Poudlard lui manquait tellement qu’elle n’avait parlé que de ça à ses parents pendant deux mois. Tout lui manquait, le château avec ses passages secrets, ses fantômes, les banquets dans la Grande salle, les dortoirs, le Quidditch, mais surtout ses amis. Finalement tout sauf les cours. Mais malheureusement pour Andy, personne ne peut y échapper.
Bien sûr, la petite était un peu triste de quitter une nouvelle fois son Ecosse natale, ses amis et sa famille mais elle savait qu’à son retour ils seraient tous là pour l’accueillir de nouveau.

Durant le long voyage rejoignant Coldingham à Londres, la jeune blondinette n’avait pu cacher sa hâte et son excitation à retrouver le monde magique et ce n’était pas la seule.
En effet, son père Edward qui était un grand rêveur ne pensait qu’à une seule chose : retourner dans ce monde qui n’était pas le sien. Afin de faire, comme il le dit si bien, le plein d’inspiration.
Edward et Andy étaient partis très tôt ce matin, afin de faire quelques achats pour la rentrée des classes. Une fois arrivés à Londres ils avaient loué une petite chambre, pas loin des ruelles commerçantes, pour attendre jusqu’au départ de la jeune et future élève de deuxième année.

Les McGildroy avaient les yeux pétillants en retrouvant cette rue, qui en ce week-end de pré-rentrée, n’avait en rien perdu de sa magie. Tout était exactement comme l’année dernière, comme si le temps s'était simplement stoppé, pour recommencer un an plus tard.
Andy avait hâte de faire le tour de toutes les boutiques et d’acheter pleins de trucs absolument inutiles, mais avant de faire le moindre achat, Edward avait besoin de faire un changement de monnaie.
Pour cela il fallait bien évidemment se rendre à Gringotts, la banque des sorciers. Autrement dit un lieu bien ennuyant aux yeux de Andy. Surtout que ces foutus Gobelins n’ont pas le sourire facile. Elle n’y avait mis les pieds qu’une seule fois afin d’y ouvrir un compte et n’avait aucunement envie de renouveler l'expérience. Et encore moins de revoir Holgins, le Gobelin du guichet n°3.
Dans un commun accord avec son père, la jeune fille devait rester sagement dehors, en attendant son retour. Accompagné de son fidèle compagnon Ulysse; un gros matou qui sur le moment n’avait pas fière allure, et qu'elle avait coincé entre ses bras.

Les marches du bâtiment offrait une parfaite vue sur la foule, ce qui arrangeait bien la petite, qui au sol ne voyait rien, hormis des ceintures. On pouvait y voir de nombreux enfants avec leurs parents, courant partout à la recherche des articles demandés, mais aussi des adultes profitant de l’occasion pour croiser d’anciens camarades.  

En parlant d’ancien camarade, la jeune Andy aperçu au loin un visage qu’elle connaissait bien, celui de Seamus Finnigan. L’irlandais avait fraîchement été diplômé de Poudlard et Andy ne pensait pas le revoir de sitôt.
Malgré ses grands gestes de mains, le jeune homme ne semblait pas avoir remarqué l'écossaise, à moins qu’il ne le fasse exprès. La jeune fille qui en avait marre d’attendre son père qui devait certainement avoir trouvé des gens avec qui faire la causette entre deux files d’attente, abandonna son poste afin de se lancer dans la foule, toujours accompagnée de son félin, qui n’avait plus aucune dignité de chat.

Après avoir bousculé trois grands mères et une poussette, la jeune fille arriva enfin au niveau de son ami. L’ancien Gryffondor n’avait pas changé d’un poil, au plus grand plaisir de McGildroy.

“Hey, Seamus ! Tu as passé de bonnes vacances en Ireulande ?”

L’excuse de l’accent ne pourra pas marcher à chaque fois et cette fois c’était bel et bien fait exprès. Mais ne vous en faites pas, c’est de bonne guerre.

Il soupire Seamus. Quand il voit la gamine qui lui fait des signes à plusieurs mètres que lui, il a envie de s'enfuir en courant. Mais il ne le fait pas. Ce serait trop voyant comme réaction. Elle comprendrait qu'il n'a pas forcément envie de lui parler, et ça n'arrangera rien à la situation. À la place, il l'ignore. Il fait comme s'il ne l'avait pas vu. Il ne déteste pas Andy, pas du tout. Comment haïr une Poufsouffle de douze ans qui ne pense pas à mal. Enfin, c'est ce qu'il croit. Il la voit comme une peste au bon fond. Il ne devrait pas pourtant. Son père lui a toujours dit de se méfier. Ne jamais faire confiance aux écossais, ils sont pire que le diable. Il n'a jamais compris pourquoi il lui a dit ça. Mais maintenant qu'il la connaît, elle, le monstre de sa dernière année à Poudlard, il réalise l'ampleur de ces mots. Andy est gentille, une blonde énergique. Andy aime l'embêter, lui demander s'il vient d'une autre planète. Il est irlandais bon sang, pas martiens.

Sa tentative d'évitement est soldée par un échec et la gamine débarque, accompagnée d'une horrible créature. Il n'a jamais été fan des chats Seamus. Pour lui, il n'y a que Nara qui compte. Bien sûr, maintenant, il doit s'habituer aux hiboux, mais sa souris reste le plus grand amour animal de sa vie. Alors forcément, il se méfie de ces félins dangereux qui n'ont qu'un seul rêve : la mettre dans sa bouche pour la croquer. Mais heureusement, Nara est en sécurité à l'appartement, loin du Chemin de Traverse. Mais la rancœur reste.

— C'est Irlande, pas Ireulande.

Première phrase, première reproche. Elle est mignonne Andy, mais elle a l'art de l'énerver. Elle fait exprès de se faire passer pour une idiote à ses yeux. Ça marche souvent, il se fait avoir la plupart du temps. Il marche dans son jeu, s'énerve. C'est ce qu'elle veut, le pire c'est qu'il en a conscience. Mais il n'y peut rien Seamus, il ne supporte pas qu'on écorche le nom de sa terre natale. C'est un sacrilège, ou pire que ça. Mais, il y a pire. Il y a toutes ces questions qui lui donnent envie de faire un meurtre. Il n'est pas réputé pour sa patience, loin de là. Tout le monde sait que son truc à lui, c'est plutôt de mettre fin à la conversation de façon brutale. Sauf qu'un jour, Meredith lui a dit d'être patient avec les plus jeunes. Et que ce jour-là, il s'est mis en tête de l'écouter.

C'est pour ça qu'il se retrouve avec ce monstre digne d'un bouquin de Stephen King sur les bras. Non sérieusement, qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle est trop jeune pour se balader seule au chemin de Traverse. Il se prépare mentalement. De toute évidence, il trop tard pour se mettre à l'ignorer. Et puis, il est du genre à avoir toujours une once d'espoir à son sujet. Du jour au lendemain, elle va peut-être se calmer, quitter son masque de salle gosse chiante pour prendre celui d'une personne raisonnée. De la part de l'Irlandais, c'est assez ironique mais il ne s'en rend pas compte. Se remettre en question, c'est pas spécialement son fort.

— Mais sinon, oui, c'était génial. On a fait des feux de camp avec mes cousins, avec de bonnes bouteilles de whisky, c'était sympa.

Il adore sa famille Seamus. Le côté sorcier est plus amusant que les moldus, mais ils restent sympathiques. Mais c'est sûr que rien ne pourra jamais rivaliser avec toutes ces soirées passées avec les fils de ses tantes, où le but est de prouver qu'ils sont réellement Irlandais pure souche, et qu'ils n'aiment pas juste le whisky pour la frime. Bien sûr, ça se finit forcément avec une gueule de bois, doublé d'une grasse matinée jusqu'à midi avant de recommencer à la tombée de la nuit, le but final étant de tenir la semaine. C'est dans ces moments-là qu'il est heureux que Dean ne soit avec lui. Il serait mort beaucoup trop rapidement.

Mais à ses yeux, la petite blonde ne peut pas comprendre la beauté de cette occupation. Elle est trop jeune, et elle n'est même pas Irlandaise. Il pourrait envisager qu'elle puisse aimer boire plus tard, à cause de ses origines écossaises, mais dans sa vantardise il ne considère pas le peuple de l'autre côté de la mer. Et puis tout le monde le sait, l'alcool c'est pour les Irlandais.

— Et toi tes vacances sinon ? Même s'il s'en fiche pas mal, il sait qu'il n'a pas le choix. Mieux vaut que ça soit lui qui pose les questions, et pas le contraire. C'est un coup à devenir dingue sinon.

L'avantage dans les discussions entre Finnigan et McGildroy, c'est qu'on ignore encore qui est le plus malin des deux. Bien sûr, face aux questions plus que désespérantes de la jeune écossaise, on serait bien tenté de porter notre avis en faveur du garçon. Pourtant, ne serait-ce pas lui qui perd son sang froid à chaque fois face à cet enfant qui le fait de tout évidence exprès ?
Parce que oui, on peut être chiant mais tout de même pas à ce point. Andy se fait un malin plaisir à agacer l'irlandais à chaque fois qu'elle le croise, ayant bien compris que ce dernier avait horreur des questions. Elle en profite donc, à chacune de leurs rencontres pour l'assommer des questions plus ou moins pertinentes. -souvent pas, d'ailleurs.

Mais au fond, elle l'aime bien son Irlandais, cet étranger qui vient d'une autre planète. Celui qui parle comme un routier, celui qui est un peu bizarre, celui qui est un peu son égal en fait. Il est juste de dire que ces deux là se ressemblent beaucoup plus qu'il ne l'avouerait eux-même.

"Le WISKEEY, c'est le Scotch pour les grands-mères !"

Si la jeune fille fait mine de ne pas connaître l'Irlande, elle sait toutefois que ce que boivent Maman et Papa aux repas de familles, c'est le cousin de l'élixir de vie irlandais. A croire qu'ils étaient fais pour se rencontrer. La relation entre Andy et Seamus est en tout point identique à celle de leurs pays. Des cousins lointains, lancés dans une sorte de rivalité amicale et pourtant plus qu'unis quand il s'agit de foutre le bordel.
Parce qu'en termes de conneries, les deux protagonistes ici présents ont du talent à revendre. Tandis que l'un quitte Poudlard, l'autre prend la relève, aucune vacance n'est autorisée aux professeurs du château. Un château qu'elle ne tarderait pas à retrouver après ces si belles vacances.

"Je suis allée à la mer avec Jim et Coline, on a fait du surf. C'était trop drôle ! Vous en faites du surf, en IREULANDE ?"

Andy aime le sport, tous les sports. Courir, nager, voler. C'est un peu sa passion, son domaine de prédilection, a l'image du dicton qui dit que les sportifs sont mauvais en cours. Mais que voulez-vous, on ne peut pas être bon partout ! Certains sont doués pour réfléchir et d'autres pour transpirer. Mais on vous rassure, elle le prend bien.
D'ailleurs, cette année la petite aimerait bien rentrer dans l'équipe de Poufsouffle. En fait elle rêverait même d'en faire sa vie. Payée à voler, payé à faire du sport, que demander de plus quand on s'appelle Andy McGildroy ? C'est un peu le Graal.
La petite avait plein de rêves et avait encore beaucoup de temps pour y réfléchir, contrairement au jeune diplômé, qui lui avait sûrement du déjà choisir un job.

"Tu fiches quoi ici ? Tu es devenu pickpocket ou quoi ?"

C'est difficile pour elle d'imaginer Seamus, le garçon un peu stupide, qu'elle a rencontré dans les couloirs de Poudlard, travailler pour de vrai, comme Papa et Maman. Que pouvait-il bien faire comme boulot ?

Au même moment, Ulysse, le gros chat, avait décidé que les bras d'Andy n'étaient plus un endroit paisible. Non, il décida qu'il était temps de descendre. Un saut absolument pas majestueux et le gros matou posa ses quatre pattes sur le sol.

"Va voir Papa si tu t'ennuies."

Si Ulysse avait des chances de retrouver Monsieur McGildroy, il en était bien moins sur pour Andy, qui de sa hauteur ne voyait que la foule. De toute façon c'était pour le moment plus amusant, pour elle, de discuter avec l'Irlandais que de chercher son père, qui devait actuellement être en extase devant un stand de toupies magiques.

Alors là, il y a de l'abus. Il ne sait pas pourquoi il trouve Andy plus insupportable que d'habitude. Il a pourtant la certitude que rien n'a changé, qu'elle a toujours été chiante avec ses questions et ses remarques ridicules. Pourtant, là, il perd patience plus vite que prévu. Sûrement à cause des vacances. Presque trois mois sans pas la voir, il a perdu l'habitude de la gamine. Ou alors, elle s'est reposée dans l'espoir de le conduire au suicide. La deuxième solution lui paraît soudainement plus probable. Cette fille ne mérite aucunement d'être à Poufsouffle, c'est un véritable démon. Pourtant, tout le monde s'accorde à dire que sous ses airs de gamines hyperactives, elle est vraiment mignonne. À croire qu'il est le seul à voir sa vraie nature. L’écossaise est le diable en personne, avec son accent moche, son amour pour son pays de moutons et ses moqueries envers l'Irlande. Il abuse peut-être un peu Seamus. C'est dans ces moments-là qu'il se dit qu'il a de la chance de garder des hiboux et pas des enfants. Il ne serait pas capable de tenir une seule soirée s'il devait babysitter la petite blonde en face de lui. Bon, il pourrait toujours la mettre devant un de ces jeux vidéo qu'à ramener Dean à l'appartement, mais il n'est pas sûr que son ami apprécie de se voir squatter la télé par cette gamine. Enfin, on parle de Dean. Il jouera sûrement au grand frère et il lui ramènera une tartine pleine de nutella en guise de repas du soir.

Il évite la crise cardiaque de peu. Son regard reste fixé sur l'enfant, sur cette hérétique qui ne sait pas de quoi elle parle. Au bûcher l'écossaise, au bûcher ! Il respire calmement, essaye de reprendre son souffle qui s'est coupé face à ce mensonge qu'elle vient de proférer. Reste calme Seamus, reste calme. Il a envie de tourner les talons, partir et plus jamais lui adresser la parole. Pourtant il reste là. Il est trop choquée pour faire quoi que ce soit. Sérieusement, elle n'a pas osé critiquer le whiskey. Déjà qu'en temps normal, ça l'énerve ces gens qui racontent des bêtises plus grosses qu'eux, comme la supériorité du scotch, mais là c'est pire. Elle n'a sûrement bu aucune des deux boissons. Enfin non, quand même pas. Il a beau haïr les écossais autant que possible, il sait très bien qu'ils ont certains points communs avec les Irlandais et ça ne l'étonnerait même pas que Andy ait piqué des fins de verres ou de bouteilles aux repas de famille. Lui et ses cousins faisaient pareils à son âge.

— Ma grand-mère, elle préfère boire de la pisse de chat plutôt que du scotch ! Le whiskey, ça c'est pour les vrais. Bonjour, histoire vraie. Il se rappelle très clairement avoir entendu sa grand-mère dire ça le jour où une de ses cousines a ramené son copain du moment, un écossais que Grand-mère Finnigan a jeté dehors à coup de balai. Personne ne rivalise avec les Irlandais. Bien sûr qu'on a des plages de surf en Irlande. Tu sais quoi, je t'amènerais à l'occasion, pour que tu vois à quel point tout est mieux qu'en Écosse. Par contre, il ne rentrera pas dans l'eau, parce qu'il ne sait pas surfer. Il a beau être familiarisé avec le concept de honte, il n'a pas envie de se rétamer devant une gamine de douze ans.

Pickpocket, quand même. Il la regarde un peu sans comprendre. Qu'on ne lui dise pas qu'il a la tête de l'emploi, il n'en croira pas un mot. Il est gentil, il paraît presque innocent. Enfin, tant qu'il ne fait pas exploser et se retrouve le visage couvert de cendres. Mais à ce moment-là de la journée, il n'a pas encore fait énormément de magie risquée donc personne n'irait s'imaginer qu'il est un voleur de vieille personne trop fatiguée pour lui courir après. Sérieusement, l'imagination des gamins est presque incompréhensible, surtout de celle-là. Elle a vraiment un problème mental. Il se demande s'il ne devrait pas l'amener d'urgence à Sainte Mangouste quand elle ordonne à son chat de retrouver son père. Dans cette foule. Bon, on aura vraiment tout vu.

— Non. Je passais voir une amie au Chemin de Traverse, vu que c'est mon jour de repos. Tu sais, maintenant que j'ai quitté, je bosse et tout. Il la regarde attentivement pour voir sa réaction. Il ne sait pas pourquoi mais il a la certitude qu'elle ne va pas le croire. Sa propre mère a rigolé au moins cinq minutes quand il lui a dit qu'il comptait travailler, et deux de plus quand il a prononcé les mots surveillance des hiboux. C'est à Pré-au-Lard d'ailleurs, donc on se verra pendant vos sorties. C'est du masochisme mais il n'y peut rien. Il l'apprécie plus qu'il ne le dira jamais, elle est marrante cette petite. Il dirait même qu'elle mériterait une place à Gryffondor, mais Justin et Hannah seraient capables de le taper pour cet affront.

C'est bizarre quand même un irlandais. Des fois, Andy se demandait si son sang était rouge comme le sien, ou s'il mangeait les mêmes choses qu'elle. Cependant, il y avait une chose qui était sûre, c'était qu'un jour elle irait sur une autre planète, chez Seamus, pour manger la bouillie de martiens que sa mère préparerait avec amour. La question n'était pas de savoir si la jeune écossaise croyait vraiment a tout cela, mais plutôt combien de temps elle sera capable d'embêter le pauvre irlandais qui n'avait rien demandé.

McGildroy était un tyran, un tyran avec une gueule d'ange, ce qui la rendait encore plus dangereuse. Que ce soient ses parents, ses professeurs, ses amis (qui n'étaient pas très nombreux), ses ennemis (tellement plus nombreux), aucun n'avait réussit à réellement la canaliser plus d'une heure et elle n'était de toute évidence pas près de s'arrêter au plus grand regret de Ulysses qui avait déjà disparu dans la foule, laissant ainsi les deux compatriotes discutailler sur une soit disant suprématie nationale qui était, comme on pouvait l'attendre d'un Irlandais et d'un Écossais, leur sujet favori. Elle en connaissait bien un autre, mais il était trop stupide ou peut être trop intelligent pour se lancer sur ce sujet.

Boisson, paysage, eau, verdure, accent tout était bon pour se disputer, un jour ils se sont même pris la tête pour savoir lequel des deux pays avait les plus beaux nuages. Si bien qu'aujourd'hui, dans un commun accord, les deux indépendantistes décidèrent de changer de sujet afin d'éviter un scandale en pleine rue.

Travail.

Pour Andy c'était un mot lointain, un mot que seul les adultes utilisaient vraiment, alors bien sûr elle rigola, parce que pour elle Seamus ce n'était pas vraiment un adulte, non c'était seulement son irlandais un peu débile. Pourtant, c'était comme ça la vie après Poudlard, une fois diplômés les enfants devenaient des adultes et travaillait comme leurs parents l'avaient fait avant. Sauf que chez les McGildroy le travail c'était plus un passe-temps qu'un fardeau. En effet, créatrice de mode et écrivain n'étaient pas les boulots les plus fastidieux du monde.

"Toi ? Travailler ! Mais attends, qui aurait pu t'embaucher ?"

Bien que ce soit une blague, Andy avait tout de même du mal à voir dans quoi son ami pourrait travailler et encore moins qui l'aurait recruté. Cela dit, il y avait de fortes chances pour que le jeune homme lui-même l'ignore. La bonne nouvelle, c'est que peu importe le métier, il ne serait pas très loin de Poudlard, permettant ainsi à la jeune fille de le croiser de temps en temps. Parce que oui, l'idée de voir partir Seamus, l'attristait autant que le départ de Justin, elle savait que sans eux, Poudlard serait un peu moins drôle. Dans deux ans il y avait de fortes chances que tous ses pseudo-maîtres aient quitté le château (sauf peut-être Galaad), laissant ainsi la jeune Poufsouffle seule. D'ailleurs elle se promettait de leur faire honneur en suivant leurs traces.

"Oh je pourrais venir ! Tu as une grande maison ? Tu vis avec qui ? Quand je dirais ça aux autres !"

Les autres, ce n'était pas vraiment ses amis. C'était plus des petits chiens qui l'admiraient pour ses contacts, pour son répondant ou pour son talent à s'attirer des ennuis, mais aucun n'était capable de suivre la jeune fille. Parce qu'Andy avait tout pour conquérir le monde, sauf ce qu'elle enviait a Seamus, Justin ou même Jude (bien qu'elle n'en soit pas si sûre) : un ou une meilleure amie.

"Tu ne vas pas m'oublier quand tu feras tes trucs d'adultes ?!"

Les enfants se posent des questions futiles parfois, mais pour eux c'est d'une importance capitale.

Elle est vexante cette gamine, presque blessante. Mais il ne lui en veut pas. Après tout, ce n'est pas vraiment de sa faute si elle ne le voit pas comme un bon travailleur. Il est un peu dans le même cas qu'elle. Il y a quelques mois, il était encore à Poudlard, à se la couler douce dans le dortoir des Gryffondors sans avoir à se soucier du loyer, des factures ou du travail bien fait. Il n'avait qu'à travailler pour avoir ses aspics. S'il avait su, il aurait redoublé comme Isaac. À croire que c'est la bonne chose à faire, rester le plus longtemps dans la douceur réconfortante du château. Maintenant, il le voit juste au loin de son appartement à Pré-au-Lard et il regrette cette époque. Heureusement, il n'est jamais seul. Il a Dean, le génial Dean qui ne l'abandonnera jamais. Et il y a Sybella avec qui il perpétue la domination irlandaise au sein même de leurs collocations.

Il lui ébouriffe les cheveux pour se venger de l'affront qu'elle vient de lui faire. C'est vrai, pour le moment son travail se passe bien. Il n'a pas encore fait exploser de hiboux alors il n'a pas à se plaindre. Dean et lui se sont bien adaptés à la poste, leurs collègues sont gentils avec eux. Ils ont vite compris que c'était leur première expérience dans le monde du travail. Bien sûr, Andy n'est pas la seule à s'être moquée de lui. Il y a Jude aussi, qui fait toujours tout ce qu'il peut pour travailler pendant les vacances, que ce soit en tant que barman ou livreur de journaux. Alors oui, à côté de ce genre de personne, il fait peine à voir à surveiller les hiboux d'une petite poste écossaise. Écossaise surtout. Si ça c'est pas la honte. Cette erreur de parcours va le suivre au moins sur cinq générations, et encore si ce n'est pas plus.

— La poste de Pré-au-Lard. On surveille les hiboux avec Deanou. Tellement peu de classe dans ce métier. Ils s'occupent de piafs, ramassent leurs merdes au risque de s'en recevoir dans les cheveux et leur donnent à manger en se faisant à moitié manger les doigts à chaque fois. Oui, ce métier est ridicule et il l'assume. Totalement. Sauf devant sa grand-mère. Mais ça c'est autre chose. Il préfère aller se baigner nu dans la mer d'Irlande en plein hiver plutôt que de décevoir la matriarche de la famille Finnigan. C'est une question de priorité. Et ça se passe bien. Nos employeurs ont dit que j'étais très qualifié.

Mensonge mais ça la petite Andy ne le saura jamais. Il a juste eu un effort exceptionnel en soin aux créatures magiques à ses aspics, rien de plus. Déjà, ce n'est pas une vraie formation, mais passons. Et puis, Dean est plus doué que lui. Il a une patience naturelle que l'Irlandais n'a ni avec les animaux, ni avec les êtres humains. Et Andy en est la preuve vivante. Même s'il apprécie la petite Poufsouffle, il a beaucoup de mal à la supporter. Surtout sur le long terme. Mais bon, pendant leurs scolarités à Poudlard, il ne l'a vu qu'un an. Et maintenant, elle lui manquerait presque. Comme tous ceux restés dans l'école de Sorcellerie alors qu'il est dans la petite ville juste à côté. Il lui fait un grand sourire en entendant sa demande. C'est une des raisons pour lesquelles ils ont cherché à s'installer à Pré-au-Lard et pas à Londres. Ils voulaient être près pour que tous leurs amis puissent venir les voir.

— Mais bien sûr. Tu demanderas à Jude de t'amener avec lui la prochaine fois qu'il viendra. Et tu viens quand tu veux. Gentil Seamus. Il n'a jamais compris comment Dean faisait pour considérer tous les plus jeunes comme des petits frères ou petites sœurs, mais Andy est différente. Cette gamine est un monstre, et il adore ça. Et puis, je vis avec Dean et Sybella. Alors ça les gênera pas. Ils seront contents de te voir, et tu pourras manger des tartines au nutella. On en piquera dans le pot de Dean.

Mauvaise idée de voler de la pâte à tartiner à son meilleur ami. Il se rappelle le matin où Sybella a eu la bonne idée d'en jeter un à la poubelle sous prétexte que c'est trop gras. Il a cru que l'anglais allait la tuer, et il est parti toute la journée. Bien sûr, Seamus a eu l'intelligence d'aller en acheter deux pots au supermarché, et de dire à Dean que Sybella l'avait accompagné pour se faire pardonner. C'est un peu son rôle dans la collocation après tout, s'arranger pour que personne ne s'entretue. Il ne le supporterait pas, il y tient à ses amis.

— T'es bête Andy. On va pas t'oublier. Surtout qu'on compte venir voir PPS. Il ressent presque de la détresse dans les propos de l'écossaise et ça le blesse plus qu'il ne l'aurait cru. La pauvre petite chose. Elle n'a rien fait pour mériter ça. Elle doit se retrouver toute seule maintenant à Poudlard. C'est vrai qu'avec du recul, il ne se rappelle pas l'avoir réellement vu avec des amis l'année dernière. Elle était toujours avec des personnes plus âgées, dont Justin qui est parti. Et puis, t'as sérieusement pensé qu'on allait devenir des adultes chiants comme Miss Crow ? Faut pas rêver. On est encore jeune dans nos têtes.

C'est vrai. Ils sont un peu des Peter Pan, ils ne veulent pas grandir. C'est cool d'être un enfant. On peut faire des conneries, beaucoup de conneries.

Le métier de Seamus ne faisait théoriquement pas rêver, mais pour une raison étrange Andy le trouvait génial. A ses yeux d'enfants, courir toute la journée derrière des hiboux avec ses amis représentait un très bon avenir. Bien sûr, elle était bien loin de se douter de la difficulté de la tâche, ou même de n'importe quel boulot d'ailleurs. De plus, avec ses parents qui sont des artistes, elle n'avait jamais eu l'exemple type du travailleur et encore moins de responsabilités. De cette façon, Andy, ne voyait pas vraiment quel genre de compétences pouvaient être requises pour surveiller des hiboux, mais elle ne chercha pas à contredire le garçon qui paraissait presque fier par cette information. Le garçon lui ébouriffa les cheveux, comme quand on félicite un petit chiot. En général elle riposte avec un petit coup de pied, mais cette fois elle estimait l'avoir bien mérité.

La jeune Poufsouffle se demandait parfois ce qu'elle voudrait faire après Poudlard, mais à chaque c'est une question sans réponse. Hormis le Quidditch et le cinéma, rien ne passionnait la jeune fille, du moins pas au point d'en faire sa vie. Heureusement pour elle, il lui restait pas mal de temps pour trouver sa voie et se donner les moyens de réussir. Une seule chose était sûre, elle aussi voulait vivre en colocation plus tard, ça semblait tellement amusant. Là encore, elle était loin de connaître toute la vérité.

" Han mais oui, j'adore le Nutella en plus ! Il faut que je lui dise ! D'ailleurs il vient chez moi en Ecosse, l'été prochain !"

De toute manière, McGildroy mangeait absolument tout, c'était un ogre surtout en termes de cochonneries. Andy ne remarqua pas le visage étonné de Seamus à cette dernière nouvelle, on ne serait dire si c'était parce qu'il trouvait étrange une fillette invitant un adolescent chez elle, ou si c'était parce que Jude allait commettre un acte de traîtrise envers l'Irlande. Pourtant, dans la tête de la petite, c'était très simple et sans arrières pensées : deux surfeurs qui se font une petite session, normal quoi. Cela dit, elle connaissait assez bien Seamus, pour savoir qu'il ne se ferait sûrement pas d'idées bizarres, comme l'idiote de Fanny qui avait dit qu'elle était amoureuse de l'asiatique. Une idée dégoûtante dont la petite ne voulait même pas entendre parler, comme elle le disait si bien, l'amour c'est nul.

Enfin l'amour des amoureux, parce que l'amour des amitiés c'était cool et entendre l'irlandais la rassurer lui faisait réellement plaisir. Parfois elle se sentait seule, mais savoir qu'elle pouvait encore compter sur eux la rendait joyeuse.

Tout le monde savait que la jeune McGildroy menait la vie dure à la professeur d'astronomie, faut dire qu'elle allait sûrement l'envoyer en dépression avant sa septième année. Cela dit, cette petite plaisanterie la fit bien rire. D'ailleurs elle espérait ne pas l'avoir de nouveau cette année, histoire de remonter un peu sa moyenne. Avec un peu de chance, l'autre professeur serait peut-être plus réceptif à l'univers de Star Wars.

"Jeune, jeune ça se discute, tu as pris un petit coup de vieux ! En parlant de vieux, tu veux pas m'aider à trouver le mien ?"

Je vous jure qu'elle adorait réellement Seamus. Sale gosse.

Quoi ? Non. Stop. Pause.
Ce n'est pas possible. Il refuse de croire ce qu'on vient de lui dire. La nouvelle lui fait l'effet d'une bombe. Ce n'est juste pas possible. Il connaissait le côté traite des Serpentards, mais pas à ce point-là. Et surtout pas lui. Il avait tellement confiance en son ami. Il lui aurait donné sa vie si c'était pour le bien de leurs causes. Et voilà qu'il le tracassait sans le moindre remords. Et tout ça pour qui ? Pour l'ennemi numéro un. Pour Andy. Sérieusement, qu'est-ce qui lui trouvait à cette fille avec ses cheveux blonds, ses dents bizarres et sa voix de crécelles. Ça y est. Seamus haïssait le monstre. Le pire c'est toutes ces fois où il a expliqué à Dean qu'elle était un suppôt de Satan et qu'il a refusé de le croire. Et pourtant, la preuve est là, devant ses yeux.
Non, sérieusement. Il n'arrive pas à croire que Jude ait accepté d'aller passer ses vacances en Irlande. Le traître. Il allait en entendre parler. Et pas uniquement pas courrier, non. Seamus compte bien se déplacer jusqu'à Lahinch pour voir son ami et lui faire entendre raison. Parce qu'il n'y a aucune bonne raison pouvant pousser un Irlandais à aller en Écosse, ailleurs qu'à Poudlard et Pré-au-Lard. Alors il va gueuler. C'est tout le front de domination des Irlandais qui est remis en cause là. Il a bien fait de prendre Elliot comme vice présidente et pas cet abruti de Serpentard.

— Jude. Écosse. Jude. Mon Jude ? Celui qui a une gueule de chinois mais qu'est Irlandais ? Ce Jude-là. Mon pote à moi. En Écosse. Bravo Andy. Tu as réussi le miracle de casser Seamus. Parce qu'il bug là, l'ancien Gryffondor. Encore plus que la fois où Meredith lui a fait un câlin pour la première fois, plus que lorsque Sybella a accepté d'emménager avec lui. Il est brisé, en mille morceaux. Il ne se remettra jamais de cette trahison hors du commun. L'Écosse . L'ennemi de toujours, de cette lutte acharnée qui ferait passer la guerre froide et ces conneries d'affrontement entre les Etats-Unis et l'URSS pour une dispute de bac à sable. L' Écosse. Je suis sûr que tu l'as menacé, que tu lui fais du chantage. Mon petit Jude n'accepterait jamais de faire une chose pareille de son plein gré.

On lui dit souvent qu'il fait peur Seamus, quand il parle de ses frères adoptifs, de ces Irlandais avec qui il s'entend si bien. Et c'est le cas. Il est trop protecteur, il n'a pas envie qu'ils soient empoissonnés avec ce substitut de whiskey qu'ils appellent scotch. Perdre Jude serait horrible, la fin du monde. Et puis, Sybella serait contente alors juste pour cette raison, il faut stopper les frais. Parce que oui, Seamus n'a aucune envie de voir sa colocataire ravie. Il faut comprendre que c'est une scène d'une violence grave, qui n'est pas recommandée pour les enfants. Dans ce genre de moment, Dean l'appelle la sorcière et malgré ses réticences qui ont pour but de répandre la bonne entente dans leur appartement, il doit avouer qu'il n'a pas tort.

— Bon, je t'amène voir tes parents. Il ne relève même pas la remarque d'Andy. Elle peut le traiter de vieux autant qu'elle veut, il sait qu'il sera toujours plus énergique de Miss Crow. Elle, c'est carrément une grand-mère d'après ce que Andy lui racontait. Lui ne sait pas trop qu'en penser. Il se demande souvent si elle est plus âgé que sa mère, ce qui l'aiderait beaucoup pour la classer dans la catégorie des vieux ou des pseudos vieux. On va jamais les retrouver avec toute cette foule. Ils étaient où quand tu les as abandonné ? À Fleury & Bott ? Dis-moi que c'est là-bas. Je devais passer voir Meredith.

Il ne se balade jamais pour rien dans le Chemin de Traverse Seamus. Enfin, si, mais pas en cette période de l'année. Là, il ne voit rien. Il y a des gens partout qui ne semblent pas vouloir se presser. À croire qu'ils aiment faire les boutiques pendant des heures, se faire marcher sur les pieds. Lui ne rêve que de passer voir son amie, acheter des bières et rentrer les boire affalés sur le canapé avec Dean avant que Sybella rentre de son boulot de stagiaire d'un magazine bidon. Sa nouvelle vie est passionnante après tout.

Diviser pour mieux régner. Cette terrible nouvelle était visiblement un coup dur pour le représentant officiel du front de domination des Irlandais et la jeune fille prenait un réel plaisir à semer la pagaille chez l'ennemi. Aussi jeune soit elle, Andy McGildroy pourrait très bien prendre la tête de la Confrérie secrète des Écossais, une fine équipe de cinglés constitués du gratin national. La guerre entre ces deux nations indépendantistes ne datait pas d'hier. A vrai dire, c'était une véritable tradition que ces deux-là comptaient bien perdurer.

"Ouais, Jude Lynch. Je ne l'ai même pas forcé, il avait même l'air content de venir. Mais ne sois pas jaloux Finnigan, un jour tu viendras toi aussi, j'en suis sûre."

Elle lâcha un petit rire en imaginant son ami au milieu du salon familial, en train de se disputer avec le patriarche de la famille McGildroy. Cela dit, elle n'insista pas plus sur le sujet, ne voulant pas devoir rentrer toute seule. En effet, la petite connaissait assez bien l'ancien Gryffondor pour savoir qu'il était très émotif et qu'il pouvait très bien partir sur un coup de tête, pour l'honneur des Irlandais. Sa grand-mère disait d'ailleurs que c'était un très typique des habitants de cette planète, ça et être stupide.

Non parce que si Andy était fière de son sang écossais, elle ne s'empêchait pas de voyager si l'envie lui en prenait, elle n'était encore jamais allée en Irlande, mais si l'occasion se proposait, elle s'y rendrait avec joie. Déjà en y allant elle pourrait peut-être enfin comprendre ce qui peut les rendre si différents et enfin comme le proverbe le dit si bien : connais ton ennemi et connais toi, toi-même. Cela dit, cette petite guerre était pour Andy un jeu qui prenait de plus en plus d'ampleur et peut-être que dans un demi siècle, ce serait elle la patriarche écossaise tant redoutée.

Pour le moment, elle voulait surtout retrouver son père, ou plutôt ne pas avoir à le chercher toute seule. La Poufsouffle connaissait assez son père pour savoir que ce dernier n'avait pas attendu de la trouver pour se perdre dans les boutiques qui arpentent le Chemin de Traverse.

"Il était à Grigotts tout à l'heure, mais il a sûrement dû sortir. C'est possible qui soit à la librairie, je t'ai déjà dit qu'il était écrivain ?"

Andy ne parlait que très rarement de ses parents, pourtant pour comprendre la petite il suffisait de les rencontrer. En effet, l'enfant était un parfait mélange entre ses deux parents. Elle avait le côté énergique de sa mère et le côté rêveur et cancre de son père. Un père qui était d'ailleurs en train de faire du lèche vitrine, accompagné du gros Ulysse. Ce chat était bien plus efficace en orientation que sa maîtresse. Tandis que les deux amis passèrent devant le grand marchanf de glaces.

"Oh, Seamus ! Je peux avoir une glace ? S'il te plait !"

La petite regarda l'irlandais avec une tête de chien battu, en général il ne tenait pas très longtemps, mais il faut avouer qu'elle n'avait pas été très angélique aujourd'hui.

Il y a des moments où tout devient clair, où on a l'impression d'obtenir la pièce manquante à ce foutu puzzle qui cherche à nous rendre fou depuis des mois. Et c'est un peu son cas, Seamus. Il a le sentiment d'avoir découvert la vérité, le sentiment d'être sorti de cette machination qui a pour but de le rendre fou. Aujourd'hui, il comprend tout. Ou peut-être pas. Il serait toujours incapable d'expliquer pourquoi Dean le tue s'il remplace son nutella par de la confiture fait maison, ou ce qui l'empêche de réussir correctement une potion. Mais au moins, le mystère Andy s'éclaircit. Il s'est demandé pendant des mois comment la jeune écossaise faisait pour être aussi chiante et forcément la réponse vient du métier qu'exerce son père. Lui, quand il imaginait les parents d'Andy, il pensait à un fermier courant toute la journée derrière de stupides moutons. Ça fait peut-être cliché parce qu'elle vient d'un coin pommé d'Écosse et qu'elle a le pire accent qu'il lui a été donné de voir. Alors, si apprendre que son père est un écrivain moldu le choque dans un premier temps, ce sentiment disparaît rapidement pour laisser place à une certitude : il n'a jamais envie d'être coincé dans la même pièce que les parents de la Poufsouffle. Et il ne doit surtout pas oublier de prévenir Jude avant qu'il fasse l'erreur d'accepter son invitation en terre ennemie.

— Ton père est écrivain ? D'accord. Ça explique beaucoup de choses. Et ta mère elle... Il se tait avant d'ajouter une connerie. Parce que même s'il est persuadé que ces deux êtres humains ont donné naissance au diable, il n'est pas du genre à leur montrer de respect sans raison. Elle fait quoi dans la vie ? Et puis, qui sait. Le mystère Andy va peut-être s'éclaircir.

Il attrape donc la main de la jeune fille pour ne pas la perdre. Il ne manquerait que ça, qu'il soit obligé de la chercher partout pendant des heures à cause d'un mouvement de foule qui l'aurait amené loin de lui, ou simplement parce qu'elle se serait éloignée en apercevant un papillon qu'elle aurait décidé de suivre. Parce que même si elle était seule avant de le croiser – et que c'est donc son père qui est en tort total – il se sent en quelques sortes responsable de la petite. Au fond de lui, il se dit qu'elle doit compter sur lui. Et puis, si Justin apprend qu'il l'a abandonné en plein milieu du Chemin de Traverse en pleine période de foule, il est capable de le tuer. Purement et simplement.

Il ne peut pas s'empêcher de soupirer en l'entendant quémander une glace. Qu'est-ce qu'il peut faire dans un cas pareil, si ce n'est accepter de lui payer ce qu'elle veut. Si sa grand-mère le voyait payer une glace à une écossaise, elle serait capable de lui interdire de rentrer à la maison, de le déshériter et de lui interdire d'approcher la bouteille de whiskey aux repas de familles. Mais heureusement, mamie Finnigan n'est plus là, alors il en profite pour faire plaisir à son amie en la tirant vers le salon de glaces de Florian Fortarôme. Parfois, il lui arrive de faire preuve d'une patience qu'il ne soupçonnerait même pas quand il est avec la jeune fille. Comme quoi, les miracles existent.

— Allez, prend ce que tu veux mais on va s'asseoir. J'ai pas envie que tu m'en foutes partout parce que quelqu'un t'a bousculé. Ton père attendra un peu. C'est dans ce genre de moment qu'il aimerait avoir un témoin, qu'il aimerait que Dean soit là pour voir qu'il peut lui aussi se comporter comme un grand frère. Mais bien sûr, il n'y a jamais personne et il abandonne l'idée de raconter ce genre d'exploit. Il lui paye donc sa glace avant de se diriger sur une table. Alors Andy. Pressée de rentrer à Poudlard ?

Il préfère orienter la conversation sur un sujet bateau, un sujet qui ne risque pas de la rendre triste. Parce qu'il a quand même compris qu'elle n'était pas spécialement heureuse de les voir partir, lui et Justin. Alors il préfère lui rappeler qu'elle va retourner à l'école où elle a tous ses amis. Il est gentil Seamus, il pense à elle.

La petite ne comprenait jamais la réaction des gens quand elle disait le métier de ses parents, parce que pour ses yeux d'enfants, elle était le parfait opposée d'eux, enfin surtout de sa mère. Madame McGildroy était le genre de femme ultra indépendante et déterminé qui avait trop longtemps vécu en ville, si bien que le petit village de Coldingham lui semblait à l'instar de la petite et de son père bien ennuyeux. Son métier lui prenait énormément de temps et vivait presque avec un téléphone greffé à l'oreille. Dit comme ça, on pourrait penser que la mère d'Andy n'était pas vraiment concernée par l'éducation de sa fille, pourtant elle était toujours en train de la reprendre et de la protéger, ce qui avait le don d'agacer la petite. Parce que la Poufsouffle détestait la mode plus que tout au monde, parce qu'elle détestait quand sa mère lui faisait essayer ses nouvelles collections ou quand elle devait faire des shootings photos pour de stupides magazines moldus, elle aurait tellement aimé avoir une mère avec un boulot de monsieur et madame tout le monde.

- Ma mère ? Elle est styliste. C'est à cause d'elle que je porte ces trucs moches.

Moche. Ce n'était pas vraiment le terme. L'ennui c'était que la petite était sûrement la seule gamine vêtue ainsi de toute l'école, du coup elle avait l'impression de faire un peu tâche. En fait, parfois elle se disait même que si personne ne venait lui parler, c'était à cause de ses vêtements, mais il y avait de fortes chances que cela ne soit pas l'unique raison. Parce que McGildroy, à l'image de toute sa famille, n'est pas la personne la plus facile à vivre et son futur mari aura sûrement du fil à retordre. Et ce n'était pas Seamus qui allait dire le contraire, en effet s'il y en a bien un qui pouvait témoigner du comportement presque invivable de la petite, c'était bien lui. Pourtant, il ne partait pas, il ne la laissait pas toute seule et mieux encore, il acceptait même de lui payer une glace.

- Oh merci Seamus !! Je voudrais une glace à la vanille et au caramel.


Une fois la glace en main, les deux amis se posèrent un peu à l'écart de la foule afin de déguster en toute sécurité ce petit goûter improvisé. La petite connaissait suffisamment son père pour savoir que ce dernier n'était sûrement pas en train de la chercher, du coup elle pouvait parfaitement prendre son temps pour re-pointer le bout de son nez. Ce qu'elle n'aurait pas pu faire avec sa chère maman, qui en moins de deux minutes aurait déjà appelé une horde de policiers. Enfin, il était temps d'arrêter de penser aux parents, de toute manière comme le disait Seamus dans à peine une journée elle serait à Poudlard loin d'eux.

- Bien sûr, on s'amuse bien là-bas, enfin je crois... Cette année je vais aller dans la forêt interdite, enfin j'aimerais bien que Jude vienne avec moi, j'ai un peu peur de me perdre.

La petite aimait Poudlard, parce que c'était ce qui s'apparentait le plus à la liberté pour elle, mais en même temps, à Coldingham elle avait Jim et Coline pour jouer, alors que dans ce grand château c'était un peu différent. Bien sûr, elle avait encore Jude, Galaad et Isaac, mais c'était loin des amis dont elle avait rêvé en quittant sa campagne. Honnêtement, elle ne savait pas trop comment faire pour que les autres l'apprécient et les seuls élèves de sa promo à qui elle adressait la parole était entre autre, sa pire ennemie et le meilleur ami de cette dernière. Parfois elle se sentait terriblement seule là-bas, mais elle était bien trop fière pour l'avouer.

Au final, il l'aime ce démon blond qui semble apprécié sa glace vanille – caramel. Il l'aime bien plus qu'il l'avouera parce qu'elle est comme un rayon de soleil un peu trop brûlant. Pas celui qui te réchauffe agréablement, celui qui te donne envie de mettre des lunettes de soleil, de la crème de protection et de se cacher sous un chapeau géant. Andy, une Poufsouffle qu'il n'a pas envie de voir dans quelques années mais il sait qu'il le fera. Parce qu'il est curieux, qu'il veut voir ce qu'elle va devenir parce que pour l'instant, on ne peut pas dire que c'est bien parti. Elle semble trop dissipée pour réussir quelque chose, il a peur qu'elle fasse comme certains autres de ses maîtres – c'est-à-dire presque tous sauf Justin et lui – et qu'elle passe sa vie à redoubler. Alors oui, il devrait ne pas y faire un compte, ce qui serait logique vu qu'il passe sa vie à se plaindre de son existence. Mais il en est incapable. Andy c'est un peu la petite sœur qu'il n'a pas eue. Elle est mignonne.

Il rigole, il est touché par la pseudo-détresse de la jeune fille, par la peur qu'elle peut éprouver à aller seule dans la forêt interdite. Elle a douze ans en même temps, on lui a raconté des centaines de choses sur les araignées qui l'habitent, des centaures féroces – bien qu'avec Pan qui se balade à Poudlard, les élèves n'ont plus réellement peur de cette espèce – ou d'autres choses tout ce qu'il y a de plus monstrueux. Mais détail. Il la trouve courageuse, Andy, à vouloir aller dans la forêt à son âge. Même certains Gryffondors ne sont aussi courageux qu'elle à son âge. Et puis, il est persuadé que forcer Jude à l'accompagner ne sera pas difficile. Son ami irlandais cherche toujours à se faire remarquer, à prouver qu'il est plus doué que tout le monde, alors montrer qu'il n'a peur de rien en allant dans la forêt ne devrait pas poser de problèmes.

— Je lui enverrais une lettre pour qu'il y aille avec toi si tu veux. T'auras qu'à lui monter sur le dos si t'en as marre de marcher comme ça. Connerie. Mais il sait que Jude est trop fier pour refuser de porter la petite sur son dos. Il lui sourit, il faudrait qu'il retrouve son père quand même à un moment. Et ça même si elle dit qu'il ne dit pas vraiment s'inquiéter de son absence. Quel boulet. Il se revoit à douze ans, sa mère criant parce qu'il s'éloigne trop en compagnie de Dean pour redécouvrir le Chemin de Traverse. C'est grand la forêt tu sais.

Souvenirs d'une époque révolue, de sa scolarité à Poudlard. Il y est allé lui aussi, dans la forêt. Il a connu la peur de se faire attaquer par tous les côtés parce que ça craint quoi. Mais il est revenu vivant, se vantant d'être aussi courageux que tous les Gryffondors avant lui, souriant fièrement à Dean parce que c'est la vie. C'est drôle. D'un côté, il regrette cette époque, l'insouciance. Il n'avait pas à réfléchir à un futur métier – il ne compte pas s'occuper de fiente de hiboux toute sa vie après tout – pour un loyer stupide qu'ils se démerdent toujours pour baisser un peu plus – en ramenant Sybella dans la troisième chambre à la base prévue pour les amis. La vie était belle à Poudlard, ils se foutaient de tout. Les amis sont plus importants que le reste.

— Et puis de toute façon, s'il refuse c'est pas grave. Même s'il doute que ça arrive. Jude aurait trop peur de se faire charrier à vie parce qu'il a refusé une escapade dans la forêt interdite. T'auras qu'à y aller avec tous tes amis. Une belle bande de seconde année, ça devrait pas s'inquiéter du danger, non ? Il lui arrive presque d'être fraternelle Seamus, de l'encourager à faire des conneries, d'oublier la petite fille insupportable qu'elle est la plupart du temps.

La jeune fille dégustait sa glace comme si la dernière de sa vie en regardant l'épaisse foule déambuler à travers le chemin de travers. Elle se sentait parfaitement bien avec le garçon, même s'il était terriblement plus âgé qu'elle et qu'il était un ennemi pour sa terre natale. L'irlandais avait beau lui dire qu'elle était un monstre et qu'il préférait ne pas la voir, elle savait très bien qu'elle pouvait compter sur lui. Parce qu'il n'était pas si stupide que ça Seamus, il savait écouter, il savait se montrer gentil et parfois même se montrer fraternel. Andy n'avait pas de frère ou de soeur et finalement il était peut-être ce qui ressemblait le plus à un grand-frère pour elle, pour la simple et bonne raison que derrière leurs nombreuses chamailleries se cachait une relation bien plus douce.

Le garçon lui proposait d'envoyer une lettre à Jude pour qu'il l'accompagne dans la forêt, elle avait encore oublié que tous les irlandais formaient une sorte de grande famille et que forcément ils se connaissaient tous deux assez bien. Parfois Andy s'amusait de voir que tous ceux qu'elle considérait comme ses maîtres ou modèles se connaissaient déjà presque tous et elle savait que trop bien qu'en cas de problème elle pourrait compter sur chacun d'entre-eux. A l'instar de ses camarades de classes, avec qui elle ne partageait que très peu de choses. L'écossaise ne se faisait pas d'idée et savait déjà parfaitement qu'aucun deuxième année ne voudra l'accompagner, parce que de toutes manières elle n'était pas fréquentable.

Andy était trop petite. Andy était trop active. Andy était trop bavarde. Andy était trop dissipée. Andy était trop pas comme tout le monde et ça ne plaisait pas, du moins pas aux jeunes de son âge. Parce que la petite plaisait malgré elle aux adultes, ils la trouvaient attendrissante, amusante et pleine d'énergie et elle supposait que c'était sûrement la seule raison pour laquelle l'Irlandais restait assis à côté d'elle dans cette rue, durant une journée si importante.

- Ouais, enfin je ne suis pas sûre que Jude soit d'une grande aide si jamais on se perd.

L'ancien Gryffondor connaissait aussi bien le Serpentard que la jeune McGildroy, enfin du moins assez pour savoir que ce dernier était parfois un véritable boulet et qu'il n'était jamais d'une grande aide, sauf pour s'attirer des ennuis. La petite se moquait de lui, mais elle l'aimait bien Jude, comme elle aimait Seamus. Andy l'enviait presque d'avoir quitté l'école et de pouvoir mener sa petite vie loin des cours avec tous ses amis. Une chose qu'elle n'aura peut-être jamais, parce qu'elle n'avait pas vraiment d'amis et qu'elle n'était pas prête d'avoir ses ASPICS, malgré les bonnes blagues qu'elle pouvait faire à Galaad.

Puis voilà que Seamus se mettait justement à parler de ses amis imaginaires, ceux qu'elle n'avait pas et ceux avec qui elle n'ira pas justement pas dans cette forêt. Parce qu'Andy ne traînait jamais avec les gens de son âge, parce qu'Andy finalement toujours un peu seule, même si presque personne ne s'en doutait. Devant ses parents ou ses amis restés en Écosses elle ne parlait que de Jude, de Justin ou de Galaad, sans jamais dire leurs âges, parce qu'elle ne voulait pas qu'il se fasse du soucis pour elle, mais Seamus c'était différent, elle pouvait lui dire à lui. Il ne se moquerait pas. Il comprendrait peut-être.

- Personne ne voudra venir avec moi dans la forêt. Tu sais Seamus, à part vous je n'ai pas vraiment d'amis à Poudlard, enfin de mon âge j'en ai pas.

La petite ne l'avait jamais dit à personne, parce qu'elle avait peur qu'on se moque d'elle, qu'on lui dise que c'est de sa faute si personne ne l'aime. Finalement, elle avait peur de se prendre la réalité en pleine face, peur de devoir avouer qu'elle était seule et qu'elle se sentait seule dans les murs de ce château qui avait pourtant des airs de liberté pour tous les autres enfants du monde magique.

- Ce n'est pas grave, je n'ai pas besoin d'eux, je peux me débrouiller toute seule.

Un mensonge. Toujours le même mensonge qu'elle se racontait à elle-même, histoire de se sentir un peu moins mal, histoire de ne pas baisser les bras. Seamus avait Dean. Jude avait Balthazar. Justin avait Hannah. Galaad avait Lucas. Isaac avait ... Elle ne savait pas, mais il avait sûrement quelqu'un, parce que tout le monde avait quelqu'un, tout le monde sauf elle. Andy fit un magnifique sourire à son ami, pour lui montrer qu'elle était assez forte, même si c'était faux.

La nouvelle tombe et la seule chose qu'il est capable de faire est de la regarder choqué. Il ne comprend pas, incapable de réaliser toute la profondeur de ce qu'elle vient de lui avouer. Pour lui qui a toujours été entouré durant toute sa scolarité, c'est tout simplement impossible. Elle ne peut pas être seule, elle ne peut pas se retrouver seule face à tous les élèves de son âge. La pauvre petite doit vivre un véritable calvaire et c'est avec cette perception du problème qu'il s'arrête de parler, la regardant presque comme si elle n'était qu'une anomalie. Pourtant c'est toujours Andy qui est en face de lui, la petite écossaise qui malgré son attachement pour le scotch et la mauvaise musique n'est pas si méchante que ça. Il n'irait pas jusqu'à dire que c'est un amour, mais elle est bien loin du côté démoniaque qu'il aborde régulièrement quand la conversation passe sur le sujet Andy Jules McGildroy. Là, il développe même une certaine pitié pour la Poufsouffle qui semble avoir eu beaucoup de mal à lui annoncer la nouvelle. Il ne l'a jamais entendu dire une chose pareille, mais après un an entier passé à Poudlard, ça ne doit pas être nouveau.

Tout le monde a besoin d'amis. C'est une conclusion qui est ancrée depuis bien longtemps chez l'irlandais. Et sans parler d'en avoir des tonnes – bien que lui soit des plus heureux entre les Quatre Fantastiques, Sybella, Meredith ou Fizz – on a tous un meilleur ami qui fait la différence, celui sur qui on peut toujours compter un peu plus. Il a Dean. Hannah a Justin. Sybella a Gaya. Harry a Ron et Hermione. Jude a Balthazar. Mais la petite chose qui mange sa glace en face de lui n'a personne. Elle est seule, comptant pour s'amuser sur la présence de ses maîtres dont deux l'ont déjà abandonné. Les autres ne devraient pas tarder et même si Andy pense le contraire, même Galaad ne pourra à un moment plus redoublé. Et face à ce constat presque morbide, il ne sait pas quoi dire. Il la comprend enfin, la différence entre Dean et lui. C'est dans le rôle de grand frère qu'ils sont le plus différent. Chez son meilleur ami, savoir quoi dire, quoi faire face à ce genre de problème paraît presque inné. Et lui, pauvre fils unique, il se retrouve presque muet. Un an sans s'en rendre compte. Pauvre Andy, elle qui est si joueuse.

Elle en rajoute, prétextant que ce n'est pas grave. Pourtant, il sait. Il est presque sûr de pouvoir sentir la détresse qui émane de ce petit corps d'hyperactive. Andy est seule, définitivement seule. Et lui ne sait toujours pas quoi dire. Il ne sait pas comment se faire des amis. C'est quelque chose de si logique qu'on oublie. C'est des contacts, des atomes crochus avec les gens, une compatibilité au niveau des balls. Et comment au bout d'un an passé à leurs côtés venir les voir pour afficher son existence sans passer pour la meuf chiante. Il a rencontré Dean dans le Poudlard Express, cette question ne l'a jamais effleuré.

— Merde... Andy, je sais pas quoi dire. Il réfléchit, il pense à ce que ses amis diraient. Dean n'aurait jamais ce problème, aucun d'eux d'ailleurs. Hannah ajouterait peut-être qu'elle devrait leur faire des gâteaux mais il n'est pas sûr qu'on devrait laisser à la deuxième année le droit de cuisiner. Tu devrais peut-être aller vers les gens ? Les filles de ton dortoir doivent pas être des monstres. Poufsouffle quand même, ils ne sont pas réputés pour leur méchanceté. Tu devrais faire des blagues ? Travailler ton accent de paysanne, je sais pas ? Je sais pas comment on se fait des amis Andy, je sais pas. Mais tu sais, c'est pas une honte d'avoir personne, c'est triste. Si tu m'en avais parlé à Poudlard, on aurait pu t'aider. Avec Hannah et Justin, on serait allé voir tous les petits Poufsouffles et on te les aurait présentés. On aurait fait en sorte que tu sois pas seule à notre départ. Il ne se rend pas compte à quel point ça peut être honteux. Face à ses enfants de douze ans, il est l'adulte cherchant à agir comme un parent et ce n'est pas le meilleur moyen pour une gamine de se faire des amis qu'arriver entourée de grands. Il est peut-être là le problème, dans les personnes qu'elle a fréquentées. Tu sais, Jude et Galaad sont cool, mais cette année tu devrais peut-être essayer de sympathiser avec des gens de ton âge au lieu de rester avec eux. Je suis sûr que ça va s'arranger. T'es pas si diabolique que ça au final. Et si ça va pas, tu m'envoies une lettre ? Je trouve le moyen de m'infiltrer dans Poudlard quand tu veux et-.

Il s'arrête en entendant quelqu'un crier le nom de sa petite protégé de la rue. Il jette un regard surpris, s'attendant à voir une des personnes nommées précédemment pour finalement apercevoir un adulte, un sac de Fleury et Bott à la main. Alors c'est lui, son père. Il remarque qu'il tient dans son autre bras un chat énorme. C'est définitif, l'animal est plus intelligent que le maître. Enfin, quand il regarde son air pas très malin, il est bien heureux d'avoir une souris. Nara est maligne, affective, elle adore ses câlins et elle ne se fait jamais écrasée quand il se laisse tomber sur son lit, complètement bourré sans voir si elle s'était réfugié sur l'oreiller.

— Monsieur McGildroy ? Il serre la main de l'homme qui est monté sur la terrasse du marchand de glaces pour récupérer sa fille. Et c'est dans ce genre de moment qu'il se félicite de ne pas faire son âge. Ça choquera peut-être moins l'écossais de voir sa fille avec une personne en fin de scolarité qu'avec quelqu'un qui a quitté Poudlard et qui travaille désormais. Je suis un ami d'Andy, désolé si elle vous a perdu, c'est ma faute. On s'était pas vu depuis longtemps et je voulais lui offrir une glace. Il se tourne vers la petite fille. Pas d'amis. Il n'en revient pas. Elle n'a pas pu lui avouer ça comme ça, sur un coup de tête. La pauvre. On se voit à Pré-au-Lard Andy ? Et envoie-moi plein de hiboux pour parler de tu sais quoi si tu veux.