ϟ AIME : Il a trois principaux vices: le whisky (du scotch, s'il vous plaît!), les cigarettes (un truc moldu, dont il abuse volontiers) et les dards de Billywig. Le troisième est un peu plus grave que les deux premiers. ϟ Il prend le soin quasi-religieux de rentrer dans son Ecosse natale tous les mois, même pour quelques heures et même si plus personne de sa famille n'y réside encore  ϟ Il aime faire des jeux de mots et des blagues stupides, le tout avec un air parfaitement détaché ϟ C'est le genre de type qui est tout à fait heureux de vivre dans un appartement en bordel, comme s'il s'y faisait une sorte de nid. De toutes façons, il a rarement la présence d'esprit de faire le moindre rangement. ϟ Il éprouvait une vraie fascination pour les festins de Poudlard, vous savez, ceux qui se remplissent tout seuls - depuis, il essaye de reproduire ce sortilège chez lui. Avec un taux de réussite proche de zéro. ϟ Il aime bien qu'on lui gratte l'arrière de la tête - un peu comme un chien, oui. De façon générale, c'est un type qui aime sociabiliser, qui aime le contact humain, même s'il ne le dit pas au quotidien. ϟ Il ne se soucie pas vraiment de comment il s'habille - il attrape les premiers trucs qui trainent, et, de toutes façons, il préfère être confortable plutôt que tiré à quatre épingles. ϟ  Il a une passion franchement bizarre pour l'odeur du vieux cuir et l'odeur du tabac froid. Allez savoir. 

ϟ N'AIME PAS : Il est pris de migraines violentes dès qu'il ouvre un livre - ou tout du moins c'est ce qu'il prétend, parce qu'il n'a jamais été vraiment tourné vers les études de toutes façons. ϟ Il a tendance à se braquer quand on dit qu'il est stupide - après tout, il est simplement dans son monde. C'est pas un drame... si? ϟ Il est très, très allergique aux poils de chats. Dans le sens où se trouver dans la même pièce qu'un félin est déjà une épreuve pour lui. Et pour son nez, ses yeux, et sa gorge. ϟ C'est une personne très territoriale, qui ne supporte pas que l'on touche à ses affaires. Il planque ainsi sous une latte de son plancher une impressionnante collection de cartes de chocogrenouilles depuis près de vingt ans pour éviter que son grand frère ne lui en prenne - comment ça ils ne vivent même plus ensemble? ϟ Le sujet de son père est extrêmement sensible pour lui. Le simple mot "papa" lui suffit à se renfrogner. Il a de façon générale une véritable frustration par rapport à sa famille, conscient qu'il n'a pas été gâté sur le plan parental. ϟ Oh, et il ne supporte pas la citrouille. Quand on est sorcier, c'est contraignant.

ϟ DESCRIPTION PSYCHOLOGIQUE ; Pour être honnête, les choses ne tournent pas tout à fait rond là-dedans. Il n'est pas une espèce de schizophrène constamment partagé entre deux personnalités - il est simplement un gamin qui a du grandir un peu trop vite. Au quotidien, Angus est un bon vivant, un mec qui prend des trucs pas nets, qui mange comme cinq, qui dit des trucs très bêtes avec un air pince-sans-rire, et qui ricane la seconde suivante. Au quotidien, il est sociable, charmeur, galant. Il aime bien les choses simples - se lever tard, ne pas dormir seul, boire beaucoup trop, faire semblant d'être un employé modèle, faire la fête.
Il a simplement toujours été beaucoup trop attaché à sa famille, et a toujours proprement vénéré son père, puis le souvenir de son père, sa mère et son frère. Cet attachement au clan McMillan a eu trois conséquences sur lui: il éprouve un mépris profond pour les moldus, il s'est toujours senti obligé de rejoindre les mangemorts une fois adulte, et il en a réellement eu la volonté quand il a appris que l'ordre du phénix avait eu la peau de son père pendant la guerre. C'est un bon gars. Mais un bon gars qui a du sang sur les mains, et qui a depuis longtemps dépassé la répulsion que cela pouvait bien lui faire éprouver. Une part de lui est obnubilée par des idées de vengeance, une volonté de restaurer l'honneur de sa famille. Il voudrait être le fils modèle, même si son père ne pourra jamais en être témoin, en somme.
Il est probablement bien plus fragile qu'il ne voudrait bien l'admettre. Les trois quarts du temps, il est dans son monde, un peu à l'ouest. Probablement pour décompresser, ou pour oublier que tout ce qu'il pourra bien faire ne lui rendra jamais sa famille. C'est un très bon suiveur, qui ne prendra jamais d'initiatives hors de sa vie sociale - Il se laisse vivre, en somme, et obéit aux ordres pour éviter d'être trop en contact avec la réalité. De fait, il a une peur panique de l'engagement et ne parlera que rarement de ses convictions profondes. Problème? Cette tendance à la fuite l'a fait tomber, adolescent, dans une chose qu'il qualifie lui "d'habitude", mais qui tient plus de l'addiction - les dards de Billywig, qui diffusent un venin ayant pour propriété principale de faire planer le preneur et de le faire léviter quelques minutes. Il en vend occasionnellement pour arrondir les fins de mois.

1978 - 7 y.o.
"Angus? Angus, vient par ici." Le gamin releva la tête de son jeu de cubes magique - une petite nouveauté qu'ils avaient déniché il y a une semaine à peine et qui avait rendu le petit garçon chèvre, avec des images animées, colorées, complètement féériques. Apparemment complètement déconcentré, il cligna une, deux fois les yeux en direction de son frère. Il avait sept ans, et sérieusement besoin d'un coiffeur - ses lourdes boucles lui tombaient sur le front, et lui donnaient vaguement l'air d'un chiot égaré. A cette vision, Reed ne put s'empêcher de décrocher un sourire. Mais ce sourire était presque fantomatique, si loin de ceux qu'il lui adressait d'ordinaire. Tellement pâle. Alors, Angus sentit au fond de son coeur un sentiment qu'il n'avait encore jamais éprouvé - la piqûre caractéristique de l'inquiétude. Mais, obéissant, il se leva sur ses petites jambes pour rejoindre son aîné. Reed avait quatorze ans - c'était un grand, il allait déjà à Poudlard, presque un adulte pour son petit frère, qui l'admirait de toute la force de son petit coeur. Pas autant que son père. Mais presque. Reed lui faisait les meilleurs câlins, Reed s'occupait tout le temps de lui quand ses parents n'étaient pas là. Reed était son dieu. "Ree?" dit-il doucement, alors qu'il prenait, confortablement, sa place entre ses bras. "Qu'est-ce qui a ?" Il sentit le contact familier de la main de son frère, replaçant soigneusement les boucles sur sa tête et derrière ses oreilles. Il n'aimait pas le silence, et celui-ci se prolongeait un peu trop longtemps à son goût - il garderait cette aversion toute sa vie. Il avait l'impression étrange que son frère ne prenait pas son temps - il avait simplement peur de parler, alors il frottait un peu son nez pour en enlever une tache. Et lui? Il se laissait, peu à peu, bercer.
"Papa ne rentrera pas à la maison, Angus."
Il ne comprit même pas, sur le coup.

1980 - 9 y.o.
Il mit un temps incroyable à réaliser tout ce que la phrase prononcée par Reed, deux ans plus tôt, pouvait bien impliquer. Chaque jour, avec l'acharnement propre des enfants, il s'installait à proximité de la fenêtre et scrutait la route, l'interminable route qui menait à leur grande maison écossaise, et s'attendait à voir apparaître la grande silhouette de leur père. Chaque jour, il allait se coucher avec une pointe de déception. Il n'y avait guère que la nuit qu'il faisait ces cauchemars, dont il ne gardait aucun souvenir au réveil - simplement un pesant sentiment de solitude qui le poussait à aller se nicher contre son frère pour se rendormir. Reed était d'une patience rare, pour un ado de seize ans. Peut-être parce qu'il passait son temps à regretter que ses études le tiennent loin de la maison. Peut-être parce que leur mère avait commencé à disparaître, jour après jour - et que son frère était aux mains d'une nourrice dont il ne savait absolument rien. Reed savait lire la vulnérabilité de son cadet, sous son obstination à ne jamais être totalement connecté à la réalité. Petit à petit, il avait pris la place du père qu'ils n'avaient plus.
Angus mit un temps incroyable à réaliser. Peut-être qu'il ne le fit jamais tout à fait. La vie suivait son cours, les journées à attendre, et puis, petit à petit, les journées à ne plus attendre. Il vivait en cercle clos, dans son recoin de l'Ecosse, et ni lui ni Reed ne manquaient de quoi que ce soit. Non?
Et puis, un jour, sa vie changea.
C'était aux alentours de Noël. Sa mère venait de rentrer. Elle avait une odeur étrange - une odeur d'eau de cologne pour homme, que Angus ne lui connaissait pas. Elle passa à côté du plus jeune garçon sans vraiment le voir, fronçant à peine les sourcils avant de s'adresser à l'aîné. "Reed, qu'est-ce que tu as encore fait à ton frère?" "Je n'ai..." Et puis il y eut un grand cri de joie, et Angus fronça les sourcils. Quoi? Il n'avait rien cassé, pour une fois - pas même le vase, en haut du guéridon, qui penchait un peu trop quand il le percutait avec son balais pour gosse. C'est quand son grand frère déboula vers lui, un sourire radieux aux lèvres, qu'il réalisa qu'il était... un peu moins grand que d'ordinaire. Ou alors, c'était lui qui avait fait une poussée de croissance express...?
Il baissa les yeux. Il flottait, à quelques centimètres du sol. Il poussa un grand cri, proprement terrifié - mais Reed l'attrapa sous les bras pour le soulever encore plus haut, en riant aux éclats. "Angus! Ca y est, tu es un grand, Angus!" Cela faisait bien deux ans qu'il n'avait pas vu son frère aussi heureux - alors il le fut aussi, un peu stupidement. Il venait de devenir un sorcier. Un vrai de vrai. Il tourna la tête vers la cuisine, dans l'espoir de croiser le regard de sa mère.
Il ne le croisa pas.


1982 - 11 y.o.
"McMillan, Angus."
C'était ce genre de répartition dont on connaît parfaitement, d'avance, le dénouement. Peut-être parce que le nom des McMillan avait circulé parmi ceux des mangemorts avérés, peut-être parce que chaque membre du clan avait, systématiquement, été dirigé vers les Serpentards, peut-être parce que quelques mois à peine s'étaient écoulés depuis la fin des études de Reed McMillan. Le garçon était déjà grand pour son âge. Il avait l'air d'un type qui s'est endormi comme une masse dans le Poudlard Express - probablement renforcé par les boucles qui lui tombaient sur les yeux. La chose avait au moins un mérite - il avait l'air parfaitement détaché, même si son coeur battait à la chamade. Il savait qu'on l'observait. Il n'aimait pas ça.
Il s'assit sur le tabouret, leva les yeux vers la sorcière qui lui tendait le choixpeau. Elle avait une expression étrange, à mi-chemin entre la crispation et la pitié, quand elle déposa le bout de tissus rapiécé entre ses mains. Il décida de ne pas s'en soucier.

"Hum... un autre McMillan? Vous vous relayez, c'est ça? Tu ressembles à ton frère... Un petit malin. Rusé. Tu pourrais aller loin, tu sais? Je vois une certaine confiance en toi... Mais tu n'es pas non plus comme ton père ou ta mère." Ses doigts, imperceptiblement, s'étaient crispés sur le rebord de la chaise. "Je vois. Evitons ce sujet. Tu as des opinions bien arrêtées à ton âge, tu sais... Serpentard? Vraiment? A tout prix? Tu y aurais ta place, tu es un McMillan, mais je te verrais bien aussi à Poufsouffle. Pas Poufsouffle? Oh. Une question de fierté familiale. La fierté et la volonté. Oui, ce sont bien des traits de..." Il rouvrit ses yeux sur la foule, les quatre tables alignées qui l'observaient fixement. Haut, et clair, la voix du Choixpeau annonça "SERPENTARD!"
Il laissa éclater un grand sourire. Il se leva, reposant le chapeau dans les mains de la femme - McGonagall, s'il se souvenait bien. Une table entière, aux couleurs vert et argent, avait éclaté de joie. Il serra les deux poings, eut un geste de triomphe. Reed serait fier de lui. Sa mère serait peut-être fière de lui. Son père aurait été fier de lui.
Probablement.


1987 - 16 y.o.
"Et avant de quitter cette pièce, vous me ferez le plaisir de réveiller monsieur McMillan - qui apparemment n'a encore pas assez dormi cette nuit." Pas la peine - il avait mollement ouvert un oeil à son nom, et était très occupé à bailler à s'en décrocher la mâchoire. Il amena une main à son visage, frottant sa joue pour effacer la trace laissée par le rebord du bouquin sur lequel il s'était endormi. La moitié de la classe était tournée vers lui. L'autre moitié ricanait, le nez dans leurs exemplaires respectifs du fameux livre. Ils ricanèrent un peu moins quand dix points furent retirés à Serpentard.
Enfin, ce n'était pas comme s'ils n'avaient pas l'habitude. Angus était plutôt exotique quand il s'agissait de retraits de points - il pionçait à des endroits improbables, éclatait de rire pour un rien (les pupilles dilatées au possible), draguait sa voisine de table en plein cours de potion. Ca changeait un peu des mauvais coups aux autres élèves, dans lesquels excellait la totalité de la promotion. Chose curieuse, on ne lui en voulait jamais vraiment. Peut-être parce qu'il était toujours le premier à organiser des petites fêtes, toujours le premier à discuter avec tout le monde, et qu'il avait souvent de quoi se distraire un peu dans les poches de sa robe de sorcier. Il était bizarre. Mais cool. Donc tout allait bien.
Et puis aujourd'hui, il avait autre chose à penser. Il sortit de la pièce avec un léger sourire aux lèvres. Plus que deux jours, et il rentrerait chez lui. En Ecosse. Il reverrait Reed, et avec un peu de chance sa mère serait dans les parages. Ouais, il était heureux comme un con. De quoi oublier qu'il ne réussirait jamais à rédiger ce putain de parchemin pour demain, et qu'il allait sûrement rater ses exams.
Angus n'était pas exactement ce qu'on appelait un élève brillant. Certes, il se débrouillait pas trop mal dans tout ce qui était sortilèges, ou botanique - mais pour le reste, c'était un tantinet plus compliqué. En fait, dès qu'il ne s'agissait pas de travaux manuels ou de sorts à lancer, il était même un véritable désastre ambulant. Du genre qui n'a pas encore totalement intégré qui était Merlin exactement. Mais il s'en foutait. Franchement, il s'en foutait. Il vivait très bien sans ouvrir le moindre livre, après tout, non? Il se débrouillait très bien avec ses dix doigts, et pour le reste il retombait toujours sur ses pattes. Rien à signaler, donc. Il vivrait sa petite vie pépère. Il avait des amis, beaucoup d'amis, et une capacité assez incroyable à toujours se démerder. C'était déjà franchement pas mal.
"Gus?" Il se tourna avec un rire. "Sérieux, mec, m'appelle pas Gus, c'est juste dégueulasse comme surnom." L'autre type lui donna une tape dans l'épaule, l'air de s'excuser. Ca allait. Angus n'était pas rancunier, même quand on lui donnait des noms de merde. "Tu nous rejoins dans le parc?" Il pencha légèrement la tête - "le parc", à ce genre d'heures, ça voulait généralement dire qu'ils allaient chercher des noises aux Gryffondors. Cool. Il sourit. "Une seconde. J'dois aller chercher un truc dans le dortoir, et je redescends."

Il n'allait rien chercher dans le dortoir. Il s'assit simplement, seul, sur son lit - et extirpa un petit sachet d'un recoin de sa valise. Avec un air de pure fascination, et une concentration rare, dans ses yeux trop bleus, il en sortit un minuscule dard. Brillant. C'est avec un soin qu'il ne manifestait quasi-jamais dans sa vie de tous les jours qu'il releva la manche de sa robe, et, d'un geste décidé, le planta dans sa avant-bras.
Il y eut un temps. Puis un fourmillement dans ses chairs. Puis comme une brume qui s'installa dans son cerveau, avant que ses pieds ne quittent le sol.
Il avait beaucoup d'amis. Aucune raison de se plaindre. Il allait revoir son frère bientôt. Alors pourquoi est-ce qu'il se sentait si seul?


1989 - 18 y.o.
Il était bien, là. Enfin. Jusqu'à il y a quelques secondes, il était bien. Mais ses yeux s'étaient rouverts sur le regard de son frère, et la brume confortable s'était presque instantanément dissipée. Il ouvrit la bouche. La referma. Reed. Reed qui fit brutalement deux pas dans sa direction et, sans une seconde d'hésitation, lui asséna ce qui était ni plus ni moins que la claque de sa vie.
"Sérieusement, Angus? Sérieusement?" Il détestait ce ton, cette voix qu'il avait pris tout à coup. C'était comme revenir des années en arrière - putain, plus d'une décennie en arrière -, quand il n'était qu'un mioche et que ce qui comptait le plus au monde était le regard que son aîné posé sur lui. A nouveau, il ouvrit la bouche, la referma, l'air bête. Il ne savait pas quoi dire. Est-ce qu'il y avait quelque chose à dire, au moins? Un silence s'était installé entre eux. Très, très long. Comme le jour où leur père était parti. Mort, souffla une voix dans son cerveau. Sauf que son frère n'arrangeait pas ses boucles sur son front, n'effaçait pas de trace sur le bout de son nez. "Ree..." finit-il par dire, doucement, sur le ton de la plainte. Reed eut un soupir bruyant. Sans ménagement, il s'empara du bras de son frère et arracha le dard resté planté dans son avant-bras. Ses yeux allaient du visage de son cadet au dard qu'il tenait entre ses bras. "Putain!", finit-il par lâcher. Et puis, tout simplement, il s'assit à ses côtés.
"Pourquoi tu fais ça, Angus? Tu sais que tu peux tout me dire, hein?" Il le savait. Mais ce qu'il ne savait pas, par contre, c'est s'il y avait vraiment quelque chose à dire. Ou s'il était juste con. Ou s'il se sentait juste seul, sans raison apparente. Ou alors, il y avait des raisons. Celles auxquelles il s'efforçait de ne pas penser.
Il ne répondit pas. Il resta à fixer, obstinément, le mur en face de lui. Et puis il posa la question qui l'avait taraudé toute la journée durant.
"Où est maman?"
"Je sais pas."
C'était un matin de Noël. Encore.


1990 - 19 y.o.
La dernière fois qu'il vit sa mère, ce fut le jour de son anniversaire. Elle était avec un autre type, un de ceux qui sentent l'eau de cologne. Elle l'avait laissé dans le salon, et puis était venue s'asseoir en face de lui. Elle l'avait regardée fixement, avant de dire simplement: "Joyeux anniversaire." Il avait hoché, lentement, la tête. Comme s'il n'attendait pas grand chose de plus d'elle - comme pour lui signifier qu'elle pouvait partir, maintenant, il ne la retenait plus. Mais, contre toute attente, elle continua. "Tu sais, Angus, c'est pas de ma faute." Il pencha légèrement la tête, l'air curieux. "Ton frère ressemble beaucoup à ton père. Toi ça va. Tu es comme moi." Hum. Il n'était apparemment pas le seul à forcer un peu trop sur le scotch. "T'es un grand garçon, maintenant. Qu'est-ce que tu vas faire? Aller à l'université?" "Je sais pas." dit-il, peut-être un peu trop froidement. Il n'avait plus vraiment l'habitude qu'elle s'intéresse à lui. "Ton père était un type brillant" - cette fois, il détourna les yeux. Les lèvres pincées.
"Je l'aimais. Vraiment. Mais c'est pas de ma faute. Il défendait une cause juste. Celle du seigneur des ténèbres. Tu le sais, hein?" Bien sûr qu'il le savait. Tout comme il savait aussi que, tôt ou tard, il suivrait cette voix. C'était en quelques sortes l'ordre des choses. La logique des convictions qu'on lui avait transmis. Si un jour il devait faire un choix, il ferait celui-ci. Parce que c'était ce que fait un McMillan. "Tu étais tellement jeune. Tu te souviens de lui?" Il hocha lentement la tête. Un peu. Il se souvenait surtout des mots qu'il avait placé sur son physique. Plus qu'une image, il avait ces termes. Son père était grand. Mince. Reed lui ressemblait. C'était déjà pas mal. "L'ordre n'avait pas le droit de nous le prendre. Tu étais si jeune. J'y pense parfois et..."
Elle était désorientée, probablement encore plus que lui. La pomme n'était pas tombée si loin de l'arbre, quand on y songeait bien. Il resta là, les bras croisés, les yeux dans le vide, alors qu'elle lui racontait. Le jour où il était parti, en mission contre ces défenseurs de moldu. Comment il n'était jamais revenu. Sa mort, qui avait été annoncée avec fierté. Sans penser une seconde que restaient une veuve, et deux orphelins de père. Sans penser au gamin qui fixait la fenêtre et qui se sentait seul, tellement seul.
Il s'était toujours senti seul.

Le soir même, il dormit atrocement mal. Il fit à nouveau ce cauchemar, celui dont il ne se souvenait pas mais qui le laissait vide. Il toqua à la porte de Reed, et ils veillèrent tous les deux. Parlèrent du père qu'ils n'avaient pas, et de la mère qu'ils n'avaient plus qu'à moitié.
Un mois plus tard, il avait tiré un trait sur tout projet d'études et avait été embauché chez un apothicaire du chemin de traverse. Probablement par charité chrétienne. Il avait insisté, un peu farouchement, pour avoir son indépendance - et vivait sur ses propres gallions, quitte à vendre un peu de son stock de dards de Billywig pour arrondir ses fins de mois.
Son père lui manquait. Plus cruellement encore, maintenant qu'il savait. Maintenant qu'il pouvait mettre un nom sur les responsables.
A vingt-deux ans, il s'engagea chez les mangemorts. Parce qu'il avait soif de vengeance. Et parce que Reed était là aussi. C'était un moyen comme un autre de se rapprocher de son père - dont les années estompaient, peu à peu, le souvenir. Un moyen comme un autre. Oui. Et puis son père avait été mangemort. Sa mère avait été mangemort. C'était logique... non? Comme s'intégrer à une grande famille, qui connaissait son nom, connaissait le martyr de son père, et l'acceptait totalement comme digne héritier - c'était comme ne plus être seul. Il ne se soucia pas de cette lueur d'inquiétude qui avait brillé dans les yeux de Reed alors qu'était imprimée la marque brûlante sur son bras. Il était adulte, maintenant. Et il était un McMillan.
Tant pis pour le sang sur ses mains.
Il était juste un gamin un peu paumé, un peu con, un peu seul, sans but dans la vie, qui avait trouvé un groupe et une raison d'avancer - un objectif, enfin. Ca lui allait parfaitement. C'était juste... l'histoire ordinaire d'un type qui se laisse entraîner par la guerre. Rien de grave. De deux gamins qui grandissent sans vrais repères, qui se sentent seuls, et qui luttent pour trouver du sens - pour faire payer le prix de l'orphelin.
Rien de grave.

ϟ COMMENT NOUS AS-TU DÉCOUVERT ? Topsite Obsession! Et ouais, ça sert de lutter pour garder une place respectable.


ϟ LE NOM DE LA PERSONNE SUR TON AVATAR ; Aaron Taylor-Johnson - que j'ai pas joué depuis des millénaires et qui m'a tellement manqué :'(


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