Septembre, la fin de l'été, la rentrée, le retour à Poudlard. Beatrice n'avait beau ne plus être élève depuis longtemps (dix-huit ans exactement, ça commençait à faire un moment!) , elle faisait partie de ces gens qui ont décidés de ne jamais vraiment quitter l'école en devenant prof. Et, comme pour beaucoup, Poudlard était une deuxième maison, elle était donc presque aussi heureuse que certains élèves à l'idée d'y retourner. Elle allait retrouver son quotidien de prof d'astronomie, sa tour, ses collègues, et tout les hauts et les bas qui vont avec le lot.

Un des plus « gros » points négatifs dirons-nous c'était les élèves turbulents, ou réellement en difficultés. Bea avait beau aimer les enfants et être patiente, certains arrivaient quand même à la pousser presque à bout, mais elle persistait malgré tout à vouloir les aider – masochiste sur les bords, vous avez dis ? Elle avait beau être surnommée « The Crow » par certains , elle n'était quand même pas aussi sévère et méchante au point de laisser ses élèves dans l'échec le plus total.

Bon, c'est vrai que lors de son premier cours de l'année, avec les secondes années de Poufsouffle, la brune avait quelque peu désespérée. Pour la deuxième année consécutive, Andy se retrouvait dans sa classe. Oui, Andy, la petite blonde écossaise qui s'était endormie sur un télescope en première année, et qui s'acharnait à vouloir évoquer « La Guerre des étoiles » pendant les cours alors que ça n'existe évidemment pas. Elle aurait bien voulu que Natanael l'ait dans sa classe cette année, pour changer, mais ce n'était visiblement pas le cas.
Autant pour elle que pour Andy, la brune souhaitait que les cours se passent le plus calmement possible – et si possible, elle souhaitait éviter de devoir encore lui mettre des T à ses copies. Pour l'avenir de la Poufsouffle, c'était mieux.

C'est pourquoi, après le premier cours, le professeur Crow avait proposer à la jeune fille de venir la voir pour un cours de rattrapage. Si Andy faisait un peu d'efforts, Beatrice était capable de prendre sur elle et l'aider.
Assise à son bureau, en haut de la tour d'Astronomie – heureusement fraîche, contrairement à l'extérieur où l'été semblait vouloir durer encore quelques temps – la jeune femme posa ses yeux sur l'horloge en face d'elle. Tris avait encore dix minutes avant l'heure supposée du cours particulier.
Beatrice en profita pour relire le cours qu'elle avait préparé exclusivement pour cette heure : simplifié, clair, concis, avec des explications sur les termes un peu plus compliqués, le cour idéal pour un rattrapage. Pour la pratique, elle verrait au prochain cours d'astronomie, aujourd'hui, elle se consacrerait uniquement à la théorie – et Beatrice avait l'idée que rien que cela n'allait pas être aussi simple que ça.

Après avoir ranger ses papiers dans une pile à peu près correcte, il était déjà l'heure. Beatrice se leva pour ouvrir la porte – derrière laquelle Andy se trouvait.

« Bonjour, mademoiselle Gildroy. - Beatrice posa les yeux sur la petite blonde et désigna une table en face de son bureau – j'espère que vous êtes motivée. »

Elle referma la porte derrière la jeune fille, et alla se rasseoir. Beatrice appuya son dos sur le dossier de la chaise, croisa les mains et les jambes. Son regard bleu glacé détailla la jeune poufsouffle, avec l'air de lui faire passer un interrogatoire.

« Pour commencer, est-ce que vous avez des questions précises que vous souhaiteriez qu'on aborde ? »

Commencer par répondre aux interrogations de la jeune fille semblait être un bon départ, et cela permettrait de lancer le cours au rythme qu'il fallait à l'élève.

Qui dit rentrée à Poudlard, dit retrouvailles avec les amis, les repas dignes d'un restaurant quatre étoiles, les dortoirs, mais surtout et pas des moindres, les cours. Si le retour des trois premiers faisait énormément plaisir à la petite, il n'en est pas de même pour le dernier.
Ce n'est pas qu'Andy soit stupide, ou feignante -peut-être un peu- , c'est surtout qu'elle ne peut pas tenir en place plus de cinq minutes. Faire ses devoirs représente pour elle la pire torture du monde. Si bien qu'elle passe plus de temps à chercher un idiot qui les ferait pour elle qu'à essayer de les faire.
Si dans certaines matières -peu, je vous l'accorde- , cette technique plus que lâche fonctionne, il n'en est aucunement le cas en Astronomie. Il faut dire que Mademoiselle Crow n'est pas vraiment en accord avec le comportement de la jeune Poufsouffle, qui a clairement décidé de ne pas mettre du sien pour étudier les étoiles. En même temps quelle idée de mettre des cours nocturnes ? Quand on a 11 ans, veiller après minuit alors qu'on a passé une journée a courir après son chat, dans tous les couloirs de Poudlard, c'est un peu une invitation à la bêtise.
Et dans ce domaine, Andy est carrément une petite prodige, entre les fois où elle s'endort, ou la fois où elle a cassé un vieil appareil d'astronomie, on peut dire qu'elle enchaîne les gaffes. On pourrait croire que la jeune écossaise en fait exprès, pour agacer sa chère professeur, mais au final ce n'est pas vraiment le cas. Bien sûr elle ne fait pas d'efforts, mais elle essaye simplement de s'en sortir un peu.

Si elle avait changé de professeur, Andy aurait simplement pu inventer une excuse pour expliquer son niveau déplorable en Astronomie, un niveau qui se limite à la connaissance du système solaire et bien sûr de Star War. -si la magie existe, alors pourquoi pas les Jedis ? -
Mais ce n'était pas le cas, pour son plus grand malheur, mais aussi celui de Mademoiselle Crow, pour qui cette rentrée rimait avec retrouvailles.
La jeune Poufsouffle avait été surprise de la proposition de cours particulier, afin de rattraper son niveau. Elle savait que Mademoiselle Crow aimait persévérer mais pas à ce point, c'était plus un comportement masochiste que maternel. Andy avait été, certes surprise, mais à la fois contente de voir que sa professeur ne voyait pas en elle qu'un échec et voyait encore un peu d'espoir, ce que de nombreux autres avaient déjà abandonné.

C'est donc très joyeusement que la jeune McGildroy arriva, à l'heure, ce qui est déjà un bon début, devant la salle de cours. Elle n'avait rien apporté de plus que son sourire et ses légers coups de soleils, que l'été lui avait laissés sur les joues, autrement dit plutôt en touriste. Mais on vous jure ce n'était pas fait dans un esprit malveillant.
Quand la femme au regard sombre ouvra la porte de la salle, Andy lui offrit un joli sourire, un sourire d'enfant qui a quelques problèmes d'alignement et alla prendre place à la table indiquée.
Si il y a bien une chose qui ne change pas, c'est bien les professeurs, Andy avait l'impression que Mademoiselle Crow avait passé son été, enfermé dans sa tours pour avoir un teint aussi pâle, parce que même en écosse, ils avaient eu un été ensoleillé. La petite blonde se demandait d'ailleurs si elle n'était pas un vampire, qui ne pourrait vivre que la nuit, mais avant qu'elle ne puisse s'interroger sérieusement sur la question, sa professeur lui posa une toute autre questions.

"Bonjour Mademoiselle Crow ! J'espère que vous avez passé de bonnes vacances. J'ai pas vraiment de questions, seulement est-ce que vous êtes un vampire ?"

Le véritable problème d'Andy, c'est qu'elle dit absolument tout ce que lui passe par la tête et il faut croire que beaucoup de choses lui passent par la tête, mais de toute évidence pas les bonnes.

"Parce que si c'est le cas, j'ai justement un devoir sur les vampires à faire... Et j'aurais plein de questions à vous ..."

Voyant le regard sombre se poser sur elle, Andy cessa de parler, après tout elle ne voulait pas se faire manger par sa professeur, pour avoir été trop curieuse.

"Non je n'ai pas de question..."

Elle est plus douée pour sourire que pour réfléchir, ça c'est sûr. Mais vous savez quoi, la vraie bonne nouvelle ? C'est que Andy McGildroy n'a pas encore demandé si Star Wars était au programme de seconde année.

Si c'était vrai qu'elle ne portait pas particulièrement Andy dans son cœur, en revanche, elle tenait à sa réussite. Pour Beatrice, c'était là l'essentiel d'un professeur : il devait amener ses élèves à la réussite, et c'est à ça qu'on savait que c'était un bon prof – les tortionnaires ne laissaient que des mauvais souvenirs et dégoûtaient les élèves de la matière. Mais aussi, les élèves réussissaient leur vie, et c'était toujours bien de voir quelqu'un que l'on a connu plus jeune réussir. Alors oui, parfois, Bea était un peu stricte, glaciale, mais elle s'attachait quand même à porter ses élèves vers l'amélioration, quand bien même cela passait presque pour de l'entêtement. C'est pour ça qu'elle supportait Andy aujourd'hui.

Intérieurement, elle eu un léger sourire attendri en apercevant les joues rougies de la petite Poufsouffle, mais se reprit bien vite ; elle n'était pas là pour s'émouvoir sur les quenottes de la fillette et son innocence touchante. Beatrice croisa les bras, arquant un sourcil on ne peut plus surpris : un vampire, vraiment ? Son visage afficha une mine surprise, désarçonnée. La jeune femme se savait pâle, mais de là à avoir le temps d'un cadavre... Bientôt, elle allait complexée sur sa carnation.
Beatrice chassa ses inquiétudes sur son teint, et reposa son regard glacée sur la fillette, coupant court aux bavardages inutiles. Elle décida de faire comme si elle n'avait pas entendu cette remarque. Cependant, Tris ne pouvait pas s'empêcher de se réjouir intérieurement : Andy n'avait pas encore parler de «jedaïe» ou de bien d'autres choses obscures aux yeux de la jeune femme.

« J'ai passé de bonnes vacances, merci bien – répondit poliment l'adulte, mais avec le ton aussi froid que si un Détraqueur était entré dans la pièce. - Puisque vous n'avez pas de questions... Autant commencer, alors. »

Le professeur attrapa sa baguette et l'agita, permettant ainsi de dessiner au tableau une représentation des planètes, etc. Elle baissa rapidement les yeux sur ses notes et le releva, retournant son attention sur son élève.

« Bien, comme vous devez le savoir, en astronomie, il s'agit d'étudier les planètes, leur lunes et satellites, les constellations et leurs influences dans le monde magique. Le plus simple, c'est de commencer par les planètes. Celles-ci exercent une attraction – semblables à Accio mais beaucoup plus puissants– qui affectent dans certaines mesures, les plantes, et parfois, les sortilèges. »

Beatrice fit une pause, laissant le temps à la blondinette d'absorber les informations, même s'il n'y avait rien de nouveau. Elle reposa la baguette, l'alignant parallèlement au bord du bureau, et reprit.

« Et si vous commenciez par me citer quelques planètes, et par exemple, le nom d'un ou deux de leur principaux satellites ? Juste histoire de se rafraîchir la mémoire. »

Pas besoin d'être médium pour savoir que Miss Crow n'avait pas apprécié la remarque, surtout de la part d'une écossaise qui ne doit pas voir le soleil plus de deux mois par an. Heureusement, la jeune femme ne s'emballa pas et garda son sang froid face à tant de bêtises. Et après un début de séance assez maladroite, le cours pu enfin commencer.
Andy avait un peu révisé avant de venir, -oui, vraiment- mais il y avait de fortes chances que cela ne suffise absolument pas à rattraper tout le retard qu'elle avait pu prendre en un an. En un mot, son niveau de connaissance en astronomie était pitoyable et ce n'était pas Crow, qui dirait le contraire. Avec un peu de chance, -ou pas- Andy et elle seront réunies tout les ans dans la même salle.
Mais cette année, la petite était déterminée à progresser dans cette matière. En tant que fan incontesté de Star Wars, elle ne pouvait pas avoir un T en Astronomie durant toute sa scolarité. Une motivation qui, soyons honnêtes, ne durera pas plus d'un mois.

Le premier chapitre du cours portait sur les planètes et leurs rôles. Un sujet simple. Même pour McGildroy. Faut dire que à force d'entendre papa dire que si maman est chiante, c'est à cause de la lune ou encore grand-père dire que si la mer s'en va c'est a cause de la lune, elle a bien compris cette histoire d'attraction. Au moins avec ce genre de questions ultra simple, Andy se sentait un peu comme une spécialiste en astronomie. Un sentiment qui ne devrait pas tarder à disparaître.

En effet, Miss Crow ne tarda pas à demander un peu de participation de la part de la jeune Poufsouffle qui jusque là, avait été plutôt passive.
La question n'était certes pas très compliquée, mais pour Andy c'était déjà énorme. A dire vrai, elle aimerait beaucoup que les contrôles soient dans le même genre.

"Y'a la Terre. Euh... Mars, là ou vivent les martiens. Pluton, Neptune... Jupiter, Tatouine et l'Ireulande. Je vous jure, ils viennent pas de la même planète que nous."

Bien sûr, la dernière proposition était une blague en référence à une mauvaise blague avec Finnigan, son irlandais préféré, mais il en était pas autant de l'avant dernière. Sans même s'en rendre compte la petite avait glissé une planète imaginaire venant de son monde favori. L'avantage, c'est qu'il y avait de grandes chances pour que Miss Crow ne connaisse pas du tout l'univers de la saga moldue, ainsi elle pensera sûrement que c'est soit une erreur de prononciation, soit une autre blague. Sauf si la jeune fille l'avait déjà malencontreusement déjà glissé dans une copie, ce qui entre nous ne serait pas très surprenant.

"Pour l'Ireulande, je rigole, je sais bien que ce n'est pas vraiment une planète..."

Pas besoin de creuser sa tombe, la petite le fait très bien toute seule. On notera tout de même un léger, très léger progrès.

«  L'Irlande n'est pas...  » commença Beatrice, avant de s'interrompre. Évidemment, c'était une blague, Tris se sentait plutôt idiote de ne pas avoir réaliser ça avant d'ouvrir la bouche. Oh, en temps normal, en compagnie de sa famille ou de ses amis comme Oswald ou Angus, Beatrice connaissait l'humour et savait même plaisanter – mais une fois dans une salle de classe, face à un élève, elle devenait totalement hermétique à toute forme d'humour, et elle était presque incapable d'esquisser le moindre sourire. La jeune femme se racla la gorge, reprenant contenance, se concentra à nouveau sur son cours.

«  C'est tout à fait correct, je vois qu'au moins, vous n'avez pas oublié ça. Sauf, une petite chose … – froncement de sourcils de la part du professeur – vous avez parlé de … Tatou-ine ? »

C'était sûrement encore une invention farfelue de la jeune Poufsouffle. Quelque part, l'ancienne verte et argent se demandait où elle trouvait autant d'imagination, sans jamais l'épuiser. Si elle avait pu lui donner des points pour ça, elle l'aurait probablement fait. Beatrice se contenta de lever les yeux au ciel.

« Je ne sais pas ce que c'est mais ... - elle darda son regard sur Andy avait qu'elle n'ait le temps de rétorquer – pas la peine d'essayer de m'expliquer, si ce n'est pas en rapport avec le cours.  »

Au tableau s'affichèrent les planètes qu'Andy avait cité – à l'exception de Tatouine et de l'Irlande, évidemment – et Bea se leva de son bureau pour s'approcher de l'élève. Elle croisa les bras, s'appuyant contre la table. Elle soupira, et reprit.

«  Est-ce que vous connaissez au moins deux satellites de Neptune ? Ou un de Jupiter ? »

Trois satellites naturels se dessinèrent à côté de leur planète respective, attendant d'être nommés. «   J'espère que les noms vous reviennent : on les a vu l'année dernière...  » lâcha Tris en guise d'indice.

La jeune blonde ne pouvait définitivement pas comprendre comment un prof d'astronomie ne pouvait pas connaître Star Wars et autres chefs-d'oeuvre du genre. Que cette histoire soit vraie ou pas, un prof d'astronomie se doit d'être calé au niveau conquêtes spatiales. D'ailleurs, sur ce plan les sorciers étaient aux yeux de Andy un peu à la bourre.
En effet, pendant que les moldus dansent sur la lune avec des chiens et des robots, les sorciers sont encore en train d'observer l'effet des étoiles sur la terre. Ça fait bien longtemps que grand-père McGildroy sait que les marées sont en rapport avec la lune.
Si ce retard était plutôt vrai, il n'en était pas moins pour Andy qu'une excuse comme une autre pour ne pas travailler ses cours d'astronomie.

Pour une fois McGildroy n'insista pas plus sur le sujet, un autre jour elle parlera plus longuement de Tatouine, de son commerce et de ses courses de mobiles. Andy a malgré ce que l'on peut penser, une très très bonne mémoire. L'ennui c'est qu'elle a aussi une mémoire très, très sélective. Pas besoin de préciser la sélection que son cerveau fait.

Surtout au vu de la deuxième question, nettement plus complexe que la précédente. McGildroy avait beau faire semblant de réfléchir, elle n'avait jamais entendu parler des quelconques satellites, autour de Neptune ou de n'importe quelle autre planète. A vrai dire, la Poufsouffle n'avait aucune idée de ce que pouvait être un satellite, si ce n'est un appareil envoyé par les humains pour prendre des photos de la terre. Autrement dit, a des kilomètres de penser que ce soit une petite planète. Faut dire que dormir en cours n'aide sûrement pas à retenir ce genre d'informations.

“ Je ne crois pas qu’il y ait des satellites si loin de la terre. Je veux dire, comment font-il pour les contrôler ?”

Naïade, Thalassa et autres ne seront pas au rendez-vous de ce cours pour McGildroy. Son regard croisa celui de Miss Crow, qui ne semblait pas vraiment en joie face à la réponse de la fillette. Andy en guise d'excuse lui offrit un joli sourire, une arme fatale.

"Mais je peux vous parler du voyage de Laïka, qui est le premier chien envoyé dans l'espace, le 3 novembre 1957 très exactement."

Cette proposition, aussi hors sujet soit-elle, de la part d'Andy est absolument impressionnante. Et ferait presque passer McGildroy pour un génie. Mais la réalité était toute autre, la jeune fille avait tout simplement passé l'été à jouer à un jeu vidéo sur cette pauvre bête avec son ami écossais, Jim. L'année risquait d'être longue. Tant pour Miss Crow que pour notre adorable Andy.

Le voyage de Laika , un chien, dans l'espace ? Beatrice n'était pas très calée sur les moldus, mais cela lui semblait trop étrange pour être vrai. Elle se demandait même si ce n'était pas dangereux pour l'animal ? Trice aurait pu admirer la capacité de mémorisation d'Andy, si elle n'avait pas été déterminée à lui faire parler d'astronomie, de sa matière.
On ne pouvait cependant pas nier que Mademoiselle Crow faisait preuve d'une extrêmement patience, qui la surprenait elle-même. L'envie de baisser les bras et de laisser Andy à son triste sort lui effleura l'esprit – mais elle ne s'autorisa pas à réellement le faire, ça ne serait pas « bien » de la part d'un professeur. Elle prit place sur le bureau à côté de la jeune élève, l'air compatissant. Si elle parvenait à comprendre le soucis entre la blondinette et l'astronomie, peut-être que Beatrice pourrait définitivement régler le problème et elle serait débarrassée sur le long terme. Elle croisa les mains, inspira profondément.

«  Et si vous m'expliquiez, mademoiselle McGildroy, qu'est-ce qui vous ennuie autant avec l'astronomie ? Je conçois que ça peut sembler plutôt abstrait, mais peut-être qu'en m'expliquant ce qui vous dérange, je pourrais rendre le cours plus … intéressant. »

Une belle preuve de bonne volonté de la part du professeur, en espérant que cela soit réciproque. La brune esquissa un léger sourire, espérant que l'élève comprenne que Beatrice pouvait, certes, paraître particulièrement peu accueillante, mais si elle avait la possibilité d'aider ses élèves, elle le ferait.

« Comprenez que je ne veux pas vous pénaliser toute votre scolarité. Si on peut trouver un arrangement, je pense que ça serait bénéfique, pour toutes les deux. »

Le regard de la jeune femme s'adoucit, presque suppliant envers la poufsouffle. Un spectacle que personne n'aurait pensé voir de la part de Crow, mais heureusement pour elle, cette image resterait dans cette salle.

Que Miss Crow ne soit pas réceptive à l'information n'étonnait pas vraiment la petite. En un an, elle avait bien compris que l'histoire moldue n'était pas une priorité chez les sorciers, mais encore moins pour la professeur. Cependant, la question de cette dernière la surprit énormément, c'était la première fois qu'un enseignant lui demanda son opinion au sujet de sa matière. Une bonne partie d'entre eux se fichait totalement de savoir le pourquoi du comment et l'autre, avait tout simplement perdu espoir.

Andy appréciait vraiment les efforts que la femme faisait à son égard, elle aurait bien aimé en faire autant, mais elle savait déjà que sa réponse ne ferait pas vraiment l'unanimité. En effet, si la jeune Poufsouffle trouvait l'astronomie ennuyante, c'était avant tout parce qu'elle était sa plus grosse déception. Depuis toute petite, McGildroy rêvait de voyages intersidéraux, de vaisseaux et de robot futuriste de l'espace et elle pensait sincèrement étudier cela à Poudlard. Après tout, si les sorciers, les vampires et les fantômes existent, alors pourquoi pas les extraterrestres ?

"J'adore les étoiles et tout, mais je pensais que ça serait tellement plus intéressant. Les hommes, enfin les moldus, sont allés sur la lune. Vous imaginez. Je pensais que du coup, les sorciers grâce a leurs pouvoirs seraient allés tellement plus loin... Finalement, on voit juste l'effet des planètes sur les sortilèges. Vous savez, mon grand-père n'a pas fait d'études magiques, mais il connaît très bien l'effet de la lune sur la pêche."

Tous les moldus du monde rêveraient d'avoir des pouvoirs magiques afin de faire de grandes choses, et pourtant ceux qui en avaient n'étaient pas si extraordinaires que cela aux yeux de la petite blonde. Ils ne connaissaient pas la télévision, n'avaient jamais marché sur la lune, ne connaissaient pas l'internet, le téléphone ou le mail... Pour une petite de onze pleine de rêves c'était un peu décevant.

"Ce n'est pas contre vous, c'est juste que je m'attendais à tellement mieux. J'ai un peu l'impression d'un pas en arrière entre la connaissance moldue et celle des sorciers en matière d'astronomie."

La fillette n'était pas si stupide qu'elle pouvait le laisser penser. En réalité, Andy ne comprenait pas qu'on n'évoque jamais la conquête de l'espace, puisque pour les univers, c'était un grand pas historique et scientifique. Cependant, il était évident que tout cela n'était pas une excuse valable pour s'endormir en cours, ne pas faire ses devoirs et insister pour étudier Star Wars, mais elle n'était qu'une enfant qui aimait les histoires et les rêves.

"Mais je suppose, que je peux faire des efforts."

C'était rare que des élèves remettent en cause la suprématie de la magie, mais Andy n'était définitivement pas comme tout le monde, au plus grand malheur de ses professeurs à commencer par Béatrice Crow.

Beatrice et la culture, le monde moldu en général même, étaient comme deux personnes qui font bien attention à ne surtout pas se croiser et détournent le regard si jamais leurs chemins venaient à se croiser. Enfin, c'était surtout la mangemorte qui persistait à regarder de l'autre côté. Alors, bien évidemment, les conquêtes de l'espace moldue et les découvertes sur ce qu'il y avait au delà de l'atmosphère, Crow n'y connaissait rien. Pourtant, par Merlin, si elle s'y intéressait un peu, au delà du fait que ce soit l’œuvre des moldus, elle n'en serait que plus passionnée. C'était pourquoi Beatrice ne savait pas comment répondre à la déception de la petite, quand bien même elle pouvait la comprendre. Elle soupira, se massant l'arrête du nez. Bien sûr, la jeune femme ne pouvait pas changer radicalement son cours comme bon lui semblait – déjà, Natanael trouverait sûrement encore quelque chose à lui redire – mais surtout, elle avait mine de rien un programme à suivre, qui ne dépendait pas d'elle. Soupir.

«  Si vous êtes prête à faire des efforts, je peux essayer – cela ne dépends pas que de moi – de rendre ce cours un peu plus intéressant. »

La sorcière se mordilla la lèvre, prête à faire des concessions. Ses souvenirs des cours d'Astronomie, au même âge, lui avait laissés un goût de « trop peu » et c'était pourquoi elle avait pousser plus loin de son propre côté. Sans avoir la même passion, Andy avait la même déception. Crow se leva, retournant vers son bureau. Elle contempla le cours qu'elle avait prévu pour Andy, perdue dans ses pensées. La jeune femme, après quelques secondes de réflexion, trouva un compromis.

« Je vais vous prêter le cours que j'avais préparé pour vous aujourd'hui – si vous le perdez, ce n'est pas bien grave. En revanche, j'aimerai que pour, disons dans deux semaines, vous me résumiez le cours en un parchemin.  » La brune prit les quelques feuilles de cours, les déposa sur le bureau de la petite. « Pendant ce temps... Je ferais des recherches sur... Tout ce dont vous m'avez parlé. Et voir comment je peux l'insérer dans mon cours. 

La migraine commençait à pointer le bout de son nez ; Trice dépensait beaucoup trop d'énergie à essayer de satisfaire tout ses élèves, même ceux qu'elle aimait le moins pour diverses raisons.

« Vous n'êtes sûrement pas la seule à penser comme ça, je pense que dans l’intérêt de la classe, c'est une bonne idée. » ajouta le professeur, comme pour justifier son comportement.