« There’s a little girl waiting in a garden.
She’s going to wait a long while so she’s going to need a lot of hope.
Go to her. Tell her a story »
La lettre de Poudlard était arrivée ce matin quand il dormait encore, c’est sa mère qui était venu le réveiller pour lui tendre les différents parchemins. L’enfant n’avait manifesté aucune trace d’excitation, ni même de joie intense comme c’est le cas pour le plupart et ceci parce qu’il savait. Il avait toujours su qu’il irait à Poudlard, on le lui avait promis dès sa naissance. Si il n’avait rien manifesté ce matin là, c’était à cause d’Adela, sa sœur de deux ans sa cadette. Elle n’aurait pas cette chance, jamais. Pendant un court instant, Wallace se demanda si il ne pouvait pas écrire une lettre au Directeur de Poudlard, pour lu expliquer, lui demander d’accepter Adela, même pour une année seulement.
« Wallace ! » Il se retourna vivement en entendant son prénom, attendant la suite de mots qui ne tarderait pas.
« Pourquoi je ne peux pas venir ? » Elle s’était assise à côté de lui, la mine boudeuse.
« Parce que tu n’as pas assez de magie »« Et si tu m’en donnes un peu, ça irait, non ? » La naïveté dont elle faisait preuve attrista le jeune sorcier.
« Je ne peux pas » Il y avait de l’amertume dans la voix du garçon.
« Moi aussi je veux aller à Poudlard ! Comme toi, et maman et papa » Elle avait croisé les bras, la mine refrognée. Il était clair à présent qu’elle boudait.
« Je… Je t’écrirai une lettre toutes les semaines »« Tu me raconteras tout ce que tu fais ? Même la magie ? » Il hocha la tête dans un mouvement quasi imperceptible, mais il était suffisant pour Adela qui s’était habituée aux expressions si infimes de son frère.
▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ▲ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
« And it's breaking over me, a thousand miles down to the sea bed,
found the place to rest my head.
Never let me go »
« Tiens, tiens, Wallace écrit une lettre. » Fray lui avait arraché le parchemin qu’il était en train d’écrire, renversant l’encrier. Le serpentard se leva immédiatement, bousculant sa chaise au passage.
« Rends moi ça, immédiatement » Le ton impétueux de ces mots indiquaient clairement que la blague n’était pas à son gout.
« Oh. Il semblerait que ce soit une lettre extrêmement personnelle. Une amie à l’extérieure de Poudlard, une moldue ? » Il riait, l’imbécile se moquait de lui. Il n’en fallu pas plus à Wallace pour pointer sa baguette vers son ami. En cet instant il le haïssait, un peu.
« Adela, c’est plutôt joli comme prénom » Le serpentard ne savait pas comment agir. Il pouvait aisément lancer un sortilège à l’encontre de Fray, quelque chose de purement inoffensif mais de suffisamment cuisant pour qu’il cesse son petit jeu ridicule. Le vert et argent abaissa sa baguette, préférant mettre fin à tout ça avant qu’il ne l’égorge pour de bon. Ce fut à ce moment là qu’Emily décida d’entrer dans la bibliothèque. Le garçon leva les yeux vers elle, espérant son aide mais la curiosité maladive de la Serdaigle l’emporta et Wallace se retrouva seul contre ses deux amis.
« Je vous dis à qui elle est adressée si vous me la rendez… sans la lire » Le parchemin lui fut aussitôt rendu.
« Adela est ma sœur » Il fit une pause, n’étant pas certain qu’il voudrait avouer la petite particularité de sa jeune sœur. Il prit une profonde inspiration, essayant de se donner du courage.
« Je lui envoi des lettres car elle ne pourra jamais aller à Poudlard » Voilà, c’était dit, il venait de leur révéler ce petit secret qu’il était parvenu à leur cacher pendant deux années. Il pensait en avoir fini avec les questions mais celles-ci fusèrent immédiatement, autant de la part de Fray que d’Emily, ce qui créa un brouhaha incroyable dans la bibliothèque.
« Je suis déçu, moi qui pensait que tu nous avais caché une petite amie quelque part » Le serpentard se contenta d’un sourire énigmatique.
Poudlard fait certainement parti de ses meilleurs souvenirs, les rares à vrai dire. Wallace était l’un de ces garçons timides de Serpentard, l’un des rares qui ne prenait pas de plaisir à écraser les nés moldus et autres sang-mêlé. C’est peut-être à cause de ce côté ambivalent qu’il devint ami avec Fray et Emily, ces deux Serdaigles. L’amitié qu’il leur portait était si importante qu’il n’aurait jamais supporté de devoir les partager. Ils étaient considérés comme le trio inséparable. Et elles couraient les rumeurs à leur sujet, les murmures mais elles ne semblaient pas toucher le trio qui se fichait éperdument de tout ce que l’on pouvait raconter dans leur dos. Tout n’était que foutaises.
Après ça, ils s’étaient séparés, ils ne pouvaient pas tous étudier au même endroit, l’idée aurait été hautement stupide. Et pourtant, Wallace aurait réellement apprécié cette idée, il avait besoin de ses deux amis. Un besoin viscéral.
▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ▲ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
« Oh boy, your eyes betray what burns inside you »
« Je l’ai embrassé » Il ne s’était pas retourné immédiatement, prenant le temps de digérer l’information que Fray venait de lui annoncer avec une joie trop importante pour que Wallace puisse en supporter ce serait-ce que le quart.
COMMENT ?! Il n’avait pas le droit, il lui appartenait, à lui, seul. L’ancien serpentard s’était lentement tourné vers celui qu’il ne considérait déjà plus comme son ami. Rien sur son visage n’aurait pu indiqué le trouble qui l’habitait en cet instant même, la déception, la haine, et tant d’autres émotions se tordaient là dedans.
« Pourquoi ? » Ce fut l’unique mot qui franchit ses lèvres et c’était mieux, sinon il l’aurait insulté. Son ami ne comprit pas la question, c’est pourquoi il le fit répéter, une chose qui agaça plus encore Wallace.
« Pourquoi Emily ? Pourquoi pas l’une de celles qui te tournaient autour à Poudlard ? » Il était relativement calme, comparé à ce qui l’agitait. Il ne voulait pas l’effrayer, voulait essayer de comprendre comment Fray avait pu tomber amoureux, car c’était bien ça, d’Emily.
« Je ne sais pas… je… je l’aime bien, voilà c’est tout » L’homme s’était rapproché de son ancien camarade, jusqu’à ne plus être qu’à quelques ridicules centimètres de lui.
« Tu n’as pas le droit » Les mots avaient été lâchés avec une froideur sans égale, peut-être même qu’il n’avait jamais employé ce ton devant Fray. Il vit son ami reculer de quelques pas, ce qui lui arracha un rictus.
« Tu sais ce que tu viens de détruire, n’est-ce pas ? » A nouveau il s’approcha, ne voulant pas le laisser fuir aussi facilement. Son ami ne semblait pas comprendre où il venait en venir, pour tout dire, il était effrayé par le comportement de celui-ci.
« Non… m’enfin, si… si tu l’aimes aussi, je… je suis désolé » Il ne comprenait pas, ne comprendrait jamais. Wallace s’était détourné du plus jeune, lui tournant de nouveau le dos, cherchant à masquer ce qui aurait pu le trahir, là, au fond de ses yeux, tapis sous les ombres.
La porte claqua.
Fray murmura t-il mais il ne l’avait pas entendu, ne l’entendrait plus jamais. L’homme s’était adossé au mur, les poings serrés à cause d’une colère sourde qui menaçait d’exploser. Cette colère, mêlée à de la haine et plus encore, une chose qu’il avait tapi au fond de lui, trop loin pour que quelqu’un s’en aperçoive, trop profondément pour que Fray le note, menaçait de le détruire. A partir de cet instant, il ne fut plus question du trio. Les lettres cessèrent d’arriver. Il ne voulait plus entendre parler d’eux, ne désirait qu’une seule chose, qu’ils meurent, rapidement. La trahison dont il avait été l’objet était ingérable pour Wallace. L’idée lui était insupportable.
POURQUOI ? La question revenait sans cesse, le hantant, dévastant sa raison déjà bien vacillante.
▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ▲ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
« You will let me know when those lambs stop screaming, won't you? »
« Mais regardez donc qui voilà, l’allemand veut nous rejoindre » Il leur jeta un regard noir, suffisamment effrayant pour que l’imbécile se taise. Wallace avait une sainte horreur qu’on le nomme de cette façon.
La chute du Seigneur des Ténèbres ébranla le cercle des Mangemorts. La plupart se firent capturer et pour les autres, c’est une longue cavale qui les attendait. Kanzler aurait pu retourner en Allemagne, il y avait encore cette maison que ses parents lui avaient léguée, celle où vivait Adela. Il aurait pu la rejoindre, aurait du mais l’entêtement de l’homme était si fort qu’il préféra rester au Royaume-Unis car une personne le retenait encore ici. Fray Cabble. Wallace ne s’était jamais totalement éloigné de lui, il avait toujours pris soin de se tenir au courant de la vie de celui-ci. Quant aux dernières lettres que Fray et Emily lui envoyèrent, il les garda soigneusement, sans jamais les ouvrir. Puis vint la nouvelle qui tomba tel un couperet, il la refusa, en bloc, niant ce qu’il avait entendu. Ce n’était pas possible, n’est-ce pas ? Il n’en avait pas le droit.
La colère décida pour lui. Il agissait toujours avec raison mais ce soir là, il semblait que Wallace s’était perdu un peu plus loin. Il transplana devant la maison de son ancien ami. Quelle heure était-il ? Deux ou trois heures du matin, ça n’avait plus d’importance pour le mangemort qui ne pouvait pas dormir plus de quatre heures par nuit. Il était là, à quelques mètres seulement de la porte d’entrée, ne sachant pas ce qu’il se passerait, ne sachant pas comment il réagirait. Il perdait peu à peu le contrôle de lui-même. De longues minutes s’écoulèrent avant qu’il ne décide à sonner. Personne. Il frappa durement contre la porte qui s’ouvrit à la volée. Pendant une seconde, il sembla oublier pourquoi il était là. Fray se tenait devant lui, et ça, c’était suffisant pour qu’il reparte.
Non.
« Bonsoir, Fray. Tu te souviens de moi ? » La voix avait cette teinte doucereuse, celle qui masquait si bien la haine.
« Tu sembles étonné de me voir ? » Le ton avait changé, il était glacial à présent, presque menaçant. L’on sentait qu’il était prêt à commettre l’irréparable. Tout chez lui indiquait qu’il n’était pas stable en cet instant. Trop de questions, d’incertitudes.
« Me laisseras tu rentrer ? » Il avait fait un pas en avant, sa main sur la porte, forçant Fray a reculer.
« N-Non, je ne te laisserai pas rentrer chez moi. Pas avant que tu m'aies donné une solide explication ! Tu as idée du sang d'encre qu'on s'est fait pour toi ? Où étais-tu passé, bon sang ? »Il avait ce sourire effrayant, ou plutôt une terrible grimace, qui déformait son masque de neutralité.
« Je vois que ça ne vous a pas empêché de vaquer à... d'autres occupations. Comment comptez-vous l'appeler ? Suis-je désigné d'office comme étant son futur parain ? » Wallace avait fait un nouveau pas en avant, prenant l’ascendant sur celui qui tentait tant bien que mal de le menacer de sa baguette. Il ne ferait rien contre lui, il le savait, il n’en était pas capable. Wallace avait songé à ce moment des centaines de fois, il avait imaginé ce qu’il se passerait mais il n’avait certainement pas pensé à la rage qui gronderait en lui, à la haine qui le ferait trembler et plus encore, à cet autre sentiment qu’il avait tant refoulé parce que Fray était son ami, le sien, il n’appartenait à personne d’autre.
« Tu nous a laissé tant d'années sans nouvelles. On pensait que tu avais... disparu pour de bon. » Il arqua un sourcil devant la stupidité évidente des propos de l’ancien serdaigle. Alors voilà, c’était tout ? Il n’avait même pas cherché à le retrouver ? Il pensait qu’il était mort, ou emprisonné à Azkaban ? Kanzler prit sa baguette en main, avec une terrible lenteur, sans pour autant la diriger vers celui qui ne comprenait plus rien. En cet instant, Wallace n’était plus capable de réfléchir calmement, tout semblait se mélanger dans son esprit, des souvenirs de Poudlard, des lettres, il n’y avait plus rien de cohérent, rien pour le rattacher à la réalité. Il ferma les yeux, chassant ces images, essayant de reprendre pied.
« Adieu Fray » Les mots n’avaient été qu’un murmure, précédant alors le terrible sortilège qui vint s’abattre sur Fray. L’obscurité disparue pendant un temps, laissant place à une lumière verte, si vive qu’elle aveugla le mangemort puis il n’y eu plus rien. Le silence. Le corps inerte. Sa main n’avait pas tremblé, ses mots avaient été clairs. Il n’y avait pas eu une seule seconde d’hésitation. Il devait le faire. L’éloigner d’elle, pour toujours. L’éloigner de tous. L’homme baissa les yeux vers le corps sans vie, imprégnant cette image dans son esprit.
Un seul élément, infime, était en train de le trahir.
Ses yeux.
▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ▲ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
« You know when sometimes you meet someone so beautiful…and then you actually talk to them and five minutes later they're as dull as a brick? Then there's other people, when you meet them you think, 'Not bad. They're okay.' And then you get to know them and…and their face just sort of becomes them. Like their personality's written all over it. And they just turn into something so beautiful »
« C’est toi qui l’a tué » Lâcha t-elle sans aucune cérémonie. Elle savait, l’avait deviné à travers les lettres qu’il lui envoyait encore.
« Non » « Tu peux mentir aux autres mais tu n’as jamais su avec moi » Une once de sourire sembla percer sur son visage pour finalement disparaître aussitôt.
« Pourquoi ? N’était-il pas mieux loin de toi plutôt que mort ? » Mort. Anéanti. Il n’utilisait jamais ce mot pour parler de Fray, refusant l’évidence, niant son geste.
« Tu ne peux pas posséder les gens Wallace. Ils ne sont pas des morceaux de pates à modeler que tu peux façonner selon tes désirs. Tu ne peux pas leur imposer tes désirs » Il lui tournait le dos, essayant d’éviter cette conversation à laquelle il ne voulait plus participer. Adela voyait en lui comme dans un livre ouvert, c’était effrayant pour celui qui avait mis des années à élever des murs autour de lui.
« Il m’a trahi. Ils m’ont trahi » Lâcha t-il avec véhémence.
« Tu le voulais pour toi, uniquement pour toi. Je le sais. Tu as toujours été comme ça, à ne jamais prêter tes… jouets » Il ne pouvait plus rien nier devant elle.
QUOTES. Doctor Who ; Florence + The Machine ; Woodkid ; Silence des Agneaux