Temps clair, soleil haut dans le ciel. Le vent est timide, et peine à faire bouger les feuilles des arbres. Beaucoup d'élèves sont dans le parc de Poudlard. La plupart sont assis près du Lac Noir, d'autres jouent à s'éclabousser le visage de cette eau croupie. Un autre groupe, plus loin, avait le courage de continuer les révisions sous le soleil Anglais. Soudainement, Gaya se sentait vidée. Elle savait très bien ce qu'elle souhaitait faire l'année prochaine, mais de penser qu'elle ne reviendrait plus à Poudlard - en tant qu'élève du moins - lui déchirait le cœur. Elle avait quelque chose de gros dans la gorge, aussi gros que de la peine, bien plus gros qu'un simple chagrin. Poudlard lui manquerait, et les personnes qui y vivent aussi. Justin, Sybella, Galaad, Hayden... Leur amitié durera-t-elle au dehors de ces murs ? Continueraient-ils à n'avoir aucun secret les uns pour les autres ? Gaya espérait. Sincèrement.

Affublée d'un top blanc en dentelle et autres flanelles, d'une paire de leggings noir et de bottes de motard noires, Gaya se déplace lentement, prenant soin de poser son regard sur chacune de ces têtes blondes. Même si elle ne les connaissait pas tous, eux la connaissaient. C'était certain. Au fil des années, elle avait réussis à se construire une réputation contre son grès. Beaucoup la pensent folle à lier, alors que ceux qui la connaissent réellement savent la vérité. Certes, elle est dingue : mais seulement de son Seigneur. Sinon, sa santé mentale n'est pas atteinte du tout, bien au contraire. Elle se porte à merveille. Soudain, elle croise une paire d'yeux qu'elle connait par cœur - dans les moindres détails. Chaque fragment de pigmentation, chaque parcelle de ces pupilles. Le prénom du propriétaire de ces perles était encore gravé un peu partout dans le château et dans le cœur de Lalaith. Galaad croise son regard, et Gaya détourne les yeux. A quoi bon perdre son temps alors qu'elle en a gros sur le cœur ? Elle n'était pas d'humeur aux échanges aimables.

C'est pourquoi elle continua son chemin, jusqu'à se retrouver à la lisière de la forêt interdite. Cette forêt, ces arbres qu'elle aimait tant et connaissait par cœur. Poudlard était sa maison, son deuxième repaire. Plissant les yeux, elle laissa ses sens s’exalter. La vue premièrement, parce qu'on ne pouvait pas passer outre une telle démonstration de beauté. Les arbres s'entremêlaient, étaient hauts, et beaux à souhaits. Des créatures étranges au loin, trop curieuses surement, s'étaient permises de s'avancer - prenant soin de garder une bonne distance tout de même - vers Gaya. Puis, l'odorat. Le léger vent d'été avait apporté ses douceurs exquises de mousse, de rosée du matin et d'animaux sauvages. Si on respirait plus intensément, une légère odeur de boue fraîche et de roses piquait légèrement les narines. Vint ensuite l’ouïe. De légers bruits de pas en sa direction. Des sabots, des pattes, ou de simples bruissements de branches. Les créatures curieuses s'avançaient lentement vers elle. Certaines avaient peut-être sentit la présence de Gaya en tant que Mangemorte - elle avait prit soin de camoufler son tatouage avec un bandage depuis l'incident du terrain de Quidditch. Et puis, ... le toucher.

Deux mains puissantes s'étaient posées sur ses yeux à moitié fermés. Gaya prit un instant, appréciant tout simplement l'instant présent. Ses peurs s'étaient envolées. D'un seul coup, elle avait envie de parler à la terre entière et de faire la fête comme une folle : Galaad était là. C'était comme si rien ne pourrait lui arriver. Gaya posa délicatement ses mains diaphanes sur celles, rugueuses, de son ami. Elle se retourna dans un nuage de cheveux blonds et ondulés. Sans même réfléchir, elle enserra sa taille, posant sa tête dans le creux de son cou. Puis, se reculant, gardant ses mains autour de lui, elle étira ses lèvres.

- Alors dis moi, est-ce que tu comptes les avoirs, tes fichus ASPIC ? Le sourire à la base sincère se transforma en sourire de défis. Elle, elle était sur de les avoirs. Mais son ami avait redoublé... Combien de fois, déjà ?

Galaad était assis non loin du lac, entouré de plusieurs Serpentards qui, comme lui, n'avaient pas plus envie de bosser que d'aller chatouiller les tentacules du monstre qui sommeillait sous la surface. Le dos bien calé contre le tronc d'un arbuste, il les écoutait discuter et rire, ajoutant parfois sa petite participation à leurs blagues. Mais, le connaissant, il était relativement silencieux. Pas qu'il soit fatigué ou déprimé, non. Il était juste particulièrement sensible à cette nostalgie étrange qu'apportent les dernières semaines de cours. Une période synonyme de proximité des exams mais, surtout, des vacances scolaires, où il allait devoir quitter la plupart de ses amis pour vaguer de squatt en squatt afin d'éviter la présence plus qu'envahissante de Selena. La nostalgie était d'autant plus présente cette année qu'il savait pertinemment qu'il s'agissait de leur dernière année ensembles et que, pour peu qu'il parvienne à obtenir un ou deux ASPICs, il ne reviendrait plus dans ce parc. Pas en tant qu'élève, du moins. Il eut un petit soupir, mais un trait d'esprit d'un de ses camarades parvint à lui redonner le sourire et, avec l'aisance à chasser les mauvaises pensées qui le caractérisait, Galaad oublia la proximité des vacances pour recommencer à profiter de l'instant présent.

Silhouette sombre à la limite de son champ de vision. Mû par un instinct qui ne devait rien au hasard, Galaad tourna la tête pour croiser un regard familier. Un échange de quelques instants qui aurait normalement suffit pour que la propriétaire de ces yeux bleus clairs les rejoigne. Mais la jeune fille se détourna et s'éloigna d'eux. De lui. Il fronça les sourcils et, une fois de plus, décrocha de la conversation en cours – ce qui était bien dommage car elle consistait apparemment à moquer Finch-Fletchey. S'il y avait bien une chose qui ne ressemblait guère à la Gaya qu'il connaissait, c'était de tourner les talons quand elle l'apercevait. Elle ne s'appelait pas Sybella Tyrell, après tout. Avec une grimace inquiète, Galaad quitta comme à regret le tronc contre lequel il était appuyé et se remit sur ses pieds. Il s'excusa auprès de ses camarades, mais s'abstint de préciser où il partait. Il ne tenait pas à ce qu'un d'entre eux le suive. Certains des moments qu'il partageait avec Gaya n'étaient faits que pour rester entre eux. D'un pas vif, il se dirigea à sa suite vers la forêt interdite.

A peine eut-il passé la lisière des bois qu'une légère brise souffla sur son visage, agita ses cheveux. Là, sous les couvert des hauts arbres centenaires, tout rayon de soleil était impitoyablement stoppé, y dispensant une fraîcheur bien différente de la douce tiédeur des alentours du lac. Le bruit de ses pas amortis par l'épais tapis de feuilles et d'épines de pin, il rejoignit silencieusement Gaya, qui s'était arrêtée non loin de la frontière de la forêt. Posant délicatement ses mains sur ses yeux, il souffla un « bouh » à son oreille, un sourire se dessinant déjà sur ses lèvres. Personne n'était autorisé à déprimer en sa présence, surtout pas elle. Et c'était exactement pour cela qu'il affichait constamment un air jovial, défiant le monde entier – et surtout sa sœur – de lui enlever sa bonne humeur. Et peu importait ce qui pouvait se cacher sous cette apparence de bonheur … tant que les autres y croyaient.

Gaya se retourna aussitôt et, dans un même mouvement, referma ses bras autour de sa taille pour poser sa tête dans son cou. Il accepta l'étreinte en posant à son tour ses mains au creux de ses hanches, son souffle agitant quelques mèches blondes venues chatouiller ses lèvres. Puis la jeune fille se recula légèrement, le regardant droit dans les yeux pour lui demander non sans un certain air de défi : « Alors dis moi, est-ce que tu comptes les avoirs, tes fichus ASPIC ? » Galaad se rembrunit légèrement. Voilà bien un sujet qu'il ne tenait pas à aborder. Même lui n'était pas assez stupide pour ne pas se rendre compte que le peu de boulot qu'il avait fourni jusque là serait plus qu'insuffisant pour s'assurer d'obtenir ne serait-ce qu'un ASPIC ou deux. Et il ne tenait vraiment pas à évoquer devant elle l'échec qu'il sentait impitoyablement poindre. « Oublions les ASPICs deux secondes, tu veux bien ? Profs et élève n'ont plus que ce mot à la bouche en ce moment, c'est déprimant. » Il y avait un rire dans sa voix quand il parla, mais qui n'arrivait pas à se frayer un chemin jusqu'à son regard. Il se mordilla l'intérieur des joues, avant d'enchaîner : « D'ailleurs, comment ça se fait que tu te réfugies ici, toi ? Ca ne te ressemble pas. » Ses bras toujours solidement serrés autour de sa taille, il prévenait toute tentative d'une nouvelles fuite – ou presque. Mais Gaya ne lui fuirait pas lui, n'est-ce pas ?

Il est vrai que Gaya n'avait pas pour habitude de se réfugier à la lisière de la forêt interdite. Mais ne pas avoir pour habitude ne veux pas forcément dire qu'elle ne s'y était jamais rendu. En fait, elle appréciait de plus en plus cet endroit calme, plein de volupté et de recueillement. Elle avait trouvé cet endroit propice aux interrogations futures, et plein de sagesse. De plus, qui prenait un malin plaisir à venir à la lisière de cette forêt réputée dangereuse mis à part Gaya Lalaith, la folle-dingue ? Toujours réfugiée dans les bras de son ami, la jeune Serpentard étira ses membres engourdis, rapprochant un peu plus son corps contre celui, chaud, de Galaad. Oui, il était certain que tout le monde parlait de ces fichus examens. Et même si Gaya était presque sur de les avoirs, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir cette boule dans l'estomac rien que d'y penser. La jeune blonde remua la tête en signe de dénégation, un léger sourire sur les lèvres, faisant valser sa chevelure interminable sur sa chute de reins.

- Bravo Sherlock. Mais ici au moins, je suis à l'abris des regards indiscrets. J'aime bien pouvoir réfléchir, sans que personne ne voit la tête que je fais. La jeune femme approcha son visage près de l'oreille de Galaad, et murmura de sa voix cristalline : De plus, certains sont surement de bons Legilimens, ici. Savoir qu'on me viole l'esprit me donne la chaire de poule. Je préfère un autre type de viol.

Puis, la jeune femme se recula, prenant bien soin de rester entre les bras de Galaad. Elle avait ce petit sourire figé sur les lèvres qu'elle ne portait qu'en la présence de ce dernier. Entre amitié et amour, Gaya se surprenait à penser qu'il était peut-être la seule personne qu'elle n'ai réellement aimé (Ndlr : ce Rp se situe un peu avant sa relation avec Justin. ) Ses livres portent encore les cicatrices d'un amour houleux, son esprit est encore marqué de tout ce qu'elle a pu donner à cet homme. Pour elle à l'époque, c'était réellement sérieux. Galaad était tout pour elle, et Gaya aurait bien donné sa vie pour la sienne. Mais les choses ont changées, le temps a passé. Le destin a fait en sorte qu'ils ne sachent pas vivre ensembles. C'était comme ça, il avait fallu s'en accommoder. Doucement, Gaya pencha la tête, admirant les traits sérieux de son ami.

- Dis moi, tu as réfléchi ? Je veux dire, nous avons parlé de quelque chose toi et moi le dernier soir. Elle fit courir ses doigts longs et laiteux sur la joue rugueuse de Galaad, terminant son trajet au bord de ses lèvres. Le Seigneur a besoin d'hommes comme toi. Il me l'a dit dans un rêve.

Gaya fixait à présent les lèvres de son ami, comme on fixe un gros gâteau appétissant. Elle savait très bien que Galaad ne donnerait pas de réponse ici même, à la lisière de cette forêt. Mais c'était un sujet qui plaisait à Gaya. Elle aimait faire des louanges au Seigneur, et peut-être pouvoir recenser de nouveaux disciples.

Mmh. Si Galaad était familier avec le besoin de calme, de secret, voire de solitude de sa camarade, il ne pensait pas qu'elle ait besoin de s'isoler jusque dans la la Foret Interdite pour cela. Certes, le mot "interdit" ne voulait pas dire grand chose pour lui - comme pour la majorité des Serpentards, en fait - mais il savait que la foret constituait une exception, tout simplement parce qu'elle regorgeait de créatures, toutes plus dangereuses les unes que les autres. Et qu'une punition ou un prof en colère était sans doute ce qu'on pouvait espérer de mieux quand on en franchissait la lisière. Enfin. Il devait avouer que de jour, et sans trop s'avancer sous le couvert obscur des arbres, elle ne semblait pas beaucoup plus dangereuses que les bois qu'il explorait petit, dans son Irlande natale. Il se devait aussi de rajouter que le corps chaud de Gaya, pressé contre le sien, et la présence de ses lèvres dans son cou ou à quelques millimètres de son oreille contribuaient largement à rendre l'endroit plus accueillant. Il passa sa main dans l'or blanc de ses cheveux, souriant à sa dernière remarque. Oui. Il était bien placé pour savoir ce qu'elle préférait aux Legilimens.

Sourire qui s'effaça légèrement quand la jeune fille évoqua une de leurs précédentes discussions. Discussion qui, comme beaucoup d'entre elle d'ailleurs, s'était faite sur l'oreiller ... Sauf que l'entendre parler ainsi, évoquer son avenir, ses choix futurs, tout cela lui plus penser à Selena qu'à elle. Ce qui n'avait absolument rien d'agréable. Sous les doigts de Gaya, ses lèvres esquissèrent une vague grimace, et il haussa les épaules. Que voulait-elle qu'il lui dise ? Il n'était déjà meme pas sur de sortir de l'école l'année prochaine, et elle voulait déjà qu'il rejoigne les rangs du Seigneur des Ténèbres ? Mouais. Ca sonnait définitivement comme quelque chose que Selena lui aurait dit. Et heureusement que c'était Gaya qui lui faisait face, qui serrait ses bras autour de lui, car la conversation prenait une direction qu'il n'aimait pas du tout. « A quoi est-ce que tu veux que je réfléchisse ? Faudrait déjà que j'ai mes ASPICs, et qu'ils veuillent de moi là-bas. » Il détacha ses bras de sa taille et, après s'etre dégagé tout doucement de son étreinte, fit quelques pas en arrière.

« Je suis un cancre, je te rappelle » fit-il en écartant les bras, paumes vers le ciel. Son ton était rieur, mais une fois de plus, son regard restait comme triste. Sans doute la proximité des ASPICs qui empechait ses blagues de sonner vrai. Tout comme elle empechait sa flemme légendaire de peser comme un gigantesque boulet sur sa conscience. Il n'était pas du genre à culpabiliser - pas du tout, meme. Mais les circonstances étaient contre lui. Alors si en plus, Gaya s'y mettait ... D'un air vaguement découragé, il recula encore un peu, jusqu'à buter contre une racine particulièrement saillante, sur laquelle il s'assit. La vie lui paraissait beaucoup plus compliquée, maintenant que son avenir se profilait en dehors des murs de Poudlard. Lui qui n'aimait pas le changement risquait fort d'etre servi ... Il observa Gaya, sa silhouette si fine et pourtant si sure. Comment se faisait-il que ce soit elle qui ait besoin de s'isoler et de réfléchir, alors qu'il restait à rire au bord du lac avec ses amis ? Elle à qui l'avenir souriait, devant laquelle toutes les portes s'ouvriraient ? Et qui, en plus de ça, avait déjà trouvé et établi sa place dans la balance entre Mangemorts, Ministère et Ordre du Phénix ... « Je t'envie, tu sais » laissa-t-il échapper d'un ton qui, pour lui, était anormalement sérieux.

Il s'était décollé d'elle comme on souhaite éviter la peste. La famine. Même si finalement Gaya ne s'en sentit pas plus gênée, elle resta toutefois de marbre, prenant simplement soin de masser son coude, en fixant gentiment les pâquerettes, les cheveux au vent. Après avoir finalement sortit un flot de paroles débiles, il décida que s'asseoir sur la grosse racine au loin était finalement une bonne idée. Et là, c'est le moment où la jeune femme se sentait de trop. Je t'envie, tu sais ; des paroles surement lancées comme ça, en plein pic de désespoir. Gaya soupira, levant les yeux au ciel. Il n'y avait rien de bien attrayant à vivre une vie comme la sienne. Vraiment. Je veux dire, qu'y-a-t-il à envier à une gamine de dix-sept ans, complètement paumée malgré les apparences ? Alors oui, Gaya semblait sur d'elle, et à fond dans ce qu'elle faisait. Mais être tombée chez les Mangemorts était une lourde décision dans sa vie - et peut-être son plus grand regret finalement. Mais à l'heure actuelle, elle savait très bien que Galaad ferait un excellent soldat. Et puis, n'était-il pas le meilleur ami de Lucas ? Ce gamin autant paumé que Gaya, qui les avait rejoint de même. N'était-ce pas assez de preuves pour lui ? La jeune Serpentard réajusta quelques mèches de ses cheveux, comme si elle était capable de dompter le vent. Elle s'approcha lentement de son ami, et finit par s'agenouiller devant lui dans l'herbe fraîche, attrapant ses grandes mains dans les siennes.

- Tu n'as pas à m'envier, Galaad. Tu es quelqu'un de bien, de respectable. Il ne faut pas se fier aux apparences, avait-elle finit par dire en baissant le regard. Même si tu n'as pas ces foutus examens, rien ne t'empêche de nous rejoindre. Sa voix était basse maintenant, presque inaudible. De toute façon, on continuera à se voir n'est-ce pas ?

La dernière question fut lancée comme on jette une bouteille à la mer sans grandes convictions. Rien ne nous empêche d'écrire un SOS dans le sable ; personne n'est obligé de le lire non plus. Et à vrai dire, Gaya n'avait aucune foutue idée de son avenir sentimental après Poudlard. Elle était bien avec Galaad - c'était comme être en couple sans les inconvénients, mais finalement, si elle quittait le château et pas lui, qu'adviendrait-il d'eux ? Avec qui passerait-elle la plupart de ses soirées, avec qui boirait-elle le verre de trop, qui serait capable de la raccompagner à son dortoir ? Relevant les yeux, Gaya reprit la parole.

- Jure-le moi. Regarde moi dans les yeux et dis moi que je comptes pour toi, Galaad Stomby. Sinon, je partirais et l'année prochaine, ce sera comme si je n'avais jamais existé. Parle moi, regarde moi ! elle avait ajusté le visage de Galaad de ses deux doigts, l'obligeant presque à la regarder dans les yeux. Dans les siens, il était possible d'y apercevoir une lueur de peur. Pure et simple. Je t'en supplie, réponds moi...

Spoiler:

Il se sentait bizarre. Comme … nostalgique. A croire qu’il regrettait par avance des jours qui ne s’étaient pas encore terminés. Et cela l’empêchait de profiter de l’instant présent, alors même qu’il avait cette impression étrange que Gaya pourrait disparaître d’un instant à l’autre. Pas s’en aller, non. Juste s’évanouir, comme enlevée à lui par quelque main invisible. Une main qu’il savait impitoyable, inflexible. Inexorable. Une main qui s’appelait le temps. Comme lui prouver qu’il avait tort, la jeune femme s’approcha de lui, vint s’agenouiller devant lui et attrapa ses mains. Bien réelle. Il secoua la tête comme pour chasser un mauvais rêve. Que lui arrivait-il au juste ? Depuis quand s’apitoyait-il sur lui-même ailleurs qu’enterré sous une bonne dizaines de couvertures, bien loin du regard du monde ? Et surtout, depuis quand s’inquiétait-il autant du futur ? Il ferait comme il avait toujours fait : il prendrait ce qui viendrait comme il le pourrait, et ferait avec. Il écouta distraitement les mots de Gaya, qui lui affirmaient tout ce qu’il considérait comme faux. Respectable, lui ? Il préférait penser le contraire. Et espérait qu’elle avait raison, quelque part. Que même sans ASPICs pour prouver sa « valeur » il pourrait faire quelque chose de sa vie, de préférence entouré de personnes familières. Et avec Lucas et Gaya déjà dans les rangs des Mangemorts, la perspective était alléchante.

« De toute façon, on continuera à se voir n'est-ce pas ? » Voilà exactement ce qu'il avait besoin d'entendre. Comme si savoir qu'elle n'allait pas devenir distante et secrète comme l'avait fait Lucas chassait ses derniers restes d'appréhension, il se détendit et sourit. Il n'avait pas envie que leur relation change, quelque soit leur avenir après leurs ASPICs. Il était trop attaché à leur complicité, à leurs soirées ensembles, à tout ce qu'il pouvait se raconter quand ils n'étaient que tous les deux. Il la considérait sans aucune hésitation comme sa plus proche amie. Le fait qu'ils couchent occasionnellement ensembles n'y changeait rien, dans son esprit. Mais il soupçonnait parfois que leur relation avait un tout autre sens pour Gaya. Des doutes qu'il se gardait bien d'exprimer, mais qui se réveillèrent dangereusement quand il l'entendit continuer sur sa lancée. Quand il la sentit attraper son visages entre ses doigts, et qu'il perçut la détresse au fond de sa voix. Mais Galaad fit ce qu'il faisait toujours avec elle. Il enterra ses doutes dans un creux bien caché de sa conscience. Fit disparaître sa peur qu'elle ne lui en demande plus qu'il ne pouvait lui donner. Et sourit.

« Bien sûr qu'on se verra encore, tu crois quoi ? Et plus que se voir j'espère ! » Il attrapa les doigts qui lui encadraient le visage et les serra doucement entre les siens. « C'est pas des ASPICs qui nous sépareront, pour qui tu me prends ? » Le Galaad léger et irresponsable était de retour, soulageant sa conscience d'un poids qu'elle n'était pas habituée à supporter, mais laissant dans sa bouche un petit goût désagréable. Un goût de mensonge. L'ignorant royalement, il adressa un clin d'œil à Gaya et, tenant toujours ses mains dans les siennes, se releva puis l'aida à en faire de même. « Je t'aime, tu sais ? » Je t'aime. Trois mots que Galaad distribuaient avec une telle nonchalance qu'ils en perdaient tout leur sens. S'ils en avaient jamais eu un, à ses yeux. Trois mots auxquels on ne prêtait guère crédit, quand on le connaissait. Mais il ne comprenait pas, bien sûr, que ces mots pouvaient avoir une portée autrement plus symbolique. Pas plus qu'il ne réfléchissait aux implications de ses paroles. Alors il jetait ses je t'aime comme on jette un papier qui traîne dans notre poche. Pas méchamment. Juste négligemment.