la jeter à la tête de l'autre femme en éructant : « Dès que Joram vit Jéhu, il dit : Est-ce la paix, Jéhu ? Jéhu répondit : Quoi, la paix ! tant que durent les prostitutions de Jézabel, ta mère, et la multitude de ses sortilèges ! Chapitre 9, verset 22 ! »

Shukar K. Bheng
Shukar K. Bheng

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MessageSujet : Re: une partie de plaisir ► Vidja une partie de plaisir ► Vidja EmptyDim 13 Juil 2014 - 17:13

La nuit était calme, la nuit était belle. Si Shukar aimait se balader aux faibles lueurs de la Lune, c'était bien pour son ambiance apaisante et mystérieuse. Ce sentiment de solitude semblait toucher tout le monde, si bien qu'elle avait l'impression de se sentir moins seule. La jeune fille soupira bruyamment, et longuement, s'emplissant les poumons de cet air frais et revigorant. Mais l'odeur qui lui chatouilla les narines la dérangea sur le moment. Un mélange de transpiration, de crasse et de sang flottait dans l'atmosphère. Était-ce un sans abris qui s'était fait égorger derrière une poubelle ou une bagarre qui avait réellement mal tourné ? Shukar stoppa sa marche. Elle fixait les coins les plus sombres pour distinguer une quelconque forme, mais rien d'anormal jonchait dans les détritus. Sorti alors de l'ombre d'une maison, une frêle silhouette au regard fou et à l'haleine alcoolisée, qui hurlait des phrases sans queue ni tête.
Devait-elle se mettre à hurler, à courir ou à affronter cette créature malsaine tout droit sortie des Enfers ? Elle l'ignorait totalement car elle n'avait jamais rencontré ce démon. Elle resta là, immobile, sentant le vent se glisser par bourrasques sous ses vêtements et lui apporter davantage de son odeur. Elle la fixa, à moitié horrifiée par cette femme aux allures d'animal, dévisageant ses milles petites caractéristiques. Sa crasse et son odeur embaumaient davantage l'air tandis que ses paroles dénuées de sens semblaient tout de même germer dans le crâne de la brunette. Après tout, chapitre et verset commençaient à donner du sens à ses mots, bien qu'elle n'en comprenne pas la signification.

Si son instinct lui hurlait de s'enfuir, son corps ne put que faire quelques pas en arrière, à mesure que Vidja avançait. Lorsque cette dernière pointa son doigt dans sa direction, elle se figea, se mordant la lèvre jusqu'au sang. Si elle avait pu transplaner sur l'instant, elle l'aurait fait, quitte à en vomir à l'arrivée. Mais elle était incapable d'effectuer le moindre geste, elle se laissa absorber par le flot de paroles bibliques, cherchant la clé de cette apparition. Les mots semblaient s'assembler dans son cerveau pour créer de réelles phrases sensées, mais elle ne percevait pas le but de tout ceci. Si, bien sûr, il avait été question d'un objectif !
Les doigts serrés autour de sa baguette à en devenir moites, la jeune fille tremblait des membres inférieurs. La peur de cette folie, et pourvu qu'elle ne soit pas contagieuse, car cette vieille femme était arrangée. Elle étudiait la personne, ses cheveux ébouriffés, son air incontrôlable à la fois candide. Mais cette personne était tout sauf saine d'esprit: la pierre lancée sans aucune raison pouvait le témoigner.
On sembla lui rendre la possession de son corps pour qu'elle puisse esquiver le projectile d'un pas sur le côté. Elle souleva de deux centimètres sa baguette hors de sa poche, au cas où elle deviendrait plus agressive mais avec l'objectif de ne pas être une sorcière recherchée le lendemain par le Ministère, pour avoir fait de la magie devant une moldue. Elle rassembla le peu de courage qu'elle possédait pour durcir sa voix, le visage neutre. On va jouer à un jeu, d'accord ? Ça s'appelle: Retourne dans ton carton. Car tu n'imagines pas à quel point tu seras blessée, si tu me cherches misère ... La jeune fille était loin d'être agressive. Son seul but était de s'en sortir indemne, et elle n'hésitera pas à passer par la force si elle en était obligée. Elle était déjà entrain de réfléchir aux sortilèges les plus efficaces pour se sortir au plus vite de ce genre de situation. Mais si elle n'avait pas à s'en servir, ça lui ferait davantage plaisir ... Ses mots lui avaient légèrement regonflé le cœur, si bien qu'elle sentait un peu de courage naître en elle, de sorte à chasser ses cauchemars comme elle l'avait toujours fait.

Ou peut-être que le sentiment de pitié avait dépassé son sentiment de peur et d'insécurité. Après tout, que pouvait faire une vieille femme cinglée contre une jeune femme qui maîtrisait la magie ? Des cailloux et la Bible contre la puissance de la Magie ?

S. Viðja Sveinsdóttir
S. Viðja Sveinsdóttir

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MessageSujet : Re: une partie de plaisir ► Vidja une partie de plaisir ► Vidja EmptyMar 22 Juil 2014 - 23:17


Une partie de plaisir

Ce n'était pas pour la première fois de sa vie que la jeune femme était en fuite, mais bien la première fois qu'elle avait si peur. Elle avait l'impression de perdre la tête – comme si elle ne l'avait pas déjà perdue depuis belle lurette... Cela faisait une semaine qu'elle vivait comme une clocharde, une réfugiée, une fugitive. Dans un geste de survie insensé, elle s'était teint les cheveux, comme si cela allait changer quelque chose. Les bouteilles d'eau oxygénée gisaient encore dans l'évier de la cuisine de son repaire et la teinture blonde traînait encore sur le plan de travail crasseux. Maintenant, le blond était devenu terne, sale, et ses cheveux s'était crêpés, emmêlés, ébouriffés, de n'être jamais peignés et à peine plus lavés – si laisser couler de l'eau d'une qualité douteuse sur sa tête était considéré comme se laver.

Elle portait une sorte d'accumulation bizarre de vêtements terreux et tâchés de saleté, de sang, de poussière et sans doute d'autres fluides peu hygiéniques. Ça ressemblait vaguement à deux robes de différentes longueurs et formes superposées avec un sweat à zip avec une capuche, des bottes de pluie trouées en guise de chaussures. Malgré les épaisseurs de tissu informe, son ventre paraissait un peu rebondi – excès de bière, de malbouffe ou bien l'hôte d'un petit être ? La raison de sa fuite, à vrai dire, ou plutôt sa conséquence.

Et lorsqu'elle était seule, livrée à elle-même, elle n'avait que trois solutions de repli : le meurtre – trop provisoire, cela ne durait qu'un instant, même si elle pouvait laisser durer le supplices des jours, et elle ne pouvait les enchaîner à un rythme indistriel ; en plus, ça finissait toujours par la mettre dans des états de terreur impossibles – l'héroïne – et autres drogues et alcools mais l'héroïne était sa meilleure amie de toujours ; mais elle s'était juré de ne pas y retomber – et la religion. La religion, elle, ne comportait aucun risque selon Viðja. Dieu n'était qu'Amour pour elle et elle se sentait utile auprès de Lui. Elle avait une mission et s'imprégnait de Sa parole l’apaisait. La répandre aussi. Et de temps à autre, il fallait punir les pécheurs. Comme cette luxurieuse créature qui lui faisait face, avec ses lèvres de prostituée pisciforme et ses fuck-me-shoes. C'était sans doute une pécheresse, oh ça oui. Viðja pouvait voir son âme et elle était noire. Elle voyait clairement le Démon derrière elle, velu avec ses grandes dents, ses cornes et sa queue fourchue. Et puis ses yeux, oooh, ses yeux ! Rouges et injectés de sang, brûlant intensément de tous les feux de l'Enfer. Affolée par ce qu'elle pouvait voir tapi derrière la jeune femme – leurs visages déformés ricanaient tous les deux – l'Islandaise afficha une expression d'horreur insurgée et recula d'un demi-pas en s'empressant de sortir son chapelet de son col pour le brandir devant elle comme une protection. La petite croix d'argent brandit devant son petit poing, elle la montrait à l'autre femme, menaçante. Plus loin, accrochée entre les rangées de perles d'ambre, pendait une lame de rasoir un peu rouillée.

La créature se mit à parler et aussitôt, Viðja poussa un cri perçant en trépignant, plaquant aussitôt ses mains sur ses oreilles. « TAIS-TOI ! TAIS-TOI! », hurlait-elle en secouant vigoureusement la tête comme pour se débarrasser d'une nuée d'insectes. « Tes paroles ne m'atteignent pas ! Démone ! Pécheresse ! Prostituée ! La marque du Diable est sur toi, je la vois, je la vois ! ELLE EST LÀ !! » Le souffle rauque, la Mangemorte tâtonna sur sa poitrine pour se saisir de la chaîne perlée de son chapelet, au niveau de la lame de rasoir. « J'ai vu la Bête et elle est affamée. Ô, mon Dieu, donnez-moi la force de lui faire face et de l'affronter... ! », marmonnait-elle en serrant sa paume autour de la lame jusqu'à ce que le sang rouge et chaud coule de sa main, le long de son poignet, et imbibe ses manches grisâtres.

Viðja se mit à marmotter toute seule avant de lever les mains vers le ciel, adressant une fervente prière à quoique ce soit qui se trouvait là-haut avant de faire un bond en avant vers la jeune femme, l'éclaboussant du sang qui coulait de sa plaie largement ouverte. « Arrière ! Retourne dans le trou fangeux où tu es née, succube ! » Ses yeux roulaient dans ses orbites. Elle avait l'air dingue, en transe. Son haleine sentait fort l'alcool et de ses vêtements s'élevait une odeur persistante de crasse et d'urine. Alors, comme fauchée dans son élan, elle s'écroula à genoux par terre, courbée, plaquant ses mains sales et ensanglantées contre son visage avant de les remonter contre ses tempes puis dans ses cheveux en sanglotant. Elle avait mal, terriblement mal. Les nausées, la migraine. L'Islandaise hoqueta et, avec un raclement de gorge rauque, rendit un peu du maigre contenu de son estomac sur ses genoux. Gémissante, elle se lamentait dans un mélange sans queue ni tête de plusieurs langues, le souffle court : « ó Guð minn... ! Жалість, samúð fyrir mon âme ! Ég vil ekki померти ! Я svo slæmt... ! Nooon... ! »

Le visage et les cheveux barbouillés de sang, de grosses larmes coulaient sur ses joues et elle reprit en hoquetant : « Je hefur ekki успішно... Я втратив проти диявола... Það mun drepa mig... » Agitée de sanglots, elle se roula en boule aux pieds de la créature, n'exposant que son dos et ses cheveux souillés. Puis elle ne dit plus rien, secouée de petits spasmes nerveux.

Shukar K. Bheng
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MessageSujet : Re: une partie de plaisir ► Vidja une partie de plaisir ► Vidja EmptyVen 25 Juil 2014 - 0:53

Et plus les secondes défilaient sans qu'il ne se passe rien, plus Shukar prenait confiance en elle. Petit à petit, la surprise et l'horreur qu'avaient provoqué cette chose quittaient son esprit. Et plus elle se rendait compte que cette créature était un être humain, et moins elle en avait peur. Parce qu'elle était armée, sorcière et que la fragilité de la dame ne lui poserait aucun problème si elles devaient en venir aux mains. Elle en avait besoin, tout au fond d'elle, de se battre, d'hurler et de laisser sortir tout ce qu'elle avait encaissé. De se reconnaître enfin dans quelque chose qu'elle mourrait d'envie d'exécuter. Sauf qu'elle n'avait jamais été du genre à tabasser une clocharde dans la rue, surtout lorsqu'elle était montée sur un escabeau pour enfiler ses talons ... Shukar n'avait jamais été réellement mauvaise. Elle avait un bon fond. Ce n'était qu'une enfant qui avait mal choisi sa route et qui s'était perdue au milieu de nulle part, se faisant berner dans ce monde d'adultes qui lui promettait tant de merveilles alors que lorsqu'on y mettait les pieds, c'était d'un ennui mortel, même pire. Des responsabilités éparpillées, tenir des factures, tenir de la paperasse administrative, trouver un moyen de finir ses mois, ... Des obligations qui ne lui convenaient pas. Et une impossibilité de retourner en arrière pour retrouver une voie. Elle ne pouvait aller que de l'avant, s'enfonçant de plus en plus loin sur un chemin de plus en plus instable et de plus en plus encombré par les obstacles. Mais cet obstacle que le Destin avait choisi de placer sur sa route, elle ne le comprenait pas. En fait, elle ne comprenait pas un tel comportement à son égard. Comment pouvait-on la haïr sans la connaître ? Comment pouvait-on lui dire Tais-toi ! sans ne jamais lui avoir parlé auparavant ? Elle n'avait jamais vu cette femme. Et elle pensait ne jamais avoir rien fait qui puisse justifier une lapidation. Parce qu'elle l'avait regardé de travers, peut-être ? Parce que cette rue était sa propriété privée, aussi ? Parce qu'elle était jalouse de son hygiène ? Quoique ce dernier point, n'arrangerait jamais rien à sa propre hygiène ... Décidément, Shukar ne savait pas vraiment comment se comporter. Jusqu'à ce que les mots sortent de la bouche à l'haleine douteuse. Pécheresse. Prostituée. Démone. La demoiselle haussa un sourcil, ne voyant pas le rapport entre elle et ce qu'elle énonçait. Aucun des trois. Maintenant, de là à dire qu'elle était une pure personne qui mériterait de s'élever aux cieux, il y avait encore sur quoi avancer ...

Et elle continuait sa comédie, secouant ses membres et parlant au ciel comme s'il allait lui venir en aide. Elle bondit vers elle, lui éclaboussa les vêtements d'une couloir pourpre. Répugnant. Shukar eut un pas de recul. Elle vit le reflet de la lame à la lueur de la lune dans sa main, ainsi qu'une plaie ouverte d'où s'écoulait son sang. Mais elle ne bougea pas quand elle lui ordonna de reculer. Elle allait appeler les services psychiatriques, oui. Elle hésitait encore avec un exorciste, qui pourrait être certainement plus efficace ... Parce que les personnes saines d'esprit ne se comportaient pas de la sorte.
Néanmoins, alors qu'elle était à deux doigts de la maîtriser d'un sortilège - qu'importe si elle utilisait la magie, cette moldue en voulait à sa vie et ne tournait pas rond dans sa tête -, elle aperçut le ventre rebondi. Elle essaya d'oublier sa puanteur et ses paroles sans queue ni tête pour s'approcher et voir ça de plus près. Elle tenait toujours sa baguette, en cas d'agression sournoise, mais au fond d'elle-même, cette femme lui faisait trop pitié pour qu'elle ne l'utilise. Elle ne représentait pas de réellement danger. Elle était juste pas très bien dans sa tête, ni dans ses vêtements infectés. C'était encore plus effrayant quand elle se taisait, en fait. Shukar retenait sa respiration, comme si elle attendait qu'elle se relève, lui saute dessus et parte en courant pour ne jamais revenir. D'un côté, elle l'espérait. Mais de l'autre, elle voulait l'aider. Trop gentille ? Pas vraiment. La folie avait quelque chose de fascinant. Quelque chose que Shukar voulait voir de plus près. Même si c'était effrayant, même si elle ne devait pas être dans son état normal, elle était enceinte, et elle avait besoin d'aide.
La jeune fille resta à distance et s'assit sur le béton, tournée vers la femme en position fœtale. Elle la comprenait. Maintenant, le tout était de savoir lui parler, savoir l'apprivoiser, savoir trouver les mots pour qu'elle écoute et se rende. Elle se tut le temps d'une minute, de fouiller ses souvenirs à la recherche d'un morceau de Bible qui ferait l'affaire. Mais elle n'avait rien appris. Shukar ferma les yeux pour se concentrer un instant puis regarda vers les étoiles. Elle se murmura, pour intriguer mais aussi pour se donner du courage. Pour que ce genre de choses reviennent comme elle avait appris autrefois. Je vous salue Marie, pleine de grâce; Le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, Maintenant, et à l'heure de notre mort. Amen. Elle déglutit et enchaîna, il ne fallait pas qu'elle perde le rythme. Elle continuait de murmurer, essayant d'être un maximum crédible, préparant ses arguments contre la créature. Seigneur, pendant longtemps, j'ai perdu le chemin que vous aviez tracé pour moi. Ce soir, je le retrouve. Merci de suivre mes pas, merci de m'accompagner à travers les épreuves de la vie, merci de m'aider à être forte et à les surmonter. Je sais que parfois j'ai baissé les bras, et je vous demande pardon d'avoir abandonné si vite. Aujourd'hui, je ne me relâcherai pas pour offrir à mon prochain le meilleur du monde, pour elle et son enfant. Amen.

Si elle n'était vraiment pas sûre de ce qu'elle était entrain de faire, elle n'avait pas trouvé d'autres solutions non plus. La jeune fille regardait Vidja avec un visage plein de bonté, et de bonne volonté. Elle lui tendit la main, pour montrer qu'elle voulait aider, que c'était sans danger. Et si on commençait par l'emmener dans une maison, où on pourrait la laver et lui trouver des vêtements propres ? Shukar se sentait impliquée, à présent. Sans comprendre pourquoi elle continuait à se comporter aussi gentiment avec la dame, alors que celle-ci venait de la traiter de pute, lui avait balancé une pierre au visage et l'avait aspergée avec son propre sang ... Elle était gentille, pour l'instant. Maintenant, elle était dotée d'une gentillesse, avec des limites.
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