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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Lun 27 Oct 2014 - 19:12 |
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| Paris est une joie.
Le ciel rougeoie, le soleil se couche. Deux grandes tours se découpent dans l'azur, immenses et imperturbables. Du haut de ses siècles d'existence, forte des milliers de bras qu'elle a mobilisé et des dizaines d'hommes qu'elle a tué à la tâche pour se dresser, fière, grande maîtresse historique d'une métropole mondiale, Notre-Dame sonne huit heures. Mila se tient devant elle, inspirant goulûment l'air frais de Paris, le carillon des vieilles cloches tintant à ses oreilles. Paris, la France – elle y a vécu un total de huit mois, et en garde de très bons souvenirs. La ville lui plaît, la langue lui plaît ; tout ici transpire une élégance pointue et naturelle, qui n'a jamais su se trouver de rivale. Londres est trop rustique, Moscou trop brillante et Berlin trop sérieuse : mais Paris, vraiment, est belle. Tout simplement, avec une évidence emplie de suffisance, belle. Et le simple fait d'y être lui enchante les yeux et le cœur.
Mila est d'excellente humeur aujourd'hui, et il y a une raison à cela. Ce n'est pas grâce à sa journée de travail, somme toute assez barbante, qu'elle a principalement consacré à la traduction d'un traité suédois sur la régulation de l'import de niffleurs en Scandinavie – les pauvres ont des problèmes de surpopulation. Ce n'est pas non plus dû au simple fait de voyager, ce qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps, et qui lui manquait cruellement. Pas plus que ce n'est dû à la perspective d'une mission d'assassinat, raison de sa présence ici, ce genre de chose ne lui faisant en soi ni chaud ni froid. Non, rien de tout ça. La raison de sa joie s'appelle Wallace Kanzler. Wallace est le conservateur du Muséum National de l'Evolution Magique à Londres. Wallace est un Mangemort. Wallace et grand, froid, impressionnant, et surtout Wallace l'intrigue. Elle l'observe souvent, lors des réunions, du coin de l'œil, essayant de deviner ce qui peut bien lui passer par la tête. Elle observe beaucoup de gens, bien sûr, mais lui – lui, c'est particulier, il titille sa curiosité. Il n'est pas simple à cerner. Les autres, la plupart du temps, leurs seules attitudes les trahissent, et il suffit de les regarder quelques secondes pour savoir à quoi s'en tenir. Pas Wallace. Il reste imperturbable, bloc de glace brut et sans la moindre aspérité à laquelle s'accrocher, poli, courtois, mais secret. Elle ne lui a jamais adressé que des salutations, des mots automatiques, rien qui ne puisse aider à mieux l'identifier, à mieux le comprendre. Comprendre : voila le mot. Mila veut comprendre. Il y a un bon million de choses qu'elle aimerai comprendre sur cette planète, et Wallace en fait partie. Elle n'apprécie pas l'idée qu'il lui reste inconnu. Cette paire d'yeux d'ébène, qui scrutent tout mystérieusement sans jamais se trahir, elle aimerai pouvoir voir au travers. Parce qu'elle a l'intime conviction qu'elle y trouverai quelque chose d'intéressant. Et aujourd'hui, fruit du hasard ou du destin, c'est avec lui qu'elle se retrouve couplée pour un meurtre. Elle est ravie. Il n'y a rien de mieux que Paris, rien de mieux que n'importe quelle ville étrangère pour découvrir quelqu'un. On est obligé de faire avec l'autre, obligé d'avancer ensemble, sinon on se perd, on se retrouve isolé dans un environnement inconnu. Bien sûr, elle ne doute pas qu'elle s'en sortirai très bien toute seule, et que lui aussi : mais pour une collaboration obligatoire, ils allaient devoir faire les choses à deux. Ce serait parfait – elle allait pouvoir satisfaire sa curiosité. Comprendre. Qui il est, ce qu'il fait. Elle examinerai ses gestes, et puis, elle trouverait bien un moyen de le faire parler.
Elle lui avait envoyé par hibou un mot simple, courtois, qui ne trahissait pas grand-chose : Retrouvez-moi devant la Cathédrale Notre-Dame, à vingt heures. Bon voyage. Signé de son nom complet, Mila Anastasia Alexandrova. Rien de plus, rien de moins ; elle n'allait pas écrire de roman pour en dire si peu à un homme qu'elle ne connaissait pas encore. Notre-Dame était un lieu connu, identifiable, qu'elle appréciait : l'art moldu était emprunt d'une majesté et d'une force que la magie, qui simplifie bien trop les choses, ne pourrait jamais obtenir. Elle tente d'imaginer toute la minutie, toute l'abnégation qu'il avait fallut à ces êtres sans magie pour mettre sur pied ce géant de pierre. Ça la dépassait, cette capacité à faire autant avec si peu. Elle avait du mal à comprendre comment et pourquoi autant de sorciers étaient incapables de reconnaître, même en assumant leur haine pour eux, que les moldus étaient tout de même plein de ressources. Des moldus : c'est justement ce qu'ils allaient devoir tuer. Des fouineurs un peu trop au courant, qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, dommage pour eux. On a donné aux deux Mangemorts leur adresse, et certifié qu'ils y seraient sans se douter de leur venue. Ils avaient donc relativement le temps : jusqu'au lendemain matin, s'il le fallait. Mais elle avait voulu arriver plus tôt pour profiter de la ville, et puis elle ne connaissait pas les méthodes de Wallace. Peut-être qu'il voudrait expédier la mission, peut-être qu'il voudrait prendre son temps. Elle le laisserait faire, elle-même n'avait pas de protocole particulier, l'important étant l'efficacité. Et puis il était son aîné, alors elle devait, par respect, lui accorder un minimum de marge de manœuvre.
Mila attend donc, face à Notre-Dame, emmitouflée dans un long manteau noir pour couper la route au vent qui souffle doucement dans ses cheveux bruns. Elle attend, sans impatience, sereine, ravie d'être là. Il n'y a plus grand monde dans les rues, le soleil décline, et la nuit arrive, pleine de promesses. |
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Lun 27 Oct 2014 - 22:31 |
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| the streetlights become hundreds of ghosts going home
Des évènements, des nouvelles qui enrayent l’horloge du temps, font basculer la ligne et perturbent tous les plans. C’est là que sont créés les points fixes, ceux sur lesquels même un retourneur de temps n’a aucune emprise. Ce soir est l’un de ces jours singuliers comme il les apprécie, et tout comme il les craint. La mission déroge à son emploi du temps, elle bouscule une planification parfaite. Abandonner le musée, rentrer, traduire de nouveaux ouvrages. C’est une simplicité qui en étonnerait plus d’un – eux qui pensent que mangemort signifie avoir du sang perpétuellement sur les mains, que la mort est le lot de chaque nuit. Pauvres imbéciles croyant toutes les fantaisies. Ce soir diffère. Les clés du musée sont confiées à une personne de confiance, et il pourfend l’obscurité naissante afin de rentrer chez lui, de changer l’apparence pour s’adapter à ce qui est demandé pour ce soir. Le costume devient grenat, revêt une matière plus éclatante, impeccable. Tuer ne demande pas de grossièreté. Sombre manteau qui recouvre les épaules, délaissant la cape pour parcourir une ville dont il connaît encore si peu de choses. Lui le sang pur. Le mot reçu quelques heures plus tôt est posé sur la table de la cuisine. Retrouvez-moi devant la Cathédrale Notre-Dame, à vingt heures. Bon voyage. L’écriture est observée, disséquée et un sourire ricoche à l’idée de retrouver cette inconnue dont il n’avait pour le moment pu obtenir que le nom. Mlle Alexandrova, ministère de la Magie. Les informations auraient pu être obtenues de la bouche de connaissances, mais l’aura de mystère qui l’entoure, il veut la percer lui-même. Retrouver des petits curieux, leur crever les yeux, c’est une mission secondaire. Ce soir, il est question de mettre un terme à une obsession qui dure depuis trop longtemps.
Paris. Une ville qu’il n’a fréquenté qu’à une seule reprise, une ville qu’il a apprécié mais dont il n’a gardé que peu de souvenirs. Reste l’impression vivace d’une somptueuse chapelle baignée par la lumière. Et Notre-Dame ? Les yeux se ferment pour visualiser l’intérieur, dénombrer le nombre de travées, reconnaître les voûtes et les gisants. Les détails reviennent en mémoire, se mélangent et l’architecture prend vie dans sa mémoire. C’est à peine un bruit qui précède la disparition du sorcier, une fuite de Londres et l’instant d’après, l’arrivée se fait à Paris, à l’intérieur même du monument religieux. Dix neuf-heures quarante-cinq. En avance. La vie a déserté le monument. Plus de touriste, de religieux, juste un silence apaisant. D’un claquement de doigts il allume les bougies, fait virevolter les ombres sur les murs, courir les flammes qui rendent gloire à l’édifice moldu. Le sorcier prend place sur un banc, et pendant un temps, il oublie tout, bascule la tête en arrière et prend la mesure de l’œuvre. Grandiloquente, incroyable. « Vous étiez capable de chef d’œuvre, pourquoi ne plus construire d’aussi grandes beautés ? » Les mots sont un murmure qui se répercutent contre les murs, font écho dans l’immensité. Que les moldus aient été capables d’un travail aussi titanesque l’étonnera toujours, pour autant, le mépris existe – la haine envers ces gens qui crèvent de curiosité et surtout de peur. Son intérêt n’est porté qu’aux œuvres et artistes, les autres peuvent rejoindre un cercueil. « Ils ne sont pas si différents » lui dirait sa sœur, elle qui s’intéresse au monde, elle qui veut tout comprendre. Enfant naïve. L’image est balayée d’un revers de la main, et les ambres s’ouvrent, capturent à nouveau l’environnement. Il est temps.
Les portes s’ouvrent vers l’extérieur à l’aide d’un simple alohomora, entrée qui est frappée d’un tympan qu’il se promet d’observer plus tard. Sa complice de meurtre est là, devant lui, et l’image le trouble toujours autant. Quel âge avez-vous mademoiselle Alexandrova ? Il faut être une vélane pour posséder cette aura incroyable, peut-être trop grande pour vous, comme ce manteau dans lequel vous vous cachez maladroitement. Les mots sont un silence alors qu’il avance dans le froid parisien. « Vous auriez du choisir St-Denis, le chœur est épatant, mais Notre-Dame possède son charme… » Les mots, la syntaxe, tout est parfait mais l’accent dénote un héritage allemand, d’une subtilité singulière. Le français lui échappe aisément, si complexe comme langue. « Bonsoir Mademoiselle Alexandrova… » Inclinaison du buste, d’un mouvement gracile, si propre à son rang de sang pur. « Puisque vous sommes compagnons de la mort pour cette nuit, je suggère d’employer nos prénoms » Le velours enrobe les paroles, d’une voix qui a repris l’anglais pour manier les mots avec aisance. « Je préfère vous prévenir immédiatement. Je ne compte pas courir les rues de Paris à la recherche de la vermine que nous devons traquer. Pour ça, nous avons le temps, et pour le moment, nous devons rejoindre l’opéra » Les paroles jouent avec les énigmes. Un ballet dont il a pris connaissance quelques heures plus tôt, un classique dont il veut profiter, ne surtout pas ignorer. La fuite s'amorce dans les rues. |
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Mar 28 Oct 2014 - 23:53 |
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| Il est tard, et les portes massives de la gigantesque cathédrale sont closes pour la nuit. Elle se rappelle une de ses lectures, qui date de l'époque où elle étudiait encore la langue – un écrivain moldu français, Victor Hugo. Notre-Dame de Paris. Désormais, le droit d'asile est depuis longtemps aboli, et jamais plus Esméralda ne viendra se réfugier dans les bras de l'archidiacre. C'en est presque triste. Une fois les portes closes, plus rien ne rentre ni ne sort, et tous les mystères restent enfermés à l'intérieur. Mais ce soir, devant elle, les portes s'ouvrent. Et un mystère apparaît sur leur seuil. L'arrivée grandiloquente de Wallace Kanzler la fait doucement sourire ; il ne se refuse rien. Il transplane dans un lieu sacré, dans ce qu'elle sait être la maison d'un dieu, et en ouvre les portes comme s'il était chez lui. Se prendrait-il pour un envoyé céleste ? Beaucoup de Mangemorts penseraient ainsi : ils n'ouvriraient les grandes portes closes du temple moldu, avec force fracas, que pour montrer toute l'étendue de leurs pouvoirs. Pour profaner, aux yeux de tous, le saint des saints. Mais à ce moment, il n'y a pas un badaud pour le voir arriver : le parvis de la cathédrale est vide, la nuit tombe, plus personne ne regarde. Il n'y a qu'elle en face de lui. La scène lui fait penser à un simulacre de mariage, sans le moindre témoin, et en sens inverse. On n'avance pas vers la chapelle, on la quitte. Et on n'épouse pas une personne qu'on a choisie et que l'on connaît par coeur, mais on découvre, pour la toute première fois, un inconnu parfait. Elle l'a toujours vu portant des costumes, chose inhabituelle chez les sorciers, et aujourd'hui ne déroge pas à la règle – il est rouge sombre. Comme du sang, pense-t-elle distraitement, avant de scruter son visage. Il est comme dans son souvenir, et ses yeux sont toujours aussi noirs. Il n'est pas banal, et elle a du mal à savoir si elle le trouve beau ou non. Charismatique, ça oui, sans aucun doute ; il dégage une aura que peu peuvent se vanter de posséder. Si beauté il y a, elle se révélera, plus tard, plus belle et plus profonde que celle de n'importe quel visage dessiné selon le nombre d'or. Pour l'instant le mystère est toujours complet – mais il est là, devant elle. À portée de main. Mila bout d'excitation.
C'est en français que Wallace s'adresse à elle pour la première fois, indiquant sa préférence pour Saint-Denis. Cela la surprend, agréablement. Ce n'est visiblement pas sa langue maternelle, et elle perçoit, malgré la grammaire irréprochable de la phrase, un rythme hasardeux, preuve que l'idiome n'est pas pleinement acquis. Il apprend encore, se dit-elle. C'est bien. Ça montre une volonté d'érudition, ça montre une curiosité qui lui plaît, puisqu'elle l'a aussi. C'est très bien. Puis il salue, l'appelle Mademoiselle en s'inclinant, toujours aussi poli, toujours aussi courtois. Et tandis qu'il prononce Alexandrova, elle met enfin le doigt sur cette petite inflexion dans la voix, cet accent qu'elle reconnaît, et qu'elle aurait pu déduire par son simple patronyme. Monsieur Kanzler, dit-elle en français en guise de bonjour. Elle incline légèrement la tête, comme une révérence gracile qui ne supporte ni genou baissé, ni regard au sol. Elle le fixe, et elle sourit. Elle sait que la nature même de son visage rendra ce sourire doux, et même tendre, sans qu'elle y puisse quoi que ce soit. En anglais, d'une voix profonde et suave qui conserve un accent, il suggère l'emploi des prénoms. À votre guise, Wallace, continue-t-elle dans la langue de Molière. Mais vous avez un très beau français, pourquoi nous en priver ? Même si, je crois pouvoir deviner que… un déclic s'opère dans son cerveau, automatique et bien rodé, et la langue employée change : vous préférez peut-être l'allemand ? C'est désormais ainsi qu'elle s'exprime : l'accent du Mangemort ne l'a pas trompé. Son allemand à elle se teinte d'une nuance étrangement slave, témoignage de son apprentissage de la langue par un précepteur venu de l'Est. Elle aime ce langage (en même temps, existe-t-il un dialecte au monde qu'elle n'apprécie pas ?) pour cet étrange mélange de rudesse et de douceur : pour ne pas sonner trop agressif, l'allemand doit parler doucement, presque murmurer, peser chacun de ses mots. C'est la langue des discours, la langue des débats : il faut la manier avec précaution.
Puis Wallace formule un avertissement, qui n'en est pas vraiment un. Au fur et à mesure que les mots défilent, son intérêt augmente, et sa curiosité s'accroît. Nous devons aller à l'opéra. Nous devons. Une nécessité, une évidence – il n'est pas question d'en discuter. Il ne propose pas d'y aller, il impose. Il a tout prévu. Mila est surprise sans vraiment l'être. La formulation est tellement naturelle, tout semble si simple, tout semble permis. Elle n'a pas envie d'opposer de résistance, elle ne trouve rien à redire, parce que cela l'enchante véritablement. Elle aime l'opéra, les ballets, tout ce qui a trait à la grandeur de l'art – l'a-t-il deviné ? Et même si les salles de Moscou sont, à son avis, les plus belles du monde, le Palais Garnier possède cette beauté parisienne, exquise, qui le rend incontournable. Y aller avec lui. Elle ne le connaît pas, il ne la connaît pas – mais elle ne saurait refuser une telle perspective. C'est si spontané, c'est si plaisant. Sa curiosité la dévore. Oui, bien sûr qu'elle ira. Bien sûr. Nous devons ? dit-elle dans un sourire, et toujours en allemand. Vous aviez donc prévu tout cela à l'avance ? Et sans même me prévenir ? Vous prenez un risque. Je pourrais refuser. Elle commence cependant à marcher avec lui, à s'éloigner de Notre-Dame, lieu de leur rencontre, pour se diriger vers le grand Opéra, suivant son programme sans rechigner. Et tandis qu'ils s'enfoncent dans les rues parisiennes, elle demande : quelle pièce va-t-on voir ? Sa voix est presque enfantine, avec toujours une sonorité joyeuse en fond. Elle accepte. Elle se laissera guider, le laissera prendre les rênes. Elle se dit qu'il a une idée derrière la tête – elle veut savoir ce que c'est. Curieusement, elle lui fait confiance ; elle ne devrait pas, elle ne le connaît pas, c'est un Mangemort et un tueur. Mais après tout, elle aussi. Elle ne saurait véritablement définir ce qu'il dégage, mais c'est quelque chose qui lui plaît. La perspective d'une soirée au Palais Garnier est enchanteresse, et sa compagnie ne gâche rien – au contraire. Bien au contraire. |
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Mer 29 Oct 2014 - 9:19 |
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| L’empereur déroge à la règle, fracasse les portes sacrées, sort en triomphe d’un monument dont la grandeur est conquise. C’est un blasphème hurle une conscience qu’il range dans un pan de l’architecture nébuleuse de son cerveau. Il n’y a rien qu’il ne puisse piétiner. Rien qui ne peut faire barrière. Le manteau non boutonné claque dans le vent à mesure qu’il s’approche, déjoue les ombres pour voir ce visage qu’il a toujours entraperçu. Fascinant. Mila fait parti de ces rares êtres qu’il observe, dissèque avant de tenter une approche, eux les obsessions, eux les folies. Luciole volage qu’on ne peut capturer que du regard. Il lui invente mille vies, à elle dont les paroles se sont toujours résumées à quelques politesses, à elle où toujours il est resté éloigné. Wallace lui est reconnaissant qu’elle adopte la même courtoisie que lui, qu’elle ne cherche pas le contact. Une politesse abrégée. La surprise s’évoque dans le regard, d’une lueur qui ne flotte que quelques secondes en entendant le français parfait, de l’élégance de l’accent qu’il ne possède pas. « Mon français est imparfait, comme les autres langues » L’anglais l’est moins avec les années. Ne reste qu’un italien bancal qu’il parle lorsque l’alcool draine ses veines. Une ombre de sourire se faufile sur les lèvres en comprenant le jeu. Interprète pour le Ministère. Maîtrise absolue de plusieurs langues. Pourtant, il s’étonne d’entendre une langue devenue rare. « L’allemand n’est pas pour les connaissances… peut-être plus tard » L’anglais reprend ses droits. La langue maternelle est un privilège qu’il accorde à peu de personnes. Sa sœur premièrement, et puis, il y avait Cabble a qui parfois il prononçait des paroles allemandes, tout en sachant qu’il n’en comprendrait pas un mot. Une langue pour ceux qu’il juge dignes, pour eux les intimes. L’intonation est plus mordante qu’il ne l’a souhaité, trop froide, comme le vent qui ronge la chair du cou, se fraye un chemin sous l’écharpe qu’il resserre.
Homme fourbe, vile créature ayant tendu un piège à la fausse innocence. « Mauvaise formulation » D’un sourire il reprend les termes pourtant choisis avec soin. Oui nous devons, venez avec moi. La politesse veut qu’il propose, qu’il suggère une invitation plutôt que d’engager une réponse positive. Pas de refus pour Wallace, jamais. Une personne lui a t-elle seulement dit ‘’non’’ ? Oui, et celui-ci est mort, à son grand regret. Fray. Fray. Le visage se tord d’une expression indéchiffrable, piégé entre la douleur et le regret, entre le désarroi et la colère. Comme un claquement de doigts et l’impassible reprend ses droits, d’un visage dénué de tout, si ce n’est un rictus au coin des lèvres. « Acceptez-vous de m’accompagner ? Si la réponse est non, je devrais vous trouver une remplaçante, ce qui serait déplaisant » D’un mot il dévoile les intentions, d’un mot il présente l’intérêt. D’ordinaire, la solitude est sa compagne, le besoin d’autrui ne se fait pas ressentir, surtout pour l’opéra qui n’est qu’un concours de paons. Eux et la perfection bafouée de failles. Wallace devine toujours les méfaits de chaque couple, eux et les mensonges. Ce soir, il entre dans la danse, présentera lui aussi une femme à son bras. Femme. Est-il encore capable de ressentir un ersatz d’émotion à leur égard ? Mila prouve que oui. Il suffit d’une énigme pour bousculer les convictions. « Paris est un cliché, je persiste dans cette idée. Le Lac des Cygnes ? Un classique, peut-être l’avez vous déjà vu, mais j’ose espérer que l’interprétation sera grandiose, sinon je serai dans l’obligation de mettre un terme à la vie du créateur » Le dépit teinte la voix. Ce n’est pas une menace jetée au vent, mais bien des paroles qui deviendront acte si la déception vient à dominer à la fin de la représentation. Un moldu de moins, la perte n’est pas importante. Les pas s’éloignent doucement du parvis de la cathédrale. « Nous aurions pu tuer la vermine, rentrer et n’échanger que quelques politesses. Mais tout ça, c’est répéter le schéma que nous suivons depuis trop de temps » Un regard qu’il jette vers celle qui marche à ses côtés. Eux le couple portant la mort entre leurs doigts. « Nous pouvons abandonner l’opéra pour une tout autre idée, proposez » Les commandes viennent de lui, jamais les décisions ne sont confiées à autrui, ne laisser aucun libre arbitre, créer des marionnettes, implanter des fils. Pas avec elle. Wallace retourne le plateau d’échecs, présente une nouvelle partie. « Paris est une ville que je ne connais pas, quelques souvenirs, mais ils ne sont pas suffisants, alors pardonnez-moi d’offrir l’opéra plutôt qu’un lieu inédit » La sincérité des mots. Le labyrinthe est imparfait dans sa mémoire. La ville se cartographie avec difficulté. « Le français, c’est une conséquence de votre emploi au Ministère ? » Ou avez-vous vécu ici pendant un temps ? Suggère la question. Sa curiosité se dévoile par les questions, lui qui souvent se contente du silence, il daigne enfin prononcer plus de six mots à celle qui est encore une inconnue. La France, ce n’est que quelques mois dans sa vie, le temps d’un battement de cœur, d’une ébauche sentimentale et plus rien.
« La mission, doit-on les tuer ? J’ose espérer que la mort ne vous effraie pas. Probablement vous ont-ils déjà tous prévenu à mon sujet, ils se plaisent à créer une image monstrueuse » Peintre de la mort, surnom qu’on lui a attribué quelques années plus tôt lorsqu’il prenait encore le temps d’apprécier ces instants, lorsqu’il jouait avec la faucheuse, refusant de lui vendre les âmes trop tôt. Ce soir, il ne s’empresse pas d’aller à la rencontre des futurs cadavres. Ce soir, il y a plus important, elle la figure qui déambule à ses côtés. D’une Seine qu’ils traversent, d’autres rues et le bâtiment abritant le Louvre se dessine au grès de quelques lampadaires. « Si vous pouviez emprunter une œuvre au Louvre, laquelle choisiriez-vous ? » Voler est plus exact comme terme. Une question qui existe pour tous les musées.
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Jeu 30 Oct 2014 - 1:21 |
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| Il refuse l'allemand, d'une voix plus froide que tout ce qu'il a laissé sortir de sa bouche jusqu'à maintenant. Ils ne sont pas assez intimes pour que Mila se projette ainsi dans le cercle plus personnel de son histoire ; la langue maternelle, celle de toute une enfance, a un statut spécial. Elle ne partage pas ce genre de réflexions, et se demande si elle l'a froissé. Touché. Agacé. Ou quoi que ce soit. Pour elle, les langues sont un outil de travail autant qu'une passion : elle n'accorde d'attachement particulier à aucune d'entre elles. Même le russe, qui l'a accompagné toutes ses jeunes années, qui fut parlée par tout un pan de sa famille dont elle prend soin de ne jamais remuer le souvenir, n'est désormais qu'un idiome comme les autres. Wallace, lui, y tient. Pourquoi pas, après tout – ce serait un jeu supplémentaire. Alors soit, elle se contenterai de l'anglais, pour le moment. Elle accepte l'idée, avec placidité et curiosité. Y a-t-il quelque chose derrière tout cela ? À quel stade de l'intimité accepte-t-il de converser dans sa langue maternelle ? De nouvelles questions, qui viennent rejoindre le bouquet, déjà bien fourni, de ses interrogations sur Monsieur Kanzler. Il nie son hypothèse dans un sourire, il n'a rien ordonné. L'emploi de l'impératif ne serait du qu'à une mauvaise formulation. C'est au tour de Mila de sourire : je n'y crois pas. Vous ne me semblez pas homme à mal formuler vos propos. C'est un compliment à double tranchant : si c'est vrai, alors il lui ment, si c'est faux, alors elle se trompe en le considérant comme plus habile qu'il ne l'est. Elle pense qu'il n'y a aucune erreur là-dedans, et que le verbe devoir, l'ordre, sont des choses qui lui viennent naturellement. On ne doit pas souvent le contredire. À cette pensée, le côté espiègle de Mila s'éveille, comme un chat qui a repéré une pelote : ce serait drôle d'essayer. Est-ce qu'elle serait capable de lui tenir tête ? Peut-être. Ça dépend de lui. Ça dépend pour quoi. Ça dépend comment.
Finalement il reformule, en quelque chose de plus cordial, de plus officiel, et lui pose la question. Mais de toute évidence, il préférerai que la réponse soit oui : cela fait apparaître un léger sourire de satisfaction sur les commissures des lèvres de la jeune femme. Une satisfaction qui étrangement la touche : cela lui fait profondément plaisir. Elle n'est pas la seule à porter de l'intérêt à l'autre. J'accepte. Je n'aimerai pas voir une autre que moi aller à l'opéra. Avec vous, pense-t-elle sans le dire – peut-être qu'il le devinerait. Elle l'avait ce soir avec elle, pour elle, et n'avait aucune envie de le laisser filer. Le classique d'entre tous les classiques est joué ce soir : le Lac des Cygnes. Bien sûr qu'elle le connaît, presque par cœur, et elle ne s'en lasse toujours pas. Lorsqu'il parle de tuer le metteur en scène si la pièce ne correspond pas à ses attentes, elle a doucement envie de rire. Pas parce qu'elle ne l'en croit pas capable, mais pour cette grandiloquence qui refait surface, dont elle avait déjà eu la preuve lors de son arrivée théâtrale. Wallace se drape d'une cape de toute-puissance, montre qu'il est et se sait supérieur à tous, et plus particulièrement aux moldus. Cela ne l'afflige ni ne l'impressionne : d'ailleurs elle ne se moque pas, pas vraiment. Ça ne lui déplait pas, ça l'intrigue : elle préfère un trop-plein d'arrogance à une modestie fade et sans ambition. Je l'ai déjà vu, au Bolchoï, dit-elle. La représentation parisienne ne vaudra certainement pas la perfection des ballets russes, mais je ne pense pas qu'il y ai la moindre raison de vous salir les mains inutilement. Ce n'est pas un reproche, ce n'est pas une mise en garde – c'est une simple constatation. Elle-même, si elle en vient à détester la pièce, ne voudra pas naturellement aller jusqu'à en tuer le créateur. Mais elle n'ira pas non plus jusqu'à s'y opposer – s'il veut mettre sa menace à exécution, grand bien lui fasse. C'est seulement s'ils sont en désaccord sur la qualité du spectacle qu'elle essaiera de l'en dissuader.
Un schéma qu'ils suivent depuis trop de temps, dit-il. Celui de l'esquive, de la relation purement professionnelle, de l'intérêt toujours dissimulé. Il veut que cela cesse, ce soir. Elle ne sait trop que dire – ça la ravit autant que ça la surprend. La surprend, à cause de l'évidence du propos. Car c'est sa pensée à elle qu'il énonce ici, presque comme elle aurait pu le dire elle-même. L'a-t-il vu l'observer ? En tout cas, elle ne l'a pas vu faire – n'y faisait pas attention – et cela la touche délicieusement. Oui, bien trop de temps, dit-t-elle dans un souffle, comme un aveu. Que dire d'autre ? Elle est d'accord avec lui, elle ne voit rien à ajouter. Peu de mots valent mieux que de trop longs discours, et elle le pense capable de percevoir tout ce que peut contenir une si courte phrase. Il pousse la galanterie jusqu'à lui laisser le choix d'une autre activité, et s'excuse même de son ignorance au sujet de la ville. Elle sent que pour lui, ce n'est pas banal : lui qui semblait si décidé il y a quelques instants, voila qu'il se rétracte et lui donne la parole. Pour elle il s'amadoue, et elle y est sensible. Ne vous excusez pas, l'Opéra est une valeur sûre, c'est un bon choix. Et puis, ne pas connaître la ville, ça vous laisse le plaisir de la découvrir. Son regard se fait pensif et flou, et sa voix se teinte d'une douce nostalgie : j'y ai vécu, quand j'étais plus jeune – enfin, encore plus jeune que maintenant. Mais ce que j'y ai fait ne vous plairait pas, je pense : j'ai mieux connu les catacombes que la surface ! Elle sourit largement, amusée, de ce sourire tendre et franc qu'offre son visage sans même lui demander son avis. Elle avait vingt ans lors de son arrivée ici : à l'époque, elle sortait tard le soir, était rarement chez elle, zonait dans des endroits inédits, rencontrait des gens parfois peu recommandables sans se soucier de quoi que ce soit. Et les catacombes étaient un vrai repère à sorciers, une ville sous la ville : elle y a même souvent dormi. Vu et vécu des choses qui la font encore frissonner aujourd'hui. C'était l'aventure, la jeunesse : certes, elle a à peine trente ans, mais le goût de ces expériences-là lui est passé. Maintenant, elle aime le luxe, et l'idée de dormir sous terre, dans une salle froide et humide, la répugne. Elle préfère l'Opéra, plus beau, plus propre, plus riche, plus brillant. Tellement plus approprié pour Wallace et pour elle. Je dirais plutôt que mon emploi au Ministère est une conséquence de mon français, répond-t-elle lorsqu'il pose la question. Je suis restée huit mois à Paris, pour pratiquer et perfectionner ce que j'avais déjà appris plus tôt, dans mon enfance. Ensuite je suis allée à Berlin. Puis Stockholm. Puis Madrid. Et tout s'est enchaîné assez naturellement. Elle commence à se laisser découvrir, à le laisser entrevoir qui elle est, ce qu'elle fait, ce qu'elle a vécu. Elle se pose les même questions à son sujet : et vous ? Le travail de conservateur nécessite-t-il l'apprentissage de la langue de Delacroix ? Elle s'interroge réellement : doit-il maîtriser les bases pour pouvoir converser avec des collègues étrangers ? Elle n'est pas interprète dans le privé, alors elle ne sait pas si ses confrères sont employés dans ce type de situation. C'est quelque chose qui lui plairait bien, à elle.
Après une question sur l'art, une question sur la mort. Le meurtre, et la sanglante réputation du grand Mangemort qui marche à côté d'elle. Elle a entendu beaucoup de choses, bien sûr – on lui a dit, lorsqu'on a su qu'elle tuerait en sa compagnie, qu'il ne fallait pas qu'elle ait l'estomac trop sensible. Bien sûr, c'est exagéré, c'est dit sur le ton de la raillerie, mais elle sait qu'une énorme part de vérité se taille dans le mythe. Peintre de la mort, si elle se rappelle bien ce surnom de mauvais goût. On dirait le titre choc d'un journal d'investigation de bas étage. Oui, nous devons les tuer, à nous de choisir la méthode, nous avons carte blanche. Et Wallace, voyons, réfléchissez. Je ne serai pas Mangemort si la mort m'effrayait. C'est taquin, léger : c'est une petite pique joyeusement condescendante, qu'elle énonce avec le sourire. Puis elle se fait interrogative, comme une enfant face à un conteur d'histoires : vous prenez vraiment plaisir à tuer ? Je veux dire, à mettre en scène, à faire souffrir ? Son ton est terriblement curieux, presque innocent. Je n'aime pas croire à de simples rumeurs, je préfère questionner les légendes, quand je le peux. La légende, ce n'est pas lui en personne, il n'est pas un de ces personnages que l'on cite et dont on connaît tous la vie. La légende, c'est plutôt tout ces racontars dont on lui a fait part, ces ragots qu'on colporte entre hommes en noirs, comme ses collègues du ministère racontent leurs déboires avec leurs supérieurs autour de la machine à café. Elle s'en méfie, mais en même temps ça la fascine. Ça agite sa curiosité.
Le Louvre se dessine en face d'eux, sa pyramide de verre reflétant les derniers rayons orangés du soleil. Encore une fois, pure beauté parisienne, éclatante dans l'air frais du soir. Ce qu'elle aimerai y emprunter ? Je crois que je prendrai tout, murmure-t-elle sans vraiment réfléchir, obnubilée par la beauté du lieu. Vous ? Que choisirai de voler un conservateur aux mains tâchées de sang dans un musée moldu ? La Joconde, l'œuvre la plus mythique qui soit ? La Victoire de Samothrace, statue massive et insolemment conquérante ? Le Sacre de Napoléon, symbole de toute la puissance qu'un seul et unique homme peut acquérir ? Il y a tellement de possibilités, tellement de chef-d'œuvres dans ce bâtiment, et a connaissance de Wallace en la matière doit largement dépasser la sienne. Elle ne sait que choisir, mais peut-être que lui, il saura. |
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Jeu 30 Oct 2014 - 11:36 |
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| Ce n’est qu’un sourire qui répond aux paroles de Mila, pas de mots qui sortent de la bouche pour affirmer les propos. Non il ne se trompe jamais dans la formulation de ses phrases. Tout est pensé, calculé, décortiqué. C’est un schéma complexe qu’il établi, d’une partie d’échecs qu’il maîtrise de bout en bout sans jamais laisser d’espoir à l’adversaire. Ici, pas de notion de duel, pas encore. Kanzler ne connaît aucun adversaire, et les rares ayant pu le défier ne sont plus là. Mila s’érige doucement vers cette notion, mais sans le côté défaite que connaissent les autres. Elle n’est pas l’adversaire, mais la complice dans une partie à échelle humaine. Nous devons. Compliment déguisé qu’il entend, mais la lame est tranchante, un double sens. « J'accepte. Je n'aimerai pas voir une autre que moi aller à l'opéra » Le jeu des mots, il devine ce qu’elle ne prononce pas. Avec vous. Lui n’imagine pas choisir au hasard, capturer un visage et demander, cela ne se fait pas de cette façon. Elle, c’est une question depuis des mois, une énigme qu’il n’a pas encore déchiffrée. Wallace a besoin de connaître, de comprendre ce qu’il se cache derrière un visage sans âge. « Je ne saurai proposer à une autre que vous » C’est délicat, mais empreint d’une possessivité, qu’il n’a pas encore marqué. A lui. Les relations fonctionnent dangereusement. Ce qu’il considère comme fascinant lui appartient jusqu’au percement du mystère, ensuite il rejette, détruit. La différence se trouve à son regard.
Le nom du monument russe attise sa curiosité. Il ne devrait pas être surpris des paroles. Elle l’interprète, elle qui court à travers le monde. Mais les intéressés par l’art sont devenus une rareté qu’il ne peut pas négliger. L’opéra est le plus renié par les sorciers, eux qui sont incapables d’en produire, eux qui ne peuvent qu’observer ce que les moldus ont imaginé. Cela, il ne peut pas l’enlever aux inférieurs – leur imagination, les créations et tous ces petits mécanismes pour donner l’illusion du réel. Épatant. « Paris est une ville fière, qui refuse de voir le reste du monde, alors le ballet sera certainement à son image, mais malheureusement jamais à l’égal de ce que vous avez pu voir, c’est certain » Paris et son arrogance, Paris et son illusion notoire. Chaque ville est empreinte par un caractère singulier et cette capitale française reflète ce qu’il tolère difficilement – eux et une fierté trop imposante.
« C’est tout de même regrettable d’attendre une mission afin d’établir une connaissance » Les mots sont pour lui. Cette mission est une bénédiction, car peut-être que sans cela il n’aurait jamais adressé la parole à Mila aurait continué de se contenter de leurs échanges cordiaux. Les autres y verraient de la timidité, non, juste une peur viscérale d’être déçu par l’obsession. C’est tout le problème avec sa façon d’appréhender les gens : certains sont érigés sur un piédestal, certains sont perçus comme similaires, mais ceux-là, ils sont observé de loin, pour que l’image ne soit pas brisée. Wallace vit avec les histoires qu’il leur façonne, car la déception n’est pas tolérable. Et Mila ? Elle se montre épatante, d’une similarité qu’il n’aurait pas imaginé.
Lui laisser le choix, lui laisser l’opportunité de décider c’est un fait rare. Kanzler dirige les vies, maîtrise chaque personne – fin marionnettiste. Le choix est aboli avec chaque connaissance, il impose les directives, écoute les avis d’une oreille distraite. La raison, il pense la posséder, pas les autres. Ce soir est différent. « Une ville s’appréhende mieux la nuit » Le jour est pour les habitants et les touristes, le soir, c’est différent, il faut jouer avec les ombres, se débarrasser de la peur. Lui aime les labyrinthes qu’il doit déjouer, ces architectures qu’il doit reproduire mentalement pour se souvenir. Un rictus se loge au coin des lèvres face à la formulation choisi. Ne vous plairai pas. « Je n’ai aucun avis à émettre sur votre vie passée… » Ce n’est pas froid, ce n’est pas une colère, juste un constat. Kanzler n’a aucun droit de juger le passé d’autrui, le sien est suffisamment chaotique pour qu’il se permette une telle erreur. Son regard accroche celui de Mila un instant lorsqu’elle évoque les catacombes, cette ville indépendante, là où réside une foule sorcière qu’il a côtoyée pendant un temps – des années de cela, des souvenirs qu’il croyait perdu. « … mais je suis surpris que vous connaissiez cet endroit, enfin, ces galeries abritées par une population sorcière en déclin » De quelques mots, il évoque sa connaissance de ce lieu. Une fréquentation maigre, entre son départ de l’Allemagne et l’arrivée en Angleterre, un laps de quelques mois passés en France. Une sorte de rêverie funeste où par instants il en a oublié son nom. Souvenirs écorchés.
Les villes qu’elle évoque sont incroyables. Mais cela est le fruit de son métier, pour autant, il peut y discerner un soupçon de passion là-dedans, dans le fait de toujours voguer d’un pays à l’autre. « Anglais, allemand, suédois, espagnol et… russe » Le russe, il le devine au nom, mais peut-être qu’il fait fausse route, qu’importe. « Existe t-il une langue que vous ne maitrisez pas ? » D’un italien hésitant, il prononce les mots, pour s’amuser d’une langue que peut-être elle ne connaît pas, ce dont il doute. La capacité à maîtriser autant de mots l’étonne. « Je jalouse votre métier » C’est une confidence, d’une murmure qu’il prononce en se penchant doucement vers elle et d’un autre mouvement il reprend leur distance. Et lui, est-ce qu’il a appris le français pour son métier ? « Non » C’est une réponse froide, mais la voix ne s’y prête pas, toujours emprunte du velours, de quelques étincelles joyeuses. Le français n’a jamais été une nécessité pour son poste de conservateur, c’est certainement un plus, mais ça n’a jamais été une obligation. « Le français est une conséquence des rencontres que j’ai pu faire » évoquer le passé, il n’en est jamais capable. Doit-il parler de Camille ? Doit-il évoquer les rares personnes qu’il a connues ? Non. Qu’il ait appris le français pour elle n’a aucune importance. Wallace préfère mettre un terme à la question.
D’une pique qu’elle prononce, il pourrait être agacé qu’elle se permette cela, qu’avec lui elle ose, mais c’est tout ce qu’il attend, du défi. L’écrasement des esprits devant lui n’est plus distrayant, c’est d’une bataille dont il a besoin et il sent qu’elle en est capable – capable de mettre la peur de côté pour l’affronter. « Vous serez étonnée de savoir combien de mangemorts sont incapables de tuer » Un constat établi avec les années, eux les enfants qu’on lui a envoyés, eux qui ont été confrontés à la souffrance, eux qui n’ont pu achever l’agonie. Des dizaines qu’ils sont à ne pas pouvoir regarder la mort en face. Soldats de paille. « Je vous prête plusieurs âges, par instant je pense que c’est votre premier meurtre et à d’autres, que vous êtes habituée à côtoyer la mort » Avec quelques mots il évoque la curiosité qu’elle représente. Vingt ans ou une dizaine de plus ? Mais tout est balayé par d’autres interrogations. La souffrance, et la mort. Les thèmes sont toujours les mêmes. La fissure qui fend les lèvres se veut curieuse, d’un Chat de Cheshire qui en sait de trop, ne veut pas tout évoquer immédiatement. « C’est une question complexe. On ne peut pas résumer la mort et la souffrance à un simple ressenti. Le plaisir, c’est du sadisme, n’est-ce pas ? Je n’emploie jamais le sort de mort, pour le reste, vous verrez plus tard » L’avada a été banni depuis le premier meurtre, depuis Fray, depuis cette erreur qu’il ne parvient pas à chasser. La mort, il l’orchestre savamment. Pas de boucherie comme on peut le prétendre, pas de grandes effusions de sang, juste des tableaux, des mises en scène.
Il s’attendait à avoir le nom d’une œuvre, probablement des plus connues, mais la réponse l’amuse. Tout. D’un mouvement il pivote vers elle, observe le jeu d’ombres sur le visage. Porcelaine intrigante. Un geste s’amorce dans le noir, mais il se ravise, et la main retombe le long du corps. « Le tableau que personne ne voit, celui qui fait face à la Joconde… » Toile immense dont il a le souvenir. Noces de Cana qu’on délaisse pour admirer un tableau qui n’est qu’une vulgaire copie. Il ne souhaite pas emprunter ce qui ravie des milliers d’ignares, la Joconde, La Liberté de Delacroix, tout ça, il leur laisse. « Et certainement que le Verrou de Fragonard quitterait lui aussi les murs mornes de ce musée » D’autres toiles auraient pu être évoquées, mais il choisit encore avec soin, comme des intentions qu’il déploie à travers des images. « Jusqu’à quelle heure ai-je le privilège de votre présence ? » Est-ce qu’une fois le meurtre achevé vous allez disparaître ? Est-ce que tout va se résumer à cela ? Les pas reprennent en direction du Palais Garnier qui est encore éloigné d’eux. Marcher dans la nuit, vêtir le manteau délicat, il ne peut s’en passer, mais le temps joue contre eux. L’horloge s’affole, pas une minute de retard n’est tolérée. Sans prévenir Mila, sa main attrape le poignet avec délicatesse, et il l’entraîne. Transplaner. Ils sont à présent une rue avant l’opéra et d’un geste il se recule, mais ne s’excuse pas…
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: Je n'aime pas mes rêves, mais je les raconte ; et j'aime ceux des autres quand on me les montre.
ϟ ÂGE : 40 ϟ FONCTION : représentante et interprète au Ministère de la Coopération Magique Internationale ; est aussi Mangemort. ϟ AVATAR : Natalia Vodianova.
ϟ LIENS : day & night & all these things between.
| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Ven 31 Oct 2014 - 1:35 |
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| Il esquive son piège par un sourire, et elle reconnaît le bon coup, le fair-play. Il ne s'est pas vexé, l'a vue, l'a acceptée, doucement reçue et immédiatement oubliée, cette petite pique ; bien joué. Il ne se départit ni de son calme, ni de sa galanterie, et botte en touche. Elle garde la satisfaction d'avoir touché, et lui n'en prend pas ombrage. Elle sent que le jeu se met en place, qu'ils vont se chercher, se tester l'un l'autre pour évaluer leurs niveaux, et prendre plaisir à jouer contre un adversaire estimé. Comme des échecs ? Oui, c'est ainsi qu'elle se le représente, ce jeu. Complexe, satisfaisant pour l'intellect et l'ego. Quelque chose qui lui plait, à elle, et certainement à lui aussi. Nulle autre qu'elle pour Wallace. Elle le sait, il l'a dit, et elle se surprend à ne déjà plus s'en étonner. Pour elle aussi, en cet instant, il ne saurait être remplacé : qui d'autre ? Qui d'autre aurait eu l'idée d'un opéra avant un massacre en bonne et due forme ? Qui d'autre pourrait-elle vouloir ? Beaucoup d'hommes diraient oui si elle leur demandait, ce serait facile, mais ce soir – ce soir est le soir de Wallace. Leur soir, déjà entamé, et qui s'annonce exquis. Alors elle ne fait que lui sourire en réponse, encore une fois, un sourire qu'il saura interpréter, elle le sait. Il exprime son avis sur Paris – ville trop arrogante à son goût. Paris a raison d'être fière, lui répond-t-elle, en matière de beauté, d'élégance, elle est inégalable. Ce qui lui déplaît à lui, lui plaît à elle : la capitale française a su entrer dans la légende et se créer une place dans l'inconscient collectif de chacun, justement parce qu'elle refuse de laisser tomber la haute opinion qu'elle a d'elle-même. Elle veut briller, elle persévère dans cette quête, et elle y arrive haut la main – et cela, Mila l'admire. Elle-même serait comme Paris, à toujours se croire (se savoir ?) au dessus des autres, à n'avoir de comptes à rendre qu'à elle-même. Elle veut pouvoir être fière, être mieux que tout le reste. Le reste, d'ailleurs, est-ce qu'elle s'en soucie ? Non, pas vraiment, dans le fond. Elle veut être fière d'elle-même, pour elle même. Paris aussi. Mais c'est vrai que Moscou, pour ce qui est des ballets et du faste, n'a pas la moindre rivale. Moscou est belle d'une autre manière, d'une manière plus grandiloquente, plus éclatante, pleine de dorures et de mises en scènes théâtrales. La capitale russe conserve dans son cœur une place particulière, pour la neige, les gens, la folie qui y règne et la magie toujours présente, froide et entêtante. Très différente d'ici. Wallace regrette de ne l'avoir pas connue plus tôt – et cela, encore une fois, la touche. Elle aime qu'on lui porte de l'intérêt, surtout lui, lui qui semble si froid et qui marche sur tout, comme Hannibal marchait sur l'Italie, jadis. Pourtant, elle a envie de crier à qui la faute ?, de le blâmer, tout en sachant que c'est aussi la sienne. Elle ne sait pas pourquoi elle n'est pas allée le voir plus tôt. Timidité ? Non, oui, peut-être… Manque d'occasion valable, certainement. Elle ne savait pas comment faire, pressentait que la rencontre devait avoir lieu quelque part, dans un contexte particulier, pas juste en tant qu'inconnus qui ne se parlent que par défaut. Il y avait quelque chose, dès le début, qu'elle a voulu préserver. Attendre que cela pousse, mûrisse, pour croquer dedans pile au bon moment. Il ne faut pas tout gâcher, ne surtout pas aller trop vite, utiliser l'attente comme un stimulant. Elle l'a longtemps attendu, ce moment, et maintenant qu'il est là elle le savoure, elle l'apprécie à sa juste valeur. Comme c'est bon, comme c'est doux, comme c'est satisfaisant. L'attente a du bon, je trouve. La rencontre n'en devient que plus belle. Oui, la rencontre est belle, et Wallace ne la déçoit pas, loin de là. Il est comme elle a voulu qu'il soit, il a ce beau sens caché qu'elle espérait de tout cœur voir, connaître. Et elle le lui avoue, qu'elle est heureuse de l'avoir là, auprès d'elle. Que la rencontre est belle. Qu'elle l'apprécie déjà.
Il la surprend en lui avouant, à demi-mot, connaître les catacombes. C'est drôle, elle l'imagine plus grandir dans un cadre de vie confortable, sans trop de remous, et ne pas s'aventurer ailleurs que dans les grands et luxueux bâtiments qui décorent son quotidien. Elle le sait sang-pur, et le nom de Kanzler lui rappelle vaguement quelque chose de ses années à Berlin. Son port de tête, ses costumes, ses goûts : le luxe lui semble être familier. D'où vient-il ? Qu'a-t-il fait de sa vie, qu'a-t-il pu connaître, haïr, aimer ? Elle n'osera pas lui poser la question avant longtemps, si elle la lui pose un jour. Ça l'intrigue, mais il y a assez de substance et d'intérêt en Wallace seul pour qu'elle laisse son passé de côté. Le présent est déjà suffisamment captivant. Elle répond à son interrogation, et complète : c'était, et c'est sans doute toujours, un endroit extraordinaire. J'y passait la plus grande partie de mon temps libre, et je ne m'y suis jamais ennuyée : on découvrait des pièces incroyables, des cachots hantés, on se battait, on dansait, on inventait tout un monde et toute une société… C'était merveilleux. Ses yeux brillent lorsqu'elle parle de cela, et même si désormais elle sait que cette époque est révolue, elle l'aime toujours avec autant d'ardeur. La vie libre, sauvage, sans attaches. Le "on" n'est que grammatical, il ne symbolise personne en particulier – elle ne se rappelle d'aucun nom, presque d'aucun visage. Elle a partagé le lit de certains hommes, a vécu des choses incroyables avec eux, a ri, appris en leur compagnie, mais au final ça aurait pu être n'importe qui d'autre ç'aurait été pareil. À l'époque, elle se fichait de tout ça. Maintenant moins, il y a des visages qui la frappent, des personnes qui la marquent. Wallace en fait partie.
Il énonce toute les langues qu'elle parle, et devine le russe, en dernier. Par les indices qu'elle a laissé dans ses paroles, sûrement par son nom – elle approuve d'un simple sourire. Puis ce sont de drôles de mots qui sortent de sa bouche, et elle reconnaît, mâtiné d'un accent allemand, l'italien. Intérieurement, elle a une grimace contrariée : elle ne parle pas cette langue. Elle s'est pourtant promise de l'apprendre, mais voila, pour le moment elle ne le comprend pas. Ça l'agace, elle n'aime pas ne pas savoir, devoir montrer que sa connaissance a des limites. Qu'est-il en train de dire ? C'est une question, et elle essaie d'en deviner les mots, qui sont semblables aux autres langues latines qu'elle connaît, le français et l'espagnol ; mais rien n'y fait, elle ne peut traduire. Vous ne me battrez pas à ce jeu-là, dit-elle en russe, d'une voix où perce une légère irritation, plus pour elle-même que pour lui – encore que, parle-t-il russe ? Elle prend le pari que non. Il la calme vite, cependant, en avouant doucement être jaloux de son travail. Elle laisse tomber son ego, et le regarde, lui, le conservateur de renom. Un sourire mutin réapparaît sur son visage : je ne pense pas que ça vous plairait. Il faut savoir obéir, s'effacer dans l'ombre de personnes plus importantes que soi. Travailler dans un bureau la majeure partie de l'année, obéir au ministre sans discuter. Se plier aux règles. Vous en seriez capable ? Elle ne pense pas. Mila aime obéir, elle aime participer au bon déroulement des choses, quelles qu'elles soient. Pour elle, ce travail est idéal : mais Wallace lui semble trop libre pour ça. Peut-être qu'elle s'avance trop, peut-être qu'il peut passer outre tout cela par amour des langages et des voyages… Peut-être. Mais il n'est pas elle. Elle ne sera pas déçue si ce n'est pas le cas. Le français, une conséquence de ses rencontres – encore une fois, elle se demande qui, comment, pourquoi, et encore une fois elle balaie ces interrogations de son esprit. Dans l'immédiat, ce n'est pas l'important. Plus tard, peut-être, ou peut-être pas. Pour l'instant elle s'en fiche.
Encore une fois il ne relève pas sa pique, courtois. Le jeu continue, il joue avec élégance. Des Mangemorts qui ne savent pas donner la mort – des erreurs, pense-t-elle, ils n'ont rien à faire dans nos rangs. Puis une interrogation sur son âge. Elle a l'habitude de ce genre de questions, elle sait qu'elle fait plus jeune qu'elle ne l'est. Son visage refuse de vieillir, et c'est parfois problématique, lorsqu'elle travaille, lorsqu'elle souhaite passer pour une personne sérieuse et compétente. Bien sûr, il suffit qu'elle parle pour que l'interlocuteur s'en rende compte, mais tout de même : la première impression qu'elle donne n'est pas toujours la bonne. Ça n'a pas gêné Wallace, et venant de lui, ça ne l'agace pas. Il semble s'interroger. C'est loin d'être mon premier meurtre, mais la mort ne m'est pas familière. Je suis encore jeune, mais pas autant que je semble l'être. On dirait deux énigmes, des charades qui gardent un secret. Mais il n'y a pas de secret, tout est vrai. Mila passe rarement par des chemins détournés pour parler. Sa poésie est ancrée dans le réel. Il lui parle de son rapport à la mort, et garde le mystère. Sa curiosité la taraude, et il lui tarde de savoir. Plus tard, dit-il. Ils allaient tuer, ce soir, et alors elle verrait. Très bien. Elle attendrait.
Les Noces de Cana ! dit-elle dans un souffle lorsqu'il évoque le tableau qui fait face à la Joconde. Elle se rappelle cette œuvre, et trouve triste qu'elle soit ainsi éclipsée par une toile vingt fois plus petite, vingt fois plus terne. Personne ne l'apprécie à sa juste valeur : pour cent touristes autour de la Joconde, à peine quatre ou cinq autour des Noces. Elle fait parti du deuxième groupe. Elle fouille dans ses souvenirs pour se rappeler du deuxième tableau, le Verrou de Fragonard. L'image se recompose doucement dans son esprit, et elle voit un couple, un lit, un verrou qu'on ferme précipitamment. Et ce qui se profile, ce qui se passe quelques secondes après la scène, ce qui est sous-entendu par le peintre, sans équivoque. La passion qu'on y devine, plus forte et plus prenante que si elle avait été montrée. Dite avec des mots. Comme le message est subtil, comme il est beau, Wallace. Mila le comprend, apprécie la poésie de la formule. Aimerai soudainement arrêter leur marche, lui prendre les mains, le visage. Mais il est trop tôt, encore. Jusqu'à quand restera-t-elle ? Elle se tourne vers lui, plus grand qu'elle, observe l'étrange figure de son compagnon d'un soir, sans y toucher. Fixe de ses yeux bleus la lueur dans les yeux noirs. Jusqu'au petit matin, s'il le faut.
Puis sans la prévenir, il attrape son poignet, et happe son corps pour transplaner. La sensation, pourtant familière, la surprend : elle ne s'y attendait pas. Ils sont maintenant tout près de l'Opéra : le début de la représentation approche, il ne faut pas le manquer. Wallace ne dit rien et la lâche, poliment. Ne s'excuse pas non plus. Mila aussi garde le silence : elle ne lui en veut pas. Mais il l'a touchée. A franchi un cap, un interdit. Alors, doucement, elle retrouve sa main, et le touche à son tour. Passe ses doigts au dessus des siens, les effleure, puis lui attrape la paume, délicatement, sans l'enfermer dans la sienne. C'est la main d'un tueur, la main d'un artiste. Elle fait quelques pas, l'entraîne, lui indique la direction avant de desserrer l'étreinte, pour lui laisser la liberté d'en sortir, s'il le souhaite. Ça va commencer, il ne faut pas traîner, dit-elle, avant de se diriger à pas vifs vers l'Opéra Garnier. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas vu le bâtiment, et il est toujours aussi grand, aussi beau. Temple de l'art empli de majesté, luxueux, doré, magnifiquement élégant. Très parisien, en somme. Ils y entrent : l'intérieur est encore plus fastueux que la façade. Les escaliers richement décorés, le marbre, l'or partout lui font penser à la Russie et à son goût pour la grandiloquence. C'est dans ce genre d'endroit qu'elle se sent bien, qu'elle aime évoluer, seule ou avec quelqu'un. Au fur et à mesure des années, cela devient son élément. Ils sont presque en retard, tout le monde est déjà rentré : il n'y a qu'un seul homme au guichet, et les gardes sont dispersés dans le hall, ne font pas attention. Le guichetier fait mine d'ouvrir la bouche, mais Mila sort discrètement sa baguette et murmure, agacée par le contretemps : impero. Le moldu s'interromps, puis prend un air affable et les laisse passer, leur souhaitant bonne séance. |
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Ven 31 Oct 2014 - 20:51 |
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| Paris, c’est une ville mal connue, uniquement les bâtiments célèbres, les rues foulées par tous. Paris est splendide quand on ne regarde que d’un seul œil, mais après, l’envers du décor ? Lorsque tous les mécanismes tombent et qu’au petit matin la vie reprend ses droits sur la majesté ? Comme toutes les villes, ce sont les ruines qui se découvrent, des fissures dans l’architecture, des vies sur le point de s’achever. Il ne peut en vouloir à une ville de vouloir conserver son prestige, une image dorée mais il ne peut pas la défendre comme le fait Mila, bien qu’il comprenne son point de vue. Paris. Ce sont des souvenirs, quelques éclats de rire qu’il peut encore percevoir, une vie mouvementée, loin de la rigueur, loin du rang auquel on l’attend. Plus de soldat coulé dans de l’or, juste la belle folie qu’il a connu une fois et ensuite, tout s’est effondré. Redevenir sérieux. De Moscou et des ballets, il n’en connaît que des mots, des paroles qu’il a gardé précieusement. La ville est une destination future, comme d’autres qu’il garde jalousement dans un carnet. « Je ne connais pas Moscou, juste par quelques paroles et gravures. Est-ce aussi grandiloquent qu’on le prétend ? » Des voyages il en a effectué, depuis l’enfance, des parents travaillent à la Coopération magique, des déplacements aux quatre coins du monde. Des villes, il en a visité, mais ne se souvient pas de tout. De là est venue son ambition du voyage, son impossibilité à rester trop longtemps au même endroit. Londres est une ville où il apprécie de vivre, mais il aime tout autant la quitter pour d’autres lieux, d’autres personnes. De là, peut-être, vient son incapacité à créer des liens, à toujours se contenter d’un minimum, de connaissances.
Oser lui adresser la parole, trouver les bons mots. C’est aisé de converser, de trouver quelques sujets, d’ordinaire, il est doué pour cela, pour prétendre à l’intérêt. C’est différent avec Mila. Des paroles, ils n’ont échangé que des politesses par le passé. Paris offre une possibilité. Un creux au sein d’un tic tac régulier d’une horloge qu’il fracasse. Aucun masque n’est demandé. Inutile de cacher l’assassin, inutile de voiler les intentions. « Je pensais que vous n’accepteriez pas, qu’encore une fois vous vous contenteriez de m’observer de loin et d’effectuer votre travail sans jamais franchir la politesse » D’un mot il marque ce qu’il a aperçu, senti, ces regards sur lui, cette curiosité à laquelle il n’a pas été étranger. Il SAIT toujours lorsqu’il est épié, probablement à cause d’une forme de paranoïa dont il ne se défait pas, d’une peur de mourir par l’acte lâche d’autrui. Aucune raison de craindre le tombeau ce soir. Opéra et mort. Il fallait un esprit comme le sien, à eux deux pour accepter une telle idée. « Le problème lorsque vous êtes intrigué par une vie c’est de savoir si elle correspondra à votre attente… ou non » Par quelques mots il distille l’intérêt qu’elle représente à ses yeux. D’une obsession dont il doit venir à bout. Les rencontres sont ainsi faites, par des personnes qui troublent sa raison et parfois, il a besoin de les connaître, besoin de savoir si elles sont à l’égal de l’image qu’il a créée. Et Mila ? Elle surpasse les idées reçues.
Russe ? Il n’est pas certain, ne connaît pas cette langue, n’a jamais pu apprendre un traître mot – trop complexe. La seule comparaison qu’il possède, ce sont les paroles prononcées par une amie, Echo, personne qu’il a bafoué de son comportement, personne auprès de laquelle il ne s’est toujours pas excusé. Le russe, il ne peut discerner aucun mot, ne faire aucun rapprochement, mais l’intonation suffit à lui faire comprendre qu’il a fait une erreur en voulant jouer sur le terrain de Mila, qu’en évoquant l’italien, il ait peut-être touché l’ego. Certains s’excuseraient, pas lui, au contraire, l’idée l’amuse. Touché mademoiselle Alexandrova. D’une parole il lui rend l’ego bafoué. Wallace évoque le métier qui est une fascination pour lui, mais de là, il n’en perçoit pas les mauvais côtés, ce que Mila lui rappelle. « Effectivement, je tiens à ma liberté. Malheureusement, je suis incapable de respecter le moindre ordre, mais votre emploi vous permet de voyager à travers le monde, et pour cela, peut-être que je serais prêt à entraver ma liberté » Les ordres ne sont pas dans ses habitudes, ce n’est pas une question de non-respect, mais il ne tolère pas qu’on le surpasse. Etre Conservateur lui permet de diriger un musée, d’avoir des vies entre ses doigts, mais ce poste le contraint aussi à rester dans son bureau, à abandonner les salles pour toujours plier sous le poids de nouveaux papiers administratifs. Conservateur et il en oublie parfois la composition des salles, la présence des objets. C’est toute la misère d’un tel titre : être entouré d’éléments incroyables, mais ne pas pouvoir les appréhender. D’un métier la conversation chavire à nouveau vers ce qui les lie – la mort. Leurs mains sont celles des assassins, gantées de carmin. Parfois, il ne voit que ce rouge sur ses doigts, une mort qui ne disparaît pas. La tête se penche légèrement sur le côté, comme l’enfant qui appréhende une énigme, cherche la faille. « Je vous prêtais la figure d’une vélane mais finalement, vous êtes une sphinge » Ce sont des énigmes qu’elle distille, des charades posées comme d’autant de pièges dans lesquels il s’engouffre sans y prêter attention. D’ordinaire, le jeu des mots n’existe pas, les autres récitent des vérités, évoquent des mensonges sans même le savoir, mais Mila, c’est différent – encore. Ils ne sont pas adversaires, mais partenaires pour les énigmes, eux les pièces de puzzle qu’il faut reconstituer pour obtenir la vérité ou plutôt s’en rapprocher.
Un franc sourire étire les lèvres du conservateur, d’une joie éphémère en entendant le nom du tableau qu’il n’a pas prononcé, exprès, qu’il n’a pas prononcé pour voir si elle trouverait. Combien ont les yeux rivés sur le portrait pour délaisser la toile qui lui fait face, celle qui occupe un pan entier de mur ? C’est en cela qu’il reconnaît les esprits, ceux qu’il peut approcher – un petit tour ridicule, mais efficace. « C’est cela, une toile imposante qui ne trouverait place sur aucun des murs de ma maison… malheureusement » Fausse tristesse qui teinte la voix, des élans d’émotions qu’il laisse entrevoir, car ce soir il faut fracturer l’impassibilité. A bas les masques. À demi-mot, avec un peintre, il prétend avancer avec certitude, fier cavalier qui tend quelques promesses sous des sous-entendus en évoquant une toile. Une insinuation claire, pas de détour cette fois-ci. Mais ne sont-elles que des paroles au vent ? Des promesses devenues cendres ? Il n’emmène pas les femmes avec lui, ne partage pas leurs nuits. Des années de cela, les femmes ont toujours eu un rôle mineur. Certaines ont franchi le pas de sa porte, mais elles sont des raretés. Incapable de les aimer. Seuls les hommes noient le cœur. Ce sont des excuses qu’il devrait prononcer, là, à lui faire croire quelques fantaisies. Croire, réellement ? N’existe t-il pas une ébauche de désir derrière ce qu’il nomme curiosité ? Certainement. Le sourire se fige, se tord et devient énigmatique. Jusqu’au matin et pas avant.
Imposer un contact, d’une main sur un poignet, un corps qu’il englobe entre ses bras durant une fraction de seconde, à peine un battement d’aile de colibri. L’inquiétude vient après, lorsque le contact se brise pour se reformer, mais ce n’est pas de sa volonté. Permettre le toucher c’est abattre une barrière, clore le chapitre de ‘’simple connaissance’’. Autre page, autres paroles. De la main qui effleure la sienne il n’en retient que des frissons, d’une volonté de retrait. Les doigts se crispent, mais ne s’attachent pas à la fugace étreinte. Il ne s’évade pas, mais noue le lien qu’elle avait laissé lâche, à sa guise de suivre ou de capituler. Wallace suit la criminelle qui s’avance fièrement devant les portes et déjoue le guichetier d’un sortilège. D’un mouvement bref, il se penche à l’oreille, murmure : « C’est de la triche » une moquerie. La main retenue s’échappe et il gravit les marches. Mains dans les poches, au centre d’une entrée fastueuse, il semble être incertain de sa destination, calculant les possibilités, essayant de se remémorer l’architecture des emplacements. « Suivez-moi » Les pas courent à demi dans les couloirs, parviennent au second étage. Loges de face. La porte s’ouvre sur un lieu plein, aucune place. Bien évidemment. La représentation est complète depuis des mois. Aucun problème. Il s’avance doucement vers un couple, et d’une parole il commande leur sortie. La baguette est minutieusement rangée à l’intérieur du manteau dont il se défait. Le bras se déploie en direction de sa compagne, une main qu’il tend vers elle. Et l’obscurité peut s’abattre. « Voyez, je n’avais rien prévu de tout ça » d’un dernier murmure qu’il se permet, en écho aux paroles déjà oubliées.
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: Je n'aime pas mes rêves, mais je les raconte ; et j'aime ceux des autres quand on me les montre.
ϟ ÂGE : 40 ϟ FONCTION : représentante et interprète au Ministère de la Coopération Magique Internationale ; est aussi Mangemort. ϟ AVATAR : Natalia Vodianova.
ϟ LIENS : day & night & all these things between.
| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Dim 2 Nov 2014 - 2:13 |
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| Lorsqu'on parle de voyage, on est sûr de capter l'attention de Mila. Il y a peu de choses, en ce monde, qui la passionnent autant. Rien, en fait – l'art, le savoir, les hommes, rien ne surpasse la délicieuse sensation que procure la découverte d'un autre lieu, d'une autre culture, de la différence. Et les langues étrangères font parti du lot : parler un autre langage que le sien, c'est appréhender le monde d'une manière totalement différente. C'est se donner l'opportunité d'échapper à ce que l'on a appris, ce que l'on sait, pour aller voir ailleurs et autrement. Tant de belles choses vont avec ces concepts, si bien que Mila n'aime aucune ville plus qu'une autre, aucun pays en particulier, juste le voyage en lui-même. Quelle belle philosophie, qu'elle aimerait pouvoir appliquer à tout – mais non, la plupart du temps, seul le résultat compte. Travail, relations, vie en général : elle ne se laisse pas le luxe de laisser tomber la perfection et le plaisir qu'elle espère obtenir, à chaque fois, à la fin. Le voyage fonctionne lorsqu'il n'aboutit à rien de mauvais, à rien qui ne puisse être appréciable – c'est pour ça que la découverte du monde est belle, on n'est jamais déçu. Mais le reste ? Le reste, non. Le reste doit être parfait. Seul le résultat doit être considéré – le chemin est superficiel. Moscou, demande Wallace. Ah, Moscou… comment la décrire ? Je dirais… que c'est un mélange de beaucoup de choses. Grandiloquente, oui, et insolente, et incroyablement fière… Mais c'est plus brut que Paris, tout est plus grand, elle ne se prive de rien. On y trouve des choses très belles, et des choses horribles. C'est difficile de vivre à Moscou, la vie n'est pas facile, il faut savoir s'accrocher. Elle se mérite. Freud dirait qu'il y a un sens caché dans ces paroles, qu'elle n'a cependant pas réfléchies, pas mesurées. Elle n'y a rien dissimulé, et pourtant, même pour elle, elles sonnent comme une énigme. Sans doute parce qu'elle sait qu'elle est écoutée, et que Wallace, à côté d'elle, saura analyser, trouver les doubles sens là où ils sont, sans en omettre aucun. De belles choses, d'horribles choses. Des choses qui se méritent. Il pourrait être défini ainsi, son compagnon du soir ; si elle est Paris, alors il est Moscou. Elle n'aime pas ce genre de métaphores, elle se sent ridicule à en faire, même intérieurement, comme si elle avait besoin d'enjoliver la réalité pour l'apprécier – pourtant, elle doit bien admettre que celle-là lui plait.
Mila n'aime pas ressasser le passé, même le passé récent ; les instants présents sont les plus beaux, les seuls qui offrent des choses appréciables, qui ne soient pas des illusions. Aussi, elle n'aime pas entendre Wallace exprimer ses pensées sur ce qu'elle se contentait de faire lorsqu'ils ne se connaissaient pas, lorsqu'elle ne faisait que le regarder d'un air intrigué, sans lui parler, en se disant ce jour viendra, patience. Il l'a bien vu faire, il l'a bien vu rester en retrait dans sa curiosité. Elle n'aime pas entendre cela, parce que le passé, au regard du présent, lui semble toujours être une erreur. Elle aime trop le présent, et s'en veut invariablement de ne pas l'avoir fait arriver plus tôt. Là, elle se dit qu'après tout l'intérêt existait dès le début, qu'une mission aurait du arriver plus vite, et qu'ainsi elle n'aurait pas eu à être passive aussi longtemps. En vérité, elle est gênée. Gênée d'avoir été gênée, de s'être empêchée d'aller vers lui, d'avoir réprimé ses pulsions juste parce qu'elle pensait que ce n'était pas le bon moment. Mais qu'est-ce que c'est, le bon moment ? Il suffisait de le créer, après tout. Bien sûr que j'allais accepter, je voulais vous connaître, dit-elle d'une voix douce. Je cherchais le bon moment. Qu'est-ce que vous m'auriez dit, si j'étais venu vous voir sans raison particulière ? Elle est réellement curieuse : qu'aurait dit le grand et froid Wallace Kanzler à une jeune inconnue venue l'accoster sans autre but que l'élucidation du mystère qu'il représente ? Elle sait qu'il la regardait, lui aussi. Qu'il voulait savoir. Si lui était venu à elle, peut-être qu'elle aurait été un peu déçue – ç'aurait été trop simple, il se serait trahi. Là, à Paris, les mystères s'entrechoquent, sautent le pas en même temps. Et c'est beaucoup plus beau ainsi. Lui aussi parle d'attente, d'estime d'une vie – de sa vie à elle. Il avait peur d'être déçu. Est-ce qu'elle le déçoit ? Elle ne se pose pas vraiment la question ; si c'était le cas, qu'y pourrait-elle ? Ce serait sa faute à lui, il se serait fait des illusions, l'aurait prise pour ce qu'elle n'est pas. Il n'a pas l'air désillusionné, cependant. Elle ne l'est pas non plus. Il ne faut pas avoir d'attentes, accepter le mystère. Puis une courte pause. Vous êtes un mystère pour moi, Wallace. J'aime vous découvrir.
Il serait prêt à sacrifier sa liberté pour les voyages et les langues, et Mila apprécie cela, cette passion. La liberté ne doit pas avoir la même définition pour elle que pour lui – pour elle, la liberté ne signifie pas ne pas avoir de supérieur, ne pas recevoir d'ordres : cela, elle le considère comme le gage d'une vie saine et organisée. La liberté selon elle serait plutôt morale : ne pas s'enfermer dans des principes, des lois personnelles, des relations trop prenantes. Pouvoir avancer sans attaches, sans accroc, à sa guise. Garantir son avenir sans avoir à se soucier du passé ou des autres. Il la compare à une vélane, à une sphinge, et elle sourit. Je ne suis ni l'une, ni l'autre, je ne suis que moi. Vous seriez déçu si je vous donnais toutes les réponses trop facilement. La comparaison à une vélane, elle l'a déjà entendu, c'est un compliment classique chez les sorciers. La sphinge, c'est la première fois – peut-être parce que c'est la première fois qu'elle se défile ainsi, qu'elle joue de cette manière, contre un tel adversaire. Il n'y a que pour lui qu'elle pose des mystères, parce qu'il n'y a certainement que lui pour avoir la curiosité de les percer. Comme ce jeu est plaisant, comme Wallace est plaisant. Plutôt que vélane, pour lui elle se fera sphinge.
Le temps d'une parenthèse sur l'art, d'un tableau évoqué, et une piste est lancée. Un drôle de sourire s'affiche sur le visage de l'homme, comme en réponse au sien. Une sorte de promesse, peut-être, encore faite de trop de mystères pour être véritablement établie. Mais pour Mila, Fragonard en a créé une, des siècles plus tôt, comme une prophétie. Elle fera en sorte qu'elle soit respectée. Le transplanage, puis la prise en otage de sa main. Elle sent que cela le gêne, se doutait qu'il n'apprécierait pas – elle ne l'a jamais connu très tactile. Mais il laisse faire, pourtant, et elle en est heureuse. C'est un premier pas, une étape franchie, encore douce et prudente, vers quelque chose de plus grand. C'est bien, Wallace, il faut continuer comme ça.
Il se moque doucement, près de son oreille, et elle le regarde, amusée. Je ne triche pas, je fais usage de mon privilège. Celui des sorciers, celui des gens qui modulent le monde à leur guise pour aller voir la pièce qu'ils souhaitent voir, là où ils souhaitent la voir, au moment où ça leur chante. Elle lui murmure cela tout près de son visage, et se sentir si proche de lui la fait sourire, d'un sourire vrai, enfantin, heureux de la complicité. Puis il lâche sa main et monte les grands escaliers, royal dans son costume rouge sang – il lui demande de le suivre. Elle s'exécute, cavalant sous la lumière dorée des lustres fastueux, le bruit de ses pas résonnant sur le marbre du sol. Finalement, ce sera les loges de face. L'intérieur est magnifique, comme dans ses souvenirs, fastueux, grandiose, fait d'or et de velours précieux. La foule bigarrée et bruyante gâche un peu le tout, mais au final, rajoute de la vie à l'ensemble. Elle ne voit pas ce que fait Wallace, devant elle, mais toujours est-il qu'un couple se lève sans broncher, leur laissant deux places libres. A-t-il triché, lui aussi ? Elle ne relève pas, trop contente du résultat : ils sont pile en face de la scène, sans personne devant eux pour leur boucher la vue, isolés, tranquilles. Cette partie du monde au moins leur appartient. Elle ôte son manteau elle-même, révélant une simple robe noire, puis met sa main dans celle que lui tend Wallace, et s'assoit dans le fauteuil carmin. Il lui rappelle ses mots, qu'elle n'a pas oubliés : tout ça, ce sont des détails. Je persiste à croire que les grandes lignes étaient réfléchies, dit-elle dans un sourire taquin. Il ne s'est certainement pas soucié de savoir si il allait pouvoir obtenir une place, parce qu'il sait, et elle aussi, qu'en sa qualité de sorcier il en obtiendra une de toute manière. La toute-puissance, le pouvoir ne s'embarrasse pas de petites considérations. L'obscurité se fait, et si la foule commence à se taire, elle n'en devient pas pour autant silencieuse. Cela l'agace : j'espère qu'ils vont finir par se taire... Elle se demande si elle peut lancer un sortilège de sourdinam sur le public sans que cela éveille les soupçons – certainement pas, et c'est bien dommage. La pièce commence, et l'air bien connu du Lac des Cygnes emplit l'espace formidable de la pièce. Les danseurs entrent, et entament la délicate chorégraphie du ballet, légers comme des plumes. Cela la fascine toujours autant, autant d'émotions dans de simples mouvements. Vous savez, je ne devrais pas dire ça à un conservateur, mais je crois que les moldus nous surpasseront toujours en art. Ils y mettent tellement de cœur… Ses yeux suivent chaque pas des hommes et femmes sur scènes, Siegfried et les cygnes. La musique fait valser son esprit, et la magie opère, plus sûrement que n'importe quel sortilège. Elle n'a aucune haine pour les moldus, et elle les aimerai presque, pour ça, pour ce rapport à la poésie, à la magie, à ce qui leur est pour toujours inaccessible. Ils savent rêver mieux que n'importe quel sorcier. |
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| (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Lun 3 Nov 2014 - 10:18 |
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| Avec des villes, ils évoquent des caractères, des vies dont on ne souhaite pas tout dévoiler. Qu’est-ce que le passé pour eux ? Rien. Il n’est pas question d’évoquer les histoires, pas encore. Le moment qui compte est le présent, et peut-être un futur qu’il veut certain. Des mots qu’elle prononce pour qualifier Moscou, il en retient chaque détail. De la ville qu’elle présente, Wallace sent que c’est une vie aussi qui est évoquée. De l’horreur à la grandeur, de la beauté qui souhaite primer sur un tas de cendres. De quelques paroles il pourrait en comprendre beaucoup plus, analyser, mais le mystère reste intact, car il veut lui laisser les énigmes. Elle se mérite. D’un geste curieux, il y a cette fausse révérence. Bien mademoiselle Alexandrova, voyons si je suis à la hauteur de vos critères.
Et si elle était venue ? Question à laquelle il n’existe pas de réponse. Des suppositions sur son comportement, il ne peut pas en faire. Une parole appelle une réaction, d’ordinaire, il peut appréhender, mais si elle était venue, si elle s’était présentée par quelques paroles banales, qu’en aurait-il pensé ? Peut-être la déception, certainement. C’est la figure imaginée qui lui plaît, celle à qui il a prêté mille visages, celle qu’il côtoie ce soir dans une autre ville, hors du temps. La réalité s’est fissurée, d’une part de rêverie qu’il accepte. Par instant, il pense qu’elle n’est qu’un fantôme, que la figure va s’évaporer dans la brume parisienne, mais elle est bien là, intrigante-personne. « Vos paroles auraient déterminé ma réponse » Ses mots sont inutiles mais le silence n’aurait pas été acceptable. De quelques paroles il avoue ne pas savoir. La surprise aurait certainement dominé toute autre émotion, puis l’agréable. Kanzler connaît l’ombre charismatique qu’il déploie autour de lui, d’une crainte ou d’admiration que ressentent les inconnus. Ceux qui viennent à sa rencontre ne sont jamais sans frayeur. Le caractère est fort, il sait ce qu’il veut, et ceux sans intérêt sont renvoyés en bordure. J'aime vous découvrir. La formulation l’interpelle. Le choix du verbe. Aimer, pourquoi ne pas se contenter d’apprécier ? Car il n’est pas question de banalité, d’une rencontre qu’on oublie, d’un mystère qu’on brise aisément. « Le plaisir est partagé » répond t-il d’un murmure. La voix se module avec aisance, passe d’un velours à un souffle. Tout se joue sur les nuances qu’il déploie.
Homme singulier, vêtu de son costume grenat, évoluant au centre d’une foule mortuaire, elle qui est vêtue de noir. Il sait qu’il faut respecter un code de couleur, il sait qu’en étant ainsi habillé il va attirer leurs regards courroucés. Beau diable qui avance au milieu des âmes qu’il ne capturera pas ce soir – pas le temps, pas eux, les cibles ne sont pas ici, perdues ailleurs dans Paris, des adresses qu’il ne connaît pas, des lieux qui ont été confiés à la discrétion de Mila. La mort doit encore attendre, il n’est pas prêt pour la chasse, pour abattre un gibier. De l’opéra Garnier, il n’en a gardé que de vagues souvenirs, comme une autre vie. C’est avec plaisir qu’il redécouvre les lieux, et note chaque détail architectural. « Retenez le visage des impolis et nous irons leur trancher la langue après la représentation » Difficile de savoir si c’est de l’humour ou une vérité. Toujours cette impossibilité à cerner ses véritables intentions. Le visage se tourne vers quelques-uns qui ne souhaitent pas se taire, d’un regard il note les traits, et surtout se jure de réparer l’affront à l’entracte. La magie se doit d’être discrète dans un lieu comme celui-ci. Baguette dans la poche intérieure de son manteau, les doigts tressautent, de l’envie soudaine d’un sortilège, que tous se taisent. Wallace n’agit pas, ne peut pas. Attendre. Et les paroles prononcées plus tôt deviennent une promesse. « tout ça, ce sont des détails. Je persiste à croire que les grandes lignes étaient réfléchies » Faux. Il ne planifie pas les jours, les soirées – des événements l’interpellent. Certes, les journées sont réglées comme du papier à musique, car lui a besoin de savoir, de prévoir, mais après, ce qui peut arriver, ce qui peut détourner l’horloge, il l’accepte. Le Lac des Cygnes joué à Paris, il en a entendu des échos il y a quelques mois, mais c’est un ballet connu, vu et revu pour lequel il n’a pas pris de place. Il n’est pas ce bandit qui se permet de détourner les moldus, de tout leur voler. Rares sont les fois où il s’est permis une telle impolitesse. Un voleur. Une vulgarité incroyable a laquelle il n’est pas habitué. Tant de contradictions avec le fait qu’il capture des vies sans remords. L’Impero est un impardonnable qu’il n’use que rarement, comme l’autre, la torture, de ceux là, il ne les apprécie pas, trop simples, trop communs et aisés à employer. Ce soir est différent. La magie est employée pour défaire les moldus et permettre aux sorciers de prendre place, de pouvoir admirer la scène. C’est le pouvoir qui se profile, la supériorité face à ces vies incapables de se défendre. Quelques regards intrigués sont jetés vers eux, mais un sourire, une assurance particulière fait taire toute question. La vue se déploie à leur regard, d’une fosse circulaire, cage aux murmures qu’il peut entendre.
Des paroles qu’elle prononce, il ne s’offusque pas. Une ébauche de sourire qui se dessine, mais il ne l’a regarde pas. « Leur imagination est nourrie par des légendes, par une magie qu’ils parviennent à créer à l’aide de quelques mécanismes. C’est pour cette raison que leur art est intéressant, que ce soit la peinture, ou l’opéra. Et c’est ce qui fait défaut aux sorciers car rien ne peut plus être inventé » Un conservateur qui défend les œuvres d’autrui, notamment d’un autre monde, probablement est-il l’un des rares à avoir cette pensée, à la partager avec Mila. Son arrogance ne s’étend pas sur ce sujet, il reconnaît la beauté des artistes moldus, ça, il leur envie, toute cette imagination qu’ils déploient. Les sorciers ont encore de l’imagination, mais elle est moindre, car bafouée par toutes les possibilités qu’offre la magie. Existe t-il une chose que la magie ne peut pas offrir ? Non. Tout peut être recréé à partir d’un élément, même les sentiments. En cela la magie est effrayante, si dangereuse et il comprend que certains sorciers aient désiré franchir les limites. Alors les moldus et leur pauvreté, ils sont intéressants. Pour autant, les merveilles de son musée ne cessent de l’étonner, mais lorsqu’il fréquente les monuments moldus, il est toujours fasciné.
De la musique qui emporte l’esprit, il focalise son regard sur les ballerines, incroyables danseuses qui virevoltent avec tant d’aisance qu’il se demande comment elles font pour ne pas employer la moindre trace de magie. L’habitude d’emmener quelqu’un avec lui n’existe pas. C’est étrange de partager un ballet alors que le temps de la représentation, il en oublie Mila, se perd dans ce qu’il voit. Une présence à ses côtés qu’il observe un temps, un regard qui sculpte les ombres sur le visage de l’invitée, un temps seulement et après il oublie, le regard perd toute attention pour elle, reprend le ballet. Ce n’est que lorsque les lumières se rallument qu’il se détache de la scène, abandonnant le prince et son cygne blanc. Entracte. De la représentation, elle n’a rien d’exceptionnelle, Pas d’innovation, juste un classique, mais aucune maladresse notifiée. « Allons trouver les quelques bavards qui ont entaché le ballet » D’un mouvement il se lève, emporte Mila d’une main qu’il lui accorde et de nouveau les pas se perdent dans les couloirs jusqu’à rejoindre les portes du l’opéra qui sont franchies. La nuit enveloppe Paris. Son regard glisse vers les imprudents, les bavards et d’une seule parole il appelle la mort pour l’un d’eux. Étouffement. Mais les ambres sont forcés de quitter la victime, de le laisser vivre pour ne pas éveiller les soupçons. D’un soupir le sort se lève. « Je suppose que la représentation est ridicule en comparaison de ce que vous avez pu voir » Est-ce le meurtre abandonné ou le ballet qu’il évoque ? Des deux probablement. « Voulez-vous voir la suite ? » La fin, est-ce que la vérité sera respectée, est-ce que le cygne blanc plongera dans le désespoir ? De ça, il en a perdu l'intérêt. Il est temps d'aller tuer.
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| | | | (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. Sujet : Re: (PARIS) Je ne sais pourquoi j'allais danser... } Wallace. |
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