Passer la journée en Irlande lui a fait plus de bien qu'il ne l'aurait pensé. Et c'est avec Sybella, bien calées sous une grande couette sentant bon la lessive, à se goinfrer de chocolats chauds et de gâteaux que sa grand-mère a pris grand plaisir à leur préparer qu'il a pu réfléchir à ce qu'il se venait de se passer. A chaque fois qu'un flash lui revenait, qu'il revoyait cette dispute toute droite sortie de nulle part, des larmes finissaient par couler le long de ses joues. Parce que Seamus aime Dean, comme un frère, comme un ami, comme un éternel coéquipier pour lui il est prêt à aller au bout du monde. Il regrette chaque parole dite, chaque mot beaucoup trop accusateur. Il rêve de pouvoir faire un trait là-dessus, de se coller contre lui pour lui faire un câlin en répétant pendant des heures qu'il est désolé, lui dire qu'il sera toujours là, qu'il le soutiendra dans chacun de ses choix, qu'il ne sera plus jaloux, qu'il se réconciliera avec Justin. Mais il hésite, persuadé que son meilleur ami n'est pas prêt pour entendre parler de lui. Il hésite à transplanner à l'appartement pour le voir, énervé, se plaignant de leur duo d'Irlandais à une Hannah ne sachant quoi dire et à un Justin lui rappelant sûrement qu'il l'avait prévenu.

Il est là, dans le salon, assis sur le canapé. Quand il le voit, sa main se serre. Il a mal à l'idée que la soirée puisse continuer comme ça, sans qu'ils ne se parlent. Dean est en colère, il le sait très bien. Et il ne l'a jamais vu comme ça. Le souvenir du Finnigan qu'il a prononcé pour la première fois le matin même lui donne envie de vomir. Il a envie de se retourner, de passer par la porte et de retourner en Irlande. Là-bas, il est bien, personne pour l'embêter. Il n'a aucun risque de contenter ses erreurs, la plus grave prenant la forme de son meilleur ami sur un canapé. Il s'avance lentement, sa respiration se faisant de plus en plus irrégulière. Il tend à Justin le tupperware rempli de muffins au chocolat que la grand-mère a fait – et qu'ils ont essayé de manger intégralement pour ne pas en laisser à leurs colocataires. Sauf Hannah, parce qu'Hannah est gentille. Son regard croise celui de l'ancien Poufsouffle qui ne semble pas être au courant de grand-chose. L'état de Dean choque. Lui l'éternel ne semble pas être totalement calmé. Le courage, qualité maîtresse des Gryffondors. Il est temps de la mettre en œuvre, de prouver qu'il n'est pas la honte de son ancienne maison.

— Dean. Son regard fuit celui de son meilleur ami, il a peur de le croiser, peur de dire une nouvelle connerie qui les séparerait encore plus, si c'est possible. L'impression de l'avoir perdu à jamais est tenace. Faut qu'on parle. Sa voix ne laisse pas réellement le choix. Il a besoin de cette discussion, besoin de savoir que ce n'est pas grave, besoin d'être pardonné. Il sent le regard des autres dans son dos. Il a peur, peur d'être rejeté, peur que Dean ne décide qu'il ne veut plus de lui au final. Il pourrait ? Cette hypothèse le terrorise, sa main tremble un peu trop.

Il prend la direction de sa chambre, lentement. Il veut que Dean le suive, ils n'ont aucune raison de s'expliquer ici, en plein milieu du salon devant leurs amis. Ils n'ont pas à leur infliger ça, ils ne l'ont pas mérité. Et au fond de lui, Seamus a honte, honte de ne pas être l'ami parfait. Il y tient, plus qu'à tout, il aimerait s'améliorer. Toute sa journée n'a servi qu'à ça, à penser à ce qu'il aurait dû faire pour être meilleur. Peut-être qu'il aurait dû être meilleur au boulot, plus productif pour lui permettre de débaucher plus tôt. Peut-être qu'il aurait dû être là pour voir qu'il se passait quelque chose de bizarre entre Sybella et lui. Peut-être qu'il aurait dû le soutenir, chercher à comprendre pourquoi il sort avec Sofia alors qu'il a couché trois mois avant avec Sybella. Il sait que son ami n'est pas comme ça, que son ami est du genre fidèle à ne pas apprécier ce genre de comportement. Dean est trop gentil pour son bien, ne vit finalement peut-être pas assez pour lui-même. Il ferme la porte, son regard refuse toujours de se poser sur son meilleur ami. Il a peur de lâcher prise, de tomber, de pleurer. Il s'en veut, purement et simplement. Le silence est lourd, beaucoup trop. Une minute passe. Ils ne se sont jamais disputés comme ça. Il déteste ce genre de situation mais il n'a pas le choix. Cette présence lui est vitale.

— Dean, je... Je suis désolé. Il trouve enfin la force au fond de lui, et assis sur son lit, il le regarde. Enfin. Au bout de deux minutes, il a réussi à prononcer des mots. Faiblement. Et dans sa tête, c'est brouillon, un bazar inimaginable. Il y a tellement de choses qu'il aimerait dire, tellement de choses sur lesquelles il voudrait s'expliquer. Parce que cette journée a été tout ce qu'il y a de plus bénéfique sentimentalement parlant pour l'Irlandais. Il a pu la passer avec son amie, il a pu mettre un mot sur ses peurs, sur les raisons qui l'ont poussé à être aussi méchant le matin même. Mais alors qu'il aimerait dire tout ça, il bloque. Une simple excuse sort de sa bouche. Il aimerait plus, vraiment plus. Il aimerait parler, sans savoir par où il doit commencer. Trop de choses, trop de mois passés sans rien dire, à attendre que l'autre se rende compte de quelque chose sans que ça n'arrive jamais. Les larmes coulent à nouveau. Dean, je suis désolé. Il se répète, encore et encore. Je suis désolé. Désolé, désolé, désolé, désolé. Une fois, deux fois, il se replie sur lui-même, continuant à répéter inlassablement cette petite phrase qui veut tout dire. Il a besoin qu'il lui pardonne. Il en a besoin plus que de manger. Il ne peut pas perdre son meilleur ami, pas aujourd'hui.

Après avoir couru pendant des heures dans la campagne écossaise, il avait fini par transplaner dans le seul endroit qui pourrait encore lui mettre du baume au coeur, sa maison familiale. Heureusement pour lui, la seule personne qui se trouvait dans la maison était aussi la seule personne avec qui il voulait parler, sa chère petite sœur. Elle n'avait pas l'habitude de voir son grand-frère énervé et elle était un peu énervée face à ce qu'il lui avait raconté, pour la simple et bonne raison qu'elle était sûrement la mieux placée pour savoir à quel point il tenait à eux et surtout à Seamus.

Seamus. Cet Irlandais qui était venu des centaines de fois chez eux, qui avait partagé leur vie, celui dont son frère parlait dans chacune de ses lettres, le premier ami magique de son frère, pour faire court la seule personne qui avait réussi l'exploit de rentrer dans la fratrie Thomas. Jamais elle n'aurait imaginé qu'ils puissent un jour se disputer, jamais.

Pourtant, Dean se tenait là. Dans le salon Londonien à boire un chocolat chaud avec sa petite sœur d'amour. Cerridwen était une personne très compréhensive et sûrement la personne la plus sage qu'il connaissait et il savait très bien qu'elle trouverait les mots justes pour le calmer, pour le faire rentrer à Pré-au-Lard. Cette journée loin de tout le reste du monde lui fit énormément de bien et il put vider son sac auprès de sa sœur. Lui dire à quel point il était déçu de son meilleur ami, son incompréhension face à la réaction de Sybella et surtout à quel point il pouvait les haïr à un tel moment. Dire toutes ces choses l'avaient presque calmé et la jeune fille avait même réussit à le convaincre de rentrer chez lui, pour voir ce qui se passerait.

Une fois dans le petit salon de la colocation, il retrouva Justin et Hannah qui avaient sûrement passé une bien meilleure journée que lui. Cependant, il n'avait pas envie d'en parler, pas envie de les bassiner avec des histoires débiles et surtout pas envie de jouer les victimes. En saluant avec un sourire passablement faux les deux anciens Poufsouffles, il se prépara un thé framboise, son préféré et se posa dans le grand fauteuil.

Quand les deux autres rentrèrent, Dean ne leur adressa même pas un regard. De toute manière c'était trop dur de les regarder après ce qui lui avait fait, lui qui était toujours bienveillant avec tout le monde, alors qu'il avait toutes les raisons du monde pour arrêter de l'être. Pas un seul d'eux ne lui rendaient jamais rien en retour. Finalement, il était presque toujours aussi énervé et il avait vraiment du mal à digérer les paroles de la matinée.

Seamus l'approcha et lui demanda de le suivre pour s'expliquer. Au départ il aurait bien refusé, parce qu'il n'était pas sûr d'avoir envie de discuter avec ce qui lui apparaissait comme le plus grand traître de l'année, mais une petite voix dans sa tête, qui ressemblait à celle de sa sœur lui disait de le suivre, pour mettre une bonne fois les choses à plat. Dans la chambre, à l'écart des autres, afin de leur éviter un moment qui s'annonçait dramatiquement horrible, surtout qu'en sept ans d'amitié, ils ne s'étaient presque jamais disputés.

L'irlandais s'excusa, les larmes aux yeux. Il s'excusa une fois, deux fois, trois fois et au final presque une dizaine de fois, mais l'anglais ne savait pas s'il avait envie de le croire ou pas. Bien sûr qu'il était touché par le garçon, c'était tout de même son meilleur ami qui était en train de pleurer à quelques centimètres de lui, mais les mots qu'il avait pu dire ce matin avaient été les mots les plus durs qu'il n'avait jamais entendu de sa vie.

- D'accord tu es désolé, mais ça change quoi ?

Dur. Dean était dur. Peut-être en avait-il tout simplement marre d'être le gentil de l'histoire, qu'on le prenne pour un débile. Lui aussi avait le droit d'être en colère, d'être triste et d'être véritablement déçu. L'anglais voulait plus que des excuses, il voulait des explications, même s'il doutait que des explications suffisent. Perdre son amitié avec Seamus serait un événement tragique pour lui, mais il ne pouvait définitivement pas faire comme si de rien était, comme si rien ne s'était passé.

La réponse lui fait l'effet d'une bombe. Le choc, il ne s'y attend pas. Parce que ça reste Dean qu'il a en face de lui. Dean, le gentil Dean, celui qu'il connaît par cœur, son frère de toujours à lui le fils unique qui a toujours rêvé d'une grande famille. Un peu comme celle de l'anglais. Et il se rappelle de ces moments passés tous ensemble, de l'année où il a décidé de faire découvrir l'Irlande aux plus vieux phénomènes de la famille Thomas. Et la nostalgie transforme les souvenirs heureux en flashs douloureux. Il espère au fond de lui que ce n'est pas fini, que cette époque bénie n'est pas révolue, que tout va s'arranger. Parce que tout doit s'arranger. Il ne voit pas vivre sans lui, ou pire vivre avec lui face avec la certitude que leur amitié est brisée à jamais. Il préfère rentrer à jamais en Irlande, abandonner un avenir radieux auprès de ses amis pour ne plus contempler le seul qu'il avait une peur bleue de perdre. Et qu'il a perdu. Ses mots se répètent en boucle dans son esprit, toujours plus dur. D'accord, tu es désolé. Toujours plus difficile à supporter. Mais ça change quoi ? C'est vrai ça, ça change quoi ? Il n'est qu'un monstre après tout. Parce que juste un monstre est capable d'être aussi horrible envers une personne qu'il aime autant. Un nouveau sanglot le fait tressauter. Mais ça change quoi ? Rien. Rien, rien et rien. Il aimerait revenir à ce matin, mentir, dire que tout allait bien, lui faire un câlin. Mieux, il aimerait revenir quelques mois avant, aller voir Dean directement, lui parler de ce qui allait mal au lieu de laisser les choses s'envenimer.

Il lève les yeux vers son meilleur ami – ex meilleur ami ? – parce qu'il a cette certitude que fuir son regard tout le long de la conversation n'arrangera pas les choses.Il sait qu'il doit l'affronter. Lui, son Dean. Mais les mots restent bloqués au fond de sa gorge, il a peur. Il réfléchit peut-être plus vite qu'il ne l'a jamais fait, tente de choisir chaque mot avec une précision déconcertante pour finalement abandonner chaque début de phrase en se disant que ce n'est pas suffisant. Il a mal, son cœur rempli de regret. Aujourd'hui, il comprend l'insistance de Meredith pour qu'il apprenne à vivre en société sans blesser les gens. Conséquences terribles d'un réveil trop matinal, d'un sentiment d'abandon conservé trop longtemps, d'une jalousie pathétique à l'extrême. Arrive le moment où il se déteste, lui Seamus, celui qui se fiche habituellement pas mal de blesser qui que ce soit regrette chacune de ses paroles prononcées à tort. Parole qu'il pensait définitivement trop. Il lui en veut, encore et toujours, mais il s'en veut aussi maintenant. Et c'est face à cette situation délicate qu'il tente de prononcer une phrase qui sauvera à jamais leur amitié, qui la préservera, qui la rendra aussi belle qu'avant. Avec des paillettes.

— Ne m'interromps pas. Une supplication. Il inspire calmement, cherche à rassembler chaque miette de courage qui l'habite. Dean, je suis désolé. Le mot sonne plus comme une évidence qu'autre chose. Il l'entend, sa voix. Mais ça change quoi ? J'ai été con. Pas toi, moi. J'aurais pas dû te parler comme ça, mais c'était plus fort que moi. J'en peux plus. Tu comprends Dean ? J'en peux plus. Des larmes recommencent à couler sur ses joues. C'est trop dur. Phrase à peine murmurée, il se recroqueville un peu plus sur lui-même. Mais ça change quoi ?

Par où commencer ? Il y a toutes ces choses qu'il aimerait lui dire depuis trop longtemps, toutes ces choses qui le bouffent un peu plus depuis des mois. Il y a ce pseudo abandon qu'il a ressenti quand son meilleur ami a préféré partager sa chambre avec Justin plutôt qu'avec lui – et ça après sept ans de partage à Poudlard – le laissant seul dans une pièce vide. Il y a aussi le fait qu'ils ne parlent plus autant qu'avant. Il commence à avoir du mal à se confier à lui, alors que ça devrait être la chose la plus simple au monde. Il a l'impression de l'avoir perdu tout, simplement. Tout semblait beaucoup plus simple à Poudlard, mille fois plus simple. Et puis il y a le rejet de son père qui n'a pas apprécié la nouvelle de son changement d'orientation, il y a eu les disputes à la maison qui datent de Noël et dont il n'a pas encore eu l'occasion de lui parler. Et pourtant, il en aurait eu besoin, il aurait aimé. Et il y a le peut-être prochain divorce de ses parents qui semble se confirmer de jour en jour. Les lettres de sa mère le font presque toujours pleurer. Sa mère, sa mère adorée, il déteste la savoir pleurer. Et à côté, il y a l'alcool, le fait qu'il ait ce besoin constant de réconfort qu'il trouve avec Hannah ou plus étonnement Sybella. Il y a la cigarette, les cuites qui se rapprochent les unes des autres. Il se détruit la santé, la fatigue s'installe.

— C'est... C'est long. Tu acceptes de m'écouter ? Il se décale, lui laisse une place à côté de lui, sur son lit défait. Sa chambre est un bordel monstre, il ne sait pas d'effort vu que personne ne la partage. Il en vient à regretter qu'ils n'aient pas de sixième colocataire. Tu t’assois ? Sa voix est trop aiguë pour être normale. Il a du mal à déglutir. La peur du refus est plus que présente et il ne le quitte pas des yeux. Il prierait presque, espère qu'il dise oui, qu'il ne sorte pas de cette chambre comme si de rien n'était. J'ai peur Dean. Je sais que j'ai tort mais j'ai peur de te perdre, que tu m'abandonnes tout ça. Tu- tu dois te dire que je suis con mais t'es mon meilleur ami. J'me dis que si je peux plus compter sur toi, j'suis perdue. T'as toujours été une sorte de repère pour moi et là, t'étais moins là. Et j'en avais besoin tu sais ? Je sais que j'suis con. J'aurais dû venir t'en parler mais j'ai pas osé. Comme t'a préféré dormir avec Justin, j'me suis dis que t'en avais peut-être marre de moi... Ou que tu préférais Justin parce qu'il était hétéro. Les larmes coulent abandonnement, mouillant son tee-shirt trop grand pour lui. Alors forcément, j'ai peur. On passe nos journées ensemble au travail mais c'est plus comme avant. Et tu sais, ben, moi je t'aime Deanou. Je veux que ça redevienne comme avant, pour toujours. Il a honte Seamus, honte de ces larmes qui coulent, honte de ces mots qui sortent de sa bouche. Honte. Et à côté de ça, ma vie c'est de la merde. Mes parents divorcent Dean, mon père n'a pas accepté la nouvelle...

Seamus avait-il seulement conscience de tout le mal que se donnait son ami pour être à la hauteur de ses exigences ? Peu de personnes seraient aussi patientes, aussi compréhensives et surtout aussi gentilles que Dean l'était avec lui. Parce que l'anglais était comme ça et serait toujours comme ça. Le genre de gars toujours prêt à rendre service, à protéger ses amis et toujours partant pour passer du temps avec eux. Alors, oui. Il s'en voulait beaucoup de ne pas avoir vu avant que son meilleur ami se sentait mal à cause de son orientation sexuelle désormais plus ou moins assumée. Régulièrement, il se disait qu'il était nul comme ami, qu'il aurait pu faire un effort et que jamais il se le pardonnerait, mais l'entendre de la bouche de son ami était trop dur pour lui.

L'irlandais ne pouvait pas avoir conscience de ce que faisait son ami pour lui, parce qu'il en avait toujours été ainsi. Le non-dit était devenu une évidence, une habitude, un devoir, mais après ce jogging désastreux, l'anglais trouvait que son ami était un peu ingrat. Ce n'était pas lui qui avait invité les autres dans l'appartement, ce n'était pas lui qui passait tout son temps avec Sybella, ce n'était pas lui qui jouait les mystérieux. Dean ne cachait jamais rien à Seamus, sauf l'épisode avec Sybella, mais il avait fait la promesse à cette dernière de ne rien dire et la loyauté était une chose très importante pour le garçon, presque autant que la famille.

L'ancien Gryffondor était dur avec son ami, il en avait parfaitement conscience, mais il était profondément déçu par ce dernier et n'avait rien à rajouter de plus que ce matin. Les excuses, il était persuadé que ce n'était pas à lui de les faire et pour une fois dans sa vie, il comptait bien ne pas céder à son ami, lui montrer que lui aussi peut être blessé. D'un regard lourd, il regarde son ami qui semble chercher la force de lui parler, la force de lui dire la vérité en face. C'était plus facile avec Sybella. Dean se trouvait cruel de penser cela, parce que c'était Seamus, son meilleur ami irlandais, ou du moins ce qui en restait. Parce que le Seamus qu'il connaissait n'aurait jamais dit ces choses, n'aurait jamais été jaloux de Justin et n'aurait jamais pensé qu'il pourrait l'abandonner, pas après sept ans d'amitié.

Une énième fois, son ami s'excusait et pour la énième fois Dean ne répondait pas. Il ne répondait pas, parce qu'il ne savait pas quoi dire, parce qu' il ne savait pas quoi penser et surtout parce que son ami lui avait demandé de ne rien dire. Bien sûr que ces excuses lui semblaient honnêtes et bien sûr qu'il était touché de voir son ami dans un tel état, mais il ne comprenait pas ce qui pouvait aller si mal pour que son meilleur ami puisse se comporter aussi cruellement qu'il avait pu le faire un peu plus tôt dans la journée. L'anglais savait qu'il était l'heure des grandes explications et que c'était sûrement sur cela qu'allait se jouer leur amitié. Alors oui. Il allait l'écouter comme il le faisait toujours, parce que Dean était toujours une bonne oreille à qui voulait et surtout parce qu'il tenait autant à cette amitié qu'à sa propre famille. Il prit place sur le lit, aux côtés de l'irlandais. La chambre était en bordel, mais vu l'état de celle qu'il partageait avec l'autre anglais, il ne pouvait rien dire.

- Je t'écoute et promis je ne te coupe pas.

C'était peut-être la dernière fois qu'il parlerait à Seamus. Qu'il entendra son accent irlandais si marqué. Parce que peut-être qu'il allait lui annoncer qu'il en avait marre de lui, peut-être que cette conversation n'arrangerait rien et peut-être que Dean rentrerait chez lui à Londres, loin du monde magique. Cette conversation annonçait peut-être la fin de tout, mais il était prêt à écouter son ami, dans l'espoir que tout irait mieux après. L'optimisme était une grande qualité de l'anglais et il espérant que son meilleur ami se trouvait encore là, quelque part sur ce lit, dans cette chambre, dans cet appartement.

J'me dis que si je peux plus compter sur toi, j'suis perdu. D'une certaine manière l'anglais été rassuré, rassuré de voir que l'irlandais c'était calmé, que l'irlandais soit moins cruel que le matin même, mais il était triste. Il repensait aux derniers mois, aux choses qui auraient pu changées, essayer de comprendre comment son ami a pu penser qu'il l'abandonnait au profit de quelqu'un d'autre. Son rapprochement avec Justin était évident et surtout depuis la colocation, mais c'était indispensable pour leur amitié qu'ils puissent voir d'autres gens et la vie de Dean ne pouvait pas se résumer qu'au nom de Seamus. L'anglais aurait aimé intervenir pour lui dire que Justin était un ami, un très bon ami, mais qu'il n'a jamais délaissé leur amitié pour une nouvelle. Cependant, il avait promis d'attendre la fin. La jalousie était un sentiment qu'il ne comprenait pas, parce qu'il était trop bienveillant pour ça, mais ce qu'il ne comprenait vraiment pas, c'était que son ami puisse un instant penser que son orientation sexuelle pouvait entraîner un changement de comportement.

Je veux que ça redevienne comme avant, pour toujours. Comment les choses avaient-elles pu en arriver là ? Eux, qui étaient inséparables, qui jamais ne doutaient de l'un et l'autre. Et si Seamus avait raison et si son homosexualité était la cause de tout. Dean se fichait de savoir si son ami préférait les hommes et les femmes, mais il s'en voulait de ne pas l'avoir vu et s'en voulait de ne pas avoir été la personne à qui il voulait se confier. Heureusement que Meredith avait été là. La si parfaite Meredith. La si parfaite Sybella. Le si parfait Fizz. Ils étaient tous bien plus parfaits que lui, finalement.

La dernière annonce de l'irlandais lui fit l'effet d'une véritable claque. Alors, c'était ça le vrai problème, c'était sa famille. Dean se souvient encore des étés passés en Irlande, les discutions avec les parents de Seamus et il sentit un léger pincement au cœur. La famille était importante et il ne pouvait pas savoir le malaise que son ami pouvait actuellement ressentir, mais il se doutait bien que ses derniers mois n'avaient pas été aussi paisibles que pour lui.

- Pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? J'étais là. J'étais toujours là. Tu penses que je ne peux pas comprendre ? Que je suis trop stupide pour ça ?

L'anglais avait trop de choses à dire, trop de choses sur le cœur et pourtant il arrivait seulement à formuler des questions, des questions qui lui rappelaient que quelque chose avait échoué. Dean était triste, mais il n'était pas aussi émotif que son ami, alors il gardait tant bien que mal son sang froid.

Il le regarde, petite créature apeurée, incapable de bouger de peur de se faire réprimander encore une fois. Il sait qu'il l'a déçu, qu'il a mal agi. Chaque décision prise avec difficulté au cours de ces derniers mois était mauvaise. Maintenant, il n'a qu'une seule envie, que son meilleur ami le prenne dans ses bras pour lui faire un câlin. Mais il peut attendre Seamus, il peut attendre des heures entières en espérant qu'il la fasse de lui-même pour faire finalement face à une conclusion qu'il ne connaît que trop bien. Son ami ne bougera pas, son ami n'a sûrement pas la moindre envie de le prendre dans ses bras pour lui dire que tout ira bien. Mais tout ira bien pourtant. Tout finira par aller mieux entre les deux Gryffondors. Dean n'aime juste pas les câlins, n'a jamais été aussi tactile que lui. Aujourd'hui, il regrette presque tout ça, aujourd'hui plus que jamais il aimerait que son meilleur ami prenne ce genre d'initiative. Il se replie un peu plus sur lui-même, attendant comme une sentence la réaction de l'anglais. Il a cette peur constante d'être jugé encore une fois. Il craint que tout redevienne comme le matin même. Les mots prononcés sont incapables de sortir de sa tête depuis. De la haine, de la rancœur. Putain, il l'aime.

Sa réaction n'a pas l'effet attendu. Il ne cherche pas à comprendre Seamus, il ne s'arrête qu'à ce sentiment de déception qui émane des questions de son ami. L'échec est total. Au final, ce n'est pas la faute de Dean, c'est la sienne. Lui, le con incapable de garder son meilleur ami prêt de lui, lui l'ingrat qui n'est pas capable de le remercier convenablement pour tout ce qu'il fait pour lui. Lui, le fautif. Il aimerait crier, parler, retrouver son énergie naturelle mais ton son meurt dans sa gorge gênée. Il se recroqueville toujours un peu. Elle est bien loin la boule d'énergie habituelle, celle qui fatigue tous ses amis qui lui demandent de se calmer. Il est loin, le vrai Seamus, le fier, celui qui ne pleure pas devant les autres. Mais ce n'est pas les autres ici, à l'abri dans sa chambre en bordel. C'est Dean, son meilleur ami, son frère, la personne à qui il tient le plus sur terre, celui qui a toujours été là pour lui quand il en avait besoin. Alors oui, à un moment il a dit stop. Il a fini par se dire que Dean en a trop fait, et face à la distance qui s'est installé entre eux, il s'est dit que ses problèmes ne le concernaient plus. Nouvelle erreur.

Incapable de réfléchir, il n'arrive pas à se sortir cette foutue idée de la tête. Il ressent ce besoin constant depuis le début de la conversation, ce genre de réconfort physique. Il fait partie de ces personnes qui s'expriment aussi bien avec des mots qu'avec leurs gestes. Mais il la réprime, cette envie de prendre son meilleur ami dans ses bras comme avant. Il sait que Dean n'est pas prêt à accepter ça, qu'après cette dispute ridicule et ces phrases blessantes, il n'appréciera pas que Seamus fasse comme si rien ne s'étaient passés. Comme s'ils étaient toujours heureux dans la salle commune de leur maison. Rien ne sera simple comme avant. Rien ne peut réellement rattraper ces mots de distances approximatives, ces mois où son cœur s'est fendu à plusieurs reprises face aux abandons involontaires de celui qui est comme son frère. Parce que Seamus sait, ils ont besoin d'autres amis. Il ne le niera jamais, lui le mec sociable qui adore courir un peu partout pour rencontrer de nouvelles personnes qu'il est capable d'apprécier ou non. Et ce n'est pas ça qu'il lui reproche, lui aussi adore Justin. Il a juste ce sentiment perpétuel de peur d'être remplacé, de n'être qu'un nom barré par celui du Poufsouffle, de ne plus pouvoir compter sur la présence rassurante du londonien quand il en a besoin. Aujourd'hui, plus que jamais.

— Dean, tu me fais un câlin ? Son regard reste figé dans celui de son ami. Les larmes coulent sur ses joues blanches. Il ferait presque peine à voir, le fier irlandais. Il n'est plus aussi fort qu'il n'y paraît. Un peu comme le vestige d'une force passée. Il a l'impression d'être détruit. La vie est douloureuse, il le savait. Et il repense à cette époque révolue où sa plus grande peur était de savoir s'il aurait ses examens et un lit pour dormir loin de chez sa mère. Un appartement avec Dean. Tout a bien changé. T'es pas stupide. Je- je voulais pas t'embêter avec ça. J'en ai parlé à personne tu sais ? Je sais pas comment réagir face à ça mais... Tu avais l'air heureux Dean. Tu avais Sofia, Justin et Hannah, et puis on rigolait bien le soir. Je voulais pas t'inquiéter.

Mais il aurait dû. Il aurait dû lui faire comprendre que tout allait mal, que son équilibre avait foutu le camp depuis trop longtemps. Adieu la simplicité, adieu les moments légers où il pouvait se contenter de sourire à tous ceux qui lui parlaient en plaisantant. Maintenant il sait, il se rend compte que la vie d'adulte n'est pas si simple qu'on aimerait nous le faire croire. Sa famille est ce qu'il y a de plus précieux à ses yeux, et ça Dean peut le comprendre. Lui pour qui sa famille est tout, il ne serait plus capable d'aligner deux pas si ses parents venaient à divorcer. Mais lui, il tient. Il continue d'avancer et faire comme si de rien n'était et ça depuis des mois. Mais vient le moment des explications. Il marque une pause. Il essaye à plusieurs reprises de commencer une phrase mais c'est difficile. Il hait tellement ne pas savoir quoi dire. Lui, le mec réputé pour sa repartie, silencieux.

— Ça fait un moment tu sais. Ça allait mal entre eux, c'est pas nouveau. Ils se disputaient souvent, papa aime pas le monde magique. Ils pensaient à se séparer, marre des disputes tout ça. Mais jamais devant moi. Devant moi, fallait s'aimer, fallait faire comme si tout allait bien. Maman refusait de m'en parler, mais j'avais compris. Faut pas me prendre pour un con non plus. Il parle d'une traite, sans réfléchir. Enfin, il peut se confier, enfin il a quelqu'un pour s'écouter. Et Dean est la meilleure oreille qu'il aurait pu trouver. Dean est son meilleur ami, Dean connaît ses parents. Dean est parfait. Et ça a explosé à Noël. J'ai- J'ai annoncé la nouvelle à mes parents. Il a pété les plombs, genre violent. Il m'a dit que c'était mal, que je devais pas. Et quand je suis parti me cacher dans ma chambre, j'ai entendu ma mère gueulait. Elle l'a foutu à la porte et-. Ils vivent toujours ensemble mais plus pour longtemps. Ma grand-mère a dit qu'elle voulait plus entendre parler de lui, qu'il devait partir. C'est compliqué, je sais pas. Il le regarde dans les yeux, nouvelles larmes. Son père, sa mère, sa famille. Tout ça c'est dur, à cause de lui. Il a l'impression d'être en faute, que tout ça c'est uniquement sa faute. Et je m'en veux Dean, je m'en veux. C'est ma faute, ma faute. Ma famille, elle va-. Nouveau sanglot, famille détruite.

Voir ses amis en larmes a toujours été difficile, mais voir son meilleur ami aussi triste qu'un chien abandonné relevait carrément de la torture pour l'anglais. Plus les minutes passaient, plus il trouvait cette dispute matinale débile, mais d'un autre côté, ce n'était pas vraiment de sa faute. Lorsque l'irlandais qu'il connaissait depuis son premier voyage à bord du Poudlard Express, lui avait annoncé pour sa sexualité, il s'en était réellement voulu de ne pas l'avoir remarqué et pour dire vrai, il s'en voulait toujours autant. Cependant, Seamus n'avait pas le droit de toujours tout lui remettre sur le dos. S'il se sentait seul, c'était peut-être à cause de lui. Au lieu d'être jaloux à l'égard de Justin, il aurait pu venir et passer du bon temps à trois. Cette dispute lui paraissait sordide, mais elle n'était peut-être pas si mauvaise parce qu'au moins, cette fois, ils pourraient se dire tout ce qu'ils avaient sur le cœur.

Non, je ne te ferais pas de câlin, pas aujourd'hui. L'anglais ne le dit pas à voix haute, mais il n'en pensait pas moins. Bien sûr, il lui en voulait bien moins qu'une heure auparavant, mais il avait encore beaucoup de mal à pardonner les mots durs du matin, ce qui entre nous, n'avait rien de surprenant. Alors, il ne répondit rien à son ami, se contentant de le regarder. Il savait que son ami trouverait cela douloureux et peut-être même qu'il l'accuserait d'être méchant, mais au moins une fois il devait comprendre qu'une amitié n'était en aucun cas acquise à jamais.

- Seamus, tu sais bien que tu ne m'embêtes jamais, puis pour ne pas m'inquiéter c'est plutôt raté.

Son soi disant bonheur ne pourrait pas exister sans Seamus et si jamais il avait vraiment existé, il venait plutôt bien de se casser la gueule. Dean avait une copine génialissime. Dean avait de génialissimes colocataires. Mais Dean sans son meilleur ami, n'était pas Dean. Parce que Seamus c'était la personne la plus importante à ses yeux après ses frères et sœurs, et peut-être même plus important que certains. Ce n'est peu dire. Les problèmes de famille, il aurait aimé en entendre parler avant, surtout qu'il avait déjà passé de nombreux étés là-bas et c'était un peu comme de la famille éloignée pour lui. Pendant qu'il écoutait son ami, il revoyait la mère de Seamus en train de cuisiner et le père en train de discuter de la gloire irlandaise avec un des voisins. Une vie bien plus champêtre que la sienne, qu'il avait longtemps idéalisée comme havre de calme, mais il faut croire que rien n'est éternel.

Si ses parents (enfin sa mère et son beau-père qu'il considérait comme son vrai père) venaient à se séparer, il serait sûrement très triste mais dans le monde moldu c'était devenu terriblement courant. Un jour l'un des petits jumeaux avait même demandé pourquoi ils ne divorçaient pas, parce qu'avoir deux noëls et deux anniversaires serait bien plus marrant. Dean avait toujours le don de dédramatiser les choses, de prendre un peu tout à la légère, mais il connaissait suffisamment son ami pour savoir que ce n'était pas son cas et que son hypersensibilité et son hyperémotivité allaient sûrement l'achever. Alors, il posa sa main sur son épaule, parce qu'il était encore là, même si Seamus se comportait comme un con.

- Tu aurais dû m'en parler dès le début, mais t'en fais pas, les choses s'améliorent toujours et si ton père n'est pas encore prêt à l'entendre, laisse-lui un peu de temps.

Le père de Seamus n'était pas un mauvais gars et Dean pouvait admettre qu'entendre que son seul et unique fils était gay pouvait être difficile à accepter mais il était pour une raison étrange, à moins que cela soit son habituel optimisme, sûr qu'il finirait par accepter la chose. Je sais que je ne dis jamais rien sur moi, mais tu sais bien que je suis là pour toi. C'était ce qu'il aurait dû lui dire, mais c'était ce qu'il ne dirait pas, parce que cela avait toujours été ainsi entre eux.

C'est la peur de décevoir qui agite son corps tout entier. Il l'a déjà fait pourtant. Quand Dean refuse implicitement de lui faire son câlin – quand il ne bouge pas, qu'il le laisse dans sa pathétique tristesse – il comprend que c'est déjà le cas. Ces aveux censés tout améliorer ne sont qu'une bombe pour leur amitié trop fragile. Comme souvent, il se demande pourquoi il est incapable de prendre les bons choix. Il a honte Seamus, il aurait que tout soit différent. Il se sent honteux d'avoir tout raté. Tout – que ce soit avec ses amis, sa famille et peut-être même sa souris. Il est incapable de trouver un moment où il a été plus mal dans sa peau. Il se rappelle d'une époque passée – celle avec les histoires d'Harry – où il s'est retrouvé seul face à la plupart des gens. Il a su rester fier, tournant sans difficulté le dos à ceux qui le critiquait. Les choses étaient d'une simplicité sans pareille à l'époque parce que Dean – et ça même s'il n'était pas particulièrement d'accord avec ses choix – a toujours été présent pour lui. C'est son barrage, celui qui le protège du monde, celui qui atténue ses choix souvent discutables. Il a désormais la certitude de n'être rien sans lui. Dean c'est comme un frère jumeau de qui on ne peut se retrouver privé, c'est le raisonnable, le réfléchi, la seule personne au monde qui est capable de lui faire ressortir ce genre de regret.

Il ose à peine le regarder dans les yeux. Il comprend enfin ce qu'est la honte Seamus, révélation inespérée après toutes ces années. Pourtant, il sait que ce sentiment, ses amis l'ont régulièrement, qu'ils n'approuvent pas de se balader avec lui affubler de son horrible bonnet orange ou déguiser en leprechaun pour les occasions spéciales. Mais à l'instant, il espère jusque qu'elle n'est pas aussi douloureuse pour les futilités que lorsqu'on blesse un proche. Dean n'a jamais aimé les câlins, ou du moins pas autant que lui. Ce n'est pas une nouveauté pour lui, ça fait des années qu'il en a conscience. C'est toujours lui qui vient réclamer, qui vient se coller dans le fauteuil fatigué de sa journée en suppliant son meilleur ami de se montrer un peu expressif. Alors il n'est pas étonné qu'à ce moment, il le rejette. Il est déçu, énervé envers lui-même d'avoir causé une telle situation. Les mots du matin, ceux de Sybella, et ceux sortis dans l'intimité de la pièce le font souffrir.

— Je pense pas que ça va s'améliorer... Tu sais, j'osais pas. Je sais pas pourquoi, tout paraît différent depuis qu'on est plus à Poudlard Deanou. Et je voulais pas te déranger avec tout ça, te forcer à passer du temps avec moi alors que tu jouais avec Justin. Il marque une pause en pensant à l'ancien Poufsouffle. Justin a des centaines de défauts – ou plus – mais il reste quelqu'un de gentil. À ce moment précis, il regrette de l'avoir critiqué avec Sybella. Espérer que dans cette colocation, tout le monde fasse de son mieux était utopique. Hannah est parfaite, mais elle a été la seule capable de ce miracle. Et je voulais pas en parler devant Justin. Il est homophobe mais il fait des efforts. On est ami et... Je sais que ça le gêne, mais il s'est quand même montré gentil avec moi, même après le baiser, alors c'était la moindre des choses. J'avais pas à parler de mes problèmes devant lui, ça l'aurait mis mal à l'aise. Et la dernière fois que j'ai voulu aborder un de ces sujets avec toi au boulot, on a fait exploser un hibou mec.

Ce sont le genre de souvenir qu'il chérit. Le souvenir du sang, des boyaux et des plumes éparpillés partout n'est pourtant pas la chose la plus joyeuse au monde, mais il aime tous ces moments passés où il pouvait se confier à Dean sans avoir peur d'être jugé. Il comprend maintenant qu'il a été stupide, que Dean a très bien accepté la nouvelle et qu'à aucun moment il n'aurait dû se mettre dans ce genre d'état. Finalement, il se dit même qu'il a eu peur en voyant en Sybella une personne à qui se confier car elle n'a jamais été la personne aux conseils les plus avisés quand il est question d'amitié mais il n'a pas le moindre regret pour ça. Si on oublie les mauvaises idées, les airs exaspérés à l'entente des noms de Thomas et Finch-Fletchley, c'est sa présence dont il choisit de se rappeler à ce moment précis. C'est le fait qu'elle ait su répondre à un besoin qu'il avait de se confier – qu'elle ait su faire preuve d'une patience dont beaucoup ne l'auraient pas cru capable – qui lui fait dire qu'elle a changé, qu'elle est devenu quelqu'un de bien. C'est le fond et non la forme. Elle a su être un pilier pour lui quand il faisait tout foiré avec le reste de ses amis, de sa famille formée par les personnes les plus cool de tout Poudlard.

— Tu sais Dean, je comprendrais si disais que tu veux plus de moi comme meilleur ami. Je me suis comporté comme le pire des cons et-. Nouveau sanglot qu'il n'a pas pu retenir. Encore une fois, il a honte de lui, il a cette impression que tout est fini et que quoi qu'il ajoute, rien ne changera jamais. À la fin de la conversation, Dean ira voir les autres, et il restera dans cette chambre sombre, à pleurer alors que Nara monte sur son visage pour chercher à comprendre le comportement inhabituel de son maître. Et je m'en veux tellement. J'ai tellement mal agi. Je sais ce que tu penses tu sais ? C'est facile de dire qu'on aimerait avoir agi autrement, hein. Mais je vais redevenir comment avant, c'est promis. Je vais m'excuser à Justin – seul à seul – et je te dirais tout comme à Poudlard. Et- je sais pas.

Il a toujours eu ce besoin d'être l'enfant parfait selon ses critères – l'enfant qui, même en faisant des conneries, respecte sa mère et ne fait rien qui pourrait la blesser – l'irlandais idéal, un modèle pour tous ceux de Poudlard, l'ami qu'on aimerait tous avoir. Il est devant son échec le plus total aujourd'hui Seamus, et la seule chose qu'on ne peut remettre en cause sont ses origines fièrement exposées dans sa chambre grâce au cadeau de Noël d'Hannah.

L'anglais ne se sentait pas très bien face à son ami, il n'aimait pas les méchants, cela ne lui ressemblait terriblement pas. Pour dire vrai, il commençait à éprouver certain regret pour les mots un peu durs qu'il avait pu dire quelques minutes plus tôt, mais finalement il savait que c'était ce qu'il y avait eu de mieux à faire. Sans cela, la tension aurait continué à monter et peut-être qu'il n'aurait resté que des miettes de leur amitié au bout de tout cela. Dean se voyait mal ne plus parler à l'irlandais, mais une mise au point était nécessaire pour la suite.

Son ami ne semblait pas d'accord avec sa vision optimiste des choses et l'anglais ne pouvait pas vraiment le contredire, puisqu'il ignorait presque tout de la vie que pouvait avoir les Finnigan par delà la mer. L'histoire avec Justin lui paraissait un peu sordide pour lui qui était toujours honnête avec tout le monde, mais il était prêt à l'accepter. Accepter que Seamus ne voulait pas s'imposer et briser la bonne ambiance, mais jamais Dean ne l'aurait repoussé, même pour une bonne partie de sabres lasers en plein milieu du salon. Seamus c'était comme son frère et pour un Thomas ça voulait dire beaucoup. Oui, les choses avaient changés et lui aussi regrettait l'époque de Poudlard, mais il fallait grandir, il fallait aller de l'avant comme tous les autres avant eux.

Entendre parler du hiboux fit vaguement sourire Dean qui revoyait dans sa tête la scène. Ce n'était certes pas très sympathique pour la pauvre petite bestiole et Green Peace n'approuverait sûrement pas, mais cela restait globalement pour l'ancien Gryffondor un souvenir joyeux. Ils n'étaient peut-être plus à Poudlard, mais pouvait encore profiter d'un peu de légèreté dans leur vie. Futile adolescence. Parce que oui, l'anglais ne se sentait pas encore adulte et aimait vaquer à des activités d'enfants dès que la vie le lui permettait.

L'anglais écoutait silencieusement son ami, ne savant pas réellement quoi dire, ni même penser. Dean était une personne honnête et très loyale, mais il avait besoin, dans ses relations de clarté. Raison peut-être pour laquelle son couple avec Sybella n'avait pas tenu long feu et encore moins la suite de leur relation. Pour ainsi dire, il avait besoin de choses simples. Je comprendrais si disais que tu veux plus de moi comme meilleur ami. Cette petite phrase fit réagir directement le jeune homme.

— Arrête ! Je n'ai jamais pensé une chose pareille, c'est toi qui … Tu sais quoi ? Oui, tu t'es comporté comme un con et je n'ai peut-être pas réagi de la meilleure façon, mais ne joue pas les caliméros. Je ne veux pas te perdre, mais les mots ne suffisent plus.

Dean tentait de parler calmement et de choisir correctement ses mots afin de ne pas blesser son ami, parce que ce n'était en aucun cas un reproche. L'anglais était prêt à tourner la page, recommencer sur de meilleures bases, mais il voulait que cela soit définitivement claire avec son ami.

— Seamus, plus de mensonge, plus de secret enfin plus de secret comme ça et surtout arrête de douter de notre amitié. On se connaît depuis huit ans, je ne vois pas pourquoi les choses devraient commencer à changer.

L'ancien rouge et or éprouvait encore une certaine colère à cause de mots que son ami avait pu dire, mais il était prêt à faire un effort. Ne pas jouer les rancuniers et offrir une chance à son meilleur ami. La vie était trop courte pour se disputer sur des choses aussi futiles. Dean avait autant besoin de Seamus que Seamus avait besoin de lui. L'anglais se lève du lit, jugeant que faire traîner la conversation ne servait à rien.

— Si tu es d'accord, on va sortir, passer à autre chose et reprendre comme avant…

Il attend la réponse de son ami. Il ne sortira pas de cette chambre sans sa réponse. Suppliant que ce soit oui. Suppliant que cela fonctionne. Il ne peut pas vivre dans un appartement avec deux personnes qui lui font la gueule.